LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS,

NON CELLE DES ETATS/NATIONS

*

A propos de :

LE NICARAGUA

Daniel Ortega, vainqueur de l'élection présidentielle au Nicaragua, lors d'un discours le 7 novembre 2006 à Managua

Miguel Alvarez (AFP/8/11/6)

*


Nicaragua : le sandiniste Daniel Ortega retrouve la présidence

Par Ana FERNANDEZ

MANAGUA (AFP) - 8/11/6 - Le sandiniste Daniel Ortega a remporté l'élection présidentielle au Nicaragua, dès le 1er tour, avec un discours pacifiste et conciliateur et grâce à la division de la droite, ce qui lui permet de retrouver le pouvoir 16 ans après l'avoir quitté.
Le candidat de l'Alliance Libérale nicaraguayenne (ALN, droite), le banquier Eduardo Montealegre, a aussitôt reconnu la victoire de Daniel Ortega.
Le candidat du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, ex-guérilla de gauche) totalise 38,07% des voix, alors que Montealegre ne rassemble que 29% des suffrages, d'après les résultats communiqués par le Conseil Suprême électoral (CSE) après le dépouillement des bulletins dans 91,48% des bureaux de vote.
La victoire au premier tour était vitale pour Ortega, car il bénéficiait de la division de la droite. Au second tour, la droite l'aurait certainement emporté grâce au report des voix.
Lors d'une intervention publique, Daniel Ortega a promis "stabilité" pour les investisseurs et de "sortir le Nicaragua de la pauvreté", avant de serrer la main d'Eduardo Montealegre, qui se trouvait à ses côtés. "Nous sentons que les conditions sont réunies pour pour une nouvelle culture politique, plus forte que l'adversité et les différences, dans un esprit constructif pour le bénéfice du Nicaragua et des pauvres", a déclaré Ortega.
José Rizo, du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, droite), arrive en troisième position avec 26,21% des voix, devant un dissident sandiniste Edmundo Jarquin, du Mouvement de rénovation sandiniste (MRS), avec 6,44%.

Ortega, "bête noire" des Etats-Unis et ami du Venezuela, retrouvera dans quelques semaines le fauteuil présidentiel qu'il avait quitté en 1990, après 11 ans passés à la tête du Nicaragua. Durant sa campagne électorale, Daniel Ortega avait demandé aux Nicaraguayens de lui donner l'opportunité de présider le pays en temps de paix. Après avoir renversé le dictateur Anastasio Somoza en 1979, il a gouverné pendant la guerre civile entre les sandinistes et la Contra, mouvement de guérilla soutenu par Washington.
Battu lors de l'élection de 1990, il a perdu par la suite deux scrutins (1996, 2001) face à des candidats de droite.
Les observateurs internationaux déployés au Nicaragua ont considéré que le scrutin s'était déroulé dans de bonnes conditions. L'ancien guérillero marxiste, 60 ans, a changé de stratégie de communication depuis la fin des années 80. Il prône désormais "l'amour", "la paix" et "la réconciliation" et son vice-président sera un ancien dirigeant de la Contra.
Le président vénézuélien Hugo Chavez s'est réjoui que "les peuples se lèvent à nouveau" et le président cubain Fidel Castro l'a félicité pour sa "victoire grandiose".
La Maison Blanche s'est dite disposée à travailler avec Daniel Ortega en fonction de son engagement en faveur d'un "futur démocratique" [sic], après avoir menacé durant la campagne que la relation bilatérale se trouverait affectée s'il était élu. Comme dans la plupart des élections récentes en Amérique latine (Bolivie, Equateur, Pérou, Mexique), la lutte d'influence entre les Etats-Unis d'une part et les régimes vénézuélien et cubain d'autre part s'est inscrite en toile de fond de l'élection nicaraguayenne. Après plusieurs revers, notamment au Pérou et au Mexique, la gauche latino-américaine enregistre une victoire symbolique au Nicaragua, car les Etats-Unis étaient sortis de leur neutralité et n'avaient pas ménagé leurs efforts pour tenter d'unifier la droite et empêcher la victoire d'Ortega. Ortega prendra ses fonctions le 10 janvier.

*


Nicaragua-élections : le sandiniste Daniel Ortega virtuellement président, mais en minorité à l'Assemblée nationale

MANAGUA (LatinReporters.com) - 7/11/6 - Selon les résultats officiels portant à 05h30 locales (12h30 à Paris) sur 1.527.467 suffrages (61,8% des bureaux de vote), l'ex-président et ancien commandant de la révolution sandiniste Daniel Ortega fait figure de vainqueur virtuel de l'élection présidentielle du 5 novembre au Nicaragua avec 38,59% des voix.

Mais aux élections législatives concomitantes de la présidentielle du 5 novembre, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) de Daniel Ortega, considéré comme proche de Fidel Castro et du président vénézuélien Hugo Chavez, n'obtiendrait selon les projections que 37 des 90 députés de l'Assemblée nationale monocamérale, contre 49 à l'ensemble des deux composantes antagonistes de la droite libérale divisée. Cela contraindrait M. Ortega à modérer le virage à gauche du Nicaragua.

Le principal adversaire de Daniel Ortega, le libéral et favori des Etats-Unis Eduardo Montealegre, est en 2e position avec 30,94 %. Un autre candidat de la droite dite libérale, José Rizo, obtient 22,93% et se classe 3e. La droite, quoique majoritaire, perdrait la présidence à cause de sa récente division, malgré les efforts de Washington pour tenter de la réunifier.

Daniel Ortega avait subi trois défaites consécutives face à la droite libérale aux trois précédentes élections présidentielles, en 1990, 1996 et 2001.

Se consolidant depuis l'annonce des premiers résultats, la nette tendance favorable à Daniel Ortega devrait lui permettre de retrouver le fauteuil présidentiel dont il fut évincé par les urnes en 1990, onze ans après la victoire de la révolution armée du FSLN sur la dictature d'Anastasio Somoza.

Révisée en 2000 grâce à un pacte entre le FSLN et le Parti libéral constitutionnaliste (PLC) avant l'éclatement de ce dernier, la législation électorale du Nicaragua prévoit qu'un candidat peut être déclaré vainqueur de l'élection présidentielle s'il est en tête au premier tour avec au moins 40% des voix ou avec un minimum de 35% et 5 points d'avance sur son concurrent le plus proche.

Une projection du groupe indépendant Etica y Transparencia fondée sur 1.200 des 11.274 bureaux de vote prédit un résultat final de 38,4% des suffrages en faveur de Daniel Ortega, contre 29,5 % à Eduardo Montealegre.

En se basant sur un premier rapport des observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA), son secrétaire général, le Chilien José Miguel Insulza, a estimé que les élections nicaraguayennes se sont déroulées "conformément à la loi" et il a écarté l'éventualité de fraudes.
 
LatinReporters.com est un collectif de journalistes qui analysent l'actualité latino-américaine et espagnole. Le texte de cet article peut être reproduit aux conditions explicitées sur le site www.latinreporters.com

*

Manifestation de soutien au sandiniste Daniel Ortega, à Managua. Combattu par Washington dans la dernière décennie de la Guerre froide.
Photo prise le 6 novembre 2006/REUTERS/Daniel Leclair

LA PRÉSIDENCE DU NICARAGUA À LA PORTÉE DU SANDINISTE DANIEL ORTEGA

MANAGUA (Reuters) - 6/11/6 - Le sandiniste Daniel Ortega, combattu par Washington dans la dernière décennie de la Guerre froide, pourrait s'acheminer vers une victoire spectaculaire à l'élection présidentielle du Nicaragua, selon des résultats partiels publiés lundi.

Après dépouillement des suffrages dans 40% des bureaux de vote, l'ancien révolutionnaire marxiste dépassait tout juste le seuil des 40%, qui lui permettrait de l'emporter dès le premier tour de scrutin.

Deux décomptes rapides effectués par des observateurs respectés le créditent également d'un score suffisant pour échapper au second tour.

Des milliers de militants sandinistes ont tiré des feux d'artifice et se sont répandus dans les rues avec le drapeau noir et rouge de leur mouvement.

Le candidat conservateur Eduardo Montealegre, qui avait la préférence de Washington, arrivait en deuxième position avec 32,7%. Ayant reconquis du terrain par rapport aux premiers résultats diffusés, il a affirmé qu'il obtiendrait la tenue d'un second tour le mois prochain.

Ortega, qui serait très probablement battu en cas de ballottage, s'assurerait aussi la victoire avec 35% des voix au premier tour s'il devançait d'au moins cinq points son plus proche adversaire. Il a dit faire "pleine confiance à Dieu et au peuple" pour gagner dès le premier tour.

Montealegre, lui, a dénoncé des irrégularités lors de l'élection de dimanche. "Dans une démocratie, c'est inacceptable (...) Nous nous dirigeons vers un second tour", a-t-il dit.

Des responsables américains ont dit avoir constaté eux aussi des irrégularités. Mais ils se sont refusés à se prononcer sur le scrutin avant que les résultats soient connus et que l'on ait enquêté sur les problèmes liés à l'ouverture tardive et à la fermeture prématurée d'un certain nombre de bureaux de vote.

Roberto Rivas, président du Conseil suprême électoral, a estimé pour sa part que l'élection s'était déroulée dans la transparence et sans fraude apparente.

BLOC ANTIAMERICAIN

Il s'agit de la troisième tentative d'Ortega pour revenir à la tête de l'Etat depuis que son gouvernement sandiniste a été renversé en 1990 sur fond de crise économique après une violente guerre civile entre Managua et les rebelles "Contras" que soutenaient les Etats-Unis.

"Nous devons nous détourner de tous les problèmes graves dont notre pays a souffert dans le passé, et aller de l'avant", a dit le colistier d'Ortega, Jaime Morales, ancien dirigeant Contra rallié cette année au camp de son ancien ennemi.

Après avoir pris la tête de la révolution sandiniste de 1979 contre la dictature Somoza, Ortega s'était allié à l'Urss et à Cuba. Le pays devint dans les années 1980 le théâtre de combats qui en firent l'un des champs d'action de la Guerre froide.

Une victoire d'Ortega constituerait un revers sérieux pour le gouvernement américain, qui avait mis en garde les Nicaraguayens contre une suspension possible de l'aide et des investissements s'il revenait au pouvoir.

Bien qu'Ortega ait nettement adouci sa rhétorique durant ses seize années dans l'opposition, Washington craint de le voir s'allier, en cas de victoire, avec le président vénézuélien Hugo Chavez et le gouvernement castriste cubain au sein du bloc antiaméricain formé par plusieurs pays latino-américains.

Alors qu'Ortega était crédité de 40,04% des suffrages, le candidat du Parti libéral au pouvoir, José Rizo, arrivait en troisième position, loin derrière lui et Montealegre. Les résultats étaient publiés très lentement et une mise à jour était attendue après 20h00 (14h00 GMT).

Si le leader sandiniste n'était pas élu au premier tour, il risquerait l'échec au second du fait qu'un grand nombre d'électeurs de Rizo reporteraient leurs voix sur Montealegre.

Les gouvernements conservateurs au pouvoir depuis seize ans ont bénéficié du soutien de Washington et ont favorisé le développement de l'économie de marché, mais sans faire reculer sensiblement la pauvreté.

Les conservateurs avaient maintenu Ortega à l'écart en présentant régulièrement un candidat unique. Cette fois, leur division lui a donné sa meilleure chance de retour. Il a aussi objectivement bénéficié de la mort subite en juillet d'un dissident sandiniste, l'ancien maire de Managua Herty Lewites, que certains donnaient gagnant.

Ortega est le dirigeant le moins consensuel du Nicaragua. Beaucoup le méprisent, mais il a le soutien de ceux qui restent attachés aux programmes éducatifs et sanitaires des sandinistes, qui atténuèrent brièvement la pauvreté avant l'effondrement de l'économie sous les coups de la guerre civile et d'un embargo commercial américain.

Ses adversaires se rappellent la violence, le rationnement, l'hyperinflation et la politique dirigiste du régime sandiniste.

*

Municipales au Nicaragua : victoire du parti sandiniste au pouvoir

AFP - 21/11/8 - Le Conseil suprême électoral (CSE) du Nicaragua a proclamé officiellement vendredi soir la victoire du parti du président Daniel Ortega dans les élections municipales du 9 novembre dernier. Lire la suite l'article

Le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) remporte 105 des 146 municipalités en jeu, dont la capitale, Managua. La principale formation d'opposition conservatrice, le Parti libéral constitutionnaliste (PLC), l'emporte dans 37 municipalités, et l'Alliance libérale nicaraguayenne (ALN) dans quatre, a annoncé le président du CSE, Roberto Rivas, en conférence de presse.

Les sandinistes gagnent 18 nouvelles villes, tandis que les conservateurs en perdent 21.

A Managua, pour un troisième mandat sandiniste consécutif, le nouveau maire est l'ex-triple champion du monde de boxe Alexis Argüello, qui a battu le leader du PLC et de l'opposition, l'ancien banquier Eduardo Montealegre.

La tension montait au Nicaragua depuis le 9 novembre, et des incidents quasi-quotidiens entre partisans du gouvernement et de l'opposition ont fait plusieurs blessés.

Le ministère de la Défense avait averti mercredi que la violence post-électorale risquait de conduire à "une escalade de faits imprévisibles", tandis que des milliers de partisans du président Ortega défilaient à Managua.

L'opposition manifestait depuis le jour du scrutin en réclamant l'annulation des municipales, accusant le gouvernement de "fraude". Les sandinistes manifestaient aussi, mais au contraire pour presser le CSE d'officialiser leur victoire.

Le CSE a publié les résultats après avoir examiné et rejeté le recours présenté par le PLC, qui réclamait un nouveau décompte des suffrages et une vérification des rapports des bureaux de vote.

 

RETOUR A PEUPLES-UNIS