LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS,
NON CELLE DES ETATS/NATIONS
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A propos de :
Le Pérou est un pays situé à l'ouest de l'Amérique du Sud, entouré par l'Équateur, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, le Chili et l'Océan Pacifique.
Histoire du Pérou
Les premières traces de sédentarisation datent de 20 000 av. J.-C.
De nombreuses cultures précolombiennes se succédèrent sur le territoire actuel du Pérou, jusqu'à la civilisation Inca qui avait établi sa capitale à Cuzco. Après l'arrivée des Espagnols, Francisco Pizarro conquit la région et une vice-royauté fut établie. L'indépendance fut déclarée en juillet 1821 et devint effective en décembre 1824. Le Pérou, aux côtés de la Bolivie, mena entre 1879 et 1883 une guerre de 4 ans contre le Chili connue sous le nom de guerre du Pacifique.
Les couleurs vives et variées des habits péruviens sont peut-être l'écho d'un vieux conseil proverbial : Ne t'habille ni en noir car la vie n'est pas un malheur, ni en blanc car ce n'est pas tous les jours la joie dans le coeur des autres.
Politique du Pérou
Le Pérou est une République présidentielle
Le président est élu pour un mandat de 5 ans. Il n'est pas rééligible immédiatement. Il est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le corps législatif est composé d'une seule Chambre, le Congrès, composée de 120 députés, également élus tous les 5 ans. Les grands partis politiques sont UPP, Alliance populaire révolutionnaire américaine, Unidad Nacional, Partido Nacionalista Peruano, et Acción Popular.
L’élection présidentielle péruvienne de 2006 a donné Alan García (Alliance populaire révolutionnaire américaine) vainqueur, contre l'autre candidat du second tour, Ollanta Humala.
Alan García prit l'investiture comme il est de coutume, le jour de la fête nationale, le 28 juillet 2006. Il remplaça Alejandro Toledo Manrique, en fonction depuis 2001.
Géographie du Pérou
Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km² et possède 2 414 km de côtes.
Le climat est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Ces déserts côtiers sont provoqués par la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses. Dans les Andes(chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
Parmi les ressources naturelles, on trouve le cuivre, l'argent, l'or, le pétrole, le minerai de fer, le charbon et les phosphates. La pêche constitue aussi une importante ressource naturelle ainsi que les fruits des arbres.
Le pays est sujet aux tremblements de terre. Les inondations et glissements de terrain sont dus au phénomène El Niño. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
- la «costa» (côte) bordée par l'Océan Pacifique, 60 % de population, 10 % de superficie ;
- la «sierra» (montagne) 30 % de population, 30 % de superficie ;
- la «selva» (forêt d'Amazonie péruvienne) 10 % de population, 60 % de superficie.
Faune et flore
Du fait de la diversité climatique et topographique, il existe au Pérou une faune et une flore variées.
Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes.
Mais c’est dans la «selva» que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou, le caoutchouc participent à cette biodiversité.
Le chinchilla brevicaudata, présent à l'état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd'hui.
Fleuves
C'est au Pérou que prend naissance l'un des plus longs fleuves du monde, l'Amazone, qui, avant de pénétrer au Brésil traverse toute la selva péruvienne. Il capte les eaux de tout le versant oriental de la Cordillère des Andes.
Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'Océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus de 33% de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 28 millions au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
Au sud, un troisième bassin, celui du Lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de [140 000 km².
Économie du Pérou
Le Pérou a libéralisé son économie dans les années 1990 en privatisant les entreprises publiques. À la fin des années 1990, le Pérou subit les répercussions de la crise asiatique.
Près d'un Péruvien sur deux vit actuellement dans la pauvreté. L'INEI (Institut national péruvien des statistiques) avance un chiffre de 48 % pour 2005, perdant 5,3 points en quatre ans, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élèverait à 18,1 % pour la même année2. Ces chiffres sont cependant contestés par l'Alliance populaire révolutionnaire américaine qui dénonce une manipulation politique des données. L'indice de développement humain était de 0,762 en 2003 (échelle entre 0 et 1) ce qui le place à la 79e place mondiale.
Le Pérou a connu une déflation de 0,1 % en 2001. Le PIB a progressé en 2002 de 5,2 % après avoir crû de 0,6 % en 2001 et 3,1 % en 2000. Le déficit public s'élevait à 2,3 % du PIB en 2002. Les principaux destinataires pour les exportations sont les États-Unis (25 %), la Chine (8 %) et le Japon (7 %) (en 1997).
Le Pérou fait partie de la Coopération Économique Asie Pacifique (APEC).
Le tourisme constitue une des principales ressources de l'économie.
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Photo prise le 9 avril 2006/REUTERS/Ivan Alvarado
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par Richard Huzta
LIMA (LatinReporters.com) - 6/4/6 - Les Péruviens éliront dimanche leur président et leurs 120 parlementaires. Un second tour sera-t-il nécessaire pour désigner le successeur du président Alejandro Toledo, très discrédité ? Son parti Pérou Possible n'a pas de candidat à la présidence et risque de n'avoir aucun élu au Congrès. Le favori des sondages, du moins au premier tour, est le nationaliste Ollanta Humala, ex-officier souvent qualifié de "Chavez péruvien".
L'éditorialiste de Peru 21, Augusto Alvarez Rodrich, influent parmi les jeunes classes aisées, écrit qu'une victoire au premier tour d'Humala, candidat de l'Union pour le Pérou, "paraît difficile (...) mais on ne peut pas conclure que cette possibilité soit nulle".
Comme si l'histoire pouvait se répéter, les élections se présentent sous les auspices d'un double syndrome : celui d'Evo Morales, le nouveau président bolivien qui l'emporta en décembre, dès le premier tour contre tout pronostic, et celui de l'écrivain Mario Vargas Llosa, battu au second tour de la présidentielle péruvienne de 1990 par un inconnu, Alberto Fujimori, alors qu'il était archifavori, bénéficiant du soutien inconditionnel des grands médias et disposant, par rapport à son rival, d'importants moyens de campagne.
"La différence entre moi et mes adversaires, a déclaré Ollanta Humala à la presse étrangère, est que je me bats pour gagner au premier tour, les autres pour être présents au second". Il faisait allusion à Lourdes Flores Nano, la candidate de l'Unité Nationale (droite conservatrice et chrétienne), et à l'ancien président Alan Garcia (1985-1990), candidat de la sociale-démocrate APRA (Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine, membre de l'Internationale socialiste).
Humala les devance avec une marge confortable qui assure pratiquement sa présence au second tour. Les derniers sondages -ils sont interdits la semaine précédant le scrutin- le créditaient de près de 34% des intentions de vote, contre 27% à Lourdes Flores et 23% à Alan Garcia. La marge entre ces deux derniers n'est pas suffisante pour rassurer la représentante de la droite. En 2001, elle fut écartée au premier tour précisément par le même Garcia qu'elle devançait pourtant dans les sondages. Brillant orateur, Alan Garcia sait galvaniser les foules. Il avait été battu de peu au second tour, il y a cinq ans, par Alejandro Toledo.
La candidate du fujimorisme, Martha Chavez, est en quatrième position avec environ 7% des intentions de vote. Elle n'a pas réussi la percée qu'escomptaient les partisans de l'ancien président péruvien d'ascendance japonaise Alberto Fujimori (1990-2000), actuellement détenu au Chili dans l'attente d'un jugement d'extradition qui s'annonce long. En revanche, la fille de ce dernier, Keiko Fujimori, tête de liste pour le Congrès à Lima, où se présente aussi le frère du chef d'Etat déchu, Santiago Fujimori, pourrait être la parlementaire la mieux élue, avec une importante différence de voix sur ses rivaux. A ce titre, comme le veut la tradition, elle présiderait la séance inaugurale de la nouvelle Chambre et remettrait l'écharpe présidentielle au successeur de Toledo.
En toute logique, il devrait y avoir un second tour, le 7 mai, qui s'annonce très ouvert. A condition d'y accéder, Lourdes Flores en est donnée comme la favorite, tant contre Ollanta Humala que contre Alan Garcia.
Un duel Lourdes Flores-Alan Garcia est apparemment à écarter, car il suppose l'effondrement peu probable du "Chavez péruvien" dans la dernière ligne droite. Face au métis Ollanta Humala et à son indigénisme nationaliste proche de celui du bolivien Evo Morales, Lourdes Flores bénéficierait de l'appui quasi général de l'establishment et des principaux médias contre le prétendu "ennemi public n°1" de la démocratie. Mais cette situation rappellerait l'échec du favori du second tour de la présidentielle de 1990, Mario Vargas Llosa, et elle pourrait déboucher sur le même résultat. Les partisans de Lourdes Flores le craignent d'ores et déjà. Ils le confient en privé.
Comme avec Vargas Llosa, un phénomène de rejet est possible. L'omniprésence dans les médias de Lourdes Flores et le traitement complaisant dont elle est gratifiée, contrairement au ton agressif réservé à ses deux principaux rivaux masculins, expliqueraient en partie la baisse constante de la candidate dans les sondages qu'elle dominait il y a deux mois.
Vague bolivarienne
En outre, Ollanta Humala et son Union pour le Pérou surfent sur la vague "bolivarienne" que le président Hugo Chavez du Venezuela tente de faire déferler sur l'Amérique latine. Métis de 42 ans dans un pays dominé par la minorité blanche, ex-lieutenant-colonel lancé en politique avec le bagage publicitaire d'une rébellion militaire en 2000, adversaire déclaré de la corruption et du libéralisme économique: ces signes d'identité associent Ollanta Humala à Hugo Chavez, qui l'adoubait littéralement en janvier dernier à Caracas, aux côtés de l'Amérindien Evo Morales fraîchement élu président de la Bolivie.
Le triomphe d'Evo Morales n'est pas sans influence, au Pérou voisin, sur les indiens et métis qu'Ollanta Humala voudrait représenter et qui sont largement majoritaires parmi les 27,5 millions de Péruviens, dont 50% de pauvres. La popularité de l'ex-militaire est forte dans les départements andins, surtout dans le Sud limitrophe de la Bolivie.
Dans sa "Présentation du Pérou", le site Internet du ministère français des Affaires étrangères indique : "Les Amérindiens, descendants des Incas, représentent environ 45% de la population et se structurent autour des deux principaux groupes ethniques que sont les Quechuas et les Aymaras. Près de 37% des habitants sont considérés comme métis. On estime à 15% la proportion de Péruviens d’origine européenne (surtout espagnole). Les 3% restants sont issus de l’immigration asiatique et essentiellement japonaise, chinoise et vietnamienne."
En cas de duel entre Ollanta Humala et Lourdes Flores, perçue comme la candidate de l'élite blanche, les électeurs du social-démocrate Alan Garcia tiendront la clé du scrutin présidentiel. Les analystes se perdent en conjectures. Sociologiquement et idéologiquement, ils estiment que les partisans de Garcia sont plus proches du discours "populiste" d'Humala. Mais les sondages indiquent qu'actuellement ils pencheraient davantage pour la candidate de la droite.
Quant aux voix fujimoristes, elles devraient en principe se reporter massivement sur Lourdes Flores, Humala étant considéré comme viscéralement hostile à l'ancien président Alberto Fujimori. On estime toutefois que les électeurs d'Ollanta Humala seraient d'ex-partisans de Fujimori guidés, comme lorsqu'ils votèrent pour ce dernier, par un réflexe de rejet de la classe politique traditionnelle.
En même temps que le premier tour de la présidentielle se dérouleront les législatives à la proportionnelle départementale. Et là encore, on assiste à un paradoxe de la politique péruvienne. Selon les sondages, l'APRA d'Alan Garcia obtiendrait le premier groupe parlementaire, suivi de l'Union Nationale de Lourdes Flores, ces deux formations devançant nettement les nationalistes de l'Union pour le Pérou d'Ollanta Humala, lui-même talonné, grâce à l'effet Keiko, par l'Alliance pour le Futur fidèle à Fujimori.
LatinReporters.com est un collectif de journalistes qui analysent l'actualité latino-américaine et espagnole. Le texte de cet article peut être reproduit aux conditions explicitées sur le site www.latinreporters.com
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LIMA (Reuters) - 10/4/6 - Ollanta Humala, ancien colonel de l'armée favorable aux nationalisations, a accru son avance dans la course triangulaire pour la présidence du Pérou, d'après des résultats partiels du premier tour de scrutin organisé dimanche.
Après dépouillement de près de 70,8% des bulletins, la commission électorale péruvienne a annoncé que Humala recueillait 29,19% des voix, devant la candidate du camp conservateur et des milieux d'affaires, Lourdes Florès (25,29%), et l'ancien président de centre-gauche Alan Garcia (24,98%).
Aucun d'entre eux ne devraient obtenir les 50% de voix nécessaires pour éviter un deuxième tour entre les deux candidats arrivés en tête.
Humala, favori des milieux populaires, inquiète le patronat et les classes supérieures de descendance européenne en raison de ses promesses de redistribution des richesses en faveur des plus pauvres, souvent d'origine indigène.
L'élection de cet allié du président vénézuélien Hugo Chavez confirmerait la tendance observée en Amérique latine, où de nombreux pays se sont dotés de dirigeants classés à gauche et hostiles aux Etats-Unis.
Humala s'est ainsi engagé, en cas de victoire, à rénover la filière de la culture de coca, plante base de la cocaïne, dont le Pérou est le deuxième producteur mondial derrière la Colombie.
BATAILLE ACHARNÉE
Ses opposants et les médias, qui ont mené une campagne hostile à son encontre, redoutent un retour à un régime autocratique en cas de succès de Humala, auteur en 2000 d'une tentative de coup d'Etat contre l'ancien président Alberto Fujimori.
Une moitié des Péruviens le considère en revanche comme un sauveur après cinq années de croissance économique soutenue, qui n'ont pas profité aux milieux ruraux en l'absence de fortes créations d'emplois.
Lorsqu'il s'est rendu dans un bureau de vote de Lima dimanche, l'ancien colonel a été accueilli par plusieurs milliers de manifestants le traitant d'"assassin". Certains, notamment des femmes apparemment issues de milieux aisés, l'ont bombardé de détritus avant leur dispersion par la police.
Les milieux d'affaires redoutent particulièrement un deuxième tour entre Humala et Garcia, dont la présidence, de 1985 à 1990, a coïncidé avec un effondrement de l'économie péruvienne.
Vers la fin de la campagne électorale, Garcia, âgé de 56 ans, a dépassé dans les sondages Flores, une juriste de 46 ans, qui n'a pas réussi à séduire les plus pauvres.
A l'élection présidentielle de 2001, Garcia avait à la dernière minute dépassé Flores avant d'être battu au second tour par le président sortant Alejandro Toledo.
"Nous allons assister à une bataille acharnée autour des bulletins de vote et Flores et Garcia vont tous deux réclamer que chaque voix soit prise en compte", prédit le politologue Alberto Adrianzen.
Quel que soit le président élu, il devra composer avec un Congrès morcelé et sans majorité, d'après les premiers résultats des élections législatives organisées en même temps que la présidentielle.
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LIMA (Reuters) - 11/4/6 - Ollanta Humala, ancien colonel de l'armée favorable aux nationalisations, a accru son avance dans la course triangulaire pour la présidence du Pérou, d'après des résultats encore partiels du premier tour de scrutin.
Le second tour pourrait l'opposer à un autre candidat de gauche, l'ancien président Alan Garcia, qui semble prendre la mesure de la candidate de la droite libérale, Lourdes Flores.
Après dépouillement mardi de plus de 84% des bulletins, la commission électorale péruvienne a annoncé que Humala recueillait 30,8% des voix exprimées dimanche.
Garcia, dont le mandat présidentiel (1985-1990) s'est achevé dans une situation de quasi-faillite du Pérou, est crédité lui de 24,7% des suffrages tandis que la candidate d'Unité nationale (droite conservatrice soutenue par les milieux d'affaires) se fait distancer (23,6%).
Les précédents résultats du scrutin de dimanche communiqués par les autorités péruviennes laissaient planer la plus grande incertitude sur l'identité de l'adversaire de Humala au second tour, qui devrait se dérouler en mai ou début juin.
"Garcia est très confiant et il a toutes les raisons de l'être", estime Ernesto Velit, qui enseigne les sciences politiques à l'Université péruvienne de San Marcos. "Il y a encore des suffrages qui doivent être comptés dans les communautés rurales, et il n'y a là aucune voix pour Flores", explique-t-il.
SCÉNARIO SOMBRE POUR LES MILIEUX D'AFFAIRES
Si les derniers bulletins de vote confirment un second tour Humala-Garcia, le Pérou se dirigera vers le scénario le plus redouté par les "milieux d'affaires" [sic] et les investisseurs.
Humala, soutenu par le Vénézuélien Hugo Chavez et favori des milieux populaires, inquiète le patronat et les classes supérieures d'ascendance européenne en raison de ses promesses de redistribution des richesses en faveur des plus pauvres, souvent d'origine indigène.
Sous la présidence de Garcia, l'économie péruvienne a plongé. Au terme de son mandat, le pays sud-américain était frappé par des pénuries alimentaires et l'hyperinflation y atteignait les 7.000%.
Selon des sondages pré-électoraux, Humala perdrait probablement s'il était opposé à Flores au second tour, mais face à Garcia, le duel se jouerait dans un mouchoir.
Les autorités électorales ont dit qu'une vingtaine de jours pourraient être nécessaires pour déterminer qui est arrivé en deuxième position. Le second tour doit être organisé dans les trente jours suivant l'annonce des résultats officiels définitifs.
Quel que soit le vainqueur final, les résultats du premier tour, si Flores ne refait pas son retard, constitueront aussi un nouvel exemple du virage à gauche amorcée en Amérique latine depuis l'élection de Chavez au Venezuela jusqu'au succès d'Evo Morales, du Mouvement vers le socialisme (MAS), en Bolivie.
Humala s'est ainsi engagé, en cas de victoire, à rénover la filière de la culture de coca, plante base de la cocaïne, dont le Pérou est le deuxième producteur mondial derrière la Colombie.
Ses opposants et les médias, qui ont mené une campagne hostile à son encontre, redoutent un retour à un régime autocratique en cas de succès de Humala, auteur en 2000 d'une tentative de coup d'Etat contre l'ancien président Alberto Fujimori.
Une moitié des Péruviens le considèrent en revanche comme un sauveur après cinq années de croissance économique soutenue, qui n'ont pas profité aux milieux ruraux en l'absence de fortes créations d'emplois.
Quel que soit le président élu, il devra composer avec un Congrès morcelé et sans majorité, d'après les premiers résultats des élections législatives organisées en même temps que la présidentielle.
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LIMA - AP - 10/10/8 - Seize ministres du gouvernement péruvien ont proposé leur démission au président Alan Garcia jeudi, à la suite d'un scandale de pots-de-vins liés au pétrole.
Les parlementaires d'opposition ont demandé le départ des ministres, mais la réponse du président n'est pas connue. Le ministre de l'énergie et le président de la compagnie pétrolière nationale ont déjà quitté leur poste il y a quelques jours pour endosser la responsabilité du scandale.
Lundi, Alan Garcia a suspendu un contrat avec la compagnie pétrolière norvégienne Discover Petroleum, après la diffusion d'une vidéo qui montrait apparemment deux membres de son parti, un administrateur des pétroles, Alberto Quimper, et un ancien ministre de l'agriculture, Romulo Leon, en train de discuter de dessous-de-tables censés faciliter les affaires de la compagnie.
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LIMA (AFP) - 11/10/8 - Le président Alan Garcia se retrouve samedi dans une posture délicate au Pérou, ébranlé par un scandale de corruption qui a provoqué la chute de son gouvernement et une attaque meurtrière de la guérilla maoïste du Sentier lumineux, en pleine résurgence.
Le pays latino-américain vit depuis une semaine une crise politique larvée avec la révélation d'une affaire présumée de pots de vin de la compagnie pétrolière norvégienne Discover à l'organisme public Petroperu, chargé d'attribuer les concessions d'exploitation.
Pour échapper à une motion de censure au parlement, où son parti ne dispose pas d'une majorité suffisante, M. Garcia, qui avait déjà renvoyé son ministre du Pétrole dans l'epoir d'éteindre l'incendie, a accepté vendredi soir la démission de son gouvernement.
Confronté à mi-mandat à une popularité en berne de 20%, la plus faible depuis son élection en 2006, le président péruvien, un social-démocrate qui mène une politique de libéralisation à tout crin, a déploré un "jeu politique, où la stratégie, la passion et les appétits conspirent à exagérer le moindre problème au delà de toute proportion".
A l'origine du scandale, un enregistrement diffusé par la télévision a trahi les propos d'un haut responsable de Petroperu, Alberto Quimper et d'un influent militant du parti gouvernemental, Romulo Leon, en train de se réjouir des juteux versements et de la "bonne affaire" réalisée avec Discover.
Ces personnes, dont le premier est détenu et le second en fuite, auraient fait pression pour que la compagnie norvégienne obtienne le mois dernier un contrat d'exploration de cinq blocs sur le plateau continental péruvien et dans la région de Madre de Dios (sud-ouest).
Le contrat a depuis été rompu et la firme scandinave a officialisé vendredi l'abandon de ses activités au Pérou, tout en se disant victime de la part d'intermédiaires.
Selon les enregistrements téléphoniques, l'un de ses représentant, l'homme d'affaires dominicain, Fortunato Canaan, s'était proposé de "graisser la patte" des fonctionnaires péruviens.
Toutes ces révélations ont eu l'effet d'une bombe dans ce pays rengorgeant de matières premières et fort du record de la croissance économique en Amérique latine (9%) mais où la pauvreté touche encore plus du tiers de la population.
Le scandale a rapidement mis le gouvernement dans une position intenable, sous les feux de l'opposition, tout bords confondus, à l'image des rivaux malheureux de M. Garcia à la présidentielle, qui exigeait le départ de son Premier ministre Jorge del Castillo.
L'ancienne candidate conservatrice Lourdes Flores avait averti que tout retard "rendrait les choses encore pires", tandis que le nationaliste de gauche, Ollanta Humala, pointait la "sérieuse responsabilité" du pouvoir.
La crise fait ressurgir le spectre de la gestion calamiteuse de M. Garcia lors de son premier mandat entre 1985 et 1990, qui s'était soldé par la faillite des comptes publics et l'expansion des attentats du Sentier lumineux.
La résurgence de la guérilla s'est justement confirmé cette semaine, après une embuscade jeudi soir dans le sud-est du pays, qui a fait 14 victimes, dont 12 militaires et deux civils, constituant la pire attaque survenue depuis une décennie.
Les affrontements entre l'armée et le Sentier Lumineux, émaillés de massacres de civils commis de part et d'autre, ont fait environ 70.000 morts entre 1980 et 2000, selon la Commission nationale vérité et réconciliation.
Le fondateur du Sentier lumineux, Abimael Guzman, a été condamné en 2006 à la réclusion à perpétuité, concluant un chapitre sanglant de l'histoire péruvienne, mais la guérilla a refait son apparition dans les zones productrices de coca, base de la cocaïne, dont le Pérou est le second producteur mondial.
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AP - 12/4/9 - Des insurgés ont tué treize soldats péruviens lors d'embuscades tendues à deux patrouilles dans une région de jungle connue pour sa production de coca et sa rébellion persistante, a signalé le gouvernement péruvien.
Quatre autres soldats ont été blessés et deux sont portés disparus après cette attaque survenue jeudi dans la vallée de la rivière Apurimac-Ene. Les insurgés ont apparemment attaqué un premier groupe avec des explosifs, faisant un mort et trois blessés, avant de poursuivre et d'attaquer le second.
"Douze hommes de la 2e patrouille ont été retrouvés morts dans un ravin, certaines de leurs armes avaient été enlevées, certainement par le Sentier Lumineux" a jugé le ministre de la défense Antero Flores-Aroaz samedi soir.
Sur les 10.000 combattants que comptait le groupe maoïste avant la capture de son leader en 1972, il reste 500 insurgés, qui vivent du trafic de drogue "d'après les autorités" [sic].
Les attaques de Sanabamban à 320 km de la capitale, sont les plus meurtrières depuis octobre. Treize soldats et deux civils avaient alors été tués alors qu'ils transportaient de la dynamite.
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Photos of June 5 Police Attack on Peaceful Blockade in Bagua
© 2009 Independent Reporter - Amazon Watch
AMAZONWATCH.ORG - Bagua, Peru (June 6, 2009) – In the early morning hours on Friday, Peruvian Special Forces staged a violent raid on a group of indigenous people at a peaceful blockade on a road outside of Bagua in a remote area of the northern Peruvian Amazon resulting in 25 civilians confirmed dead and over a hundred wounded. Over 600 police attacked several thousand unarmed Awajun and Wambis indigenous peoples including many women and children and forcibly dispersed them using tear gas and live ammunition.
Dramatic photos (available on www.amazonwatch.org) of the attack show clearly the police brutally beating and shooting demonstrators at close range. At 2am police began to approach the demonstrators as they were sleeping along the Fernando Belaúnde Terry road. Demonstrators refused to move from the roadblock as police in helicopters fired teargas grenades and live ammunition. Eyewitnesses report that police also attacked from both sides firing live rounds into the crowd as people fled into surrounding steep hillsides, many becoming trapped. As the unarmed demonstrators were being killed and injured some wrestled with police, fighting back in self-defense, which resulted in the reported deaths of nine police officers.
In local radio reports the chief of police claimed that the indigenous demonstrators were armed and fired first. This claim has been strongly rejected by dozens of local eyewitnesses including local journalists who confirmed that Amazonian demonstrators have been entirely peaceful and only bear traditional spears and in no way provoked any violence. A point highlighted by the fact that the blockades have been going on for 56 days without a single incident.
Gregor MacLennan of Amazon Watch who is currently in Bagua gathering first hand testimonies from blockade participants, local journalists and residents stated: "All eyewitness testimonies say that Special Forces opened fire on peaceful and unarmed demonstrators including from helicopters, killing and wounding dozens in an orchestrated attempt to open the roads. It seems that the police had come with orders to shoot. This was not a clash, but a coordinated police raid with police firing on protesters from both sides of their blockade."
"There have been many accounts of atrocities committed by the Special Forces. Some have reported seeing the police throwing liquid on the cadavers and burning them. Also local residents have given accounts of having seen police throwing bodies of dead civilians into the river in an apparent attempt to underreport the number of dead. We've also received accounts that some of those injured were being detained by security forces and denied medical attention leading to additional deaths. There are many people still reported missing and access to medical attention in the region is horribly inadequate."
Peru's Ombudsman's office issued a strong statement yesterday demanding an end to the violence. Letters condemning the government's actions are pouring in from thousands of Peruvians and international human rights activists and organizations. Today, Victoria Tauli-Corpuz, the chair of the Permanent Forum on Indigenous Issues of the United Nations issued a letter expressing "shock and deep distress at reports received of atrocities committed" and calling on the government to "Immediately cease all violence against indigenous communities and organizations."
Indigenous peoples have vowed to continue protests until the Peruvian Congress revokes the "free trade" decrees issued by President Garcia under special powers granted by Congress in the context of the Free Trade Agreement with the United States.
In the past two weeks, the Constitutional Committee of Congress has ruled that legislative decrees 994 and 1090 were unconstitutional. The Peruvian Congress was scheduled to debate the revocation of decree 1090 again on Thursday, however, Garcia's political party, for the third time, prevented the debate preferring instead to attack the peaceful blockades. The government Ombudsman office has filed a legal action with the constitutional tribunal regarding the unconstitutionality of decree 1064, which affects the land rights laws in Peru.
"Garcia has rejected several congressional debates on the decrees, opting for violent attacks and brute force that will only worsen this conflict. It is outrageous that the ministers are now attempting to blame the victims for this incident and cover up the number of indigenous people dead," said Gregor MacLennan.
The protests have provoked national debate about government policies in the Amazon that ignore indigenous peoples and encourage large-scale extractive industries in Amazonian lands. Indigenous peoples assert that new laws undermine their rights and open up their ancestral lands to private companies for mining, logging, plantations, and oil drilling without their consultation or consent.
AIDESEP, the national indigenous organization of Peru presented a legal petition yesterday for "precautionary measures" to the Inter-American Commission on Human Rights requesting intervention to prevent more bloodshed. Orders for the arrest of leaders of AIDESEP, including Alberto Pizango who is being charged with sedition, were put in effect on Friday.
A coalition of human rights and environmental organizations are urging the Garcia Government to stand down and cease violent confrontations by the military and calling for solidarity demonstrations at Peruvian Embassies around the world. There were demonstrations on Friday at the Peruvian Government missions in San Francisco and Washington, DC. More are planned next week.
AIDESEP, the national indigenous organization of Peru has called for a nationwide general strike starting June 11th.
For Background information see additional links and www.aidesep.org.pe.
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AP - 6/6/9 - Des Indiens d'Amazonie qui protestaient contre l'exploration gazière et pétrolière sur leurs terres ont affronté la police vendredi au Pérou, dans une région de jungle reculée. Les affrontements ont fait 11 morts parmi les policiers et au moins 25 parmi les manifestants.
Les bilans varient parce que les journalistes ont peu d'accès à l'autoroute qui traverse la forêt amazonienne dans ce territoire lointain. Selon le chef de cabinet du gouvernement Yehude Simon, il y aurait en tout 109 blessés.
Les incidents ont éclaté avant l'aube quand des policiers ont détruit un barrage routier construit par quelque 5.000 Indiens dans le secteur de Curva del Diablo, la courbe du diable, dans la province de Utcubamba (nord du Pérou).
Selon les dirigeants de la manifestation, la police a ouvert le feu depuis des hélicoptères sur les manifestants indiens pacifiques, tirant à balle réelles et lançant des gaz lacrymogènes. Selon la version du directeur national de la police, Jose Sanchez, ce sont les manifestants qui auraient assailli les policiers avec des armes à feu, et mis le feu à des bâtiments publics.
Outre les 11 policiers tués, certains avec des flèches, 45 autres policiers ont été blessés. "On ne peut pas dire que les autochtones sont les victimes" a commenté le chef de cabinet Yehude Simon lors d'une conférence de presse. Selon lui, seulement trois indigènes ont été tués lors des accrochages.
Les Indiens d'Amazonie parlent de génocide à leur encontre, et déplore, outre les 25 tués, parmi lesquels il y a trois enfants, 50 blessés, dont 14 graves, d'après Servando Puerta, un leader indigène.
D'après un dirigeant de l'association humanitaire Amazon Watch, les Indiens auraient désarmé des policiers, en situation de légitime défense. AP
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Photo : barricade à Yurimaguas, au Pérou, le 6juin 2009 (Enrique Castro-Mendivil/Reuters).
Par Yvon Le Bot et Jean-Patrick Razon
Rue89 - 6/6/9 - Des affrontements entre des Indiens amazoniens et les forces armées ont fait une trentaine de morts et de nombreux blessés vendredi 5 juin dans le nord du Pérou. Les Indiens, qui bloquaient la route transamazonienne, ont retenu des policiers en otage. Les forces de l'ordre ont tiré sur les manifestants, utilisant même pour cela, "selon certaines sources" [sic], des hélicoptères.
Ces affrontements sont l'aboutissement d'un conflit opposant les Indiens de la forêt au gouvernement Alan García à propos de l'exploitation des richesses pétrolières. D'immenses réserves ont été découvertes ces dernières années dans la région. Un «miracle» selon le président García qui multiplie les initiatives favorables à leur exploitation par les entreprises étrangères, dont la Perenco, groupe franco-britannique. Avec des conséquences tragiques pour des communautés de chasseurs-cueilleurs qui tirent leurs ressources de la forêt et des cours d'eau.
Les Indiens regroupés dans l'Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne, AIDESEP, se sont mobilisés contre la destruction et la pollution de leur cadre de vie et, depuis plusieurs semaines, la tension ne cesse de monter. Ils ont reçu l'appui de nombreux secteurs de la population à travers le pays. Dès avant les événements de ces derniers jours, une mobilisation générale a été programmée pour le jeudi 11 juin.
Révolte des populations autochtones contre la dévastation de l'environnement
Le gouvernement manifeste sa volonté de passer coûte que coûte, d'ouvrir la voie aux compagnies en bafouant les droits reconnus aux communautés depuis les années 1970 (par le gouvernement militaire progressiste de Velasco Alvarado) et protégés par des conventions des Nations unies.
Ce qui se passe au Pérou est une illustration dramatique d'un problème devenu crucial dans l'ensemble de l'Amérique latine : l'exploitation du sous-sol et la dévastation de l'environnement au détriment des populations autochtones et de la biodiversité. Au Brésil, au Chili, en Colombie, au Guatemala… des groupes indiens s'opposent à des entreprises d'exploitation des ressources pétrolières, minières ou forestières.
En Equateur, des communautés amazoniennes ont intenté un procès «historique» à la Texaco qui a provoqué un véritable désastre écologique dans une vaste région. On n'avait jamais vu des communautés amazoniennes intenter un procès à une grande multinationale et encore moins des tribunaux se montrer sensibles à leurs arguments (une décision finale est attendue prochainement).
Plusieurs gouvernements latino-américains ont pris la mesure du problème et s'efforcent d'avancer vers des solutions négociées. C'est le cas, en Bolivie, du président indien Evo Morales qui a renationalisé les réserves d'hydrocarbures et renégocié avec les entreprises étrangères les conditions de leur exploitation, afin d'assurer une redistribution plus équitable des bénéfices, à travers notamment des programmes de développement, d'éducation et de santé pour les populations concernées.
Le président équatorien Rafael Correa a, quant à lui, proposé de geler l'exploitation d'une région entière en Amazonie pour des raisons écologiques et en échange de contreparties financières de la part de la communauté internationale.
Au Brésil, une décision récente de la Cour Suprême est venue confirmer un arrêté du président Lula reconnaissant un immense territoire à des groupes indiens dans le nord de l'Amazonie et freinant ainsi la pénétration des chercheurs d'or ou des trafiquants de bois (au total, ce sont 13% de la superficie du Brésil qui sont aujourd'hui constitués en «territoires indiens»).
Les mouvements indiens qui se sont développés dans l'ensemble de l'Amérique latine dans les dernières décennies ont obtenu des avancées importantes dans nombre de pays, y compris la reconnaissance de droits territoriaux. Le sous-sol cependant reste propriété de la nation et le plus souvent son exploitation est confiée à des compagnies nationales ou multinationales qui pillent et saccagent sans considération ni pour les occupants ni pour l'environnement.
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Par Terry Wade et Marco Aquino
Reuters- 5/6/9 - Une trentaine de personnes ont été tuées et des dizaines d'autres ont été blessées vendredi dans le nord du Pérou au cours d'affrontements entre la police et des tribus amazoniennes opposées à l'octroi de concessions à des compagnies minières étrangères dans la forêt tropicale.
Des chefs indigènes ont accusé des policiers opérant à bord d'hélicoptères d'avoir ouvert le feu sur des centaines de manifestants pour mettre fin au blocage d'une autoroute à 1.400 km au nord-est de Lima, la capitale.
La police a dit que les manifestants avaient tiré les premiers, mais les chefs tribaux ont affirmé ne pas avoir d'armes à feu et n'être munis que de lances traditionnelles.
Les chefs locaux et le ministère de l'Intérieur ont fait état de la mort de 22 manifestants et de neuf policiers.
Des milliers d'Amérindiens s'emploient depuis avril à bloquer routes et voies d'eau pour obtenir l'abrogation d'une série de lois adoptées l'an dernier pour encourager des compagnies étrangères à investir en Amazonie.
"Il y a douze morts par balles (...) tirées depuis des hélicoptères", a déclaré le dirigeant indigène Alberto Pizango à des journalistes à Lima. "Je tiens le gouvernement du président Alan Garcia responsable d'avoir ordonné ce génocide."
Le gouvernement a lancé un mandat d'arrêt contre Pizango pour avoir encouragé les manifestations. Imputant les violences aux manifestants, le président Garcia a déclaré le moment venu de mettre fin aux blocages des routes, des rivières et des installations énergétiques.
La compagnie argentine Pluspetrol, qui avait déjà pratiquement arrêté les activités de sa concession 1AB dans le Nord péruvien, a fait savoir qu'elle y cessait la production. Elle extrait en temps normal un cinquième environ de la production pétrolière péruvienne.
Version française Mathilde Gardin, Philippe Bas-Rabérin et Jean-Loup Fiévet
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INDYMEDIA - 7/6/9
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samedi 6 juin 2009
Vendredi 5 juin au matin (midi heure européenne), la police péruvienne s'est déchaînée contre les populations indigènes de la province Amazonas qui bloquaient une route en appui à leurs demandes. Le bilan des extrêmement lourd, plusieurs morts, peut-être des dizaines, des dizaines de blessés, peut-être des centaines.
Les informations sont encore assez confuses, la zone est bouclée par la police. Les affrontements se poursuivent.
Cela fait 56 jours que les communautés indiennes du Pérou amazonien se sont soulevées contre des projets miniers ou pétroliers dans le Nord-Est. A la mi-mai, ils sont déclarés "en état d’insurrection". "Nous déclarons nos peuples en état d’insurrection contre le gouvernement du président Alan Garcia sur les territoires indigènes amazoniens", a déclaré à Lima le 15 mai dernier Alberto Pizango, président d’un collectif qui dit représenter 1350 communautés de 65 groupes ethniques, soit 600'000 personnes environ.
Cet état d’insurrection signifie que "nos lois ancestrales ont désormais force de loi et que nous considérons comme une agression l’entrée d’une quelconque force sur nos territoires", avait averti M. Pizango. La solution, a-t-il poursuivi, "passe par une abrogation" de décrets législatifs de 2007 et 2008 qui assouplissent le cadre de l’exploitation minière, pétrolière, forestière ou de l’eau, par des firmes multinationales, sur des terres que les indigènes considèrent comme ancestrales.
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Mise à jour 19 heures
Le chiffre des victimes ne cesse d'augmenter. Alberto Pizango, président de la Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana (AIDESEP), organisation qui regroupe les indigènes actuellement en grève, affirme connaître la mort "jusqu’à présent de 15 indigènes amazoniens". Alberto Pizango demande une "enquête internationale" sur les faits et a déclaré que le président Alan Garcia avait "ordonné le génocide".
De son côté, d'après la coordination des radios locales (CNR), il y aurait 20 indigènes tués et 9 policiers.
Les affrontements se poursuivent, les indigènes, après avoir mis le feu à de nombreux locaux officiels, sont en train d'attaquer le commissariat, d'après Radio La Voz.
Le nombre de blessé ne cesse de croître et les deux hôpitaux de la zone sont maintenant débordés.
L'électricité est semble-t-il coupée dans une grande partie de la zone, ce qui empêche les radios locales d'émettre.
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Mise à jour à 17 heures
Les informations sont confuses. Les chiffres qui circulent parlent d'un nombre de morts entre 10 et 20. Cela s'est passé ce matin (mi-journée en Europe)
Plusieurs morts et des dizaines de blessés, tel serait le résultat tragique de la répression menée par la Direction Nationale des Opérations Spéciale (DINOES) contre les indigènes de Bagua pendant une opération visant à les expulser de la route Fernando Belaúnde Terry qu'ils occupaient. Cette localité de la province de l'Amazonie péruvienne est située à 730 km au nord de Lima.
Le président du comité de lutte provincial de Condorcanqui, Santiago Manuin Valera, aurait été assassiné par la police après avoir été visés par des armes de guerre dans la zone de Curva del Diablo où ils se sont concentrés.
Le leader indigène Mateo Impi a annoncé que les policiers ne laissaient pas approcher des cadavres. "Nous demandons l'intervention de la Défense (du Peuple)", a-t-il ajouté.
Le général Murua a ajouté que la circulation a été rétablie dans des circonstances difficiles mais que la route était maintenant dégagée. Auparavant, le président péruvien, Alan García, avait rendu responsables les "pseudo dirigeants des communautés natives qui impulsent des mesures de forces et de violence". Et d'ajouter : "Ils prétendent jouer à la révolution."
De son côté, le directeur de la Police nationale, le général José Sánchez Farfán a déclaré que la police avait été "attaquée" et que quatre policiers avaient été tués avec des armes à feu par des indigènes lors des affrontements pour dégager la route.
Peu après la phase initiale de la répression, les indigènes ont mis le feu au local du Parti Apriste Péruvien (parti du président), au local de COFOPRI, le siège de la direction de la province de Bagua et le local du PRONAA. L'hôpital de Bagua a fermé ses portes parce qu'il ne peut plus recevoir de blessés.
Sources : Coordinadora Nacional de Radio, Peru.com, La Haine, etc.
[->http://www.lahaine.org/index.php?p=38397]
[->http://www.peru.com/]
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Mise à jour, 5 juin, 23 heures ici (16 heures au Pérou)
Il se confirme que les indigènes qui bloquaient cette route depuis une dizaine de jours ont été attaqués par officiellement 639 policiers mais aussi au moyen d'hélicoptères d'où ont visés les manifestants avec des armes à feu et d'où auraient été lancées des grenades. Un des policiers décédé était d'ailleurs membre de l'équipage d'un hélicoptère qui aurait été visé par des hommes armés depuis le sol.
L'offensive de l'Etat
Le ministère de la justice a annoncé que les responsables des affrontements seront poursuivis. "Ce ne sont pas des actes de protestation mais de destruction, parce qu'il y a eu des morts et parmi eux des policiers et des civils innocents", a affirmé Erasmo Reyna, vice-ministre de la justice. Les Amérindiens morts ne sont semble-t-il pas "innocents". Pendant ce temps, le président Alan Garcia a rendu responsable de la tuerie Alberto Pizango, président de l'Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (AIDESEP) en déclarant qu'il était un délinquant. Les membres du gouvernement et du parti présidentiel ne sont pas en reste et font monter les enchères. Le ministre du travail, Jorge Villasante, accuse Alberto Pizango d'être responsable, à cause de son "intransigeance", de ce qui s'est passé.
Pour le député apriste Mauricio Mulder, "tirer sur des policiers c'est ce que font les terroristes". "Ici ce qu'il y a c'est une politicaillerie radicaloïde fomentée par des groupes partisans de la violence et ce que l'on voit c'est qu'ils sont liés au terrorisme". La conséquence selon lui est que les dirigeants indigènes ont perdu toute représentativité, qu'ils se sont transformés en "assassins" de policiers et doivent être traités comme tel.
Etat d'urgence, déploiement de l'armée, couvre-feu
De son côté, la ministre de l'Intérieur, Mercedes Cabanillasa, a confirmé la mort de 9 policiers. Elle a elle aussi accusé Alberto Pizango d'être le principal responsable de la tuerie. Mais qu'il y a eu aussi, selon elle, infiltration des indigènes par le Sentier lumineux. Elle a aussi dénoncé que des armes de la police (8 fusils AKM, avec leurs munitions) ont été volées au cours des affrontements. Elle déclare avoir demandé l'instauration de l'état d’urgence avec prise de contrôle de la zone par les forces armées et l'instauration du couvre feu.
Alberto Pizango menacé
Alberto Pizango, qui a accusé le président Alan Garcia d'avoir "ordonné le génocide" est menacé de poursuites pour "insurrection" et "rébellion" par les membres du gouvernement. Il serait en train de réfléchir à une demande d'asile politique à l'étranger car un mandat d'arrêt aurait été lancé contre lui.
Cette offensive répressive du gouvernement est une réponse à l'appel lancé la veille, le 4 juin dernier, par Alberto Pizango de faire du 11 juin une journée de mobilisation générale des populations autochtones pour protester contre le report de la discussion prévue au Parlement au sujet de l'abrogation du décret-loi 1090 facilitant et encourageant les entreprises étrangères à investir dans les zones habitées par les autochtones (pétrole, mines, exploitations forestières…).
Bilan encore provisoire
D'après un représentant de l'Eglise locale, Edgar Calle, qui a assisté aux évènements depuis une colline proche, a déclaré qu'au moins 35 indigènes ont été arrêtés. Ils sont maintenu face contre terre sur la route. Les forces de police empêchent les religieux de s'approcher et de donner de l'eau aux détenus. Pour ce qui est des personnes décédées, le bilan provisoire s'établirait à 25 Amérindiens, 9 policiers et 2 journalistes. Blessés : 7 policiers selon la ministre de l'Intérieur, plusieurs dizaines chez les habitants. Pour le seul hôpital de Bagua Grande, il y a 34 blessés par balles, 3 étant en salle d'opération.
Par ailleurs, sur les lieux des affrontements, de nombreux cadavres jonchent le sol et les policiers empêchent les habitants de les emmener.
Solidarité avec les peuples autochtones !
Appel de la Coordination Andine des Organisations Indigènes (CAOI)
Répression sanglante dans l'Amazonie péruvienne
[…] Urgent : rassemblements devant toutes les ambassades du Pérou, en conformité avec les accords de la quatrième rencontre continentale des peuples et nationalités indigènes de l'Abya Yala
Le gouvernement apriste d'Alan García Pérez a déclenché ce matin une répression sanglante dans l’Amazonie péruvienne. […] Une fois de plus, on cherche à imposer la mort sur la vie, le massacre sur le dialogue. C'est la réponse dictatoriale après 56 jours de lutte pacifique des autochtones et des pseudo dialogues et négociations, qui se termine par les balles de toujours, les mêmes depuis plus de 500 années d'oppression.
Aujourd'hui plus que jamais, il est urgent de mettre en oeuvre les accords de la quatrième rencontre continentale des peuples et nationalités indigènes de l'Abya Yala (qui s'est déroulée à Puno, au Pérou, du 27 au 31 mai) et de rendre effective notre solidarité avec les peuples de l'Amazonie péruvienne, par des rassemblement devant les ambassades du Pérou, dans chaque pays, chaque jour, jusqu'à ce que s'arrête le bain de sang et que soient abrogés les décrets-lois du TLC avec les États-Unis. Et poursuivre en justice Alan García Pérez et de son gouvernement, pour sa soumission et la répression qu'il a déclenchée : il a une dette d'au moins dix morts.
Cela s'est produit quelques heures après que le Congrès de la République, dans un acte de pure provocation, a décidé de reporter une fois de plus l'examen de l'abrogation des décrets-lois pro-TLC qui facilitent l'invasion des territoires indigènes, pendant que l'exécutif envoyait en grand nombre de nouveaux contingents de la police en Amazonie.
Nous appelons les organisations autochtones, les mouvements sociaux et les organisations des droits humains dans le monde entier à prendre des mesures concrètes : envois de lettres au gouvernement péruvien, au Rapporteur spécial de l'Organisation des Nations unies pour les peuples autochtones, à Amnesty International, à Survival International, au Prix Nobel de la paix, à la Commission interaméricaine des droits de l'homme, à l'Organisation internationale du travail (convention OIT 169), pour qu'ils envoient immédiatement des missions au Pérou, afin de mettre fin à cette violence et que soit respecté les droits des autochtones.
Les Nations unies doivent agir fermement, en se joignant à la demande soulevée par la présidente de l'Instance permanente sur les questions autochtones, Victoria Tauli, de lever l'état d’urgence, de ne pas utiliser la répression et de respecter les règles internationales garantissant l’exercice des droits des autochtones.
Aujourd'hui, à Lima, toutes les organisations du mouvement social péruvien, réunis dans le Front Communautaire pour la Vie et la Souveraineté seront mobilisées à 17 heures à la Plaza Francia, pour demander la fin de la répression et l'abrogation des décrets-lois qui affectent les droits à la terre des peuples autochtones des Andes et l'Amazonie et la souveraineté nationale.
Assez de répression ! Abrogation immédiate des décrets-lois anti-autochtones du TLC !
Lima, le 05 juin 2009 Coordination générale CAOI
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Sources et informations complémentaires
Agence d'informations SERVINDI : [->http://www.servindi.org/]
CAOI : [->http://www3.minkandina.org/]
Mise à jour : 2 h 30 du matin ici, 19 h 30 au Pérou
Quatre nouvelles victime lors une opération policière
Utcubamba, Amazonas, 05/06/2006 (CNR)
Quarte morts et plusieurs enfants blessés, tel serait le résultat d’une nouvelle opération policière réalisée il y a quelques instants dans la ville de Bagua, lorsqu'un groupe d'habitants s'est déplacée vers la Plaza de Armas à la recherche d'assistance médicale.
Selon des informations de radio La Voz, la police a tiré depuis un hélicoptère quand elle a vu un rassemblement de personnes sur la place. Résultat : quatre morts et plusieurs blessés dont des mineurs.
Les blessés ont été transportés à l'hôpital du Bon Samaritain car l'autre hôpital est saturé. Par ailleurs, le signal de radio La Voz a été interrompu, à la suite des interventions des députés officialistes Aurelio Pastor et Mauricio Mulder qui ont accusé cette station d'encourager la population à commettre des actes de violence. Carlos Flores - Radio La Voz
38 policiers pris en otage par la foule
Pendant ce temps, d’après Peru.com, plus de deux mille habitants ont pris en otage 38 agents de police et un ingénieur à la station n° 6 de la société pétrolière Petroperú, province de Bagua, exigeant le retrait du contingent envoyé à Bagua faute de quoi ils les exécuteront.
Apparemment, une foule s'est introduite dans le local de l'entreprise pétrolière située dans le district de Imaza et a emmené les policiers vers une colline proche. Parmi les otages se trouve, en plus de l'ingénieur, un commandant de la police. "Nous voulons négocier avec les autorités. 50 jours de grève, ils n'en tiennent pas compte et ils ont abattu nos frères awarunas", a déclaré Carlos Huamán dans un appel radio.
Huamán a sommé la ministre de l'Intérieur, Mercedes Cabanillas, de donner l'ordre de retirer les forces de l'ordre envoyées dans la province d'Amazonas. "Nous lui recommandons de retirer les forces armées et ainsi nous pourrons dialoguer".
La ministre de l'Intérieur a confirmé l'information en disant que les preneurs d'otages étaient environ un millier.
Bilan de la répression du matin
Toujours pas de chiffres précis. Le nombre de blessés par balles dépasserait la centaine.
Une infirmière de l'hôpital de Bagua Chica a déclaré à Canal N qu'ils avaient 40 blessés, "tous par balle, des balles au corps, à la tête, à l’abdomen, parce qu'ils (les policiers) ont voulu tuer nos frères". Elle a profité de l'interview pour demander de l'aide car l'hôpital est "dans un chaos total, sans lits, avec les blessés à même le sol". Elle accuse l'armée de ne pas laisser passer les blessés graves qui doivent être évacuées dans d'autres hôpitaux car à Bagua, il n'y a plus de sang, plus de sérum, plus de gaze, plus de produits…
D'après des informations qui commencent à arriver, l'intervention de la police a commencé à 5 heures du matin, par terre et avec des hélicoptères en utilisant des gaz lacrymogènes et des armes à balles réelles. Les autochtones qui bloquaient la route dans la "Curva del Diablo" (le virage du diable) étaient plusieurs milliers. L'opération de dégagement a duré pratiquement toute la matinée. Les désordres se sont ensuite étendus à la ville de Bagua où les manifestants ont mis le feu à tous les locaux officiels qu'ils rencontraient.
D'après le général Sánchez Farfán de la police, les affrontements les plus violents se sont produits quand les policiers ont voulu prendre une colline qui domine la "Curva" et qu'ils se sont retrouvés avec en face d'eux environ mille personnes qui leur ont tiré dessus… Impossible selon l'Aidesep car les manifestants n'avaient pas d’armes à feu, ils ne possèdent que des arcs et des flèches. L'association déclare que les policiers sont sans doute morts par des tirs croisés.
Les policiers morts seraient maintenant au nombre de 11. Le bilan côté autochtone est toujours en cours : 25 tués ? 29 ? plus ?
Mandat d'arrêt contre Alberto Pizango
La ministre de l'Intérieur a confirmé qu'elle a demandé la capture d'Alberto Pizango, président de l'Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (AIDESEP) car il est, dit-elle, "le responsable intellectuel" des faits de violences à Bagua, Amazonas. "Pizango est absolument le responsable intellectuel parce qu'il a conduit, agité, manipulé et trompé les autochtones", a affirmé la ministre qui a demandé que "s'applique contre lui tout le poids de la loi".
À suivre…
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Mise à jour : samedi 6 juin, 12 heures ici (5 heures au Pérou)
Cadavres brûlés et jetés à la rivière ?
Les corps des Amérindiens tués au cours d'affrontements avec la police sur la route Fernando Belaunde, dans la zone de "La Curva del Diablo" seraient brûlés par les policiers de la Direction des Opérations spéciales (Diroes) et jetés dans la rivière Marañón à la hauteur du hameau Reposo, à côté de Bagua (Amazonas), selon les dénonciations faites par Zebelio Kayapo, dirigeant amazonien.
Dans une interview à la CNR, il a rapporté que les Amérindiens continuent à être massacrés et a demandé l'intervention des organismes défenseurs des droits de l'homme.
Kayap a précisé que jusqu'à présent il y a environ 20 blessés et 40 morts "mais peut-être plus car la Diroes est venu nous attaquer avec des balles et tout est confus".
Une résidente qui assure être témoin des évènements a confirmé la version de Kayap. "J'ai vu que les cadavres ont été mis dans des sacs noirs et ont été emmenés aux bords de la rivière Marañón pour les jeter à l'eau. La population a demandé qu'ils restituent les corps de leurs familles pour leur donner une sépulture chrétienne, mais la police a refusé", a-t-elle dit.
Elle raconte aussi que les forces de l'ordre poursuivent la population awaruna les accusant d'être sendéristes (membres du groupe armé Sentier lumineux). Elle a précisé que certains Métis ont aidé à transporter les Amérindiens jusqu'à Bagua, mais d'autres qui n'ont pas été chargés dans les voitures ont été retenus dans une maison d'adobe où ils ont été massacrés.
Une habitante nommée Maria, dont elle a préféré taire le nom, a déclaré qu'un policier a averti sur un ton menaçant : "Comme vous avez tué nos collègues, vous aussi devez mourir."
Ils empêchent de recueillir les cadavres
Zebelio Kayap a également signalé qu'au hameau Siempre Viva, Amazonas, la police empêche le passage du public pour recueillir les blessés et les emmener à Jaen ou à Chiclayo, et n'autorise pas non plus au ramassage des cadavres disséminés dans la zone.
"Les forces de police [...] dans la Plaza de Armas. Nous voulons enlever les cadavres et les blessés, mais nous ne pouvons pas le faire. Les tirs depuis l'hélicoptère de la Diroes se poursuivent", dit-il.
Il a également révélé que parmi les blessés il y a des enfants qui ont été impactés par des grenades lacrymogènes dans les villages de Reposo et Siempre Viva. Kayap a également informé la CNR que les hôpitaux sont remplis de blessés, à la fois autochtones et métis.
La Coordination nationale des droits humains exige l'intervention du procureur Gladys Echaiz
Pendant ce temps, la Coordination nationale pour les droits humains (CNDDHH), confirmé par l'intermédiaire de son blog, qu'elle a également reçu des informations de médias locaux à propos des attaques contre les habitants de la région Amazonas et de l'incinération des cadavres par la police, bien que ces informations sont encore officieuses.
Toutefois, CNDDHH a demandé au procureur général Echaiz Gladys, afin que le ministère public intervienne pour enquêter sur les plaintes au sujet des éventuels abus commis lors de l’expulsion qui a débuté aujourd'hui à 5 heures du matin.
Ces informations démentent ce qu'a indiqué la ministre de l'Intérieur, Mercedes Cabanillas, il y a quelques heures, qui ne mentionne que la mort de trois autochtones, ce qui serait faux car selon les photos publiées par la CNDDHH, il y aurait bien plus de personnes tuées dans les affrontements avec la police à Jaen et Bagua.
Solidarité amérindienne
Les Amérindiens d'Equateur dénoncent la répression dans l'Amazonie péruvienne. Au vu des évènements qui viennent d'avoir lieu, l'organisation aborigène équatorienne Ecuarani a qualifié de répressive l'action du gouvernement péruvien et en ce sens a appelé la communauté internationale à être attentive à la situation. A travers un communiqué, l'organisation accuse le président Alan García de "lâche agression" contre les autochtones qui depuis le 9 avril réclament l'abrogation d'une dizaine de décrets-lois qu'ils considèrent comme attentatoires à leurs droits. Le président de Ecuarani, Humberto Cholango, a appelé les "secteurs dignes de notre continent et du monde à unir leurs voix pour arrêter les génocides qui obéissent à des ordres injustes et criminels."
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Infos sur le site de la CNR (Coordinadora Nacional de Radio) : [->http://www.cnr.org.pe/]
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Ces informations sont tirées du site de l'OCL (Organisation communiste libertaire) : [->http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve144#forum401]
Liens:: http://www.peru.com/noticias/portada20090605/37877/Imag...Bagua
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Le leader du principal collectif indigène du Pérou Alberto Pizango
lors d'une conférence de presse à Lima, le 5 juin 2009
AFP/Archives/Jaime Razuri
LIMA - AFP - 9/6/9 - Le principal leader indigène au Pérou s'est réfugié à l'ambassade du Nicaragua, indice d'une tension encore palpable mardi, quatre jours après des violences entre police et Indiens amazoniens qui ont fait 34 morts dans le nord-est, selon un bilan contesté.
Le Premier ministre péruvien Yehude Simon, en commission parlementaire débattant des affrontements de vendredi-samedi à Bagua (1000 km au nord de Lima), a annoncé lundi soir qu'"Alberto Pizango s'est réfugié aujourd'hui à la mission diplomatique" du Nicaragua à Lima.
Pizango est le numéro un de l'Association interethnique de la Jungle péruvienne (AIDESEP), principal collectif indigène, qui dit représenter 65 groupes ethniques, émiettés en 1.300 communautés, représentant 600.000 âmes --sur 28 millions de Péruviens.
Depuis deux mois, l'AIDESEP mène protestations et blocus ponctuels de routes, oléoducs ou fleuves dans le nord-est amazonien. Elle rejette des décrets-lois de 2007-08 du gouvernement (centre-droit) d'Alan Garcia, jugés trop complaisants envers l'exploitation hydrique, forestière et minière.
Pizango est passé à la clandestinité ce week-end, recherché par la justice après les violences de Bagua. La ministre de l'Intérieur a suggéré qu'il avait fui dans la Bolivie voisine du président socialiste -et indien aymara- Evo Morales.
L'ambassadeur du Nicaragua Tomas Borge a estimé sur la radio de Lima RPP qu'une décision serait prise mardi sur l'asile politique à Pizango. "Il semble avoir les caractéristiques d'un persécuté politique", a-t-il commenté.
Symptôme de crispation du gouvernement péruvien devant l'impact mondial des violences de Bagua, Yehude Simon s'en est pris lundi aux médias étrangers, accusés d'avoir déformé les faits, les chiffres, et indûment blâmé le gouvernement. Il a révisé le bilan officiel à 34 morts, dont 25 policiers et 9 Indiens.
Le ministre de la Défense Antero Flores Araoz avait dimanche confirmé à l'AFP un bilan de 23 policiers et 11 indigènes tués, alourdi depuis d'un décès policier.
Des sources indigènes ont fait état avec insistance depuis samedi d'un bilan bien plus lourd, notamment de victimes indiennes allant d'une douzaine à près de 30, mais de corps escamotés.
Les victimes ont été tuées en plusieurs vagues de heurts en 24 heures : lors de la levée en force d'un blocus routier tenu par des indiens, lors d'émeutes qui ont suivi, puis lors d'une opération militaire pour libérer des policiers pris en otage.
Des militaires péruviens patrouillent dans les rues de Bagua, le 7 juin 2009
Le chef de la diplomatie Jose Antonio Garcia Belaunde, cité par l'agence officielle Andina, a enjoint lundi ambassades et consulats du Pérou de "donner une version exacte et complète de la situation" et des violences, selon lui "produit d'une manipulation politique et d'intérêts assez suspects".
Le Premier ministre Simon, dont plusieurs médias ont réclamé la démission, s'est dit résolu a "surmonter le problème", avec "la conscience claire", après ses efforts de dialogue selon lui frustrés par Pizango.
Mais mardi, en plusieurs points du Pérou amazonien --qui représente près de 60% du pays-- des blocus de groupes d'Indiens sur une route ici, là une installation pétrolière, un aérodrome privé ou un fleuve, faisaient encore craindre une contagion de violence.
Ainsi, un axe routier vital entre Yurimaguas et Tarapoto, en dense zone forestière à 900 km de Lima, restait coupé, comme depuis 35 jours, par près d'un millier d'indiens, avec forte présence policière à l'arrière-plan. Un déblocage -de quelques heures- aurait été négocié pour mardi.
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AP - 12/6/9 - La police péruvienne a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les milliers de manifestants qui voulaient rejoindre le Congrès dans la capitale Lima jeudi, en signe de soutien aux Amérindiens, dont les terres sont menacées par des lois votées par les parlementaires.
Quelques 4.000 étudiants, syndicalistes et autres Péruviens, venus de la cordillère des Andes ont rejoint la manifestation nationale.
Mercredi, le Congrès péruvien a suspendu jusqu'à nouvel ordre les deux décrets qui avaient entraîné vendredi dernier les pires violences qu'ait connues le pays depuis dix ans. Les affrontements entre Indiens et forces de l'ordre avaient alors fait au moins 53 morts, dont 23 policiers et plus de 150 blessés.
Cette décision pourrait aider à rétablir le dialogue avec les principaux chefs des 400.000 Indiens, qui dénoncent l'exploitation gazière, pétrolière et forestière de l'Amazonie. Les décrets facilitent, selon eux, le travail des compagnies.
Mais le président péruvien Alan Garcia continue de défendre ces décrets, "qu'il trouve nécessaires pour aider le Pérou à se développer" [sic].
Les affrontements avaient commencé lorsque la police a voulu disperser un barrage tenu par quelques 5.000 Indiens d'Amazonie, dans le secteur de Curva del Diablo, la Courbe du diable, dans la province d'Utcubamba (nord du pays).
C'est la pire flambée de violence au Pérou depuis l'éradication du Sentier lumineux il y a dix ans. AP
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AP - 16/6/9 - Le gouvernement péruvien fait des gestes d'apaisement en direction des Indiens d'Amazonie, en promettant d'annuler les décrets sur l'exploitation gazière ou pétrolière de leurs terres.
Les premiers habitants de la forêt ont bloqué pendant deux mois les routes et les rivières pour protester contre ces décrets, jusqu'à l'escalade du 5 juin dernier. La police avait tiré sur les manifestants, tuant au moins neuf civils, et perdant 24 hommes, certains touchés par des flèches. Selon les leaders indigènes, 30 Indiens ont été tués, mais la police aurait caché leurs corps.
Le gouvernement va lever l'état d'urgence après avoir rencontré des chefs de tribus à Mazamari, une ville au centre de la jungle. Le président Alan Garcia "promet de soutenir un développement durable et soucieux de l'environnement" [sic].
Les dirigeants des groupes indigènes demandent un dialogue durable avec le gouvernement. AP
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AP - 19/6/9 - L'un des principaux chefs indiens a appelé jeudi à la fin de la mobilisation au Pérou, après que le Congrès a finalement révoqué les deux décrets qui, selon les Amérindiens, facilitaient l'exploitation pétrolière, gazière et forestière de l'Amazonie.
Daysi Zapata, la vice-présidente de la confédération des Indiens d'Amazonie (AIDESEP), a demandé à ses partisans de lever les blocages de routes et de rivières, qu'ils avaient mis en place début avril et qui avaient tourné au bain de sang le 5 juin dernier.
Les autorités avaient alors voulu disperser un barrage routier dans le secteur de Curva del Diablo, la Courbe du diable, dans la province d'Utcubamba (nord du pays): 23 policiers avaient été tués et, de source indienne, au moins 30 manifestants étaient morts dans les affrontements.
Le président péruvien Alan Garcia avait soutenu en personne les deux décrets contestés. Mercredi, il s'est excusé auprès des Amérindiens pour ne pas les avoir consultés. Et après la fuite au Nicaragua du leader des protestations, Alberto Pizango, où on lui a accordé l'asile politique mardi, le Premier ministre péruvien Yehude Simon avait annoncé mardi qu'il démissionnerait dès que la crise serait réglée.
Le Pérou compte 400.000 Indiens dans le pays, qui vient de connaître sa pire flambée de violence depuis l'éradication du Sentier lumineux il y a dix ans.
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Hermanos de los pueblos indígenas amazónicos, Presidentes Regionales, Federaciones y Comunales, compatriotas peruanos y latinoamericanos; compañeros de lucha por un mundo diverso y en paz:
En esta nueva etapa de AIDESEP estamos queriendo comunicar nuestras aspiraciones, expectativas y planes de vida, es decir nuestra visión de futuro, que se nutre de una nueva lectura del pasado para que ilumine el futuro de las nuevas generaciones de los pueblos indígenas de la civilización amazónica.
Este Sitio Web será la ventana a través de la cual presentaremos ante el mundo nuestros alegatos para que los derechos de los pueblos indígenas no sigan siendo conculcados ni tergiversados.
¿Qué queremos?
1. Hacer viable y posible el ejercicio de la libre determinación de todos los pueblos indígenas.
2. Recuperar el máximo de nuestros territorios ancestrales como única garantía de supervivencia de nuestros pueblos y el desarrollo de nuestras futuras generaciones.
3. Recuperar nuestro derecho a la jurisdicción indígena y a la legalización de nuestro derecho consuetudinario.
4. Garantizar la protección de los conocimientos colectivos ancestrales, a través de mecanismos sui generis y defenderlos de la piratería intelectual de los grandes centros de poder y de los investigadores inescrupulosos.
5. Garantizar que toda actividad a realizarse en territorios indígenas cuente con la aprobación de los pueblos a través de sus organizaciones y de consultas bien informadas.
6. Generalizar el enfoque intercultural como base del desarrollo de una Estado Nacional Pluricultural, Pluriétnico y Plurilingüe.
7. Garantizar que la nueva constitución peruana o la constitución reformada, contenga todos los derechos de los pueblos indígenas.
8. Lograr una instancia especial del Estado, al máximo nivel posible y con la fluidez que los problemas exigen, para que se constituya en el espacio de interlocución eficaz de los problemas de los pueblos indígenas.
Lic. Alberto Pizango Chota
Presidente - AIDESEP
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Par Dana Ford, version française Eric Faye
Reuters - Lima - 8/7/9 - Des milliers de Péruviens sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour protester contre la politique libérale du président Alan Garcia, lequel avait accepté mardi de remanier son équipe gouvernementale.
Ces manifestations avaient lieu sur fond de grève nationale, laquelle, en dehors de la capitale Lima, a été particulièrement suivie dans des villes comme Cuzco et Arequipa, dans les environs desquelles se trouvent de grandes mines.
Garcia, dont la cote de popularité est tombée à 21%, est en difficulté depuis juin, mois au cours duquel des manifestations d'Indiens dans la partie péruvienne de l'Amazonie ont dégénéré en violences qui ont fait au moins 34 morts. Les Indiens avaient mis en place des barrages routiers en réclamant l'abolition de lois qui encouragent l'activité minière et pétrolière dans cette région de forêt équatoriale.
Les enseignants et les employés du secteur des transports, à la pointe des manifestations de mercredi, exigent du gouvernement qu'il augmente les dépenses dans le secteur de l'éducation, qu'il lutte contre la pauvreté et qu'il revienne sur de nouvelles lois prévoyant des sanctions plus sévères en cas d'infractions au code de la route.
"Garcia peut bien changer ses ministres, sa politique restera la même", estimait un chauffeur d'autobus participant à un rassemblement à Lima. "Garcia a du sang sur les mains après ce qui s'est passé à Bagua (en Amazonie). Il est fidèle aux compagnies étrangères, pas au peuple."
La ministre de l'Intérieur, Mercedes Cabanillas, a indiqué que 32.000 policiers et 6.000 soldats avaient été déployés pour encadrer les manifestations mais qu'aucune violence n'a été signalée.
Garcia a l'intention d'annoncer son remaniement ministériel au cours du week-end...