HISTOIRE, LÉGENDES & TRADITIONS

MORVANDELLES & NIVERNAISES

 

A propos du Morvan et de ses traditions :
le site du Morvandiau de Paris qui publie un bulletin mensuel

 

MDP

 

GLOSSAIRE MORVANDIAU

 

Le galvacher

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Le Morvan

 

BIBLIOTHÈQUES

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Saône-et-Loire

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Yonne

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Rue d'Ardillière - 89000 Auxerre
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-

Sociétés savantes

Association bourguignonne des sociétés savantes
5 rue de l'Ecole-de-Droit 21000 Dijon

Pour la Saône-et-Loire :
- la Société Eduenne des Lettres, Sciences et Arts à Autun

Publication : Mémoires de la Société Eduenne

Voir Wikipedia

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE


- Jacques-François Baudiau, Le Morvand, 1er édition en 1854, 2 vol. 2e édition 1865, 3 vol. 3e édition Guénégaud à Paris 3 vol + cartes, 1965.

Titre : Le Morvand... par J.-F. Baudiau,...
Auteur : Baudiau, Jacques-François (1809-1880)
Éditeur : impr. de Fay père et fils (Nevers)
Date d'édition : 1865-1867
Type : monographie imprimée
Langue : Français
Format : 3 vol. in-8°
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme.

Jacques-François Baudiau (1809-1880) ; préf. de J. Drouillet. :

Le Morvand, ou Essai géographique, topographique et historique sur cette contrée - 3ème édition.- Paris : Guénégaud, 1965.- 3 vol. (8-629, 538, 638 p.-pl.) : portr., cartes dépl. ; 20 cm. Fac-sim. de la 2e ed. de Nevers, impr. Fay, 1865-1867. - Index t.3, p.598-638. (Mediathèque Nevers)

- Henri Picard : Ceux de la Résistance, préface de Claude Farrerre de l'Académie Française, Ed. Chassaing, Nevers, 1947, 410 p.
- Jean-Claude Martinet : La résistance en Nivernais-Morvan, Ed. Horvath.
- Jacques Canaud : Les Maquis du Morvan
- Dr E. Bogros : A travers le Morvan, 3e ed, augmentée d'une préface de Jean Drouillet, Paris; F.E.R.N., sd, in-12, XXXV, 294 p.
- Joseph Bruley : Le Morvan coeur de la France, 1966, Paris, La Morvandelle, 3 vol. in-8°.
- Eugène Choucary : Le Braconnier du Morvan, vie judiciaire, Paris,1930, in-12°, X-307 p.
- Maurice Constantin-Weyer : Morvan, Paris, Ed. Rieder, 1929, in-12°, 224 p.
- Coutépée et Béguillet : Description générale et particulière du duché de Bourgogne 3e Ed. Avallon, Ed. F.E.R.N. 1967, 4 vol, in-8°.
- Mgr Crosnier : Hagiographie nivernaise ou vie des saints et autres pieux personnages qui ont édifiés le diocèse de Nevers, par leurs vertus, Nevers, Imp. L.M. Fay, 1858, in-4°, XXX-593 p.
- Jean Drouillet : «La chasse dans les traditions populaires du Nivernais et du Morvan», in : Bulletin philologique et historique (jusqu'en 1610) du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1964, Actes du 85e Congrès national des Sociétés savantes tenu à Lyon. pp.439-448.
- Jean Drouillet : Folklore du Nivernais et du Morvan, La Charité-sur-Loire, Ed.Thoreau (Ed. Bernadat), 1959-1968, 5 vol, in-8°.
- A. Guillaume : L'Ame du Morvan, contes, légendes..., Société des Amis du Vieux Saulieu (Côte-d'Or), 1971, in-8°, 208 p.
- Capt Jean Levainville : Le Morvan, étude de géographie, Paris, Ed. A. Colin, 1909, in-8°, 305 p.
- Joseph Pasquet : En Morvan, souvenir du bon vieux temps, Château-Chinon, Ed: R et J.P. Montaron, 1967, in-12°, 231 p.
- H. Picard : Visage du Morvan, esquisse géographique touristique, gastronomique, etc., Nevers, Ed. Chassaing, 1944, in-12°, 238 p.
- Georges Soultrait : Dictionnaire topographique du département de la Nièvre, Paris Imp Impériale, 1865, in-4°, XII-246 p.
- Marcel Vigneux : Comportements révolutionnaires en Morvan Central au milieu du XIXe siècle : structures foncières, sociales et mentales. Souvenirs de l'Ancien Régime et de la Révolution. Site Persée : http://www.persee.fr (Voir le fichier pdf).

-Soultrait, Georges Richard (Comte de; 1822-1888) : Inventaire des titres de Nevers de l'abbé de Marolles.- Nevers imp. P. Fay), 1873.- 2 vol. (Mediathèque Nevers)

- Soultrait, Georges Richard : Répertoire archéologique du département de la Nièvre.- Paris imp. Nat.), 1875.- 220 pp. (Mediathèque Nevers)

- Soultrait, Georges Richard : Statistique monumentale du dépt. de la Nièvre arrondt de Cosne, Canton de Prémery, Pouilly, Cosne.- <S. l. n. d. ?>.- pagination multiple (Mediathèque Nevers)

- Soultrait, Georges Richard : Armorial historique et archéologique du Nivernais - Marseille : Laffitte, 1978 (impr. en Suisse).- 2 t. en 1 vol., XXVV-282-312 p.-XXVIII f. de pl. : couv. ill. ; 23 cm. Bibliogr. p. 273-299. Index. - Reprod. en fac-sim. de l'éd. de Nevers, Michot, 1879. (Mediathèque Nevers)

- Sornay, Jacques de (pseudonyme du comte Georges de Soultrait), Epigraphie héraldique du département de la Nièvre (Angers, 1892, Impr. Lachèse et Dolbeau, in-8, 450 blasons).

- Sornay, Jacques de : Epigraphie héraldique du département de la Nièvre - Angers, 1882 (13, Chaussée Saint-Pierre Imprimerie Lachèse et Dolbeau).- 368 p., VIII ; In-4°.(Mediathèque Nevers)

- Marolles, L'abbé de : Inventaire des titres de Nevers.- <S. l. n. d. ?>. (Mediathèque Nevers)

Chateaux et Manoirs du Nivernais/Fabrice Cario ; Etienne de Certaines, Sylviane Jurquet, Pascale de Maulmin, Nicolle Yoth-Demet, Fabrice Cario, Albert Goujat, Nicolas Grunwald, Damien Péron, Jean-Pierre Harris, Catherine Chevochot, Elisabeth Franc, Colette Journiac, Georges Marchand, Marie-Jose Garniche, Sylviane Narcy, Georges Narcy, Bruno de Cessole, Gianni Selvani, Yvette Macquart-Moulin, Julie Le Brun, Corinne Lazerne, Paul de Loye, Agathe Maugis, Jean-Paul Gauthron, Marguerite David-Roy, Paul Barnoud, Jean-André Berthiau, Jean-Louis Balleret, Damien Cario, Anne-Marie Chagny-Sève, Pascale de Maulmin, Jacky Morlet, Etienne Bergdolt, Vincent Bourgoing-Dumonteil. Tome 2.- Nevers : Camosine, 2005 (Cosne-sur-Loire : IMP Graphic).- 320 p. : couv. ill., ill. coul., ill. noir et blanc ; 32 cm (Mediathèque Nevers)

Roger de La Brosse gentilhomme du Morvan, 1867-1954 / <lettres et agendas réunis et présentés par> Philippe Berte-Langereau.- Nevers : Camosine (éditeur), 1995 (58-Nevers : Impr. de la Gare).- 157 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. ; 31 cm.

 

 

 

LA CHÈVRE DU MONT SABOT

 

Conte recueilli de M. Edouard MOIRAUD à Fontenay-près-Vézelay par Mme M. DORE

 

Le Mont Sabot, c'est une butte qu'on voit de partout par ici. Autrefois, il y avait un monastère, dit-on, et aussi un village. Il n'y a plus qu'une église et un cimetière.
Dans ce village, il y avait une femme qui s'appelait Claudine. Elle avait une chèvre qu'elle appelait Rosette. Quand il faisait beau temps, Claudine attachait Rosette sur la butte, devant l'église, après un pieu, pour lui faire manger l'herbe. Tout allait bien.
Mais voilà qu'un jour, le loup aperçut la chèvre. «Une jolie chèvre, pense-t-il, elle ferait bien mon dîner». Il s'approche... à pas de loup. Il arrive si près, qu'il eut pu sauter dessus. Mais la chèvre le vit. Elle se mit à courir. Sa chaîne néanmoins l'empigeait; alors elle tourna à droite puis elle tourna à gauche encore et puis encore. On aurait dit les chevaux de bois. Le loup tournait aussi mais il ne pouvait l'attraper. Elle était drue. la chèvre à Claudine ! Elle se lassait pourtant. «Je vais être prise», se dit-elle.
Sur ce, elle se lança de toutes ses forces, comme si elle eut voulu casser la chaîne. Et voilà que cette chaîne qui était vieille et rouillée, et aussi à force de tourner peut-être, elle se cassa. Mon Dieu, comme Rosette courut. Elle courut droit sur l'église et s'y enfourna.
Cependant le loup était juste derrière et il entra aussi. Au collier de Rosette, il restait un bout de chaîne. Cette chaîne s'était prise dans le loquet. Si bien que la porte fut fermée. Les voilà tous les deux dans l'église ! Le loup était heureux. Il croyait bien qu'il la tenait. Cependant Rosette sauta sur les bancs. Il l'y poursuivit. Ils allaient vers l'autel d'un côté puis revenaient de l'autre. Et je te tourne, et je te tourne encore ! La pauvre Rosette s'essoufflait. Elle n'en fit ni un ni deux, elle sauta sur l'autel. Là le loup ne lui peut plus rien, croit-elle.
Malheureusement, il n'était pas bien haut cet autel. La gueule du loup était là, droit devant elle, avec ses yeux qui reluisaient et sa langue qui pendait. Rosette saute sur le retable. Les chandeliers en volent. Elle serait plus en sûreté si elle était plus haut. Alors, elle se ramasse sur elle-même et saute encore. La voilà sur le tabernacle ! Cette fois, le loup ne lui peut plus rien.
Il la regarde d'en bas, il enrage, il bave, il saute, il retombe, il essaie encore. Il ne peut pas. Un derrière de loup, c'est plus lourd qu'un derrière de chèvre. Rosette, elle, retrousse sa babine supérieure; on dirait qu'elle rit pour se moquer de lui. Mais tout cela avait fait du bruit.
Le Louis qui piochait sa vigne, avait entendu quelque chose. Il se met à monter pour aller voir. Et voilà que Claudine sort dans son jardin pour regarder Rosette. Pas de Rosette ! «Mais, où donc est-elle ? Elle s'est sauvée. Oh ! la mâtine ! Mais ne me l'aurait-on pas volée ? Claudine se met à courir. Elle pense : «Il faudrait peut-être bien que je prévienne le garde champêtre; il m'aiderait». «Dépêche-toi, lui crie-t-elle en passant; on m'a pris ma chèvre sur le Mont Sabot».
Le garde prend sa casquette et sa plaque et la suit. «Le Mont Sabot, c'est l'église, il faudrait peut-être bien que je prévienne le curé», pense-t-il à son tour. Il passe par la cure et il crie : «Monsieur le Curé, il faut vous dépêcher, il y a des voleurs dans l'église !».
Le curé se met à courir aussi. Cela faisait une procession. Il y avait le Louis avec sa pioche, le garde avec un gourdin, Claudine qui n'allait pas bien vite, et puis le curé pour finir, qui allait encore moins vite à cause de son ventre.
Ils arrivent et s'arrêtent pour souffler. Ils regardent. Point de Rosette ! Ils battent les buissons. Où donc est-elle ? Mais voilà que le curé s'aperçoit que la porte de l'église est fermée. «Je l'avais laissée ouverte après ma messe pour aérer », dit-il. Ils y courent. La porte ne s'ouvre pas. Le curé pousse mais il est impuissant. Le Louis essaie. Il ne peut pas non plus. «Elle est fermée du dedans, dit le garde. Fermée du dedans ? Comment cela se peut-il ?» Ils s'y mettent tous les trois. A force, la porte cède, le loquet s'est arraché ! Mais que voient-ils ? «Un loup, dit le garde; jamais il n'y a eu de loup jusqu'ici». Claudine pleure, tendant les bras en criant : «Ma Rosette, ma pauvre petite Rosette !» Monsieur le Curé lui dit : «Sacrilège ! Sur le tabernacle. Il y a sacrilège.»
Rosette, elle, ne s'occupe pas de sacrilège. Elle saute en bas vers Claudine qui l'embrasse et la caline tout comme si c'était un enfant. Le Louis et le garde eux sont occupés par le loup. Ce n'est pas facile. Il mord le Louis. Mais le garde l'a atteint sur la tête d'un coup de gourdin et le Louis lui ouvre le ventre avec sa pioche. Il est à terre. Ils lui attachent la gueule avec le bout de chaîne resté au collier de Rosette et le garde va chercher ce qu'il en reste au pieu pour lui attacher les pattes. Il est bien pris !

Et voilà comment, au Mont Sabot, ce n'était pas les loups qui prenaient les chèvres, c'était les chèvres qui prenaient les loups !

*

Version en morvandiau

Lai bigue du mont sabot

L'Mont Sabot, ço eune butte qu'on voit d'partout pour d'ichi. Dans l'temps ll'aivat un monastère qu'a ditons, et peue un villaize. A y'ez pu ran qu'eune églie et peue un ceumtiée.
Dans c'te villaize, y'aivat eune fomme que s'aippelat Glaudine. Inn' aivat eune bigue qu'inn' aippelat Rosette. Quand a yi faite brave temps, Glaudine aitaissat Rosette chu lai butte, d'vant l'aiglie aiprée un peau pour ll'i faie m'zer l'harbe. Çai aillat brâment. Ma v'là qu'un zour, l'loup vouaigit lai bigue. «Eune brave bigue, qu'a s'dit, inne faire ben mon goûter». A s'appeurce... ai pas d'loup. A l¹airrive chu prée qu'a l'eut pu joupper d'chu. Ma lai bigue le vouaigit. Inn'se mettit ai courre, ma lai chaîne l'empizat, alors Inn' tournat ai draite, peue inne tournat ai gouasse, en quouai et peue enquouai. On irat dit les sevaux dbois. L'loup tournat aitout, m'a a n'peuvat pas l'aittraipper. Inn' aitat drue lai bigue ai la Glaudine ! Inne se lassat pourtant. «I vas ête prie», qu'inn se dit. Là d'chu, inne se lancit d'toutes ses forces, coumme s'inne veulàt casser lai chaîne. Et v'la que c'te chaîne, qu'aitat vieille et peue reuillée, et peue enquouai ai fasse d'tourner p't'ête ben, inne se cassit. Mon Dieu, coumme inne couhit, Rosette ! Inne couhint dra chu l'églie et peue inne s¹lly enfournit. Ma l'loup aitat dra pour darriée; a l'entrit aitout. Ma v'la qu'aiprée l'coyer ai Rosette a Il'y restat un bout de chaîne; A s'peurnit dans l'yocat chu ben qu'cait fromit lai porte. Les v'la tous deux dans l'églie ! Le loup état hueux. A craigeat ben qu'a lai tnat, lai bigue ! Ma Rosette inne joupit chu les bancs. A lai poussiguit. A l'aillains vée l'autel d'un coûté et peue a l'ervenains de l'autre. Et y t'tourne, et y t'tourne enquouai ! Ma lai pour Rosette çait l'essouflat. Inn' n'en faitit ni aingne ni deux; inne jouppit chu l'autel ! L'loup Il'y peuvat pu ran qu'inne craigeat. Malhueument, a l'aitat pas ben haut c't'autel. Lai gueule du loup état là, dra là, avec ses joux qu'teurleuchains et peue sai langue que pendat. Rosette, inn' jouppe chu l'ertâble. Les chandeliers en voulont. Inne s'ra mieux enquouai s'inne état pu haut. Inn' se raimaisse chu li et peue inne saute enquouai. Lai vl'a chu l'tabernacle. C'te coup-là, l'loup Il'y peut pu ran. A l'ergade d'pour dessous, a l'enraize, a bave, a jouppe, a l¹ertimbe, a l'essaige enquouai. A n'peut pas. Un cul de loup, ço pu lourd qu'un cul de bigue. Rosette, li, inne ertrousse sai babine, on dirat qu'inne rigole pou se foutte de li. Ma tout cha aivat fat du breut. Le Louis, qu¹pieussat sai vigne, a l'aivat entendu quinque soue. A s'mat ai monter pou v'nie vouae. V'la aitout qu'Glaudine inne sort dans son courtil pour ergarder Rosette. Point de Rosette ! «Ma, vous don qu'inn ôt ? Inn s'o sauvée. Oh ! lai saloprie ! Ma p't'ête ben qu'on m'lée prie ? Glaudine se mat ai courre. Inne pense «A faurat, p'tête ben, qui l'diteue au ga'de champêtre, a m'ainderat. «Dépouasse-ta, qu'inne Il'y crie en paissant, on m'ée pris mai bigue chu l'Mont Sabot», L'gade, a prend sai casquette et peue sai plaque et peue l'ai sit. «Au Mont Sabot, ç'ôt l'églie; a faurat p't'être ben qui I'diteue au prête», qu'a pense. A paisse pour la cue et peue a crie : «M'sieu l'Curé, a faut vous dépouasser, a gniée des voleurs dans l'églie !». L'prête s'mat ai courre aitout. ÇOEai faitat eune procession : Gn'aivat l'Louis aiquand sai pieusse, l'gade aiquand un gourdingne, Glaudine qu'aillat pas ben vite, et peue l'prête pou finite, qu'aillat enquouai moins vite, raipport ai son ventre. A l'airrivont; a s'arrêtont pou erprens vent, et peue a se mettont ai ergarder tout partout. Point d'Rosette ! A baittons les bouéssons. «Vou donc qu'inn-ôt ?». Mais v'la l'prête qui s'aiparçoit qu'lai porte de l'églie ôt fromée. «Je l'avais laissée ouverte après ma messe, pour aérer», dit-il. All' y couhons tourtous. Lai porte veut pas s'ouvrie. L'prête pousse, ma a peut pas. L'Louis essaige, a peut pas non pu. «Inn' o fromée d'pour dedans», qu'dit le gade. Fromée d'pour dedans ? Coumment don qu' ç'ai sôt fat ?» A s'Ill'y mettons tous trois. A fosse, lai porte cède; l'yocat s'ôt arraissé ! Ma quoique ç'ôt qu'a vouaigeons ? Un loup. «Un loup, qu'dit l'gade; zaimas a Il'ée eue d'loup pour d'ichi !». Lai Glaudine inne pleue en tendant les bras : «Mai Rosette, mai pour petite Rosette !». L'prête, li, a dit : «Sacrilège !... Sur le tabernacle !... Il y a sacrilège !». Rosette, li, inne ne s'occupe pas d'sacrilège. Inn' jouppe ai bas vée Glaudine que lai biche et peue qu'lai mijote tout coumme si ç'aitat un petit. L'Louis et peue l'gade a sont aiprée l'loup. ÇOEai n'ôt pas âgé; a mord le Louis. Ma l'gade Pée aittraippé chu lai tête d'un coup d'gourdingne et l'Louis a Il'ouvre le ventre aiquand sai pieusse. A l'ôt ai-bas ! A Il'aitaissons lai gueule aiquand l'bout de chaîne aiprée Rosette, et peue l'gade va sarser ce que Il'en reste aiprée l'peau pou Il'aitaisser les pattes. A l'ôt ben pris !

Et v'la, coumme, au Mont Sabot, ç'aitât pas les loups qu'peurnains les bigues, c'aitât les bigues que peurnains les loups.

in «Bulletin de la Société d'Etudes d'Avallon», t. 65, 1969-1971, pp. 21-25.

 

GARGANTUA

-

Qui est Gargantua ?


Avec le Grand Géant s'ouvre une page particulièrement exaltante, qui a pu donner lieu à maintes interprétations en partant, par exemple, de la toponymie exploitée de façon abusive.
Les témoignages oraux abondent cependant avec, pour point d'appui, de solides mégalithes, des buttes, voire de simples lieux-dits.
Car le Géant est partout, dont le nom fut, le Christianisme agissant, supplanté par ceux de saint Christophe ou de saint Martin, ses principaux concurrents.

Notons pour mémoire, parmi les hauts faits de Gargantua qui furent attribués chez nous à saint Martin, le fantastique fauchage d'un pré semé de pieux et de barres de fer (cf notre Tome I p. 289).

Gargantua, Mélusine et le cheval Bayard nous entraînent à leur suite dans un monde mystérieux qui est aussi celui des contes populaires. Et toute cette Mythologie française est axée sur Gargantua dont l'ombre gigantesque passe «en trois cents points du vieux sol gaulois», Gargantua dont Brise-Chênes ou Tord-Chênes ne seraient que des qualificatifs.

Cf. à ce sujet: H. Dontenville Mythologie Française Paris, Payot, 1948.

Henri Dontenville le voit fils de Belen, le grand dieu solaire des Celtes.
Serait-ce pour cela que le géant se confondrait avec les monts qu'il fait, «ces monts qui sont aussi les tombeaux, comme ils sont les tombeaux de l'astre englouti» ?
Et c'est à un fabuleux voyage que nous sommes convies grace aux Grandes et Inestimables chroniques commentées par Dontenvllle (Les Dits de Mythologie française, Payot, 1950 p. 75), à un voyage d'Est en Ouest, de Lorraine - dont le paganisme était bien connu au temps de Jeanne d'Arc (Margaret Murray, Le Dieu des Sorcières, Paris, Denoël, 1957). au Mont Saint-Michel, en passant par la Beauce, cet ancien pays des Carnutes où se tenaient les grandes assemblées druidiques. Semailles, toujours, de pets ou Dépattures, jusqu'à ce mont qui fut Gargan-Gargantua (S.A.N, Tome XIII-1921, p. 121) avant dêtre christianisé. Séduisante hypothèse qui, d'un coup, place le Géant bien au-dessu de nos contes populaires au milieu desquels nous allons le retrouver.

Nous partirons donc sur les traces du bon Géant qui, dans son zigzagant voyage du Levant au Couchant a laissé de nombreux jalons, de Dornecy à Luzy et de Saint-Andelain à Riousse.

Le "faiseur de montagnes, de buttes et de tertres"

Deux régions principales nous sollicitent, avec des documents suffisamment nombreux qui, d'ailleurs, se recoupent : il s'agit des Vaux d'Yonne et du Val de Loire.

On racontait vers Saint-Didier (457-1) que, fuyant le Morvan enneigé, Gargantua voulut gagner la Basse-Bourgogne par la vallée de l'Yonne.
Il devait avoir une bonne couche de terre et de neige sous ses sabots car, les secouant, il fit la ligne des buttes qui dominent la vallée de l'Yonne à l'Est, le Mont Bué, le Mont Sabot (près Neuffontaines) et la butte de Metz-le-Comte mettant ensuite un pied de chaque côté de la rivière, «il secoua une dernière fois ses sabots, ce qui produisit les buttes allongées de Brèves et de Sarmentolle».

Achille Millien avait noté à Saizy, en 1887, une légende semblable (457-1) :

Un jour que Gargantua allait se désaltérer à la fontaine de Chitry (comm. de Neuffontaines), il tenait à la main ses sabots crottés; c'est alors que, s'arrêtant trois fois et posant à chaque fois ses sabots, il fit, de leurs dépattures, les énormes mamelons de Mont Sabot, le Tartre et Mont Bué.

NdR : il faudrait peut-être mieux parler du Mont Bion (en patois morvandiau, blanc se dit bian, terme proche de bion) que du Tartre ou parler de quatre dépattures ?!
Le Mont Bion pourrait correspondre à la dépatture du pied gauche et le Mont Sabot (le Mont Noir), à celle du pied droit.


Dans la même région, le géant fut cause des buttes de Metz-le-Comte, Mont Brevoir (comm. de Brèves) et Mont Martin (comm. de Dornecy) encore appelées «dépattues» de Gargantua bien qu'elles aient été sans conteste christianisées.
On retrouvera des «hauteurs» à Varzy, qui furent mises au compte du Juif Errant ( S.A.N. Tome XIII 1921, p. 121.).

*

Source de l'article : Folklore du Nivernais et du Morvan - Etres fantastiques, sorcellerie, médecine poplulaire, Jean Drouillet, Ed. Christian Bernadat, Luzy, Nièvre, 2ème édition, revue et complétée, 4ème volume, 1983, relié, 250 p.

 

AUTRES LÉGENDES LOCALES

-

Mythologie Gargantuine au mont Sabot

et dans la commune de Neuffontaines

-

Trois légendes rapportées par Michel Leconte *


Légende du village de Saint-Blaise

Une autre légende nous a été rapportée à Vignes-leHaut par M. Roger Guilloux, agriculteur à la retraite. Elle lui a été transmise par ses grands-parents lorsqu'il était encore enfant. Elle mentionne l'existence d'un village situé à la sortie de Vignes-le-Bas dans les environs d'un champ appartenant à M. Boiché. Ce village, dont il resterait quelques fondations enfouies dans la terre et qui émergent de temps à autre à la faveur d'un labour, aurait été détruit à la Révolution Française.
Baptisé Saint-Blaise (un toponyme qui, nous le verrons par la suite renforce un peu plus notre hypothèse d'une origine Bélénique du Mont Sabot), ce village ou plutôt ce qu'il en reste, recèlerait en son sol une cloche dissimulée dans un puits par des villageois soucieux de la soustraire aux réquisitions iconoclastes des Révolutionnaires. Évidemment, pour être entériné, il manquait à ce récit une preuve irréfutable, une trace écrite.
Nous l'avons trouvée en consultant la carte de Cassini (1714-1784), qui mentionne bien l'existence d'une chapelle "Saint Blaize", en ruine semble-t-il, déjà à l'époque. Quant à la présence d'un village ou d'un hameau y attenant, sur ce point la carte reste muette. Toutefois, eu égard aux éléments nouveaux apportés par le document, il nous faudra prendre avec une extême réserve l'explication donnée à la disparition de la chapelle, étant donné la vétusté du bâtiment bien avant la Révolution. Reste enfin le récit de l'enfouissement de la cloche, un récit qu'on devra considérer comme un fait de légende typiquement Gargantuesque (étant donné les rapports de Gargantua aux cloches), et qui, même s'il n'apporte pas d'éléments matériels objectifs (il faudrait pour cela effectuer des fouilles), n'en constitue pas moins un indice supplémentaire à mettre au crédit du complexe Béléno-Gargantuin de la commune de Neuffontaines.
Nous voyons en effet se dessiner au fur et à mesure de nos découvertes l'image d'un J-C retrouvé sur le Montmarte d'Avallon à Vault-de-Lugny (Montmarte < Mons Martis) (1). Une découverte qui, indéniablement, conforte un peu plus cette hypothèse.
Enfin, et pour compléter autant qu'il se peut notre puzzle, il reste à mentionner deux légendes dont une au moins se rapporte au bouvier Gargantua.

2. Légende de «Touche-Boeuf»

On raconte en effet que c'est le sabot d'un boeuf qui aurait fait jaillir la source qui alimentait, il y a encore quelques décennies, Vignes le Haut. Cette source qui fournit une pompe, située au milieu du hameau, jouxte un chemin vicinal aujourd'hui goudronné et bien-nommé : «Touche-Boeuf» !

3. Légende du prisonnier libéré par saint Germain

L'autre légende concerne saint Germain d'Auxerre (fêté le 31 juillet), de la vie légendaire duquel nous connaissons, grâce à Jacques de Voragine et à sa "Légende Dorée", quelques édifiantes anecdotes. Ainsi, le bienheureux saint Loup évêque de Troyes qui, à Attila assiégeant sa ville et lui demandant son nom, avait répondu : «Je suis Loup, hélas, je ravage le troupeau de Dieu et j'ai besoin d'être frappé par le fléau de Dieu», ne fut-il pas ce compagnon de route choisi par saint Germain pour aller convertir les «hérétiques» des îles Britanniques ? Un tel compagnonnage laisse songeur lorsqu'on apprend qu'ici, au Mont Sabot, saint Germain serait venu délivrer un prisonnier des geôles d'un certain seigneur Abbon...
Ajoutons que ce même saint Loup dompta un dragon qui, «de son haleine infectoit l'air et dévoroit tous ceulx qu'il attrapoit... Et qui, même de son regard, faisoit mourir les hommes» (2). Un dragon que le bon saint lupin dompta, assisté d'un prisonnier; en fait un condamné à mort, gracié en la circonstance, et en contrepartie de l'aide apportée à la cité ainsi que, plus substantiellement sans doute, au pouvoir épiscopal.
C'est autour de légendes comme celle de "la chair salée" de Troyes vaincue par saint Loup (une légende dont on connaît de nombreuses variantes à travers le pays (3), que s'articulaient, encore récemment dans nos villes, les trois jours des Rogations. Une fête processionnelle du Printemps qui, dans les campagnes, de manière plus sobre et sans l'exposition du dragon, perpétue d'anciens rites propitiatoires dont la bénédiction curiale des bêtes et des récoltes est le prolongement chrétien. À cet égard, et pour ce qui nous concerne au mont Sabot, l'existence même d'un basilic ou d'un dragon enchaîné, figurant sur un chapiteau de la petite chapelle Saint-Pierre, nous incline à penser qu"on doit adjoindre la maîtrise d'un dragon au motif du prisonnier libéré par saint Germain.
Évidemment les raisons dernières de cette légende avec ses rites et ses coutumes nous échappent... D'aucuns prétendent (mais l'hypothèse reste hasardeuse), que ce récit recouvre en réalité un ancien rite initiatique, où la figure du prisonnier image celle de l'initié, qui meurt au monde phénoménal pour renaître, régénéré, à la vie transcendentale. Un rite de mort et résurrection universellement répandu dans les religions, et dont la passion du Christ fait figure de parangon. Ce n'est bien sûr qu en extrapolant à partir des rites d'initiations de populations dites primitives, étudiées encore récemment par l'ethnologie, que de telles hypothèses ont pu être échafaudées.
Malgré tout, et quelle que soit la nature des faits relevés ici, qu'ils appartiennent ou non à un légendaire initiatique, ils nous interpellent à proportion du mystère qui les entoure; et nous nous devons de les mentionner, pour autant qu'ils insistent, le plus souvent en retrait, nimbés d'un halo d'indétermination, de façon récurrente, dans un récit, une coutume ou dans une représentation iconographique.
Conscient qu'ils ne nous rendrons pas gorge Gargantuine aussi facilement que, la légende du loup vaincu le laisse à entendre de façon appauvrie et moralisatrice, dans un éloge simpliste du Bien contre le Mal, nous laisserons ces quelques faits singuliers retourner au domaine qui leur est propre, c'est-à-dire à celui du Rêve, qui n'est pas l'Indicible, mais bien plutôt l'Indécidable !

Notes

1. Jean-Paul Savignac, "Merde à César" : Les Gaulois-Leurs écrits retrouvés, rassemblés, traduits et commentés. Editions de la Différence, 2000.
2. Abbé Lalore, Le dragon de saint Loup évêque de Troyes : étude iconographique, Troyes, 1876
3. Marie-France Gueusquin, Le Mois des Dragons. Berger-Levrault, 1981 : «Les dragons sont toujours associés à une légende retraçant la vie d'un saint local auquel ils sont liés. C'est le cas du dragon de Poitiers attribué à sainte Radegonde, du Graoully de Metz, compagnon de saint Clément, du Dragon de saint Marcel à Paris etc.»

* Mythologue demeurant à Vignes-le-Haut

LE PETIT VILLAGE/ LE PEUTCHOT VILLAIZE

Enregistré en février 1982 par P. Léger - L. Jouvet.
Disque produit et réalisé par LAI POUÈLÉE (Association pour l'Expression Populaire en Morvan).
BP 51 - 58120 Château-Chinon.

Quelques radotages d'un vieux grincheux du côte du Creux-Perdu.
Si ce ne sont pas des vérités, ce ne sont, en tout cas, pas des mensonges.


Je suis né dans un petit village
Pas bien gros et pas bien malin
Il y avait 80 habitants
Aujourd'hui il n'en reste plus que vingt.
Les vieux sont morts et enterrés
Ils ne sont pas prêts de ressusciter
Les jeunes sont tous partis
Dans les villes ou bien à Paris.
On arrive à se demander
Si tout cela n'est pas calculé
Si on n'a pas vendu notre peau
Bien avant de nous avoir tués

2. Le Morvan, mon vieux, n'existe plus
Ce n'est plus qu'un désert touristique
S'il y a encore un peu d'avenir
C'est bien pour les marchands de souvenirs
Les marchands de biens achètent la terre
Pour y planter des tas de sapins
Et pour faire de jolis cercueils
A tous les paysans du coin.

3. Maintenant avec le marché commun
Il paraît qu'il faut être compétitif
Quand tu as 30 vaches et trois lapins
Des tourbières, des bois et des friches
Tu empruntes au Crédit Agricole
Mais c'est prêté, ça n'est pas donné
Et même si tu fais faillite
Il faut tout de même rembourser.

4. Voici qu'ils ont fait un T.G.V.
Mais qui donc va t-il transporter ?
Les gros, les gras et les ventrus
Pour moi ça ne sert à rien du tout
Il n'y a plus de tacot, plus de cars, plus de trains
Plus un seul transport en commun
Mais ils dépensent des millions
Pour ceux de Paris et de Lyon.

5. Il y a des riches qui achètent les près
Pour faire des étangs poissonneux
Ils sortent leurs millions
Comme je vous payerais un verre
Ils ont pour eux des rabatteurs
Et même des collaborateurs
Embrasse le cul d'un marchand de biens
Tu verras Amsterdam ou Berlin.

6. Je ne suis pas né au pied d'une vigne
Mais au milieu d'un champ de genêts
Nous voici attachés
Aux joyeux bourguignons
Ils mangent tous du pain béni
Nous léchons les queues de pissenlits
Mais à force de péter plus haut que son cul
Un jour la merde vous retombe dessus.

7. Au Creux-Perdu la belle commune
On est administrés comme il faut
Le maire qui demeure à Paris
Vient nous voir un fois par mois
Il a fait construire un cabanon
Au milieu d'un site protégé
Mais si tu fais un hangar à foin
Ils vont en faire toute une histoire.

8. Notre char est enlisé
Il faudrait se mettre tous à pousser
Une roue à Nevers, l'autre à Dijon
Une à Auxerre, l'autre à Mâcon
Si on tire chacun de son côté,
On n'est pas prêts de s'en sortir
Surtout si certains au timon,
Nous tirent à reculons !

9. Il ne faudrait tout de même pas trop penser
Qu'on va tous se laisser étrangler
On est encore bien assez drus
Pour leur botter le cul !
Uranium, fluorine, défoliants
Tout le monde sait bien que ça ne sert à rien
Qu'a faire périr le bétail
Et à démolir les chemins.

I seus né dan'un ptchot villaize,
pas bin grous peus pas bin malingne
Ai y' aivai 80 parsounnes;
Ausd'heu ai n'en reste pus qu'vingt.
Les vieux sont morts et enterrés,
Ai n'sont pas prôts d'ressusciter
Les zeunes sont ma foué tous pairtis,
Dans les villes ou bin ai Pairis
On en vint ai s'demander ch'toutçai n'ot pas calculé
Ch'on n'ai pas vendu noute piau bin aivant d'nous aivouer tchués

2. L'Morvan mon vieux n'existe pus;
c'ot pus qu'un désert touristique.
Ch'ai y'ai encouère un pso d'aivenir,
çot bin pou les marchands d'souvenirs
Les marchands d'bin aichtons lai terre pou y planter des tâs d'saipins
Peus pou fére des jolis cerceuils
ai tous les paysans du coin

3. Ai c't'heure décan l'march commungne, parait qu'fault éte compétitif
Quand qu'tai 30 vaices peus trouais lapingnes Des moueilles, des bouais et peu des friches,
T'empruntes au Crédit Agricole,
mas çot prôté, çot pas dounné
Et mînme che te meuzes lai bricole,
ai faut quand mînme ô rembourser.

4. Vlai qu'ails ont fait un T.G.V.;
mas tchi donc qu'çai veu beurouetter ?
Les grous, les gras peu les beuillous;
por moué çai n'sard ai ran du tout
Y¹aipus d¹tacots, pus d'cairs pus d'trains;
pus pas un transport en commungne
Mais ai dépensont des myons
pou les ceux d'Pairis et peu d¹Lyon

5. Ai y'ai des grous qu'aistont les prés
pou fére des étangs empouchenés
Ai sortons lôs paquets d'miyons
coumme i vous payerô un canon
Ails ont por z'eux des raibaitteurs;
peu mînme des collaborateurs
Biche le tchu d'un mairchand d'bins,
t'vouèrai Amsterdam ou Berlin.

6. I n'seus pas né au pied d'aine veigne,
mas au mitan d'un samp d'balais.
Nous vouétchi aittolé
pou d'bon décan les jouéyeux borguignons
Ails m'zons teurtous du pain béni,
i lichons les quoues d'pichenlits
Mas ai poter pus haut qu'son tchul,
un zor lai marde v'ertombe dechus.

7. Au Crot-Pardu, lai brave commune,
on ot brament aidministré
Le maire que reste ai Pairis,
vint nous vouais aine fouais par mouais
Ail ai fait fére un caibainon
au mitan d'un site protégé
Mas ch'tu fas un hangair ai foin,
ails vont en fére tot un tintoin !

8. Aiy'ai noute sar qu'ot emborbé,
faurai teurtous s'mette ai pousser
Aine reue ai Nevars, l'aute ai Dijon;
aine ai Auxerre, l'aute ai Mâcon
Ch'on tire chaicun d'son coutié,
on n¹ot pas prôts d's'en dèpizer
Surtot ch'y'en ai d'aiprée l'timon,
que nos tirons ai l'ercueulon !

9. Faurai quand mînme pas trop compter
qu'i vons teurtous s'laicher couiner
On ot encouère bin aissez drus
pou y'ô foute un coup d'pied dans l'tchu ! Urainium, fluorine, défoliants,
tot l'monde sait bin qu'çai n'sar ai ran
Qu'ai fére creuver nos neuringnes,
ai peu ai dégnapper les cemingnes

 

LA MORVANDELLE

 

Notre véritable "hymne" régional, "La Morvandelle" écrite en 1903 par le poète Maurice BOUCHOR, constitue un véritable chant révolutionnaire, expression d'une exploitation "larvée" des habitants du Morvan contraints de s'expatrier pour vivre et même survivre.

La mélodie est une vieille chanson morvandelle : “le galant d’lai Nan-nette”.

*

Allons les Morvandiaux, chantons la Morvandelle,
Chantons les claires eaux, et la forêt si belle,
La truite au bond léger dans les roseaux fleuris
Et notre bois flottant qui vogue vers Paris.


Il souffle un âpre vent parmi nos solitudes,
On dit que le Morvan est un pays bien rude
Mais s’il est pauvre et fier, il nous plaît mieux ainsi
Et qui ne l’aime pas n’est certes pas d’ici.


On veut la liberté dans nos montagnes noires
Nos pères ont lutté, pour elle et non sans gloire,
Rêveurs de coups d’état, Césars de quatre sous
Les braves Morvandiaux se moquent bien de vous.


Jadis, on nous l’a dit, surgirent nos ancêtres
Brisant le joug maudit de leur avides maîtres
Ils firent bien danser les moines leurs seigneurs
Repus de leur misère et gras de leur sueur.


Pourtant nous subissons un reste d’esclavage
Pourquoi ces nourrissons privés du cher breuvage,
Gardons ô mes amis, nos femmes près de nous
Nos filles et nos fils ont droit à leurs nounous.


Allons les Morvandiaux, chantons la Morvandelle
Les bois, les prés, les eaux, aimés d’un coeur fidèle,
Nos bûches qui s’en vont, Paris s’en chauffera
Nos gars et leurs mamans, Paris s’en passera.

 

 

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