NELSON MANDELA

Icône de la lutte contre l'apartheid

 

Photo Shaun Curry (AFP)

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Voir Wikipedia : APARTHEID • Crime d'apartheid • Ségrégation raciale



Photo : EPA

 

L’Afrique du Sud orpheline de Nelson Mandela

Par La Voix de la Russie - décembre 2013 - Le premier président noir d’Afrique du Sud est décédé jeudi à l’âge de 95 ans. Bien qu’il ait démissionné il y a quatorze ans de son poste de président, il est considéré jusqu’à présent comme «la conscience de la nation».

Il n’existe aujourd’hui en Afrique aucun politique de cette valeur, estime le directeur du Centre d’études africaines de l’Institut d’histoire universelle de l’Académie des sciences de Russie Apollon Davidson.

«Tout comme le Mahatma Gandhi, Nelson Mandela luttait contre les guerres, pour la réconciliation nationale. Il a réussi l’impossible : prévenir une effusion de sang. L’Afrique du Sud était, de l’avis des politologues, au seuil d’une effrayante guerre civile entre les Blancs et les Noirs à la charnière des années 1980-1990. Or, la guerre n’a pas éclaté, il n’y a même pas eu de pogromes, et le sang n’a pas coulé en Afrique du Sud».

Mandela était leader du Congrès national africain et chef de son aile militaire. En 1964, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et enfermé dans la prison de l’île de Robben pour sabotages et fomentation de renversement du régime d’apartheid. Il n’a été remis en liberté qu’en 1990.
Mandela était le fils aîné du chef de la tribu Xhosa de Tembu, ce qui ne lui permettait pas pour autant de jouir des privilèges réservés en Afrique du Sud exclusivement aux Blancs.
Mandela a reçu une formation juridique en prison, en étudiant par correspondance dans les facultés de droit de plusieurs Universités à la fois. Il est membre honoraire d’une cinquantaine d’Universités mondiales.

En 1993 Mandela reçoit le Prix Nobel de la paix et est entre 1994 et 1999 président de la République d’Afrique du Sud. Il a été Secrétaire général du Mouvement des non-alignés de 1998 à 1999.
Nelson Mandela a exercé une forte influence sur la vie africaine et le développement du monde entier, estime l’expert de l’Institut des pays d’Afrique de l’Académie des sciences de Russie Anatoli Savateïev :
«Nelson Mandela figure parmi les politiques les plus en vue du monde contemporain. Son rôle ne se limite pas à sa contribution au développement de l’Afrique du Sud. Il avait des principes éthiques particuliers. Mandela a ressuscité l’éthique dans les rapports entre les races et entre les groupes sociaux».
Tous les Sud-Africains ne pleurent pas Mandela. Beaucoup de Blancs considéraient le Congrès national africain comme un "groupe terroriste". Or, pour la majorité noire de l’Afrique du Sud Nelson Mandela était perçu comme un dieu, c’était une idole morale qui les a affranchis de l’esclavage.

Andreï Fedyachine

 

Bal d’hypocrites pour Mandela : quand l’Occident soutenait Pretoria


Par Pierre Haski

 

Nelson Mandela et sa femme Winnie le jour de sa libération,

le 11 février 1990 (Alexander Joe,AFP)

 

Rue89 - 27/6/13 - L’avalanche d’hommages déjà prêts à Nelson Mandela est certes méritée par la personnalité, le sacrifice, et la vie du grand leader sud-africain. Mais elle pourrait laisser croire que tout le monde l’a toujours adoré, et qu’il n’aurait donc été victime que d’une poignée d’extrémistes blancs isolés au bout de l’Afrique.

La réalité est bien différente. Pour l’essentiel de sa vie politique, Nelson Mandela a été considéré comme un homme dangereux par le monde occidental, y compris par certains des signataires des communiqués enflammés prêts dans toutes les capitales.

La polémique autour de l’attitude de Jean-Marie Le Pen, provoquée par la réécriture de l’histoire par sa fille sur France Inter, pourrait là aussi laisser penser qu’il était seul dans ce cas. Il n’était que le plus franc, y compris quand le qualificatif de « terroriste » n’était plus de mise pour le futur prix Nobel de la paix...

Du coté de l’apartheid

L’histoire est pourtant cruelle. L’ensemble du monde occidental a été du côté du pouvoir blanc sud-africain pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce que le soulèvement de la jeunesse noire, à Soweto en juin 1976, ne finisse par lézarder ce consensus, qui ne prendra véritablement fin qu’à la fin de la guerre froide, en 1989.

La condamnation morale de l’apartheid, et même l’exclusion de l’Afrique du Sud du Commonwealth après le massacre de Sharpeville en 1960, prélude à l’emprisonnement de Nelson Mandela en 1962, aura finalement pesé moins lourd que les considérations géopolitiques. Pas surprenant, mais peut-être faut-il quand même le rappeler, au lieu de s’abriter derrière un consensus très récent.

Dans les années 60 et 70, l’Afrique du Sud était considérée par les stratèges de l’Otan comme un pion essentiel à la fois pour le contrôle de la route maritime du Cap empruntée par les supertankers de l’époque, et comme source de certains minerais vitaux pour l’industrie de défense.

L’appartenance à l’Otan du Portugal de la dictature Salazar, engagée dès les années 60 dans des guerres interminables dans ses colonies d’Angola et du Mozambique, renforçait cette appartenance officieuse du pouvoir minoritaire blanc de Pretoria au « front anticommuniste ».

A Silvermine, dans la péninsule du Cap, l’armée sud-africaine avait installé dans un bunker une station d’écoute et de surveillance des mers du sud, dont les informations étaient transmises aux services de renseignement occidentaux. Les informations allaient dans les deux sens, et c’est sur un tuyau de la CIA que Nelson Mandela aurait été arrêté une première fois.

Complicités françaises

La France a elle aussi collaboré étroitement avec le régime de l’apartheid. Elle a vendu à l’Afrique du Sud sa première centrale nucléaire dans les années 70, au risque de contribuer à la prolifération militaire à laquelle Pretoria a officiellement mis un terme à la fin de la domination blanche.

En 1976, alors que j’étais correspondant de l’AFP à Johannesburg, l’ambassade de France n’ayant aucun contact à Soweto et craignant de déplaire au gouvernement de Pretoria, me demandait si j’acceptais d’organiser un dîner chez moi pour qu’un émissaire du Quai d’Orsay puisse rencontrer le docteur Ntatho Motlana, représentant personnel de Winnie Mandela, l’épouse du leader emprisonné.

Le Congrès national africain (ANC) dont les principaux dirigeants croupissaient en prison à Robben Island, était bien isolé... Dans les années 70, lorsque des délégations du mouvement de libération, conduites par son responsable international, le futur président Thabo Mbeki, passait par Paris, il habitait dans la chambre de bonnes d’un ami marocain, et était royalement ignoré par le gouvernement.

Chirac et la « troisième voie »

Plus tard, au début des années 80, lorsque la situation à l’intérieur de l’Afrique du Sud est devenue quasi insurrectionnelle, la droite française a participé au stratagème de Pretoria de favoriser une « troisième voie » en la personne du chef zoulou Gatsha Buthelezi, un Noir « présentable ».

Alors que ses miliciens s’en prenaient aux partisans de l’ANC à coups de machettes, Buthelezi était officiellement reçu par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, et, en France, par Jacques Chirac alors maire de Paris (les photos sont exposées dans le salon de Buthelezi au Kwazulu-Natal).

Au même moment, Laurent Fabius, alors Premier ministre, imposait les premières vraies sanctions françaises et retirait l’ambassadeur de France à Pretoria.

Il faudra la révolte des Noirs d’Afrique du Sud, la chute du mur de Berlin et un puissant mouvement d’opinion dans le monde entier, pour que les dirigeants occidentaux changent d’attitude, et poussent le régime de l’apartheid à libérer Mandela et à négocier.

Le consensus d’aujourd’hui autour de Nelson Mandela ne doit pas faire oublier les errements criminels d’hier qui ont contribué à le laisser plus d’un quart de siècle en prison, et à prolonger la durée de vie du système inique de l’apartheid.

Il est plus facile de faire croire qu’on a toujours été du côté du «bien» contre le «mal» que de s’interroger sur les raisonnements fallacieux qui ont poussé la «patrie des droits de l’homme» et les autres défenseurs de la démocratie à rester aussi longtemps complices d’un système basé sur un déni d’humanité.

La disparition d’un géant de l’histoire devrait pourtant être le moment de regarder objectivement le passé.

 

NOTE
Cet article a été rédigé en juin dernier, lors des premières alertes sur la santé de Nelson Mandela, et les premiers hommages qui lui ont été rendus. Il n’a évidemment pas pris une ride (sauf sur Le Pen qui se tait cette fois). P.H.

 

Mort d’un homme, un GRAND homme !

 

Par Naima Semache

 

 

«Personne naît en détestant une autre personne à cause de sa couleur de peau ou à cause de son passé ou encore à cause de sa religion. Les gens apprennent à haïr et s’ils peuvent apprendre à haïr alors ils peuvent aussi apprendre à aimer. D’ailleurs, l’amour vient plus naturellement dans le cœur des hommes que la haine».

Agoravox - 7/12/13 - C’est par ces quelques mots que l’on pourrait résumer le combat de Nelson Mandela. Mais peut-on vraiment résumer ce combat d’une vie, de toute une vie d’un homme à quelques mots ?

Nelson Mandela est une liberté rien qu’en prononçant son nom. Nelson Mandela est une victoire rien qu’en prononçant son nom. Nelson Mandela est une émotion rien qu’en prononçant son nom.

Nelson Mandela, une liberté…

C’est parce qu’il a voulu être un homme libre comme tous les Sud-Africains blancs, que Mandela a été emprisonné le 12 Juillet 1963 et est condamné deux ans plus tard à la prison à perpétuité ! Mais cela ne signifie en rien, pour lui et ses compagnons, la fin de la lutte ! La preuve cette déclaration lors de son procès : « J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Et oui, il a vécu assez longtemps pour voir son idéal se réaliser en partie. En partie, car pas sûr que les Sud-Africains noirs aient encore obtenu les mêmes chances que les Afrikaners ! Pas sûr du tout ! Libre dans sa tête donc mais en étant emprisonné, Mandela continue sa lutte… Il restera enfermé pendant 27 ans dans des conditions souvent très rudes. Mais il sera libéré le 11 Février 1990. Enfin libre ! Mais vraiment libre !

Nelson Mandela, une victoire…

C’est parce qu’il a beaucoup lutté qu’il a fini par vaincre ! Sa première victoire remonte à bien longtemps lorsqu’en 1952, Nelson Mandela est élu président de l’ANC (Congrès National Africain). Il jugera le parti trop mou face à un pouvoir qui a institutionnalisé l'apartheid en 1948. Il abandonne du même coup la non-violence en réponse à la dictature du régime. Il favorise le sabotage mais n’entraine aucune perte humaine avant de s’engager dans la lutte armée et la révolution ouverte. Ce fut pour lui une lutte défensive contre la violence de l’Apartheid. L’ANC fut d’ailleurs classée comme organisation terroriste par le pouvoir en place notamment. Après l'interdiction de l'ANC en 1960, Nelson Mandela passe dans la clandestinité.

Mais sa plus belle victoire, reste sa libération en 1990 puis son engagement toujours plus fort pour la paix et l’abolition de l’Apartheid ainsi que pour la réconciliation des Sud-Africains, blancs et noirs. Il participera à la rédaction de la nouvelle constitution avec le parti du président de Klerk. Le 30 juin 1991, l’Apartheid est aboli !

Mais sa victoire ne s’arrête pas là ! Les efforts de Nelson Mandela et du président Frederik de Klerk sont reconnus mondialement quand ils reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en 1993 venant saluer leur engagement mais aussi leur travail pour la fin de l’Apartheid et « pour l'établissement des fondations d'une Afrique du Sud nouvelle et démocratique ».

Enfin, suite aux premières élections générales multiraciales du 27 Avril 1994 remportées par l’ANC (62.2 % des voix), Nelson Mandela est élu Président de la république d’Afrique du Sud. Lors d'un discours le 2 mai, il prononce le « free at last - enfin libre » de Martin Luther King.

Nelson Mandela, une émotion…

Au fil du temps, Nelson Mandela était devenu une icône ! Héros de la lutte contre le racisme et le régime de l’Apartheid, il a su très vite entraîner dans son combat toute la communauté noire sud-africaine mais pas seulement ! C’est toute la communauté internationale qu’il a pris dans son sillage de soif d’égalité, de liberté. Il restera l’homme qui a fait abolir l’Apartheid et qui a lancé la réconciliation entre les Sud-Africains. Il était devenu l’homme du consensus. Sa vie entière a été dédiée à une action : atteindre la liberté pour lui et pour tous les siens ! Il avait appris à connaître ses adversaires ; il avait appris à pardonner et à travailleurs avec eux. Beaucoup disaient de lui qu’il séduisait par sa gentillesse, son élégance et son charisme. Et pour cela, il est devenu un modèle à l’étranger. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’aujourd’hui beaucoup lui rendent hommage.

Souhaitons à présent à ce pays de continuer ce long et lourd combat vers l’égalité et la paix civile. Comme le disait une Sud-Africaine ce matin : "Il n'y a personne maintenant pour rendre ce pays meilleur, sauf nous-mêmes."


 

Crédit photo : Roberto Schmidt/AFP

 

Mandela : l'amour tardif de nations qui soutenaient l'apartheid


Par Tanguy Berthemet


Les funérailles de Nelson Mandela ont réuni une centaine de chefs d'État. Mais l'unanimité n'a pas toujours été de mise: certaines nations ont tardé à reconnaître la légitimité de sa lutte contre l'apartheid.

LeFigaro.fr - 10/12/13 - Jamais sans doute un lieu n'avait réuni autant de chefs d'État. Ils étaient près de cent, mardi, aux funérailles de Nelson Mandela. Pour certaines nations pourtant, la reconnaissance des qualités de l'homme, sans parler de la légitimité de la lutte, fut longue à se dessiner. Barack Obama ne l'ignore pas. Les États-Unis, pays ségrégationniste, ne furent pas toujours opposés au régime de l'apartheid. Plus tard, la proximité de Mandela avec les communistes nourrit les soupçons d'une Amérique plongée dans la guerre froide. Mandela a, un temps, érigé en modèle la prise de pouvoir par Fidel Castro, et n'a jamais caché avoir étudié les écrits de Staline. La CIA fut d'ailleurs longtemps accusée d'être à l'origine des informations qui permirent l'arrestation de Mandela en 1962, même si cette théorie est aujourd'hui largement contestée. D'autant que dès 1960, à la suite du massacre de Sharpeville, John Kennedy fut à l'origine de la première résolution de l'ONU condamnant l'apartheid. Une résolution que Paris ne vota pas.
La France, durant toutes les années 1960 et 1970, va entretenir de très bonnes relations avec Pretoria, étant l'un de ses principaux fournisseurs d'armes, en dépit d'un appel des Nations unies, en 1963, à stopper les livraisons d'armement. Ce n'est qu'en 1977, après la tuerie à Soweto, que Paris renonce à ce marché. Une résolution de l'ONU, contraignante celle-là, avait de toute façon proscrit ce genre de livraisons.


La France, premier pays occidental à recevoir Nelson Mandela après sa libération

Il faudra attendre 1981 et l'élection de François Mitterrand pour que la France prenne de manière plus nette le parti de Nelson Mandela. Elle adopte des sanctions économiques contre l'Afrique du Sud et l'ANC ouvre un bureau en France. L'assassinat en 1988 à Paris de Dulcie September, militante du parti, achève de souder les hommes politiques français autour de la lutte contre l'apartheid. Une unanimité qui vaudra à la France d'être le premier pays occidental à recevoir Nelson Mandela après sa libération en 1990.
L'Allemagne a aussi tardé à épauler l'ANC, fournissant des armes à Pretoria aussi longtemps que possible. Elle est aussi soupçonnée d'avoir entretenu une coopération dans le domaine du nucléaire militaire. La reine Elizabeth II a certes coupé toute relation avec ses anciens sujets dès les années 1960. Mais le gouvernement britannique, appuyé sur une minorité de ses sujets vivant en Afrique du Sud, va longtemps entretenir un commerce et des relations florissantes avec son ex-colonie. Au point que Margaret Thatcher fut l'une des plus farouches opposantes, si ce n'est l'ultime, à l'imposition de sanctions économiques internationales à l'Afrique du Sud. «Bien que la Grande-Bretagne soit la patrie de la démocratie parlementaire, c'était aussi la démocratie qui a aidé à infliger un système pernicieux et injuste à mon peuple», devait écrire Mandela.
L'Afrique, elle-même, s'est parfois interrogée sur Mandela. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, sans jamais être hostile à l'ANC, se méfiait d'un homme un peu trop attiré à son goût par des idées très à gauche. L'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny s'était lui aussi éloigné de l'ANC, à cause de la guerre civile angolaise. Comme le Gabonais Omar Bongo, il soutenait, contre le MPLA communiste, l'Unita, aux côtés du gouvernement ségrégationniste. Ce n'est qu'au début des années 1980 que l'ensemble du continent s'alignera totalement pour lutter contre le racisme de Pretoria.


 

Nelson Mandela à Soweto, mai 2003.

 

Nelson Mandela : Mort d'une figure de la paix et de la lutte contre l'Apartheid

Purepeople.com - 6/12/13 - C'est une véritable icône qui vient de nous quitter... À 95 ans, Nelson Mandela est mort jeudi 5 décembre, dans son domicile de Johannesburg, comme l'actuel président Jacob Zuma l'a annoncé en direct à la télévision. L'Afrique du Sud se retrouve désormais orpheline de l'homme qui incarnait aux yeux du monde entier le symbole de la paix et de la lutte contre l'Apartheid, après avoir été incarcéré durant vingt-sept ans, puis être devenu le premier président noir de l'Afrique du Sud de 1994 à 1999.

Né dans le petit village de Mvezo le 18 juillet 1918, Nelson Mandela fait partie de la famille royale des Thembu, de l'ethnie Xhosa. Très tôt conscient qu'il faut lutter contre la ségrégation raciale, il commence à militer très jeune puis intègre l'African National Congress (ANC) en 1944. Avec ses camarades, Nelson Mandela lutte pacifiquement contre l'Apartheid mais l'ANC est interdit en 1960 et ses activités se poursuivent clandestinement. Madiba choisit alors l'action armée avec des sabotages.

C'est ainsi que Nelson Mandela est arrêté en 1962 et condamné à la prison à vie deux ans plus tard. Le futur président sud-africain se retrouvera au total vingt-sept années en prison dont dix-huit sur l'île-prison de Robben Island durant lesquelles sa popularité ne cessera d'augmenter, tout comme sa motivation, d'ailleurs. C'est également là qu'il contracte une tuberculose qui aura certainement entraîné les multiples infections pulmonaires dont il sera victime durant le reste de sa vie.

Libéré en 1990 devant les caméras du monde entier, Nelson Mandela négociera alors avec le président de Klerk et l'Apartheid sera vaincu en 1991. Prix Nobel de la paix en 1993, il est triomphalement élu président un an plus tard et devient le premier Noir à la tête du pays. Madiba réconciliera alors le peuple noir avec peuple blanc, auquel il a pardonné malgré la prison. "Le pardon libère l'âme, il fait disparaître la peur. C'est pourquoi le pardon est une arme si puissante", a-t-il notamment déclaré en 1993. Devenu une icône de la paix dans une Afrique du Sud reconstruite, il laisse sa place de président à Thabo Mbeki, en 1999 et se retire de la politique.

Atteint d'un cancer de la prostate, Nelson Mandela se fera à partir de là de plus en plus discret. L'ex-président sud-africain ne se prononce alors pratiquement plus sur les problèmes du monde, sauf en 2003, où il qualifie par exemple George W. Bush de "président qui ne sait pas réfléchir", au moment du conflit irakien. L'année suivante, il annonce qu'il se retire de la vie publique pour passer plus de temps avec ses proches et sa femme Graça Machel, veuve de l'ancien président du Mozambique Samora Machel, qu'il a épousée le jour de ses 80 ans en 1998 et dont il était tombé éperdument amoureux.

Apparu pour la dernière fois officiellement en public en 2010 avec son épouse, lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, Nelson Mandela va commencer à connaître des problèmes de santé de plus en plus réguliers. Depuis cet été, après son hospitalisation pour une infection pulmonaire, son état de santé avait été jugé très critique à plusieurs reprises et tout son pays se préparait au pire. Et malgré les récentes améliorations, l'icône s'est finalement éteinte, en paix, ce jeudi 5 décembre 2013.

Durant sa vie, Nelson Mandela s'était marié trois fois : avec Evelyn Ntoko Mase en 1944, dont il aura deux fils, Madiba Thembekile (1946-1969) et Makgatho (1950-2005), et deux filles, toutes deux prénommées Makaziwe (nées en 1947 et 1953) et dont l'une est morte à 9 mois. Puis avec Winnie Madikizela-Mandela en 1958, dont il aura deux filles, Zenani (55 ans) et Zindziswa (57 ans). Et enfin Graça Machel, avec laquelle il vivra ses derniers jours. Il laisse également derrière lui dix-sept petits-enfants et douze arrière-petits-enfants


 

Les citations non «politically correctes» de Mandela

Voici quelques-unes des phrases de Nelson Mandela que la plupart des grands médias éviteront soigneusement de citer, au moment où le personnage est encensé et sanctifié par tous.

Agoravox - 9/12/13 - Alors que le monde entier vénère l’héritage de Nelson Mandela comme premier président noir de l’Afrique du Sud et comme icône antiapartheid, il convient de rappeler qu’il fut toujours extrêmement sceptique vis-à-vis de la puissance américaine, de l’invasion de l’Irak, et qu’il était surtout l’un des soutiens essentiels de l’organisation pour la Libération de la Palestine.

Vous allez prendre connaissance de sept citations du leader sud-africain qui ont très peu de chances d’être rendues publiques, alors que tous rendent hommage à sa vie et commémorent son décès dans les médias mainstream.

Avant l’invasion de l’Irak, Mandela critiqua durement les actions des États-Unis, à l’occasion d’un discours prononcé au Forum international des femmes à Johannesburg, où il déclara que la principale motivation de l’ex-président George W. Bush n’était autre que le pétrole, ajoutant que Bush était en train de « torpiller » les Nations Unies.

« S’il y a un pays qui a commis des atrocités indicibles dans le monde, c’est bien les États-Unis d’Amérique. Ils n’ont rien à faire des êtres humains, » s’insurgea Mandela.

Le président sud-africain ne s’est pas privé de faire des déclarations féroces à l’encontre des États-Unis, et a plusieurs fois mis en garde contre leur intention d’envahir l’Irak. Au moment où les USA préparaient leur invasion massive en 2002, Mandela déclara à Newsweek :

« Si l’on étudie ces choses, on arrive à la conclusion que le comportement des États-Unis d’Amérique est une menace pour la paix dans le monde. »

Mandela est un soutien de longue date de l’organisation pour la Libération de la Palestine, et a prononcé en 1999 un discours devant un parterre de journalistes, dans lequel il acceptait de servir de médiateur politique entre Israël et ses voisins.

«Israël devrait se retirer de toutes les zones qu’il a conquises aux dépens des Arabes en 1967, et en particulier, Israël devrait de retirer complètement du plateau du Golan, du Sud Liban et de la Cisjordanie», a-t-il affirmé, comme l’a rapporté Suzanne Belling de l’agence Jewish Telegraph.

Nelson Mandela accueille Fidel Castro à Durban, le 2 septembre 1998,
à l’occasion de l’ouverture du XIIe Sommet du Mouvement des Pays non-alignés

 

Mandela a rencontré Fidel Castro en 1991, et a prononcé avec lui un discours intitulé «Comme nous sommes allés loin, nous autres, esclaves». Le pays était en train de commémorer le 38e anniversaire de la prise de Moncada, et Mandela rendit hommage à la «place toute spéciale» de Cuba dans le coeur des Africains, sa révolution, et tout le chemin parcouru par ce lointain pays.

«Depuis les premiers jours, la Révolution cubaine a également été une source d’inspiration pour toutes les personnes éprises de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour maintenir sa propre indépendance et sa souveraineté face à la sinistre campagne impérialiste orchestrée dans le but de détruire les avancées impressionnantes réalisées au cours de la révolution cubaine… Vive la Révolution cubaine. Longue vie au camarade Fidel Castro.»

Mandela demanda officiellement à mettre fin aux dures sanctions imposées par l’ONU à la Libye en 1997, et promit de soutenir le leader libyen Mouammar Kadhafi, qui était lui-même un soutien de longue date de Mandela.

«Il est de notre devoir d’aider fraternellement ce dirigeant… surtout en ce qui concerne les sanctions, qui ne le frappent pas lui, mais plutôt la masse des gens anonymes… nos frères et soeurs africains, » déclara Mandela.

À l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le Peuple palestinien, le 4 décembre 1997, Mandela rassembla un groupe «en qualité de Sud-Africains, de Palestiniens qui sont nos hôtes, et d’humanistes, pour exprimer notre solidarité avec le peuple de Palestine.» Lors de ce discours, il lança un appel pour que les flammes métaphoriques de la solidarité, de la justice et de la liberté soient toutes allumées.

« L’ONU a adopté une position forte contre l’apartheid, et avec les années, un consensus international s’est constitué et a contribué à mettre fin à ce système injuste. Mais nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens.»

Source : ilfattoquotidiano.fr


 

A L’OCCASION DU DÉCÈS DE NELSON MANDELA

Fidel Castro et Nelson Mandela à Cuba, le 26 juillet 1991 **

Pourquoi cache-t-on encore la vérité au sujet de l’apartheid ?


par Fidel Castro Ruz *

RÉSEAU VOLTAIRE | LA HAVANE (CUBA) | 14 JANVIER 2014

Pendant un peu plus d’une semaine, un nombre impressionnant de personnalités politiques et de représentants des mêmes États qui par le passé avaient accusé de terrorisme les combattants antiapartheid sud-africains se sont efforcés de faire oublier leurs anciennes prises de position. Or, l’ancien président cubain Fidel Castro pose une question que beaucoup feront semblant de ne pas entendre.

L’Empire avait cru sans doute que notre peuple ne tiendrait pas sa parole quand, en des jours incertains du siècle passé, nous avions affirmé que, même si l’URSS disparaissait, Cuba continuerait de se battre.

La Seconde Guerre mondiale éclata le 1er septembre 1939 quand le nazi-fascisme envahit la Pologne. Il tomba ensuite comme la foudre sur le peuple de l’URSS dont l’héroïsme, au prix de 27 millions de vies soviétiques, permit de sauver l’humanité de cette épouvantable boucherie qui causa plus de 50 millions de morts.

La guerre reste pourtant la seule activité que les humains, tout au long de leur histoire, n’ont jamais été capables d’éviter. C’est pour cela que Einstein répondit un jour que s’il était incapable de dire quelle type d’armes seraient utilisées pour faire la troisième guerre mondiale, il avait par contre la certitude que la quatrième se ferait avec des bâtons et des pierres.

Les deux plus grandes puissances, les Etats-Unis et la Russie, disposent à elles seules de plus de 20 000 ogives nucléaires. L’humanité ne devrait pas oublier que, 3 jours après l’arrivée du président états-unien John F. Kennedy, le 20 janvier 1961, à la Maison-Blanche, un bombardier B-52 qui transportait 2 bombes atomiques ayant un pouvoir de destruction 260 fois supérieure à celle d’Hiroshima, s’écrasa au sol à la suite d’une défaillance mécanique survenue pendant un vol de routine. Dans ces cas, des équipements sophistiqués sont censés empêcher les bombes d’exploser. La première heurta le sol sans conséquence. Quant à la seconde, 3 de ses 4 mécanismes de sécurité ne fonctionnèrent pas, et le quatrième, dans un état critique, fonctionna à peine. C’est par le plus grand des hasards que cette bombe n’a pas éclaté.

Aucun événement présent ou passé – de ceux dont je me souviens ou dont j’ai entendu parler – n’a ému l’opinion publique mondiale davantage que la mort de Mandela, non pas du fait de ses richesses mais en raison de ses qualités humaines et de la noblesse de ses sentiments et de ses idées.

Avant que les machines et les robots – voilà à peine un siècle et demi – ne prennent en charge nos occupations les plus modestes à moindre coût, l’humanité n’avait jamais connu, tout au long de son histoire, aucun des phénomènes qui la bouleversent aujourd’hui et qui régissent inexorablement les destinées de chacun de nous, hommes et femmes, enfants et vieux, jeunes et adultes, agriculteurs et ouvriers, travailleurs manuels ou intellectuels. Les populations ont tendance à s’installer surtout dans les villes où la création d’emplois, de transports et de conditions de vies élémentaires exigent des investissements énormes au détriment de la production alimentaire et d’autres formes de vie plus raisonnables.

Trois nations ont réussi à poser des engins sur la Lune de notre planète. Le jour même où Nelson Mandela, enveloppé dans le drapeau de sa patrie, était inhumé dans la cour de l’humble maison où il était né il y a 95 ans, la République populaire de Chine faisait se poser un module en un lieu éclairé de notre Lune. Simple coïncidence.

Des millions d’hommes de science étudient les matières et les rayonnements sur la Terre et dans l’espace. C’est grâce à eux que nous savons qu’il y avait à Titan, une des lunes de Saturne, 40 fois plus de pétrole que n’en comptait la Terre au moment où l’exploitation du brut a démarré, voilà à peine 125 ans, une exploitation qui au rythme actuel de la consommation ne durera guère plus d’un siècle.

Les sentiments de fraternité profonde entre le peuple cubain et la patrie de Nelson Mandela sont nés d’un fait que personne n’a mentionné et dont nous n’avions pas parlé durant de longues années : Mandela ne le fit pas parce qu’il était un apôtre de la paix et ne souhaitait blesser personne ; Cuba non plus parce que notre pays n’a jamais agi en quête de gloire ou de prestige.

Après sa victoire, la Révolution cubaine se mit en devoir d’apporter sa solidarité, et ce dès les premières années, aux mouvements de libération qui, dans les colonies portugaises en Afrique, tenaient en échec le colonialisme et l’impérialisme depuis la Seconde Guerre mondiale et la libération de la République populaire de Chine, le pays le plus peuplé du monde, et après le triomphe de la Révolution socialiste russe.

Les révolutions sociales faisaient chanceler le vieil ordre des choses. En 1960, la planète comptait déjà 3 milliards d’habitants. On voyait monter en puissance les grandes sociétés transnationales – presque toutes états-uniennes et siégeant donc dans un pays qui, grâce à sa monnaie, étayée par le monopole de l’or et par une industrie intacte parce que située loin des champs de bataille, fit main basse sur l’économie mondiale. Le président états-unien Richard Nixon décida unilatéralement de mettre fin à la convertibilité du dollar en or et les entreprises des Etats-Unis purent ainsi s’emparer des principales ressources et matières première de la planète en les achetant avec du papier vert.

Rien de nouveau jusque là. Ce sont des choses que tout le monde sait parfaitement.

Mais, pourquoi cherche-t-on à cacher que le régime de l’apartheid, qui infligea tant de souffrance à l’Afrique et indigna l’immense majorité des nations du monde, était un pur produit de l’Europe coloniale et que ce sont les Etats-Unis et Israël qui en firent une puissance nucléaire, ce que Cuba, qui soutenait la lutte des colonies portugaises africaines pour leur indépendance, condamna sans la moindre ambiguïté ?

Notre peuple, dont la patrie fut cédée par l’Espagne aux Etats-Unis alors qu’il venait de mener une lutte héroïque de plus de 30 ans pour son indépendance, ne s’était jamais résigné au régime esclavagiste qu’on lui avait imposé pendant près de 400 ans.

C’est de la Namibie, colonie occupée par l’Afrique du Sud, que partirent en 1975 les troupes racistes qui, accompagnées de chars légers équipés des canons de 90 mm, pénétrèrent de plus de 1 000 kilomètres en Angola, jusqu’aux abords de la capitale, Luanda, où elles furent freinées par un bataillon des troupes spéciales cubaines, arrivé de Cuba par avion, et par le personnel, également cubain, de plusieurs tanks de fabrication soviétique. C’était en novembre 1975, 13 ans avant la bataille de Cuito Cuanavale.

J’ai déjà dit que Cuba n’agit jamais en quête de prestige ou d’avantages. C’est un fait que Mandela était un homme intègre, profondément révolutionnaire et radicalement socialiste, qui endura 27 ans de prison avec un grand stoïcisme. J’ai toujours admiré sa dignité, sa modestie et ses énormes mérites.

Cuba s’acquittait comme il se doit de son devoir internationaliste. Elle défendait des points clefs et formait chaque année des milliers de combattants angolais au maniement des armes fournies par l’URSS. Mais nous ne partagions pas les vues du principal conseiller militaire soviétique. Des milliers de jeunes Angolais s’incorporaient aux unités en formation de l’armée de leur pays. Or, ce conseiller principal soviétique n’était pas – loin de là – un Joukov, un Rokossovki, un Malinovski ou l’un de ces brillants stratèges militaires si nombreux qui firent la gloire de l’Union soviétique. Une idée l’obsédait : celle d’envoyer des brigades angolaises équipées du meilleur armement dans le territoire où semblait se trouver le gouvernement tribal de Savimbi, un mercenaire au service des Etats-Unis et de l’Afrique du Sud. Cela revenait en quelque sorte à avoir donné aux troupes soviétiques qui se battaient à Stalingrad l’ordre de marcher sur la frontière de l’Espagne phalangiste, dont le régime avait envoyé plus de 100 000 soldats se battre contre l’URSS. En Angola, pourtant, une opération de ce genre était en cours à cette époque-là.

L’ennemi avançait donc, à la poursuite de plusieurs brigades angolaises qui avaient été durement frappées à proximité de l’objectif qu’elles étaient supposées atteindre, à environ 1 500 kilomètres de Luanda, et qui se repliaient en direction de Cuito Cuanavale, une ancienne base militaire de l’OTAN, à une centaine de kilomètres de la 1ère brigade blindée cubaine.

C’est à ce moment critique que le président angolais demanda l’aide des troupes cubaines. Le chef de nos forces dans le Sud, le général Leopoldo Cintra Frías, nous transmit la demande. Nous répondîmes que nous apporterions notre aide si toutes les forces et tous les moyens angolais engagés sur ce front étaient mis sous les ordres du commandement cubain présent dans le Sud de l’Angola. Il était clair pour tous que notre exigence était une condition indispensable pour faire de l’ancienne base le champ de bataille idéal pour frapper les forces racistes sud-africaines.

L’Angola nous fit parvenir son feu vert en moins de 24 heures.

Il fut alors décidé d’envoyer immédiatement à cet endroit-là une brigade cubaine de tanks. Plusieurs autres étaient cantonnées sur cette même ligne en direction de l’Ouest. La principale difficulté résidait dans la boue et le sol gorgé d’eau à cause de la saison des pluies, et il fallait déminer chaque mètre de terrain, essentiellement à la recherche de mines antipersonnel. On envoya aussi à Cuito le personnel cubain nécessaire à l’utilisation des tanks qui n’avaient pas d’équipage et des artilleurs pour les pièces d’artillerie, pour lesquelles on manquait également de personnel.

La base en question était coupée du territoire situé à l’Est par le Cuito, un grand fleuve au débit rapide traversé par un pont solide. L’armée des racistes sud-africains attaquait ce pont désespérément jusqu’au jour où un avion téléguidé bourré d’explosifs parvint à s’y encastrer et à le rendre inutilisable. Les tanks angolais qui battaient en retraite furent alors obligés de franchir le Cuito en passant par un endroit situé bien plus au nord. Ceux qui n’étaient plus en état de marche furent enterrés, avec leurs canons pointés vers l’est. En même temps, une frange de terrain densément parsemée de mines antipersonnel et de mines antitank faisait de l’autre rive du fleuve un piège mortel. Quand les forces racistes reprirent leur progression, elles s’écrasèrent contre cette muraille, toutes les pièces d’artillerie et tous les tanks des brigades cubaines leur tirant dessus depuis leurs positions dans la zone de Cuito.

Nos avions de combat MiG-23 jouèrent un rôle spécial en attaquant sans cesse l’ennemi. Alors qu’ils volaient à près de 1 000 km/h, leurs pilotes étaient capables de distinguer, en faisant du rase-mottes, si les servants des pièces d’artillerie étaient des noirs ou des blancs.

Quand l’ennemi, épuisé et bloqué, entreprit de se retirer, les forces révolutionnaires se préparèrent aux derniers combats.

De nombreuses brigades angolaises et cubaines, se déplacèrent rapidement et suffisamment éloignées les unes des autres vers l’Ouest où se trouvaient les seules routes assez larges, sur lesquelles les Sud-Africains s’engageaient toujours pour entreprendre leurs actions contre l’Angola. L’aéroport, en revanche, se trouvait à environ 300 kilomètres de la frontière avec la Namibie, qui était encore totalement occupée par l’armée de l’apartheid.

Tandis que les troupes se réorganisaient et se ravitaillaient, il fut décidé de construire de toute urgence une piste d’atterrissage destiné aux MiG-23. Nos pilotes utilisaient alors les avions livrés par l’URSS à l’Angola, dont le personnel n’avait pas eu le temps de recevoir la formation nécessaire. Plusieurs avions étaient inutilisables après avoir été parfois pris sous le feu de notre propre DCA. Les Sud-Africains occupaient encore une partie de la route nationale qui mène vers la Namibie depuis le bord du plateau angolais. Pendant ce temps, ils s’amusaient à pilonner les ponts qui traversaient le puissant fleuve Cunene, entre le Sud de l’Angola et le Nord de la Namibie, avec leurs canons de 140 mm ayant une portée de près de 40 kilomètres.

Le problème fondamental résidait dans le fait que les racistes sud-africains possédaient, selon nos calculs, 10 ou 12 armes atomiques. Ils avaient même fait plusieurs essais nucléaires, y compris dans les mers ou les régions congelées du Sud. Le président [des Etats-Unis] Ronald Reagan ayant donné son feu vert, Israël leur avait livré, entre autres équipements, les détonateurs destinés aux engins nucléaires. Nous avions donc organisé nos troupes en groupes de combat, dont aucun ne comptait plus de 1 000 hommes et qui devaient se déplacer de nuit sur une vaste étendue de terrain, accompagnés de systèmes mobiles de DCA.

Selon les renseignements fiables dont nous disposions, les Mirage des Sud-africains ne pouvaient pas porter ces armes atomiques. L’ennemi avait donc besoin de bombardiers lourds, du type Canberra. De toute façon, notre DCA disposait de nombreux types de missiles capables d’atteindre et de détruire des cibles aériennes à plusieurs dizaines de kilomètres de nos troupes.

En même temps, les combattants cubains et angolais avaient occupé et miné un barrage situé en Angola qui contenait 80 millions de mètres cubes d’eau. En faisant sauter ce barrage, nous aurions obtenu un effet similaire à celui de plusieurs armes nucléaires.

De son côté, un détachement de l’armée sud-africaine occupait une centrale hydroélectrique construit sur le Cunene, près de la frontière namibienne.

Quand les racistes se mirent à utiliser, dans ce nouveau théâtre d’opérations, leurs canons de 140 mm, les MiG-23 s’en prirent sans pitié à ce détachement de soldats blancs, dont les survivants décampèrent en laissant même sur place des graffiti contre leur commandement. Telle était la situation lorsque les forces cubaines et angolaises marchèrent sur les lignes ennemies.

J’ai su par la suite que Katiuska Blanco, auteur de plusieurs récits historiques, se trouvait là-bas, avec des journalistes et des reporters. La situation était tendue, mais tout le monde gardait son sang-froid.

C’est à ce moment-là que nous apprîmes que l’ennemi voulait négocier. Nous avions réussi à mettre un terme à l’aventure impérialiste et raciste dans un continent dont la population doit dépasser, d’ici 30 ans, la somme des habitants de la Chine et de l’Inde.

La délégation cubaine qui a participé aux obsèques de notre frère et ami Nelson Mandela a joué un rôle inoubliable.

Je félicite le camarade Raúl pour son attitude et, en particulier, pour sa fermeté et sa dignité quand, d’un geste aimable mais ferme, il a salué le président des Etats-Unis en lui disant en anglais : «Monsieur le Président, je suis Castro.»

Quand mon état de santé a mis des limites à mes capacités physiques, je n’ai pas hésité un instant à exprimer mon opinion sur celui qui était, à mon avis, à même de prendre la relève. Toute la vie d’un homme ne représente qu’un bref instant dans l’histoire des peuples et je pense que ceux qui assument aujourd’hui certaines responsabilités doivent avoir l’expérience et l’autorité nécessaires pour pouvoir faire les choix qui s’imposent face à un nombre croissant, presque infini, de variantes.

L’impérialisme gardera toujours dans sa manche plusieurs cartes pour tenter de faire plier notre île, même s’il lui faut la dépeupler en la privant des jeunes hommes et des jeunes femmes auxquels il propose les miettes des biens et des ressources qu’il pille partout dans le reste du monde.

Que les porte-parole de l’Empire expliquent maintenant comment et pourquoi l’apartheid vit le jour !

Fidel Castro Ruz *

 

* Ancien président de Cuba. Commandant en chef de la Révolution.
** Lire : Le discours historique de Nelson Mandela, publié par Le Grand Soir

 

 

Pour l'inauguration du jardin Mandela, Manu Di Bango a chanté Assi Bonanga.

© Daic Audouit

 

Un jardin Mandela à Paris pour perpétuer sa mémoire

 

Le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS) a inauguré jeudi en plein centre de la capitale un jardin "Nelson Mandela" en compagnie du ministre sud-africain de la Culture Paul Mashatile, qui a appelé à "perpétuer les enseignements" du héros de la lutte anti-apartheid.

Un morceau de saxophone joué par Manu Dibango et une lecture par le comédien Didier Bezace d'un extrait des écrits de Mandela ont précédé le dévoilement de la plaque gravée à son nom, devant une forêt de caméras et de micros, des médias français et sud-africains.

"Nous sommes très heureux d'être ici et nous allons continuer de travailler avec le peuple français et de renforcer notre coopération et de perpétuer ce que Nelson Mandela nous a enseigné", a déclaré Paul Mashatile, portant une écharpe aux couleurs de son pays.

Avec de nombreux élus et personnalités dans le cortège - dont l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, le premier secrétaire du PS Harlem Désir, la candidate à la mairie de Paris Anne Hidalgo -, la visite des lieux a démarré devant l'église Saint-Eustache (1er arrondissement), sur le mode de la déambulation, le maire se faisant décrire la progression des travaux par l'architecte David Mangin.

Le jardin est situé dans un périmètre encore en chantier, dans le cadre du vaste projet de rénovation des Halles, qui sera achevé en 2016. Mais la moitié environ des 4 hectares de verdure est désormais ouverte au public.

Bertrand Delanoë a justifié de rebaptiser le jardin des Halles au nom de l'ex-président sud-africain, deux semaines tout juste après sa mort, car cet espace "est au coeur de la métropole parisienne et que ce sera certainement un des lieux les plus visités de Paris".

Nelson Mandela était déjà depuis mai dernier citoyen d'honneur de la ville de Paris.

* Ancien président de Cuba. Commandant en chef de la Révolution.

 

 

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