LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS

NON CELLE DES ETATS/NATIONS

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LA GEORGIE II

 

Morice (de Tourcoing)
L'auteur des articles

N’aime pas les menteurs.
Toujours résistant depuis la même date fatidique du 6 mai.
Et toujours aussi athée.

Source : AGORAVOX

 

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A en manger sa cravate (épisode 1)

 

 

Lors de cette guerre éclair en Géorgie, nous avons eu notre lot habituel d’information et de désinformation. Le soir venu de l’invasion, sur France 2, Olivier Galzi pouvait nous tracer un tableau cataclysmique des opérations, avec forces images sur les veuves éplorées et les villages saccagés par les Russes, bien entendu. Le couteau entre les dents n’est jamais très loin dans l’imaginaire des gens, et Galzi comme sa confrère de TF1 Florence Schaal jouait alors sur du velours. Pour cette dernière, il est vrai, Beslan, située en Ossétie du Nord, rappelons-le, a été un fameux choc (comme pour tout le monde). On nous avait tellement chanté les vertus des guerres propres, ou plus vu depuis des années un seul reportage sur la vie quotidienne à Bagdad vidée de ses habitants (sur 70 000 expulsés en 2006 seuls moins de 20 000 sont rentrés !) qu’on en avait oublié que les principales victimes d’un conflit ont bien été encore une fois des civils. Comme dans tout conflit récent, où ceux qui savent se protéger sont les militaires seulement.
Le présentateur de France 2 nous parlait alors du "pari perdu de Mikhaïl Saakachvili", comme si l’attaque géorgienne du 7 août avait pu se résumer à un coup de pouce, ou comme si la vie de milliers de gens se jouait à la roulette géorgienne. Pauvre vision des choses, et faible travail d’analyse : l’ampleur de l’offensive géorgienne et celle de la riposte soviétique prouvaient déjà par l’exemple que ce conflit avait nécessité d’intenses préparations des deux côtés. Mais c’est le quotidien télévisuel français de ne pas trop approfondir. Ce qui compte, c’est la formule. Or ce conflit n’est pas un simple coup de poker, ou plutôt l’est devenu de manière totalement irraisonnée. Pour étudier dans le détail ce que tout le monde n’a pas eu le loisir ou le temps de voir, je vous propose ces cinq épisodes.

L’analyse des faits nous démontre que l’attaque de la Géorgie et la réponse cinglante de la Russie ont été programmées de longue date, la Géorgie aidée par deux Etats essentiellement, et qu’au final le président Mikhaïl Saakachvili, par une décision hâtive, a beaucoup perdu dans l’histoire, car, nous allons le voir pendant quatre épisodes encore, la Russie n’espérait pas autant y gagner, à ce conflit éclair et cette décision subite.
Jamais encore les Russes ne croyaient revenir chez eux avec des choses aussi inattendues et aussi importantes : en deux semaines, la Russie a raflé ce que ses propres services secrets n’espéraient même pas découvrir !
Les drones américains viennent bêtement de perdre de leur superbe, en Irak comme en Afghanistan. Et ce n’est pas pour avoir été abattus !
C’est une véritable catastrophe stratégique, que les Américains n’ont aucun intérêt à ébruiter : leur silence sur la question est plutôt signe de profil bas, tant leur colossale erreur est manifeste.

Mais avant de vous l’expliquer, revenons au premier épisode, celui des lance-roquettes d’un autre âge dont l’image terrifiante a marqué les esprits dans ce conflit express. Les orgues de Staline étaient de retour ce 7 août 2008, alors qu’on les croyait définitivement enterrés depuis 1945 (ou depuis Dien Bien Phu !). Les engins et leurs servants.

Rien à la télévision sur les hommes de l’ombre, que l’on découvre deux semaines après dans Le Canard enchaîné, qui décrit que, paraît-il, des "conseillers" américains auraient participé à la tentative géorgienne, notamment en étalonnant les tirs de roquette de 122 mm de type Grad, qui ont été largement employés durant l’assaut géorgien sur Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie.
Un exemple donné par les services des renseignement français des armées, dirigé par l’incroyable général Puga, celui pour qui dix soldats tués est une grande victoire. Un grand classique de l’armement russe, descendant direct des fameuses Katiouchas... Enfin pas tout à fait. Nous allons voir plus loin que ce n’étaient pas des lanceurs russes ni des conseillers "américains".
Les Russes eux-mêmes y répondront le 11 août par leurs tirs d’Ouragans à roquettes de 220 mm, dévastatrices.
Ce matériel destructeur lance des fusées à sous-munitions de mines anti-tanks 9M59 ou des fusées à fragmentation 9M27F pour la destruction de bâtiments. Visuellement, leurs effets vont marquer les médias. Ce type d’engins, des deux côtés, étant en effet non guidé, est particulièrement imprécis et a des effets destructeurs terribles sur les populations et leur habitat, ce qui explique le nombre important de victimes civiles. Des gens le savent bien ailleurs dans le monde, que ces engins de mort tombent au hasard et en sont d’autant plus meurtrières : ce sont les colons israéliens, régulièrement visés par des tirs similaires venant du Hezbollah, qui attend toujours de nouveaux missiles, comme l’annonce la presse israélienne que nous allons amplement utiliser dans cet article. Ne serait-ce que pour prouver que, dans le pays lui-même, cette participation a été reconnue et n’est plus discutable. Visés régulièrement par ces engins, ils en sont devenus les grands spécialistes, contraints et forcés.

Que ce soient les Grad ou de l’autre côté les Ouragans, un pays plus qu’un autre en connaît particulièrement les effets, les dangers et leur manipulation : Israël, régulièrement bombardée par des roquettes Grads d’origine égyptienne ou syriennes pour la plupart. Les armes meurtrières du Hezbollah, qui tombent indifféremment dans les rues, les maisons ou les écoles. Des engins bien répertoriés et biens combattus :"the head of IDF Military Intelligence, Maj.-Gen. Amos Yadlin, told the Knesset Foreign Affairs and Defense Committee on August 24 that with the exception of the long-range Iranian Zelzal missiles, most rockets fired by Hizballah at Israel were taken from the Syrian arsenal rather than from Iran. However, debris from an Iranian-made 240 mm Fajr 3 with a range of 45 km has also been identified. IDF Chief of Staff Dan Halutz told the Knesset Foreign Affairs and Defense Committee on August 16 that Israel was “successful in destroying 90 percent of [Hizballah’s] long-range rockets," précise Harretz. Or, ce qu’il y a de plus étonnant en Géorgie, c’est qu’en fait de conseillers américains, pourtant capables eux aussi de s’occuper de roquettes (Himars), pas mal étaient... Israéliens. Les conseillers en tir étaient à la fois les vendeurs du matériel et en même temps ceux qui sont l’objet d’attaques sur leur territoire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette BlitzKrieg des temps modernes. A force d’en recevoir sur leur tête, les Israéliens seraient devenus les spécialistes des roquettes dévastatrices ? Oui et non : en fait la Katioucha (Catherinette en russe) inventée par Korolev, le père du Spoutnik, est aujourd’hui l’une de leurs grandes spécialités, et ce, depuis longtemps, comme le montre de superbes clichés retrouvés, empruntés à un soldat de Tsahal pendant la guerre du Yom Kippour. Le musée israélien de Beyt ha-Totchan regorge de modèles de lanceurs différents utilisés depuis 1973.

L’implication israélienne dans ce conflit est bien plus prononcée que ce qu’Olivier Galzi a bien pu nous conter dans un style néanmoins moins "people" et léger que Pujadas affectionne tant.
Aidés dans leur tâche par un très jeune ministre de la Défense géorgien, David Kezerashvili, qui parle couramment l’hébreu, les Israéliens ont en effet beaucoup vendu aux Géorgiens ces dernières années. 500 millions de dollars d’équipement militaire ont en effet été achetés à l’Etat israélien, affirme en effet sans hésiter le quotidien israélien Haaretz. La somme est énorme. Via un interlocuteur privilégié, le brigadier général Gal Hirsch, un ancien commandant de la seconde guerre du Liban obligé de démissionner avec fracas après la parution du rapport Winograd sur les graves manquements de l’assaut contre le Liban. Hirsch étant un des grands responsables du fiasco en ayant ordonné les bombardements massifs à l’aide de bombes à sous-munition ou au phosphore. Démissionnaire, il s’était vite reconverti dans le conseil, comme l’ont fait d’autres officiers israéliens dans d’autres pays. Sa société s’appelant Defensive Shield (du nom même de l’offensive au Liban !). Le Middle East Times cite également le maire de Tel-Aviv, Ronnie Milo et son frère Shlomo, ancien directeur d’Israel Military Industries comme autres interlocuteurs privilégiés des Géorgiens, mais aussi une vieille connaissance d’Agoravox, Israel Ziv, rentré fort précipitamment de Colombie dès la libération de Betancourt, début juillet, dans des circonstances encore non élucidées.
Selon pas mal de sources, notre homme aurait bien été fortement impliqué dans la formation des troupes géorgiennes, et a très certainement été rappelé à la hâte avant l’assaut du 7 août. Une fois son travail effectué en Colombie, avec les "forces spéciales américaines" sur place comme nous vous l’avons conté cet été. Car Ziv et les Américains des services spéciaux travaillent depuis toujours la main dans la main. Logique de les retrouver ensemble en Géorgie.

Des réservistes israéliens ont en effet lâché depuis le morceau à la presse israélienne. Et cela, les Russes le savaient car ils ont "scientifiquement" bombardé lors de leur offensive les casernes d’entraînement situées à plusieurs dizaines de kilomètres parfois des zones de combat : "IDF reservists who helped to train Georgian troops said Sunday that they had been unable to contact soldiers who they trained up until a few months ago, but declared that the recent hostilities came as no surprise. Speaking to reporters, the reservists said the bases used to train the troops had been bombed by Russia even though they weren’t located in the area where the battles are taking place". Chez LiveTV, on précise même qui étaient ces "entraîneurs de troupes" : "One reservists identified as "L" told Haaretz that he was hired by Global CST (Comprehensive Security Transformation or “CST International.”), owned by Maj. Gen. Israel Ziv (et Yossi Kuperwasser, je précise), and Defense Shield, owned by Hirsch, about a year ago, right after he left the army". On n’avait pas trop bien compris pourquoi Ziv, qui supervisait on le sait l’opération Jaque, était rentré aussi rapidement en Israël (le jour même de la libération de Betancourt !) dès l’opération terminée : Global CST, son entreprise personnelle, avait déjà d’autres chats géorgiens à fouetter. L’info, donnée par LiveTV, ne souffre donc pas de contradiction. Et LiveTV d’ajouter : "CST is apparently an informal troika of Kuperwasser, Ziv, and Brigadier General Amos Ben-Avraham, a veteran of the army’s elite Sayeret Matkal unit (le contre-terrorisme israélien, celui d’Entebbe, avec Ehud Barak, Benjamin Netanyahu, ou même Daniel Lewin, fondateur d’Akamaï, mort le 11 septembre 2001). CST provides “unique, comprehensive and tailored responses to evolving terror threats,” according to its webpage". Une "expérience unique", celle décrite par le prédécesseur de Ziv en Colombie : Yarel Klein, bien connu également de nos lecteurs d’Agoravox. L’homme ronge toujours son frein... à Moscou, où il est toujours détenu. Les Russes en savent beaucoup plus qu’on ne le pense sur l’implication des mercenaires israéliens qu’ils ne veulent bien le laisser filtrer. Sur place, ne restent que des cadavres de mercenaires d’origine diverse. Selon Moscou, "There were many mercenaries from Ukraine and the Baltic states. We have found dead bodies of African Americans too”, dit le président ossète, Eduard Kokoity. A ce jour, aucune image ne le démontre : nous sommes à nouveau en pleine propagande de la Pravda de la grande époque, côté russe et ses alliés séparatistes. A cette date, aucun mercenaire américain n’a été trouvé. C’eût été de la folie ou de l’inconscience. Il valait mieux pousser en avant des sociétés privées, et tant mieux si elles étaient israéliennes plutôt qu’américaines doit se dire le Pentagone.
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L’implication d’Israël via ses anciens officiers de Tsahal reconvertis en consultants de guerre est donc un fait indéniable dans ce conflit. Milo et son frère sont les représentants officiels de la société Elbit, dont nous avons souligné le rôle fondamental en Colombie : "With the mediation of Ronnie Milo and his brother Shlomo (a former director-general of Israel Military Industries), who represented Elbit Systems, Su-25 ground-attack fighters were upgraded and 18 Skylark mini-drones and five Hermes 450 unmanned aerial vehicles were sold". Or les Su-25 "Scorpion" ont bien été vus comme étant les vecteurs aériens des bombardements géorgiens. Des engins modernisés en 2001, au tableau de bord en LCDs signé Elbit, achetés à l’époque par Edouard Shevernadze, comme on peut le voir ici sur cette vidéo. On verra l’engin prototype aux couleurs de la Géorgie au Bourget en 2001 et en 2003. Un Su-25 qui n’a pas que le tableau de bord "made in Israël". Sous les ailes, on trouve aussi sous ce véritable camion à bombes des engins classiques connus. Des bombes à guidage laser... d’origine israélienne. Les fameuses Elbit Griffin ou Guillotine. Elbit fabrique aussi le système Lizard, à savoir pod de guidage et bombe laser compris. Aux Etats-Unis, Elbit travaille en étroite collaboration avec Alliant Techsystems (ancien Honeywell) sur une roquette guidée de 70 mm. Certains Su-25 géorgiens, trois pense-t-on, ont été abattus durant le conflit, la chute de l’un abattu par des tirs de DCA (à voir son cockpit) ayant été filmée. Et dans la désinformation qui suit les premiers jours de combat, on trouve des images annonçant les "bombardements des Su-25 russes", alors qu’il s’agit bien de l’offensive géorgienne sur Tskhinvali... du tout premier jour des opérations.

Nous verrons dans le prochain épisode combien les radars et les drones ont joué un rôle important dans la montée vers un conflit devenu inéluctable, au point que l’on peut aujourd’hui penser que la Russie a réussi à tendre un joli piège aux Géorgiens et surtout à leurs alliés israéliens et américains en laissant pourrir une situation qui était encore contrôlable en juin dernier. Les Russes avaient un but précis dans cette affaire, et ce n’est pas un but territorial. Nous l’évoquerons dans les troisièmes et quatrièmes volets de cette histoire à rebondissements. Les Israéliens étant eux encore en train de négocier la vente de nouveaux lance-missiles au tout début du conflit : "However, Israel Military Industries’ main and most sensitive deal was the sale of Lynx mobile rocket systems . The rockets can strike within a range of dozens of miles". De même qu’Uribe se fournit en Israël, Mikhael Saakachvili, ce "John Kennedy du Caucase", ambitieux et fantasque (et plutôt couard), plus jeune président jamais élu à 36 ans, fait de même, avec l’absolution des Etats-Unis, ravis d’avoir un tel sous-marin sur place... Comme ce sont des firmes privées, en prime, ça laisse moins de traces. La privatisation des guerres chère à Donald Rumsfeld a des retombées inattendues dans le Caucase. La CIA en profite largement en s’appuyant sur elles. Avec toujours les mêmes procédés.

En plein conflit et en pleins combats, alors que l’espace aérien géorgien est fermé, on découvre qu’une seule compagnie aérienne civile hérite du droit de voler, malgré les dangers évidents à le faire : c’est étrangement... El AL.
"Indeed, Israel’s national airline El Al was practically the only airline to fly into Georgia’s capital Tbilisi after other flights were suspended or grounded. Several hundred Jews were subsequently evacuated to Israel as new immigrants", assure encore Haaretz. De nouveaux immigrants, ou le moyen de rapatrier des troupes discrètement... Israël ne recule devant rien pour mélanger civil et militaire...
L’honneur est sauf, les mercenaires comme ceux de DynCorp en Colombie rentrent au bercail tranquillement. De l’immigration considérée comme moyen de faire de l’extraction de personnes impliquées dans des actes condamnables, on n’y avait pas encore songé (Uribe ayant fait l’inverse en expédiant aux Etats-Unis ces paramilitaires). Israël l’a fait.

Selon le journal Maariv (qui défend "une ligne éditoriale indépendante de la droite nationaliste et s’identifie à une vision libérale", selon Courrier International) "la vente d’arme par Israël à la Géorgie remonte à sept ans, amorcée par l’immigration de citoyens géorgiens en Israël et favorisée par Davit Kezerashvili, l’actuel ministre de la Défense du gouvernement géorgien, juif lui-même, et qui fit une partie de ses études en Israël."
En fait, pour les lance-roquettes, les Israéliens ont donc fait dans le service après-vente en aidant les Géorgiens à les pointer correctement : "les relations d’Israël avec la Géorgie débutèrent dans les années 1990, avec des ventes d’armes légères puis des systèmes d’armes peu complexes. Par la suite, Israël assura la vente de drones, de systèmes anti-avions, des plates-formes lance-roquettes et des systèmes de communications."

Les Israéliens ont depuis longtemps une excellente expérience des lance-roquettes appelés aussi Katyusha. Leurs engins, rustiques, ont été au départ des copies des BM-24 russes capturés lors de la guerre des six jours de 1967. Puis Tsahal a développé une gamme incroyable de lanceurs, adaptés à tout ce qui leur tombait sous la main comme support : camions roumains, chars AMX français de rebut, etc. Leur système actuel GradLar ou BM-21 Grad est bien celui acheté et utilisé par les Géorgiens lors de l’offensive. L’armée israélienne possède toujours aujourd’hui 58 BM-21 de 122 et 36 BM-24 de 240. Un article du fameux spécialiste Jane’s nous prouve la présence de ce matériel en Géorgie, avec la description le 3 mars 2008 d’une parade militaire tenue à Tbilisi le 20 janvier pour l’anniversaire de l’indépendance, où des rampes GradLar montées sur des Mercedes Actros 3341 ont été clairement observées.
Après de longues recherches, nous avons retrouvé les deux clichés qui le prouvent. Vous remarquerez sur les camions les fanions… géorgiens. Ce sont bien des roquettes d’origine israéliennes qui ont été lancées sur l’Ossétie. Eh bien, ce sont les mêmes camions intacts qui ont été capturés par les Soviétiques à Kodori, en territoire Abkhaze le 17 août dernier. Camions israéliens, avions modifiés par les Israéliens, personnels formés par les Israéliens, roquettes et bombes israéliennes. Difficile de nier l’implication directe du pays à l’étoile à 6 branches dans ce conflit.

Le président géorgien a été bien imprudent en se laissant embarquer dans ce conflit par ses amis israéliens et américains. On va voir à quel point dans les deux épisodes suivants. Il n’y a pas que la Géorgie qui vient de perdre dans cette bataille impossible à gagner pour elle : les Israéliens ont joué perdant et les Américains également, en offrant à la Russie de Poutine, cet ancien du KGB à qui on ne la fait pas, une occasion inespérée de grever le fonctionnement même des armées américaines dans les semaines ou les mois à venir. Les Américains et le président géorgien n’avaient pas pensé à une réaction aussi rapide et aussi organisée des Russes. Et les Russes n’avaient pas imaginé autant en profiter et faire autant de découvertes aussi étonnantes. C’est que nous aborderons dans les quatre épisodes suivants, où nous parlerons essentiellement radars, drones et télécommunications.

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A en manger sa cravate (épisode 2)

Se préparer à la guerre, ça s’organise à l’avance. Trois années minimum. La liste des achats de matériel de la Géorgie depuis 2004, juste après l’avènement au pouvoir de Mikhail Saakashvili, après une réélection... disons contrastée, est nettement plus longue que la liste de courses de la ménagère moyenne. Elle démontre clairement une volonté avant tout offensive et non défensive, c’est très clair, ainsi que celle de vouloir en découdre sur terre et non dans les airs. En 2003, la Géorgie a acheté tout d’abord six lanceurs de roquettes de 122 mm à 8 roues RM-70 MLRS, aux Tchèques de chez Konstrukta, des engins dévastateurs abondamment filmés durant l’assaut d’août 2008, qui s’ajoutent aux lance-roquettes israéliens déjà décrits dans l’épisode précédent. Les engins venaient juste d’être modifiés pour lancer aussi des roquettes de 227, devenant ainsi compatibles avec les autres lanceurs des troupes de l’Otan. L’un des soucis majeurs du gouvernement géorgien, en effet, dès 2003, est d’acheter du matériel "compatible Otan", même si l’entrée dans l’organisme lui est refusée le 2 avril par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, mettant en fureur son président, à se demander si l’offensive ratée décidée sur un coup de sang n’avait pas servi avant tout à accélérer le processus. L’orchestration actuelle de manifestation de rues anti-russes en est l’expression évidente : Saakashvili, sait aussi mettre en scène sa propre défaite.

En 2004, les achats se poursuivent et augmentent dans de très fortes proportions : 12 canons Howitzers autonomes de 152 à l’Ukraine, un Mil Mi-35 ouzbèke, 20 transports de troupes BTR 40 BMP-2 APCs, 14 mortiers bulgares de 120-mm, et en 2005 six hélicoptères d’attaque Mi-24B/P et 2 Mi-8MT ukrainiens, 31 chars T-72 venant d’Ukraine et de Tchéquie, 25 mortiers tchèques et bosniaques de 120 mm, 20 BTR-80, des transports blindés et armés à l’Ukraine encore. En 2006, les achats continuent à un rythme effréné : 30 canons à remorquer 122-mm D-30 et 12 énormes autonomes de 152-mm “Dana” de Tchéquie (devenus depuis MORDAN ), que l’on verra parader dans la capitale en 2008. Tout cela a bien entendu un prix : le budget géorgien pour la défense a explosé dans des proportions inimaginables, et a même multiplié par trente en six ans ( ???), passant de 20 petits millions de dollars en 2001 à 734 millions en 2007 pour atteindre 900 millions en 2008. 4 millions d’habitants, des retraites qui ne dépassent pas 10 euros, 13 % de chômeurs... et malgré tout l’achat d’un pareil arsenal ? Mais où le gouvernement géorgien va-t-il donc chercher l’argent ? Et comment se fait-il que l’homme qui est responsable de tous ces achats, le ministre de la Défense géorgien, Davit Kezerashvili, soit âgé de 29 ans seulement ? Face à l’adversaire russe expérimenté, était-ce le plus indiqué ? N’aurait-il pas un peu trop facilement laissé ouverte sa porte ? "His door was always open to the Israelis who came and offered his country arms systems made in Israel. Compared to countries in Eastern Europe, the deals in this country were conducted fast, mainly due to the defense minister’s personal involvement," dit Ynet News. C’est au niveau de la Roumanie comme budget, à peu près, peut-on dire, certes, mais qui a cinq fois plus d’habitants ! Trente fois moins encore que la France, mais aussi le 17e budget au monde hors ex-URSS (40 milliards) et hors Israël. Et ça représente le 1/6e du PIB du pays, largement au-dessus d’Israël, réputé comme un des plus dépensiers en armement (49 milliards de shekels de dépenses militaires en 2008, soit 13,5 milliards pour 140 milliards de PIB, soit le dixième environ).

Le PIB du pays a beau être passé de 3,2 milliards en 2001 à 6,4 milliards de dollars en 2005 (il en faisait 10,5 en 1985), cela n’explique pas totalement où le gouvernement de Géorgie est allé chercher tout l’argent nécessaire à l’achat de ces coûteux équipements ! On cite 143 % d’augmentation du budget militaire en 2005 ! Dont 15,6 millions d’euros rien que pour la base de Sénaki ! Avec déjà pour Sénaki et Gori de sérieuses inquiétudes sur le choix de leur localisation "Aux yeux de nombreux observateurs internationaux, la localisation même de ces deux bases n’est pas anodine. Elle soulève, du moins, des questions et fait planer le doute. Car la base de Senaki est située à 40 kilomètres seulement de la frontière du confetti séparatiste abkhaze ; celle de Gori ne sera, elle, séparée de Tskhinvali, la capitale de la République sécessionniste d’Ossétie du Sud, que par une trentaine de kilomètres". Dès 2005, on savait déjà quels seraient les objectifs du conflit futur : "ces bases sont autant de signaux négatifs pour les deux Républiques non reconnues d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud qui accordent déjà peu de crédit aux intentions déclarées du gouvernement géorgien." Un document nous donne un embryon d’explication sur la provenance des matériels : la Géorgie s’est fait largement aider par les pays de l’Otan, tous fournisseurs de ces armes, et par une sérieuse aide financière américaine. "Pour aider au processus de transformation de l’armée géorgienne, les États-Unis financent, avec 64 millions de dollars, un programme d’entraînement et d’équipement (Georgian Train and Equip Program, GTEP). À ce jour, deux bataillons ont terminé avec succès un parcours d’entraînement. Les soldats ainsi qualifiés auront un contrat de trois ans et demi et recevront entre 180 et 360 dollars par mois, ce qui correspond aux salaires les plus élevés au sein de l’armée géorgienne" lit-on déjà en 2003". Les 3/4 de ses chars proviennent de l’Otan. "Georgia has received 206 tanks, of which 175 units were supplied by NATO states, 186 armored vehicles (126 from NATO), 79 guns (67 from NATO), 25 helicopters (12 from NATO), 70 mortars, ten surface-to-air missile systems, eight Israeli-made unmanned aircraft, and other weapons. In addition, NATO countries have supplied four combat aircraft to Georgia". L’autre point à noter étant la balance en faveur des équipements d’attaque par rapport à ceux de défense, assurée par seulement 5 canons quadritubes SU-23-4, 12 affuts de DCA ZU-23-2, 4 obusiers de 100 et 4 de 57 comme canons anti-aériens. C’est fort peu. Le but visé n’est manifestement pas de se défendre de l’encombrant voisin russe... ce qu’on ferait au départ, logiquement. "It was clear that too many unmistakable Israeli systems in the possesion of the Georgian army would be like a red cloth in the face of a raging bull as far as Russia is concerned", dit encore YnetNews.

En complément, des batteries de S-200 SA-5 Gammon ont été achetées à la hâte et en secret en 2007 à l’Ukraine, bel et bien la plus grande pourvoyeuse en armes du pays et bien aussi la plus fidèle alliée des Américains. Des engins SA-11 Buk-M1 (basse altitude) et Tor-1M moyenne et basse ont été aussi achetés tout aussi tardivement sinon en dernière minute. Comme si l’on prévoyait des représailles aériennes après une première offensive. Très sophistiqués, ces matériels de dernière minute seraient à l’origine de la chute d’un énorme TU-22RM russe de reconnaissance en Géorgie. En plus de ça, une aide américaine directe s’est ajoutée. Les États-Unis ont fourni également 10 hélicoptères UH-1H "Mohawk", 2 bateaux patrouilleurs de type "Point" (ceux des gardes-côtes américains !), et leurs pièces détachées et 230 véhicules divers, dont 15 "Humvees", notamment de communication, et 101 stations de radios... des sujets aujourd’hui fort intéressants pour les Russes, nous verrons plus loin pourquoi exactement. À noter l’omniprésence dans les achats de l’Ukraine, dont le président, marié à une Américaine, Cateryna Clare Tchumatchenko, et possédant - paraît-il - lui aussi la nationalité américaine, a joué un rôle important dans les fournitures des dernières semaines. Beaucoup soupçonnent la seconde épouse de Viktor Iouchtchenko, ancien président de la Banque nationale, d’être un agent de la CIA. L’appui de l’homme d’affaires George Soros n’étant pas négligeable dans l’affaire, toujours ravi de déstabiliser un peu plus la Russie. Comme par hasard, le 23 août, Iouchtchenko, dans son discours pour l’anniversaire des 17 ans de son pays, se servait des récents événements pour appuyer davantage son adhésion à l’Otan, demande bien enregistrée par Dick Cheney. Les ventes d’armes de son pays à son voisin n’étaient pas totalement désintéressées : et pour ça, montrer un Moscou belliqueux est une idée qui semble plutôt bien marcher. À ce jour, c’est lui le grand bénéficiaire du conflit : les Américains ont promis par la voix de Condolezza Rice d’éponger 25 millions de dollars de matériel militaire perdu et ses affaires risquent fort de devenir florissantes dans les mois à venir. Pour le New York Times, l’armée géorgienne reconstruite pourrait même être plus... importante. Et les dépenses futures également : pour mettre en place une aviation de défense correcte dans le pays, les besoins sont estimés à 9 milliards de dollars. Une fois et demie le PIB du pays... selon le journal, il faudra aussi songer à réformer... l’organisation de cette armée et se choisir d’autres chefs militaires, dont certains semblent avoir surtout présenté des prédispositions pour la fuite. "One senior Western military official said that one of the country’s senior generals had fled the battle in an ambulance, leaving soldiers and his duties behind." Davit Kezerashvili ne devra pas se contenter de coûteux jouets cette fois... et ne surtout pas prendre exemple sur son président, qui lui aussi est atteint parfois de peur panique dès qu’il voit un avion dans le ciel.

Dans le cadre de l’opération "Providing military assistance to military needs foreign States" les États-Unis ont accordé 30,6 million dollars de prêts bancaires, et 10 millions de plus pour préparer l’intégration directe à l’Otan en harmonisant notamment les munitions comme on l’a vu. Les Français, toujours à l’affût, ont bien tenté d’avoir une toute petite part du gâteau géorgien en proposant 4 Mirages Dassault dotés de missiles air-sol, et le projet de vendre deux corvettes "Combattante-2" lance-Exocets comme celles vendues à la Gréce, mais les événements récents viennent de tout geler semble-t-il. À signaler que lorsque les Américains envoient un bateau d’aide humanitaire en Géorgie, après les combats, l’U.S. Coast Guard Cutter Dallas (WHEC 716), ils l’intègrent à la Combined Task Force 367 et le font suivre par un destroyer lanceur de missiles, l’ USS McFaul (DDG 74). Ou mieux encore : on apprend le 5 septembre qu’une nouvelle livraison humanitaire sera faite non pas par un bête cargo, mais par l’USS Mount Whitney. Un bateau à l’allure anodine, mais bardé d’antennes et de capteurs : ce n’est autre que le meilleur navire d’écoute que possède les États-Unis ! "Chargé d’intercepter les communications, de collecter le renseignement, de coordonner les actions avec les autres unités américaines et enfin de lancer les opérations dans la région" nous apprend un site informatif. Les livraisons humanitaires d’USAID tournent à la provocation pure et simple. Ce qui n’a pas échappé aux Russes, restés vigilants, qui invoquent à juste titre la convention de Montreux de 1936 sur les détroits en rappelant à l’ordre la Turquie. Le Mount Whitney, qui a eu comme commandant l’amiral Mike Mullen, est en effet un engin de collecte d’information et de commandement "the most sophisticated command, control, communications, computer and intelligence ship ever commissioned". Il est équipé de l’Area Air Defense Control System (AADC), qui a été qualifié par ce même Mullen d’être "the air defense capability of the future". Inventé par l’Applied Physics Laboratory of Johns Hopkins University et installé par Science Applications International Corp. Inc. (SAIC), c’est un outil de représentation du champ de bataille en 3D, capable d’afficher plusieurs armées différentes à la fois. "The AADC module is an advanced planning and execution tool for a commander to perform duties as the area air defense commander during a joint or combined operation. A significant improvement in automation allows reduction in the size of the staff that would be required to perform this role. The 3-D representation of the battle space, coupled with the easily understood track symbols greatly increases situational awareness and understanding. Air defense plans can be tested by computer generated threats within minutes, adjusted and then tested again". Ce qui vient d’entrer à Poti permet aux États-Unis de préparer la carte d’identité des avions russes tentant de franchir l’espace aérien géorgien. Le système est lié aux lance-missiles AEGIS, dont une douzaine ont reçu l’autre partie du AADC. C’est bien un vaisseau de guerre, d’écoutes et d’espionnage et de lui avoir fait amener l’aide humanitaire est un leurre digne des pires moments de la guerre froide. Son arrivée rapide démontre que les Américains tentent de pallier au plus pressé en essayant au plus vite de savoir l’état des lieux des radars géorgiens, comme nous le verrons dans l’épisode précédent. Pour tenter de colmater les brèches, ils réalisent en quelques jours l’interconnexion des radars géorgiens subsistant avec ceux de l’Otan, intégrant déjà dans les faits quelque chose qui avait été refusé à Saakashvili il y a quelques mois. Bernés par Poutine, les Américains, dans le Caucase, font du sur-place.

Le contenu du garde-côte prête malheureusement à sourire : "Dallas is carrying more than 76,000 pounds of supplies, including soap, shampoo, toothbrushes, baby wipes, toilet paper and other necessities." On bombarde, et après on livre du shampooing pour s’excuser ?
Sans oublier que celui qui débarque cette aide n’est autre que Douglas Menarchik, "Acting Assistant Administrator for Europe and Eurasia d’USAID", au passé de "pacifiste" bien connu.
Ancien pilote de la pire machine à tuer américaine du temps du Vietnam (le C-119 Gunship), il utilise le paravent de l’aide humanitaire pour mieux cacher ses amis de la CIA. Bossant aujourd’hui dans l’humanitaire après avoir écrit Powerlift-Getting to Desert Storm, le livre de référence du déploiement militaire américain durant la première guerre du Golfe !
Un homme résolument partisan de ce fameux "nouvel ordre mondial" tant décrié : "The author uses the six-month buildup to Desert Storm as proof that the United States needs to increase the priority of logistics in strategy and improve its strategic transport capabilities, especially "surge" strategic lift. Current transport capabilities will not be positioned or structured to respond effectively to the contingencies associated with America’s growing responsibilities given the realities of the New World Order."
L’homme tout désigné pour rapatrier fissa les soldats géorgiens déployés en Irak... pour venir combattre les Russes, Humvees comprises... C’est ce qu’annonce d’ailleurs la TV du Pentagone, avec une Claire Chazal brune en uniforme...
Des soldats qui fuiront l’arrivée des Russes à grandes enjambées : "No one disputes that the army succumbed to chaos and fear, which reached such proportions that the army fled all the way to the capital, abandoning the city of Gori without preparing a serious defense, and before the Russians had reached it in strength. It littered its retreat with discarded ammunition." Laissant derrière eux un matériel conséquent et surtout fort compromettant.

Déjà, l’arsenal accumulé était impressionnant. N’importe quel observateur aurait pu se douter d’une préparation à l’offensive terrestre avec un matériel pareil. Certains l’ont fait en temps et heure en annonçant à l’avance ce conflit. Mais avant de pouvoir l’utiliser pleinement, il fallait effectuer auparavant des reconnaissances aériennes, pour obtenir la plus complète cartographie possible... les Géorgiens ne disposant pas d’avions espions, il est logique de voir entrer en scène... les drones.
Et là, nous retombons sur les Israéliens, passés maîtres en la matière. Et une fois encore, dans des proportions assez étonnantes. Dans une interview donnée au Times en avril dernier, le président Saakashvili évoquait le chiffre de... quarante appareils Hermes 450 achetés par son gouvernement. Équipés d’un radar signé Elbit, à l’origine un AN/ZPQ-1 TESAR (Tactical Endurance Synthetic Aperture Radar) de chez Northrop Grumman. Sachant qu’un Hunter2 israélien vaut déjà 22 millions d’euros, un Heron 50, un Heron TP 100 millions, calculez le prix d’un seul Hermes d’Elbit Silver Arrow acheté aux Israéliens, qui les appellent "Ziq"... les Anglais l’ayant appelé Watchkeeper. Des Anglais qui en sont à 700 millions de livres pour 54 machines soit 13 millions de livres pièce (16 millions d’euros). La Géorgie aurait donc investi pour 640 millions d’euros dans les drones, soit les 2/3 de son budget total des armées ? Pourquoi un tel investissement, si son président ne ment pas ? Et pourquoi les 40 drones n’apparaissent-ils pas dans ce fameux budget des armées ? Qui paie vraiment ? Pourquoi autant d’appareils que la Grande-Bretagne ou presque pour un pays de 4 millions d’habitants ?. Nous n’aurons pas à ce jour la réponse à toutes ces questions : on trouve bien des textes sur 5 puis 8 commandes d’Hermes, mais aucun pour 40 qui semble dépasser les capacités de production même du constructeur. Tout ce que l’on sait, c’est le nombre de drones abattus : 7 rien qu’en trois mois selon les Abkhazes, 3 selon les Géorgiens : "The Abkhaz side has claimed that it shot down a total of seven Georgian drones over Abkhazia in a period between March 18 and May 12. The Georgian side has confirmed that three of its drones were shot down. Tbilisi also says that its drones were targeted by Russian military aircraft or air-defence system “BUK”- SA-11 Gadfly . Sur le cas de celui de Sukhumi, le 12 mai, aucun doute : c’est bien un Hermes qui a été abattu en pleine ville. Et bien la preuve déjà que les Géorgiens s’attendaient à des combats de rue au milieu des civils.

C’est que l’enjeu de l’Hermes est double, voire triple : les drones américains dont vous a parlé Charles Bwele ne sont compatibles qu’avec des matériels américains, mais pas l’Hermes, résolument tourné vers... l’Otan !
L’engin a en effet été essayé au US Naval Air Station de Fallon, et au Joint UAV Test and Evaluation Centre dans le Nevada, pour ces qualités de vol, pour être ensuite être essayé à l’US Network Centric Warfare (US NCW) et conjointement ensuite chez les Anglais, au UK Network Enabled Capability (UK NEC), pour vérifier sa pleine compatibilité avec les stations de pilotage à distance... de l’Otan.
L’engin est, pour cela, au final, connecté à un satellite américain. L’engin de l’Hermes est donc capital pour les Américains et les Israéliens. Capital... et néanmoins un échec en Géorgie : les Ossètes en ont abattu, les Abkhazes également, mais le meilleur exemple reste celui d’un de ces Hermes géorgiens filmant sa propre mort au-dessus de la mer Noire, abattu par un missile lancé d’un Mig-29 russe... la vidéo l’atteste : l’engin s’est fait tirer comme un canard en plein vol. L’image ahurissante avait été montrée par l’armée géorgienne comme preuve de l’ingérence russe sur le territoire géorgien, alors que visiblement l’attaque avait eu lieu au-dessus de l’eau... où patrouille depuis toujours la flotte russe.
Les Abkhazes s’étaient mollement défendus à l’occasion, en affirmant que c’était un L-39 (d’entraînement ?) mono dérive qui avait abattu le drone. Or, visiblement, l’avion attaquant était bien muni de 2 dérives et ressemblait comme deux gouttes d’eau à un Mig-29... quant à savoir s’il s’agissait de sa version navale, impossible à dire. Le drone lui étant trahi par son train d’atterissage : c’était bien un Hermes à 16 millions d’euros pièce, filmant lui-même sa propre fin.

L’engin a un autre intérêt encore : ce sont les mêmes qu’utilisent les Israéliens pour suveiller les départs de missiles de la bande de Gaza, et qui sont désormais capables de lancer des missiles, de type Rafael Spike-ER (extended-range) comme le Predator américain lance lui ses Hellfires. L’engin a été choisi par les Espagnols sur leur Tigres. Ce sont les mêmes toujours qu’avaient utilisé les Israéliens avant de bombarder le Liban en 2006, offensive décidée par un des conseillers israéliens reconverti en formateur de soldats géorgiens. Les Américains ont déjà testé un dérivé de l’Heron doté de 4 HellFires, le Hunter2. La Géorgie a donc servi de test en nature pour un prochain conflit européen, et l’essai de drones effectuant le même travail que les Predators américains au Pakistan. Les indépendantistes européens de tout poil sont prévenus. S’ils ne veulent pas finir comme les chefs d’Al-Qaïda, tués un par un par missile lancé de drone, ils n’ont plus qu’à se méfier. L’Otan se chargera d’eux... sous la houlette des États-Unis, responsables finaux des communications via le satellite et via les systèmes d’armes, y compris les avions.

La mainmise américaine en matériel devient à ce stade démentielle : la France, fort hésitante en ce qui concerne son choix de drones, subit en ce moment même le forcing incroyable d’un lobbying présent jusqu’au fond du Sénat. Un lobbying qui n’hésite pas à présenter le choix anglais de l’Hermes 450 Watchkeeper comme "pragmatique"... un rapport édifiant montre cette implication des vendeurs de matériels, contenant des phrases comme "Les apports cumulés du Watchkeeper et d’une plus grande implication de la France dans le programme AGS de l’Otan conféreraient à notre pays une capacité de renseignements conciliant celle du drone tactique et du drone HALE, donc nettement plus développée que celle offerte par EuroMALE."
En résumé, réintégrer l’Otan, c’est s’équiper pareil... l’indépendance des forces armées françaises n’existera plus nulle part. Le jour où les Américains décideront de changer de fréquence ou de satellite, les Français hériteront de drones... inopérants.
Un de Gaulle aurait compris qu’il ne fallait pas s’engouffrer dans cette voie qui nous fait perdre totalement notre indépendance militaire. Son successeur actuel reste sourd à ces appels, ou plutôt a déjà choisi de faire plaisir aux lobbys davantage que d’avoir la garantie de la défense de l’indépendance de l’État. En ce sens, c’est de l’irresponsabilité.

Une fois les drones lancés, ils peuvent cartographier et préparer l’attaque. En juillet, le président Abkhaze annonce à Sukhumi sa capitale être tombé sur un plan d’invasion géorgien. "The plan (developed by Georgia’s Defense Ministry) has been obtained by the Abkhaz military intelligence services and clearly demonstrates that Georgia intended to occupy... the entire territory of Abkhazia". Le plan est clair et assez sophistiqué : "Bagapsh claimed Georgia, whose leader, President Mikheil Saakashvili, hopes to join the U.S.-led NATO alliance, considered organizing two simultaneous military attacks against Abkhazia out of the Kodori Gorge and the Zugdidi region, and also to attempt amphibious landings at the same time at the Abkhazian-controlled ports of Ochamchira, Sukhumi and Gagra. He claimed Georgia had concentrated 2,000 troops in the Kodori Gorge and boosted its overall forces facing Abkhazian territory to 12,000 men since April, RIA Novosti said. "These actions are aimed to destabilize the situation in the zone of the Georgian-Abkhazian conflict and to prepare the international community for possible aggression against Abkhazia."

En avril, tout était déjà en place, donc. Avec un seul défaut au plan : tout était axé sur les actions au sol. Un mois après on était fixé : l’aviation géorgienne inexistante n’a rien pu faire face au rouleau compresseur aérien russe, laissant aujourd’hui les soldats blessés fort amers. "We couldn’t handle it. The troops were very well prepared, but the air forces of Russia destroyed everything," dit un soldat, "Russian air superiority was crucial. The Georgians were unable to cope with their air defense system," analyse un spécialiste. "Aviation played the main role. The soldiers told me that everything went wrong as soon as the planes moved in."The operation was well organised but the conception of our army, the type of weapons bought by our army and the type of priorties we had was not that well thought out" dit encore un autre. Les simples soldats capturés sont plus fins stratèges que le dirigeant du pays. Le "Kennedy du Caucase" n’avait donc pas compris que l’aviation était la reine des guerres modernes ? Il s’était pris pour Napoléon et ses batailles au canon et à la baïonnette ? Cela reste incompréhensible. À moins d’avoir été jeté dans la gueule du loup par ses propres alliés, désireux de savoir comment la Russie allait réagir en cas d’attaque conventionnelle. Ou de se débarrasser d’un autre problème en souhaitant... embarrasser Israël, qui comptait bien recevoir en échange de son investissement sur le terrain un précieuse compensation. Du type l’attaque de l’Iran grâce à l’emploi de terrains d’atterrissages géorgiens... Saakashvili, dans ce cas a bien été berné sur toute la ligne en envoyant ses soldats au casse-pipe. Il s’attendait ferme à être secouru par W. Bush qui n’a pas bronché au dernier moment. Le matamore a perdu, parce qu’on voulait aussi qu’il perde. À trop écouter les sirènes des services secrets américains...

Le gouvernement géorgien et son "pompier pyromane" plutôt naïf s’est laissé embarquer dans un conflit perdu d’avance, cela tous les observateurs le pronostiquaient. Mais il a fait pire encore, en se laissant berner par la stratégie russe, très élaborée, qui ne visait pas qu’à répondre à son attaque, mais à s’emparer au plus vite d’éléments essentiels de sa défense. Nous verrons dans les deux épisodes suivant à quel point on peut parler de désastre, y compris pour des Américains imprévoyants.
L’Ours russe s’est réveillé après un long sommeil forcé. Et un ours qui sort d’hibernation est rarement tendre avec ce qu’il trouve sur son chemin.

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A en manger sa cravate (épisode 3)

AIR-DEFENCE MISSILE LAUNCHER 9K33 "OSA"( 9A33 -CARRIER, 9M33 - MISSILES) (SA-8 GECKO)

Photo by Alex Kuznecov, Central Artillery Museum, St.Petersburg, Russia

En entrant comme ils l’ont fait dans le pays, comme on vous l’a dit, ç’est à dire à toute vitesse, les Russes vont faire des découvertes. Et pas des moindres, car il semble bien qu’ils avaient déjà une idée derrière la tête en fonçant sur certains objectifs précis.
L’une des plus intéressantes, sans nul doute, est la capture de six 9A33 OSA "Gecko".
Un engin assez incroyable : imaginez une station radar amphibie à partir d’un châssis de Zil-157, le camion le plus répandu en ex URSS, et lui-même souvent vecteur de batterie Grad, cette fois muni d’une batterie de missiles anti-aériens et d’un radar de tir.
Drôle d’engin... qui n’avait pas été répertorié dans l’inventaire de Jane’s du matériel de l’armée géorgienne.
En 1999, l’engin avait été crédité de meilleur chasseur d’avions volant bas, à 25 m, mais capable aussi d’en repérer jusqu’à 5 000 m d’alititude. Les engins proviendraient... d’Ukraine, selon Jane’s, et auraient été achetés à la hâte assez récemment, dans la crainte de représailles aériennes russes à une offensive georgienne.
Leur découverte est une (demi) surprise et provoque le 13 août la fureur (légitime) de Moscou : "Il y a pratiquement une semaine, un grand convoi d’aide humanitaire russe est parti pour l’Ukraine. Lorsque nous apprenons que l’Ukraine octroie de l’aide militaire pour l’extermination des citoyens russes, on a du mal à comprendre", a indiqué le ministre russe lors d’un duplex Moscou-Vladikavkaz".

L’Ukraine orange, grande alliée des américains, à joué un terrible double jeu que Moscou se complaît à rappeler. Tout en étant elle-même cliente de l’Ukraine, notamment pour ses missiles (L’Ukraine fabriquait des missiles balistiques pour l’URSS). Des S-200 ou S-300 notamment, redoutablement efficaces, même quand ils se trompent de cible... la Russie en sait quelque chose. Vous allez me dire mais ça ne sert à rien aux russes, de récupérer un matériel qui provient au départ de leur usines (au temps où l’Ukraine était russe) ? Et bien si, car ce n’est pas exactement ça. Les modèles récupérés sont des S8, modèles modifiés récemment en Ukraine, autre nouvel ami des américains, qui présentent deux innovations importantes. Celle d’avoir des missiles plus petits et plus efficaces enfermés désormais dans un caisson, et surtout d’être munis d’un détecteur et d’une antenne IFF travaillant entre 1030 et 1090 mhz. Un détecteur IFF est un détecteur d’Identification, Friend or Foe (IFF), à savoir un système crypté pour savoir si l’avion qui approche est ami ou ennemi. Vous suivez toujours ? Dans ce cas vous avez déjà compris : les OSA Georgiens sortaient tout juste de grandes manœuvres le 17 juillet dernier, au nom assez prémonitoire (à rebours) "Immediate Response 2008" avec... les Etats-Unis, la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Arménie... et la présence d’avions américains dans le ciel géorgien.

Un exercice tenu à la base Vaziani, ancienne base russe, près de Tbilissi, ayant coûté la bagatelle de 8 millions de dollars. Une base où avait été pris en photo le 23 avril 2005 le précédent ministre de la défense, Irakly Okruashvili, suspecté depuis d’avoir ourdi un complot contre Saakashvili en l’accusant d’avoir fait éliminer physiquement des opposants. Le système IFF des OSA devait encore contenir les directives pour reconnaître les avions US et ne pas leur tirer dessus. Imaginez maintenant que cela tombe aux mains des russes. C’est inespéré, et c’est très certainement ce qui s’est produit. Même si on a effacé à la hâte des données des mémoires des ordinateurs de tir, on peut faire confiance aux Russes pour décrypter ce qu’il voudront retrouver. La perte de six OSA est une catastrophe pour... les américains : désormais, on connaît leurs gammes de fréquences d’approches "amies". Leurs avions sont désormais détectables et "brouillables" surtout . C’est catastrophique pour eux. Pendant que se tient l’exercice, et depuis trois ans au moins, sur une autre base, on démantèle de vieux stocks russes. C’est à Ponichala, qui a bénéficié comme Vaziani d’une aide de 478 000 euros financés par l’Otan pour démantibuler les vieux missiles, dans lesquels ont trouve de tout. Vraiment de tout. Du sol-air... à l’air-sol... consciencieusement enfermés dans des cylindres d’acier, sous gaz neutre souvent, et démontés pièces par pièces avec moult précautions ou parfois moins. Une véritable aubaine aussi pour les amateurs de pièces détachées. Et à Ponichala, en 2005, on découvrait encore autre chose... sur la fameuse route de la soie, on trouve aussi de la poudre blanche et non seulement de la noire.

Une mésaventure, cette découverte de fréquences, qui rappelle d’autres événements historiques du même acabit. En 1973, lors de la guerre du Kippour, celle-ci avait fort mal démarré pour les avions israëliens qui perdirent 105 avions sur 488 à cause des missiles SAM 6 nouvellement installés. Et de leur nouvelle fréquence de guidage de départ, qui avait été relevée par rapport aux autres missiles précédents. Les américains et les israëliens n’en connaissaient que 4 sur 6 de fréquences, les égyptiens n’ayant utilisé la plupart du temps que les 2 nouvelles, une en "G" à basse altitude et une en "H" à haute altitude. Les radars de Panthom israëliens ne pouvaient plus les détecter, ou du moins arriver à les brouiller, leurs fréquences étant trop hautes. La maîtrise des fréquences de l’adversaire est primordiale, et le gouvernement inepte de Georgie vient d’en faire cadeau à l’URSS. En 1973, Les israëliens on dû bricoler des lances-leurres type papier chocolat comme au bon vieux temps de la seconde guerre mondiale pour s’en sortir, puis des leurres plus sophistiqués pour feinter les auto-directeurs à infra-rouge, le SAM6 sachant en phase finale d’attaque se verrouiller seul sur les émissions de chaleur de l’adversaire.

Mais l’OSA avait aussi défrayé la chronique d’une toute autre manière... le 10 août dernier en Israël encore... avec l’assassinat du chef des armées syriennes, l’omniprésent Brigadier-General Mohammed Suleiman, accusé d’avoir donné au Hezbollah justement, une batterie de SA-8. L’homme, en réponse, avait été tué de quatre balles dans la tête à partir d’une vedette rapide évoluant près de la côte : la signature évidente des services secrets israëliens. L’OSA représente bien un terrible danger pour Israël et ses F-16. Détenteurs d’une batterie de missiles... et des codes d’identification amis-ennemis américains, désormais, à défaut d’être israëliens, à moins que les israëliens d’Elbit se soit mis en tête aussi d’intervenir sur la batterie.. géorgienne !
On le voit, la perte des six OSA aux codes américains est une DOUBLE catastrophe, une pour les Etats-Unis et aussi une pour israël. Saakashvili n’a absolument pas pesé la portée de son acte insensé. Il peut bien en dévorer sa cravate. Et Poutine s’en offrir une nouvelle : l’expédition ratée de Tchétchénie est oubliée.

Vous vous souvenez du super article de Charles Bwele ici à propos du raid des israëliens sur une infrastructure syrienne décrite comme étant un réacteur nucléaire ? Les avions de Tsahal avaient réussi à leurrer les nouveaux lance-misslles Thor récemment installés, les mêmes que ceux achetés par l’Iran. Le Thor n’est qu’une amélioration du principe de l’OSA. Les iraniens peuvent aujourd’hui ne plus craindre l’arrivée des F-16 israëliens : leurs Thor reconfigurés, qui savent tout désormais des chasseurs ennemis, ne se feront plus berner ni brouiller, et en revanche pointeront facilement sur les F-16 aux étoiles à six branches. La capture des OSA rend une attaque iranienne beaucoup plus complexe pour israël comme pour les USA. La capture de tels appareils est donc bien une véritable aubaine pour les russes. Et un revers monumental pour Saakashvili. Un bloggeur peut bien écrire : "En fait, le cessez-le-feu n’est réellement intervenu qu’une fois que les Russes ont atteint leurs objectifs politiques et militaires, laissant au bouillant Mikheïl une Géorgie plus affaiblie que jamais, renforçant leurs pions abkhazes et ossètes, galvanisant l’opinion publique russe autour de la défense des « frères ossètes massacrés » et exaltant un nationalisme victorieux qui efface le syndrome tchétchène". La bourde présidentielle ne fait déjà plus recette. Le grand perdant, c’est bien lui. Et la grande gagnante peut être bien déjà sa grande rivale Nino Bourdjanadzé.

Mais une guerre, ça se prépare autrement qu’avec du matériel militaire. Il faut aussi marquer les esprits. Rien de tel qu’une belle histoire d’agression de l’adversaire pour embarquer l’opinion encore réticente ("Ils nous ont attaqué, ripostons !"). Les Géorgiens s’y sont appliqués pendant ces derniers mois avec force exemples. Tout commence avec des débris de missiles. En 2007, il y a un an jour pour jour avant l’offensive à Tsitelubani, en Georgie, dans le district de Gori, près de la frontière Ossète, tombe un énorme missile. Pour les géorgiens, c’est sûr, le missile est un Raduga russe Kh-58 ARM. Au vu de la forme des dérives restantes, ça semble exact. C’est un des rares a avoir pareille configuration avec ailes fixées au milieu du corps. L’engin long de 4,80m, est un gros missile anti-radar de 640kg. Emoi de la communauté internationale : le missile serait russe. Des marquages l’attesteraient. Des marques bien visibles qui révèlent aussi une date : 1992. Automatiquement, la Georgie insiste sur le missile est l’avion largeur : ce serait un Fencer Su-24, susceptible de pouvoir larguer pareil engin. On est un peu surpris, même si dans les faits le SU-24 a déjà été présenté comme étant capable de le faire. Ainsi d’ailleurs que le Mig 25BM chez les russes. Mais on comprend vite pourquoi cette insistance et cette proposition : dans l’arsenal géorgien, point de Fencer. C’est donc bien un missile russe, obligatoirement, qui a été largué d’avion, qui a donc dû violer l’espace aérien géorgien ! Seulement voilà. Un simple Frogfoot Su-25, que possède bien la Georgie peut aussi en larguer (sans savoir ensuite le guider, à moins de s’équiper d’un pod de de suivi ce qui est aussi possible). Ou mieux encore : le 17 juillet, un article de l’AFI Research Complimentary Intelligence Briefing annonce la présence sur le sol Georgien de plusieurs SU-24, restés plutôt discrets à dessein. "Unconfirmed presence of 5 Su-17, 4 Su-24, 12 MiG-25, 18 MiG-21 and numerous Su-25 airframes at the TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing (Tbilaviamsheni” former Soviet GAZ-31 factory), though at least one MiG-21UM was in flying condition. However this facility which produces the upgraded Su-25 Ground Attack fighter with technical support from Israel was heavily bombed on several occasions during the conflict and significant damage resulted)". Des SU-24 Fencer et des MiG25BM : les deux vecteurs possibles de lancement du Raduga !

Et ce n’est pas tout. Sur le site de la firme TAM, on note un texte du 28 Novembre 2007, où l’on annonce que "TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing and Israel Aerospace Industries Ltd (IAI) are in process of negotiation to establish a strategic alliance, in order to actively involve two companies in a wide variety of projects around the world in military aviation projects as well as civil aviation projects". Tous les Su-25 qui sortent de la TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing sont en effet aux nouvelles normes Su25K "Scorpion", équipés par Elbit. Et là où ça devient intéressant, c’est quand on apprend que cette version intéresse depuis longtemps... l’Iran : "last year (en 2006) two of these Su-25Ks entered service with the Islamic Revolutionary Guards Corps Air Force (IRGCAF), after having been refurbished with help from Georgian technicians." La Géorgie aurait bien vendu deux Su-25 aux iraniens, équipés de matériel israëlien !!! Voilà qui remet pas mal d’idées reçues en place ! Et comme on ne vous prive de rien, on vous les a retrouvés, ces fameux SU-25 des Pasdaran en plein détroit d’Ormuz en train de provoquer la presse occidentale et américaine ! D’après certains clichés, bien plus que deux auraient été vendus.... Sachant que le Su-25 est considéré comme le Thunderbolt russe, possède un redoutable bitube à l’avant et représente un vrai camion à bombes, la menace est sérieuse. La Géorgie a besoin de liquidités pour acheter des armes, et la TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing de Pantiko Tordia, ce grand ami de Shevardnadze, a marché à fond ses dernières années pour lui obtenir avec ses hangars ne produisant que du Su-25... Israël, si prompt à dénoncer l’armement Iranien comme un danger pour son pays... est bien fournisseur d’armes des iraniens, via la société géorgienne TAM et Elbit, son fournisseur ! Il y a des jours, sans doute où l’intérêt financier prime sur l’intérêt d’état. On voit mal l’état d’Israël reprocher au maire de Tel-Aviv Roni Milo une collusion effective avec l’ennemi juré du moment. Et pourtant... c’est bien le cas. On peut aussi ajouter, comme l’affirme le Jerusalem Post, que la Croatie aurait vendu ses stocks russes de....missiles S-300, disposés depuis autour des sites nucléaires..."By September 2006, no fewer than 26 anti-aircraft missile batteries had been placed around the centrifuge installation at Natanz....". Des missiles qui ne se feront plus leurrer grâce aux codes saisis et à leur reprogrammation, comme ceux de l’article de Charles Bwele déjà cité... l’attaque de l’Iran est désormais fort difficile, voire impossible à réaliser. Ou en tous cas, avec d’énormes risques.

Et au sol, notre fameux engin réduit en miettes à l’impact mais sans avoir totalement explosé (son cône de plastique est intact !) est manipulé très rapidement, à en croire qu’il n’avait pas de tête explosive réelle : elle est pourtant effectivement présente et manipulée devant les caméras... alors que lors d’un démantèlement, on l’a vu, on prend bien davantage de précautions. Mais il y a mieux encore, car les deux stations radar 36D6-M, ou système de détection passive ukrainien « Kolchuga » toutes neuves, dont la première soi-disant visée par le raid russe n’auraient gardé aucune trace de l’action sur leurs écrans. Ces radars sont pourtant remarquables : passifs, il sont indétectables par les avions... et les missiles, et en revanche voient tout dans un rayon de 800 km. Le radar anti Awacs en lui-même est toute une histoire. Ce qu’il y a d’amusant, c’est que ce même radar aurait été vendu en 2000 à l’Irak de Saddam par l’Ukraine selon les américains, qui avaient alors émis une vive protestation de leur part au président Ukrainien ... sans jamais en trouver un seul sur place une fois le pays envahi. Encore une WMD de plus ? Les USA avaient alors baissé l’aide américaine attribuée directement au gouvernement ukrainien de 30 millions de dollars. Histoire de gagner quelques dollars, sans doute... l’histoire avait recommencé pareil en 2006, avec cette fois l’Iran comme point de mire.... et avec un démenti ukrainien similaire... décidément le Kolchuga focalise toutes les revendications américaines chez les autres pays... alors qu’ils l’ont visiblement laissé s’installer... en Géorgie.

On ne comprend donc pas comment un missile chargé de s’accrocher à une fréquence radar pour le faire exploser peut viser un radar indétectable qui n’émet pas. Et en même temps le rater sans que ce dernier ne soit capable, bien que le plus performant au monde, de donner le type d’appareil l’ayant largué ! L’engin, par les traces laissées au sol, semble bien avoir été tiré, sa charge propulsive ayant été mise en route. Ne reste que deux solutions possibles : un tir/largage par erreur d’un avion (mais pas nécessairement russe non plus, vu que le radar n’a pas de traces) soit... une mise en scène complète. Ce dont on se doute. Un général et un spécialiste russes, appelés par une commission indépendante, ne se font pas prier pour rappeler que de pareils missiles traînent partout en Géorgie : "When the missile could have appeared. During Soviet times several air force units were based on Georgian soil. Two of them directly had this type of weapon in service. At these airfields there were depots with air armament, storing more than a hundred of this kind of missiles. In addition, a central depot sat on Georgian soil. There were cargoes an ammunition stored in it, including it’s hard to say - more than a thousand such missiles All of this was there until December 1992. Thus, the missile could have been from Soviet stockpiles, or have got into Georgia some other way." Revoilà le contenu de nos fameux containers et les effrayants dépôts du temps de la guerre froide ! sans oublier... Ponichala et son dépôt de "déstockage de l’Otan " auquel on songe tout de suite, à avoir vu la science du démontage des géorgiens ! Ou également notre si étonnant vendeur d’armes Leonid (Efimovich) Minin, qui puisait allègrement dans le stock de Ponichala ! Un autre, plus observateur, fait remarquer qu’il manque les 2/3 du missile alors que sa tête n’a pas explosé "To which the Georgian side began saying that the separation could have occurred from the blast. But upon closer study of the seam it is clearly and distinctly visible that the section was cut off using mechanisms for cutting metals and did not separate due to the blast. That is this section had earlier, very long ago been separated from an X-58 missile. The more detailed study of this cut showed the presence of much corrosion and rust, which on the high-alloy steels of which these missile parts are made do not arise at once. Too little time had passed." Et termine en enfonçant le clou : "One of the photographs of the Georgian side shows a fragment of a device the inscription on which is executed in a foreign language. According to the Georgian side’s statement, the missile was made in 1991-1992. But, under the legislation of the USSR and the Russian Federation, mounting foreign, imported units on Defense Ministry air attack weapons is prohibited". Selon les russes, il y a manifestement mise en scène : lancer en 2008 un engin datant de 16 ans d’âge, sachant qu’il fonctionne à carburant solide, qui peut se détériorer avec le temps, même bien conditionné, est prendre un risque insensé. Surtout que dans l’inventaire de l’arsenal russe, les missiles anti-radars récents ne manquent pas. Le Kh-31P (vendu à la Chine) est un exemple. Le missile développé en Ukraine par Motor Sich un autre. Mais il y a mieux encore.

La réponse de la Georgie est plus surprenante en effet. La Géorgie conclut ainsi à la suite de l’incident : "while a Russian air attack is no doubt more likely than an assault by land, Georgia must be prepared for more, greater and different forms of intimidation. These include, but are not limited to, special forces actions in the conflict zones, environmental attacks, quest or economic control of strategic assets, or cyber warfare". Le pays passe d’une menace aérienne à une menace terrestre en un coup de baguette magique assez extraordinaire, le missile devient un appareil détruisant l’environnement, et devient surtout une excuse pour renforcer sur place son potentiel d’armée terrestre. Ce qui serait presque l’aveu d’une belle mise en scène. Un an pile avant, on prépare déjà l’opinion à une invasion russe. Avec force rubans de plastique déployés devant les caméras georgiennes façon enquête des séries policières américaines et des "spécialistes" de l’environnement habillées de blanc... qui manipulent à mains nues le débris accusés de contenir des produits toxiques. A Ponichala, on y était allé avec davantage de précautions, à croire que le missile en provenait directement... une fois vidé. Ponichala n’est qu’à quelques kilomètres de Tbilissi, et on vient juste de refaire les routes... Pour se retrouver en la présence d’un missile retrouvé par miracle non loin de là, dans un endroit qui semble avoir passablement été excavé. Préparer une riposte, donc. Quitte à la provoquer. "La guerre de Saakashvili, d’une façon effective et ouverte à partir du 7 août et, bien entendu, au-delà du 12 août, a été une guerre de propagande à destination des médias", note le vigilant Dedefensa.org. Nous dirons qu’elle a commencé bien avant. Depuis 2004, même. Quatre années à préparer la guerre, en armement et en paroles.

Et avant de la provoquer, de continuer à prêter à Israël ce qu’il souhaite. A savoir des aérodromes de repli ou de rechange en cas d’agression vers l’Iran. Un site réputé, Space War, nous en fait part, à notre grand étonnement. En annonçant tout de go entre deux phrases les accords secrets passés entre les deux pays : "In a secret agreement between Israel and Georgia, two military airfields in southern Georgia had been earmarked for the use of Israeli fighter-bombers in the event of pre-emptive attacks against Iranian nuclear installations. This would sharply reduce the distance Israeli fighter-bombers would have to fly to hit targets in Iran. And to reach Georgian airstrips, the Israeli air force would fly over Turkey". L’annonce sonne comme un coup de tonnerre. Ce qui était prévu, c’était donc ça ! Et non pas l’attaque sur un coup de tête des provinces alliées aux russes ! Les israëliens peuvent aujourd’hui maudire Saakashvili : il vient de leur rendre la tâche deux fois plus dure. Avec son impétuosité, l’Iran vient de se trouver un allié inattendu. Nous verrons dans l’épisode prochain que les radars ne sont pas les seuls engins compromettants saisis dans ce fiasco d’attaque géorgienne. Les russes ont fait main basse sur d’autres choses encore, toutes aussi vitales pour les américains.

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A en manger sa cravate (épisode 4)


En réalité, pour tout vous dire, pour réaliser ces épisodes sur la crise géorgienne, pour moi, tout a commencé par une photo assez étonnante. Celle d’une Humvee couleur sable, en camouflage de désert (dans cette région ?), tirée par un char russe au sortir d’un quai du port de Poti. Quelques jours (le 13 août exactement) après l’invasion russe et la prise du port (où les Russes ont fait sauter la flotte géorgienne qui se résumait à deux vedettes rapides surtout).

Cela m’a automatiquement intrigué, tout comme les cartes d’identification trouvées sur certains soldats géorgiens, car il n’y a aucune raison sérieuse à ramener à Moscou comme prise de guerre un engin aussi connu et depuis longtemps décortiqué par l’armée russe.
Sauf… sauf si les Humvees saisies présentent quelque chose de particulier. Or, c’est très certainement le cas, car sinon il n’y a aucun intérêt à s’encombrer de pareilles carrosses. Mais l’intérêt qu’elles présentent, ces quatre Humvees dont au moins une des Marines, est en fait multiple.
Mais avant de vous l’expliquer, il faut revenir aux multiples déboires d’une armée américaine confrontée depuis des années à un problème de taille : celui d’harmoniser entre ses différentes armées ses moyens de communications, l’Army, les Marines ou l’AirForce ayant pris un malin plaisir à développer chacun un système propre de radio, bien entendu non inter-opérable entre chacune des armées concernées.
Si on y ajoute le désir actuel d’avoir recours au satellite et à l’imagerie fixe ou télévisée en provenance directe des drones, ou d’internet, on conçoit qu’il s’agit-là d’un beau casse-tête à résoudre pour les responsables américains. Le casse-tête dure depuis plus de dix ans maintenant. Sans être résolu définitivement.

Un article passionnant du magazine DSI de septembre 2007 signé Jean-Louis Promé nous donne la clé du problème. Il y décrit en détail le "Future Combat System", un concept assez nébuleux et futuriste, comme son nom l’indique, proposé et soutenu à sa création par Donald Rumsfeld, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été l’homme clairvoyant qu’il s’est vanté d’être pendant des années. Un projet soutenu également par Eric Shinseki, l’ex-général d’état-major mis au rencart précipitamment pour avoir affirmé dès le début de l’opération irakienne qu’il fallait des "milliers d’hommes" pour contrôler le pays. 500 000 disait-il : le chiffre qui revient depuis le début, en Irak comme en Afghanistan. L’homme avait raison, mais a eu le tort de le dire trop tôt. Shinseki qui n’a pas été écouté en son temps passe désormais pour un prophète au sein d’une partie de l’armée américaine, dont une grande partie demeure opposée aux décisions politiques. L’armée américaine traîne les pieds, et c’est heureux avec les faucons qui lui donnent des ordres. S’ajoute au problème de l’intercommunication des armes entre elles celui des troupes de l’Otan amenées à échanger des données avec les soldats américains. Bref, le casse-tête intégral, tous les échanges devant bien entendu être cryptés. Au-dessus de cette couche radio, l’armée américaine, fort ambitieuse sous Rumsfeld, avait exigé en plus le GIG (Global Information Grid) ou échanges de données via internet ou par "chat", ajoutant encore une couche de complexité supplémentaire."Possibly the single most transforming thing in our force, will not be a weapons system, but a set of interconnections", peut-on lire à l’époque, en 2004. Un internet propre aux militaires, voilà qui les tente depuis toujours, certes, mais il y a du travail à faire avant : les différentes armées ne communiquent pas bien entre elles. Les militaires, prosaïquement, se sont donc mis en tête de mettre en place en tout premier le Joint Tactical Radio System ou JTRS, un programme de renouvellement progressif des différentes radios pour les rendre compatibles entre elles, programme lancé maintenant depuis plus de dix ans... et qui n’a toujours pas abouti à ce jour. Au point qu’en Irak des soldats, lassés de ne pas pouvoir donner des directives à d’autres unités, se sont mis à faire du chat sur les réseaux civils locaux (que nous décrivons un peu plus loin dans ce texte), sans même se soucier d’un quelconque cryptage, échangeant des plans de bataille sous AOL via leur téléphone portable satellitaire !

Raisonnablement, pour mettre à jour tous les postes de radio les stratèges, et surtout les financiers du Pentagone, avaient fini par se résoudre à recourir à des matériels du commerce, "on the shelf" ("pris sur l’étagère") et non plus à des engins spécifiques trop chers, et décidé de le faire par étapes, appelées Cluster 1, 2, etc. jusqu’à 5 pour l’intégration totale de toutes les armes et de tous les services à l’horizon... 2015. Malheureusement, force est de constater qu’aujourd’hui on en est à peine au Cluster 1. Le blocage du développement portant sur l’écueil de la sécurisation et du cryptage. Sur puce (figée donc !) ou sur logiciel (téléchargeable), bien plus évolutif, le débat a fait rage... pendant plusieurs années, le second l’emportant désormais et, en attendant, ces armées ont englouti 4 milliards de dollars dans l’achat de matériels d’appoint... non conformes encore aux désirs du Cluster 1 empêtré lui dans son absence de norme de cryptage... l’armée continuant pour sa part ses recherches de laboratoire, en brûlant des étapes pour sortir dès juillet 2004 une définition correcte du Cluster 5... mais sans matériel véritable répondant à ses normes de cryptage du Cluster 1. Bref, un véritable foutoir, une gabegie administrative digne de l’ère soviétique. En résumé, les chercheurs ont fini par rattraper leur retard, mais, entre-temps, sur le terrain, dans les sacs à dos et les jeeps, il a bien fallu meubler. Les engins prototypes du Cluster 5 ont commencé à être livrés en mars 2007 seulement et sont toujours en cours d’évaluation à ce jour. Le Cluster 5 permet l’envoi d’images en temps réel, et est pleinement compatible avec les outils de l’Otan. Le JTRS à ce stade est l’œuvre de BAE SYSTEMS (à Wayne, dans le New Jersey), de Rockwell Collins (Cedar Rapids dans l’Iowa) et de Thales Communications (à Clarksburg dans le Maryland.).

Les radios nouvelles s’intitulent JTRS HMS pour HandHeld, ManPack and Small Format Fit, l’accent ayant été mis sur une réduction drastique de la taille des matériaux. Moins de 6 kg, nécessitant 20 watts, travaillant dans la zone des 2 à 2,5 mhz... et possédant comme tout bon matériel américain une prise d’allume-cigare de voiture pour fonctionner. Or, vous pouvez le croire ou pas, mais les Humvees en sont dotées, certaines en ont même deux (une deuxième rajoutée). Pour le simple soldat, Thales propose un appareil de 907 g seulement, pour un canal, ou 1 360 g pour deux, consommant 5 watts. Embarqués dans des coûts de développement faramineux, les États-Unis ont décidé de restreindre leur production d’appareils personnels, en donnant la priorité aux... Humvees. En attendant toujours, l’armée se contentera d’une norme intermédiaire, dite WIN-T, accédant elle déjà au GIG : "This network will provide on-the- move, high speed, high capacity backbone communications network, linking the warfighters on the battlefield with the Global Information Grid (GIG). The Warfighter Information Network - Tactical (WIN-T) network introduces a mobile, ad-hoc, self-configuring, self healing network, using satellite communications (Satcom) for beyond-line-of-sight on-the-move (OTM) communications, robust network management and high bandwidth radio systems to keep mobile forces connected, communicating and synchronized", dit l’annonce. L’engin avait été montré pour la première fois à l’exposition spécialisée AUSA, l’hiver dernier seulement. C’est très certainement cet appareil équipant les Humvees sur lequel seraient tombés les Russes. Et ce qu’ils se sont empressés de faire savoir à la presse dès les engins emmenés.... "A Russian newspaper said the vehicles contained sophisticated satellite communications gear and they had been flown to Moscow to be examined", dit la presse, plutôt intriguée. La pêche dans le port de Poti s’est donc avérée fort fructueuse pour des Russes qui n’en demandaient pas tant. Ces derniers n’étant pas les derniers pour hacker les systèmes informatiques mondiaux, on peut leur faire confiance pour décrypter rapidement les codes et les cryptages du JTRS donnant accès indirectement à la conduite des drones qui envoient leurs données via le satellite. Les Russes, qui ont pris du retard sur les drones, sont ravis de l’aubaine. Leur Yakolev Pchela, déjà opérationnel, est rarement utilisé, en raison de son rayon d’action ridicule. Le Tu-243, un missile, ne permet pas de rester sur zone. Le Tipchak est un peu léger. Leurs Zond-1, 2 et 3, copiés largement sur le Global Hawk, s’avèrent déjà bien meilleurs que leurs prédécesseurs dont le Sukhoï BAS-62. Un UCAV pompé sur le design du Boeing X-45 a aussi été présenté en maquette sur différents salons, notamment au Bourget. Une copie de Predator est elle aussi sur les rails, c’est le Dan’ et le Dan’M. Pour aller plus vite, les Russes ont acquis des licences, notamment Yakolev en 2002 avec celle de l’Aerostar. "One of the stages in this program was the purchase of Aerostar UAV technology and components from the Israeli Aeronautics Defense Systems Company in 2003. In the near future, Irkut plans to begin flight-testing its UAV, which is based on Israeli experience and technology. Deliveries may begin in 2005. The Russian Ministry of Disaster Relief is expected to become one of the clients. It would use unmanned vehicles to locate and fight forest fires along with Be-200 amphibious aircraft". Or, si vous remarquez, l’Aerostar est un modèle... israélien. C’est aussi le choix des Marines américains, qui l’emploient en Irak via une compagnie... privée, les Marines, curieusement, par leurs statuts, n’ayant pas le droit de faire voler des drones... la prise d’une Humvee "verte" des Marines équipée d’une liaison vers un Aerostar peut donc s’avérer diablement intéressante dans le domaine. La police américaine ayant elle aussi testé l’appareil. Les Russes ont mis en marche la photocopieuse, et quand ils le font, ça donne un Blackjack Tu-160, par exemple, qui relègue le B-1 au rang de petit frère. Au total, 17 modèles, pas moins, sont en cours de réalisation ou de tests. L’arrivée des données américaines va faciliter la réalisation de leur électronique, et leur éviter surtout leur détournement par gamme d’ondes.

Les radios à bord des Humvees étant pour l’instant toujours des prototypes, donc, car aucun poste de la norme Cluster 5 n’ayant atteint le stade de la production. Et un coût phénoménal au final. Il va sans dire que l’organisation de manœuvres conjointes avec d’autres pays a été l’occasion unique de vérifier la compatibilité de ces différents types de radio en cours de développement... installées à bord de véhicules d’armes différentes. Vous comprenez maintenant pourquoi les Russes se sont précipités pour récupérer un modèle de type irakien, provenant de l’Army, et un modèle à camouflage gris-vert en provenance des Marines. Ce ne sont pas les Humvees qui les intéressaient. Mais bien leur équipement radio et leur liens avec les drones américains. L’analyse de leurs prototypes est là encore une manne inattendue pour Moscou... encore un matériel contenant des secrets importants de saisi (les normes de cryptage du Cluster 5, certes téléchargeables et non figées sur puce) ! Les véhicules couleur sable, amenés lors du pont aérien militaire mis en place pour ramener en express 2 000 soldats géorgiens attendaient sur le quai du port de Poti d’être ramenés aux États-Unis directement et non en Irak. Les Américains ne sont pas prêts de les revoir, ces fameuses Humvees : ou, alors, les Russes les rendront comme les Américains avaient rendu en 1976 le premier Mig25 piloté par Belenko échappé au Japon. Intact, mais dont chacun des plus petits boulons avait été dévissé et revissé, et chaque pièce étudiée à part.

Ce sont les radios ou les communications satellitaires en Ku-Band pour les envois d’images sur les terminaux entrevus dans un bon nombre de Humvees qui intéressaient les Russes. Ce procédé n’est lui pas nouveau : la bande Ku (11,7 à 12.7 GHz pour les fréquences descendantes et 14 à 14.5 GHz pour les montantes) fut utilisée pour la première fois par la télévision NBC, en 1983. Adaptée à l’armée, ça devient le ViaSat IP Satcom Flyaway Terminal, apparu en 2004, qui a été utilisé pour la première fois intensivement lors de l’ouragan Katrina, pour coordonner les secours auprès de services totalement différents. C’est Qualcomm qui avait proposé à la hâte cette solution, à partir de produits existants sur le marché, antenne satellite, routeur Cisco, etc. L’appareil avait sélectionné selon les recommandations du MITRE, incontournable lobby dans l’armée américaine. Pour Qualcomm, le chemin des commandes était simple à trouver en la personne de Tom Loeffler, qui représente la firme depuis 1999, un Texan d’origine et vieil ami (colistier) de McCain. L’actuel candidat était plutôt bien placé : "McCain is a senior member of the Senate Commerce Committee, which oversees the telecom industry and the Federal Communications Commission(FCC)". L’engin ne marche pas partout dans le monde, en Afrique équatoriale, en particulier que n’arrosent pas les satellites commerciaux IMMARSAT (celui utilisé par Reyes en Colombie !), faute de clients. Les premiers engins à être équipés du système furent des Bradley appelés C2V. L’appareil avait alors pour 1 million de dollars d’électronique à bord selon le Lt. Gen. Steven Boutelle, chargé de la com de l’Army. L’appareil fut ensuite installé dans les Strykers... puis dans les Humvees, qui peuvent accueillir jusqu’à trois écrans de contrôle. Un contrat de 3,6 millions de dollars a permis aux ingénieurs du Army Communications and Electronics Command d’en transformer quelques-unes en quatre mois en station de réception ou d’émission.

Dans un même ordre d’idées, l’ouverture des services de téléphonie satellitaire Thuraya, à Abou Dabi, aux Émirats arabes unis, démontre encore davantage les liens tissés entre les offres civiles et militaires et l’imbrication des services entre différents pays. Le maître d’œuvre des trois satellites arabes est Boeing. Au sol, le capteur modem IP satellitaire, compatible avec les VPN les plus courants, est utilisable par les militaires sans aucune modification, seul un codage des données est effectué. C’est un système similaire via Immarsat qu’utilisent les Farc en Colombie, comme nous avons déjà pu vous le décrire pour la capture et la mort de Reyes. Rappelons aussi qu’aujourd’hui, grâce au satellite, on peut détecter par triangulation un porteur de téléphone à 10 mètres près (aux États-Unis, 50 m ailleurs) : la connaissance des réseaux satellitaires est donc bien aussi un avantage militaire certain. Chaque possesseur peut devenir une cible pour une bombe guidée."Any satellite telephone is an emitter," said Loren Thompson, a defense analyst with the Lexington Institute in Arlington, Virginia. "By detecting the emissions, it should be possible for U.S. intelligence to localize desirable targets." Et pour détecter les cibles, on a recours aussi à des Humvees : "Wayne Madsen, a former National Security Agency analyst now with the Electronic Privacy Information Center, said U.S. spy agencies listen to phone signals using satellites, aircraft, ground stations and even specially equipped Humvees". Celles confisquées possédaient-elles cet équipement ? On ne le sait.

Le procédé d’internet via le satellite est simple à utiliser comme le montre la vidéo publicitaire. Sur le site de la firme, figure une impressionnante liste de bases militaires américaine déjà desservies. Les appareils portatifs présentés sont désormais de la taille d’un portable classique. Les satellites NSS-6 de SES (Hollande), travaillant en Ku-band, et Intelsat 901 (lancé en 2000) sont également utilisés depuis 2000, le satellite NSS-7 lancé lui aussi par Ariane en avril 2002 reprenant lui aussi la Ku-Band déjà décrite. La firme TS2, qui utilise les réseaux Thuraya et Iridium, sauvé de la faillite grâce au Pentagone, a déjà anticipé sur son site le déplacement des troupes américaines de l’Irak vers l’Afghanistan via sa technologie TS2 aux normes JCC-I/A, via Eutelsat, et son satellite Eurobird 9, un organisme français... qu’utilise aussi Orange. Retenue par les Marines le 7 septembre dernier seulement, la firme d’origine polonaise est déjà prête à offrir ses services dans le pays "We were among the first telecommunications operators in the satellite technology in the territory of Iraq and Afghanistan and as such we have enjoyed a successful cooperation with the US Army for several years now. The Afghan project could be another big government order in the company’s history" dit le PDG de "TS2 Technologie Satelitarne", Marcin Frackiewicz. "Our military network in Iraq has already over 10 thousand regular users for everyday broadband connections" - ajoute Frackiewicz." Le même Frackiewicz qui aura raflé donc une bonne partie des contrats téléphoniques en Irak et Afghanistan, sans qu’on sache exactement pourquoi lui et sa société polonaise et non une autre société. On sait la Pologne impliquée dans la fourniture de véhicules et d’armes à l’Irak dans des conditions plus que douteuses, le choix d’un opérateur aussi obscur semble tout autant empreint de suspicions. Le Pentagone paye la bagatelle de 36 millions de dollars par an à Iridium Satellite LLC, et ses 66 satellites, pour équiper 20 000 utilisateurs gouvernementaux américains en téléphone satellite.

Bien entendu, la Géorgie est desservie elle aussi par TS2, via Telecom Georgia. Et Thuraya présent via le Abu Dhabi Group, appelé en Géorgie "Warid Telecom Georgia Ltd", grâce à des employés pakistanais installeurs de Wimax dont on s’est aperçu de l’existence seulement à la fin du conflit, quand ils ont souhaité rentrer chez eux... Warid dessert aussi le Pakistan en téléphonie mobile. Le comble de l’histoire, c’est que les trois satellites Thuraya on été lancés à partir d’une plate-forme marine du Pacifique, grâce à une fusée... ukrainienne, la Zenit-3SL, remplaçante de la fusée Proton soviétique. À l’origine un des quatre boosters à carburant liquide de l’énorme fusée soviétique Energia. L’engin avait défrayé la chronique lors de sa mémorable explosion du 30 janvier 2007.

Et il a encore bien d’autres raisons de vouloir faire de ces véhicules archi-connus des prises de guerre. La plus étonnante nous ramène encore une fois indirectement à Israël. Même si on ne voulait pas le faire exprès, on retombe sur un fournisseur très particulier. Les Humvees sont aussi désormais protégées des bombes déclenchées à distance ou IED par un système radio de brouillage appelé de "Warlock Green electronic countermeasure system". Basé sur un précédent système appelé Shortstop Electronic Protection System de chez EDO CCS qui date de 1998, et utilisé au départ en Bosnie. Les Français ayant fait un appel d’offres à quatre sociétés pour équiper leurs VAB (Elisra firme israélienne associée à Thales et sous-division d’... Elbit, ESDT, Arinc et Cofre Export). Produit toujours par EDO, dans ces deux usines de New York et Simi, le Warlock se branche lui aussi sur l’allume-cigare de la Humvee ("designed to connect off the cigarette lighter and/or 12V DC power supply."). Edo est une firme très controversée aux États-Unis. En 2006, l’un des dirigeants d’EDO n’était autre que Dennis C. Blair. En l’occurrence, un amiral américain en exercice membre du bureau de la direction de la CIA pour les questions militaires. Très lié à un ThinkThank, l’ Institute for Defense Analyses (IDA) qui avait à cette époque remis au Pentagone des rapports dithyrambiques sur le F-22 Raptor... auquel participait EDO. Et auquel ne croyait pas Rumsfeld lui-même : Blair était bien un des membres d’un lobby militaire surpuissant tentant d’entrer dans ce qui était un conflit d’intérêt évident. Blair, coincé, avait fini par quitter EDO... et rester au sein d’IDA, montrant clairement son attirance pour l’argent et non pour le Pentagone. Même chose pour le F-35, où là c’est le directeur du projet, le lieutenant-général Leslie Kenne, qui après avoir obtenu des contrats juteux pour la firme EDO l’a rejoint à la suite de sa démission de l’Air Force en 2003. Mais le mieux de l’ingérence d’EDO dans la vie militaire américaine, c’est le rôle qu’a joué Paul Kern, son directeur, lors de l’affaire d’Abu Ghraib et les liens entre EDO et les mercenaires de Titan Corporation responsables des tortures. Enfin EDO est très lié à Israël, pour avoir construit un rack universel pour les bombes des F-16 israéliens, qui ont été largement utilisés lors des bombardements du Liban de 2006. Des associations anglaises avaient montré ces liens longtemps cachés et dénigrés par la firme. Car EDO ne s’arrête pas là : c’est aussi celui qui propose d’équiper les drones de son rack lance-missile. Si on veut faire d’un drone Hermes 450 un tueur, il faudra passer par EDO. "EDO MBM are developing bomb release units that can be used with unmanned arial combat vehicles (UCAV) or armed drones. These drones have been used by the Israeli military as extrajudicial assassination weapons in Lebanon and the occupied territories" . Ça lui est facile à adapter : c’est déjà EDO qui fabrique les lanceurs Hellfires montés sur les Apache israéliens : "EDO MBM provide equipment that launches Hellfire missiles that could be used by Israeli military helicopters". Pendant ce temps, les Israéliens aussi sont en train de mettre à jour leurs propres communications, défectueuses pendant la crise du Liban. C’est bien entendu Elbit qui s’y colle, avec un système radio évolué et un GPS, mais aussi un tablet PC sous Linux ou Windows CE.

Radios, transmissions prototypes et radars, codes de cryptage, modes de liaisons vers les drones saisis, déclenchement ou neutralisation des IED : la moisson russe a été bonne sinon exceptionnelle sur les terres géorgiennes. Tout le monde s’était demandé pourquoi Poutine (le vrai dirigeant du pays) avait laissé tirer sur ses troupes au mandat de casques bleus (eh oui, ils étaient déployés sur place au nom de plusieurs pays et non au nom de la seule Russie pour garantir la paix, encore une chose qui semble avoir été oubliée !), au tout début de l’offensive. Tactiquement, c’était imparable. En attirant les maigres troupes géorgiennes à certains endroits, et en acceptant des pertes humaines en sacrifice, les chars russes pouvaient foncer à d’autres chercher ce qu’ils souhaitaient ramener en priorité. Attirer Saakashvili vers le tunnel de Roki, telle était la manœuvre, afin d’aller puiser ailleurs le matériel pour les conflits futurs. Le "Kennedy du Caucase" a appris à ses dépens ce qu’il lui arriverait, à vouloir s’en prendre à un vieux renard du KGB. De Kennedy, le voilà devenu Nixon d’après le Watergate. A en manger sa cravate comme Nixon avait sombré dans l’alcool. Pour l’achever, son ancien ministre de la Défense, Irakli Okrouachvili, aujourd’hui réfugié en France, lâche le morceau le 14 septembre dernier, en avouant que les préparatifs à la guerre remontaient bien à 2005 déjà, avec l’espoir en cas de conflit d’une aide américaine qui n’est jamais venue. Saakashvili l’avait rêvé, mais c’est Poutine qui l’a fait.

 

Géorgie/tortures de détenus en prison :

le ministre de l'Intérieur démissionne 21/09/2012

 

Prison de Tbilissi

 

ltrinfo - 21/9/12 - Le ministre géorgien de l'Intérieur Batcho Akhalaïa a démissionné jeudi suite au scandale provoqué par les informations sur les tortures infligées aux détenus dans une prison de Tbilissi, rapporte l'agence News Georgia.


"En tant que citoyen, je suis indigné par les crimes commis dans la prison N°8 de Gldani (Tbilissi). Ces dernières années, je n'ai pas dirigé le système de l'exécution des peines. Mais certains responsables, qui auraient dû empêcher ces actes honteux, ont commencé leur carrière au sein du système de l'exécution des peines alors que j'étais son dirigeant. Je me sens moralement et politiquement responsable, parce que nous n'avons pas réussi à éradiquer ces pratiques horribles. J'ai donc présenté une demande de démission", a indiqué le ministre cité par l'agence.


Le scandale a éclaté mardi dernier après que le ministère géorgien de l'Intérieur a annoncé avoir découvert qu'un groupe de gardiens de la prison N° 8 de Tbilissi avait "infligé des traitements inhumains à des prisonniers et filmé cette scène en vidéo".
Des manifestations de protestation contre ces violences se sont déroulées mercredi et jeudi dans plusieurs villes du pays. Les manifestants ont réclamé de défendre les droits des détenus, de punir les coupables et de limoger la ministre de l'Exécution des peines Khatouna Kalmakhelidze. Mme Kalmakhelidze a présenté mercredi sa démission.
Le Parquet général de Géorgie a déjà annoncé avoir interpellé 10 responsables du ministère de l'Exécution des peines, ainsi que le directeur de la prison concernée.
La vidéo montrant les tortures infligées aux prisonniers a été mise en ligne et diffusée par deux chaînes de télévision géorgiennes. Ces dernières ont affirmé qu'elles avaient reçu ces prises de vues de la part d'un gardien qui s'était réfugié en Belgique.
Ria Novosti

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Tortures en prison en Géorgie : le ministre de l'Intérieur démissionne


AFP - TBILISSI — 20/9/12 - Le ministre géorgien de l'Intérieur, Bacho Akhalaïa, a annoncé sa démission jeudi soir, au lendemain de la révélation d'un scandale de tortures de détenus dans ce pays du Caucase.
"Je ressens une responsabilité morale et politique dans le fait que nous avons échoué à éradiquer la pratique horrible (de la torture). C'est pourquoi j'ai présenté ma démission au président", a déclaré M. Akhalaïa dans un communiqué sur le site du ministère.
Plus tôt dans la journée, le président Mikheïl Saakachvili avait nommé le défenseur des droits de l'homme et ombudsman Giorgui Tougouchi au poste de ministre de l'Administration pénitentiaire, en remplacement de Khatouna Kalmakhelidze, qui a présenté sa démission mercredi à la suite du scandale.
Le président Saakachvili avait ensuite ordonné le déploiement de policiers dans les prisons du pays pour y remplacer les gardiens, après la diffusion de vidéos sur des scènes de torture de détenus dans une prison de Tbilissi.
Les images diffusées par la chaîne de télévision d'opposition géorgienne TV9 montrent notamment un détenu d'une prison de Tbilissi, à moitié nu, en train de pleurer et de demander grâce avant d'être apparemment violé avec un bâton.
Le gouvernement géorgien a fait savoir que 15 officiers des services pénitentiaires soupçonnés d'avoir torturé des détenus dans cet établissement pénitentiaire avaient déjà été arrêtés, soulignant qu'il s'agissait d'un crime "prémédité".
Ce scandale intervient à moins de deux semaines des élections législatives le 1er octobre dans cette ancienne république soviétique.
Le parti au pouvoir du président Saakachvili est actuellement confronté à la campagne électorale la plus délicate depuis son arrivée au pouvoir à la faveur de la "Révolution des roses" en 2003, et à une opposition forte, menée par le milliardaire Bidzina Ivanichvili

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Géorgie/élections : le président Saakachvili doit démissionner (Ivanichvili)

 

Bidzina Ivanichvili

 

Tbilissi - 3/10/12 - Le leader de la coalition d’opposition vainqueur des législatives en Géorgie, le milliardaire Bidzina Ivanichvili, a appelé mardi le président Mikheïl Saakachvili à démissionner.

“La seule bonne décision pour Saakachvili serait maintenant de démissionner“, a déclaré M. Ivanichvili, probable futur Premier ministre, lors d’une conférence de presse à Tbilissi.

Il a également averti que les fonctionnaires qui avaient commis des délits sous le gouvernement sortant seraient poursuivis en justice.

“Il n’y aura pas de persécution d’anciens serviteurs de l’Etat, à l’exception de ceux qui ont commis des délits. Ceux-ci devront répondre de leurs actes devant la justice“, a ajouté M. Ivanichvili.

En abordant ses priorités en matière de politique étrangère, M. Ivanichvili a indiqué que la Géorgie entendait améliorer ses relations - aujourd’hui exécrables - avec la Russie voisine et rejoindre l’Otan [sic], une ambition vue d’un mauvais oeil par Moscou [à juste titre].

“Nous devons normaliser nos relations avec la Russie. Notre stratégie pour devenir membre de l’Otan reste inchangée“, a déclaré M. Ivanichvili.

Les relations diplomatiques entre la Géorgie et la Russie sont interrompues depuis la brève guerre de l’été 2008 pour le contrôle de l’Ossétie du Sud, région géorgienne séparatiste où Moscou maintient depuis des troupes.

L’amélioration des liens entre les deux pays est impossible avec M. Saakachvili, bête noire de Moscou que Vladimir Poutine, connu pour ses formules à l’emporte-pièce, a menacé un jour de “pendre par les couilles“.

M. Ivanichvili entend également maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis, allié de Tbilissi.

“Si vous me demandez, +l’Amérique ou la Russie+, je réponds que nous avons besoin de bonnes relations avec tout le monde“, a-t-il dit.

mercredi 3 octobre 2012,
Stéphane ©armenews.com

 

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