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Voir Wikipedia : APARTHEID • Crime d'apartheid • Ségrégation raciale
Photo : EPA
Par La Voix de la Russie - décembre 2013 - Le premier président noir d’Afrique du Sud est décédé jeudi à l’âge de 95 ans. Bien qu’il ait démissionné il y a quatorze ans de son poste de président, il est considéré jusqu’à présent comme «la conscience de la nation».
Il n’existe aujourd’hui en Afrique aucun politique de cette valeur, estime le directeur du Centre d’études africaines de l’Institut d’histoire universelle de l’Académie des sciences de Russie Apollon Davidson. «Tout comme le Mahatma Gandhi, Nelson Mandela luttait contre les guerres, pour la réconciliation nationale. Il a réussi l’impossible : prévenir une effusion de sang. L’Afrique du Sud était, de l’avis des politologues, au seuil d’une effrayante guerre civile entre les Blancs et les Noirs à la charnière des années 1980-1990. Or, la guerre n’a pas éclaté, il n’y a même pas eu de pogromes, et le sang n’a pas coulé en Afrique du Sud». Mandela était leader du Congrès national africain et chef de son aile militaire. En 1964, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et enfermé dans la prison de l’île de Robben pour sabotages et fomentation de renversement du régime d’apartheid. Il n’a été remis en liberté qu’en 1990. Mandela était le fils aîné du chef de la tribu Xhosa de Tembu, ce qui ne lui permettait pas pour autant de jouir des privilèges réservés en Afrique du Sud exclusivement aux Blancs. Mandela a reçu une formation juridique en prison, en étudiant par correspondance dans les facultés de droit de plusieurs Universités à la fois. Il est membre honoraire d’une cinquantaine d’Universités mondiales. En 1993 Mandela reçoit le Prix Nobel de la paix et est entre 1994 et 1999 président de la République d’Afrique du Sud. Il a été Secrétaire général du Mouvement des non-alignés de 1998 à 1999. Nelson Mandela a exercé une forte influence sur la vie africaine et le développement du monde entier, estime l’expert de l’Institut des pays d’Afrique de l’Académie des sciences de Russie Anatoli Savateïev : «Nelson Mandela figure parmi les politiques les plus en vue du monde contemporain. Son rôle ne se limite pas à sa contribution au développement de l’Afrique du Sud. Il avait des principes éthiques particuliers. Mandela a ressuscité l’éthique dans les rapports entre les races et entre les groupes sociaux». Tous les Sud-Africains ne pleurent pas Mandela. Beaucoup de Blancs considéraient le Congrès national africain comme un "groupe terroriste". Or, pour la majorité noire de l’Afrique du Sud Nelson Mandela était perçu comme un dieu, c’était une idole morale qui les a affranchis de l’esclavage. Andreï Fedyachine |
Bal d’hypocrites pour Mandela : quand l’Occident soutenait Pretoria
Nelson Mandela et sa femme Winnie le jour de sa libération, le 11 février 1990 (Alexander Joe,AFP)
Rue89 - 27/6/13 - L’avalanche d’hommages déjà prêts à Nelson Mandela est certes méritée par la personnalité, le sacrifice, et la vie du grand leader sud-africain. Mais elle pourrait laisser croire que tout le monde l’a toujours adoré, et qu’il n’aurait donc été victime que d’une poignée d’extrémistes blancs isolés au bout de l’Afrique. La polémique autour de l’attitude de Jean-Marie Le Pen, provoquée par la réécriture de l’histoire par sa fille sur France Inter, pourrait là aussi laisser penser qu’il était seul dans ce cas. Il n’était que le plus franc, y compris quand le qualificatif de « terroriste » n’était plus de mise pour le futur prix Nobel de la paix... Du coté de l’apartheid L’histoire est pourtant cruelle. L’ensemble du monde occidental a été du côté du pouvoir blanc sud-africain pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce que le soulèvement de la jeunesse noire, à Soweto en juin 1976, ne finisse par lézarder ce consensus, qui ne prendra véritablement fin qu’à la fin de la guerre froide, en 1989. Dans les années 60 et 70, l’Afrique du Sud était considérée par les stratèges de l’Otan comme un pion essentiel à la fois pour le contrôle de la route maritime du Cap empruntée par les supertankers de l’époque, et comme source de certains minerais vitaux pour l’industrie de défense. L’appartenance à l’Otan du Portugal de la dictature Salazar, engagée dès les années 60 dans des guerres interminables dans ses colonies d’Angola et du Mozambique, renforçait cette appartenance officieuse du pouvoir minoritaire blanc de Pretoria au « front anticommuniste ». A Silvermine, dans la péninsule du Cap, l’armée sud-africaine avait installé dans un bunker une station d’écoute et de surveillance des mers du sud, dont les informations étaient transmises aux services de renseignement occidentaux. Les informations allaient dans les deux sens, et c’est sur un tuyau de la CIA que Nelson Mandela aurait été arrêté une première fois. Complicités françaises La France a elle aussi collaboré étroitement avec le régime de l’apartheid. Elle a vendu à l’Afrique du Sud sa première centrale nucléaire dans les années 70, au risque de contribuer à la prolifération militaire à laquelle Pretoria a officiellement mis un terme à la fin de la domination blanche. En 1976, alors que j’étais correspondant de l’AFP à Johannesburg, l’ambassade de France n’ayant aucun contact à Soweto et craignant de déplaire au gouvernement de Pretoria, me demandait si j’acceptais d’organiser un dîner chez moi pour qu’un émissaire du Quai d’Orsay puisse rencontrer le docteur Ntatho Motlana, représentant personnel de Winnie Mandela, l’épouse du leader emprisonné. Le Congrès national africain (ANC) dont les principaux dirigeants croupissaient en prison à Robben Island, était bien isolé... Dans les années 70, lorsque des délégations du mouvement de libération, conduites par son responsable international, le futur président Thabo Mbeki, passait par Paris, il habitait dans la chambre de bonnes d’un ami marocain, et était royalement ignoré par le gouvernement. Chirac et la « troisième voie » Plus tard, au début des années 80, lorsque la situation à l’intérieur de l’Afrique du Sud est devenue quasi insurrectionnelle, la droite française a participé au stratagème de Pretoria de favoriser une « troisième voie » en la personne du chef zoulou Gatsha Buthelezi, un Noir « présentable ». Alors que ses miliciens s’en prenaient aux partisans de l’ANC à coups de machettes, Buthelezi était officiellement reçu par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, et, en France, par Jacques Chirac alors maire de Paris (les photos sont exposées dans le salon de Buthelezi au Kwazulu-Natal). Au même moment, Laurent Fabius, alors Premier ministre, imposait les premières vraies sanctions françaises et retirait l’ambassadeur de France à Pretoria. Il faudra la révolte des Noirs d’Afrique du Sud, la chute du mur de Berlin et un puissant mouvement d’opinion dans le monde entier, pour que les dirigeants occidentaux changent d’attitude, et poussent le régime de l’apartheid à libérer Mandela et à négocier. Le consensus d’aujourd’hui autour de Nelson Mandela ne doit pas faire oublier les errements criminels d’hier qui ont contribué à le laisser plus d’un quart de siècle en prison, et à prolonger la durée de vie du système inique de l’apartheid. Il est plus facile de faire croire qu’on a toujours été du côté du «bien» contre le «mal» que de s’interroger sur les raisonnements fallacieux qui ont poussé la «patrie des droits de l’homme» et les autres défenseurs de la démocratie à rester aussi longtemps complices d’un système basé sur un déni d’humanité. La disparition d’un géant de l’histoire devrait pourtant être le moment de regarder objectivement le passé.
NOTE |
Mort d’un homme, un GRAND homme !
Par Naima Semache
Agoravox - 7/12/13 - C’est par ces quelques mots que l’on pourrait résumer le combat de Nelson Mandela. Mais peut-on vraiment résumer ce combat d’une vie, de toute une vie d’un homme à quelques mots ? Nelson Mandela est une liberté rien qu’en prononçant son nom. Nelson Mandela est une victoire rien qu’en prononçant son nom. Nelson Mandela est une émotion rien qu’en prononçant son nom. Nelson Mandela, une liberté… C’est parce qu’il a voulu être un homme libre comme tous les Sud-Africains blancs, que Mandela a été emprisonné le 12 Juillet 1963 et est condamné deux ans plus tard à la prison à perpétuité ! Mais cela ne signifie en rien, pour lui et ses compagnons, la fin de la lutte ! La preuve cette déclaration lors de son procès : « J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Et oui, il a vécu assez longtemps pour voir son idéal se réaliser en partie. En partie, car pas sûr que les Sud-Africains noirs aient encore obtenu les mêmes chances que les Afrikaners ! Pas sûr du tout ! Libre dans sa tête donc mais en étant emprisonné, Mandela continue sa lutte… Il restera enfermé pendant 27 ans dans des conditions souvent très rudes. Mais il sera libéré le 11 Février 1990. Enfin libre ! Mais vraiment libre ! Nelson Mandela, une victoire… Mais sa plus belle victoire, reste sa libération en 1990 puis son engagement toujours plus fort pour la paix et l’abolition de l’Apartheid ainsi que pour la réconciliation des Sud-Africains, blancs et noirs. Il participera à la rédaction de la nouvelle constitution avec le parti du président de Klerk. Le 30 juin 1991, l’Apartheid est aboli ! Mais sa victoire ne s’arrête pas là ! Les efforts de Nelson Mandela et du président Frederik de Klerk sont reconnus mondialement quand ils reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en 1993 venant saluer leur engagement mais aussi leur travail pour la fin de l’Apartheid et « pour l'établissement des fondations d'une Afrique du Sud nouvelle et démocratique ». Enfin, suite aux premières élections générales multiraciales du 27 Avril 1994 remportées par l’ANC (62.2 % des voix), Nelson Mandela est élu Président de la république d’Afrique du Sud. Lors d'un discours le 2 mai, il prononce le « free at last - enfin libre » de Martin Luther King. Nelson Mandela, une émotion… Au fil du temps, Nelson Mandela était devenu une icône ! Héros de la lutte contre le racisme et le régime de l’Apartheid, il a su très vite entraîner dans son combat toute la communauté noire sud-africaine mais pas seulement ! C’est toute la communauté internationale qu’il a pris dans son sillage de soif d’égalité, de liberté. Il restera l’homme qui a fait abolir l’Apartheid et qui a lancé la réconciliation entre les Sud-Africains. Il était devenu l’homme du consensus. Sa vie entière a été dédiée à une action : atteindre la liberté pour lui et pour tous les siens ! Il avait appris à connaître ses adversaires ; il avait appris à pardonner et à travailleurs avec eux. Beaucoup disaient de lui qu’il séduisait par sa gentillesse, son élégance et son charisme. Et pour cela, il est devenu un modèle à l’étranger. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’aujourd’hui beaucoup lui rendent hommage. Souhaitons à présent à ce pays de continuer ce long et lourd combat vers l’égalité et la paix civile. Comme le disait une Sud-Africaine ce matin : "Il n'y a personne maintenant pour rendre ce pays meilleur, sauf nous-mêmes." |
Crédit photo : Roberto Schmidt/AFP Mandela : l'amour tardif de nations qui soutenaient l'apartheid
LeFigaro.fr - 10/12/13 - Jamais sans doute un lieu n'avait réuni autant de chefs d'État. Ils étaient près de cent, mardi, aux funérailles de Nelson Mandela. Pour certaines nations pourtant, la reconnaissance des qualités de l'homme, sans parler de la légitimité de la lutte, fut longue à se dessiner. Barack Obama ne l'ignore pas. Les États-Unis, pays ségrégationniste, ne furent pas toujours opposés au régime de l'apartheid. Plus tard, la proximité de Mandela avec les communistes nourrit les soupçons d'une Amérique plongée dans la guerre froide. Mandela a, un temps, érigé en modèle la prise de pouvoir par Fidel Castro, et n'a jamais caché avoir étudié les écrits de Staline. La CIA fut d'ailleurs longtemps accusée d'être à l'origine des informations qui permirent l'arrestation de Mandela en 1962, même si cette théorie est aujourd'hui largement contestée. D'autant que dès 1960, à la suite du massacre de Sharpeville, John Kennedy fut à l'origine de la première résolution de l'ONU condamnant l'apartheid. Une résolution que Paris ne vota pas.
Il faudra attendre 1981 et l'élection de François Mitterrand pour que la France prenne de manière plus nette le parti de Nelson Mandela. Elle adopte des sanctions économiques contre l'Afrique du Sud et l'ANC ouvre un bureau en France. L'assassinat en 1988 à Paris de Dulcie September, militante du parti, achève de souder les hommes politiques français autour de la lutte contre l'apartheid. Une unanimité qui vaudra à la France d'être le premier pays occidental à recevoir Nelson Mandela après sa libération en 1990. |
Nelson Mandela à Soweto, mai 2003.
Nelson Mandela : Mort d'une figure de la paix et de la lutte contre l'Apartheid
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Les citations non «politically correctes» de Mandela
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A L’OCCASION DU DÉCÈS DE NELSON MANDELA
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Pour l'inauguration du jardin Mandela, Manu Di Bango a chanté Assi Bonanga.
© Daic Audouit Un jardin Mandela à Paris pour perpétuer sa mémoireLe maire de Paris Bertrand Delanoë (PS) a inauguré jeudi en plein centre de la capitale un jardin "Nelson Mandela" en compagnie du ministre sud-africain de la Culture Paul Mashatile, qui a appelé à "perpétuer les enseignements" du héros de la lutte anti-apartheid.Un morceau de saxophone joué par Manu Dibango et une lecture par le comédien Didier Bezace d'un extrait des écrits de Mandela ont précédé le dévoilement de la plaque gravée à son nom, devant une forêt de caméras et de micros, des médias français et sud-africains. "Nous sommes très heureux d'être ici et nous allons continuer de travailler avec le peuple français et de renforcer notre coopération et de perpétuer ce que Nelson Mandela nous a enseigné", a déclaré Paul Mashatile, portant une écharpe aux couleurs de son pays. Avec de nombreux élus et personnalités dans le cortège - dont l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, le premier secrétaire du PS Harlem Désir, la candidate à la mairie de Paris Anne Hidalgo -, la visite des lieux a démarré devant l'église Saint-Eustache (1er arrondissement), sur le mode de la déambulation, le maire se faisant décrire la progression des travaux par l'architecte David Mangin. Le jardin est situé dans un périmètre encore en chantier, dans le cadre du vaste projet de rénovation des Halles, qui sera achevé en 2016. Mais la moitié environ des 4 hectares de verdure est désormais ouverte au public. Bertrand Delanoë a justifié de rebaptiser le jardin des Halles au nom de l'ex-président sud-africain, deux semaines tout juste après sa mort, car cet espace "est au coeur de la métropole parisienne et que ce sera certainement un des lieux les plus visités de Paris". Nelson Mandela était déjà depuis mai dernier citoyen d'honneur de la ville de Paris. * Ancien président de Cuba. Commandant en chef de la Révolution.
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