NON CELLE DES ETATS/NATIONS ET DES BANKSTERS
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A propos de :
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Source : Wikipedia
Politique Le pouvoir exécutif est assuré par le président de la république, élu par le parlement à la majorité des 2/3, et un premier ministre issu de la majorité parlementaire. Aujourd'hui, le président a un rôle purement représentatif et il n'a aucun pouvoir politique. L’organe du pouvoir législatif est un parlement à chambre unique, la Vouli ton Ellinon (Chambre des Grecs). L'Áreios Págos (Aréopage) est le nom porté par la Cour de cassation. Une Cour suprême spéciale est composée du président et de quatre membres de la Cour de cassation, du président et de quatre membres du Conseil d'État, ainsi que du président de la Cour des comptes, assistés dans certains cas de deux professeurs de droit. La politique étrangère de la Grèce est conduite par le gouvernement et le président n'a constitutionnellement aucun pouvoir. Le 18 février 1952, la Grèce entre dans l’OTAN, en même temps que la Turquie, mais retire ses forces de la structure militaire intégrée le 14 août 1974 en protestation contre l'invasion turque au nord de Chypre. Puis elle réintégre l'OTAN en 1980. En 1981, la Grèce intègre la Communauté économique européenne.
Partis politiques Les deux principaux partis politiques grecs sont les conservateurs du Nea Dimokratia et la gauche radicale de «SYRIZA». Le socialistes du PASOK et les conservateurs du Nea Dimokratia ont dominé la vie politique jusqu'en 2012. Ces deux partis ont adopté respectivement le vert et le bleu comme couleur emblématique. Ce choix propre à la Grèce rappelle les couleurs des deux groupes de partisans qui s'affrontaient à l'hippodrome de Constantinople à l'époque de l'empereur Justinien. À l'extrême-gauche se trouvent des groupes marxistes révolutionnaires comme celui du «17-Novembre» et le KKE (Parti communiste grec, d'obédience marxiste et ayant joué un rôle important dans la Résistance grecque à l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale). L'élection présidentielle anticipée de 2014, à haut risque politique, est entachée d'une tentative de corruption.
Les deux-tiers du territoire grec peuvent être exploités par l'agriculture (40 % des terres sont en prairies ou pâturages et un peu plus de 20 % en terres arables). De nos jours, le port du Pirée est le plus grand port de la Grèce, mais la plupart des installations appartient désormais à des consortiums chinois. Globalement en 2010 les terminaux à conteneurs du port du Pirée ont traité un trafic de 863.808 EVP (équivalant vingt pieds). D’ailleurs, le port du Pirée est devenu la plus grande concentration urbaine du pays après Athènes, Thessalonique et Patras. Aujourd'hui la Grèce est la première puissance maritime du monde (devant le Japon), puisque sa flotte marchande dispose de 3 695 navires pour 244 850 578 tonnes de poids en lourd au 1er janvier 2013 (15,17 % du tonnage total mondial). Commerce extérieur avec la France |
La drachme athénienne, une longue tradition … de la monnaie antique à l’euro
Source : Musée de la Banque nationale de Belgique
En faisant figurer la chouette et la branche d’olivier sur la face nationale de leurs pièces d’un euro, les Grecs mettent en lumière leur riche passé. Cette référence ne renvoie pas seulement à l’importance historique de la cité d’Athènes mais nous rappelle également que les premières pièces de monnaie européennes ont été frappées en Grèce. Tétradrachme, avers et revers, ca. 450 avant J-C
Examinons donc d’un peu plus près le contexte historique dans lequel la (tétra)drachme athénienne a vu le jour. C’est aux VIIe et VIe siècles avant J.-C. et sur la côte ouest de l‘Asie Mineure que l’on situe les débuts de la frappe de monnaies dans le monde occidental. Peu après, l’usage de pièces de monnaie comme moyen de paiement se répandit sur le vaste territoire grec. Les premières monnaies étaient produites dans le centre de la Grèce (Egine, Athènes, Corinthe), au nord de la Grèce (les villes côtières macédoniennes Acanthus, Mende et Potidae) ainsi que sur l’île de Siphnos. Les plus anciennes pièces de monnaie athéniennes sont les didrachmes qui furent fabriqués vers 560-550 avant J.-C. Ces pièces en argent connurent une grande variété de représentations que l’on pensait auparavant pouvoir relier aux armoiries de familles nobles athéniennes. Cependant, l’origine de ces pièces est sujette à controverse: il n’est pas avéré que ces pièces aient été émises par différentes familles nobles, ni qu’elles soient l’oeuvre de la cité athénienne. La circulation de ces pièces se limita toujours à la région. Aux environs de 500 avant J.-C. une toute nouvelle pièce de monnaie apparut à Athènes : la tétradrachme avec, côté pile, la tête de la déesse Athéna et, côté face, la représentation d’une chouette. Au fil des siècles, ce type de monnaie devint un moyen de paiement “international” dans tous les pays méditerranéens et marqua le début d’une longue tradition, contrairement aux pièces de monnaie antérieures qui ne connurent jamais de tels propagation et caractère “international”. La série de pièces athéniennes comprenait pas moins de quinze puis seize valeurs différentes, de la décadrachme (d’une valeur de dix drachmes) au petit hémitetartemorion (d’une valeur d’un huitième d’obole, un drachme valant six oboles). La tétradrachme était la valeur nominale la plus importante. Puisque la (tétra)drachme, contrairement aux premières pièces de monnaie athéniennes ou aux pièces des autres cités grecques, était utilisée dans tout le bassin méditerranéen, elle est une preuve tangible de la puissance commerciale et du prestige politique de la cité d’Athènes. Elle témoigne des capacités esthétiques des Grecs mais aussi de la manière dont l’économie monétaire s’est introduite dans leur vie quotidienne. Poursuivons en nous penchant plus particulièrement sur la signification et la symbolique de la représentation de la chouette et de la branche d’olivier ainsi que sur les raisons qui la lient à la déesse Athéna. La chouette étant un animal nocturne et, par conséquent, capable de voir des choses que les autres ne voient pas, elle était utilisée comme symbole de la sagesse [de la clairvoyance]. C’est pourquoi Athéna, la déesse grecque de la sagesse, était accompagnée d’une chouette. La représentation d’une chouette sur des pièces de monnaie ne se limite pas à la Grèce antique et à la zone euro. On la retrouve également sur d’autres pièces, européennes ou non: pas seulement en Grèce (p. ex.: 10 lepta de 1912, 2 drachmes de 1973), mais aussi en Finlande (p. ex.: 100 marks de 1990), en Pologne (p. ex.: 500 zlotys de 1986), en Biélorussie (p. ex.: 1 rouble de 2005), en Mongolie (p. ex.: 1000 et 500 tugriks de 2005), dans les îles Cook (p. ex.: 50 dollars de 1993) ou en Nouvelle-Zélande (5 dollars de 1999). Pièce Grecque de 1 euro
Dans le coin supérieur gauche figure une branche d’olivier. Dans l’Antiquité, la branche d’olivier était elle aussi liée à la déesse Athéna. Celle-ci aurait planté une branche d’olivier sur l’Acropole lors d’un pari avec le dieu de la mer Poséidon dont l’enjeu était le pouvoir sur l’Attique. Si la branche d’olivier a rapidement acquis une signification sacrée, c’est parce que les idoles étaient sculptées dans du bois d’olivier. La forêt sacrée à Olympe était également composée d’oliviers dont on remettait des branches aux gagnants lors des jeux. De même, à différentes occasions, les vainqueurs et les triomphateurs n’étaient pas seulement coiffés de couronnes de laurier mais aussi de couronnes tissées de branches d’olivier. À la droite de la chouette, on peut lire les trois premières lettres du mot “Athènes”. Sur la pièce d’un euro, celles-ci ont été remplacées par l’indication de la valeur nominale. La référence à Athènes a donc fait place à une référence à l’Europe. Néanmoins, la chouette et la branche d’olivier demeurent des constantes et constituent le lien entre les deux pièces de monnaie d’importance historique: la tétradrachme du Ve siècle avant J.-C. et l’euro d’aujourd’hui. La (tétra)drachme athénienne, chargée d’Histoire, est donc désormais actualisée dans un nouvel “habit européen”, une sorte d’hommage en somme. Elle fut la première pièce de monnaie internationale à être utilisée sur le continent européen et illustre donc aussi le souhait de “frontières ouvertes” et d’unité. Ceci est également précisément l’essence de la réalisation de l’Union (monétaire) européenne et de l’idée européenne. La pièce d’un euro grecque tend, par conséquent, à nous rappeler que nous tenons en main un morceau palpable de l’Histoire (monétaire) européenne. Sarah De Vos Sources Danneel M., “Het museum van de Nationale Bank van België”, in Openbaar Kunstbezit Vlaanderen, nr. 2, Drukkerij Die Keure, Brugge, 2000, p. 11.
Tétradrachme d'Athènes (note RR) Avers Revers Dans le champ gauche, l'ethnique de la cité. Inscription : ΑΘΕ - Traduction : Athé(nes). En numismatique, l'avers (ou le droit) est le côté de la monnaie portant l'effigie. En langage courant, il s’agit du côté « face ». L'opposé de l'avers est le revers. L'avers présente le plus souvent un symbole de l'autorité qui frappe la monnaie : profil, blason, symbole fort, etc. L'avers des pièces modernes est parfois personnalisé pour un même revers. C'est le cas des pièces commémoratives, ou pour les pièces d'euro, dont les faces sont propres à chaque pays émetteur.
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Le leader de Syriza saluent ses partisans à la sortie de son bureau de vote à Athènes,
le 25 janvier 2015 - Louisa Gouliamaki/AFP
Syriza, le parti de gauche radicale anti-austérité, a emporté une très large victoire aux élections législatives grecques dimanche, devançant de plus de huit points le parti de droite au pouvoir, selon un sondage sortie des urnes.
L'écart va ainsi de 8,5 à 16,5 points, bien au-delà des derniers sondages, pour ce scrutin crucial pour le pays et pour l'Europe. Syriza obtiendrait ainsi entre 146 et 158 sièges au Parlement, 151 marquant la majorité absolue.
"Cela semble être une victoire historique" et c'est "un message qui n'affecte pas seulement les Grecs mais qui résonne dans toute l'Europe et apporte un soulagement", a déclaré à la télévision Mega Panos Skourletis, le porte-parole de Syriza.
La victoire a été saluée par une explosion de joie au kiosque de Syriza, en plein centre d'Athènes.
Le parti d'Alexis Tsipras obtiendrait entre 35,5% et 39,5%, tandis que le parti Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antonis Samaras est crédité de 23 à 27%.
Si les sondages se confirment, Alexis Tsipras, 40 ans, deviendra le plus jeune Premier ministre du pays depuis 150 ans.
Le coeur du programme de Syriza est de mettre "un terme à l'austérité" et de renégocier la dette immense du pays, qui atteint 175% du PIB.
AFP
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Des élections législatives anticipées ont lieu en Grèce le 25 janvier 2015 après l'échec, lors du 3e tour de l'élection présidentielle anticipée de 2014, à élire un nouveau président de la République. Le Premier ministre Antónis Samarás annonce la dissolution du Parlement le 29 décembre 2014 et la convocation d'élections législatives anticipées le 25 janvier 2015.
SYRIZA, le mouvement de la gauche radicale, remporte une victoire historique. Manquant de peu d'obtenir une majorité absolue des sièges, il annonce la formation d'un gouvernement de coalition «anti-austérité» avec le parti des Grecs indépendants (droite souverainiste). Aléxis Tsípras prête serment comme Premier ministre le 26 janvier.
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Source : Wikipedia
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Victoire de SYRIZA en Grèce : un tournant pro-Russe ?
Breizh-info.com - 29/01/2015 – 8H00 Athènes (Breizh-info.com) - La victoire de la coalition des gauches SYRIZA en Grèce ne se limitera peut-être pas au séisme extérieur de l’opposition à l’austérité européenne et intérieur de la séparation entre l’Eglise et l’Etat. SYRIZA veut aussi rétablir les relations privilégiées historiques entre la Grèce et la Russie, quitte à dynamiter l’unité européenne sur les sanctions contre l’économie russe. Interrogé par l’édition en ligne du journal Rossijskaya Gazeta peu avant les élections grecques qui ont vu l’avènement de son parti, Kostas Sirixos, directeur du département des affaires étrangères au sein de SYRIZA précisait ainsi les orientations principales de la politique étrangère de la Grèce en cas de victoire. « Notre premier objectif est de rétablir la souveraineté de la Grèce (…) en matière de politique étrangère, notre pays écrasé par une dette de 340 milliards obéit beaucoup à la volonté de ses bailleurs de fond. Notre second objectif est de travailler avec nos alliés politiques européens pour contrecarrer l’influence géopolitique et économique que l’Allemagne essaie d’imposer aux pays d’Europe du Sud-est et aux Balkans ». Le plus intéressant réside dans les orientations à moyen et long terme : «nous devons mettre en route de nouvelles orientations de la politique étrangère grecque hors de l’UE. Notamment, le gouvernement SYRIZA a l’intention de coopérer partout où nous avons des intérêts communs avec les pays BRICS et surtout la Russie». Mettant en avant la communauté de liens historiques, religieux, économiques, il a exprimé son soutien au projet russe alternatif au South Stream, c’est à dire le gazoduc vers la Turquie et la création d’un hub gazier aux limites avec la Grèce : «notre pays dispose de réserves potentielles d’hydrocarbures. Nous pensons que la Russie et ses majors pourraient être nos partenaires stratégiques dans ce domaine». Le parti SYRIZA s’était opposé à plusieurs reprises aux sanctions qui ont été décidées par les pays de l’UE et les autres pays du camp de l’Occident (USA, Canada, Norvège, Suisse, Australie, Japon) contre l’économie et les finances russes : «nous savions que la Russie allait prendre des contre-sanctions, qui frappent durement notre économie. Nos agriculteurs ont perdu près de 430 millions d’euros suite à la rupture des contrats de livraison. Je pense que la Grèce gouvernée par Syriza peut proposer la voie du dialogue avec la Russie». SYRIZA a déjà annoncé qu’elle ne remettrait pas en cause l’appartenance de la Grèce à l’UE, si l’Union abandonne l’austérité à tous crins, et que le pays ne sortira pas de l’OTAN, même si le parti estime que « l’OTAN a perdu sa raison d’être. L’Alliance est restée seule en Europe, et c’est dangereux car elle se transforme en gendarme mondial ». Cependant, les spécialistes de l’UE russes restent sceptiques quant à la possibilité réelle pour la Grèce de dynamiter les sanctions. Citée par l’édition russe de la BBC – qui véhicule une ligne pro-occidentale et opposée à la montée en puissance de la souveraineté russe – le politologue russe Pavel Sviatenkov, du Fonds de Mise en Perspective Historique, estime que « si l’on compare l’Union avec une société par actions, la Grèce est un petit porteur. Sa puissance économique est faible et elle a peu de moyens de pression sur les dirigeants de l’UE. Mais la Grèce peut être un soutien de la Russie à l’intérieur de l’Union ». Il a estimé par ailleurs que « la coopération de la Grèce avec la Russie sera sans doute tournée vers la recherche de moyens financiers et la possibilité de s’appuyer sur la Russie dans ses négociations avec Bruxelles. Du fait des sanctions, il est peu probable que la Russie donne de l’argent, ou du moins en grand nombre. En revanche, les deux pays mèneront ensemble des projets communs, comme celui du gazoduc sous la Mer Noire entre la Russie et la Turquie. S’il bifurque vers la Grèce, ce sera très bien pour Athènes ». SYRIZA est consciente de la faiblesse à priori de la position grecque. Kostas Sirixos, directeur du département des Affaires étrangères au sein de SYRIZA, explique que son parti espère coaliser l’ensemble des forces européennes opposées à l’austérité : « regardez l’Espagne où Podemos monte. Dans quelques mois la nouvelle gauche européenne pourrait détenir un nouveau gouvernement. Regardez l’Irlande, où le Sinn Fein cartonne. Comme on dit en Grèce, les coutures sont en train de craquer (…) L’Europe ne peut pas continuer sur le chemin de l’austérité en s’enfonçant dans la récession. Et si l’Allemagne nous coupe les vivres à cause de notre position, elle disposera ainsi une bombe à retardement sous toute l’UE ». Photo : DR |
ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE A. TSIPRAS AU PEUPLE GREC.LE CHOIX AU PEUPLE SOUVERAIN .#RÉFÉRENDUM
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Crise en Grèce : contre l' «ultimatum», le «référendum»
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Le référendum grec va-t-il sonner le glas de l’Europe ultralibérale ?
par Verdi
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OXI
Source : AP
Référendum grec : le non remporte avec 61,31% (officiel)
Sputnik, 6/7/2015
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La Grèce est mise sous tutelle des Etats-Unis
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Capitulation
par Jacques Sapir
Les-crises.fr - 14-7-15- Au petit matin de ce lundi 13 juillet, le Premier-ministre grec, M. Alexis Tsipras, a fini par capituler. Il a capitulé sous les pressions insensées de l’Allemagne, mais aussi de la France, de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Il n’en reste pas moins qu’il a capitulé. Car, il n’y a pas d’autres mots pour désigner l’accord qui lui a été imposé par l’Eurogroupe, puis par les différents dirigeants européens, le revolver – ou plus précisément la menace d’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro – sur la tempe. Cette capitulation aura des conséquences dramatiques, en Grèce en premier lieu où l’austérité va continuer à se déployer, mais aussi au sein de l’Union européenne. Les conditions dans lesquelles cette capitulation a été arrachée font voler en éclat le mythe d’une Europe unie et pacifiée, d’une Europe de la solidarité et des compromis. On a vu l’Allemagne obtenir de la Grèce ce que les anciens appelaient une paix carthaginoise. On sait que telle était la position dès le départ de M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe[1]. On a vu, avec tristesse mais aussi avec colère, la France finir par se plier à la plupart des exigences allemandes, quoi qu’en dise notre Président. Ce 13 juillet est et restera dans l’histoire un jour de deuil, à la fois pour la démocratie et pour l’Europe. Un accord détestable Cet accord est un accord détestable, et pour plusieurs raisons. Il l’est dans le domaine économique. Il saigne à nouveau l’économie grecque sans lui offrir la nécessaire et réelle bouffée d’oxygène dont elle avait besoin. L’accroissement de la pression fiscale sans contreparties, aura des conséquences désastreuses pour l’économie grecque. C’est la poursuite de l’austérité dans la plus pure logique d’un Pierre Laval en France, mais surtout d’un Brüning en Allemagne, ou d’un McDonald en Grande-Bretagne, ces figures tragiques des années trente qui ont aggravé par leurs politiques les conséquences de la crise de 1929. La hausse de la pression fiscale exigée, les nouvelles coupes dans les dépenses, ne s’accompagnent nullement du plan d’investissement massif qui aurait pu en compenser, au moins en partie, les effets. Notons ainsi que le gouvernement grec est contraint de s’engager à : « mener d’ambitieuses réformes des retraites et définir des politiques visant à compenser pleinement l’incidence budgétaire de l’arrêt de la cour constitutionnelle relatif à la réforme des pensions de 2012 et mettre en œuvre la clause de déficit zéro ou des mesures alternatives mutuellement acceptables d’ici octobre 2015 ». En d’autres termes on demande au gouvernement grec de compenser l’arrêt de la cour constitutionnelle qui avait cassé la réforme des retraites de 2012. Bref, la logique de l’austérité est ici proclamée plus importante que la constitution d’un état souverain[2]. Cet accord est aussi détestable dans le domaine financier aussi. Il engage donc le Mécanisme Européen de Stabilité, ou MES. Mais, cet engagement sera appelé à grandir régulièrement. L’économie grecque va, en effet, continuer à s’enfoncer dans la dépression. Les ressources fiscales vont au total stagner, voire diminuer et cela même si la pression fiscale augmente comme il est prévu dans l’accord. La dette va donc, en proportion de la richesse produite, devenir de plus en plus lourde. Sur cette dette, le reprofilage – mot barbare qui désigne un allongement des délais de paiement du principal et un report des intérêts – ne résout rien. On sait, le Fonds Monétaire International l’a dit, qu’il faut restructurer, c’est à dire annuler, une partie de la dette grecque. Mais, l’Allemagne s’y refuse toujours avec obstination. Il faudra d’ici peu trouver à nouveau de l’argent pour la Grèce. L’une des raisons pour lesquelles ce plan est détestable est qu’il ne règle rien, ni économiquement, ni financièrement. Un accord de type néo-colonial Enfin, ce plan est détestable pour une troisième raison. Politiquement, il aboutit à mettre la Grèce en tutelle, à l’assimiler dans les faits à une colonie privée de tout pouvoir réel. Le parlement grec non seulement est sommé de voter au plus vite certaines réformes, avec deux dates butoirs, du 15 et du 22 juillet [3], mais il devra soumettre désormais les différentes mesures à prendre au contrôle et au bon vouloir des institutions européennes. En particulier, un paragraphe de l’accord est très significatif. Il dit ceci : « Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement » [4]. C’est le rétablissement de ce que les grecs appellent le «régime de la Troïka», régime qu’ils avaient répudié lors des élections du 25 janvier dernier. Et c’est là sans doute le résultat le plus inouï de cet accord. Il équivaut à annuler une élection libre et démocratique, à affirmer que les règles édictées à Bruxelles ont plus de poids que le jeu démocratique. Il faudra s’en souvenir car, de ce point de vue, cet accord ne concerne pas les seuls grecs ; il menace aussi tous les peuples de la Zone Euro. Il nous menace donc nous aussi, les français. Et c’est pourquoi le fait que notre Président, M. François Hollande, se soit prêté à ce crime, car il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cet accord dans le domaine politique, doit nous emplir d’effroi. En acceptant de poser sa signature au bas de cet accord, en acceptant de la faire voter d’ici la fin de la semaine au Parlement français, François Hollande est dès lors connivent à cet étranglement de la démocratie en Grèce, mais aussi dans l’ensemble de la Zone Euro. Allant toujours plus loin, cet accord organise la spoliation de la population grecque dans le paragraphe léonin qui concerne les privatisations et qui date directement de ce que l’on appelait au XIXème siècle la «politique de la canonnière». Ce paragraphe stipule en effet que le gouvernement grec doit : « élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d’euros, dont 25 milliards d’euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c’est-à-dire 50 % de 25 milliards d’euros) serviront à diminuer le ratio d’endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements »[5]. Cela revient à dire que la Grèce ne pourra utiliser que 50% de 25 milliards, soit 12,5 milliards issus des privatisations pour des investissements. Or, ces sommes ne seront pas disponibles – si tant est qu’elles le soient un jour – avant deux à trois ans. Quand on entend François Hollande affirmer dans la mâtinée de ce 13 juillet que la souveraineté de la Grèce a été préservée, on se dit que notre Président a un goût douteux pour la plaisanterie. C’est ajouter l’insulte à la blessure. Car la souveraineté de la Grèce a bel et bien été piétinée par l’Eurogroupe et par l’Allemagne, avec l’aide et avec l’assentiment de la France. C’est pour cela que ce 13 juillet sera désormais un jour de deuil pour tous ceux qui défendent la démocratie, la souveraineté et la liberté des peuples. La question de l’Euro François Hollande affirme que son action a sauvé l’Euro. Il est clair que si l’Allemagne avait imposé l’expulsion de la Grèce hors de la Zone Euro, cela aurait déclenché à relativement court terme le processus de dissolution de cette zone. Mais, le maintient de la Grèce dans la zone Euro ne sauve nullement l’Euro. D’une part parce que les problèmes économiques et financiers de la Grèce ne sont pas résolus. D’autre part, parce que d’autres pays sont aujourd’hui en grandes difficultés, et en particulier l’un de nos voisins, l’Italie. L’Euro est, on en a eu la preuve aujourd’hui, indissolublement lié à la politique d’austérité. La politique économique menée dans la Zone Euro consolidée par le rôle des divers traités, et en particulier du dernier le TSCG ratifié en septembre 2012, ne peuvent que mener à l’austérité. Si on ne l’avait pas encore compris c’est aujourd’hui parfaitement clair : l’Euro c’est l’austérité. Bien sur, il peut y avoir des politiques d’austérité sans l’Euro. Mais l’Euro implique en réalité la politique d’austérité et toute politique menée dans le cadre de l’Euro conduit à l’austérité. Il faut comprendre le sens profond de cette affirmation. Aujourd’hui, tant que l’on restera dans la zone Euro, il sera impossible de mener une autre politique économique que l’austérité. Pour ne pas avoir compris cela Alexis Tsipras s’est mis de lui-même la tête sur le billot. Cette constatation est appelée à devenir le véritable point de clivage de la politique française dans les mois et les années à venir. Ainsi, ce qu’a sauvé François Hollande, en réalité, c’est bel et bien l’austérité. On sait qu’il fit ce choix en 2012. Il n’en a pas changé. Il devra donc être jugé dessus aux prochaines élections.
Notes [1] VAROUFAKIS: POURQUOI L’Allemagne REFUSE D’ALLÉGER LA DETTE DE LA GRÈCE, http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece
* Crise grecque : un armistice qui ne résout rien
par Jean-Michel Naulot
Les dirigeants européens proposent aux Grecs un armistice sur des bases extrêmement dures : mise sous tutelle, accentuation de l’austérité, nouvel accroissement de la dette. L’inverse de ce que souhaitaient les Grecs. L’euro était censé offrir aux Européens un nouvel horizon de croissance et de solidarité. Il offre la perspective inverse. Plus les années passent, plus les divisions s’accentuent. Le projet d’accord qui est proposé aux Grecs est marqué du sceau de la conception allemande de la gouvernance en zone euro. Cette crise est une nouvelle étape dans l’histoire d’une zone monétaire qui ne peut fonctionner efficacement entre des Etats aussi différents les uns des autres. C’est une évidence économique. Dès la mise en place de la zone monétaire, les dérives que nous observons aujourd’hui à travers la crise grecque étaient en germe. Huit jours avant le vote sur le Traité de Maastricht, j’avais écrit dans une tribune au Monde :«Ce n’est pas en engageant les pays de la Communauté dans des ajustements forcés qui ne tiennent aucun compte de leurs problèmes spécifiques, de leurs caractéristiques structurelles ou de leur degré de maturité économique que l’on retrouvera demain le chemin de la croissance». N’importe quel étudiant en première année d’économie aurait pu faire la même observation. Le pari perdu de la solidarité Les dysfonctionnements de la zone euro – qui se traduisent par une faible croissance générale et un biais profondément inégalitaire – n’ont pas d’autre origine que cette volonté de plaquer un modèle unique sur des économies différentes. Faut-il rappeler que le PIB de la zone euro est, en 2015, au même niveau qu’en 2007 alors que celui des Etats-Unis a progressé en moyenne de 2% par an depuis cinq ans? Faut-il rappeler que depuis la naissance de l’euro la production industrielle de la France a régressé de 12%, celle de l’Italie de 20%, celle de la Grèce de 20% (et l’investissement de 47%) alors que celle de l’Allemagne a bondi de 34% ? La création de l’euro reposait sur le pari politique que les peuples abandonneraient vite leur souveraineté et que la solidarité financière et politique serait quasiment illimitée. Pari perdu. Chaque année qui passe démontre que les peuples de la zone euro veulent rester souverains et défendent avant tout leurs intérêts. Toutes les élections, tous les sondages d’opinion, toutes les réunions européennes, le confirment. En Grèce, le vote de janvier dernier en faveur d’un parti qui n’existait pas il y a encore quelques années et le référendum expriment l’indignation d’un peuple que l’on cherche à mettre sous tutelle. La Grèce face à une guerre économique L’alternance grecque n’a pas plu en haut lieu car elle était incompatible avec la politique d’austérité. Depuis le début de l’année, la Grèce a ainsi dû faire face à une vraie guerre économique. Dès le 29 décembre dernier, la pénurie a été organisée. Le FMI et l’Eurogroupe ont suspendu immédiatement les aides prévues dans le cadre du deuxième plan d’aide dans la perspective des élections et la BCE a refusé de verser les intérêts qui étaient dus sur les obligations grecques qu’elle détenait. Elle a surtout refusé lors de l’annonce du référendum l’augmentation des financements d’urgence qui permettait de compenser l’hémorragie de capitaux. La fermeture des banques grecques pendant quinze jours est une décision qui a paralysé toute la vie économique et créé un sentiment de peur et de chaos. Les dirigeants politiques ont multiplié les déclarations guerrières. Jean-Claude Juncker avait prévenu dès le lendemain des élections : «Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités. […]. Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les Traités européens». Et, avant même les élections grecques, Angela Merkel avait laissé fuiter la menace d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Angela Merkel se savait en position de force. Elle savait que le risque systémique n’était plus le même qu’en 2010 puisque les banques avaient pu céder leurs créances sur la Grèce au cours de la période 2010-2012. Elle savait la Grèce en position d’extrême faiblesse puisque la dette grecque était en droit étranger et non en droit national (à la différence d’un pays comme la France dont la dette est à 97% en droit national). L’Allemagne était prête à faire un exemple. Pendant ces six mois de guerre intensive, la France n’a à peu près rien dit. Ce n’est que lorsqu’une menace a pesé sur l’intégrité de la zone euro, au lendemain du référendum, qu’elle a plaidé vigoureusement en faveur d’un accord fondé sur la prolongation des mesures d’austérité. Plutôt l’austérité que la fin d’un dogme (Grexit). Dans leur projet d’accord, les dirigeants européens proposent aux Grecs un armistice sur des bases extrêmement dures : mise sous tutelle, accentuation de l’austérité, nouvel accroissement de la dette. L’inverse de ce que souhaitaient les Grecs. Tous les économistes, même ceux du FMI, semblaient d’accord pour dire que la politique conduite depuis cinq ans en Grèce avait échoué. Il est proposé d’accentuer cette politique… Le problème monétaire demeure A l’occasion de cette crise, les citoyens et les contribuables des pays de la zone euro ont découvert que cette politique qui a échoué a en plus un coût astronomique. Pour la France, 42 milliards d’euros de manière directe, 70 milliards avec les aides indirectes (Target2, BCE). On envisage désormais un troisième plan d’aide de 80 milliards à travers le MES, soit une quinzaine de milliards pour la France ! Et aucune réduction de la dette antérieure n’est proposée, principale revendication de la Grèce depuis six mois ! L’allongement de la durée de la dette et la diminution éventuelle des intérêts payés, déjà très faibles, ne résolvent rien. Au moins ces aides auraient-elles pu être apportées à la Grèce dans le cadre d’une sortie amicale de l’euro, seul moyen de redresser la compétitivité de la Grèce. Même Valéry Giscard d’Estaing avait soutenu l’idée d’une sortie amicale de l’euro. La Grèce qui est asphyxiée par une monnaie trop forte va rester confrontée au problème essentiel, le problème monétaire. Quant à la démocratie, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne sort pas grandie de cette crise. Le peuple grec vient de refuser à une très large majorité les mesures d’austérité et voilà que la seule réponse qui lui est apportée, c’est une accentuation de cette politique, avec une mise sous tutelle en bonne et due forme : vote des lois exigées par les dirigeants européens dans les trois jours, cantonnement d’une partie du patrimoine national en vue de privatisations, inspections régulières à Athènes sur la mise en place des mesures. Après six mois d’une vraie guerre en plein cœur de la zone euro, un armistice extrêmement douloureux est proposé aux Grecs. Que le Parlement grec l’accepte ou non, que les Parlements nationaux le ratifient ou non, cet accord aura des répercussions incalculables sur l’avenir de la zone euro. Ceux qui ont toujours nié la possibilité d’une implosion future de la zone monétaire doivent maintenant être habités par le doute. La boîte de Pandore est ouverte. Jean -Michel Naulot est l’auteur de «Crise financière, pourquoi les gouvernements ne font rien» (Seuil, octobre 2013). Source : Jean-Michel Naulot, pour Libération, le 13 juillet 2015. |
Grèce : Version intégrale de l’accord de spoliation de la Grèce, annotée par Yanis Varoufakis
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A propos d'Alexis Tsipras— Mais pourquoi donc Alexis Tsipras a-t-il cédé à la pression ?
http://allainjules.com
Commentaire de Leboninformateur, 14/7/15
— Mais pourquoi la Grèce accepte encore une tutelle aussi brutale ?
par Laurent Herblay
Commentaire de Sirocco, 17/7/15 |
DE L’HÉROÏSME A LA TRAÎTRISE Alexis Tsipras écarte les ministres «rebelles»http://allainjules.com, 18/7/15
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Grèce : Mettre les populations dans un sentiment d’impuissance
Par Jean-Claude Paye
Mondialisation.ca, 22 juillet 2015 - Dans ses célèbres conférences, l’historien Henry Guillemin, nous rappelait une phrase, datant de 1897, de Maurice Barrès, maître à penser de la droite nationaliste française, : « la première condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance. » Ce paradigme éclaire le résultat des négociations menées par Alexis Tsipras. Les citoyens furent appelés par leur premier ministre, à se prononcer, à travers un référendum, contre les propositions de l’UE qui furent rejetées par 61% des votants. A la suite, Tsipras accepte un accord encore plus défavorable pour les populations grecques. De plus, tout en se soumettant au dictat de l’UE, il déclare : « je ne crois pas à cet accord. C’est un mauvais accord pour la Grèce et pour l’Europe, mais j’ai dû le signer pour éviter une catastrophe » Double pensée Tsipras développe ici une procédure de double pensée qui consiste à annuler un énoncé en même temps qu’il est prononcé, tout en maintenant ce qui a été préalablement donné à entendre. Ainsi, le citoyen doit avoir la capacité d’accepter des éléments qui s’opposent, sans relever la contradiction existante. Il possède alors deux visions incompatibles. Énoncer en même temps une chose et son contraire, produit une désintégration de la conscience. Il n’est plus possible de percevoir et d’analyser la réalité. Dans l’incapacité de mettre l’émotion à distance, on ne peut plus qu’éprouver le réel, lui être soumis et non le penser et de l’organiser. . Le déni de l’opposition entre les deux propositions empêche toute représentation. Cette procédure est nommée clivage par la psychanalyse. Elle interdit tout jugement et entraîne une indifférenciation des éléments de la réalité. La dé-construction de la faculté de symboliser empêche la formation d’une mémoire et s’oppose ainsi à la constitution d’un nous. Nous transformant en monades, le discours a alors un effet de pétrification face à la toute puissance des institutions européennes et enferme dans la psychose : aucune autre politique n’est possible. George Orwell a déjà décrit dans 1984, le dispositif de « double pensée » qui consiste à « retenir simultanément deux opinions qui s’annulent, alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. » Il avait déjà identifié ces « principes de l’asservissement » qui destituent l’individu de toute capacité de résistance, qui ont pour fonction d’effacer chez le sujet « tout souvenir de l’existence d’un désir possible de résistance » Primauté de l’image La capitulation ne remet pas en cause l’image du premier ministre : « on ne peut pas me reprocher de ne m’être pas battu. Je me suis battu jusqu’où personne ne s’est battu.. » Cependant, l’on sort d’une politique d’affrontement pour occuper une place de victime. L’iconographie produite par l’idéologie victimaire. possède deux faces, à la fois l’image du héros, celui qui s’est battu plus que tout autre, et celle de la victime. Ainsi, la mère d’Alexis, Aristi Tsipras, 73 ans, raconte à l’hebdomadaire people Parapolitika : ”dernièrement Alexis ne mange plus, ne dort plus, mais il n’a pas le choix, il a une dette envers le peuple qui lui a fait confiance“. Son épouse ajoute : “Je ne le vois plus que rarement. Il va de l’aéroport au Parlement. Il n’a pas le temps de voir ses propres enfants, comment pourrait-il me voir moi?” . Tout se réduit à la souffrance de la « belle âme », celle d’un ‘homme politique fidèle, mais blessé. L’enjeu de l’affrontement se déplace de l’opposition entre des forces sociales au conflit intérieur du premier ministre. Les populations sont ainsi dépossédées de la matérialité de leur résistance au profit de la sauvegarde de l’image de leur premier ministre. Or, ce dernier s’est totalement plié aux exigences des créanciers et accepté toutes les surenchères de ces derniers. L’austérité comme seule politique possible La « politique d’austérité » imposée au pays a déjà, en cinq ans, fait baisser de 25% à 30%, selon les différentes estimations, le PNB du pays et d’avantage le niveau de vie de la grande majorité de la population, les hauts revenus ayant été peu touchés par les mesures prises. Le plan imposé ne peut qu’accentuer cette tendance : austérité accrue et augmentation relative de la dette. La Grèce ne pourra pas faire face à ses engagements, ce qui impliquera une nouvelle intervention extérieure. La sortie de la Grèce de la zone euro pourrait être simplement reportée. De plus, la Grèce perd l’essentiel de ce qui lui restait de souveraineté nationale, car elle doit se conformer à des mécanismes de coupes automatiques de ses dépenses et soumettre ses réformes au bon vouloir des institutions européennes. Où se situe la « catastrophe », dans un nouvel affaiblissement rapide et programmé du pays ou dans une sortie de l’Euro permettant un défaut sur la dette et ainsi une possibilité de relance de l’activité économique ? Propager un sentiment d’impuissance dans l’ensemble de l’UE L’attaque contre le désir de résistance des populations prend tout son sens, non seulement en Grèce, mais aussi au niveau de l’UE. Tsipras a voulu croire que ce qu’il considérait comme tabou : un « Grexit » induisant un démantèlement de la zone euro, l’était également pour ses interlocuteurs. Or, pour les dirigeants de l’UE et principalement pour l’Allemagne, la construction européenne est destinée à disparaître dans le futur grand marché transatlantique. L’attitude de l’Allemagne qui, aussi bien au niveau de la lutte contre la fraude fiscale que celui de l’attaque contre l’euro, a fourni un appui à l’offensive étasunienne. Cette volonté de mettre la zone euro en difficulté est confirmée par le refus réitéré de diminuer la dette grecque. Cette attitude est cohérente avec l’engagement privilégié de cet Etat européen dans la mise en place d’une union économique avec les Etats-Unis. La dissolution de l’UE dans cette zone politique et économique ne peut se faire qu’au prix d’un important recul du niveau de vie et des libertés en Europe. Les populations de l’UE devront consentir au démantèlement de leurs acquis. L’expérience grecque conduisant à un sentiment d’impuissance face à ces politiques dévastatrices révèle alors son enjeu. Jean-Claude Paye Jean-Claude Paye sociologue, auteur de l’Emprise de l’image, Yves Michel 2012.
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