>

CONTRE LA PEINE DE MORT

les sévices et les traitements inhumains

POUR LE RESPECT
DE LA DIGNITÉ HUMAINE

 

 

USA : dans le peloton de tête des exécutions
et quelque 3.000 personnes dans le couloir de la mort...

 

AFP - 10/10/6 - Quatre-vingt-quatorze pour cent des exécutions ont eu lieu dans quatre pays :

- la Chine (au moins 1.770 exécutions et 3.900 condamnations),
- l'Iran (94 exécutions dont huit mineurs),
- l'Arabie saoudite (88 exécutions dont de nombreux étrangers sans interprète à leur procès),
- et les Etats-Unis (60 personnes exécutées en 2005 "dont plusieurs souffraient de troubles mentaux" [sic], quelque 3.000 personnes dans le couloir de la mort).


 

http://www.observateurcontinental.fr

 

L'UE «s'oppose fermement» aux exécutions fédérales aux États-Unis

Le gouvernement des Etats-Unis a prévu l'exécution de quatre condamnés aux 13, 15 et 17 juillet et le 28 août. 

 Ce vendredi 10 juillet 2020, un porte-parole de la diplomatie européenne a déclaré que l'Union européenne «s'oppose fermement» à la décision des États-Unis de reprendre les exécutions fédérales après 17 ans d'interruption. Peter Stano, porte-parole de Josep Borrell, Haut représentant de l'UE pour pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, a expliqué que «nous appelons l'administration américaine à reconsidérer (cette décision) et à ne pas donner suite aux exécutions fédérales prévues à partir du 13 juillet».

Le communiqué continue son explication en disant que «cette décision va à l'encontre d'une tendance générale aux États-Unis et dans le monde d'abolir la peine de mort, par la loi ou en pratique» et rappelle que «l'Union européenne s'oppose fermement à la peine de mort constamment et en toutes circonstances» et qu'elle «continuera à œuvrer pour son abolition universelle», dénonçant une pratique «cruelle, inhumaine et dégradante, incompatible avec le droit inaliénable à la vie, qui ne représente pas une dissuasion efficace face aux comportements criminels et qui est irréversible».

Il y a près d'un an, le gouvernement des Etats-Unis a décidé de renouer avec la pratique des exécutions fédérales, dont la dernière remonte à 2003. La justice a, après différents rebondissements, validé en juin l'usage de pentobarbital, la substance utilisée par les autorités pour les injections. 

La plupart des crimes aux Etats-Unis sont jugés au niveau des États, cependant les tribunaux fédéraux peuvent être saisis des actes les plus graves ou de ceux commis sur des bases militaires, entre plusieurs États ou dans des réserves amérindiennes. 

Pendant les 45 dernières années, seules trois personnes ont été exécutées au niveau fédéral, dont Timothy McVeigh responsable de l'attentat d'Oklahoma City (168 morts en 1995) en 2001.



 

 

Journée mondiale contre la peine de mort : échec de la justice

Par Isabelle LIGNER

PARIS (AFP) - 10/10/6 - La 4ème journée mondiale contre la peine de mort mardi cherchera à démontrer que "toute exécution d'un condamné à mort est un échec de la justice", dans un monde de plus en plus abolitionniste où 94% des exécutions ont lieu dans quatre pays, dont les Etats-Unis.
Si la cause de la Coalition mondiale contre la peine de mort, créée en 2002, marque des points au fil des ans, Amnesty international, membre fondateur, souligne qu'en 2006, dans les 68 pays maintenant la peine de mort, au moins 20.000 personnes, condamnées pour des crimes très divers, "attendent leur exécution dans des conditions de détention exécrables".

A la connaissance d'Amnesty International au moins 2.148 personnes ont été exécutées et 5.186 autres condamnées à la peine capitale en 2005, souvent après des "aveux" extorqués sous la torture ou sans avoir bénéficié d'assistance juridique.
Quatre-vingt-quatorze pour cent des exécutions ont eu lieu dans quatre pays : la Chine (au moins 1.770 exécutions et 3.900 condamnations), l'Iran (94 exécutions dont huit mineurs), l'Arabie saoudite (88 exécutions dont de nombreux étrangers sans interprète à leur procès) et les Etats-Unis (60 personnes exécutées en 2005 dont plusieurs souffraient de troubles mentaux, quelque 3.000 personnes dans le couloir de la mort).

Mardi, la coalition composée d'organisations de défense des droits de l'Homme, d'ordres d'avocats, de syndicats et d'autorités locales ou régionales, entend affirmer haut et fort que "toute exécution d'un condamné à mort est un échec de la justice". Elle s'attachera à "mettre en lumière les dysfonctionnements intrinsèques de la justice pénale lorsque la peine de mort est appliquée" partant du principe "que l'un des plus solides arguments contre la peine capitale tient au risque intrinsèque d'exécuter des innocents".

Elle en veut pour preuve les condamnations à mort et exécutions d'innocents en Chine, de mineurs en Iran, de "malades mentaux" [sic] aux Etats-Unis, "l'application discriminatoire de la peine de mort" pour les étrangers en Arabie saoudite et "l'iniquité des procès en peine de mort" au Nigeria.

De nombreuses initiatives auront lieu dans le monde mardi pour réclamer l'abolition universelle. En France, une délégation du Collectif unitaire national de soutien à Mumia Abu-Jamal déposera des milliers de signatures à l'ambassade des Etats-Unis pour exiger un nouveau procès et la libération du journaliste noir américain. Une lettre ouverte sera également adressée au président Jacques Chirac pour lui demander de ratifier "les instruments juridiques internationaux interdisant le recours à la peine de mort, en toutes circonstances", explique Amnesty, "comme il s'y était engagé en janvier 2006".

La coalition (Barreau de Paris, Comité national pour l'abolition de la peine de mort au Maroc, communauté Sant'Egidio, Fédération internationale des droits de l'Homme, Fédération internationale des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, etc.), souligne cependant que "l'abolition universelle est en marche", avec aujourd'hui, 129 pays abolitionnistes de droit ou de fait contre 63, en 1981, l'année où la France abolissait officiellement la peine de mort, le 9 octobre.

Parmi les revers subis en 2005-2006 par les abolitionnistes, figurent cependant la reprise des exécutions en Irak après le rétablissement de la peine de mort, la fin des moratoires observés en Palestine et en Indonésie ainsi que des déclarations favorables au rétablissement de la peine de mort en Pologne de la bouche notamment du chef de l'Etat Lech Kaczynski.

 

LES BARBARES A L'ŒUVRE :

LA PENDAISON DE SADDAM HUSSEIN


Le Vénezuela demande que George W. Bush soit également traduit en justic
e

Et il a bien raison.

Roger Ripert

CARACAS (AP) - 4/1/7 - Le Venezuela a exigé mercredi que le président américain George W. Bush et d'autres responsables de son administration soient traduits en justice, comme a pu l'être Saddam Hussein, pour les crimes présumés dont ils sont indirectement responsables en Irak.

Réagissant officiellement pour la première fois à la pendaison de Saddam Hussein, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a condamné l'exécution de l'ex-raïs, dénonçant "un crime politique résultat d'une occupation étrangère illégitime".

Dans un communiqué, le ministère explique que, si Saddam Hussein a été condamné pour sa responsabilité dans la mort de 148 chiites à Doujaïl en 1982, l'invasion de l'Irak par l'administration Bush a causé la mort milliers d'Irakiens et de soldats américains.

"Un jour, les responsables devront répondre devant la justice internationale de ces milliers de meurtres et de ces graves violations des droits de l'Homme", affirme le ministère vénézuélien.

Il estime également que l'exécution de Saddam Hussein est le résultat d'un "procès truqué mené par des tribunaux imposés par les troupes d'invasion et dirigés par l'armée des Etats-Unis".

Le président vénézuélien Hugo Chavez, adversaire déclaré de l'administration Bush, avait été en 2000 le premier chef d'Etat à se rendre en visite officielle en Irak depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991.

Sans doute pour ne pas froisser ses alliés de l'Empire US-OTAN,
l'Etat français se contente de "prendre acte" de l'exécution de Saddam Hussein...

PARIS (Reuters) - 30/12/6 - La France a "pris acte" samedi de l'exécution par pendaison de Saddam Hussein et appelle les Irakiens à "regarder vers l'avenir".

"La France, qui plaide comme l'ensemble de ses partenaires européens pour l'abolition universelle de la peine de mort, prend acte de l'exécution de Saddam Hussein", écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, précisant que "cette décision appartient au peuple et aux autorités souveraines de l'Irak".

"La France appelle tous les Irakiens à regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale. Plus que jamais, l'objectif doit être le retour à la pleine souveraineté et à la stabilité de l'Irak."


Malaise en Europe face aux images de l'exécution de Saddam Hussein

Par Lucie GODEAU

 

LONDRES (AFP) - 31/12/6 - Un sentiment de malaise, dont témoignent les médias et les observateurs, domine en Europe face aux images choc de la pendaison de Saddam Hussein, diffusées depuis samedi en boucle par toutes les chaînes de télévision.

Les images du dictateur irakien déchu, une épaisse corde au cou, entouré de bourreaux encagoulés, horrifient un continent qui ne pratique plus la peine de mort, même si l'instant même de la mort de Saddam a été censuré sur les écrans.

"Les images de Saddam Hussein avec une corde autour du cou sont extrêmement dérangeantes et n'étaient pas indispensables", s'est insurgé Menzies Campbell, le leader du deuxième parti d'opposition britannique, les Libéraux démocrates, opposés à la guerre en Irak.

Patrick Baudouin, président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) "ressent de la répulsion face à des images d'un voyeurisme extrêmement malsain", qui lui rappellent l'exécution du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu en 1989.

"La vidéo de l'exécution choque le monde entier", résume dimanche le quotidien populaire autrichien Österreich.

George Galloway, un député britannique qui s'est distingué par ses prises de position contre la guerre en Irak dénonce "un lynchage sordide".

Le chercheur spécialiste du Moyen Orient au centre de recherche londonien Chatham House, Nadim Shehadi, estime "qu'on a montré ces images comme un symbole, pour montrer que c'était la fin de Saddam".

Même si "pour le regard européen les images peuvent être choquantes, elles ne le sont pas aux yeux des Américains", plus habitués aux exécutions capitales, relève-t-il.

Sir Malcolm Rifkind, ancien ministre britannique des Affaires étrangères est plus modéré: "Je pense que cela témoigne d'un certain manque de goût, mais je vois pourquoi on a estimé qu'il y avait un besoin politique de montrer" la pendaison, dit-il.

"C'était pour un public arabe et il y a toujours une grande méfiance envers les informations des médias là bas", argumente l'ancien ministre.

Ann Clwyd, député travailliste et envoyée de Tony Blair en Irak pour les droits de l'Homme, souligne que même si elle est personnellement opposée à la peine de mort, elle comprend pourquoi les Irakiens pouvaient être heureux de voir la mort de Saddam.

Beaucoup des victimes verront l'exécution comme un élément d'"un processus thérapeutique", relève-t-elle.

Une analyse que semble confirmer Zara Mohammed, une Irakienne exilée à Londres qui a observé ces images à la télévision. "J'ai attendu cela pendant 25 ans", dit cette Kurde qui a perdu quatre de ses frères sous le régime de Saddam Hussein, citée par l'agence Press Association.

Mais nombreux sont ceux qui mettent en garde contre le danger que présentent ces images dans un Moyen Orient profondément divisé.

Pour George Galloway, elles vont devenir "la plus grande erreur politique" depuis la diffusion des photos d'Ernesto Che Guevara, exécuté en 1967 en Bolivie avec l'aide des Etats-Unis et devenu depuis une icône des révolutionnaires sud-américains.

Saddam a enfin réussi à obtenir ce qui lui avait manqué pendant son existence: "le statut de martyr et de héros arabe", assure M. Galloway, expulsé du parti travailliste en 2003 à cause de ses critiques sur la guerre en Irak et qui affichait ses liens avec l'ancien dictateur.

"Il ne faudrait pas que la manipulation de ces images finisse par créer un sentiment de solidarité avec un dictateur dont les actes sont définitivement indéfendables", souligne Ségolène Royal, la candidate socialiste aux présidentielles de 2007 en France.

Et le quotidien grec Kathimérini fait écho à ses craintes, soulignant que l'exécution risque de transformer Saddam en "symbole du nationalisme arabe".



Réactions contrastées après la peine de mort pour Saddam Hussein

BAGDAD (Reuters) - 5/11/6 - Un tribunal irakien a condamné dimanche Saddam Hussein à la mort par pendaison pour crimes contre l'humanité, à la grande joie des chiites qu'il a opprimés tandis que les sunnites, grands perdants de la redistribution des cartes politiques en Irak, fulminaient.

Des obus ont été tirés dans des quartiers de Bagdad et la police a fait état d'affrontements sporadiques malgré un couvre-feu dans la capitale.

Le Premier ministre Nouri al Maliki, un chiite, a lancé un appel à l'unité après le jugement prononcé à l'encontre de l'ancien président, qui a eu selon lui "la punition qu'il mérite". En revanche, le mutisme est de règle du côté des dirigeants sunnites, que le renversement de Saddam Hussein par les forces sous commandement américain, en 2003, a privé de leur domination politique.

Les Etats-Unis, qui ont établi et financé le tribunal et assuré sa sécurité, ont parlé d'un "grand jour pour le peuple irakien". L'Union européenne a quant à elle exhorté l'Irak à ne pas exécuter le raïs déchu, et la France a rappelé son opposition à la peine capitale.

Des responsables américains rejettent l'idée selon laquelle l'annonce du verdict aurait été programmée de manière à aider le camp républicain, emmené par le président George Bush, en vue des élections de mi-mandat, mardi.

Après 45 minutes d'audience, le magistrat a prononcé la fin des procédures dans l'affaire de l'exécution de 148 chiites de Doudjaïl, qui avait suivi une tentative d'assassinat contre Saddam Hussein, en 1982.

Les avocats de la défense de Saddam Hussein, qui n'attendent pas grand-chose de la procédure d'appel automatique, ont estimé que le procès de leur client était un nouveau cas de "justice des vainqueurs".

"ALLAHOU AKBAR !"

Refusant d'abord de se lever pour entendre la sentence, l'ancien président, âgé de 69 ans, a fini par se redresser avec hésitation dans le box des accusés. Il est presque parvenu à couvrir la voix du président du tribunal lorsqu'il s'est écrié "Allahou Akbar !" (Dieu est le plus grand !) et "Vive la Nation !".

"La Cour a décidé de condamner Saddam Hussein al Madjid à être pendu jusqu'à ce que mort s'en suive pour crimes contre l'humanité", a déclaré le juge Raouf Abdoul Rahman, ignorant le souhait de l'ex-président, qui avait souhaité faire face à un peloton d'exécution plutôt qu'être pendu.

Le juge a expulsé de la salle d'audience l'ancien "attorney general" (ministre américain de la Justice) Ramsey Clark, avocat de la défense, pour avoir qualifié le tribunal de "parodie de justice".

Le Coran à la main, Saddam Hussein a lancé un appel au "pardon" pour les "agresseurs" et les "traîtres". Il a reconnu avoir ordonné l'exécution à Djoudaïl de 148 hommes, jugeant cet ordre justifié, en pleine guerre contre l'Iran, contre des alliés chiites de Téhéran.

Une version détaillée du jugement devrait être rendue publique cette semaine.

L'ancien dirigeant irakien a déjà par le passé été condamné à mort, en 1959, par contumace, pour sa participation à une tentative d'assassinat contre le dirigeant irakien de l'époque.

DES ONG DENONCENT DES IRRÉGULARITÉS

Les forces américaines le détiennent depuis trois ans à l'aéroport de Bagdad et son exécution, qui pourrait intervenir l'an prochain, se déroulera probablement dans la prison, comme celles d'autres criminels en Irak.

D'ici là, il sera jugé pour génocide contre les Kurdes. Il doit comparaître à nouveau mardi dans le cadre de ce procès.

Son demi-frère, Barzan al-Tikriti, et l'ancien juge Aouad al Bander ont eux aussi été condamnés à la peine capitale pour les meurtres, les tortures et les déportations commis à Doudjaïl.

L'ancien vice-président Yaha Yassine Ramadan a été condamné à la réclusion à perpétuité, trois responsables du parti Baas à 15 ans de prison et une huitième personne, un ancien responsable de moindre envergure, a été acquittée faute de preuves.

Des ONG de défense des droits de l'homme qui avaient demandé un "dépaysement" du procès ont estimé, citant l'assassinat de trois avocats de la défense, la démission d'un juge pour interférences politiques et des incohérences dans les preuves, qu'il ne pouvait être qualifié d'équitable.

Mais à Washington comme à Bagdad, les autorités ont jugé qu'il prouvait l'indépendance de la justice irakienne et marquait une nouvelle étape dans le développement du droit international après le procès de Nuremberg, où certains dirigeants nazis avaient condamnés à mort, il y a 60 ans.

Dans plusieurs villes et des quartiers chiites de Bagdad, les rues ont été envahies par une foule en liesse à l'annonce du verdict.

Dans la ville sainte chiite de Nadjaf, on scandait en choeur "Mort à Saddam ! Mort aux Baassistes !" A Tikrit, ville natale de l'ancien président irakien, des dizaines d'hommes jeunes et vieux ont en revanche brandi son portrait et entonné un vieux slogan baassiste, "Saddam, Saddam ! Je donne ma vie et mon sang pour toi, Saddam !"

Mais les tirs de réjouissance ont été relativement peu nombreux pour fêter l'événement, contrairement à la grande liesse suscitée par la mort des fils de Saddam Hussein, en 2003.



Saddam Hussein a été exécuté par pendaison

BAGDAD (Reuters) - 30/12/6 - Condamné à mort pour crimes contre l'humanité, l'ancien président irakien Saddam Hussein a été exécuté par pendaison samedi peu avant 06h00 (04h00, heure de Paris et 03h00 GMT) à l'âge de 69 ans.

La télévision nationale irakienne a diffusé des images montrant Saddam Hussein, calme, discutant avec son bourreau dont le visage était masqué par une cagoule, alors qu'il plaçait le noeud d'une corde autour de son cou. Elle n'a en revanche pas montré la pendaison.

La chaîne irakienne chiite Biladi a diffusé des images de la dépouille de l'ancien raïs placée dans un linceul blanc, et dont la tête est visible.

"Cela s'est passé très vite. Il est mort sur le coup", a déclaré à Reuters un responsable irakien ayant assisté à l'exécution.

L'ancien président irakien, a-t-il ajouté, avait les mains liées et les jambes entravées, mais son visage était découvert. Il semblait calme et a dit une brève prière.

"Nous avons entendu sa nuque se briser", a déclaré à Reuters Sami al Askari, allié politique du Premier ministre Nouri al Maliki, à l'issue de l'exécution qui s'est déroulée à l'intérieur d'un bâtiment du ministère de la Justice dans le nord de Bagdad.

Alors que les chiites, opprimés sous le régime de Saddam Hussein, laissaient éclater leur joie, le Premier ministre a appelé les anciens partisans du dictateur déchu, les baassistes sunnites, à mettre fin à l'insurrection et à rejoindre le processus politique.

"L'exécution de Saddam met fin à toutes les spéculations pathétiques sur un retour de la dictature", se félicite le Premier ministre dans un communiqué.

 

SATISFACTION DES CHIITES


Selon des responsables, il n'a pas assisté à l'exécution. La télévision nationale a diffusé des images où on le voit signer l'ordre d'exécuter Saddam Hussein.

"J'exhorte les partisans du régime déchu à reconsidérer leur position car la porte est encore ouverte à tous ceux qui n'ont pas de sang innocent sur les mains, pour contribuer à la reconstruction d'un Irak pour l'ensemble des Irakiens", déclare le dirigeant chiite dans le communiqué.

Mais quelques heures seulement après l'exécution, un attentat à la voiture piégée a frappé un marché bondé de la ville sainte chiite de Koufa dans le sud de l'Irak, faisant 30 morts et 58 blessés, a rapporté la police.

Aux Etats-Unis, le président George Bush a estimé que la mort de Saddam Hussein constituait une "étape importante" du processus de démocratisation de l'Irak.

"Faire rendre justice à Saddam Hussein ne mettra pas un terme à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur le chemin de la démocratie en Irak, une démocratie qui pourra se gouverner, se soutenir et se défendre par elle-même", écrit-il dans un communiqué diffusé de son ranch texan de Crawford.

La population irakienne semblait pour l'instant réagir avec mesure en ce jour le plus sacré du calendrier musulman. Aucun couvre-feu n'a été décrété dans la capitale irakienne.

Les chiites, radieux, dansaient dans les rues de Nadjaf et des concerts de klaxon retentissaient dans le quartier chiite de Sadr City à Bagdad.

Un homme originaire de Doudjaïl, qui a témoigné lors du procès de Saddam Hussein pour la mort de 148 chiites appartenant à ce village, a indiqué qu'il avait été autorisé à voir sa dépouille dans le bureau de Maliki.

"Quand j'ai vu le cadavre dans le cercueil j'ai pleuré. J'ai pensé à mes trois frères et à mon père qu'il a tués. Je me suis approché du corps et je lui ai dit: 'c'est un châtiment mérité pour un tyran", a expliqué Djaouad al Zoubaïdi à Reuters.

Si l'exécution rapide de Saddam Hussein satisfait les chiites, elle pourrait alimenter davantage encore la colère de la minorité sunnite et décevoir de nombreux Kurdes, qui souhaitaient le voir jugé pour génocide contre leur communauté.

 

PROCÈS CHAOTIQUE

 

Pratiquement trois ans jour pour jour après sa capture dans une cache de sa région natale de Tikrit, près de trois décennies après son arrivée au pouvoir à Bagdad, l'existence de Saddam Hussein s'est achevée au bout d'une corde.

Sa fille Raghd, qui vit en exil en Jordanie, a demandé à ce que son corps soit inhumé "temporairement au Yémen jusqu'à ce que l'Irak soit libéré et qu'il puisse être réinhumé en Irak", a rapporté une source proche de la famille.

Le gouverneur de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, a pour sa part déclaré que sa tribu négociait avec le gouvernement pour obtenir qu'il soit enterré dans le village d'Aouja, où ses fils ont été inhumés en 2003. Le gouvernement souhaite qu'il soit inhumé à Bagdad, a précisé le gouverneur.

L'ancien président irakien, renversé en avril 2003, avait été condamné à mort pour crimes contre l'humanité le 5 novembre dernier. Sa condamnation, au terme d'un procès souvent chaotique, avait été confirmée mardi dernier en appel.

Des associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les conditions jugées inéquitables du procès d'un homme dont le règne a été marqué par des atteintes massives aux droits de l'homme et des répressions sanglantes.

L'exécution rapide de l'ancien dictateur pourrait relancer les critiques.

"Le calendrier de l'exécution et la précipitation avec lequel elle a été menée pourrait irriter certaines personnes", a estimé Salim al Djibouri, porte-parole de la principale formation sunnite du gouvernement.

Le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al Tikriti et l'ex-juge Aouad al Bandar seront exécutés à la fin des festivités de l'Aïd, dans une semaine.


A Aoudja, les partisans de Saddam Hussein crient vengeance

AOUDJA, Irak (Reuters) - 31/12/6 - Plusieurs centaines de partisans de Saddam Hussein se sont pressés dimanche sur sa tombe, quelques heures après une inhumation discrète dans son village natal d'Aoudja, près de Tikrit, dans le nord de l'Irak.

De nouvelles images de mauvaise qualité, qui montrent l'intégralité de l'exécution de l'ancien dictateur et qui risquent d'exacerber un peu plus les tensions religieuses, ont par ailleurs été diffusées sur internet.

Le document, apparemment tourné à l'aide d'un téléphone portable, montre les témoins de la pendaison, qui s'est déroulée la veille à l'aube dans une base militaire de Bagdad, scandant le nom de l'imam chiite radical Moktada Sadr, dont le père a été assassiné en 1999 probablement par des agents de Saddam Hussein. Le président déchu leur répond avec un sourire narquois: "Moktada! voilà tout ce qu'on peut attendre".

"Va au diable", lui lance alors un membre de l'assistance.

Lorsque la trappe s'ouvre, au moment où Saddam Hussein entonne le deuxième verset de la profession de foi musulmane, un autre témoin s'écrie : "Le tyran est tombé !", tandis que l'auteur du film s'attarde sur le cadavre, resté les yeux ouverts et dont le cou forme un angle droit.

Dans la mosquée qui abrite sa tombe, ses partisans ont laissé éclater leur colère à l'égard de la majorité chiite, désormais aux affaires après des années de domination sunnite.

"Les Persans l'ont tué ! Je n'arrive pas à le croire. Je jure devant Dieu que nous nous vengerons !", a lancé l'un d'eux, venu de Mossoul, évoquant les membres du nouveau gouvernement que beaucoup de sunnites jugent inféodés à l'Iran.

Des cérémonies à la mémoire du dictateur ont par ailleurs été célébrées dans plusieurs zones sunnites telles que le quartier d'Amriya, bastion de l'insurrection à Bagdad, et les localités sunnites de Baïdji et Dhoulouiya, près de Tikrit.

La chaîne de télévision publique a diffusé des images qui montrent le gouverneur de la province de Saladin et le chef de la tribu des Albou Nassir, à laquelle appartenait Saddam Hussein, signant la décharge qui leur a permis de récupérer le corps en vue de son inhumation immédiate, à Aoudja.

"UNE ÉXÉCUTION HÂTIVE ET BRUTALE"

Une horloge, visible sur ces images, indique 23h43 (20h43 GMT). Les deux hommes inspectent ensuite la dépouille de l'ancien président avant de refermer son cercueil. Chargé à l'arrière d'une camionnette de la police, puis dans un hélicoptère de l'armée américaine, il a pris dans la nuit la direction de Tikrit, à 150 km au nord de Bagdad.

Les obsèques, célébrées une fois le corps lavé et enveloppé dans un linceul blanc, conformément au rite musulman, se sont déroulées en présence d'un petit nombre de responsables locaux et de chefs tribaux, qui ont joué un rôle considérable dans son ascension.

La télévision nationale irakienne a montré son cercueil enveloppé du drapeau irakien et diffusé des images des prières pendant la cérémonie.

Selon Mohammed Al Kaïsi, gouverneur de la province de Saladin, la cérémonie qui a débuté à 03h05 heure locale (00H05 GMT) a duré 25 minutes.

Une source proche de la famille de Saddam Hussein a confirmé qu'il avait été inhumé à Aoudja, où ses fils Oudaï et Kousaï, tués par les forces américaines en 2003, sont également enterrés dans une concession familiale du cimetière.

La cérémonie s'est déroulée sous l'étroite surveillance de soldats américains et irakiens, a précisé la source proche des dignitaires sunnites.

Le gouvernement irakien avait un temps laissé entendre que Saddam Hussein pourrait être inhumé dans un lieu tenu secret sans marque distinctive pour éviter qu'il ne devienne un lieu de rassemblement des baassistes. Il repose désormais sous le dôme octogonal d'une mosquée qu'il a fait construire dans les années 1980.

Aoudja est un petit village dont les habitations, imposantes, trahissent le fabuleux enrichissement dont il a bénéficié sous son règne.

L'exécution de Saddam Hussein, renversé en avril 2003, clôt un chapitre de l'histoire irakienne entamé il y a trente ans avec son arrivée au pouvoir, marqué notamment par une guerre au coup humain exorbitant avec l'Iran et l'invasion du Koweït, qui a mué cet allié privilégié de l'Occident en paria, puis en ennemi juré des Etats-Unis.

Sa mort, comme l'a reconnu le président américain George Bush, n'a pas mis fin aux violences qui poussent l'Irak vers la guerre civile. Plus de 70 personnes ont été tuées samedi dans la capitale et dans la ville chiite de Koufa près de Nadjaf.

Dans un communiqué diffusé dimanche, le ministère russe des Affaires étrangères juge Washington et ses alliés seuls responsables de ces violences et affirme que l'"exécution hâtive et brutale de Saddam Hussein va creuser la fracture de la société irakienne".

 


Illumination du Colisée à Rome pour soutenir l'appel de l'Italie à un moratoire mondial sur la peine de mort

ROME (AP) - 5/1/7 - La ville de Rome va éclairer le Colisée samedi pour soutenir les efforts déployés par l'Italie aux Nations unies en vue d'obtenir un moratoire mondial sur la peine de mort après la vague de protestations qui a suivi l'exécution de Saddam Hussein.

Dans un communiqué diffusé vendredi, le maire de Rome Walter Veltroni a déclaré que cette illumination serait un signal d'"espoir" et un encouragement pour le gouvernement du président du Conseil Romano Prodi, qui a lancé cette semaine une initiative diplomatique afin que l'Assemblée générale de l'ONU se saisisse de cette question.

Le Colisée de Rome, autrefois arène de combats de gladiateurs meurtriers et théâtre d'exécutions, est devenu un symbole de la campagne de l'Italie contre la peine de mort.

Selon les services de Romano Prodi, l'Italie va chercher le soutien d'autres pays qui s'opposent aux exécutions capitales.

Dimanche, le ministre italien des Affaires étrangères Massimo D'Alema avait annoncé que son pays allait oeuvrer en faveur de l'abolition de la peine de mort dans le monde, après les protestations consécutives à la pendaison de l'ancien président irakien.

 


USA : deuxième exécution en Oklahoma avec un barbiturique controversé


© Photo : EPA


Par La Voix de la Russie - 24/1/2014 - L'Oklahoma, un Etat du sud des Etats-Unis, a procédé jeudi à sa deuxième exécution de l'année par l'injection d'un nouveau barbiturique, sur fond de controverse sur les souffrances que les condamnés peuvent endurer au cours de procédures expérimentales.

Kenneth Hogan, 52 ans dont 27 dans le couloir de la mort, a été déclaré mort à 18H30 (00H30 GMT vendredi), a indiqué à l'AFP Jerry Massie, porte-parole des autorités pénitentiaires de l'Etat.
Il avait été condamné à mort pour le meurtre en 1988 à coups de couteau d'une femme avec laquelle il venait de fumer du cannabis.

Il a reçu une injection à dose létale de pentobarbital *, un anesthésiant communément utilisé pour euthanasier les animaux, que l'Etat a acquis auprès d'un préparateur en pharmacie non agréé.

 

* Voir Wikipedia : pentobarbital

Le pentobarbital est un barbiturique qui a été utilisé dans l'anesthésie et comme somnifère (pour ses propriétés hypnotiques). Il est réputé pour entraîner une certaine dépendance. Ce produit est commercialisé entre autres sous le nom de Nembutal®.
Le pentobarbital de sodium (Sodium Pentobarbital en anglais) est utilisé à fortes doses dans l'euthanasie vétérinaire, mais aussi dans l'aide au suicide, de manière légale dans certains pays comme la Suisse.
Le 16 décembre 2010, pour la première fois aux États-Unis, un détenu condamné à mort, John David Duty, a été exécuté en
Oklahoma avec ce produit, à cause d'une rupture de stock de thiopental fabriqué par la firme Hospira, le seul anesthésiant autorisé dans tous le pays comme premier des trois produits administrés à un condamné à mort.
Aux États-Unis, face à une raréfaction de leurs réserves de pentobarbital, de nombreux États font appel à de nouvelles substances, comme le midazolam hydrochloride, créant un débat de société ainsi qu'une augmentation des recours en justice de prisonniers craignant de finir dans d'atroces souffrances

 

Voir aussi :

Guantanamo

Les prisons secrètes de l'Empire US en Europe et ailleurs

Les crimes de guerre commis par l'Empire US-OTAN

 

Accueil désarmement