LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS
NON CELLE DES ETATS/NATIONS
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A propos de :
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Bases militaires de l'OTAN et de l'OTSC (Source AFP)
Source : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/kirghizistan.htm
Le Kirghizistan (ou Kirghizie; en anglais : Kyrgyzstan) est officiellement appelé République kirghize, un pays d'Asie centrale bordé au nord par le Kazakhstan, à l'est par la Chine, au sud par la Chine et le Tadjikistan et à l'ouest par l'Ouzbékistn . La superficie du pays est de 198 500 km², soit l'équivalent du Sénégal (ou 3,7 fois plus petit que la France). Bichkek (autrefois Frounzé) est la capitale et la ville la plus importante du Kirghizistan.
Le pays est divisé en huit unités administratives (oblastlar), soit sept oblast et une ville (Bichkek) à statut spécial : Batken, Tchoui (Chui), Jalal-Abad, Naryn, Och, Talas et Yssyk-Koul. Le Kirghizistan est une ancienne république socialiste soviétique qui a acquis son indépendance en 1991. Le territoire est occupé presque entièrement par le massif montagneux des Tien Shan (montagnes Célestes).
Source : Wikipédia
Le Kirghizistan ou Kirghizstan ou Kirghizie est un pays d'Asie centrale. Extrêmement montagneux, peuplé à l'origine par des populations nomades, ancienne république de l'URSS, le Kirghizistan a obtenu son indépendance avec l'effondrement de cette dernière, en 1991
La région correspondant au Kirghizistan fut peuplée aux XVe siècle et XVIe siècle par les Kirghizes, un peuple nomade turc originellement situé, il y a 2000 ans, dans le nord-est de la Mongolie et qui se serait d'abord déplacé vers le sud de la Sibérie entre le VIe siècle et le VIIIe siècle, puis vers la région de Touva jusqu'au XIIIe siècle. L'Islam devint la religion principale de la région vers le XIIIe siècle ; la plupart des Kirghizes sont des musulmans sunnites de l'école hanafite.
Au début du XIXe siècle, le sud du territoire tomba sous le contrôle du Khanat de Kokand. Il fut formellement incorporé à l'empire russe en 1876. La répression de plusieurs révoltes poussa un certain nombre d'habitants à émigrer vers l'Afghanistan ou la Chine.
En 1918, un soviet fut fondé dans la région et l'oblast autonome Kara-Kirghiz fut créé en 1924 au sein de l'URSS. En 1926, il devint la République socialiste soviétique autonome de Kirghizie. En 1936, la République socialiste soviétique de Kirghizie fut intégrée comme membre à part entière de l'URSS.
Lors des bouleversements politiques survenus à partir de la fin des années 1980 en Union soviétique, des élections libres furent organisées au Kirghizistan en 1991 qui virent la victoire d'Askar Akaïev au poste de président en octobre de la même année. Le pays changea de nom et devint la République du Kirghizistan en décembre 1991, tandis que Frounzé, la capitale, fut rebaptisé par son nom pré-soviétique de Bichkek en février 1991.
Après l'échec du coup d'état à Moscou qui marqua la fin de l'URSS, le Kirghizistan vota son indépendance de l'URSS le 31 août 1991.
La Kirghizie adhéra cependant à la Communauté des États indépendants à la fin de la même année.
Au cours des années suivantes, le pouvoir, toujours détenu par Askar Akaïev, devint visiblement de plus en plus autoritaire. Les récentes élections législatives du 27 février et du 13 mars 2005 furent dénoncées comme frauduleuses, particulièrement par les observateurs de l'OSCE. Des troubles débutèrent vers la fin mars qui se transformèrent rapidement dans le sud du pays en manifestations appelant à la démission du gouvernement en place.
Le 24 mars, 15 000 manifestants partisans de l'opposition venus du sud du pays se heurtèrent à la police à Bichkek et prirent d'assaut l'immeuble abritant la présidence après des rumeurs faisant état de la fuite du président Akaïev hors du pays. C'est la «Révolution des Tulipes».
Les chefs de l'opposition ont établi un gouvernement intérimaire et ont promis de mettre en place rapidement de nouvelles élections afin de prétendre à une légitimité définitive. Les luttes internes à l'opposition ont été réglées rapidement, Kourmanbek Bakiev prenant les postes de président et de premier ministre.
Kourmanbek Bakiev a ensuite remporté l'élection présidentielle organisée trois mois après le soulèvement populaire qui a provoqué la fuite de l'ancien président, Askar Akaïev.
La Constitution de 1993 définit le statut politique du pays comme une république démocratique. Le pouvoir exécutif est composé d'un président et d'un premier ministre. Le pouvoir législatif est bicaméral. Le pouvoir judiciaire est composé d'une Cour suprême, d'une Cour constitutionnelle, de cours locales et d'un procureur général.
En mars 2002, des troubles éclatent dans le district d'Aksy lors de manifestations demandant la libération d'un opposant politique. La répression commandée par le premier ministre Kourmanbek Bakiev tue six personnes. Peu après, le président Akaïev accepte la démission de Bakiev de ses fonctions et le remplace par Nikolaï Tanaiev. Le président Askar Akaïev lance ensuite une réforme constitutionnelle, à laquelle fut conviée l'opposition et la société civile, qui se conclut en février 2003 par un référendum, vraisemblablement entaché d'irrégularités. Les amendements à la constitution transformèrent entre autres le parlement bicaméral en un parlement unicaméral de 75 sièges à compter des élections de février 2005.
Après les événements connus sous le nom de «Révolution des Tulipes» qui ont suivi ces élections, le gouvernement intérimaire a promis de développer de nouvelles structures politiques et de régler certains problèmes constitutionnels. La démission forcée de l'ancien président Askar Akaïev a été acceptée par la Parlement kirghiz le 11 avril 2005. Cette décision a permis une nouvelle élection présidentielle le 10 juillet 2005, qui a vu la victoire du président par interim Bakiev. Le nouveau gouvernement, sous la présidence de Félix Koulov, est définitivement constitué en septembre 2005.
Un an après les événements de mars 2005, une nouvelle opposition s'est structurée pour exiger la mise en œuvre des reformes annoncées à l'issue de la «révolution des Tulipes». Elle réunit des anciens alliés de Bakiev et d'anciens partisans d'Akaïev.
Début novembre 2006 l'opposition kirghize manifeste sur la place centrale de Bichkek pour réclamer une réforme constitutionnelle réduisant les compétences du président Kourmanbek Bakiev, accusé de népotisme et de corruption. Elle réclame, en outre, l'indépendance de la compagnie de radiotélévision, et le limogeage de plusieurs hauts responsables. Les opposants et les fidèles du président Kourmanbek Bakiev sont finalement parvenus à un compromis sur la réforme de la Constitution qui rendrait les institutions du pays plus démocratiques.
Signée le 9 novembre 2006 par le président Bakiev, la nouvelle constitution instaure une république présidentielle et parlementaire. Le parlement, composé de 90 sièges, pourra approuver le gouvernement, dont le premier ministre sera nommé par le parti vainqueur aux élections, avec l'accord du président.
Cependant, dès le 30 décembre 2006, à la faveur de la crise institutionnelle ouverte par la démission du gouvernement de M. Félix Kulov, le président obtenait des députés le vote d'une nouvelle version de la constitution lui rendant plusieurs des pouvoirs concédés en novembre.
Le 29 janvier 2007, le parlement approuve la nomination par le président Bakiev de M. Azim Issabekov, ex-ministre de l'agriculture dans le gouvernement Kulov, au poste de premier ministre .
Le 29 mars 2007, le Premier ministre Azim Issabekov donne sa démission, le président kirghize ayant refusé de limoger sept personnes du gouvernement dans le but de les remplacer par des membres de l'opposition. Son remplaçant est Almaz Atambaïev, l'un des représentants du mouvement d'opposition Za reformy (Pour les réformes).
Atambaïev démissionne à son tour le 30 mars. Iskenderbek Aidaralïev assure l'intérim jusqu'aux élections législatives de décembre 2007, qui portent Igor Tchoudinov (du parti Ak Jol) au poste de premier ministre.
Le Kirghizistan est un pays d'Asie centrale, encadré par la Chine à l'est et au sud-est, le Kazakhstan au nord, l'Ouzbékistan à l'ouest et le Tadjikistan au sud-ouest. D'une superficie de 198 500 km2, le pays est totalement enclavé et ne possède pas d'accès à la mer.
Le pays est presque totalement montagneux; à l'est, la chaîne du Tien Shan marque la frontière avec la Chine et culmine à 7 439 m avec le Pic Pobedy (Victoire en russe), qui est d'ailleurs le point culminant du pays. À l'ouest, les chaînes du Fergana (au nord) et du Pamir Alay (au sud) prennent en tenaille la vallée du Fergana (commune au Kirghizstan, à l'Ouzbékistan et au Tadjikistan). La chaîne du Pamir Alay culmine au Pic Lénine à 7 134 m.
Ces zones montagneuses divisent le pays en deux, le nord et le sud; ces deux parties ne communiquent que par des cols situés au moins à 2 700 m d'altitude.
La vallée de Fergana est notamment le réceptacle de la puissante rivière Naryn, qui traverse la totalité du pays depuis les hauteurs des Tian Shan au nord-est du pays. Passé en Ouzbékistan, la rivière devient le Syr Daria, l'un des deux principaux fleuves nourriciers de l'Asie Centrale.
Les villes du Kirghizistan se situent dans les zones les plus basses du pays. Au nord, la capitale Bichkek se trouve tout de même à 800 m d'altitude. Au sud-ouest, l'autre foyer de peuplement dans la vallée du Fergana, on trouve les villes d'Och et de Jalal-Abad, ainsi que le point le plus bas du Kirghizistan, la vallée du Kara-Darya, à 132 m d'altitude.
A l'est, le lac Yssik Koul forme une petite mer intérieure de 6 332 km2 à 1 620 m d'altitude, le deuxième plus grand lac de montagne du monde (après le lac Titicaca). Profond de 702 m, le lac est légèrement salé et ne gèle pas en hiver.
Le Kirghizistan reste un pays assez pauvre, dont l'économie est essentiellement tournée vers l'agriculture.
Juste avant la chute de l'URSS en 1991, 98 % des exportations du Kirghizistan étaient destinées à l'Union soviétique; l'effondrement de cette dernière a considérablement ralenti la production du pays au début des années 1990.
Des réformes importantes furent entreprises qui ont certes permis d'améliorer la performance économique du pays au cours des dernières années (le Kirghizistan fut la première république de l'ancien bloc soviétique à être admis à l'Organisation mondiale du commerce en décembre 1998), mais ses revenus ne sont toujours pas constants et la pauvreté reste très présente.
L'agriculture est le principal secteur d'activité du pays, employant en 2002 la moitié de la population et produisant 35,6 % du PIB.
Le Kirghizistan est montagneux et convient à l'élevage du bétail, la principale activité agricole. Les cultures dominantes incluent le blé, le sucre de betterave, le coton, le tabac, les légumes et les fruits; dans une moindre mesure, la laine, la viande et les laitages.
Le Kirghizistan exporte principalement des métaux non-ferreux et des minéraux, des produits manufacturés en laine et agricoles, de l'énergie électrique et quelques autres marchandises. La première source de devise est la production d'or de la mine kirghizo-canadienne de Kumtor, dont l'activité représente environ 10% du PIB. Ses importations comportent du pétrole, du gaz naturel, des métaux ferreux, des produits chimiques, la plupart de ses outils et machines, du bois, du papier, un peu de produits alimentaires et des matériaux de construction. Ses partenaires commerciaux principaux sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, les États-Unis, l'Ouzbékistan et l'Allemagne.
En 2007, la population du Kirghizistan était estimée à 5 218 000 habitants. En 2004, 34,4 % ayant moins de 15 ans et 6,2 % plus de 65.
Le pays est rural à 66,1 %, pour une densité de population assez faible de 29 habitants par km².
La capitale, Bichkek, compte officiellement 589 000 habitants, auxquels il convient sans doute d'ajouter de nombreux saisonniers, ainsi que des occupants illégaux de terrain non répertoriés dans les statistiques.
Soixante-cinq pour cent de la population est d'origine kirghize, un groupe ethnique turc présentant des influences mongoles et chinoises et étant historiquement constitué de bergers semi-nomades.
La plus grande minorité est celle des ouzbèkes (14,5 % de la population), principalement situées dans le sud, suivis par les personnes d'origine russe (9,0 %, essentiellement dans le nord), doungane (1,2 %), ouïghour (1,1 %), tadjike (1,1 %), turque (0,9 %), kazakh (0,7 %), ukrainienne (0,5 %) et coréenne (0,3 %). Il existe également de petites communautés d'origine allemande.
Population (2003, src : Banque mondiale des instituts statistiques) : 5 millions d'habitants
66 % de Kirghizes, 14 % d'Ouzbeks et 12 % de Russes.
75 % de sunnites (Islam) , 20 % d'Orthodoxes (Chrétiens).
97 % d'alphabétisation.
72 ans d'espérance de vie pour les femmes, 65 pour les hommes.
1/3 de la population à moins de 15 ans.
34,4 % vivent en ville.
Traditionnellement un peuple nomade, les Kirghizes restent attachés à ces traditions. Elles comprennent notamment les artisanats liés à la fabrication et à la décoration de la yourte, faite d'épaisses toiles de feutre.
Le cheval occupe une grande place dans l'art, l'imaginaire et la symbolique collective. Ainsi le "Kok borou" et l'"Oulak tartysh", deux variantes du jeu équestre du "bouc écorché", sont restés des sports très populaires.
L'épopée et le poème mélodique improvisé, sont les expressions artistiques par excellence. Ce dernier est accompagné au moyen d'un instrument à trois cordes, le komouz, et peut faire l'objet de joutes entre deux orateurs, les "aïtysh". L'épopée "Manas", phénomène littéraire par son volume et son emphase, transmise et enrichie sur plusieurs siècles par la tradition orale, fait la fierté d'un peuple qui connaît actuellement un processus de réappropriation de ses racines historiques et mythologiques.
Le pastoralisme semi-nomade est encore respecté en de nombreux endroits, tandis que la liberté qu'il implique a un impact sur les mentalités du pays.
La religion principale est l'Islam sunnite, de l'école hanafite. Mais la pratique religieuse musulmane est marquée également par les influences du chamanisme, existant antérieurement à l'islam, et du soufisme, dont les missionnaires ont joué un grand rôle dans l'islamisation de la région.
La langue kirghiz appartient au groupe des langues turques. En 1924, un alphabet basé sur l'alphabet arabe fut introduit, remplacé par l'alphabet latin en 1928. En 1941, l'alphabet cyrillique fut définitivement adopté.
Source : Encyclopédie Wikipidia
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AFP - 17/1/9 - Le Kirghizstan va ordonner la fermeture d'une base aérienne américaine utilisée pour soutenir les opérations militaires en Afghanistan d'ici "quelques jours" sous pression de la Russie, a déclaré à l'AFP samedi un haut responsable kirghiz.
"Le décret présidentiel sur l'annulation de l'accord avec les Etats-Unis est déjà prêt. Dans quelques jours, il sera publié dans les médias kirghizes", a déclaré ce haut responsable sous couvert de l'anonymat.
Les Etats-Unis disposent au Kirghizstan de la base de Manas, située à l'aéroport de Bichkek et servant de soutien aux troupes engagées en Afghanistan.
Le Kirghizstan a, ces dernières années, menacé à plusieurs reprises de fermer cette base qui compte environ 1.200 hommes, principalement des Américains mais aussi des Français et des Espagnols.
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DOUCHANBE, 17/1/9 - RIA Novosti. Les Etats-Unis n'envisagent pas de démanteler leur base militaire à Manas au Kirghizstan, a déclaré le chef du commandement central US le général David Petraeus à l'issue des entretiens samedi avec les dirigeants tadjiks [sic].
Selon "certains médias", le Kirghizstan a pris la décision de fermer d'ici quelques jours une base aérienne américaine utilisée pour soutenir les opérations militaires [du Pentagone] en Afghanistan.
"A notre avis, la base de Manas sert les intérêts régionaux voire même internationaux. Nous déployons les efforts en vue de contrecarrer le narcotrafic afghan et d'empêcher les extrémistes d'utiliser l'Afghanistan dans leurs buts" [sic] a estimé le général américain.
C'est notamment dans l'intérêt des pays tels que la Chine, la Russie, l'Iran, ainsi que des membres de l'OTAN [sic], selon le responsable militaire.
La base américaine, qui bénéficie d'un mandat de l'ONU, a ouvert fin 2001 dans le cadre de l'opération "Liberté immuable" [sic], destinée à mettre fin au régime taliban en Afghanistan. Un millier de soldats américains ainsi que des avions militaires de transport y sont actuellement stationnés.
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Benoît FINCK
AFP - 3/2/9 - Le président russe Dmitri Medvedev devait rencontrer mardi au Kremlin son homologue du Kirghizstan, Kourmanbek Bakiev, au moment où la presse russe évoquait la volonté de Moscou d'obtenir la fermeture d'une base militaire américaine stratégique dans ce pays d'Asie centrale.
Les deux dirigeants vont discuter d'"approches coordonnées pour développer la coopération militaro-politique en Asie centrale et renforcer la sécurité et la stabilité dans la région", ainsi que d'une aide financière russe au Kirghizstan, indique le Kremlin dans un communiqué.
La présence dans cette ancienne république soviétique d'installations américaines, situées dans l'aéroport de Bichkek à quelques kilomètres d'une base de l'armée russe, irrite Moscou qui presse Bichkek de les fermer, relève le quotidien Kommersant.
Dans cette optique, l'Etat russe s'apprête à offrir une subvention de 150 millions de dollars (117 millions d'euros), un prêt de 300 millions de dollars (234 millions d'euros) et un important investissement à ce pays qui fait face à une crise de liquidités, affirme le journal en citant des sources proches des négociations.
A Bichkek, le chef de l'administration présidentielle kirghize, Danïiar Oussenov, a tenté de relativiser ces informations en affirmant que son pays ne "s'apprêtait pas" à annoncer, du moins dans l'immédiat, la fermeture de ces infrastructures, stratégiques pour les Etats-Unis.
Interrogé par l'AFP, l'analyste russe Andreï Grozine "doute que la Russie soit très intéressée à chasser les Américains du Kirghizstan", car elle est, selon lui, davantage préoccupée par l'établissement de meilleures relations avec la nouvelle administration de Barack Obama, après les tensions russo-américaines des derniers mois de la présidence de George W. Bush.
La fermeture de la base de Manas sous la pression de Moscou risquerait de "produire une mauvaise impression aux Etats-Unis car il est évident que sans le soutien de la Chine et de la Russie, le Kirghizstan ne serait pas capable de prendre une telle décision", ajoute l'expert.
Dmitri Medvedev a en outre dit le 23 janvier que son pays était prêt à coopérer avec Barack Obama en Afghanistan dans la lutte contre le terrorisme.
Lundi, un haut responsable de l'Otan, Robert Simmons, a déclaré au cours d'une visite à Bichkek que l'Alliance atlantique s'inquiétait de son éventuelle fermeture, en raison des difficultés que cela créerait pour approvisionner les forces de l'Otan en Afghanistan.
Cette base ouverte après les attentats de septembre 2001 aux Etats-Unis afin de soutenir les forces internationales engagées sur le territoire afghan sous la houlette des Américains est importante aux yeux de Washington qui fait pression de son côté pour le maintien de ces installations. En particulier depuis la fermeture en novembre 2005 de la base militaire américaine en Ouzbékistan, autre ancienne république soviétique d'Asie centrale.
Le général américain David Petraeus avait noté fin janvier que les Etats-Unis souhaitaient augmenter leur aide financière au Kirghizstan, qui, selon lui, recevait déjà 150 millions de dollars (117 millions d'euros) chaque année.
A la mi-décembre, le président kirghiz avait pour sa part affirmé que Washington lui avait demandé une augmentation de la taille de la base existante mais qu'il avait rejeté cette demande.
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LeMonde.fr - 3/2/8 - Privée de son accès à l'Afghanistan par le Pakistan, l'OTAN s'inquiète de l'éventuelle fermeture d'une base américaine louée au Kirghizstan, la plus petite et la plus pauvre des Républiques d'Asie centrale ex-soviétiques.
Ouverte après les attentats de septembre 2001 aux Etats-Unis, la base de Manas est située non loin du principal aéroport kirghiz, proche de la capitale, Bichkek. Elle est cruciale pour l'acheminement d'hommes et de matériel de l'Alliance vers l'Afghanistan, surtout au moment où les Etats-Unis prévoient d'envoyer 30 000 soldats en renfort et que l'accès via le Pakistan n'est plus sûr.
"Evidemment, si nous n'étions plus en mesure d'utiliser l'aéroport, nous aurions des difficultés pour approvisionner nos forces en Afghanistan, donc nous le regretterions", a expliqué Robert Simmons, l'émissaire de l'OTAN pour le Caucase et l'Asie centrale, lundi 2 février.
La Russie cherche depuis longtemps à obtenir le départ des Américains. En décembre 2008, la presse russe avait révélé que Moscou était prêt à accorder un crédit de 2 milliards de dollars (1,55 milliard d'euros) au Kirghizstan en échange de la fermeture de la base. Premier partenaire commercial du Kirghizstan, la Russie, qui dispose elle aussi d'une base militaire sur place, vient d'acheter, via le géant russe Gazprom, la compagnie kirghize de gaz.
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Par Olga Dzyubenko
Reuters 4/2/9 - Le Kirghizistan a entamé mercredi le processus en vue de fermer une base aérienne américaine installée sur son territoire et cruciale pour l'approvisionnement des troupes stationnées en Afghanistan.
La décision de l'ex-République soviétique, allié traditionnel de Moscou en Asie centrale, se pose en défi lancé au nouveau président américain Barack Obama, qui a fait du renforcement de la présence militaire en Afghanistan l'une de ses priorités en politique extérieure.
Le poids stratégique de la base de Manas, près de la capitale, Bichkek, a augmenté ces derniers mois, Washington cherchant à revoir sa chaîne d'approvisionnement en évitant les routes troublées du Pakistan.
A l'issue d'une rencontre mardi à Moscou avec son homologue russe, Dmitri Medvedev, le président kirghize Kourmanbek Bakïev a déclaré avoir décidé de fermer cette base, tandis que le Kremlin promettait simultanément un soutien financier au pays d'Asie centrale.
Mercredi, le gouvernement kirghize a soumis au parlement un décret portant sur la fermeture de la base, mise en place en 2001 au début de la campagne militaire contre les taliban et Al Qaïda.
"Un projet de décret pour mettre fin à l'accord sur la base aérienne américaine a été transmis au parlement", a dit le porte-parole du gouvernement. "Il appartient maintenant au parlement de décider quand débattre de la question."
De sources parlementaires, on indique que le débat pourrait se tenir dès jeudi. L'adoption du décret semble acquise, le parti présidentiel Ak Jol étant majoritaire à la chambre.
Selon Ishkak Massalïev, parlementaire communiste, Washington pourrait devoir retirer ses forces dans un délai de 180 jours après notification officielle de la fin de l'accord.
CHASSE GARDÉE DU KREMLIN
Un peu plus tôt dans la journée, l'ambassade des Etats-Unis à Bichkek avait dit ne pas avoir reçu de notification officielle et ajoutait continuer de négocier sur l'avenir de la base.
"Nous avons eu des discussions avec les autorités kirghizes concernant l'avenir de la base aérienne de Manas. Ces discussions se poursuivent", dit l'ambassade dans un communiqué.
La Russie possède elle aussi une base aérienne, à quelques dizaines de kilomètres de celle de Manas. Depuis longtemps, Moscou voyait d'un mauvais oeil la présence de militaires américains à proximité.
Cherchant à réduire l'influence des Etats-Unis dans une région qu'il considère comme sa chasse gardée, le Kremlin a promis mardi au Kirghizistan 150 millions de dollars sous forme d'aide internationale et un prêt de deux milliards de dollars -- environ l'équivalent de la moitié du PIB kirghize.
Moscou autorisera néanmoins les forces américaines à convoyer des approvisionnements en biens et en matériels via son territoire et offrira un appui modulable, a déclaré mercredi à la presse le vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Grigory Karassine par ailleurs a démenti tout lien entre l'aide financière de Moscou à Bichkek et la décision kirghize de fermer la base de Manas.
"S'il s'avérait que la décision kirghize de fermer l'accès de Manas aux Américains était le résultat d'une influence russe, ce serait une source de préoccupation", a déclaré le porte-parole de l'Otan, James Appathurai.
Il a ajouté que ces pressions seraient en contradiction avec le soutien affiché de la Russie aux efforts de la coalition internationale engagée en Afghanistan.
L'opinion locale est partagée à propos de la présence américaine depuis la mort d'un Kirghize, tué par balles par un soldat américain lors d'un incident en 2006. Mais les détracteurs du président Bakïev estiment que le Kirghizistan ne peut se permettre le luxe de perdre un appui du poids des Etats-Unis.
L'activité semblait normale mercredi à l'entrée de la base de Manas, qui accueille environ 1.000 soldats américains, français et espagnols.
Les Etats-Unis disposent actuellement de 32.000 hommes en Afghanistan et, selon des responsables américains, les renforts programmés pourraient atteindre 30.000 militaires supplémentaires d'ici 12 à 18 mois.
Malgré l'importance stratégique de Manas, un porte-parole du département d'Etat américain a déclaré que cette fermeture ne remettrait pas en cause les opérations en Afghanistan.
Version française Jean Décotte
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Reuters - 6/2/9 - Les autorités kirghizes ont définitivement décidé de fermer la base américaine de Manas et aucune discussion n'est en cours avec les Etats-Unis en vue de son maintien, a annoncé un porte-parole du gouvernement.
"La décision a été prise (...) Le gouvernement a déjà exprimé ses intentions", a-t-il déclaré à Reuters.
"L'ambassade des Etats-Unis et le ministère (kirghize) des Affaires étrangères échangent des avis sur le sujet mais il n'y a pas de discussions sur le maintien de la base", a ajouté le porte-parole.
La base de Manas, proche de la capitale, est un maillon important du dispositif militaire américain en Afghanistan. Le président kirghize, Kourmanbek Bakiev, a annoncé mardi son intention de la fermer après avoir obtenu une aide financière de la Russie. Moscou, qui faisait pression depuis plusieurs années en faveur de cette décision, nie toute responsabilité.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé l'initiative de Bichkek "regrettable", tout en assurant que les négociations se poursuivaient.
La fermeture de cette base constitue un véritable défi pour l'administration Obama, qui a l'intention de renforcer la présence militaire américaine en Afghanistan.
Washington a notamment besoin de nouvelles voies d'approvisionnement, du fait de la multiplication des actes de guérilla contre les convois de ravitaillement à la frontière pakistano-afghane.
Olga Dzioubenko et Maria Golovnina, version française Jean-Philippe Lefief
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RIA NOVOSTI - 4/2/9 - "L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) devient une véritable alliance militaire sur le territoire de la CEI [ex-URSS sauf pays Baltes]", rapporte le quotidien en ligne russe Gazeta.ru, au lendemain du sommet qui a réuni, le 4 février à Moscou, les présidents des pays membres de l'organisation (Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan et Tadjikistan).
Des "Forces collectives de réaction rapide" (KSOR) comptant 15 000 hommes seront mises sur pied. L'ossature sera composée de la 98e division de parachutistes de Toula et la 31e brigade d'assaut aéroportée de la garde d'Oulianovsk, soit une contribution russe à hauteur de 10 000 hommes. "Des formations bien préparées, équipées de façon ultramoderne, et dont le potentiel ne sera pas inférieur à celui des formations de l'OTAN", a affirmé le président russe Dmitri Medvedev.
Les KSOR seront basées de façon permanente en Russie, mais, comme l'a déclaré le représentant de la Russie à l'OTAN, Dmitri Rogozine, elles pourront utiliser la base militaire de Manas, près de Bichkek, au Kirghizistan, là où stationnent encore les soldats de la "coalition antiterroriste internationale" sous égide de l'ONU, mais que le président kirghiz ne souhaite pas accueillir plus longtemps.
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Par Tolkoun NAMATBAÏEVA
AFP - 19/2/9 - Le Parlement du Kirghizstan a approuvé jeudi la fermeture de la base de Manas, la dernière des Etats-Unis en Asie centrale, une installation clé pour l'approvisionnement des forces en Afghanistan, alors que Washington veut renforcer ses opérations contre les talibans. Lire la suite l'article
Le texte qui annule l'accord américano-kirghiz de 2001 autorisant l'installation de cette base aérienne a été approuvé par 78 des 81 députés présents au moment du vote. Un seul parlementaire a voté contre.
"Désormais, la loi dénonçant l'accord avec les Etats-Unis sur la base doit être signée par le président kirghiz (Kourmanbek Bakiev). Ensuite Bichkek devra informer par note diplomatique la partie américaine et alors les Etats-Unis auront 180 jours pour retirer leur base du territoire du Kirghizstan", a expliqué un député du parti du pouvoir Ak-Jol, Zaïnidine Kourmanov.
Les Etats-Unis ont réagi en indiquant qu'ils tenaient à cette base et qu'ils souhaitaient négocier mais pas "à n'importe quel prix".
"Nous continuons à réfléchir à ce que nous pourrions proposer au gouvernement kirghiz, mais nous ne sommes pas prêts à rester à n'importe quel prix", a déclaré Bryan Whitman, porte-parole du département américain de la Défense.
La base aérienne située à l'aéroport Manas, non loin de Bichkek, est une installation clé pour l'approvisionnement des forces de la coalition internationale engagée en Afghanistan.
La décision du Kirghizstan de fermer cette base pose un grave problème de ravitaillement des troupes, alors que les Etats-Unis comptent renforcer leur opération contre les talibans.
Cette question est d'autant plus importante que l'approvisionnement des soldats en Afghanistan depuis le Pakistan voisin est compliqué par les attaques des talibans dont sont victimes les convois.
Afin d'assurer le transport du matériel dont a besoin la coalition internationale, des accords de transit sont en cours de négociation avec la Russie, le Kazakhstan et le Tadjikistan. Ces pays ont déjà donné leur accord de principe sur cette question.
L'Ouzbékistan, autre république ex-soviétique voisine de l'Afghanistan, ne s'est pas encore exprimée sur ce problème, mais le général David Petraeus, chef des opérations américaines en Irak et en Afghanistan, était à Tachkent cette semaine. Rien n'a cependant filtré sur le contenu des pourparlers.
Le président kirghiz avait annoncé début février lors d'une visite à Moscou qu'il voulait fermer Manas.
La Russie, qui souhaitait depuis longtemps le démantèlement de la base, assure qu'elle n'a pas fait pression sur Bichkek, alors même que la décision kirghize est intervenue au moment où Moscou accordait un crédit de deux milliards de dollars au Kirghizstan, un pays plongé dans la pauvreté.
Le président Bakiev a notamment justifié son choix de fermer l'installation américaine par le refus de Washington d'augmenter le loyer versé pour l'utilisation de l'aéroport Manas.
Le Kirghizstan a menacé à plusieurs reprises depuis 2005 de fermer cette base en raison de divers incidents impliquant des soldats américains et à cause de disputes sur le montant des dédommagements versés par Washington.
Avec la fermeture de cette base, les Etats-Unis perdent leur dernière installation militaire en Asie centrale. L'Ouzbékistan avait en effet fermé fin 2005 la base des Etats-Unis sur son territoire en raison des critiques américaines qui avaient suivi la répression d'un soulèvement à Andijan (est).
La Russie, elle, dispose toujours d'une base aérienne au Kirghizstan, à Kant, à seulement quelque dizaines de kilomètres de l'aéroport Manas.
AP - 19/2/9 - Le ministre américain de la Défense Robert Gates a déclaré jeudi que les Etats-Unis examineraient l'idée de payer un loyer plus élevé pour continuer à utiliser une base aérienne stratégique au Kirghizistan.
Présent en Pologne pour des entretiens dans le cadre de l'OTAN, Robert Gates a précisé qu'il considérait que les discussions avec le Kirghizistan étaient toujours ouvertes sur l'avenir de la base de Manas, essentielle pour le soutien aux opérations américaines en Afghanistan.
Il a fait ces déclarations après un vote du Parlement du Kirghizistan, qui s'est prononcé jeudi pour la fermeture de la base aérienne de Manas. AP
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WASHINGTON, 19/2/9 - RIA Novosti. Washington espère toujours que les autorités kirghizes reviendront sur leur décision de fermer la base aérienne américaine de Manas, située près de la capitale Bichkek, a fait savoir jeudi à RIA Novosti un porte-parole du Pentagone.
"Nous avons entendu que le parlement kirghiz avait approuvé jeudi la décision concernant la cessation de la présence militaire des Etats-Unis (dans le pays). Pourtant, le département d'Etat américain poursuit des négociations avec le gouvernement du Kirghizstan. De notre côté, nous espérons que ces négociations réussiront", a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Dans le même temps, il a souligné que les Etats-Unis n'étaient pas prêts à rester "à n'importe quel prix" sur la base aérienne de Manas.
"Bien que cet endroit compte beaucoup à nos yeux, il n'est pas irremplaçable pour autant. Nous considérons aussi d'autres variantes" [sic] , a dit le représentant du Pentagone.
Le parlement du Kirghizstan a approuvé jeudi la fermeture de la base aérienne de Manas, la dernière des Etats-Unis en Asie centrale, annulant un accord de 2001. Cette décision pose un grave problème de ravitaillement des troupes de la coalition internationale engagée en Afghanistan, alors que les Etats-Unis comptent renforcer leur offensive contre les talibans.
La base aérienne américaine de Manas a été ouverte en décembre 2001 en vertu d'un mandat de l'ONU dans le cadre de l'opération antiterroriste menée par les forces de la coalition en Afghanistan. Actuellement, on dénombre sur cette base 1.200 militaires américains et des avions de transport militaire.
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Reuters - 6/3/9 - Le Kirghizistan, après avoir demandé aux Etats-Unis de quitter la base aérienne de Manas sur son territoire, a annulé les accords conclus avec d'autres pays pour l'utilisation de ce complexe militaire.
Le parlement kirghize a voté quasiment à l'unanimité l'annulation de 11 accords qui permettaient à plusieurs pays européens mais également à l'Australie, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande d'utiliser la base située à une trentaine de kilomètres de la capitale Bichkek.
Manas est une position stratégique pour les Etats engagés dans le conflit afghan car il sert de lieu de transit pour le ravitaillement des soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf).
Le président Kourmanbek Bakiev avait pris le mois dernier la décision de fermer la base après avoir reçu de la Russie l'assurance d'un soutien financier de deux milliards de dollars sous la forme d'aides et de prêts.
Le gouvernement kirghize a adressé une notification officielle à l'ambassade américaine à Bichkek demandant aux Etats-Unis de retirer leurs troupes dans les six mois.
Olga Dzyubenko, version française Pierre Sérisier
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par Jean Geronimo
‘’La partie qui se joue dans le pourtour de la Russie n’est plus l’endiguement de la guerre froide,
mais le refoulement (‘roll back’)’’
Brzezinski (2000, p. 19) ‘’Le Grand échiquier’’
Mondialisation.ca, Le 3 juin 2009 - Spectaculaire défaite diplomatique pour Washington ! La fermeture de sa base (kirghize) de Manas en 2009 - après celle de sa base (ouzbek) de Karshi-Khanabad en 2005 - aura, à terme, un impact stratégique majeur, dans la mesure où elle implique une refonte de sa politique en zone post-soviétique, traditionnellement axée contre la Russie. En effet, depuis l’implosion de l’URSS le 25/12/1991, Washington a mis en œuvre une politique de reflux (‘’roll back’’) de la puissance russe, destinée à se substituer à son leadership impérial hérité du soviétisme. Or la perte de ce maillon stratégique vers l’Afghanistan obligera l’administration américaine à renouer un vrai dialogue avec Moscou, désormais incontournable dans la région. Et cet échec est d’autant plus flagrant qu’il raisonne comme un aveu d’impuissance pour Washington, incapable de ‘’persuader’’ aucune autre république de l’ex-URSS d’héberger – en substitution de Manas – une base américaine sur son territoire. Une raison majeure étant pour ces dernières d’éviter toute source de tension avec Moscou, de nouveau maitre de son pré-carré. La Russie est de retour.
Dans ses grandes lignes, la perte de Manas exprime un double symbole géopolitique, d’une part de l’échec de la stratégie d’influence américaine en Asie centrale et, d’autre part, du retour de l’Etat russe dans sa zone de domination historique. Car la principale réussite de V. Poutine a été de redonner une certaine légitimité à un Etat fort et centralisé, avide de reprendre le contrôle de son ‘’étranger proche’’ (la CEI) en vue de sécuriser ses espaces périphériques et in fine, rompre la stratégie d’encerclement mise en œuvre par Washington depuis la transition post-communiste. Ainsi, V. Poutine a réhabilité un Etat russe recentré sur une stratégie de puissance et de défense de ses intérêts nationaux, élargis à l’ancien espace soviétique. Et selon Z. Brzezinski (2008, p. 208), ce comportement attesterait du refus des russes d’accepter ‘’la nouvelle réalité de l’espace post-soviétique’’, autrement dit, l’ingérence américaine dans leur ancien espace politique – et au-delà, celle de l’Europe dans ce que cette dernière appelle désormais le ‘’voisinage partagé’’. Inutile provocation.
Tendanciellement, la stratégie américaine suit la ligne anti-russe de Brzezinski visant le contrôle de l’Eurasie, cœur stratégique (et énergétique) du monde et, dans ce but, à empêcher l’émergence de toute puissance majeure hostile, dont feraient potentiellement partie la Russie et la Chine. Dans cet axe, il s’agit selon Brzezinski, stratège et conseiller d’Obama, de définir ‘’une géostratégie d’ensemble à long terme concernant l’Eurasie’’ (Brzezinski, 2000, p. 249) en vue d’y stabiliser une forme de domination mondiale. En définitive, cela implique la manipulation des ‘’principaux acteurs géostratégiques présents sur l'échiquier eurasien’’ (Brzezinski, 2004) et en particulier, en Asie centrale – dans l’optique (notamment) d’implanter des bases à la périphérie russe.
Cette haine viscérale à l’égard des russes structure le discours de Brzezinski, percevant la Russie comme l’héritière de la guerre froide et sa stratégie extérieure comme un résidu du soviétisme. Dans son ouvrage, ‘’L’Amérique face au monde’’, Brzezinski (2008, p. 186) rappelle que durant les 4 derniers siècles, la ligne directrice de la Russie se résume par ‘’une expansion impériale à partir d’un centre bien défini pour créer un Etat multinational’’. Et surtout, il est persuadé que V. Poutine n’a pas ‘’admis l’impossibilité de recréer le vieux système impérial’’ (Brzezinski, 2008, p. 191), illustrant selon lui, ‘’la résistance de l’ordre soviétique’’ (Brzezinski, 2000, p. 141). Pour cette raison, Brzezinski prône le maintien d’une politique de contrôle de la puissance russe et d’érosion de son pouvoir en zones caucasienne et centre-asiatique. Reflexe de guerre froide.
Dans son essence, la perte de la base de Manas va obliger Washington a une attitude plus ‘’compréhensive’’ à l’égard de la Russie[i], au sens où elle a besoin de cette dernière comme relais logistique et politique de ses interventions en Asie centrale, considérée comme une priorité de la politique étrangère américaine. En retour, cette ‘’coopération’’ russe donne à Moscou un droit de regard – et un moyen de pression – sur la politique américaine en zone post-communiste. Dans ce schéma, sous prétexte de lutte anti-terroriste, le recentrage de l’effort américain sur l’Afghanistan – au détriment du bourbier irakien – vise à renforcer l’influence de Washington en Asie centrale : ‘’La fin de l’occupation (de l’Irak : jg) sera une opportunité pour la guerre contre Al Qaïda, mettant ainsi un terme à une aventure malheureuse qui (…) a détourné les États-Unis de l’Afghanistan, où la menace originelle d’Al Qaida persiste et augmente.’’[ii]
Un objectif clé de Brzezinski est de renforcer - au détriment de Moscou et de ses alliances eurasiennes, telles l’OCS et l’OTSC[iii] - le rôle régulateur de l’Otan en zone post-soviétique comme levier de l’avancée géopolitique américaine. Pour cette raison, il prône l’extension de l’Otan aux ex-républiques soviétiques, considérées comme les ‘’pivots géopolitiques’’ de sa stratégie du roll-back de la puissance russe – leur coopération ayant déjà été obtenue dans le cadre du ‘’Partenariat pour la paix’’ (PPP) et de manœuvres militaires provocantes aux portes de la Russie (dont les dernières en mai 2009, en Géorgie !)[iv]. Et surtout, selon Brzezinski (2004, p. 296), le champ d’action stratégique de l’Otan ‘’est appelé à s’élargir à l’espace eurasien’’. Cette extension de l’Otan - perçue par Moscou comme un vestige de la lutte anti-communiste, donc injustifiée - permettrait de poursuivre d’une part, le détachement des Etats post-soviétiques de l’emprise de la Russie et d’autre part, l’encerclement de cette dernière. En outre, cette volonté de détacher la zone post-soviétique de la domination russe est reprise par le Partenariat oriental mis en œuvre par l’Europe - levier de l’influence américaine - dans le voisinage partagé, depuis le 8 mai 2009. A terme, il s’agit de créer une forme de dépendance de la zone post-communiste à l’égard du leadership américain, dans le but de contrôler le cœur énergétique de la planète, à la fois par un contrôle politique des Etats clés (les ‘’pivots’’) et par un contournement de l’Etat russe – via des circuits alternatifs, comme l’attestent le projet Nabucco et la réalisation de l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan). L’accès à l’énergie, considéré par Brzezinski (2008, p. 212) comme ‘’une source majeure de puissance politique’’, sera renforcé par le projet Nabucco : ‘’Nous devrions persister dans cette voie. A un certain moment, pas si lointain, des oléoducs et gazoducs allant de l’Asie centrale à l’océan Indien en passant par l’Afghanistan et le Pakistan deviendront réalisables. Voilà de bonnes choses à faire ( ! : jg).’’ (p. 199).
Or, le renforcement de l’influence américaine en Eurasie post-soviétique – via l’élargissement de l’Otan, la création d’alliances politico-militaires (du type GUAM[v]), la mise en oeuvre de politiques libérales et l’implantation de douteuses ONG – implique, de manière dialectique, la compression de la puissance russe. Cette ‘’compression’’ est d’ailleurs la condition permissive de la progression des bases américaines en zone post-communiste. Dans ce contexte, la fermeture de Manas va freiner cette stratégie offensive de Washington, qui s’inscrit dans une perceptive de long terme mais devra s’appuyer, dans un premier temps - pour la gestion de la crise afghane - sur les infrastructures russes. Ainsi, l’orientation structurelle de la ligne Brzezinski ne serait pas remise en cause, mais seulement retardée dans l’optique de s’assurer du soutien russe dans un espace géopolitique explosif et exposé aux crises nationalistes. Brzezinski (2008, p. 199) l’a reconnu sans ambages et souligné la nécessité de contenir toute velléité russe, en poursuivant le rapprochement avec les ex-républiques soviétiques de l’Asie centrale : ‘’Ce qui est vraiment important est de créer un contexte géopolitique tel que le désir nostalgique (de la Russie : jg) de redevenir une grande puissance impériale aura moins de chances de se réaliser (…)’’. Ce qui implique selon Brzezinski (2008, p. 199) ‘’d’instaurer des liens économiques plus nombreux et plus directs avec les pays d’Asie centrale en tant qu’exportateurs d’énergie (….)’’. D’autant plus que ce dernier est persuadé que ‘’la domination coloniale russe sur l’Asie centrale est une chose du passé’ (Brzezinski, 2004, p. 98). Réalisme implacable.
Ainsi, après la double perte américaine des bases militaires de Manas et de Karshi-Khanabad, la mise en cause des révolutions libérales (Géorgie, Ukraine et Kirghizstan) planifiées par Washington et enfin, l’évolution récente de la question énergétique (au profit de Moscou), la Russie tend à renforcer les bases politiques de son leadership dans l’espace post-soviétique. Cette orientation est d’ailleurs appuyée par la volonté du président Medvedev de faire de l’OTSC une organisation concurrente de l’Otan, en vue de rééquilibrer les rapports de force dans la région. En définitive, cette configuration permettra à terme, à la Russie, de renforcer son statut d’Etat majeur du nouvel ordre international et en cela, de s’opposer à une Amérique hégémone, auto-proclamée ‘’clé de voûte de la stabilité internationale’’ (Brzezinski, 2004, p. 35). Et, plus inquiétant, celle-ci reste convaincue de sa ‘’destinée manifeste’’ confiée par l’histoire en Eurasie car, selon l’étrange aveu de Brzezinski (2008, p. 284) : ‘’nous (les américains : jg) sommes exceptionnels (…)’’.
Au-delà d’un symbole géopolitique fort, Manas traduirait donc l’amorce d’un recul américain et, en ce sens, l’impasse de la stratégie post-communiste de Brzezinski sur le ‘’Grand échiquier’’ eurasien. Echec et mat.
Notes
[i] Washington serait plus conciliante sur les questions de l’Iran, du bouclier anti-missiles, de la réduction des armements nucléaires, de la politique énergétique russe et de l’avenir du Caucase.
[ii] ‘’Comment sortir intelligemment de cette folle guerre ?’’, Z. Brzezinski, Washington Post, 30/03/2008.
[iii] On rappellera : OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) et OCS (Organisation de coopération de Shanghai).
[iv] www.fr.rian.ru, ‘’Exercices de l’Otan en Géorgie : une ‘provocation ouverte’ ‘’, A. Azimov, ambassadeur russe à l’OSCE, 08/05/2009.
[v] GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie).
Jean Geronimo : Docteur en Sciences économiques, spécialiste de l’URSS et des questions russes.
Courriél : [email protected]
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AP - 23-6-9 - Les Etats-Unis vont pouvoir continuer à utiliser leur base aérienne de Manas, au Kirghizistan, cruciale pour les opérations en Afghanistan : Washington a accepté de payer un loyer trois fois plus élevé à la république d'Asie centrale.
L'ancien république soviétique avait pourtant décrété en février la fermeture de cette base. Et ce, selon les observateurs, sous pression de Moscou, qui dispose elle aussi d'une base kirghize et serait fermement hostile à une présence militaire américaine si près de son territoire et dans sa zone d'influence traditionnelle.
En vertu de l'accord passé mardi, les Etats-Unis verseront un loyer de 60 millions de dollars pour Manas, contre 17,4 millions aujourd'hui.
La base, située non loin de Bishkek, la capitale, est utilisée depuis 2001 par les forces américaines pour les combats en Afghanistan. Son importance s'est encore accrue après leur éviction d'une base en Ouzbékistan voisin en 2005.
Mardi, le chef de la diplomatie kirghize Kadyrbek Sarbaïev a affirmé que son pays s'inquiétait de la détérioration de la situation en Afghanistan et au Pakistan, craignant qu'elle ne déstabilise toute l'Asie centrale. La semaine dernière, le président afghan Hamid Karzaï était intervenu auprès de son homologue kirghize Kourmanbek Bakiev.
Ce dernier avait annoncé la fermeture à venir de la base le 3 février après avoir obtenu une promesse de prêts de 2,15 milliards de dollars de la Russie. Mais Bichkek, qui avait clairement indiqué que cette décision avait des raisons financières, avait alors ajouté que les négociations avec Washington se poursuivaient.
Outre le loyer, a précisé le ministre devant des députés russes, Washington débloquera des sommes importantes pour la modernisation de la base : 37 millions de dollars pour de nouveaux bâtiments, et 30 millions pour de nouveaux systèmes de navigation.
Le parlement kirghize pourrait donner d'ici la fin de la semaine son feu vert définitif à cet accord.
Selon le colonel Christopher Bence, commandant la base, 189.000 hommes se rendant en Afghanistan ou en revenant ont transité par Manas au cours de l'année écoulée, qui a vu 6.370 vols. AP
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MOSCOU, 23 juin 2009 - RIA Novosti. Moscou estime que la décision de Bichkek de fermer la base américaine de Manas est définitive et n'est pas à revoir, a dit mardi Andreï Nesterenko, porte-parole de la diplomatie russe, commentant l'accord entre le Kirghizstan et les USA sur la création d'un centre de transit dans l'aéroport international de Manas.
"La conclusion d'un tel accord relève, incontestablement, d'un droit souverain du Kirghizstan... Quant à la base aérienne américaine de Manas, les autorités kirghizes ont plus d'une fois déclaré que la décision adoptée en février dernier de fermer cet base militaire était définitive et n'était pas à revoir", a indiqué le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères (MID).
Les Etats-Unis et le Kirghizstan ont signé un accord sur la création d'un centre de transit dans l'aéroport international de Manas (près de la capitale Bichkek), qui héberge une base américaine.
Bénéficiant d'un mandat de l'ONU, la base aérienne américaine de Manas, d'une superficie de 224 hectares, a été ouverte en décembre 2001. En 2008, les États-Unis ont versé quelque 38 millions de dollars au Kirghizstan à titre de loyer.
Au printemps dernier, le parlement kirghiz a dénoncé l'accord conclu avec les Etats-Unis et les 11 pays membres de la coalition antiterroriste portant sur la présence de leurs contingents militaires dans la base, qui se trouve aux environs de Bichkek, capitale kirghize. Conformément à la décision du parlement, les militaires étrangers devront quitter le territoire avant le 18 août.
Sur fond d'intensification de l'effort de guerre en Afghanistan où l'opération internationale connaît dernièrement des difficultés, Washington déploie dernièrement d'importants efforts afin de conserver la base, en faisant miroiter à Bichkek une augmentation du loyer.
Les Etats-Unis intensifient en outre les négociations avec les pays d'Asie centrale sur l'acheminement de leur fret vers l'Afghanistan, la voie passant par le Pakistan étant de moins en moins sûre.
La décision de Bichkek sur la fermeture de la base a été précédée par l'octroi d'un crédit de 2 milliards de dollars et d'une aide financière de 150 millions de dollars par la Russie.
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L'EXPRESS.FR - 24/6/9 - Bichkek souhaitait fermer l'accès à une base vitale pour les troupes engagées en Afghanistan : finalement Washington a obtenu qu'elle serve tout de même au transit de matériel non militaire.
Le Kirghizstan a annoncé ce mardi avoir signé un accord avec les Etats-Unis sur le maintien de la base aérienne située à l'aéroport Manas de la capitale. Mais la base ne sera a priori utilisée que pour le transit de "marchandises", soit de matériel non militaire pour les troupes engagées en Afghanistan.
Bichkek revient donc à moitié sur sa décision, en février, de fermer d'ici mi-août cette base américaine très importante pour assurer le transit des troupes vers l'Afghanistan et permettre le ravitaillement en vol des avions militaires. Le chef de l'Etat kirghiz, Kourmanbek Bakiev, avait alors estimé que la situation en Afghanistan s'était suffisamment stabilisée pour fermer définitivement Manas.
Alors que Bichkek soufflait le chaud et le froid récemment, le colonel Christopher Bence, commandant de la base avait même indiqué la semaine dernière que ses hommes étaient "prêts" à quitter la base d'ici le 18 août.
Un accord encore flou sur certains points
Aucune précision n'a été donnée sur le contenu exact de l'accord, et notamment si les milliers de militaires qui transitent chaque année par Manas continueraient de le faire. "S'il n'y a pas d'accord sur le maintien des citernes de carburant pour le ravitaillement aérien pour l'Afghanistan, ce serait un gros problème pour les forces américaines", souligne également Paul Quinn-Judge, qui dirige le centre d'analyse International Crisis Group à Bichkek.
La base de Manas a été créée en 2001, lorsque les Etats-Unis ont lancé leur offensive en Afghanistan. Washington a aussi récemment conclu des accords de transit de matériel non militaire avec l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, deux pays d'Asie centrale frontaliers de l'Afghanistan.
Actuellement, environ 80% de l'approvisionnement des troupes en Afghanistan sont effectués à travers la passe de Khyber qui relie ce pays au Pakistan. Mais les convois américains et de l'Otan sont régulièrement attaqués sur cette route par les insurgés taliban. D'où la nécessité de diversifier la provenance du soutien logistique.
Le choc des influences de Washington et Moscou ?
Les deux gouvernements ont signé. Le Parlement de cette république ex-soviétique d'Asie centrale a commencé à examiner ce nouvel accord mardi. La commission de la Défense a déjà validé le texte que les députés devraient adopter jeudi.
Mais les tractations ne sont peut-être pas terminées... La première décision kirghize semblait avoir été guidée par la pression diplomatique russe, ce que Moscou avait démenti. Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, a estimé mardi que la conclusion d'un accord de transit américano-kirghiz était "un droit souverain de la république du Kirghizstan".
Mercredi, le ton est différent dans la presse russe... "L'information sur le maintien de la base est pour nous une surprise extrêmement désagréable. C'est un mauvais tour inattendu", a déclaré une source diplomatique au quotidien Kommersant. "La présence militaire américaine est contraire aux intérêts de la Russie et à nos accords avec les autorités kirghizes", a ajouté cette source soulignant que la Russie y apporterait "une réponse adéquate".
Une source citée par le quotidien des affaires Vedomosti parle aussi d'une "surprise après les déclarations (antérieures) des autorités kirghizes sur la décision définitive de fermer la base", estimant que Bichkek a opéré ce retour en arrière sous la pression des Américains.
Plus de 177 millions de dollars
Par "pression", Moscou entend peut-être englober la somme que Bichkek va toucher grâce à cet accord qui coure sur un an.
Le 11 juin, la Maison-Blanche promettait l'envoi de hauts-fonctionnaires qui devaient renforcer les "différentes formes de coopération entre les Etats-Unis et le Kirghizstan, notamment dans le domaine des investissements, des programmes d'échanges et des projets socio-économiques".
Elle ne faisait cependant aucune mention de la base aérienne de Manas. Fin février, Washington avait aussi dit "continuer de croire" en la possibilité de la conserver, mais pas à "n'importe quel prix".
Finalement cet accord va rapporter plus de 177 millions de dollars au Kirghizstan, a précisé le ministre kirghiz des Affaires étrangères, Kadyrbek Sarbaïev, à la tribune du Parlement.
Une somme qui comprend : 36,6 millions de dollars pour la rénovation de Manas, 30 millions de dollars pour un nouveau système de navigation aérienne, mais aussi 20 millions versés à un fonds de développement économique, 21 millions pour la lutte anti-drogue ou encore 10 millions pour la lutte anti-terroriste.
Mais elle est surtout gonflée par un loyer annuel qui a subi une hausse considérable. De 17,4 millions de dollars, il passe à 60 millions de dollars. Depuis 2005, le président kirghize obtient régulièrement des augmentations de loyer afin de le convaincre de ne pas fermer la base.
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Selon l'opposition, le gouvernement a démissionné et le président Kourmanbek Bakiev a quitté la capitale. REUTERS/STR
Roza Otounbaïeva
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Ruslan Krivobok
BICHKEK, 7/4/10 - RIA Novosti - Tout le pouvoir au Kirghizstan est passé mercredi à l'opposition, a déclaré devant les journalistes à Bichkek l'ancienne ministre des Affaires étrangères Roza Otounbaïeva, chef du gouvernement de confiance populaire.
"Le (premier ministre Daniar) Oussenov a signé une lettre de démission et me l'a remise personnellement. Le pouvoir est sous contrôle total de l'opposition. (Le président) Kourmanbek Bakiev est parti dans une destination inconnue", a-t-elle indiqué.
Selon certains médias, M. Bakiev aurait quitté Bichkek à bord d'un petit avion en compagnie de quelques personnes, peut-être à destination d'Almaty.
Des heurts entre le pouvoir et des manifestants de l'opposition ont déjà fait 40 morts et quelque 400 blessés dans la capitale Bichkek, selon le ministère de la Santé. Les troubles qui ont éclaté mardi à Talas (nord-ouest du Kirghizstan) se sont étendus mercredi à plusieurs régions du pays. Le président Kourmanbek Bakiev a décrété le couvre-feu, et la protection de la frontière a été renforcée.
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by Mohammed A. Salih
A former Kyrgyz foreign minister, Roza Otunbayeva, told CNN on Wednesday that she is now in charge of an interim government following the apparent overthrow of President Kurmanbek Bakiyev. The whereabouts of President Bakiyev is unknown but unverified reports have suggested he might be in the southern city of Osh, or in Manas airbase, the base used by the U.S. military.
Thousands of people took to the streets in major cities across the country over the last two days, protesting against corruption and increasing utility costs. The protests turned violent, especially in the capital Bishkek on Wednesday, where nearly 40 people were killed and 400 other injured, according to ministry of health sources. However, opposition leaders told the Associated Press that 100 people have been killed.
Anti-government demonstrators have reportedly seized the state security headquarters and television as well as other institutions, in what opposition leaders have called a new revolution.
The interim leader, Otunbayeva, is a seasoned politician who was a foreign minister before the country’s Tulip Revolution five years ago. She also served in various positions during the Soviet era, including ambassador to Malaysia.
Political turmoil is nothing new to Kyrgyzstan. In 2005, Kyrgyz protestors toppled the government of Askar Akayev following disputed parliamentary elections. Akayev’s ouster was due to deep public dissatisfaction with corruption and authoritarianism in his government. He had ruled the country since its independence after the Soviet Union’s collapse in 1990.
The news of ongoing unrest in the central Asian republic has been received with concern by Washington. The U.S. embassy in Bishkek said it was "deeply concerned" about "civil disturbances" in the country, in a statement released on Wednesday.
Saying that the situation in Kyrgyzstan was "still very fluid", John Kerry, the chair of the Senate Committee on Foreign Relations, expressed "regret for the loss of life" in the country and called on all sides to be "calm and refrain from violence". He called upon Kyrgyz parties to address the "underlying political, economic and social issues" in a "transparent process that brings stability and fundamental rights to all."
The U.S. State Department said that transport operations at the Manas military installation outside Bishkek have been "functioning normally." The U.S. military has used the base over the past several years as a staging post for its operations in Afghanistan. Despite the call for the base’s closure by opposition leaders reportedly in charge now, it remains to be seen whether the new government will take practical steps toward that end.
There are worries in the U.S. that the new opposition-led government may increase the rent for Manas base by renegotiating the terms of its agreement with the U.S., according to Foreign Policy’s Cable blog. Such a renegotiation, Cable said, may offer Russia an opportunity to influence an agreement over the base.
Last year, the country’s parliament, in which opposition parties had a powerful presence, voted to close the base due to a failure of U.S. and Kyrgyz governments to agree on a higher rent for the facility. According to some reports, Bishkek’s decision to close the base had been motivated by a promise of a lucrative aid package from Russia.
Moscow has been increasingly concerned about the U.S. military’s prolonged stay on its neighbor’s soil.
But after President Barack Obama’s personal intervention, Washington agreed to triple the rent from less than 20 million dollars per year to 60 million. Kyrgyzstan renewed the contract but renamed the base a "transit center" and imposed a condition on the U.S. to use the Manas base for the transit of "non-lethal" goods to Afghanistan.
Some have speculated about a possible Russian role in the current situation in Kyrgyzstan. Russia had reportedly caused a spike in gasoline and fuel prices in Kyrgyzstan by imposing new customs duties on petroleum products exported to the small central Asian nation.
"Many political experts in Bishkek believe Moscow is punishing Bakiyev for his administration’s failure to evict American forces from the Manas air base," David Trilling and Chinghiz Umetov wrote Tuesday in the New York-based EurasiaNet, a news and analysis website on Eurasian nations.
President Bakiyev, who was initially known as a pro-U.S. figure, started to play Moscow and Washington against each other. Although he came to power following the Tulip Revolution with a promise of democratic and transparent governance, he soon started to turn Kyrgyzstan into a one-party state.
The country was run by a small clique of President Bakiyev and his relatives, sparking widespread frustration among Kyrgyz. In recent months, the government had increased its crackdown on the opposition and its media.
Kyrgyzstan, one of the poorest republics of the former Soviet Union, has been an economically impoverished nation since its independence in 1990s.
by Mohammed A. Salih
Inter Press Service - 9/4/10 - Kyrgyzstan’s new leaders sought to reassure Washington Thursday that it can continue to use the strategic Manas airbase near the capital Bishkek as a supply link for U.S. operations in Afghanistan.
Roza Otunbayeva, the head of the interim government, told reporters in Bishkek that as far as the base’s fate was concerned, "the status quo would remain."
Otunbayeva’s remarks came amid growing uncertainty over whether the new Kyrgyz authorities would allow the U.S. to use the base.
However, the Kyrgyz leader also said new issues needed to be considered, without elaborating further. That might suggest the new government will seek a renegotiation and possibly increase the annual rent of around 60 million dollars that the U.S. pays to use the airbase.
The remarks by Otunbayeva, a former foreign minister, came after some opposition leaders had called Wednesday for the closure of the base.
U.S. officials say that despite the political turbulence in Kyrgyzstan, the Manas airbase is still operating.
"Currently there are limited operations at Manas airfield," Reuters news agency quoted Pentagon spokesman Bryan Whitman as saying. "Our support to Afghanistan continues and has not been seriously affected. And we are hopeful that we will be able to resume full operations soon."
On Wednesday, anti-government protestors overthrew the government of President Kurmanbek Bakiyev in a brief but violent uprising. Otunbayeva has said that her government is now in charge and has appointed new ministers.
Thousands of people took to the streets in major cities across the country on Tuesday and Wednesday protesting against corruption and increasing utility costs. The protests turned violent, especially in Bishkek on Wednesday, where nearly 40 people were killed and 400 others injured, according to ministry of health sources. However, opposition leaders told the Associated Press that 100 people had been killed.
The exact whereabouts of President Bakiyev is unknown, but according to the BBC Russian service, he is somewhere in his home province of Jalal Abad in the southern part of the country. Bakiyev told BBC Russian that he refuses to "admit defeat in any way" but has acknowledged that he holds no "real levers of power."
The interim leader, Otunbayeva, is a seasoned politician who was a foreign minister before the country’s Tulip Revolution five years ago. She also served in various positions during the Soviet era, including ambassador to Malaysia.
Political turmoil is nothing new to Kyrgyzstan. In 2005, Kyrgyz protestors toppled the government of Askar Akayev following disputed parliamentary elections. Deep public dissatisfaction over corruption and Akayev’s perceived authoritarianism played a major role in his ouster during the Tulip Revolution. He had ruled the country since its independence in the wake of the Soviet Union’s collapse in 1990.
The close ties between the new Kyrgyz leaders and Russia could be worrying for the U.S. Russian Prime Minister Vladimir Putin was the first world leader to recognize the legitimacy of the new government in Bishkek.
The U.S. has so far refrained from any comments on the legitimacy of the new opposition-led government, although the U.S. embassy in Bishkek said on Wednesday it was "deeply concerned" about "civil disturbances" in the country.
There had been concerns in Washington that the opposition takeover would plunge the fate of Manas base into uncertainty.
Last year, the country’s parliament, in which the opposition parties had a powerful presence, voted to close down the base due to a failure of U.S. and Kyrgyz governments to agree on a higher rent for the facility.
But after President Barack Obama’s personal intervention, Washington agreed to triple the rent from less than 20 million dollars per year to 60 million dollars. Kyrgyzstan renewed the contract but renamed the base a "transit center" and imposed a condition on the U.S. to use the Manas base for the transit of "non-lethal" goods to Afghanistan.
According to some reports, Bishkek’s decision to close the base had been motivated by the promise of a lucrative aid package of 2.15 billion dollars from Russia. Moscow has been increasingly concerned about U.S. military’s prolonged stay on its neighbor’s soil. Kyrgyzstan is also home to a Russian base.
Some experts believe the new government cannot afford to shut down the base, especially since it needs international recognition and backing.
"If the opposition talks about closing Manas, they would burn their bridges with the West before building them," Oksana Antonenko, a Russia expert at the London-based Institute of International Strategic Studies, told the Christian Science Monitor. "The people who are putting this unity government together, I don’t think they are corrupt and looking to enrich themselves."
President Bakiyev, who was initially known as a pro-U.S. figure, started to play Moscow and Washington against each other. Although he came to power following the Tulip Revolution with a promise of democratic and transparent governance, he soon turned Kyrgyzstan into a one-party state.
The country was run by a small clique of Bakiyev and his relatives, sparking widespread frustration among Kyrgyz. In recent months, the government had increased its crackdown on the opposition and its media.
"Many political experts in Bishkek believe Moscow is punishing Bakiyev for his administration’s failure to evict American forces from the Manas air base," David Trilling and Chinghiz Umetov wrote Tuesday in the New York-based EurasiaNet, a news and analysis website on Eurasian nations.
Russia had reportedly caused a spike in gasoline and fuel prices in Kyrgyzstan by imposing new customs duties on petroleum products exported to the small central Asian nation.
Kyrgyzstan, one of the poorest republics of the former Soviet Union, has been an economically impoverished nation since its independence in 1990s.
(Inter Press Service)
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Par Bérénice Dubuc
20 minutes.fr - 8/4/10 - Jusqu’à mercredi, placer le Kirghizistan sur une carte s’avérait un exercice compliqué pour bon nombre de gens. Ce petit pays d'Asie centrale, enclavé entre la Chine, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, était largement méconnu du grand public. Mais le soulèvement de mercredi l’a mis sur le devant de la scène médiatique, et révélé ses divisions nord-sud.
Cette division est géographique, mais aussi économique et sociale. La population du nord est réputée plus riche, plus urbaine et considérée comme l'élite, alors que celle du sud, est plus pauvre, rurale et conservatrice. Cette division nord-sud, alimentée par des luttes de clans, a déjà été à l’origine de la révolution de mars 2005 dans le pays. Car s’il est considéré par les observateurs occidentaux comme l’un des anciens pays du bloc de l’Est les plus stables d’Asie Centrale, le Kirghizstan a connu des crises à répétition depuis son indépendance en 1991.
La «révolution des Tulipes»
A cette date, le peuple élit Askar Akaïev président. Ce dernier, un apparatchik soviétique du nord du pays, exerce un pouvoir autoritaire. En mars 2005, les élections législatives sont entachées d’irrégularités, et des troubles éclatent, notamment dans le Sud. Les manifestants exigent la démission du gouvernement. Ils gagnent la capitale, Bichkek, et prennent d’assaut l'immeuble abritant la présidence. Askar Akaïev prend la fuite.
Cette «révolution des Tulipes» permet à l’opposition d’établir un gouvernement intérimaire. Kourmanbek Bakiev, issu d’un clan du Sud, est élu président en juillet 2005. Il promet de réformer le pays et les institutions. Un an après la «révolution des Tulipes», une nouvelle opposition réunissant d’anciens alliés de Bakiev et d'anciens partisans d'Akaïev se structure. Elle accuse le président de népotisme et de corruption, et exige la mise en œuvre des réformes démocratiques promises.
Soulèvement des villes du Nord
Jusqu'en 2009, les observateurs étrangers classaient le Kirghizistan comme le pays le plus démocratique d'Asie centrale. Mais, depuis cette date et la réélection entachée de fraudes et d'irrégularités de Bakiev, la présidence a resserré son emprise sur le pouvoir. Après la démission du Premier ministre Felix Koulov, originaire du Nord, Bakiev a mis sous sa coupe la plupart des ministères importants, et ne laissait qu’un espace très réduit à l'opposition politique et à la presse.
De plus, le fait que les postes-clé ne soient plus partagés entre Kirghizes du Nord et du Sud a pu relancer d'éventuelles tensions régionalistes, jusqu’au dernier soulèvement en date. Mercredi, ce sont en effet les villes du Nord (Talas, Tokmok, Bichkek et Naryn) qui se sont rebellées, permettant à l'opposition de se hisser au pouvoir, alors que les villes du Sud sont restées calmes.
Présence américaine et influence sino-russe
Cette division nord-sud et les soulèvements qui en découlent sont très observés par la communauté internationale, parce que ce pays méconnu a une situation géographique hautement stratégique. Il abrite en effet une base américaine à Manas, au Nord, ouverte en 2001, au lendemain des attentats du 11-Septembre, lors du compte à rebours de l'invasion de l'Afghanistan. Elle est le point de transit des forces de l'Otan et du matériel militaire vers l'Afghanistan : elle voit passer 35.000 soldats occidentaux chaque mois.
Une présence américaine qui exalte l’intérêt des puissances entourant l’Asie centrale (Russie, Chine et Iran). Le pays est, comme tous ses voisins en «stan», toujours convoité par Moscou, qui cherche à y garder son influence pour contrer celle des Etats-Unis. La Chine voisine tente elle aussi de plus en plus d’étendre son emprise sur le territoire, avec le même objectif. Un mélange explosif pour la stabilité du pays.
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© RIA Novosti. Vladislav Ushakov
WASHINGTON, 8/4/10 - RIA Novosti - Les vols militaires américains à partir de l'aéroport de Bichkek, où Washington dispose d'une base aérienne clé pour ses opérations en Afghanistan, sont actuellement "limités", mais se poursuivent toujours, a assuré jeudi Bryan Whitman, porte-parole du Pentagone.
"Les troubles au Kirghizstan n'ont pas sérieusement affecté le ravitaillement des troupes américaines en Afghanistan, qui transite en partie par la base de Manas (…) Nous espérons reprendre prochainement la totalité de nos opérations", a-t-il ajouté.
La base de Manas est cruciale pour les Etats-Unis. C'est par elle que transitent la plupart de ses soldats déployés en Afghanistan, tout comme leur ravitaillement et leurs équipements.
La base militaire américaine a été créée en 2001 dans l'aéroport international de la capitale kirghize dans le cadre de "l'opération antiterroriste" [sic] "Liberté immuable" [sic] en Afghanistan.
En 2009, Bichkek a déclaré le départ définitif des militaires US. Par la suite, cette base a été transformée en centre de transit américain destiné à soutenir les opérations de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan.
Depuis mardi dernier, le Kirghizstan est en proie à des troubles sur fond de heurts entre le pouvoir et l'opposition qui ont fait au moins 74 morts et plus de 500 blessés.
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La base US à Manas © RIA Novosti. Vlad Ushakov
BICHKEK, 9/4/10 - RIA Novosti - Le gouvernement intérimaire du Kirghizstan entend décider sous peu du sort du centre de transit américain destiné à soutenir les opérations de l'ISAF en Afghanistan, a annoncé vendredi Omourbek Tekebaïev, vice-premier ministre au sein dudit gouvernement.
"Le gouvernement intérimaire devra exprimer sous peu son attitude sur cette question, le sort de la base aérienne préoccupant l'opinion kirghize, la Russie et les Etats-Unis", a-t-il indiqué.
Et de supposer que "des changements seraient inévitables" dans les priorités de la politique extérieure de Bichkek.
"Quoi qu'il en soit, la Russie, le Kazakhstan, ainsi que nos voisins d'Asie centrale resteront invariablement nos principaux partenaires", a conclu M.Tekebaïev.
La base militaire américaine a été créée en 2001 dans l'aéroport international de la capitale kirghize dans le cadre de l'opération antiterroriste "Liberté immuable" en Afghanistan. En 2009, Bichkek a déclaré le départ définitif des militaires US. Par la suite, cette base a été transformée en centre de transit américain destiné à soutenir les opérations de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan.
La base de Manas est cruciale pour les Etats-Unis. C'est par elle que transitent la plupart de ses soldats déployés en Afghanistan, tout comme leur ravitaillement et leurs équipements.
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AP News - 8/4/10 - Kyrgyzstan's uprising has raised questions about the future of Manas, a U.S. air base in the Central Asian country that is key to the war in nearby Afghanistan. Here are some key facts about the facility.
_Russia, the regional powerhouse, views the base as an irritant.
_A yearlong lease on it with Kyrgyzstan's government expires in July.
_The opposition, which now controls much of Kyrgyzstan, has previously opposed Manas. But opposition leader Roza Otunbayeva said there were no plans to review the lease and her government would meet U.S. diplomats for talks.
_The U.S.-built base began operating several months after the Sept. 11, 2001, terror attacks and is premier air mobility hub for U.S. and NATO forces in Afghanistan.
_Around-the-clock missions include aerial refueling, airlifts and airdrops, medical evacuations and general support for forces and cargo going in and out of Afghanistan.
_The main aircraft at the base are U.S., French and Spanish aerial refueling tankers.
_In 2008, Manas refueled nearly 11,500 aircraft over Afghanistan, and moved about 170,000 personnel. In March 2010, nearly 50,000 troops passed through Manas into or out of Afghanistan.
_The base has around 1,100 military personnel assigned, mostly U.S., Spanish and French troops. About 600 of the base's 750 contract employees are locals.
_In 2008 the base contributed an estimated $64 million to the local economy. Base personnel assist local charities and one has invested nearly $200,000 in local communities.
_Public anger at the base swelled after a U.S. serviceman who allegedly shot and killed a Kyrgyz civilian in December 2006 never stood trial and returned home.
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Source for facts about the base : U.S. Central Command.
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Le président déchu kirghiz Kourmanbek Bakiev
MOSCOU, 9/4/10 - RIA Novosti - Le président déchu kirghiz Kourmanbek Bakiev, qui a fui mercredi la capitale Bichkek, sera privé de son immunité par un décret qui sera signé dans la nuit de vendredi à samedi par le gouvernement intérimaire formé par l'opposition, a annoncé Azimbek Beknazarov, membre du nouveau cabinet.
L'opposition arrivée au pouvoir au Kirghizstan adoptera un décret remplaçant de fait la Constitution en vigueur et permettant de priver M. Bakiev de son immunité présidentielle, a indiqué M.Beknazarov avant de préciser qu'une enquête pénale avait déjà été ouverte contre le président réfugié dans le sud du pays.
Plus tôt dans la journée, Roza Otounbaïeva, chef du gouvernement intérimaire, a garanti la sécurité personnelle au président Bakiev à condition qu'il démissionne et quitte le Kirghizstan. Le président déchu refuse d'abandonner ses fonctions tout en reconnaissant qu'il ne contrôle pas la situation dans le pays.
M. Bakiev a fui la capitale Bichkek mercredi soir après des affrontements sanglants entre policiers et manifestants de l'opposition, qui ont fait 76 morts et 1.520 blessés. Le gouvernement de confiance populaire formé par l'opposition a dissous le gouvernement et le parlement et assume la totalité du pouvoir.
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Voila.fr - Monde (AFP) - 10/4/10 - Le gouvernement par intérim issu du soulèvement sanglant a promis jeudi 8 avril l'organisation d'une élection présidentielle dans les six mois, mais le président évincé Kourmanbek Bakiev, réfugié dans son fief du sud du pays, a refusé de démissionner.
Près de 10.000 personnes se sont réunies au cimetière d'Ata-Beiit, surplombé par des montagnes à 40 km de Bichkek, pour une cérémonie d'adieu à 16 victimes des affrontements de mercredi. Selon un nouveau bilan, les violences entre manifestants et policiers ont fait 79 morts.
Les corps enveloppés dans des draps et des drapeaux kirghiz ont été placés devant la foule avant d'être mis en terre dans ce lieu de recueillement qui abrite un monument aux victimes des répressions staliniennes.
Les dirigeants du gouvernement formé par l'opposition au président déchu Kourmanbek Bakiev, se sont inclinés devant les tombes au son de chants traditionnels kirghiz et de prières.
"Ce régime (déchu) est devenu l'ennemi du peuple car il a tiré sur des patriotes, les meilleurs fils de la nation et nous, nous ferons tout pour installer un pouvoir juste", a déclaré la chef du gouvernement provisoire, Rosa Otounbaïeva.
"Nous allons construire une véritable démocratie car sinon les âmes des morts ne nous le pardonneront pas", a renchéri son adjoint, Omourbek Tekebaïev.
A Bichkek, comme ailleurs dans le pays, la journée s'est déroulée sans incidents, alors que le gouvernement accuse M. Bakiev de vouloir reprendre le pouvoir en organisant une rébellion dans le sud du pays, son bastion.
La stabilité du Kirghizstan, dont l'économie est en morceaux, est essentielle pour les Etats-Unis qui y maintiennent une base aérienne clé pour déployer leurs militaires en Afghanistan.
L'armée américaine a d'ailleurs décidé d'y suspendre ses vols transportant les soldats. L'ambassade américaine a cependant indiqué que du "matériel médical et de l'aide" étaient donnés au Kirghizstan depuis Manas.
"La décision a été prise vendredi soir de temporairement détourner les vols de transport de passagers. Le centre de transit de Manas mène d'autres opérations de vol et continue de soutenir les opérations en Afghanistan", a indiqué un porte-parole de la base, lisant un communiqué de l'armée.
Par ailleurs, un rassemblement populaire traditionnel à Djalal-Abad (sud), où M. Bakiev est réfugié, a été annulé samedi matin alors que les autorités craignaient qu'il ne dégénère en affrontements entre partisans et opposants au président déchu.
Certains de ses partisans ont cependant exprimé leur colère: "Bakiev faisait de son mieux, c'est injuste ce qui lui est arrivé. Pourquoi les gens sont contre lui maintenant?", se lamentait une femme en larmes.
La chef du gouvernement a annoncé vendredi qu'elle invitait le président déchu à quitter le pays, lui garantissait sa sécurité. M. Bakiev a lui exclu de démissionner et de partir, estimant que ses détracteurs poussaient le pays à la guerre.
Enfin, alors que le gouvernement provisoire est confronté à des difficultés financières, un de ses représentants, Almazbek Atambaïev, est attendu samedi soir à Bichkek après un déplacement à Moscou où il a rencontré le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, afin de demander une aide économique.
Les autorités kirghizes ont accusé l'entourage de M. Bakiev d'avoir vidé les caisses de l'Etat avant de fuir.
Les détracteurs du président déchu le jugent coupable d'avoir mis en place un vaste système de corruption profitant à sa famille. Ces accusations et la misère dans le pays sont à l'origine des manifestations qui ont dégénéré en bain de sang mercredi.
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By Philip P. Pan
BISHKEK, KYRGYZSTAN -10/4/10 - In a remarkable role reversal, Russia has positioned itself as a supporter of democratic reform and the protests that toppled this nation's autocratic president, while the United States is increasingly viewed here as a cynical bully, backing a corrupt, abusive leader who refuses to resign.
Those perceptions, expressed by ordinary people as well as members of the opposition coalition now in control of most of Kyrgyzstan, have been fueled by Moscow's quick embrace of the new government and Washington's more cautious response -- and it could spell trouble for a U.S. air base here critical to the NATO campaign in Afghanistan.
Opponents of President Kurmanbek Bakiyev, who has gone into hiding in the nation's south, have long accused the United States of refraining from criticizing his record of political repression out of fear of losing access to the Manas air base. Now they are asking why the Obama administration has yet to endorse their interim government -- and whether such hesitation might embolden Bakiyev to attempt to retake power by force.
At the same time, the new Kyrgyz administration has thanked Russia for ratcheting up economic pressure on Bakiyev in the months before this week's protests and for publicly describing his government as ridden with corruption and nepotism. In remarks that might surprise Russia's own hard-pressed democratic opposition, several members of Prime Minister Vladimir Putin's ruling party have called for Kyrgyzstan's interim leaders to undertake political reforms.
"They must take extreme measures to liberalize the political system, guarantee media freedom, including to opposition outlets, and enable the normal development of businesses," said Alexei Ostrovsky, chairman of a Russian parliamentary committee, echoing demands that are often directed at the Kremlin.
When mass protests toppled corrupt governments in Georgia, Ukraine and Kyrgyzstan in what became known as the "color revolutions" several years ago, Russia was linked to the ousted leaders while the United States backed the protesters. But Washington's relationship with Bakiyev and the fatal shooting of a Kyrgyz truck driver during a U.S. security check in 2006 have left the public here deeply skeptical of the United States.
Anger toward U.S.
Thousands gathered in Bishkek's central square Friday to mourn the 76 people killed when Bakiyev's security forces opened fire on protesters two days ago, and sentiment in the crowd seemed firmly against Washington, with rumors spreading that American weapons had been used in the shootings. Many asked why Washington has not publicly repudiated Bakiyev the way the Kremlin has.
"If the U.S. government covers up for Bakiyev or his supporters, we'll know and assume that the United States had something to do with his crimes," said Erkin Dosumbayev, 42.
In an interview Friday, the leader of the transitional government, Roza Otunbayeva, said bluntly that Washington had made its occupancy of the Manas air base a higher priority than support of the Kyrgyz people.
"We're not just a developing country in any part of the world but a part of the former Soviet Union," she said. "You came to us to help us build democracy, and then just one day, you put your hands over your mouth just to have a base."
"In the most dramatic days of our lives, we never got any support and words of sympathy," she added. "Papers were closed. Journalists have been killed. . . . We had very difficult days."
Otunbayeva, a former diplomat considered a proponent of Western ideals, acknowledged that U.S. officials had raised concerns with Bakiyev behind closed doors. She said, however, that such "silent diplomacy" didn't work and accused the U.S. ambassador, Tatiana C. Gfoeller, of placing too much emphasis on maintaining ties with Bakiyev's family.
By contrast, she said, the Russian government -- and Putin, in particular -- issued "very, very strong" criticism of Bakiyev. "This was striking for us," she said.
Putin offered economic aid to Otunbayeva in a phone call Thursday, all but recognizing her government less than a day after it was established. But she said the most senior U.S official to speak to her has been the deputy chief of mission at the embassy in Bishkek.
U.S. air base's future
Some members of her government have complained, contrasting that treatment with the swift, high-level U.S. support that Bakiyev received in 2005 when he ousted his predecessor in the mass protests known as the Tulip Revolution. But others more sympathetic to Washington have said the situation is different because Bakiyev has refused to resign.
A senior Obama administration official, speaking on the condition of anonymity, said the U.S. response was still evolving because "we're trying to find out exactly what's going on."
"It's inaccurate to say we're supporting Bakiyev. We're reaching out to all people," he said, adding that he has been in contact with Otunbayeva's chief of staff. "I suspect tomorrow even higher levels of interaction will take place."
The official said the U.S. government was also in touch with Bakiyev through intermediaries but stopped short of saying it was urging him to resign.
State Department spokesman P.J. Crowley denied that the United States had refrained from criticizing Bakiyev. "We've been very clear in our concerns about the government, its abuses, its corruption," he said.
Washington's image problem in Kyrgyzstan, along with the goodwill toward Russia generated by its moves against Bakiyev, could jeopardize the future of the U.S. air base because at least some senior Russian officials believe it represents an intrusion on Moscow's sphere of influence and have urged its closure. One official told reporters at a summit in Prague this week that Kyrgyzstan should host only one military base -- a Russian one.
Late Friday, the U.S. military suspended many of its flights in and out of the base for the second time in two days, said Maj. John A. Redfield, a spokesman for the U.S. Central Command. All flights transporting military personnel were suspended, but others -- such as supply and refueling missions for operations in Afghanistan -- were continuing on a case-by-case basis.
Staff writers Mary Beth Sheridan and Craig Whitlock in Washington contributed to this report.
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© OTSC
MOSCOU, 11/4/10 - RIA Novosti - Le Kirghizstan poursuivra sa coopération avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), et respectera tous les engagements assumés dans le cadre de l'"OTAN russe", a déclaré dimanche à Bichkek Ismaïl Issakov, ministre de la Défense au sein du gouvernement provisoire.
"Tous les engagements pris jusqu'à présents dans le cadre de l'OTSC seront strictement respectés par le Kirghizstan", a déclaré Ismaïl Issakov lors d'une rencontre avec le secrétaire adjoint de l'OTSC Valeri Semerikov.
"Le ministère kirghiz de la Défense à l'intention de maintenir des contacts permanents avec le secrétariat de l'OTSC afin de résoudre les problèmes en cours", a indiqué M. Issakov.
Selon le porte-parole de l'OTSC Vitali Strougovets, une délégation de l'Organisation comprenant deux secrétaires adjoints, Valeri Semerikov et Alexandre Bazavliouk, est arrivée dans l'ancienne république soviétique jeudi.
Des rencontres avec les leaders des partis politiques et les chefs des forces de l'ordre sont au menu de la visite. Un rapport sur la situation au Kirghizstan sera également préparé au terme de la visite.
Des affrontements ont éclaté mercredi dernier entre les manifestants et les forces de l'ordre, faisant au total 81 morts. Les violences ont forcé le président Kourmanbek Bakiev à fuir. Ce dernier a trouvé refuge dans son fief de Djalal-Abad (sud).
L'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) est une alliance militaire menée par la Russie comprenant également la Biélorussie, l'Arménie et quatre républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Tadjikistan), tous anciens membres de l'Union soviétique.
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MOSCOU, 7-5-10 - RIA Novosti - Le parquet kirghiz a fait soumis à la Biélorussie une demande d'extradition visant l'ex-président Kourmanbek Bakiev qui s'était réfugié à Minsk après avoir été renversé en avril dernier, a annoncé vendredi le vice-premier ministre Azimbek Nazarov.
"Le parquet général du Kirghizstan a adressé le 6 mai au parquet biélorusse une demande d'extradition visant Bakiev", a expliqué le responsable gouvernemental en charge des forces de l'ordre nationales.
Bichkek accuse notamment M. Bakiev d'être impliqué dans le massacre de civils lors des troubles des 6 et 7 avril qui ont fait plus de 90 morts et près de 1.500 blessés dans différentes villes du pays.
Voila.fr - 14/5/10 - Une personne a été tuée et près de 60 blessées dans des affrontements vendredi dans le sud du Kirghizstan entre les partisans et les opposants du gouvernement intérimaire, plongeant de nouveau dans le chaos ce pays d'Asie centrale un mois après une révolution sanglante.
Des tirs ont retenti des deux côtés et des pierres ont été jetées à Djalal-Abad, bastion du président déchu Kourmanbek Bakiev, au cours d'accrochages auxquels ont participé quelque 5.000 personnes.
A Djalal-Abad, une personne a été tuée et 59 blessées, dont 26 par balles, a indiqué vendredi soir le ministère de la Santé.
Pour sa part, un médecin de l'hôpital régional de Djalal-Abad a déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées, tandis qu'une porte-parole du comité de soutien à M. Bakiev, Djanara Moldokoulova, a fait état de huit morts.
Des partisans du président déchu - des femmes pour la plupart - avaient pris jeudi le contrôle des administrations régionales de Djalal-Abad, Och et de Batken, les trois régions du sud du pays.
Vendredi, les partisans du gouvernement intérimaire ont repris le contrôle de l'administration régionale de Djalal-Abad, a indiqué le service de presse du gouvernement.
Mme Moldokoulova a déclaré à l'AFP que quelque 1.500 personnes avaient pris part aux protestations à Djalal-Abad.
A Och, autre grande ville du sud, une bagarre a éclaté entre 400 partisans du gouvernement intérimaire et ceux de M. Bakiev. Le gouvernement intérimaire y a aussi repris vendredi le contrôle de l'administration régionale.
Ces événements surviennent alors que le Kirghizstan a été le théâtre d'une révolution sanglante en avril à Bichkek, la capitale, qui a fait 86 morts.
Les Etats-Unis, qui disposent dans ce pays d'une base aérienne essentielle au déploiement des troupes en Afghanistan, ont fait part de leur "inquiétude" après ce regain de violences.
"L'ambassade des Etats-Unis est inquiète à la suite des informations sur les tirs et autres violences", indique un communiqué, qui appelle les parties en conflit à "ne pas avoir recours à la violence".
La Russie, qui soutient les autorités intérimaires, dispose elle aussi d'une base militaire dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective (ODKB) menée par Moscou.
L'envoyé spécial du Kremlin pour le Kirghizstan Vladimir Rouchaïlo, nommé la veille, s'est rendu vendredi à Bichkek, où il a eu des entretiens avec le chef du gouvernement intérimaire Rosa Otounbaïeva.
"Notre objectif est d'aider le Kirghizstan sous tous les aspects", a déclaré M. Rouchaïlo.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a toutefois assuré devant la presse que la Russie ne "devait pas intervenir" dans les affaires kirghizes.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé "tous les acteurs politiques, au sein du gouvernement provisoire comme à l'extérieur", à "tout faire pour calmer la situation et (à) ne pas contribuer à une escalade en organisant des démonstrations de force".
Le regain de tension est un test pour le nouveau régime, dont l'arrivée au pouvoir avait dès le début suscité la méfiance dans le sud, terre natale de Kourmanbek Bakiev, désormais exilé au Bélarus.
"Les adversaires du nouveau pouvoir ne veulent pas reconnaître que les habitants de toutes les régions sans exception au Kirghizstan ne veulent plus de l'ancien régime corrompu", a déclaré Mme Otounbaïeva dans un communiqué.
Elle a affirmé que les tirs étaient le fait de partisans de M. Bakiev.
Rosa Otounbaïeva a indiqué que plusieurs partisans de M. Bakiev, dont l'ancien chef de l'administration présidentielle, avaient été arrêtés.
Kourmanbek Bakiev avait lui-même été porté au pouvoir en mars 2005 par une révolution qui avait débuté dans le sud avant de remonter sur Bichkek. Mais au cours de sa présidence rocambolesque, il avait renoué avec les dérives du régime autoritaire et clientéliste qu'il avait renversé.
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BICHKEK, 14/5/10 - RIA Novosti - La Russie accordera au Kirghizstan un concours tous azimuts pour que la situation dans le pays revienne au plus vite à la normale, a déclaré vendredi à Bichkek Vladimir Rouchaïlo, envoyé spécial du président russe.
"Notre objectif est d'aider le Kirghizstan sur toutes les directions", a-t-il dit à la sortie d'un entretien avec la présidente du gouvernement kirghiz intérimaire Rosa Otounbaïeva.
M. Rouchaïlo et Mme Otounbaïeva ont longuement discuté de la situation au Kirghizstan et des mesures à adopter pour la stabiliser.
"Nous devons sortir de l'impasse, et la Russie est prête à nous aider, tant sur le plan politique qu'économiquement", a-t-elle dit.
Et d'ajouter que les troubles des 12-14 mai dans la république ont été financés par des pro-Bakiev qui se cachaient à l'étranger.
Des affrontements entre les fidèles du président déchu et les membres du parti Ata-Meken, qui soutient le gouvernement intérimaire, ont éclaté vendredi à Djalal-Abad (sud) où les positions du clan Bakiev sont particulièrement fortes.
Jeudi, ils ont occupé les sièges des trois administrations régionales du sud du pays (Och, Djalal-Abad et Batken). Le sud du Kirghizstan, bastion du président déchu et de ses proches, est considéré par certains analystes comme le principal foyer d'opposition au gouvernement intérimaire, plus populaire dans le nord du Kirghizstan.
Le gouvernement intérimaire du Kirghizstan a évalué la situation dans le sud du pays comme une "tentative de revanche des partisans de Bakiev" qui ont tenté de reprendre le pouvoir.
Depuis un certain temps, la situation dans le sud du Kirghizstan tend à se stabiliser. Les administrations régionales occupées par les pro-Bakiev sont à nouveau passées sous le contrôle du gouvernement intérimaire.
Le gouvernement intérimaire avec à sa tête l'ex-ministre des Affaires étrangère, Rosa Otounbaïeva a été mis en place après le soulèvement populaire le 8 avril dernier qui a fait 85 morts et a forcé à l'exil en Biélorussie le président Kourmanbek Bakiev qui a été inculpé le 27 avril pour meurtres. Le gouvernement intérimaire réclame son extradition.
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RIA Novosti - BICHKEK, 9-6-10 - Les nouvelles autorités kirghizes offrent une récompense de 100.000 dollars à toute information permettant de capturer le président déchu Kourmanbek Bakiev, ses frères et ses fils, a annoncé mercredi à Bichkek Samat Bakeev, chef de département au ministère kirghiz de l'Intérieur.
"Les organes judiciaires de la république ont lancé un mandat de recherche international contre 36 personnes - membres de la famille de Kourmanbek Bakiev et de son entourage - dont 25 sont recherchées par le ministère de l'Intérieur, neuf par la police financière et deux par la sécurité nationale", a indiqué M.Bakeev devant les journalistes.
Les informations sur l'ancien premier ministre kirghiz Daniyar Oussenov et d'autres fonctionnaires de haut rang de l'ancien régime seront récompensées par la même somme, a ajouté le responsable.
Le président kirghiz Kourmanbek Bakiev, au pouvoir depuis 2005, a quitté le pays à la suite des heurts entre les représentants de l'opposition et la police qui ont fait près de 90 morts à Bichkek début avril. Les principaux partis d'opposition ont formé un gouvernement de coalition intérimaire. Les nouvelles autorités ont lancé une enquête sur les activités du président déchu, des membres de sa famille et de ses collaborateurs les plus proches accusés d'abus de pouvoir, de corruption et de la mort des manifestants lors des troubles d'avril.
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Voila.fr - 12-6-10 - Le Kirghizstana décrété samedi l'état d'urgence dans une deuxième ville du Sud de ce pays d'Asie centrale à la suite de violences interethniques meurtrières, et la Russie lui a accordé une aide humanitaire, mais lui a refusé une assistance militaire.
L'état d'urgence a été décrété à Djalal-Abad par le gouvernement intérimaire, "contraint de prendre cette décision car la zone de déstabilisation s'étend", a déclaré son chef adjoint, Azimbek Beknazarov, à la télévision nationale.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé avoir autorisé les forces de l'ordre à tirer sans sommations sur des groupes utilisant des armes à feu dans le sud du pays.
"Depuis hier (vendredi), la situation est devenue incontrôlable", a souligné la présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, après une deuxième journée de violences entre Kirghiz et membres de la minorité ouzbèke. Celles-ci ont au total fait au moins 75 morts et près d'un millier de blessés, selon un nouveau bilan du ministère kirghiz de la Santé.
Le gouvernement provisoire, qui s'est emparé du pouvoir après un soulèvement populaire début avril à l'origine de la fuite du président Kourmanbek Bakiev, a appelé les officiers retraités de la police et de l'armée à se rendre dans la région d'Och, afin d'"empêcher une guerre civile".
"Les autorités seront reconnaissantes envers tous les volontaires qui sont prêts à aider à empêcher une guerre civile dans le sud du Kirghizstan", a déclaré M. Beknazarov.
Vendredi, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu à Och et dans plusieurs districts voisins.
Aux yeux du président russe, Dmitri Medvedev, "il s'agit d'un conflit intérieur et la Russie ne voit pas, pour le moment, les conditions pour participer à sa résolution", a déclaré son porte-parole, Natalia Timakova, faisant allusion à l'assistance militaire sollicitée plus tôt dans la journée par Mme Otounbaïeva.
En revanche, le Kremlin a décidé d'"accorder une aide humanitaire" à cette ancienne république soviétique où la Russie dispose d'une base militaire. Un avion médicalisé du ministère russe des Situations d'urgence, avec dix médecins à bord, s'est déjà envolé vers le Kirghizstan, a annoncé un responsable du ministère.
La Commission européenne a également annoncé samedi l'envoi d'un expert humanitaire au Kirghizstan afin d'évaluer la situation et de mobiliser des fonds en conséquence.
Des milliers de femmes et d'enfants ouzbeks ont fui les violences en se rendant à Markhamat à la frontière proche de l'Ouzbékistan voisin, ce qui pourrait déboucher sur une crise humanitaire. Tandis que l'Ouzbékistan se disait "extrêmement alarmé", le comité international de la Croix-Rouge s'est déclaré "profondément inquiet".
L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York, a appelé la communauté internationale à soutenir le gouvernement kirghiz, pour empêcher que les troubles ethniques ne dégénèrent.
"Il n'y a pas de temps à perdre", a dit Andrea Berg, une responsable de HRW retranchée dans une maison à Och depuis le début des violences.
"Il y a de nombreux blessés dans les quartiers mahallas (ouzbeks) d'Och. Leur nombre pourrait atteindre plusieurs milliers", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les violences à Och ont commencé dans la nuit de jeudi à vendredi par des bagarres entre Ouzbeks et Kirghiz qui ont dégénéré. Des voitures ont été en endommagées et brûlées, des immeubles d'habitation incendiés.
La stabilité du Kirghizstan est primordiale, notamment pour les Etats-Unis qui y disposent d'une base militaire essentielle au déploiement des troupes américaines en Afghanistan.
Depuis le soulèvement d'avril, qui avait fait 87 morts et conduit à la chute du régime de M. Bakiev, le Kirghizstan a connu plusieurs vagues de violences.
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Voila.fr - 13/6/10 - Le Kirghizstan a étendu dimanche l'état d'urgence dans le sud de ce pays d'Asie centrale et ordonné à ses forces de "faire feu à volonté" pour endiguer des violences ethniques qui ont fait au moins 104 morts et des dizaines de milliers de réfugiés.
Conséquence de ces affrontements, 32.000 réfugiés adultes ont été enregistrés en Ouzbékistan, pays voisin, la plupart étant accompagnés d'enfants que les autorités ouzbèkes n'ont pas pu comptabiliser, a déclaré à l'AFP un responsable du ministère ouzbek des Situations d'urgence, Abror Kossimov.
Un policier ouzbek au poste-frontière à Iorkichlok a quant à lui indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que 125.000 personnes avaient fui les violences entre Kirghiz et la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizstan, après avoir totalisé les réfugiés de plusieurs districts de la région.
A Bichkek, capitale kirghize, le ministère de la Défense a annoncé la mobilisation des réservistes de l'armée, âgés de 18 à 50 ans, et le début de "l'organisation de la mobilisation partielle de la population civile".
Désormais, les policiers doivent "recourir aux armes de service et faire feu à volonté", a renchéri le ministre de l'Intérieur par intérim, Bolot Cher.
Les forces de l'ordre ont été autorisées à tirer sans sommation dès samedi soir pour tenter de rétablir l'ordre après l'escalade des tensions dans cette ancienne république soviétique au bord de la guerre civile.
Les affrontements ethniques entre Ouzbeks et Kirghiz y ont gagné en intensité, alors que le bilan provisoire a été porté à 104 morts et plus de 1.200 blessés.
Signe que la situation se détériorait, un couvre-feu de 24 heures sur 24 à été décrété à Och, deuxième ville du pays, et dans deux districts avoisinants. Cette mesure était auparavant en vigueur seulement la nuit.
L'état d'urgence a aussi été étendu à l'ensemble de la région voisine de Djalal-Abad, bastion du président Kourmanbek Bakiev renversé en avril, où les violences se sont propagées samedi depuis Och.
Au regard de témoignages recueillis par l'AFP et de nombreux médias russes et kirghiz, le nombre des victimes pourrait être beaucoup plus élevé.
"Ils nous tuent tous, nous les Ouzbeks les uns après les autres ! J'ai fui, je ne sais pas ce qui est arrivé à mes enfants et mes petits-enfants", raconte Rani, 52 ans, qui a fui Och pour l'Ouzbékistan.
Dans la ville de Djalal-Abad et sa région, des fusillades nourries et des incendies ont éclaté dimanche, selon des témoins et des médias locaux, mais la situation s'est stabilisée dans la soirée, a indiqué le gouverneur de la région, Bektour Assanov.
L'ex-président kirghiz Kourmanbek Bakiev, réfugié à l'étranger depuis le soulèvement meurtrier d'avril, a assuré n'avoir aucun lien avec ces nouvelles violences.
Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "alarmé par l'ampleur des affrontements, la nature interethnique des violences et le nombre de victimes et de déplacés", tandis que le président russe, Dmitri Medvedev, a appelé à "rétablir l'ordre le plus rapidement possible" et à "mettre fin au conflit interethnique".
De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kirghizstan a de nouveau fait part de "sa vive inquiétude" et appelé les parties "à renoncer à la violence". La stabilité du Kirghizstan est primordiale pour Washington qui dispose près de Bichkek d'une base importante pour ses troupes en Afghanistan.
La Russie, qui dispose également d'une base à Kant, dans le nord, y a dépêché 150 parachutistes arrivés dimanche pour renforcer la protection des installations et du personnel militaires russes, ont confirmé les autorités russes.
Ces affrontements sont les pires violences depuis la révolte d'avril (87 morts) qui a chassé Bakiev et porté au pouvoir l'actuel gouvernement provisoire.
Des affrontements avaient déjà ensanglanté en mai la région de Djalal-Abad.
Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizstan) et les Kirghiz sont tendues, notamment en raison de disparités économiques au détriment des Ouzbeks. De puissants groupes mafieux sont également actifs dans cette région.
Par Hulkar Isamova
Reuters - 13/6/10 - Des Ouzbeks accusent des groupes kirghizes de perpétrer un véritable massacre à Och, dans le sud du Kirghizistan, assiégeant les quartiers où ils vivent, incendiant des maisons et tirant sur leurs habitants lorsqu'ils tentent de s'enfuir.
Les affrontements ethniques entre Kirghizes et Ouzbeks ont fait une centaine de morts et plus de 1.200 blessés ces trois derniers jours dans le sud du Kirghizistan, dans les régions d'Och, la deuxième ville du pays, et de Djalalabad.
Des bandes armées de fusils d'assaut, de machettes et de barres métalliques sévissent dans la ville. Les Ouzbeks, qui disent ne posséder que des fusils de chasse pour riposter aux armes automatiques de leurs assaillants, ont déployé des camions en guise de protection pour tenter de bloquer les accès de leurs quartiers.
"Nous restons sur nos barricades en attendant une nouvelle attaque", déclarait Bakhram Magrafimov, chauffeur de taxi.
"Ils nous disent: 'Retournez en Ouzbékistan.' Ils attaquent nos femmes et nos enfants."
Des milliers de femmes et d'enfants ont pris la fuite pour tenter de rejoindre la frontière avec l'Ouzbékistan, située à seulement dix kilomètres de là, mais des habitants d'Och déclarent que les forces armées ont refusé de les escorter.
Les habitants ont peur de quitter la ville, explique Kholbe, un Ouzbek qui n'a communiqué que son prénom. "Il y a des snipers là-bas."
Plusieurs témoins ont déclaré à Reuters que l'armée prenait également les Ouzbeks pour cibles.
Pour Takkhir Maksitov, du groupe de défense des droits de l'homme Citizens Against Corruption, retranché à son domicile, le massacre pourrait revêtir un caractère politique.
"Il s'agit d'un génocide, affirme-t-il. Envoyez des troupes de maintien de la paix de Russie, des Nations Unies, qu'importe. Le plus important c'est d'arrêter le massacre."
Habibullah Khouroulaëev, ouvrier du bâtiment à la retraite, estime que la police ne fait rien pour mettre fin au bain de sang : "Ils nous tuent en toute impunité."
Selon des habitants de la ville, les tirs ont calmés en fin d'après-midi et certains assaillants auraient battu en retraite.
Les Ouzbeks ne représentent que 14,5% des 5,3 millions d'habitants du Kirghizistan mais forment près de la moitié de la population du sud du pays.
Myriam Rivet pour le service français
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LEMONDE.FR - 13.06.10 - Comment s'est enclenchée la spirale de violence qui a fait au moins une centaine de morts et 1 200 blessés dans le sud du Kirghizistan ? Depuis jeudi soir, de violentes émeutes ont lieu dans les villes du sud du pays. De nombreux témoignage décrivent les expéditions punitives menées par des Kirghizes armés dans les quartiers ouzbèques, où des maisons sont pillées et incendiées.
A l'origine des émeutes, une rumeur qui s'est propagée dans la journée de jeudi. "Le prétendu viol d'une femme kirghize par des Ouzbeks a déclenché une bagarre entre des jeunes kirghizes et ouzbèques, qui s'est transformée par la suite en émeutes dans la nuit du 10 au 11 juin à Och", explique le politologue Sergueï Massoulov, interrogé par l'AFP. Och est la principale ville du sud, où vit une importante minorité ouzbèque.
LA MAIN DU PRÉSIDENT DÉCHU
"Ce qui se passe actuellement dans le Sud n'est pas un conflit ethnique", estime M. Massoulov, "mais une provocation classique de forces destructrices et groupes criminels qui cherchent à destabiliser le pays et interrompre le processus politique engagé par le nouveau pouvoir". Dans cette région par ailleurs confrontée à une forte criminalité organisée - spécialisée dans le traffic de drogue - les habitants sont nombreux à voir dans les émeutes la main de l'ancien président déchu, Kourmanbek Bakiev, chassé du pouvoir par des manifestations en avril.
Le sud du pays était l'un des bastions de l'ex-président, dont le frère, Akhmat, "contrôlait le Sud avec l'aide d'autorités criminelles" et en particulier du chef mafieux Aïbek Mirsidikov, alias "Aïbek le noir", estime l'analyste kirghize Sanobar Chermatova. "Aïbek le noir" est considéré comme le responsables de précédents affrontements entre Kirghiz et Ouzbeks, survenus fin mai à Djalal-Abad.
Au-delà du rôle supposé des organisations criminelles dans les violences, les tensions entre Kirghizes et Ouzbèques sont une réalité dans le pays. Les Ouzbèques, économiquement défavorisés, s'estiment victimes de discriminations. Ils demandent notamment que leur langue soit reconnue comme langue officielle, et estiment souffrir plus que les Kirghizes de la corruption généralisée dans le pays, notamment parce que de nombreux Ouzbèques travaillent dans le commerce.
En 1990, juste avant l'éclatement de l'URSS, de violentes émeutes avaient fait plusieurs centaines de morts à Och, lors d'affrontements entre Ouzbèques et Kirghizes.
Le Monde.fr avec AFP
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© REUTERS/Alexei Osokin
BICHKEK, 13 juin 2010 - RIA Novosti - Pris par des troubles, le centre de Djalal-Abad est sillonné par des pillards, ont indiqué à RIA Novosti des témoins des affrontements interethniques meurtriers qui envahissent depuis vendredi le sud du Kirghizstan.
Une énorme foule de jeunes Kirghiz, dont de nombreux sont armés, se dirige vers le centre de Djalal-Abad en pillant et mettant le feu aux immeubles. Des Ouzbeks sont barricadés dans leurs quartiers et préparent une riposte, selon des témoins.
Les habitants de la vielle craignent que les événements d'Och ne se reproduisent dans les rues de Djalal-Abad.
Selon le ministère kirghiz de la Santé le bilan des victimes s'est alourdit à 97 morts et 1247 blessés.
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By Shaun Walker in Moscow
http://www.independent.co.uk
The Independent - 14/6/10 - In the worst ethnic violence this Central Asia nation has seen in 20 years, marauding Kyrgyz gangs were last night accused of "committing genocide", burning ethnic Uzbeks out of their homes and embarking on a three-day rampage of killing, which some human rights activists on the scene estimated has killed more than 500 people.
Uzbekistan's Emergencies Ministry said that more than 75,000 people – mainly women, children and the elderly – had fled across the border to escape the rampage of killing, which began in Kyrgyzstan's second city of Osh and across the south to Jalalabad.
Speaking from behind the barricades he had erected to protect his home, Takhir Maksitov of the human rights group Citizens Against Corruption said he believed there could be a political dimension to the slaughter.
"This is genocide, because there are many Uzbeks here, and if we were to create our own party and go to the polls..." he told Reuters, his voice tailing off, before adding: "Send in the peacekeepers, Russia, the UN, whoever. The most important thing is to stop the slaughter."
Kyrgyzstan's interim authorities – in charge since former President Kurmanbek Bakiyev was deposed in violent riots in April – have appealed for the Russian Army to intervene and restore order in the south.
Moscow yesterday sent a battalion of troops to the country to protect its Kant airbase in the north, but insisted that it would not intervene in what it described as an "internal matter". The US – which also has a base in the north that is a crucial supply hub for troops in Afghanistan – called for the "immediate restoration of order".
At the Uzbek border, which had been closed since the April riots, there was chaos with long lines of people, some of whom had gunshot wounds, begging to be let across. The Emergencies Ministry said it was setting up refugee camps in several areas of Uzbekistan.
In Osh, the region's main city and the epicentre of the violence, there were few attributes of a functioning city remaining yesterday. Residents said almost every shop had been looted, and cafes and restaurants burned to the ground. There was no food to be bought and communications are difficult as people were unable to buy credit to top up their mobile phones.
Ash clouds hung low over the city, a constant reminder of the orgy of torching and killing that has unfolded over the last three days. Soldiers have been ordered to "shoot to kill" if they come across rioters, but witnesses said there was little military presence in the region.
"God help us! They are killing Uzbeks like animals. Almost the whole city is in flames," Dilmurad Ishanov, an ethnic Uzbek human rights worker, told Reuters.
Officially, 113 people are reported dead but residents described dozens of corpses in the streets and predicted that the final death toll would rise dramatically. "The real figures are going to be much, much higher than what we are hearing at the moment," Angela Berg of Human Rights Watch, who has been in the city throughout the riots, told The Independent. "Adding up the numbers of dead that have been reported to me from different districts, I have a figure of about 520, and it may be even higher than that."
Ms Berg said that some of the city's Uzbek neighbourhoods were now quiet, but in others there were reports of torching, looting and killing underway. Some houses and cars had been daubed with the word "Kyrgyz" in painted letters, to warn off potential rioters looking for Uzbek victims.
Around 1,400 people have reported injuries, with some 600 being hospitalised, but again this figure may not give the whole picture. It is thought that many Uzbeks with injuries have not dared to venture in search of medical assistance, terrified of repeat attacks if they leave their houses.
Habibullah Khurulayev, a retired builder in a besieged Uzbek district of Osh, told Reuters Uzbeks armed with hunting rifles had set up improvised barricades to keep out roaming gangs of Kyrgyz. "They are killing us with impunity. The police are doing nothing. They are helping them kill us... There are not many of us left to shoot."
The violence spread yesterday to the neighbouring city of Jalalabad, where residents told Russian television that there were dozens of bodies lying in the streets.
There is a history of violence between Uzbeks and Kyrgyz in the region. In 1990, as the Soviet Union was disintegrating, violent clashes left hundreds dead, and only the quick deployment of Soviet troops quelled the fighting.
Throughout the recent political turmoil in Kyrgyzstan, Uzbeks mostly supported the new provisional government, while Kyrgyz in the south of the country, Mr Bakiyev's traditional power base, back the ousted president. The interim authorities suggested dark forces loyal to Mr Bakiyev had provoked the riots, attacking both Kyrgyz and Uzbeks in a bid to stir up violence and destabilise the country.
Mr Bakiyev, who has taken refuge in Belarus, denied these claims. "The Kyrgyz republic is on the verge of losing its statehood. People are dying and no one from the current authorities is in a position to protect them," he said.
Why has the violence broken out ?
There is a long history of violence between Kyrgyz and Uzbeks in the densely populated Fergana Valley, split between Kyrgyzstan, Uzbekistan and Tajikistan. Poverty and unemployment are rife, fuelling discontent and mistrust, and the power vacuum created by Kyrgyzstan's April revolution has allowed old grievances to be settled in the most bloody way.
Will the situation deteriorate further ?
Since April, Kyrgyzstan has been teetering on the brink of chaos, and it is clear that the interim authorities are not in full control of the country. The situation remains volatile and unpredictable, and there is a possibility that both ethnic and political-based violence between supporters of the deposed president and his opponents could worsen.
Will Russia send its troops in ?
Russia has so far declined to get involved. However, if the violence continues, Moscow may decide that it has no choice but to intervene. Russia may also welcome the chance to show that it is still the key player in Central Asia, despite recent US and Chinese inroads into the region.
Is the US airbase affected ?
The Manas airbase, which handles US troops and cargo en route to Afghanistan, is in the north, well away from these riots. But Washington will be worried about the continuing instability.
Will Uzbekistan get involved ?
Uzbekistan has partially opened its border and let through some of the ethnic Uzbek refugees fleeing the violence, but it is unlikely to get intervene militarily. Strongman President Islam Karimov will be worried about potential knock-on effects of the instability. Thousands of refugees fleeing rioting and revolution could be a destabilising influence on Karimov's iron grip on power.
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Par Régis Genté
Le Figaro.fr - 14/6/10 - REPORTAGE - Les pogroms contre les Ouzbeks auraient fait des centaines de morts dans le sud du pays.
Il n'y a guère que la haine interethnique qui puisse détruire avec autant d'acharnement. Och, la capitale du sud du Kirghizstan, ressemble dans certains quartiers, les ouzbeks, à ceux jadis ravagés par les hordes de Gengis Khan, le chef mongol. Dans l'avenue Mazalief, les maisons de thés, où les hommes ont l'habitude de passer le plus clair de leur temps, sont toutes ravagées. Qui sont les propriétaires de ces établissements ? «Des Ouzbeks», répondent un brin gêné, des policiers des forces spéciales qui ont accepté de nous escorter jusqu'au centre-ville depuis l'aéroport. Au fil des rues, la question maintes fois posée reçoit toujours la même réponse.
Passé dix-huit heures, la ville respecte scrupuleusement le couvre-feu. Notre véhicule slalome entre les carcasses brûlées des voitures et les chicanes qui jalonnent les rues d'Och, quasi désertes. Dans les quartiers kirghiz, quelques hommes palabrent au bord des rues, d'autres montent la garde. Tout le monde est armé. Des douilles de différents calibres jonchent le sol. Dans les quartiers ouzbeks, plus personne.
Plus un toit. Ici ou là, de la fumée s'échappe encore de décombres. L'odeur des pneus et des matières plastiques brûlés, empeste l'atmosphère. Pas une boutique n'a résisté à la fièvre ethnonationaliste kirghize.
Les maisons ont été attaquées à coups de cocktails Molotov. Sur la plupart des murs, il est écrit sarty, ce qui veut dire quelque chose comme «sale commerçant radin». La communauté ouzbeke, 40% du sud kirghiz dont est issue l'immense majorité des victimes, a le tort d'être commerçante et de savoir faire fructifier ses affaires. Ceux qui ont survécu n'ont qu'une peur : être de nouveau pris pour cible.
Collusion entre l'armée et les émeutiers
Selon le CICR, 80.000 Ouzbeks du Kirghizstan se seraient réfugiés en Ouzbékistan voisin où des corridors humanitaires ont été ouverts. Combien de morts ? 138 officiellement et près de 1800 blessés. «Il y a beaucoup plus de décès. Mais les Ouzbeks ne peuvent pas enterrer leurs morts, sinon dans leur “maala” (quartier traditionnel ouzbek). Il y a certainement des centaines et des centaines de morts », estime Tolekan Ismaïlova, de l'ONG Citoyens contre la corruption. Un triste bilan que craignent quantité de témoins, kirghiz et étrangers.
Les seuls véhicules à circuler dans Och sont des tanks et des BTR, des blindés légers. Au check point, la population kirghize sympathise avec les militaires. «La collusion entre armée et population, celle qui commet les exactions, comme je l'ai vu, est plus que troublante», raconte un étranger qui a assisté au pogrom d'Och entre vendredi et dimanche dernier. Des véhicules de transport de troupes blindés auraient tiré sur les civils pour ouvrir la voie aux bandes armées. «Il y avait des armes à feu, mais aussi des sortes de machettes de fortune, fabriquées d'un bâton et d'un couteau attaché au bout», raconte ce témoin.
Pourquoi tant de haine ? Avec le renversement du président Bakiev, le 7 avril dernier, le pays flirte avec le chaos. Originaire du sud, Kourmanbek Bakiev tente probablement de faire payer sa chute à ses tombeurs, le gouvernement provisoire actuel. La pauvreté, le manque de terre, l'ethnonationalisme cultivé depuis des années auront fait le reste, dans une région que les haines interethniques avaient déjà embrasé en 1990, faisant plus de 300 morts.
80 000 réfugiés en Ouzbékistan
L'Ouzbékistan a lancé ce lundi un appel à l'aide internationale pour les dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui les violences au Kirghizstan et a fini par fermer sa frontière en raison du manque de capacités pour en accueillir davantage. «Nous accepterons seulement les gens qui ont besoin d'une assistance médicale», a précisé le vice-premier ministre ouzbek. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, 80 000 personnes ont fui le Kirghiz stan pour se réfugier en Ouzbéki stan et 15 000 autres sont bloquées à la frontière entre les deux pays.
Medvedev : une situation «intolérable»
Réunie ce lundi en urgence à Moscou, l'Organisation du traité de la sécurité collective, qui regroupe sept pays de l'ex-URSS, dont la fédération russe, le Kirghizstan et l'Ouzbékistan, a déclaré ce lundi qu'elle «n'excluait pas d'utiliser tous les moyens» à sa disposition pour stabiliser une situation que le président russe a qualifié d'«intolérable». «Des gens sont morts, le sang coule lors d'émeutes à caractère ethnique. C'est extrêmement grave pour cette région et c'est pourquoi il faut tout faire pour mettre un terme à ces actes», a déclaré Dmitri Medvedev.
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La minorité ouzbèke franchit la frontière kirghize, au sud du pays,
pour fuir les violences ethniques qui ébranlent le Kirghizstan.
Crédits photo : AFP
L'état d'urgence a été décrété par le gouvernement intérimaire, «contraint de prendre cette décision car la zone de déstabilisation s'étend», a déclaré son chef adjoint, Azimbek Beknazarov, à la télévision nationale. «Les violences, le nombre de pillages et de massacres augmentent. Si on ne prend pas de mesures opportunes et efficaces, les troubles peuvent prendre une plus grande ampleur et dégénérer en un conflit régional», a expliqué le gouvernement dans un communiqué.
Signe que la situation se détériore : un couvre-feu de 24 heures sur 24 à été décrété à Och, deuxième ville du pays, et dans deux districts avoisinants. Cette mesure était auparavant en vigueur seulement la nuit. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé avoir autorisé les forces de l'ordre à tirer sans sommation sur des groupes utilisant des armes à feu dans le sud du pays. Les violences qui ont éclaté entre Kirghiz et membres de la minorité ouzbèke ont déjà fait au total 117 morts et plus de 1485 blessés, selon un nouveau bilan du ministère kirghiz de la Santé communiqué lundi.
Depuis l'indépendance du Kirghizstan en 1991, après le démembrement de l'URSS, les tensions entre minorités ethniques ont émaillé la vie de ce pays voisin de l'Ouzbékistan.
Le gouvernement provisoire, qui s'est emparé du pouvoir après un soulèvement populaire début avril à l'origine de la fuite du pays du président Kourmanbek Bakiev, a en outre appelé les officiers retraités de la police et de l'armée à se rendre dans la région d'Och, afin d'«empêcher une guerre civile». Vendredi, le gouvernement avait décrété l'état d'urgence et un couvre-feu à Och et dans plusieurs districts voisins.
La Russie a accordé une aide humanitaire au Kirghizstan, mais lui a refusé une assistance militaire. Aux yeux du président russe, Dmitri Medvedev, «il s'agit d'un conflit intérieur et la Russie ne voit pas, pour le moment, les conditions pour participer à sa résolution», a déclaré son porte-parole, Natalia Timakova, faisant allusion à l'assistance militaire sollicitée plus tôt dans la journée par Mme Otounbaïeva. En revanche, le Kremlin a décidé d'«accorder une aide humanitaire» à cette ancienne république soviétique où la Russie dispose d'une base militaire. Un avion médicalisé du ministère russe des Situations d'urgence, avec dix médecins à bord, s'est déjà envolé pour le Kirghizstan, a annoncé un responsable du ministère.
32.000 réfugiés en Ouzbékistan
La Commission européenne a également annoncé samedi l'envoi d'un expert humanitaire au Kirghizstan afin d'évaluer la situation et de mobiliser des fonds en conséquence. Les Etats-Unis ont appelé samedi à un «rétablissement rapide de la paix et de l'ordre public» au sud du Kirghizstan et déclaré leur soutien aux efforts de l'ONU et de l'Europe pour faire cesser les violences ethniques.
Des milliers de femmes et d'enfants ouzbeks ont fui les violences en se rendant à Markhamat à la frontière proche de l'Ouzbékistan voisin, ce qui pourrait déboucher sur une crise humanitaire. Au moins 32.000 adultes et des milliers d'enfants s'y sont déjà réfugiés, a annoncé dimanche le chef du ministère ouzbek des Situations d'urgence pour la région d'Andijan (est), Abror Kossimov. Tandis que l'Ouzbékistan se dit «extrêmement alarmé», le comité international de la Croix-Rouge s'est déclaré «profondément inquiet».
Les violences à Och ont commencé dans la nuit de jeudi à vendredi par des bagarres entre Ouzbeks et Kirghiz qui ont dégénéré. Des voitures ont été en endommagées et brûlées, des immeubles d'habitation incendiés.
La stabilité du Kirghizstan est primordiale, notamment pour les Etats-Unis qui y disposent d'une base militaire essentielle au déploiement des troupes américaines en Afghanistan.
Depuis la révolution d'avril dernier, qui avait fait 87 morts et conduit à la chute du régime du président Kourmanbek Bakiev, le Kirghizstan a connu plusieurs vagues de violences, signe que le nouveau pouvoir peine à contrôler la situation. Ces dernières violences interviennent à environ deux semaines d'un référendum pour l'adoption d'une nouvelle Constitution, prévu le 27 juin.
by Jason Ditz
Antiwar.com - 14-6-10 - The number of Uzbeks that have fled violence in southern Kyrgyzstan has topped 100,000 today, with Red Cross workers warning that the crisis is far from over.
As anti-government protests in the southwestern portion of the nation have continued to rise, violence has turned largely against the Uzbeks. At least 140 have been reported killed and over 1,800 wounded, though reliable figures are impossible to come by and local human rights workers suggested the death toll could be far higher.
The Kyrgyz government has continued to request foreign aid, primarily from Russia but also from several other former Soviet states, in helping to crush the protests. Though such aid may be forthcoming, it appears unlikely that it will do anything but add to the conflict.
The protests started in the city of Osh, but now reports are that the nearby town of Jalal-Abat is in even worse shape, and that ethnic Kyrgyz gangs are attacking Uzbeks and burning their homes throughout the region.
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Source : Antiwar
Des femmes et des enfants au poste-frontière ouzbek de Iorkishlok, après avoir franchi la frontière,
pour fuir les violences au Kirghizstan, le 13 juin 2010 (AFP)
Voila.fr - 14-6- 10 - L'Ouzbékistan a lancé lundi un appel à l'aide internationale pour les dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui les violences au Kirghizstan et a fermé sa frontière avec ce pays d'Asie centrale en raison du manque de capacités pour en accueillir davantage.
"Nous avons enregistré jusqu'ici 45.000 réfugiés (en Ouzbékistan) et il pourrait en arriver d'autres à d'autres postes frontières", a indiqué le vice-Premier ministre ouzbek, Abdoullah Aripov, au camp de réfugiés de Iorkichlok, à l'un des postes frontières séparant son pays du Kirghizstan.
Le Comité international de la Croix rouge (CICR) a lui indiqué que 80.000 personnes avaient fui le Kirghizstan pour se réfugier en Ouzbékistan et que 15.000 autres étaient bloqués à la frontière entre les deux pays.
Les chiffres des autorités de l'Ouzbékistan ne comptabilisent en effet jusqu'ici, que les adultes ayant fui les violences interethniques au Kirghizstan, pour l'essentiel des femmes accompagnées d'enfants.
Compte tenu de l'afflux de réfugiés, "nous avons besoin d'aide humanitaire d'autres organisations internationales", a insisté M. Aripov.
Car l'Ouzbékistan n'a plus les capacités d'accueillir d'autres réfugiés et va par conséquent fermer dès lundi sa frontière avec le Kirghizstan, a-t-il dit.
"Nous allons cesser d'accepter des réfugiés du Kirghizstan car nous ne pouvons pas les loger", a expliqué M. Aripov, soulignant toutefois qu'il y aurait des exceptions.
"Nous acceptons seulement les gens qui ont besoin d'une assistance médicale. Nous venons juste d'accueillir trois filles âgées de 11 à 13 ans qui ont été violées sous les yeux de leurs parents. Elles ont été transportées à l'hôpital", a poursuivi le vice-Premier ministre ouzbek.
De son côté, Ousmonov Abouwahid, un médecin d'un hôpital d'Andijan, dans l'est de l'Ouzbékistan, a indiqué à l'AFP que son établissement avait accueilli 500 blessés et victimes de viols, pour l'essentiel des femmes et jeune filles.
Trente camps de réfugiés ont été aménagés dans la seule région d'Andijan, a observé M. Aripov.
A la question de savoir si l'Ouzbékistan ouvrirait à nouveau sa frontière aux réfugiés après l'arrivée d'une aide humanitaire internationale, M. Aripov a répondu : "Pourquoi pas ? Si nous avons les capacités de les accueillir et les aider, nous rouvrirons la frontière".
De l'autre côté de la frontière, sur le territoire kirghiz, un journaliste de l'AFP a entendu des centaines de personnes appeler à l'aide.
A d'autres postes frontières avec l'Ouzbékistan, il a vu des personnes franchir des clôtures et être accueillies dans les camps de réfugiés.
Lundi, de nouveaux affrontements ont éclaté dans le sud du Kirghizstan, chassant vers l'Ouzbékistan des flots de réfugiés, dont beaucoup accusent les forces régulières d'aider des bandes armées à commettre des massacres qui ont déjà fait au moins 124 morts et plus de 1.600 blessés.
*
par F. William Engdahl *
RéseauVoltaire - 13-6-10 - Comme le montrent les nouveaux et sanglants affrontements de ces jours-ci, la tension est loin d’être redescendue au Kirghizistan depuis le soulèvement d’avril 2010, et les spéculations vont bon train s’agissant d’identifier les initiateurs de ces événements. Le scénario le plus improbable est celui d’une rébellion spontanée menée de l’intérieur même du pays. En effet le Kirghizistan est au centre de conflits d’intérêts entre puissances régionales et suprarégionales. F. William Engdahl analyse les cartes en main des trois acteurs qui souhaitent remporter la mise au Kirghizistan et dans la région.
Au fin fond de l’Asie Centrale, le Kirghizistan constitue ce que le stratège britannique Halford Mackinder aurait appelé un pivot géopolitique : un territoire qui, en vertu de ses caractéristiques géographiques, occupe une position centrale dans les rivalités des grandes puissances.
Aujourd’hui ce petit pays lointain est secoué par ce qui peut apparaître comme un soulèvement populaire extrêmement bien organisé pour déstabiliser le président atlantiste Kourmanbek Bakiev. Dans leurs premières interprétations, certains analystes émirent l’hypothèse que Moscou trouverait un intérêt plus que passager à soutenir un changement de régime au Kirghizistan. Les événements qui s’y déroulent seraient le fait du Kremlin qui mettrait en scène sa propre version en négatif des « Révolutions colorées » instiguées par Washington : la Révolution des roses de Géorgie en 2003, la Révolution orange ukrainienne en 2004, ainsi que la Révolution des tulipes en 2005, qui avait porté le président pro-américain Bakiev au pouvoir au Kirghizistan. Pourtant, dans le contexte du changement de pouvoir qui se joue au Kirghizistan, comprendre qui fait quoi, et dans l’intérêt de qui, est loin d’être aisé.
En tout cas, on sait que ce qui se joue a d’immenses implications pour la sécurité militaire de tout le heartland (île mondiale) du continent eurasien, de la Chine à la Russie, et même au-delà. En effet, cette situation se répercute sur la présence future des Etats-Unis en Afghanistan et, par extension, dans toute l’Eurasie.
Une poudrière politique
Des protestations à l’encontre du président Bakiev se sont élevées en mars dernier à la suite des révélations de soupçons de corruption aggravée pesant sur lui et des membres de sa famille. En 2009, Bakiev avait révisé un article de la Constitution, fixant les dispositions concernant la succession de la présidence en cas de décès ou de démission inopinée. Cette démarche, largement interprétée comme la tentative d’instaurer un « système dynastique » de transfert des pouvoirs, est l’un des facteurs à l’origine des récentes vagues de protestation dans tout le pays. Il a placé son fils et d’autres proches à des postes-clefs où ils ont engrangé de larges sommes d’argent – estimées à 80 millions de dollars par an - pour l’attribution aux États-Unis du droit d’installer une base aérienne à Manas, et pour d’autres contrats [1].
Le Kirghizistan est l’un des pays les plus pauvres d’Asie Centrale ; plus de 40 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Bakiev a nommé son fils Maxim (qui trouve aussi le temps et les fonds pour être l’un des propriétaires d’un club de football britannique) à la tête de l’Agence centrale pour le développement, l’investissement et l’innovation, un poste qui lui a permis de contrôler les ressources les plus juteuses du pays, dont la mine d’or de Kumtor [2].
A la fin de l’année 2009, Bakiev a fortement relevé les taxes sur les petites et moyennes sociétés, et début 2010, il a mis en place de nouvelles taxes sur les télécommunications. Il a privatisé le plus grand fournisseur d’électricité du pays, tandis qu’en janvier dernier, cette entreprise privatisée, dont la rumeur dit qu’elle avait été vendue à des amis de la famille pour moins de 3 % de sa valeur estimée, a doublé le prix de l’électricité. Le prix du gaz de ville a augmenté de 1 000 %. L’hiver kirghize est extrêmement rude.
L’opposition accusait Maxim Bakiev d’avoir organisé une privatisation de complaisance du réseau de télécommunications national en le cédant à un ami dont l’entreprise offshore est domiciliée aux Canaries. Dans les grandes lignes, la colère populaire contre Bakiev et consort se comprend. La question primordiale est avec quel succès cette colère est canalisée et par qui.
Les protestations se sont enflammées après la décision du gouvernement en mars dernier d’augmenter spectaculairement des prix de l’énergie et des télécommunications, multipliés par quatre voire plus, dans un pays déjà exsangue. Au cours des révoltes du début du mois de mars, Mme Otounbaïeva a été nommée porte-parole du Front uni formé par tous les partis d’opposition. Elle appelait à l’époque les Etats-Unis à prendre une position plus active contre le régime de Bakiev et son absence de normes démocratiques ; appel laissé manifestement sans réponse [3].
Selon des sources russes bien informées, au même moment, Roza Otounbaïeva s’entretenait avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine à propos de la détérioration de la situation. Dans la foulée de la formation du gouvernement provisoire dirigé par Otounbaïeva, Moscou était le premier à le reconnaître et proposait 300 millions de dollars au titre d’une aide immédiate à la stabilisation, en transférant une partie d’un prêt de 2,15 milliards de dollars accordé par les Russes en 2009 au régime de Bakiev pour la construction d’une centrale hydraulique sur la rivière Naryn.
Au départ, ces 2,15 milliards de dollars furent accordés juste après la décision de Bakiev de fermer la base militaire états-unienne de Manas ; décision que les dollars US avaient cassée quelques semaines plus tard. Pour Moscou, l’aide russe et l’annonce de la fermeture de la base de Manas par Bakiev étaient liées.
Ce versement de 300 millions de dollars, parmi les 2,15 milliards promis par Moscou, relancé après l’éviction de Bakiev, irait directement à la Banque nationale kirghize [4].
Selon une dépêche de l’agence de presse moscovite RIA Novosti, le Premier Ministre déchu, Daniar Oussenov, aurait affirmé à l’ambassadeur russe à Bichkek que les médias russes, qui jouissent d’une forte présence dans l’ancien Etat soviétique, dont la langue officielle est toujours le russe, avaient pris parti contre le gouvernement Bakiev-Oussenov [5].
Les forces de sécurité du gouvernement de Bakiev, dont feraient partie les tireurs des Forces spéciales postés alors sur les toits, ont tué 81 manifestants, entraînant une dangereuse escalade des protestations au cours de la première semaine d’avril.
Ce qu’il est intéressant de noter à propos de ces événements, et qui suggère qu’il se passe bien plus en coulisse, est le fait que ce soulèvement populaire, éclos à son point de maturité, fut précédé de peu de signes avant son surgissement sur la scène médiatique internationale.
Les manifestations de protestation se multipliaient depuis que Bakiev avait pris les commandes de la Révolution des tulipes avec le soutien financier des Etats-Unis [6]. Ce changement de régime, en 2005, avait fait intervenir la traditionnelle liste des ONG états-uniennes, comprenant Freedom House, l’Albert Einstein Institution, le National Endowment for Democracy et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) [7]. Aucun des soulèvements antérieurs à ceux du mois d’avril n’avaient eu la même vigueur ni la même sophistication. Les événements semblent avoir pris tout le monde par surprise, en premier lieu Bakiev et ses soutiens états-uniens.
Le calme avec lequel s’est déroulé le ralliement de l’armée, de la police et des services de sécurité aux frontières dans les premières heures des vagues de protestation laisse penser à une coordination complexe et ingénieuse, planifiée à l’avance. Encore aujourd’hui, rien n’indique de manière claire si les décisionnaires agissaient de l’étranger ou non, et, le cas échéant, s’ils appartenaient au FSB russe, à la CIA ou à quelque autre service.
Le 7 avril 2010, alors que Bakiev perdait le contrôle de la situation, il semble s’être précipité auprès des États-uniens. Mais constatant le sang répandu dans les rues par les tireurs d’élite de Bakiev et prenant la mesure de l’ire de la foule contre le gouvernement, les Etats-Unis auraient exfiltré le président et sa famille vers sa ville natale d’Osh, vraisemblablement dans l’espoir de le faire revenir lorsque la situation se serait calmée [8]. Ce qui ne s’est jamais produit.
À l’instar de son gouvernement et des dirigeants de l’armée, de la police nationale et des services de sécurité aux frontières, Bakiev démissionne le 16 avril et fuit vers le Kazakhstan voisin. Aux dernières nouvelles, il est confiné en Biélorussie, où le président Lukashenko, en mal de ressources pécuniaires, l’aurait accueilli en échange de 200 millions de dollars. [9]
Le nouveau gouvernement provisoire du Kirghizistan, dirigé par l’ancienne opposition et reposant sur la personne de Roza Otounbaïeva, l’ex-ministre des Affaires étrangères, a déclaré vouloir lancer une enquête internationale sur les crimes commis par Bakiev. Un dossier à charge a déjà été constitué contre lui, ses fils, son frère et d’autres de ses proches.
Bakiev n’avait d’autre choix que de fuir. Plusieurs jours avant sa fuite, l’armée et la police s’étaient déjà ralliées à l’opposition menée par Otounbaïeva, attitude qui corrobore l’idée d’événements extrêmement bien planifiés par au moins une partie de l’opposition.
Un pivot géographique
Aujourd’hui, le Kirghizistan occupe une place de pivot géographique. Ce pays enclavé partage une frontière avec la province chinoise du Xinjiang, un lieu hautement stratégique pour Pékin. Se plaçant parmi les plus petits pays d’Asie Centrale, il est aussi frontalier, au nord de son territoire, avec le Kazakhstan et ses ressources pétrolifères ; à l’est, il est bordé par l’Ouzbékistan et au sud, par le Tadjikistan. Plus encore, la vallée de Ferghana, à la situation politique explosive en raison de ses importantes richesses naturelles, se trouve sur une partie du Kirghizistan ; cette zone multiethnique coutumière de frictions politiques s’étend aussi sur les territoires de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan.
Le Kirghizistan est un pays de hautes montagnes : les chaînes de montagnes du Tian Shan et du Pamir occupent 65 % de son territoire. Environ 90 % du pays s’élève à plus de 1500 mètres d’altitude.
En termes de ressources naturelles, hormis l’agriculture qui représente un tiers de son PIB, le Kirghizistan possède de l’or, de l’uranium, du charbon et du pétrole. En 1997, la mine d’or de Kumtor a démarré l’exploitation de l’un des plus grands gisements aurifères du monde.
Jusqu’à une date récente, l’agence nationale Kyrgyzaltyn possédait toutes les mines et administrait la plupart d’entre elles en joint-venture en association avec des compagnies étrangères. La mine d’or de Kumtor, près de la frontière chinoise, est détenue dans sa globalité par la société canadienne Centerra Gold Inc. Jusqu’à l’éviction de Bakiev, son fils Maxim, à la tête du fonds pour le Développement, dirigeait Kyrgyzaltyn, agence qui est également le plus gros actionnaire de Centerra Gold, aujourd’hui propriétaire de la mine d’or de Kumtor.
Il est tout à fait révélateur que Centerra Gold, basé à Toronto, ait déjà annoncé le « remplacement » de Maxim Bakiev en tant que chef de Kyrgyzaltyn, par Aleksei Eliseev, directeur-adjoint de l’Agence nationale kirghize pour le Développement, au sein de l’équipe dirigeante de Centerra, peut-être sous l’impulsion du Département d’Etat des Etats-Unis et sans que les électeurs kirghizes ne l’y élisent [10].
Le Kirghizistan possède également d’importantes ressources d’uranium et d’antimoine. Il bénéficie en outre de considérables réserves de charbon estimées à 2,5 milliards de tonnes, essentiellement situées dans le gisement de Kara-Keche, au nord du pays.
Pourtant, plus cruciale encore que les richesses minières, reste la principale base de l’US Air Force à Manas, ouverte dans les trois mois suivant le lancement de la « guerre globale contre le terrorisme » en septembre 2001. Peu après, la Russie installait sa propre base militaire non loin de Manas. Aujourd’hui, le Kirghizistan est le seul pays à accueillir à la fois des bases militaires états-unienne et russe, un état de fait peu confortable au bas mot.
En somme, le Kirghizistan, positionné au centre du territoire le plus stratégique au monde, l’Asie Centrale, fait figure de trophée géopolitique très convoité.
La politique de Washington marche sur des œufs
Le département d’État états-unien avait tenté de maintenir Bakiev dans l’espoir, semble-t-il, de pouvoir disperser les manifestants, faire cesser les émeutes et maintenir l’homme des Tulipes en place. Hillary Clinton avait préalablement appelé l’opposition parlementaire (formée par les Ministres au gouvernement condamnant la corruption et le népotisme de Bakiev) à négocier et à entamer le dialogue avec le président Bakiev, financé par les Etats-Unis. Malgré la publication de dépêches annonçant la démission de toute l’administration kirghize, le département d’Etat émet des déclarations selon lesquelles le gouvernement du président Kourmanbek Bakiev est toujours opérationnel [11].
Le 7 avril, au moment le plus tendu des troubles, alors que l’issue en était encore floue, le porte-parole de la secrétaire d’Etat américaine, P. J. Crowley déclare devant des journalistes : « Nous voulons voir le Kirghizistan évoluer, tout comme nous le souhaitons pour d’autres pays de la région. Mais, cela dit, il possède un gouvernement qui siège effectivement. Nous sommes les alliés de ce gouvernement dans la mesure où il nous apporte son soutien, vous savez, dans les opérations internationales en… Afghanistan. » [12]. George Orwell aurait admiré cet exercice de double langage diplomatique.
Le 15 avril, quand il est devenu clair que Bakiev ne remporte que peu de soutien dans son pays, le département d’État états-unien déclare ne vouloir prendre parti ni pour le président déchu, ni pour l’opposition parlementaire. Dans un communiqué montrant combien Washington marche sur des œufs, craignant d’en casser quelques uns, en particulier sur la question des droits d’accès à la base aérienne de Manas, Philip Crowley déclare : « Nous voulons voir la situation se dénouer pacifiquement. Et nous ne voulons pas prendre parti. » [13]. Depuis lors, après les pourparlers avec le Ministre des Affaires Etrangères Roza Otounbaïeva et ses collaborateurs, le Département d’État états-unien et Obama ont chaudement approuvé la nouvelle situation politique kirghize.
Otounbaïeva, membre influent du Parti communiste pendant l’ère soviétique, avait obtenu le premier poste d’ambassadeur aux Etats-Unis de l’ère post-soviétique ; plus tard, elle fut l’un des assistants du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Le gouvernement provisoire dirigé par Otounbaïeva annonce qu’il rédigera la nouvelle Constitution dans les six mois et qu’il préparera des élections démocratiques dans le pays. L’opposition prétend avoir la situation bien en main au Kirghizistan, malgré la persistance d’émeutes et de pillages hors de Bichkek [14].
Qui mène la danse ?
Bien que beaucoup spéculent au sujet d’un rôle actif sur place des services secrets russes dans l’anti-Révolution des tulipes, nous devons laisser cette question ouverte.
Lors d’une déclaration au cours de sa visite officielle à Washington le 14 avril, au bout d’une semaine de troubles, le président russe Dmitri Medvedev exprimait ses préoccupations au sujet de la stabilité du Kirghizistan : « Le risque de voir le pays se diviser en deux parties — l’une au nord, l’autre au sud — est réel. C’est pour cela que notre devoir est d’aider nos partenaires kirghizes à trouver une solution de sortie en douceur de cette situation. » Il imagine les grandes lignes du pire scénario qui pourrait se produire : déstabilisé, le gouvernement kirghize resterait impuissant face aux extrémistes envahissant le pays ; une redite de la situation afghane [15].
A la tribune de la conférence sur le désarmement nucléaire à Prague, le conseiller pour la Russie à la Maison-Blanche, Michael McFaul, s’exprimait à propos des événements au Kirghizistan : « Il ne s’agit pas d’un coup d’Etat monté contre les Américains. Cela, nous en sommes sûrs et il ne s’agit pas non plus d’un coup d’Etat mené par les Russes. » [16].
En théorie, les Etats-Unis auraient toutes les raisons de croire qu’ils peuvent « travailler » avec les dirigeants du nouveau gouvernement provisoire kirghize.
On connait bien Roza Otounbaïeva à Washington depuis qu’elle y a officié en tant qu’ambassadeur dans les années 1990.
Le numéro deux de son gouvernement provisoire, l’ancien porte-parole du Parlement Omourbek Tekebaïev, une figure-clef de la « Révolution des tulipes » de 2005 qui avait porté Bakiev au pouvoir, est alors ramené à Washington par le département d’État pour qu’il participe à l’un de leurs « programmes de découverte », où l’on enseigne aux figures politiques étrangères émergeantes les vertus de l’American way of life.
Tekebaïev s’exprimait à l’époque librement sur cette expérience : « J’ai constaté que les États-uniens savent comment choisir les gens, comment faire une évaluation précise de ce qu’il se passe et comment faire des pronostics quant à l’évolution et aux changements politiques à venir. » [17].
Certains éléments tendent à montrer que le soutien de Moscou dans les récents événements du Kirghizistan était conçu comme une révolution colorée en négatif, visant à contrebalancer la présence états-unienne grandissante en Asie Centrale. Il y a également des éléments attestant d’un second changement de régime épaulé par les Etats-Unis, peut-être après que l’administration Obama a réalisé que son homme, Bakiev, se rapprochait trop étroitement de la Chine en termes économiques. Une troisième, et peu probable version, attribue les soulèvements récents à une opposition de pacotille, interne au pays et désorganisée, qui ne serait jamais parvenue à rassembler plus que quelques milliers de personnes dans les rues pour protester contre la politique de Bakiev des cinq dernières années.
Ce qui parait clair à présent est que Moscou et Washington passent par les mêmes tergiversations pour afficher un semblant de consensus à propos des événements se déroulant au Kirghizistan.
Le 15 avril, Kanat Saudabayev, le président de l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), affirmait que l’évacuation du président Bakiev sain et sauf résultait des efforts conjoints d’Obama et de Medvedev [18].
De toute évidence, Washington et Moscou souhaitent ardemment imposer leur présence, quelque soit le gouvernement qui s’établira dans ce pays d’Asie centrale de cinq millions d’habitants déchiré par les conflits. Ce que l’on sait moins, mais qui est tout aussi évident, est l’enjeu vital que constituent des relations stables avec le Kirghizistan pour la Chine, avec lequel elle partage une frontière très étendue. Vu d’ici, ce qui semble plus intéressant est la tournure que prendront les événements dans ce pays lointain mais stratégique du point de vue géopolitique.
Quel avenir pour la base aérienne de Manas ?
L’une des questions les plus pressantes pour Washington est celle, vitale, de l’avenir de la base aérienne de Manas, située tout près de la capitale Bichkek. Dans un communiqué officiel du département d’Etat américain en date du 11 avril, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton insiste sur « le rôle important que le Kirghizistan joue en accueillant le centre de transit de l’aéroport de Manas ». Elle laissait ainsi peu de place au doute quant aux priorités de Washington dans le pays ; elles ne concernent ni la démocratie, ni son essor économique [19].
Après la mise en place du plan de « Guerre contre le terrorisme » par Washington, le Pentagone obtenait les droits d’implantation militaire dans plusieurs Etats stratégiques en Asie Centrale, le faisant ouvertement pour mener la lutte contre Oussama ben Laden en Afghanistan. En même temps que les droits d’accès de ses troupes en Ouzbékistan, Washington obtint la concession de Manas.
La présence militaire états-unienne en Afghanistan s’est bien-sûr densifiée. L’une des premières décisions d’Obama en tant que président fut d’autoriser le surge, la montée en puissance des forces d’occupation ; il envoya 30 000 hommes supplémentaires et donna son aval pour la construction de huit nouvelles bases militaires « temporaires » en Afghanistan, portant à 22 le nombre ahurissant de bases états-uniennes sur le territoire afghan, dont les importants sites de Bagram et de Kandahar.
Le secrétaire à la Défense Robert Gates refuse de définir une limite de durée à la présence US en Afghanistan. Non pas à cause des Talibans, mais en vertu de la stratégie à long terme de Washington de diffuser sa « Guerre contre le terrorisme » dans toute l’Asie centrale, et particulièrement dans la zone cruciale de la vallée de Ferghana qui s’étend entre l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. C’est dans ce contexte que les récents événements kirghizes s’avèrent plus qu’avantageux pour la Russie, la Chine et les États-Unis.
Le 14 avril, Gates confiait à la presse sa certitude de voir les Etats-Unis obtenir les droits d’exploitation de la base de Manas pour développer ce que le Pentagone appelle le Northern Distribution Network (réseau de distribution du Nord), qui permet l’approvisionnement par avion des zones de combat afghanes [20]. Seulement quelques jours auparavant, des personnalités du gouvernement provisoire à Bichkek avaient indiqué que l’attribution aux Américains des droits d’accès à Manas était l’un des premiers dossiers à faire annuler.
Au cours d’un entretien avec le Russe Medvedev, Barack Obama a admis que les événements du Kirghizistan n’étaient pas commandés par les Russes. Il a aussitôt annoncé que les États-Unis reconnaissaient la légitimité du gouvernement provisoire de Roza Otounbaïeva.
Aujourd’hui la question qui reste en suspens porte sur le rôle que le Kirghizistan jouera dans la spectaculaire partie d’échecs géopolitique pour le contrôle de l’Asie centrale, et, par voie de conséquence, pour celui du heartland eurasien, selon la terminologie du géopoliticien britannique Halford Mackinder. Les acteurs majeurs extérieurs au Kirghizistan, dans cette partie d’échecs aux forts enjeux géopolitiques en Asie Centrale, sont la Chine, la Russie et les États-Unis. La partie suivante de ce dossier s’attachera à examiner les intérêts géopolitiques portés par la Chine sur le Kirghizistan, l’un de ses partenaires au sein de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai.
(A suivre…)
* F. William Engdahl
Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).
[1] RIA Novosti, Russia’s Medvedev blames Kyrgyz authorities for unrests, says civil war risk high, 14 avril 2010.
[2] John C.K. Daly, op. cit.
[3] Leila Saralayeva, Kyrgyz opposition protests rising utility tariffs, Associated Press, 17 mars 2010.
[4] RIA Novosti, Russia throws weight behind provisional Kyrgyz government, 8 avril 2010. L’ancien et bien informé ambassadeur indien, M. K. Gajendra Singh, dans un article publié par RIA Novosti, signale en outre que M. Poutine s’est entretenu avec Mme Otunbayeva à deux reprises depuis les manifestations du 7 avril, et qu’elle s’est rendue à Moscou aux mois de janvier et mars de cette année. K. G. Singh, Geopolitical battle in Kyrgyzstan over US military Lilypond in central Asia , RIA Novosti, 13 avril 2010.
[5] RIA Novosti, Kyrgyz prime minister protests Russian media reporting of riots, 7 avril 2010.
[6] Richard Spencer, « Quiet American behind tulip revolution », The Daily Telegraph, Londres, 2 avril 2005.
[7] Philip Shishkin, In Putin’s Backyard, Democracy Stirs — With US Help, The Wall Street Journal, 25 février 2005. Sur ces association prétendument non gouvernementales, voir : « Freedom House : quand la liberté n’est qu’un slogan », « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA », « La NED, nébuleuse de l’ingérence "démocratique" » et « L’USAID et les réseaux terroristes de Bush », Réseau Voltaire.
[8] Kyrgyzstan National Security Service ‘source’, Specially for War and Peace.ru, 10 avril 2010, traduit du russe pour l’auteur.
[9] « Belarus President Lukashenko Report » du blog politique War and Peace.Ru.
[10] Site de Centerra Gold, Toronto, Canada.
[11] David Gollust, « US Urges Dialogue in Kyrgyzstan », Voice of America, 7 avril 2010.
[12] « We want to see Kyrgyzstan evolve, just as we do other countries in the region. But that said, there is a sitting government. We work closely with that government. We are allied with that government in terms of its support for international operations in Afghanistan », State Department Daily Briefing, 7 avril 2010.
[13] AFP, US ’not taking sides’ in Kyrgyzstan political turmoil, 15 avril 2010.
[14] Hamsayeh.net, « New Interim Kyrgyz Government to Shut Down the US Airbase at Manas », 9 avril 2010.
[15] Karasiwo, « Nuclear deals and Kyrgyz fears – Medvedev in Washington », 14 avril 2010.
[16] Maria Golovnina et Dmitry Solovyov, « Kyrgyzstan’s new leaders say they had help from Russia », The Globe and Mail, Toronto, 8 avril 2010.
[17] Sreeram Chaulia, « Democratisation, NGOs and ‘colour revolutions’ », 19 janvier 2006.
[18] BNO News, « OSCE says Kyrgyzstan President Bakiyev’s departure is the result of joint efforts with Obama, Medvedev », 15 avril 2010.
[19] Philip Crowley, porte-parole de la secrétaire d’État, US Clinton Urges Peaceful Resolution of Kyrgyz Situation, 11 avril 2010, cité par RIA Novosti.
[20] Donna Miles, « Gates expresses confidence in continued Manas access », American Forces Press Service, 14 avril 2010
par F. William Engdahl *
RéseauVoltaire - 16-6-10 - Poursuivant son analyse de la situation actuelle dans cette région très prisée, F. William Engdahl examine dans cette deuxième partie de son étude les intérêts géopolitiques de la Chine au Kirghizistan. La « révolution des tulipes » en 2005 s’explique, entre autres, par le renforcement des liens économiques entre les deux pays, relations vues d’un mauvais œil par Washington. Aujourd’hui, le poids économique de la Chine demeure sa plus puissante arme ; non seulement, il lui permet de reprendre une position de force au Kirghizistan, un élément crucial pour son expansion en Asie Centrale mais, surtout, lui offre l’occasion de contrebalancer les effets déstabilisateurs de la présence militaire états-unienne dans la région.
Le renforcement des liens économiques entre la Chine et le régime en faillite de l’ancien président kirghize Askar Akaiev est la raison principale pour laquelle Washington décida de lâcher son ex-allié Akaiev, après près d’une décennie de soutien. En juin 2001 la Chine, la Russie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan signaient l’acte de naissance de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai. Trois jours après, Pékin officialisait un prêt important au Kirghizistan pour l’acquisition de matériel militaire [1].
Après le 11 septembre 2001, le Pentagone initiait ce que l’on a considéré comme le plus grand bouleversement dans le déploiement militaire états-unien à l’étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’objectif était de positionner les forces états-uniennes en suivant un «arc d’instabilité», tout au long de la Méditerranée, de l’Afrique, du Moyen-Orient, du Caucase, de l’Asie Centrale et méridionale [2].
À l’époque, Akaiev proposa de céder au Pentagone sa plus grande base militaire de la région, celle de Manas. La Chine, qui partage une frontière avec le Kirghizistan, s’en alarma et, de concert avec la Russie, poussa l’Organisation du traité de coopération de Shanghai à s’y opposer et lança un appel au retrait des troupes présentes dans les bases états-uniennes d’Asie Centrale.
Selon le Wall Street Journal, la Chine engageait alors également des négociations secrètes pour l’établissement de sa propre base au Kirghizistan et pour des modifications frontalières, déclenchant une tempête politique contre Akaiev en mars 2002.
Philip Shishkin du Wall Street Journal notait : «Engageant une "diplomatie de la Route de la soie" et visant à la suppression des guérillas menées par les Ouïghours — dont le déclencheur se trouvait principalement dans le besoin urgent de liquidités pour enrayer la chute libre de l’économie intérieure — les prises de position d’Akaiev pour aligner son pays avec Pékin exaspérèrent Washington qui voyait dans la Chine un obstacle à son programme d’expansion stratégique.» [3].
Shishkin ajoutait : «Le point de vue états-unien sur cette dangereuse situation pouvait se résumer ainsi : “Étant donné la frontière longue de 1 100 kilomètres qui sépare la Chine et le Kirghizistan — et la présence états-unienne, déjà considérable en Ouzbékistan et au Tadjikistan voisins — la chute du gouvernement prochinois du président Akaiev, tombé en disgrâce, ne sera pas une mince victoire pour la " politique d’endiguement.”» [4].
À partir de ce moment, Washington lança un financement massif par l’entremise du National Endowment for Democracy et s’arma de l’aide de l’Albert Einstein Institution et de Freedom House, et même de celle du Département d’État et du FMI, pour finalement renverser, lors de la Révolution des tulipes en 2005, le régime d’Akaiev, qui n’inspirait plus confiance [5] [Sur ces organisations, lire : « La NED, nébuleuse de l’ingérence "démocratique" », « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA » et « Freedom House : quand la liberté n’est qu’un slogan », Réseau Voltaire, 22 janvier 2004, 4 juin 2007 et 7 septembre 2004.]]. Aujourd’hui, il parait logique que la Chine soit la puissance la plus intéressée par l’avenir politique du Kirghizistan. Sur environ 850 kilomètres, la frontière entre le Kirghizistan et la Chine longe la province sensible du Xinjiang.
C’est dans cette même province qu’en juillet 2009 éclatèrent les émeutes menées par les Ouïghours [6] et soutenues, d’une part, par le Congrès mondial ouighour, une organisation financée par les États-Unis et dirigée par « l’ancienne lavandière » Rebiya Kadeer, et, d’autre part, par l’ « ONG » de la Maison-Blanche qui se charge des changements de régime, le National Endowment for Democracy.
Également frontalier de la région autonome et instable du Tibet, le Xinjiang est un carrefour vital au sein du réseau de pipelines acheminant les ressources énergétiques en Chine depuis le Kazakhstan et, à terme, depuis la Russie. Le Xinjiang abrite quant à lui d’importantes réserves de pétrole, indispensables à la consommation domestique de la Chine [7].
Une jonction d’oléoduc entre la Chine et le Kazakhstan. Un nouvel ouvrage est en cours de construction et devant porter à terme la capacité de transit à 400 000 barails par jour. En 1997, la Chine et le Kazakhstan ont signé la mise en place conjointe de la Compagnie pétrolière Sino-Kazakhe, fruit d’une collaboration entre la China National Petroleum Corporation (CNPC) et KazMunaiGas, et avec comme objectif affiché de relier la Mer Caspienne au Xinjiang par un oléoduc.
La frontière entre le Kirghizistan et la Chine est poreuse et le flux de personnes circulant entre le Xinjiang chinois et le territoire kirghize est considérable. On estime à 30 000 le nombre de ressortissants chinois vivant au Kirghizistan, parmi lesquels des populations ouïghours. Près de 100 000 Kirghizes vivent au Xinjiang.
En bref, les avant-postes militaires états-uniens au Kirghizistan ont bien plus de conséquence pour la sécurité nationale chinoise que les modestes renforts envoyés dans les zones de combat en Afghanistan. Pour les agences de renseignement états-uniennes et pour le Pentagone, c’est un terrain idéal pour mener des opérations clandestines de déstabilisation dans le Xinjiang, une province si fragile politiquement et tellement vitale pour la stratégie chinoise. Cette circulation transfrontalière offre une parfaite couverture aux activités d’espionnage états-uniennes et pour d’éventuels sabotages [8] .
Selon l’ancien ambassadeur indien K. Gajendra Singh, maintenant retiré de ses fonctions et à la tête de la Fondation pour les études indo-turques à New Delhi, le régime de Bakiev, en permettant aux forces militaires états-uniennes d’utiliser la base aérienne de Manas et en leur fournissant, entre autres, des équipements électroniques de haute technologie, leur facilite la surveillance les bases militaires et les principaux sites de lancement de missiles du Xinjiang chinois [9].
Créé récemment par le Pentagone officiellement pour approvisionner les zones de combat afghanes, le réseau de distribution du Nord (NDN, Northern Distribution Network) s’ajoute aux préoccupations de Pékin au sujet des opérations états-uniennes au Kirghizistan.
Le réseau de distribution de Nord traverse le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Nombreux sont ceux au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai à suspecter le Pentagone de vouloir utiliser ce réseau pour générer des attaques simultanées par des groupuscules, tels que le « Mouvement islamique d’Ouzbékistan » ou l’« Union du Jihad islamique » et l’obscur mouvement Hizb ut-Tahir, tous confinés dans la vallée de Ferghana répartie sur les trois États traversés par le NDN [10].
Pékin n’est pas un observateur passif des événements kirghizes. Clairement, la Chine s’apprête à jouer sa meilleure carte, la carte économique, pour s’assurer des relations plus étroites et bien plus amicales avec le nouveau gouvernement kirghize, quel qu’il soit.
En juin 2009, lors d’une assemblée de l’Organisation de coopération de Shanghai à Ekaterinbourg en Russie, le président chinois Hu Jintao a promis un fonds de 10 milliards de dollars pour un programme d’aide à venir, destiné aux Nations-membres d’Asie Centrale : le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Rien de ce qu’a promis Washington aux Kirghizes ne s’approche un tant soit peu de ces sommes.
Dans l’une de ses premières déclarations, le porte-parole de Parlement provisoire kirghize, Omourbek Tekebaïev a affirmé devant les médias russes que son pays considère la Chine comme l’un de ses alliés stratégiques : « Notre politique étrangère va changer… La Russie, le Kazakhstan et nos autres voisins, y compris la Chine, resteront nos partenaires stratégiques. » [11].
Or, il existe un projet que le partenaire stratégique chinois est susceptible de vouloir hâter pour l’établissement de relations plus étroites. En effet, Pékin a déjà annoncé la construction d’un immense réseau ferré à grande vitesse en Eurasie.
L’autoroute devant traverser le Kazakhstan est maintenant en construction. Il s’agit de l’un des projets d’infrastructures destiné à relier l’Europe de l’Ouest à la Chine de l’Ouest. La mise en service de cette voie de circulation facilitera d’une part le transit des marchandises de la Chine vers l’Europe, mais également du matériel pour la construction des projets Sino-Kazakhes depuis l’Europe.
Le ministre des Chemins de fer chinois a dévoilé l’un des projets les plus ambitieux du monde contemporain. Traversant le Kirghizistan, les lignes ferroviaires s’étendront à terme du Xinjiang jusqu’en l’Allemagne, et même jusqu’à Londres vers 2025.
Le projet inclut en effet la possibilité que le réseau ferroviaire Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan soit relié au réseau nodal eurasiatique de lignes à grande vitesse.
La Chine est également en train de construire douze nouvelles autoroutes pour rendre les économies du Kirghizistan et de ses voisins dépendantes d’un réseau routier moderne relié au Xinjiang. Dans une certaine mesure, la militarisation états-unienne du Kirghizistan devient une réelle menace pour la sécurité nationale chinoise. La riposte économique de la Chine pour accroître sa présence dans le pays est maintenant bien enclenchée [12].
Comme pour expliciter un peu plus encore les préoccupations chinoises à propos de la stabilité de son voisinage, Pékin a récemment renforcé ses activités économiques en Afghanistan.
Le président Hu Jintao s’entretient avec son homologue Afghan Hamid Karzaï suite à une cérémonie de signature à Pékin, le 24 mars 2010. La Chine a annoncé de nouveaux investissements en Afghanistan et s’est engagée à prolonger son soutien aux efforts de reconstruction dans le pays voisin ravagé par la guerre.
[Wu Zhiyi/ China Daily]
Si des tensions apparaissent entre le président afghan Hamid Karzaï et l’administration Obama, les relations se réchauffent visiblement entre Karzaï et Pékin. Le 24 mars dernier à Pékin, Karzaï et le président chinois Hu Jintao ont signé de nouveaux accords sur les échanges et les investissements, et se sont accordés sur le renforcement de la coopération triangulaire avec le Pakistan, un allié traditionnel de la Chine.
Les accords du 24 mars porteraient sur les investissements chinois en Afghanistan dans les domaines de l’énergie hydraulique, des activités minières et ferroviaires, des travaux publics et dans d’autres projets liés à l’énergie.
La Chine est déjà le premier investisseur de l’économie afghane. En 2007, la Metallurgical Group Corporation, une grande entreprise publique chinoise, a remporté un contrat d’investissement de 3,5 milliards de dollars pour l’exploitation de la mine de cuivre d’Aynak en Afghanistan, sur l’un des gisements les plus importants du monde [13].
Les entreprises chinoises s’intéressent également à la possibilité d’exploiter en Afghanistan les réserves d’hydrocarbures, estimées à 1,6 milliards de barils de pétrole et 440 milliards de mètres cubes de gaz, ainsi que les gisements de divers métaux dont l’or et le minerai de fer [14].
Pour la Chine, l’Afghanistan et le Pakistan sont deux éléments tout aussi vitaux dans son réseau de distribution et d’échanges vers l’Iran. Pékin vient d’achever la construction d’infrastructures portuaires à Gwadar au Pakistan, qui lui permettront d’acheminer 60 % de ses importations de pétrole du Proche-Orient. La Chine projette en outre de connecter le port de Gwadar à la province du Xinjiang en passant par l’Afghanistan, afin d’assurer l’approvisionnement en ressources énergétiques nécessaires à son économie en pleine expansion. C’est dans ce contexte global que la stabilité politique au Kirghizistan est essentielle à la Chine [15].
Dans notre prochaine partie, nous examinerons l’importance capitale du Kirghizistan pour la Russie en termes géopolitiques. La Russie occupe la place du deuxième joueur dans cette nouvelle partie d’échecs tridimensionnelle pour le contrôle du continent eurasiatique et de son avenir politique et économique.
*
Par Régis Genté
Le Figaro.fr - 16-6-10 - 275.000 habitants de la région d'Och ont fui leurs maisons à la suite des violences ethniques. Des milliers de réfugiés ouzbeks restent bloqués à la frontière de l'Ouzbékistan.
Au lendemain de la fermeture de sa frontière par l'Ouzbékistan, les Ouzbeks victimes des pogroms des derniers jours sont encore des milliers entassés dans les villages frontaliers. Selon la Croix-Rouge, 275.000 personnes auraient été déplacées depuis le début des tensions dans le Sud kirghiz, jeudi dernier.
À Suratash, du promontoire où trône la mosquée, ils sont des dizaines à regarder incrédules, en contrebas, le long mur de parpaings et les rangs de barbelés qui séparent le Kirghizstan de l'Ouzbékistan. «Vous savez si on pourra passer ?» demande une jeune fille, la tête couverte d'un voile couleur verdâtre. Avec sa famille, elle est venue à pied, «puis un peu en voiture», de la rue Kalinina et des quartiers ouest d'Och, à une quinzaine de kilomètres de là. Le calme très relatif qui règne depuis lundi dans le Sud kirghiz a permis à des milliers d'Ouzbeks (ethniques) de fuir Och. Hélas, c'est à ce moment-là que l'Ouzbékistan a décidé de fermer sa frontière, après avoir accueilli près de 100.000 personnes.
Chaos politique
Résultat : ils sont des milliers à s'entasser dans les maisons à cours fermées, heureusement grandes, des villages frontaliers. Les rues ô combien poussiéreuses de la bourgade, aux constructions en brique de terre non cuite, connaissent une circulation sans précédent. Dans la mosquée, quelques médecins utilisent avec parcimonie les rares médicaments que les uns et les autres leur ont donnés. «On manque de tout, surtout de paix», lance une vieille dame. «Mais ne manquez-vous pas d'eau, de pain?» «Oui, tellement, mais c'est d'abord de paix que nous manquons. Le gouvernement provisoire dit dans ses médias que la situation se normalise. Mais ce n'est pas vrai, les Kirghizs peuvent reprendre leurs tueries d'un moment à l'autre», insiste la sexagénaire, en sueur et épuisée par des heures de marche, le matin même.
Six jours après le début des pogroms contre les Ouzbeks du Sud kirghiz, environ 40% de la population de la région, et contre d'autres minorités ethniques, le calme était très précaire aux environs des villes d'Och et de Jalal-Abad. Des tirs sporadiques ont été entendus à Och dans la nuit de mardi à mercredi. Mais surtout, la chaotique situation politique à l'origine de ces tueries n'a en rien changé. Une partie de l'élite politique locale, très clanique, des forces policières et militaires ainsi que des milieux criminels semble résolue à déstabiliser le sud du Kirghiz stan et empêcher la tenue du référendum du 27 juin, qui doit permettre l'adoption d'une nouvelle Constitution et donner un semblant de légitimité au gouvernement provisoire, arrivé au pouvoir après le renversement du chef de l'État, le sudiste Kourmanbek Bakiev.
Eau marronnasse
À quelques kilomètres de Suratash, ils sont encore plus nombreux à se retrouver dans ce qui ressemble à une impasse. À Yarkichlak, le corridor dont Tachkent avait permis l'ouverture s'est aussi fermé mardi. «Pas grave. Je ne veux pas aller en Ouzbékistan. Je suis ouzbek, mais mon pays c'est le Kirghizstan», explique Mamer, un ouvrier du bâtiment, arrivé là mercredi, depuis sa mahalla (quartier ouzbek) de Nariman, à Och. «Les hommes sont restés pour défendre nos maisons. Mais quelques-uns d'entre nous ont accompagné les femmes, les enfants et les vieillards ici.»
De temps à autre, les soldats ouzbeks distribuent à travers les barbelés des lepiochki, les pains ronds et plats d'Asie centrale. L'eau potable est denrée rare. Des enfants viennent remplir des bouteilles en plastique dans les rigoles, où l'eau court certes mais n'en est pas moins marronnasse. Sous une tente, une mère nous montre le bas du dos de ses deux très jeunes fils, pleins de boutons apparus la veille.
«Le gouvernement ne fait rien pour nous. Cinq jours qu'on est ici, on attend toujours l'aide de Bichkek. Y a que les Ouzbeks qui nous aident», s'emporte une dame d'une cinquantaine d'années. Pas étonnant rétorque une autre, dans un invraisemblable brouhaha où chacun veut dire son mot, «elle est une Kirghize Roza Otounbaïeva», la chef du Gouvernement provisoire. L'accusation est injuste. Les véritables pogroms commis entre jeudi et lundi laisseront de profondes blessures dans la population, pour peu que le pays ne verse pas dans la guerre civile dans les semaines qui viennent. «Nous les Ouzbeks, on ne ferait pas cela», conclue la dame au foulard léopard.
Traduction Nathalie Krieg
Notes
[1] John C. K. Daly, Sino-Kyrgyz relations after the Tulip Revolution, Washington, The Jamestown Foundation, China Brief, 7 juin 2005.
[2] Philip Shishkin, « In Putin’s Backyard, Democracy Stirs – With U.S. Help », The Wall Street Journal, 25 février 2005.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] « Que se passe-t-il dans le Xinjiang ? », par Domenico Losurdo, Réseau Voltaire, 12 juillet 2009.
[7] F. William Engdahl, Washington is Playing a Deeper Game with China, Voltaire Network, 13 juillet 2009, non traduit.
[8] K. Gajendra Singh, Geopolitical Battle in Kyrgyzstan over US Military Lilypond in Central Asia, New Delhi, 11 avril 2010.
[9] Ibid.
[10] Cornelius Graubner, Implications of the Northern Distribution Network in Central Asia, Central Asia-Caucasus Institute, Johns Hopkins University, 1er septembre 2009.
[11] John C.K. Daly, op. cit.
[12] Roman Muzalevsky, "The Implications of China’s High-Speed Eurasian Railway Strategy for Central Asia", Eurasian Daily Monitor, Vol. 7, numéro 64, 2 avril 2010.
[13] Afghanistan Ministry of Mines, Aynak Copper Project is Inaugurated in a Glorious Ceremony, 9 juillet 2009.
[14] Roman Muzalevsky, The Economic Underpinnings of China’s Regional Security Strategy in Afghanistan, Eurasia Daily Monitor, Vol. 7 Numéro 75, 19 avril 2010.
[15] Ibid.
By ALAN CULLISON And KADYR TOKTOGULOV
Source : Antiwar et http://freedomsyndicate.com/fair0000/wsj00A.html
BISHKEK, Kyrgyzstan—15-6-10 -Weeks before ethnic clashes killed hundreds of people in this Central Asian republic, an audio recording was posted on YouTube that presaged the mayhem.
"We need to find 500 b—ds…and keep [the country] in a constant mess," said a voice that government officials here say was that of Maksim Bakiyev, the 32-year-old son of the ousted president. "Somebody needs to kick up a fuss."
The recording of the phone call sparked fresh intrigue. From exile in Minsk, President Kurmanbek Bakiyev denied any connection to the unrest in Kyrgyzstan; the head of Kyrgyzstan's new interim government says it shows the former regime is seeking to return to power. The younger Mr. Bakiyev was detained in the U.K. Monday on charges by Kyrgyz authorities that include abuse of office and misuse of state funds.
Whether the allegations prove true or not, the recent developments shine an uncomfortable spotlight on the close relations that the U.S. cultivated with the Bakiyevs before they were ousted in April.
The new leaders in Bishkek say the U.S. government, keen to maintain a crucial military base here used to funnel troops and supplies into nearby Afghanistan, pursued a dangerous policy of ignoring the regime's abuses right up to the moment it collapsed after a popular revolt.
Kyrgyzstan's new leaders charge that America's relationship with the Bakiyevs before they fled provided a patina of respectability to a brutal, corrupt government through high-level contacts and dubious fuel deals. Now, both the U.S. and Kyrgyz citizens are feeling the blowback.
Roza Otunbayeva, head of Kyrgyzstan's new interim government, says the YouTube recording is authentic, and that the former regime "provoked and orchestrated" the ethnic violence that has left an estimated hundreds dead and sent tens of thousands fleeing into neighboring Uzbekistan.
The career of Maksim Bakiyev was watched closely in Kyrgyzstan, because nepotism among leaders has been a problem in the past. During the five-year reign of his father, the younger Mr. Bakiyev's financial interests grew from a modest import business of cash-and-carry goods into an empire spanning banking, oil and telecommunications, said Edil Baisalov, until recently the chief of staff for Ms. Otunbayeva.
Mr. Baisalov said U.S. business ties with Maksim Bakiyev were part of a larger pattern of the U.S. turning its back on human rights in the region, dialing back its criticism of authoritarian regimes so it could win their support for the war in Afghanistan.
The U.S. government responded with a "stunning silence" in the last year of the Bakiyev government's existence, as officials rigged elections, and shut down websites and newspapers as opposition figures were killed or arrested, he said. "We were shocked, dismayed by the silence and we felt betrayed."
A White House official denied the administration had been putting U.S. human-rights principles aside, noting that during the Kyrgyz crisis, the administration issued repeated statements calling for a return to the rule of law. "I'd definitely dismiss the general notion that we're easing up on discussing human rights for these other strategic reasons," said the White House official.
But current and former U.S. officials privately agree that Washington over-invested politically in the Bakiyev government as it tried to retain the U.S. military base there.
Kyrgyz prosecutors want to try Maksim Bakiyev for abuse of office, misuse of government funds and money laundering, a prosecutor's spokesman said Tuesday.
While details of the charges are sketchy, one involves the younger Mr. Bakiyev's relationship with Asia Universal Bank, a Kyrgyz bank that was advised by U.S. consultants APCO Worldwide and Kroll Associates and whose board members included three former U.S. senators. Prosecutors allege that the younger Mr. Bakiyev steered to AUB part of a $300 million Russian state loan to Kyrgyzstan, and personally benefitted from it, the spokesman said.
Critics of the Kyrgyz government were suspicious of Maksim Bakiyev's relationship with AUB, which under his father's rule grew from a little-known bank to the country's most influential financial institution. AUB shuffled a large amount of money out of the country when the government collapsed. On the night of the coup, April 7, officials at AUB approved international wire transfers that they say were requested by AUB clients totalling about $170 million, or more than 10% of the country's banking assets, according to central bank officials.
Kyrgyzstan's new leaders say they suspect a chunk of that money was the plundered wealth of President Bakiyev and his inner circle. They have asked for the U.S. to help recover those funds. The U.S. Embassy in Bishkek said the U.S. is "looking into" the request. The Kyrgyz government has now nationalized AUB and is dividing it into two banks because of what the government calls an illegal acquisition.
The new government has also accused the U.S. of enriching Maksim Bakiyev through fuel supply deals. It says a fuel-supply contractor, Mina Corp., a privately-owned company based in Gibraltar, had lucrative U.S. government contracts to supply fuel to the U.S. base. The government says Mina, which is operated by a former U.S. military attaché, used smaller delivery companies, that were allegedly controlled by Maksim Bakiyev, and funneled as much as $70 million a year to them.
The Kyrgyz government has produced no evidence of the alleged payoffs, saying the case is under investigation. Mina denies the accusation, and its operations manager, Chuck Squires, says he never even met the president's son.
But hostility in the new government towards the U.S. fuel dealings have led to supply disruptions at the base. Kyrgyzstan's acting president, Ms. Otunbayeva, said Kyrgyzstan will abolish an exemption on jet-fuel taxes that made the business especially profitable under Mr. Bakiyev. In an interview, Ms. Otunbayeva said she wants no more "corrupt schemes."
In Washington, the finger-pointing prompted the House Committee on Oversight and Government Reform to launch an investigation in April into allegations that Pentagon fuel contracts to supply fuel to the Manas Air Base "substantially enriched family members of President Kurmanbek Bakiyev."
Whether true or not, the "perception of corrupt" deals between the U.S. and the Bakiyev family has already undermined U.S. interests in the region, and may have helped topple the Kyrgyz government, said Scott Horton, a lecturer at Columbia Law School in New York and a trustee of the American University in Bishkek who testified at one of the Congressional hearings.
U.S. financial advisors around AUB and Maksim have decamped from Kyrgyzstan. One of AUB's former board members and minority shareholders, U.S. citizen Eugene Gourevitch, is a fugitive from Kyrgyz fraud charges filed by the interim government.
Contacted by email, Mr. Gourevitch denied any wrongdoing, saying that his recent work in Kyrgyzstan was "based entirely on perhaps my overly idealistic beliefs and aspirations" for development of Kyrgyzstan.
AUB's former chairman and chief shareholder, Mikhail Nadel, now in London, says he won't be returning anytime soon to Kyrgyzstan, whose new leaders he accused of "banditry" and who he said were now plundering his bank. Mr. Nadel confirms there was a surge in transfers at the time of the government collapse, but they were only clients rescuing their funds from a coup.
Kyrgyzstan's central bank officials, who remain in place after the coup, said they were shocked when they learned about the bank transfers that occurred as the government toppled April 7. The government had tried the previous day to quell protests by arresting opposition leaders, but then released them when the strength of demonstrations took the government by surprise.
After failing to disperse crowds in Bishkek with tear gas and concussion grenades, snipers on the roof of the palace began shooting protesters, armed and unarmed. More than 80 people were killed that day, most with gunshot wounds to the head and chest.
The transfers accelerated that night, ushered through AUB's offices, according to AUB and current government officials. The central bank's deputy governor Suerkul Abdybaly-Tegin, who also served under President Bakiyev, said he learned about the drop in assets the following day, and faxed letters to bank regulators abroad to stanch the outflow. But "we were too late," he said.
It could take months to find out to whom the money went precisely, officials say. Funds went to companies with bank accounts in Europe and British Virgin Islands, but it's not clear who many of them represent, said Temir Sariyev, finance minister for the interim government.
Mr. Nadel said in an interview that he was friends with Maksim Bakiyev, but denied that the younger Mr. Bakiyev ever had any control over the bank. He said AUB grew rapidly because he and its advisors had built it in the past few years into the country's premier financial institution.
The one-time head of Kyrgyzstan's central bank, Ulan Sarbanov, tells a different story. He said AUB managers consulted regularly with the younger Mr. Bakiyev about the banking business. While head of the central bank, Mr. Sarbanov said he was suspicious of AUB's activities, because it maintained an office in Western Samoa and, he said, "could produce different balance sheets on the same day." He refused to allow it to take deposits from Kyrgyz citizens.
In 2005 the Central Bank of Russia launched an investigation of AUB, and later issued a statement reviewed by the Wall Street Journal saying it suspected the bank of "suspicious operations" to help companies evade taxes. Mr. Sarbanov said that when he tried to help the Russian bank investigate, he was forced out of his job by President Bakiyev.
After Mr. Sarbanov's departure, AUB went into the retail banking business. Mr. Nadel, AUB's chairman, says this had nothing to do with any favors from the government, and that AUB had spent "several years" working to obtain the retail banking license and the Russian Central Bank investigation proved nothing against AUB.
The following year, the bank hired APCO Worldwide and Kroll as advisors. Kroll published a report in early 2007 saying the bank had a "solid foundation" to enact controls against money laundering. Former U.S. Senators Bob Dole (R., Kan.) and J. Bennett Johnston (D., La.) joined its board. Earlier this year, Mr. Dole resigned and his seat was filled by former Democratic Sen. Donald W. Riegle, Jr. from Michigan.
In April 2007, Mr. Dole and Mr. Johnston visited Bishkek on AUB's invitation. Mr. Dole also visited the U.S. air base, and had an audience with President Bakiyev.
Mr. Dole declined to comment for this article. Mr. Johnston denied ever meeting with Mr. Bakiyev "or any of his family or anyone who spoke for him."
APCO said its staff and independent board members worked with AUB to improve governance and compliance procedures at the bank. Kroll said it advised AUB on helping the bank install anti-money laundering mechanisms, and raise the bank's overall standards. Mr. Riegle said he agreed with the APCO statement.
Western diplomats said they got visits from a Kroll representative, who gave them briefings on AUB's anti-money-laundering efforts and due diligence on its shareholders.
But outside the bank was a worsening business climate in Bishkek. A number of businessmen complained publicly that Maksim Bakiyev used tax police and prosecutors to seize their businesses, whose cash flows they say were then diverted to AUB. Several prominent critics of the government were killed, jailed, or died under suspicious circumstances.
In October, the elder Mr. Bakiyev, who had just won another term as president, appointed his son the country's effective economic czar, as head of Kyrgyzstan's Central Agency for Development, Investment and Innovation.
U.S. officials said Maksim Bakiyev's official status made it necessary to invite him to Washington in April, where he was to be a featured speaker at the Kyrgyz Opportunities Forum, hosted by the Commerce Department. The top State Department official for Central Asia, William O. Blake, was also to appear. But events in Kyrgyzstan forced an abrupt cancellation of the gala event.
After the government toppled, the State Department dispatched Mr. Blake to Kyrgyzstan to make amends with the new government.
Kyrgyz officials said Mr. Squires, of Mina Corp., was also making the rounds to government offices, to explain his company's fuel business and deny allegations that his company has connections to Maksim Bakiyev. Ms. Otunbayeva, the interim president, declined repeated invitations to meet with him.
Corrections and Amplifications
Scott Horton is a lecturer at Columbia Law School in New York and a trustee of the American University in Bishkek. An earlier version of this article said Mr. Horton is a New York-based professor of international law at the American University in Bishkek.
*
Se méfier des uniformes :
un uniforme peut en cacher un autre !
Michael Schwirtz contributed reporting from Osh, and Ellen Barry from Moscow
New York Times - Asia pacific - OSH, Kyrgyzstan - 16-6-10 - As the armored personnel carrier rumbled down the street, men in Kyrgyz military uniforms clinging to its sides, residents of an ethnic Uzbek neighborhood here felt a surge of relief. The peacekeepers, it seemed, had finally arrived.
But then the men in uniforms jumped down and began firing automatic weapons into homes while shouting anti-Uzbek slurs, more than a dozen residents of the neighborhood, Shai-Tubeh, said in interviews on Wednesday. They spoke of the terrifying moments last week when they realized that they were under attack from what appeared to be their own nation’s military. They said the assailants killed several people, wounded many others and set fire to buildings.
“We believed that they had come to protect us,” said Avaz Abdukadyrov, 48. “But instead, they came to kill us.”
Mr. Abdukadyrov and others said one memory of the events last Saturday haunted them : as they fled and their homes burned, the men in uniforms laughed and danced in the street.
In the wake of ethnic riots that broke out last Thursday night and killed hundreds over the weekend here and throughout southern Kyrgyzstan, questions arose about whether the violence was spontaneous — and then increased in the absence of strong local authority — or the work of more organized forces, possibly doing the bidding of Kyrgyzstan’s deposed president, Kurmanbek S. Bakiyev.
The accounts from the people of Shai-Tubeh and numerous other reports by witnesses lend powerful credence to suspicions of organized violence, pointing to rogue elements of the Kyrgyz government and military. The involvement of even a faction of the military could be a sign that the interim Kyrgyz government is not in complete control.
Shai-Tubeh does not seem to be an isolated case. On Wednesday, at a mosque near the border with Uzbekistan that is now sheltering ethnic Uzbek refugees, several people from other areas of Osh described similar scenes of neighborhoods and houses being assaulted by men in uniform using Kyrgyz military vehicles, arms and matériel.
A doctor at the shelter, Halisa Abdurazakova, 37, said that residents of her neighborhood had blocked the main road with large boulders and other objects after the violence started. But a Kyrgyz Army tank soon arrived, she said, and pushed aside the debris, allowing gunmen in an armored personnel carrier to drive through and start shooting.
“This was a blatant attack on us by the authorities,” Dr. Abdurazakova said.
The witness reports underscore why it may be difficult to persuade Uzbeks to return to Osh and surrounding areas. Many now see the government as the enemy, scoffing at official assurances that they can safely return.
The interim government has maintained from the outset that Mr. Bakiyev, who was ousted in April, incited the rioting to destabilize the country and pave the way for his return.
From his exile in Belarus, Mr. Bakiyev has repeatedly denied any involvement in the violence. But he comes from a prominent family in southern Kyrgyzstan and is said to maintain strong ties to government and military officials in the region.
In addition to the hundreds of Uzbeks who were killed in the past week, more than 100,000 by some estimates have left their homes, mostly women and children, causing a crisis on the Uzbek border. Ethnic Uzbeks account for only about 15 percent of Kyrgyzstan’s population, but they account for a larger percentage in the Osh region. While a minority, they are generally more prosperous than the Kyrgyz, a factor that also may have figured in the animosities that have exploded, political experts say.
The Uzbeks remaining in Osh are mostly men who have hunkered down in places like Shai-Tubeh, guarding their damaged homes from looters and squatters and refusing almost all contact with the authorities. Shai-Tubeh, in fact, is part of a warren of Uzbek neighborhoods that are now closed off from the rest of Osh by makeshift roadblocks, often the carcasses of buses or cars that were damaged in the rioting.
Jittery young Uzbeks stand guard at the entrances, and rarely allow ethnic Kyrgyz to pass, not that many would try, given the still seething emotions. Even as the violence has diminished, the barricades have given Osh the feel of a city under siege, divided into ethnic cantons.
While blaming Mr. Bakiyev for the hostilities, the interim government has also dismissed questions about whether the military took part.
“These are just rumors,” said Omurbek Suvanaliyev, the Osh region’s police chief. “This is part of a large-scale disinformation campaign.”
He said it was not easy to examine who was responsible for the violence because Uzbeks were so distrustful of the Kyrgyz authorities that they would not speak to investigators. “We now do not even go into these places because we do not want to inflame the situation,” he said.
But a leader of the ethnic Uzbeks in Osh, Jalal Salakhutdinov, said evidence of military complicity reinforced Uzbek demands that an international peacekeeping force be deployed in the city, and that an international inquiry be undertaken.
“The world must learn what happened here,” Mr. Salakhutdinov said.
The accounts of witnesses in the Shai-Tubeh neighborhood could not be independently confirmed. But more than a dozen residents were interviewed separately, and they recalled many of the same details. The destruction of buildings was undeniable.
What is striking about the events in Shai-Tubeh is that they occurred well after the violence in Osh began, residents said, contradicting earlier suggestions that a few strategic attacks by agents provocateurs might have lighted a fuse on longstanding ethnic tensions.
It was Saturday morning, roughly 36 hours after the outbreak of violence in Osh, when the military vehicles showed up at the intersection of Lenin Street and Mamadzhan Street. Many residents had spent the night in the nearby mosque, hoping that they would be safe there.
Jahangir Karabayev, 31, said the men in Kyrgyz Army uniforms were accompanied by civilians who were also armed, as well as others in police uniforms.
“They kept chanting, ‘Uzbeks, we are going to kill you,’ and ‘This is the end of you,’ ” Mr. Karabayev said.
His brother, Anvar Karabayev, 29, owner of a convenience store, said people stayed put at first because they did not expect the soldiers to attack. “But then they started shooting, and we ran or hid,” he said.
The residents said the shooting lasted about 20 minutes, pointing to numerous walls in the neighborhood that were scarred by bullets, including those of the mosque. Some said military snipers were involved.
There was some disagreement on what started the fires. Two residents said they saw flamethrowers. Anvar Karabayev said his roof burned after being hit by tracer bullets.
On Wednesday, Anvar Karabayev offered a brief tour of his home, which is across the street from his store. The exterior and much of the interior had been devoured by fire. In a smashed box on the floor were several hundred eggs, which he had taken from the store so they would not be looted. Many had been cooked by the flames.
“This has been my family’s home for generations,” he said.
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La présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, le 18 juin 2010 à Osh
Voila.fr - 18-6-10 - La présidente par intérim du Kirghizstan a reconnu vendredi que les violences interethniques avaient fait probablement près de 2.000 morts -- dix fois plus que le bilan officiel -- à l'occasion d'une visite dans le Sud du pays ravagé par les affrontements.
L'Organisation mondiale de la Santé a, elle, indiqué que les émeutes des jours derniers auraient "affecté directement ou indirectement" un million de personnes dans cette ancienne république soviétique d'Asie centrale.
Ces chiffres -- 300.000 réfugiés et 700.000 déplacés à l'intérieur du pays -- constituent "le pire scénario", a confié à l'AFP Giuseppe Annunziata, coordonnateur du programme d'aide d'urgence de l'OMS.
Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Asie centrale et du Sud, Robert Blake, a exigé une "enquête indépendante" et enjoint le Kirghizstan de faire "cesser les violences qui entraînent un flot de réfugiés" en Ouzbékistan, pays voisin où il effectuait une visite [sic].
Au même moment, la présidente par intérim kirghize, Rosa Otounbaïeva, rencontrait des habitants à Och, deuxième ville du pays particulièrement touchée par les violences.
Portant un gilet pare-balles, Mme Otounbaïeva a atterri en hélicoptère et s'est exprimée devant un petit nombre de personnes sur la place centrale: "Je suis venue ici pour parler avec les gens et écouter ce qu'ils disent sur ce qui s'est passé".
Avant de quitter la capitale Bichkek, Mme Otounbaïeva a reconnu que le nombre de victimes des violences était nettement supérieur au bilan officiel, comme l'avaient déjà indiqué à l'AFP des habitants des régions dévastées.
"Je multiplierais par dix les chiffres officiels" qui font état de 192 morts et plus de 2.000 blessés, a déclaré Mme Otounabaïeva au quotidien russe Kommersant.
Au cours d'une réunion avec des représentants de la société civile à Och, elle a atténué ses propos en disant que le bilan final serait "au minimum plusieurs fois supérieur" aux chiffres officiels.
"Ce n'est pas qu'on cache la vérité, c'est qu'on n'a pas non plus les chiffres. Les gens ont enterré et enterrent les corps sur place", sans le signaler aux autorités, a expliqué Mme Otounbaïeva.
Interrogée sur les conflits entre Kirghiz et la minorité ouzbèke de ce pays de 5,3 millions d'habitants, elle a reconnu que les tensions étaient "toujours élevées" et qu'il y avait déjà eu "par le passé des échauffourées. Mais on a cru que la situation allait tenir", a-t-elle dit.
Historiquement, les relations entre les deux communautés sont tendues, notamment en raison de disparités économiques. Dans les années 1990, des affrontements interethniques avaient fait des centaines de morts dans la région d'Och.
De retour à Bichkek dans la soirée, Mme Otounbaïeva a déclaré à la radio nationale que des troupes russes allaient protéger "certaines installations stratégiques du pays".
Le ministère russe de la Défense a indiqué que la décision n'avait pas encore été prise.
"Nous confirmons que les autorités kirghizes nous ont demandé l'envoi de militaires russes pour protéger des installations stratégiques. Nous avons pris en compte cette demande. La décision définitive n'a pas encore été prise", a déclaré cette source.
De son côté, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a demandé au gouvernement kirghiz provisoire de mener une enquête "exhaustive et transparente" sur ces violences, afin de trouver les responsables pour qu'ils répondent de leurs actes.
Deux ONG, l'institut d'analyse des conflits International Crisis Group (ICG) et l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), ont annoncé avoir écrit au Conseil de sécurité de l'ONU pour lui demander des "mesures immédiates", afin de régler cette situation, "une menace importante à la paix et la sécurité internationales".
A Londres, Maxim Bakiev, le fils du président kirghiz déchu Kourmanbek Bakiev a déposé une demande d'asile au Royaume-Uni, selon son cabinet d'avocats. Mais le ministère britannique des Affaires étrangères avait indiqué jeudi qu'il pourrait prendre en considération une demande d'extradition de Maxim Bakiev, que le gouvernement temporaire kirghiz a réclamé.
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Des réfugiés traversent la frontière entre l'Ouzbékistan et le Kirghizstan, le 18 juin 2010 à Och
Voila.fr - 23-6-10 - Des dizaines de milliers de personnes réfugiées en Ouzbékistan à la suite des violences ayant secoué le Kirghizstan ces dernières semaines ont pris le chemin du retour malgré une situation toujours précaire et des difficultés d'acheminement de l'aide qui leur est destinée.
Au total, 57.539 personnes sont rentrées au pays, a déclaré à la presse Ismaïl Issakov, un représentant du gouvernement provisoire kirghiz.
"Au Kirghizstan aujourd'hui (...), entre 08H00 et 17H00, plus de 8.000 réfugiés sont rentrés", a déclaré pour sa part le directeur adjoint du service kirghiz de surveillance des frontières, Tcholponbek Tourousbekov.
Selon ses services, 75.000 personnes avaient fui vers l'Ouzbékistan après les violences interethniques qui ont ravagé le sud du Kirghizstan à la mi-juin. Des agences d'aide internationale avaient évalué leur nombre à plus de 100.000.
Pour Baktybek Alymbekov, commandant militaire de la région d'Och, "la situation dans la région dans l'ensemble se stabilise". Il a toutefois fait état de tensions persistantes entre les communautés kirghize et ouzbèke, notamment entre jeunes.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a proposé l'envoi d'une force de police internationale pour contribuer à stabiliser la situation dans le sud du pays.
"Le processus de stabilisation est en cours, mais ce serait encore mieux si une force internationale de maintien de la paix y participait, si possible pas des militaires, mais des policiers", a déclaré le représentant spécial de l'OSCE pour l'Asie centrale, Kimmo Kiliounène, suggérant l'envoi de 50 à 100 policiers.
Au total, environ 400.000 personnes ont fui le sud du Kirghizstan à la mi-juin. Les derniers chiffres officiels font apparaître que les affrontements ont fait 251 morts, mais la présidente kirghize par intérim Rosa Otounbaïeva a reconnu il y a quelques jours que le bilan réel pourrait être de près de dix fois supérieur.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a salué mercredi les efforts du Kirghizstan et de l'Ouzbékistan en vue de faciliter le retour des réfugiés, mais appelé à ce qu'ils se fassent "en premier lieu dans les zones où les agences humanitaires ont accès".
Une journaliste de l'AFP a aperçu mercredi de très nombreux réfugiés, essentiellement des femmes, des enfants et adolescents, tout juste arrivés d'Ouzbékistan, dans le village kirghiz de Sourot-Tach, près de la frontière ouzbèke.
Minoura, une habitante d'Och âgée de 43 ans, a pour sa part franchi la frontière au niveau du village kirghiz de VLKSM (acronyme correspondant à son ancienne appellation soviétique), accompagnée de deux de ses cinq enfants.
"Nous sommes nés et nous avons grandi ici. C'est ici qu'ont vécu nos ancêtres. C'est pour cela que nous voulons vivre au Kirghizstan, et nous l'avons fui parce que nous avions peur pour notre sécurité", a-t-elle expliqué.
"Des membres de notre famille nous ont dit que la situation à Och n'était pas si dangereuse et que beaucoup de gens étaient déjà rentrés", a ajouté la femme.
Historiquement, les relations entre les communautés kirghize et ouzbèke sont tendues, notamment en raison de disparités économiques.
Nombre d'observateurs craignent que le référendum prévu dimanche dans le pays sur une révision de la Constitution ne sème de nouvelles tensions.
Les autorités intérimaires, arrivées au pouvoir en avril à la suite d'un soulèvement populaire, espèrent au contraire que ce vote stabilisera enfin ce petit pays miné par la pauvreté et les crises politiques à répétition.
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Par Maria Golovnina
Reuters - 26-6-10 - A la veille d'un référendum constitutionnel décisif, les autorités du Kirghizistan ont lancé samedi les premières investigations sur les violences ethniques qui ont fait 275 morts dans le sud du pays.
Les services de médecine légale ont procédé à l'exhumation des premiers corps dans la ville d'Och, point de départ des troubles entre Kirghizes et Ouzbeks de souche qui se sont propagés ensuite à toute la région frontalière de l'Ouzbékistan.
Le premier vice-ministre de l'Intérieur, Baktibek Alimbekov, a expliqué que ces exhumations étaient destinées à identifier les cadavres et à se faire une idée plus précise du nombre de morts.
Si le bilan officiel reste inférieur à 300 tués, la présidente par intérim Roza Otounbaïeva a répété à plusieurs reprises que ce nombre est d'au moins 2.000, les violences s'étant propagées à la ville de Djalalabad et à d'autres localités.
"Actuellement, notre équipe conduit ces opérations. C'est dans l'intérêt des victimes (d'être identifiées), et je ne pense pas que cela va provoquer de mécontentement", a dit Alimbekov lors d'une conférence de presse à Och.
Un observateur étranger, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, a précisé à Reuters avoir vu au moins cinq cadavres exhumés du cimetière d'Och.
Plusieurs habitants d'un quartier de la périphérie ont exprimé leur désapprobation lorsque les soldats se sont présentés samedi matin et qu'ils ont commencé à ouvrir des sépultures sans prendre les précautions nécessaires.
"Les soldats sont venus et ils les ont déterrés. Ils les ont emportés, ceux qui n'avaient pas été identifiés", a raconté un habitant. "Les gens de chez nous ne voulaient pas faire ça, pas sans une commission officielle", a-t-il ajouté.
L'homme a précisé que seuls des Ouzbeks de souche étaient enterrés là, précisant que certains corps se résumaient à des tas d'os calcinés.
JALOUX
C'est dans ce contexte que les électeurs sont appelés aux urnes dimanche afin d'approuver le plan du gouvernement intérimaire de réforme des institutions visant à renforcer les pouvoirs du Parlement.
Otounbaïeva, qui a refusé les appels en faveur d'un report du scrutin, devrait voter à Och, deuxième ville du pays, considérée comme la capitale régionale du Sud.
Ce référendum vise à faire du Kirghizistan la première démocratie parlementaire d'Asie centrale après la destitution du président Kourmanbek Bakiev, chassé par la rue en avril.
Mais les violences ethniques ont provoqué une profonde méfiance parmi les populations d'origine ouzbèke sur la capacité des nouvelles autorités à assurer la sécurité et la stabilité du pays.
Juste à l'écart du centre de la ville, une école dans le plus pur style architectural soviétique se prépare pour les opérations de vote. Un groupe d'officiels électoraux vérifient les urnes.
"L'armée a promis de nous protéger mais nous avons dit aux responsables électoraux qui ont peur, de rester chez eux", a expliqué la présidente du bureau de vote, Anoura Echmatova.
"Pour les habitants d'origine ouzbèke, il leur appartiendra de décider s'ils veulent ou non voter. Personne ne les force à voter. Och est aujourd'hui plongé dans l'anarchie et le chaos. Il faut mettre fin à tout cela et c'est la raison pour laquelle nous avons besoin de ce référendum", a-t-elle dit.
La tâche s'annonce toutefois très compliquée comme le rappelle Dilchat, un électricien de 30 ans qui arrondit ses fins de mois en tenant un bureau de change.
"Personne ne va aller voter. Il n'y a plus aucune confiance dans le gouvernement", affirme-t-il. "Les Kirghizes nous ont tiré dessus. Ils sont simplement jaloux de notre réussite et de notre richesse. Ils veulent nous chasser du pays."
Pierre Sérisier pour le service français
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Voila.fr - 27-6-10 - Le Kirghizstan a voté en faveur d'une nouvelle Constitution qui devrait considérablement accroître les pouvoirs du Parlement lors du référendum de dimanche, a annoncé la présidente par intérim, Rosa Otounbaïeva.
"La nouvelle Constitution a été adoptée en dépit des attaques sauvages de ses opposants", a-t-elle dit à la presse, environ deux heures après la clôture des bureaux de vote dans ce petit pays d'Asie centrale pauvre et instable, sans préciser quelle proportion de l'électorat avait voté pour.
"Le référendum a eu lieu", et 65,1% des électeurs y ont participé, a-t-elle dit, alors que les autorités provisoires avaient été mises en garde contre le risques de nouveaux affrontements après les violences interethniques qui ont fait des centaines de morts en juin. Aucun trouble n'a été signalé dans l'immédiat dimanche.
La nouvelle Constitution affaiblit considérablement le président au bénéfice du Parlement, afin d'éviter la concentration du pouvoir dans les mains d'une seule personne.
"Le peuple a mis un point final à l'époque de la gestion autoritaire et familiale", a-t-elle dit en faisant allusion à l'ancien président Kourmanbek Bakiev, qui a fui le Kirghizstan après le sanglant soulèvement du mois d'avril. L'opposition s'était alors emparée du pouvoir et avait formé un gouvernement provisoire.
"Maintenant, nous allons former un nouveau gouvernement légitime, qui ne sera pas +par intérim+", qui restera en poste jusqu'aux élections législatives prévues à l'automne, a-t-elle dit. Leur date devrait être annoncée "bientôt", a-t-elle ajouté.
Mme Otounbaïeva pour sa part devrait remplir les fonctions de présidente jusqu'à jusqu'à la présidentielle prévue en octobre 2011.
Les autorités provisoires comptent beaucoup sur ces réformes pour stabiliser le pays, qui a connu plusieurs vagues de violences ces derniers mois.
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Le Premier ministre kirghiz et candidat à la présidentielle Almazbek Atambaïev,
le 30 octobre 2011 à Bichkek (AFP)
Voila.fr - 30/10/2011 - Le Premier ministre "modéré" Almazbek Atambaïev a annoncé sa victoire dès le premier tour de la présidentielle au Kirghizstan sous haute tension, son principal adversaire nationaliste refusant de reconnaître sa défaite et dénonçant des fraudes.
"Nous avons plus d'un million de voix (sur 3,34 millions d'électeurs, ndlr). C'est suffisant pour gagner au premier tour", a annoncé l'état-major de M. Atambaïev.
M. Atambaïev a obtenu 64,14% des voix, selon un décompte portant sur 71,87% des bureaux de vote. Ses principaux adversaires, les nationalistes Kamtchybek Tachiev et Adakhan Madoumarov, ont obtenu respectivement 14,43% et 14,08% des voix.
L'état-major de M. Tachiev a aussitôt accusé la commission électorale centrale d'"inventer sans aucune honte des chiffres qui n'ont rien à voir avec la réalité".
"Les autorités ont inventé à l'avance les chiffres qui les arrangent. Nous n'avons pas l'intention de reconnaître cette élection", a déclaré à l'AFP Nourgazy Anarkoulov, porte-parole de M. Tachiev.
M. Tachiev, ex-boxeur et leader du parti nationaliste Ata Jourt qui avait d'ores et déjà menacé de faire sortir ses partisans dans la rue en cas de fraudes "annoncera ce qu'il a l'intention de faire lundi lors d'une conférence de presse", a-t-il ajouté.
L'état-major de l'autre candidat nationaliste, Adakhan Madoumarov a pour sa part affirmé que le Premier ministre Atambaïev avait abusé de sa position pendant la campagne électorale.
"Nous allons attendre les résultats définitifs et ensuite décider des mesures à prendre", a déclaré à l'AFP Oumout Moukanbetova, représentante de l'état-major de M. Madoumarov.
Dès la fermeture des bureaux de vote à 13H00 GMT, M. Madoumarov avait dénoncé "des violations sans précédent" au cours du scrutin.
"Aujourd'hui, nous assistons à des violations de la procédure sans précédent et nous sommes prêts à défendre les voix et les droits de nos électeurs par tous les moyens légaux", a-t-il déclaré ajoutant que "des centaines de milliers d'électeurs" n'avaient pas trouvé leur nom sur les listes électorales.
Le ministre de l'Intérieur Zarylbek Ryssaliev a d'ores et déjà annoncé à la télévision kirghize que les forces de l'ordre étaient "prêtes à faire face à d'éventuels troubles".
Cette présidentielle est un test crucial pour le Kirghizstan qui n'a jamais vécu de transfert Pacifique du pouvoir depuis son indépendance en 1991, connaissant en mars 2005 puis en avril 2010 deux révolutions sanglantes et des violences ethniques meurtrières (juin 2010, 470 morts), qui ont surtout visé la minorité ouzbèke dans le Sud du pays.
La présidente par intérim Rosa Otounbaïeva, qui a réussi tant bien que mal à empêcher l'implosion du pays depuis la révolution, a appelé dimanche les électeurs à préserver la paix fragile.
"Il y a un an nous étions au bord du gouffre. Maintenant, nous connaissons le prix de l'unité", a-t-elle souligné.
Doug Wake, directeur adjoint du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'OSCE (BIDDH) a salué "le grand intérêt" des électeurs kirghiz pour ce scrutin "d'une importance historique".
Il a cependant critiqué des problèmes concernant l'établissement des listes électorales. Le fils de Rosa Otounbaïeva, Ataï Sadybakassov, a ainsi découvert dans son bureau de vote qu'il n'était pas inscrit.
Plusieurs personnes interrogées par l'AFP dans le Sud où les candidats nationaliste cultivent une forte base électorale se sont plaints du même problème.
Le taux de participation a atteint 60,27%, selon la commission électorale centrale.
Le Kirghizstan, pays montagneux et pauvre de cinq millions d'habitants, est traversé par de multiples divisions : entre les Kirghiz majoritaires et la minorité ouzbeke, entre le Nord urbanisé et relativement prospère et le Sud pauvre et plus rural, et entre les clans de l'ancien régime et ceux du nouveau.
La stabilité du Kirghizstan est cruciale pour les Etats-Unis qui y disposent d'une base aérienne essentielle au déploiement de ses troupes en Afghanistan. La Russie y dispose aussi d'infrastructures militaires.