Un peu d’histoire






La population indigène d’Australie semble occuper ce continent depuis 50 000 ans environ. C’est une des plus primitives du monde, mais son organisation sociale n'en demeure pas moins très élaborée : un chef dirige la vie quotidienne mais il est soumis à l’autorité du Conseil des Anciens, qui peut lui-même faire appel - si nécessaire - à l’Assemblée populaire, où tous les hommes ont un droit égal de décision.
Le contact avec les Européens, à la fin du XVIIIe siècle, fut comme toujours une catastrophe. Estimée à environ 400 000 membres, la population aborigène de l’époque fut décimée très rapidement, principalement par des épidémies de variole. Spoliée de la plupart de ses terres, elle vécut jusqu’en 1967 dans des réserves dont elle n’avait pas le droit de sortir. Son nombre était alors tombée à 100 000 (certains disent même 30.000).

Le nomadisme

Avant l’arrivée des Européens, toutes les tribus australiennes étaient du type chasseurs/cueilleurs. A la saison sèche (novembre-décembre), de grands rassemblements avaient lieu autour des point d’eau. Le reste de l’année, on se dispersait en petits groupes et l’on déambulait sur d’immenses territoires semi-désertiques, le bush, à la recherche de nourriture.
Comme pour toutes les sociétés primitives, la terre appartient à la tribu et ne peut être ni vendue ni échangée. Les indigènes appartiennent aussi à la terre : ils n’habitent pas seulement un lieu, ce lieu les habite (de la même façon que nos enfants ne nous appartiennent pas : c’est nous qui leur appartenons, nous n’en sommes que responsables). Quand un envahisseur creuse des mines, il perfore le corps et l’âme de tout autochtone.
Appartenir à son époque ne demande aucun effort; appartenir à son lieu exige une créativité permanente. En tant que nomades, les aborigènes se fichent de l’Etre ou de l’Avoir, ils ne s’intéressent qu’au devenir. C’est l’énergie et ses métamorphoses qui les motivent et non la Substance, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. L’existence est un voyage à inventer.

Les relations avec le monde moderne

En 1967, les Aborigènes sont enfin autorisés à sortir de leurs réserves et à circuler sur leurs propres terres; ils deviennent des citoyens australiens à part entière, ayant droit de vote. Depuis 1976, le gouvernement encourage l’autogestion des réserves et mène même une politique de restitution des terres et d’indemnisation.
Si la population indigène est remontée à 200 000 membres, ses conditions de vie sont devenues déplorables : les taux d’alcoolisme, de délinquance et de mortalité n’ont cessé de grimper. L’argent et l’afflux facile de biens de consommation est devenu un facteur supplémentaire de déstructuration, au grand désespoir des nouveaux gestionnaires occidentaux. Il n’existe quasiment pas de «noirs» ayant acquis un niveau universitaire. A l’exception des tribus du désert central et du nord, isolées des Blancs, les tensions interraciales s’exacerbent...

Anniversaire de la reconnaissance des droits terriens des Aborigènes d'Australie

Canberra (AP) -2/6/2- Dépossédés de leurs terres et maltraités pendant plus de deux siècles, les aborigènes d'Australie célèbrent lundi le dixième anniversaire de la reconnaissance de leurs droits de propriétaires terriens par la Haute Cour de justice australienne.
Mais aujourd'hui, l'euphorie a laissé la place à la désillusion : selon les experts, cette décision historique et les lois qui l'ont suivie ont trahi les aborigènes. Déçus, ces derniers organisent dès mardi une conférence intitulée "Affaires en cours", pour se pencher sur les espoirs et opportunités perdus, et les succès épars de la décennie. Au nombre de 400.000 sur une population totale d'environ 19 millions, les aborigènes, premiers habitants de l'Australie, n'ont acquis un statut de citoyen qu'en 1967. Aujourd'hui encore, ils constituent la minorité la plus pauvre du pays, malades et défavorisés, et vivent par milliers dans des bidonvilles, ghettos urbains ou régions désertiques.
En 1992, ils ont retrouvé un peu d'espoir grâce à l'arrêt Mabo, du nom du pêcheur aborigène qui s'est battu devant la justice pour réclamer la propriété de ses terres. Victoire historique : la Haute Cour a statué que Mabo et sa tribu Meriam détenaient des droits de propriété sur l'île qu'ils habitaient depuis des générations.
Cette décision a brisé une jurisprudence vieille de 200 ans, "terra nullius", une fiction légale affirmant qu'avant l'arrivée des Européens en 1788 l'Australie était inhabitée. "C'était l'euphorie totale", se rappelle le sénateur Aden Ridgeway, l'un des deux aborigènes occupant un siège au Parlement. Mais, ambigu, l'arrêt Mabo n'a pas accordé aux aborigènes la pleine propriété de leurs terres ancestrales, seulement un droit d'usage pour des activités traditionnelles : chasse, pêche et visite des sites sacrés. Dès lors, la nouvelle jurisprudence, sujette à interprétation, a conduit à un casse-tête légal. Cherchant à rassurer les fermiers, les mineurs et les industriels australiens, les gouvernements successifs et les tribunaux ont édulcoré la jurisprudence Mabo au fil des ans, un retour en arrière condamné à l'époque par le leader aborigène Terry O'Shane, dénonçant "l'opposition des 'rednecks' et des gouvernements". Mais malgré tout, il y a eu quelques avancées au cours de la décennie passée. Ainsi, l'an dernier, onze tribus du nord-est de l'Australie ont signé un accord avec l'exploitation minière Comalco : à la clé, 2,5 millions de dollars (2,7 millions d'euros) par an pour le développement social et éducatif des communautés tribales. La justice fait état de 600 accords portant sur l'usage des terres, signés entre exploitants, gouvernements locaux et aborigènes, mais ils incluent rarement des bénéfices financiers pour les tribus. "Les gens meurent toujours, les statistiques de santé vont de mal en pis, de même que le nombre d'incarcérations", souligne Rick Farley, qui négocie des accords terriens pour les aborigènes. "L'alcool, les drogues, la violence domestique, les abus sexuels : c'est tout le tissu culturel de l'Australie indigène qui encaisse d'énormes coups."

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