LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS

NON CELLE DES ETATS/NATIONS

*

A propos de :

LA RUSSIE (FÉDÉRATION DE)

*
Rossiïskaïa Fédératsiïa
Fédération de Russie (fr)

Source : Wikipedia

La Russie ou, officiellement, Fédération de Russie, est un pays peuplé de 142 millions d'habitants situé à cheval sur l'Europe et l'Asie. Son territoire d'une superficie de 17 millions de km² s'étend sur plus de 8000 km de Kaliningrad à Vladivostok, en fait le plus grand pays de la planète. Bien que bordé par de nombreuses mers et océans, la Russie est caractérisée par un climat continental. C'est également le pays du froid hivernal car une grande partie des terres se situe à des latitudes élevées.

La Russie dispose de ressources minières (charbon, fer, nickel, diamants, etc.) et énergétiques (pétrole, gaz) abondantes, qui en font un des principaux exportateurs mondiaux. A l'époque de l'URSS une industrie lourde puissante (aciérie, raffineries, industrie chimique) a été édifiée autour des principaux gisements. Les secteurs liés à l'armement et à l'aérospatiale ont été également fortement développées permettant au pays de jouer un role pionnier dans la course à l'espace. En revanche, l'industrie légère et de consommation tout comme l'agriculture, n'ont pas pu se développer à la même échelle.

La Russie est la plus importante des 15 républiques issues de l'ancienne Union soviétique, qui en éclatant en 1991 a formé autant de républiques indépendantes. La Russie en constituait le noyau historique. Elle a repris de l'ancienne grande puissance mondiale les 3/4 de son territoire, plus de la moitié de sa population, les 2 tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole. Principale héritière de l'URSS, elle occupe désormais sa place dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais a assumé également le passif financier de l'ancienne URSS.

La Russie est une fédération constituée de 85 "sujets" disposant d'une autonomie politique et économique variable. Le découpage, qui tient compte entre autres de la présence de minorités, existait déjà dans l'ancienne URSS.

Depuis la péréstroïka (fin des années 80) le pays a opté pour un régime parlementaire pluraliste et ses dirigeants ont abandonné l'économie planifiée pour l'économie libérale. La réorganisation de l'appareil économique découlant de ces décisions combinée avec les effets de l'éclatement de l'URSS ont suscité au cours des années suivantes un effondrement de l'économie plongeant une grande partie de la population dans la misère tandis que se formait une classe de nouveaux riches issue de l'ancienne nomenklatura. Les régions, profitant de l'anarchie dans laquelle était plongé le régime durant la période Eltsine ont accentué leur autonomie politique et financière.

Le président russe actuel, Vladimir Poutine, porté au pouvoir en 2000 par un électorat en plein désarroi, s'est donné pour objectif de rétablir le contrôle de l'état russe sur l'appareil politique et économique par le biais d'un régime présidentiel fort. Le nouveau président a bénéficié de l'envolée des cours des matières premières dont la Russie est l'un des plus grands producteurs et qui ont favorisé, combinés au succès des réformes structurelles, une reprise vigoureuse de l'économie. Des réformes de la gouvernance ont donné au pouvoir fédéral plus de contrôle sur les régions en réduisant les pouvoirs des dirigeants locaux, augmentant la part des impots revenant à l'état fédéral et instituant une nouvelle strate administrative - les districts fédéraux - chargée de contrôler les administrations régionales.

*

Liens utiles

Voir : ONIROS.SU

-

Le 8 décembre 1991, l'URSS cesse d'exister et le 21 décembre 1991, les dirigeants de 11 anciennes républiques soviétiques (Azerbaïdjan, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie, Moldavie, Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Ukraine) signent un accord qui aboutit à la création de la Communauté des États Indépendants (C.E.I.).
La Géorgie s'y associe en 1993. La Lettonie, la Lituanie et l'Estonie sont les seules républiques de l'ex-Urss à ne pas avoir rejoint la CEI.
Vous êtes intéressés par les immenses possibilités qu’offrent dès aujourd’hui les marchés de ces pays, en constante progression, le Consortium France-CEI est votre partenaire depuis 1997 !

-

Les Russes en France

Le site répertorie pour vous et vous invite à découvrir les lieux russes en France !
Vous verrez ici à quel point notre pays a exercé et exerce toujours une grande fascination pour la communauté russe.

-

Blog de soutien à la Russie

-

Nouvelles

*

Le parti Russie unie obtient 315 sièges à la Douma

MOSCOU (Reuters) - 6/12/7 -Le parti "Russie unie" du président Vladimir Poutine a obtenu 315 des 450 sièges de la Douma d'Etat aux élections législatives de dimanche, montrent les résultats définitifs du scrutin.

Le parti ultranationaliste LDPR (Parti démocrate-libéral) a remporté 40 sièges et le parti "Russie juste" 38 sièges.

Ces deux formations votent en général avec la majorité, ce qui assure au camp présidentiel 393 sièges, bien au-delà des 301 voix requises pour amender la Constitution, une hypothèse avancée dans le cadre de la transition à venir à l'expiration du mandat de Poutine en mai prochain.

Les 57 sièges restants ont été remportés par le Parti communiste, qui est dans l'opposition.


*

Russie unie remporte les élections législatives avec 64,3 pour cent des voix

MOSCOU - AP - 6/12/7 - Le parti Russie unie du président Vladimir Poutine a obtenu 64,3 pour cent des suffrages aux élections législatives organisées dimanche dernier, selon les résultats officiels définitifs fournis jeudi par la commission électorale.

Selon le président de la commission Vladimir Churov, le Parti communiste est arrivé en deuxième position avec 11,57 pour cent des voix, suivi du Parti libéral démocrate avec 8,14 pour cent et Russie juste à 7,74 pour cent.

Sept autres partis en lice n'ont pas atteint la barre des 7 pour cent permettant d'entrer à la Douma.

*

Nouvelle mise en garde du chef d'état-major russe, le général Iouri Balouïevski,
contre le traité FCE et le bouclier antimissile


Par Dario THUBURN

MOSCOU (AFP) - 15/12/7 - La Russie a lancé samedi une nouvelle mise en garde aux Occidentaux, accusés d'utiliser contre elle le Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), et dramatisé le risque d'une confrontation si les Etats-Unis concrétisent leur projet de bouclier antimissile en Europe.

Le chef d'état-major russe, le général Iouri Balouïevski, a accusé les Etats occidentaux de se servir de ce traité symbolique de la fin de la Guerre froide à des fins politiques contre la Russie.

"Les Etats occidentaux ont délibérément transformé ce qui est un accord de contrôle des armements en un instrument au service de visées politiques", a-t-il dénoncé.

"Les Etats-Unis et l'Otan ont constamment essayé ces dernières années d'utiliser ce traité comme moyen de pression sur la Russie", a-t-il ajouté, sans plus préciser ses accusations, lors d'une conférence-fleuve de près de deux heures retransmise à la télévision.

Ces critiques interviennent alors que la Russie a cessé le 12 décembre d'appliquer le traité FCE, une des clés de voûte de la sécurité sur le Vieux continent, qui limite les armements de l'Atlantique à l'Oural.

Elles coupent court aux espoirs exprimés vendredi par le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer que la Russie se laisserait convaincre de revenir sur sa décision. Celle-ci avait été motivée par le refus des pays de l'Alliance atlantique de ratifier une nouvelle version du traité tant que Moscou n'aurait pas retiré ses troupes de Géorgie et surtout de Moldavie.

Tout en critiquant l'expansion de l'Otan en Europe de l'Est, le général Balouïevski a cependant assuré que la Russie "ne prévoyait pas de déployer des troupes" supplémentaires à sa frontière européenne, même si sa sortie du traité FCE l'y autorise.

Lors de la même conférence de presse, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Kisliak a déploré que Moscou n'ait "pas obtenu de réponses" de Washington à ses questions concernant le projet de bouclier antimissile dans le cadre des discussions en cours, qu'il a qualifiées de "décevantes".

Le général Balouïevski a renchéri en assurant qu'un éventuel tir d'interception à partir des intercepteurs du bouclier déployés en Pologne pourrait déclencher une "riposte", accidentelle, de la part de la Russie : la défense antimissile russe pourrait confondre selon lui un tel missile d'interception avec un missile balistique dirigé contre la Russie.

"Qui endosserait la responsabilité si le système de défense se déclenche automatiquement après le tir d'un missile d'interception à partir du territoire polonais et traverse la Russie pour abattre un missile iranien ?", s'est interrogé le général russe.

"Je ne veux effrayer personne mais ce n'est pas une histoire à faire peur (...) C'est un détail technique qui pourrait affecter la stabilité militaire mondiale", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis veulent installer une station radar en République tchèque et des intercepteurs de missiles en Pologne d'ici 2012, affirmant vouloir parer une éventuelle menace iranienne. La Russie y est opposée, considérant ces installations antimissile comme une menace directe à sa porte.

La diplomatie tchèque a dénoncé cette mise en garde comme "inacceptable".

"Le langage des généraux russes est inacceptable, voire inimaginable dans le monde démocratique", a déclaré la porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères, Zuzana Opletalova, à l'agence CTK.

Cette nouvelle escalade verbale russe intervient au lendemain des assurances du président bélarusse Alexandre Loukachenko, se disant "prêt à jouer son rôle" aux côtés de la Russie en cas de déploiement du bouclier américain.

En novembre, Moscou et Minsk ont fait planer la menace d'un déploiement de missiles au Bélarus, ex-république soviétique voisine de la Pologne, si Washington persistait dans son projet.


*

Le Tu-160, arme de persuasion


Par Ilia Kramnik

 

RIA Novosti - 12/9/8 - L'apparition de bombardiers Tu-160 sur la base aérienne vénézuélienne de Libertador a été l'un des derniers éléments de la nouvelle guerre froide en cours. De telles actions peuvent être interprétées de différentes manières, mais elles servent avant tout de démonstration de force. En l'occurrence, les Etats-Unis qui déploient leur propre système de sécurité en Europe de l'Est doivent réfléchir au risque de voir apparaître dans leur "arrière-cour" des avions de combat d'un éventuel adversaire. En outre, des navires de guerre russes apparaîtront bientôt dans les eaux du Venezuela: les forces navales des deux pays envisagent d'effectuer des exercices communs.

Ces jeux ne datent pas d'hier : un début de confrontation globale entre la Russie et l'Empire britannique avait déjà eu lieu au XIXe siècle. Les deux parties avaient envoyé leurs navires dans des régions stratégiques uniquement pour "montrer leurs couleurs" et prouver à l'adversaire potentiel leur volonté de défendre leurs intérêts et leur capacité à le faire.

L'apparition de bombardiers lourds russes dans la région des Caraïbes peut être évaluée sous différents angles. Du point de vue géopolitique, cet acte doit rappeler aux Etats-Unis la nécessité d'adapter leurs actions en fonction de l'avis des autres pays. En fin de compte, dans la mesure où les Etats-Unis ne cessent de déployer des ouvrages militaires à proximité des frontières de la Russie, il serait étrange d'estimer que ces actions doivent rester sans réponse: l'apparition de Tu-160 capables d'emporter une importante charge nucléaire témoigne précisément de la possibilité d'une telle réponse.

Du point de vue militaire, le vol d'avions russes jusqu'au Venezuela n'a rien d'extraordinaire, cependant, la possibilité de leur apparition régulière dans la région doit obliger les Etats-Unis à réfléchir à leur vulnérabilité. Les principales forces américaines de défense antiaérienne et antimissile sont historiquement orientées vers le pôle, car c'est au-dessus de l'Océan Glacial Arctique que passent les principales trajectoires des frappes nucléaires éventuelles. Par conséquent, le front Sud est bien plus faiblement protégé, c'est pourquoi l'éventualité d'une menace émanant de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique est une surprise pour le moins désagréable, compte tenu du budget déjà surchargé du Pentagone.

En fin de compte, la compréhension du fait que les tentatives d'isoler la Russie au moyen de l'élargissement de l'OTAN et du déploiement de la défense antimissile s'avéreront inutiles - car Moscou trouvera aussi bien une réponse militaire adéquate que des pays prêts à l'aider à percer le front de l'OTAN, qui est en réalité loin d'être monolithique - doit amener les Etats-Unis à se rendre compte de la nécessité de parvenir à un compromis.

Ce compromis pourrait être écarté par la conscience "messianique" de nombreux hommes politiques américains, et notamment John McCain. La foi absolue en son bon droit et le refus de prendre en considération la position de l'autre partie constituent la voie royale vers l'aggravation de toute situation de conflit. Si John McCain remporte la présidentielle, il ne déclenchera probablement pas une troisième guerre mondiale, mais le conflit entre la Russie et les Etats-Unis pourrait retrouver ses formes sérieuses des années 60-80, en passant à une opposition militaire aggravée par une crise économique globale.

En même temps, la Russie juge inadmissible la situation actuelle, où l'architecture européenne en matière de sécurité est édifiée sans elle et, pour l'essentiel, contre elle, qui plus est selon les plans d'un pays situé en dehors du continent européen.

Les intérêts de la sécurité du pays et de ses citoyens impliquent que l'avis de la Russie soit pris en considération dans ce domaine. Les Etats-Unis devront reconnaître à la Russie le droit de participer au règlement des problèmes de sécurité en Europe, sans quoi ils se heurteront à d'autres méthodes de persuasion. Rappelons que, pour assurer le retrait des missiles américains de Turquie, l'URSS avait déclenché la crise des Caraïbes. Les missiles soviétiques ne sont pas restés longtemps à Cuba, mais le but fut atteint : prenant conscience de la gravité de la menace, les Etats-Unis éloignèrent leurs missiles des frontières soviétiques.

Néanmoins, dans un monde où les superpuissances se persuadent l'une l'autre de réfléchir à la sécurité collective à l'aide d'arguments thermonucléaires, la vie est très inconfortable. Espérons que le vol démonstratif des Tu-160 associé aux manoeuvres non moins démonstratives d'un groupe de navires de guerre suffiront à forcer les Etats-Unis à réfléchir à deux fois aux conséquences éventuelles de leurs actions.

*

Guerre froide ou chaude ?

 

AGORAVOX - 15 septembre 2008

 

Un combat de Titan se joue derrière notre dos, et sur notre dos. Bloc "occidental" contre bloc russe. Les uns veulent accroître leur influence, les autres retrouver la leur ou au moins éviter l’encerclement. Les dindons de la sinistre farce qui se joue ? Les peuples. Sacrifiés aux intérêts militaro-financiers...

Mes amis,

Les Turcs et les Arméniens semblent se rapprocher, c’est une excellente nouvelle. Cela va incontestablement dans le sens d’un resserrement des liens pour s’opposer, sinon directement, du moins indirectement, à Washington. Les Turcs ont appris à se méfier de leurs prétendus alliés américains.

La Russie est de moins en moins isolée. Les Américains voient leur zone d’influence se rétrécir, et la lutte sera terrible pour le contrôle de l’Ukraine, dont une partie importante de la population est tentée par le retour dans le giron russe. En sous-mains, les Etats-Unis tentent de déstabiliser l’Ukraine à leur profit. A surveiller : Zone de graves turbulences.

La "guerre froide" reprend de plus belle, voulue par Washington, avec derrière elle, ou devant, une Angleterre qui met de l’huile sur le feu, en Europe comme dans le Caucase. La GB veut conserver son influence dans la zone, au profit de la City.

Je n’hésite pas à dire qu’en sous-mains l’Angleterre fait tout pour dresser les Européens, et des pays comme la Georgie et l’Ukraine, contre la Russie. Le Grand Capital anglo-saxon ne veut pas perdre des zones d’influence au profit de la Russie.

La lutte s’annonce "chaude". Pour ma part, je pense que l’Angleterre sera prête à provoquer une guerre pour maintenir son pré-carré, et empêcher la Russie, par tous les moyens, de reconquérir le territoire perdu. Le Grand Capital n’a pas d’états d’âme. Les peuples, il ne s’en soucie pas. L’Argent n’a pas d’odeur, dit-on, et surtout pas de morale. Nous assistons à un combat de Titan : la Russie renaissante, et ses alliés (1) de plus en plus nombreux (sans doute excédés par l’hégémonie sauvage, criminelle, des Etats-Unis), face au Mur de l’Argent occidental, avec à sa tête le trio infernal, bien sûr (GB-Etats-Unis-Israël) mais aussi, désormais, l’Europe vassale, dirigée actuellement par un valet du Grand Désordre Etabli.

Comme je l’ai écrit dans un article, le loup (les anciennes Républiques soviétiques) est entré dans la bergerie (l’Europe).

La nature de l’Europe est en train de changer fondamentalement. Il ne s’agit plus d’une alliance des Etats européens dans une optique de paix, mais d’une entité au service des visées hégémoniques de l’Amérique impérialiste, friande de guerres permanentes de conquêtes ou, au moins, de maintien de son influence. L’Europe vassalisée est devenue le supplétif des Etats-Unis dans la région, et sa tête de pont pour contenir la Russie. Autant dire que l’Union pour la paix est en train de devenir une machine de guerre au service des visées hégémoniques de l’Amérique, pour contenir la puissance retrouvée de la Russie dirigée par un génial joueur d’échec. Et tout cela au détriment des peuples. L’objectif, au final, étant de venir à bout de la Russie, sinon militairement du moins géographiquement, et d’arriver à placer là aussi un supplétif de Washington, un valet de l’Empire docile, prêt à brader les intérêts russes au profit de la mafia financière et industrielle de l’Occident.

Les ressources de la Russie attisent les convoitises. L’Occident voudrait bien s’en emparer, au profit des Cheney and co. Celui-ci, d’ailleurs, se promène beaucoup dans la région, et cela ne présage rien de bon pour les peuples du Caucase comme d’Europe. Vous remarquerez que le ballet diplomatique incessant est à peine évoqué par les grands médias au service de la machine militaro-financière. Mme Rice tente d’amadouer des pays rétifs comme la Libye, Sarkozy flatte son homologue syrien, au moment même où Cheney vient placer son venin dans le Caucase. Inutile de dire que tout cela ne présage rien de bon pour les peuples, seulement utiles comme chair à canon ou, toujours plus pressurés, comme source de profit des grands patrons et de leurs actionnaires.

Et sur l’échiquier du monde, dans lequel les peuples sont de simples pions placés et déplacés au gré des intérêts des puissants, Washington en perte d’hégémonie vient de marquer un point, en mettant un de ses hommes à la tête du Pakistan. Dans cette affaire, la morale n’a que faire : le nouvel élu est un homme hautement corrompu, servile, comme l’Amérique les aime, une marionnette richissime et tout dévouée à ses maîtres, n’ayant que faire des intérêts de son peuple. Le Pakistan détient la bombe nucléaire, et dans ses contreforts montagneux se livre une lutte sans merci entre les autochtones et l’Otan. Carte maîtresse pour les Etats-Unis, donc, mais dangereuse : le peuple n’approuve pas toutes ces manœuvres, il n’est pas derrière le nouvel élu de Washington. Risque d’attentat ? Explosion du peuple mécontent ? Et quel rôle jouera l’armée ?

Comme si tout cela ne suffisait pas, voici venir une nouvelle menace, en la personne de John Mc Cain, sans doute futur président des Etats-Unis. Celui-ci a une vision de guerre froide, il a été nourri dans cette hantise, et rien ne dit qu’il ne sera pas encore pire que Bush dans le contexte actuel. A mon avis, il ne manquera pas d’alimenter les tensions, en soutenant des guerres préventives permanentes contre tous ceux qui lui rappelleront de mauvais souvenirs.

Est-ce tout ? Pas du tout. En Europe, Sarkozy a été placé à la tête de la France non pour la servir, mais pour être le relais d’intérêts étrangers, américains, israéliens et anglais - jamais dirigeant français n’a été aussi bien reçu en GB, et c’est là qu’il a, honte suprême pour nous, fait part de ses projets en Afghanistan, projets d’ailleurs décidés seul. Quant à la chancelière allemande, comme je vous l’ai annoncé, elle défend les intérêts d’un pangermanisme renaissant. Elle est une alliée des Anglo-Saxons, certes, mais avec toutes sortes d’arrière-pensées : elle souhaite surtout défendre les intérêts de la Grande Allemagne désormais militarisée. Curieusement, Berlusconi, qui a des intérêts pétroliers en Russie, semble freiner les ardeurs de ses alliés envers le voisin soviétique de l’Europe. Ne parlons pas des Polonais et des autres Etats dissidents de l’URSS, ils sont toujours plongés dans un contexte de revanche. L’Europe pour la paix est morte.

Et lorsqu’on sait qu’en arrière-plan le NOM veille, et qu’il place les uns après les autres ses pions en vue d’un monde unipolaire dirigé par une élite sur les décombres des Etats nations, et des peuples sacrifiés, on se demande si nous ne sommes pas tous en train d’aller droit dans le mur, d’autant qu’en sous-mains aussi, les industriels de la mort brûlent d’essayer sur nous leurs dernières trouvailles en matière d’armement nucléaire, biologique... Oui, l’homme est fou. Ceux qui détiennent le pouvoir ont mis en route un processus qu’ils croient maîtriser, mais rien n’est moins sûr. Outre le fait que les populations seront sacrifiées, on ne sait jamais comment les jeux des apprentis-sorciers peuvent se terminer.

La machine à exterminer une partie d’entre nous est probablement en route, et si nous n’arrivons pas à coordonner la révolte des peuples aux quatre coins de la planète pour dire en masse non à l’intolérable qui se prépare, via internet ou de grandes organisations politiques ou syndicales (je les soupçonne d’être complices, achetées), le pire est à craindre.

Tout se passe derrière notre dos. Concocté par une petite poignée de psychopathes. Et avec le soutien des médias criminels, devenus nos pires ennemis. Quant aux élus, ils vendent leur âme pour un plat de lentilles, et ils ne s’intéressent à leurs électeurs que pour arriver au pouvoir. Traîtres à la nation !

Que dire de plus ? Soyons solidaires contre nos bourreaux ; leurs plans sont maléfiques. Les Russes et les Chinois ne sont pas nos ennemis. Mais ceux-là mêmes qui n’ont à la bouche que les mots de démocratie irréprochable, de civilisation, ou de monde libre...

Le compte à rebours a sans doute commencé. Résistons jusqu’au bout à l’intolérable qui se prépare !

Eva

(1) L’Organisation de coopération de Shanghai l’Organisation du Traité de sécurité collective (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tadjikistan et Ouzbekistan), le Nicaragua, l’Iran, le Venezuela, etc.

*

La Russie clame sa puissance militaire après des tirs de missiles réussis

Par Christopher BOIAN

MOSCOU (AFP) - 12/10/8 - La Russie a testé dimanche trois missiles intercontinentaux, et loué la qualité de son arsenal de dissuasion nucléaire lors d'une démonstration de force d'une ampleur, qui, selon des experts, n'avait plus été vue depuis la guerre froide.

Deux missiles ont été lancés depuis des sous-marins nucléaires, l'un croisant en mer d'Okhotsk (extrême Orient), l'autre en mer de Barents (nord-ouest). Un troisième missile a été tiré depuis la base militaire de Plessetsk, dans le nord-ouest de la Russie, selon les agences russes.

Le président Dmitri Medvedev, qui a assisté au tir d'un missile Topol à Plessetsk, s'est félicité du succès de l'opération, alors que la veille déjà il avait assisté au lancement d'un missile intercontinental Sineva, qui aurait battu un "record" en s'abimant 11.500 km plus loin dans le Pacifique.

"Ceci démontre que notre bouclier (nucléaire) est en état de marche", a constaté M. Medvedev, après le lancement du Topol, qui en 22 minutes a couvert quelque 6.000 kilomètres pour s'écraser sur la péninsule du Kamtchatka.

Avec ces quatre essais réussis en deux jours, le président a réaffirmé sa volonté de renforcer l'armement russe, après avoir déjà assuré la veille que la Russie n'allait "pas ménager (ses) moyens financiers" pour développer sa puissance militaire.

"Nous introduirons bien sûr un nouveau type de forces et de moyens au sein de notre armée", a-t-il déclaré, cité par Ria Novosti, et "naturellement nous continuerons aussi à lancer des missiles balistiques traditionnels".

Un porte-parole de la marine russe, Igor Dygalo a confirmé à l'AFP le succès des tirs depuis les sous-marins qui ont atteint leurs cibles au Kamtchatka (extrême Orient russe) et sur un terrain militaire au bord de la mer Blanche, au nord-ouest de la Russie.

"Les missiles a touché leurs cibles dans le mile", a-t-il déclaré, reconnaissant que l'ampleur de ces exercices sortait de l'ordinaire.

L'analyste militaire Pavel Felgenhauer a pour sa part souligné le caractère extraordinaire de ces tests qui ont eu lieu dans le cadre des manoeuvres "Stabilité 2008" auxquelles participent toutes les branches de l'armée russe.

"C'est un tour de chauffe en cas de guerre avec les Etats-Unis", a même jugé l'expert.

Ces exercices militaires "stratégiques sont les plus importants depuis 20 ans. On peut tracer un parallèle avec ceux de la première moitié des années 1980. On n'avait rien vu de tel depuis, que ce soit en Russie ou aux Etats-Unis", a relevé M. Felgenhauer.

Déjà le mois dernier, deux bombardiers stratégiques russes Tupolev-162, capables de transporter chacun 12 missiles armés d'ogives nucléaires de 200 mégatonnes, participaient à des exercices militaires au Venezuela, bête noire de Washington en Amérique latine.

Enfin, plusieurs navires de guerre russes, font escale depuis samedi et pour trois jours à Tripoli en Libye pour participer à des manoeuvres en Méditerranée, avant de se rendre au Venezuela dans le cadre d'exercices militaires prévus au mois de novembre.

Ces démonstrations de la puissance militaire russe interviennent alors que Moscou a menacé de riposter aux projets américains de mettre en place un système de défense antimissile sur les territoires de la Pologne et de la République tchèque, deux pays de l'ex-bloc soviétique.

La guerre des mots entre la Russie et les Etats-Unis s'est encore aggravée en août, en raison de la guerre en Géorgie, une ex-république de l'URSS désormais alliée de Washington.

*

Medvedev cible les États-Unis dans son discours à la Nation

Michael Stott


Reuters - 5/11/8 - Dmitri Medvedev a donné la mesure des défis qui attendent Barack Obama en annonçant le déploiement par Moscou de missiles dans son enclave de Kaliningrad pour "neutraliser" le projet de bouclier antimissile américain.

Tout en souhaitant des relations meilleures avec Washington, le président russe élu en mars a prononcé d'un ton autoritaire un premier discours à la Nation marqué par des attaques répétées contre la politique étrangère et économique "égoïste" des Etats-Unis.

Il a en outre surpris sur le plan de la politique intérieure, en proposant de prolonger de quatre à six ans la durée du mandat présidentiel, un geste analysé comme une mesure à l'attention de son prédécesseur Vladimir Poutine.

"Pour neutraliser - si nécessaire - le système antimissile (américain), un système de missiles Iskander sera déployé dans la région de Kaliningrad", a déclaré Dmitri Medvedev, par allusion à l'enclave russe sur la mer Baltique, entre Pologne et Lituanie.

La Russie, a-t-il ajouté, recourra à des moyens de brouillage électronique contre ce projet américain dont des éléments seront déployés en Pologne et en République tchèque. Moscou abandonnera aussi son idée de désactiver trois régiments de missiles nucléaires créés sous la Guerre froide.

Les commentateurs, qui s'attendaient à un style plus modéré, ont été surpris par cette tonalité sévère.

Pour Ronald Smith, un analyste de l'Alfa Bank à Moscou, Dmitri Medvedev semble avoir voulu "prendre des positions fortes sur un certain nombre de sujets avant la mise en place de la nouvelle administration américaine".

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a relativisé la portée des propos de Dmitri Medvedev. "Nous sommes habitués à entendre la Russie gronder de temps en temps. Je n'attacherais pas beaucoup d'importance à cette déclaration", a-t-il dit.

Prague a en revanche déploré une décision néfaste au dialogue et le président lituanien, Valdas Adamkus, a déploré une décision "incompréhensible".

UN PROJET "POUTINE 2024" ?

L'allocution d'une heure et demie a été attentivement suivie par son prédécesseur, le Premier ministre Vladimir Poutine, assis au premier rang de la grande salle Saint-George où s'étaient rassemblés un millier d'élus et dignitaires.

L'annonce d'une éventuelle prolongation à six ans du mandat présidentiel a immédiatement été interprétée comme une mesure en faveur de l'influent chef du gouvernement, qui reste l'homme politique le plus populaire de Russie.

Citée par les agences de presse russes, la chef du département juridique du Kremlin, Larissa Britcheva, a précisé dans la foulée que cette proposition ne s'appliquait pas à l'actuel président.

Vladimir Poutine a confié les clés du Kremlin à son poulain désigné en mai après avoir effectué deux mandats présidentiels successifs, le maximum autorisé par la Constitution. Mais rien ne l'empêche d'être réélu à la présidence.

"C'est une manière de préparer le retour de Poutine pour douze ans, soit deux mandats de six ans. On peut déjà parler du projet Poutine 2024", a déclaré Olga Krychtankovskia, une politologue russe.

Dmitri Medvedev a parallèlement proposé de renforcer les pouvoirs de la Douma d'Etat, la chambre basse du parlement, en allongeant à cinq ans la durée de la législature, contre quatre aujourd'hui. Le gouvernement, a-t-il souhaité, devra expliquer sa politique devant les élus une fois par an.

Le président russe a justifié ces changements constitutionnels par la nécessité de répondre à des défis tels que la crise financière mondiale, la modernisation de l'armée ou le maintien de la stabilité du pays.

"Je suis convaincu que notre mouvement vers la liberté et la démocratie ne sera couronné de succès que si l'autorité du président et de la Douma d'Etat est suffisamment forte", a-t-il dit en affirmant sa volonté d'améliorer la représentativité des petits partis.

PRÉTEXTE DE L'OTAN

S'il a blâmé les fonctionnaires corrompus qui nuisent selon lui aux entreprises russes, Dmitri Medvedev a réservé ses plus vives critiques aux Etats-Unis, quelques heures à peine après l'élection de Barack Obama à la Maison blanche.

Le conflit russo-géorgien du mois d'août, a déclaré le président russe, a été employé comme prétexte par l'Otan pour envoyer des navires de guerre en mer Noire et justifier le projet de bouclier antimissile.

Cette guerre, a-t-il estimé, est "le résultat de la direction arrogante de l'administration américaine qui déteste les critiques et préfère les décisions unilatérales".

Comme la crise dans le Caucase, la crise financière est un événement localisé qui s'est transformé en événement mondial, a encore jugé le chef du Kremlin.

"Les leçons des erreurs et des crises de 2008 ont montré à toutes les nations responsables que le moment était venu d'agir, qu'il était nécessaire de réformer le système politique et économique international de manière radicale", a-t-il déclaré.

Dmitri Medvedev a cependant "tenu à souligner" qu'il n'avait "pas de problèmes avec le peuple américain" et adressé un télégramme de félicitations plus personnel à Barack Obama.

"Je compte sur un dialogue constructif avec vous fondé sur la confiance et prenant en compte les intérêts de chacun", écrit le président russe à son futur homologue.

Avec Denis Dyomkin, Guy Faulconbridge, Conor Sweeney, version française Jean-Stéphane Brosse

*

Moscou va déployer des missiles dans l'enclave de Kaliningrad

 

LeMonde.fr - 6/11/8 - Les félicitations d'usage sont arrivées tardivement. Le président russe, Dmitri Medvedev, a salué, mercredi 5 novembre, la victoire de Barack Obama, l'encourageant à bâtir "un dialogue constructif" avec la Russie, "sur la base de la confiance et de la prise en compte des intérêts de chacun". Mais le télégramme diplomatique a été envoyé après le premier grand discours de M. Medvedev depuis son élection, devant les parlementaires au Kremlin, dans lequel le dirigeant russe s'est montré cinglant envers les Etats-Unis.

Moins de dix heures après l'annonce de sa victoire, M. Obama a pu juger sur pièce le dossier russe qui l'attendra en janvier 2009, après son installation à la Maison Blanche. Devant plus d'un millier d'officiels et de personnalités, au premier plan desquels le premier ministre, Vladimir Poutine, et le patriarche de Russie, Alexis II, M. Medvedev a dévoilé la réplique militaire au bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, qui devrait être opérationnel au plus tard en 2012.

Le président russe a annoncé que des missiles Iskander seront déployés dans la région de Kaliningrad, enclave russe de la mer Baltique bordée par la Pologne et la Lituanie - toutes deux membres de l'OTAN et de l'Union européenne (UE). En juillet 2007, le vice-premier ministre et ancien ministre de la défense, Sergueï Ivanov, avait déjà brandi une telle menace, lors d'un déplacement en Ouzbékistan. En plus des missiles Iskander, d'une portée d'environ 500 kilomètres, Dmitri Medvedev prévoit l'installation, toujours à Kaliningrad, d'un système de brouillage orienté contre les "nouveaux éléments du système de défense antimissile que les Etats-Unis ont l'intention de déployer" dans les pays limitrophes.

Certaines chancelleries européennes ont immédiatement réagi aux déclarations du président russe. L'Allemagne a déploré "un mauvais signal, au mauvais moment". Quant aux anciens satellites est-européens, particulièrement sensibles aux faits et gestes de l'ex-puissance dominante, ils s'inquiètent. Prague estime que les propos présidentiels sont "malheureux", tandis que la Lituanie juge, elle, le projet russe "incompréhensible". Le premier ministre polonais, Donald Tusk, n'y voit pour sa part "qu'un nouvel acte politique, et non pas militaire, sans grand intérêt".

L'UE, par la voix de la commissaire aux affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a jugé l'installation de missiles "peu compatible avec la nouvelle stratégie russe de sécurité européenne". Le "pacte européen de sécurité", un projet nébuleux que M. Medvedev tente de porter depuis son élection en mai, devait, selon Moscou, remplacer l'OTAN et bloquer le projet américain de bouclier antimissile en Europe, au profit d'un "système de sécurité collective crédible, qui assurerait une sécurité égale à tous les Etats". Mais l'installation effective de missiles russes dans la région de Kaliningrad pourrait porter un coup à ce projet.

Evoquant la guerre éclair du mois d'août en Géorgie, le président russe en a également attribué en des termes virulents la responsabilité aux Etats-Unis. Il s'agissait d'un conflit causé par "les politiques du gouvernement américain, égoïste, refusant d'accepter toute critique, lui préférant les décisions unilatérales". Selon le chef du Kremlin, il aurait été un prétexte pour "envoyer des navires de l'OTAN en mer Noire et imposer le bouclier antimissile sur le continent européen". La Russie n'a toutefois pas l'intention de "reculer dans le Caucase", a mis en garde M. Medvedev.

Lors de son discours, ponctué de plusieurs salves d'applaudissements et décliné sur un ton très "poutinien", le président russe a également rejeté la responsabilité de la crise financière mondiale sur les Américains, qui "n'ont pas écouté les avertissements de leurs partenaires, dont les nôtres", en "faisant grossir une bulle financière pour stimuler leur croissance".

Un message clair à l'attention de M. Obama. Si le président russe n'a pas prononcé une seule fois le nom du président américain élu lors de son discours, il a néanmoins émis le souhait de voir la future administration démocrate de la Maison Blanche "faire le choix des bonnes relations avec la Russie". Dmitri Medvedev et Barack Obama pourraient d'ailleurs se rencontrer pour la première fois dès la semaine prochaine, en marge du sommet du G20 qui se déroulera à Washington, samedi 15 novembre.

Selon le président russe, la "nouvelle architecture économique" à construire devrait comprendre "des normes comptables harmonisées, ainsi que des exigences renforcées pour le capital des établissements financiers". Parmi les pistes dessinées, M. Medvedev a souhaité que le rouble russe prenne davantage d'importance sur le marché des devises, afin de devenir une véritable "monnaie régionale".

 

*


Merci, M. Medvedev !

 

par Georges Yang


AGORAVOX - 7/11/8 - Un concert tonitruant et dithyrambique a accueilli l’élection de Barack Obama dans le monde entier et en particulier en France. Seule voix discordante et significative, celle de la Russie. Le discours de Dimitri Medvedev, mercredi dernier est clair et peut se résumer en trois points :

- les Etats-Unis sont responsables de la crise économique qui bouleverse le monde ;

- les Russes feront tout pour empêcher le déploiement des missiles de l’Otan en Pologne et en République tchèque ;

- les Etats-Unis sont derrière la Georgie dans la récente crise du Caucase.

L’Occident s’offusque, mais la réaction russe est tout à fait légitime. Elle est volontairement martiale et paradoxalement pourrait éviter un pourrissement de la situation si elle était écoutée et prise au sérieux.

Le nouveau président américain a la possibilité d’infléchir la politique hargneuse et expansionniste de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy devrait le comprendre et profiter de la situation, non pour se rapprocher des thèses atlantistes, mais pour justement rééquilibrer les relations franco-américaines vers moins de dépendance et de comportement féal. Hélas, il ne le fera pas, alors que le bon sens voudrait un rapprochement avec la Russie et pourquoi pas un changement d’alliance à un moment où les Etats-Unis n’ont plus les moyens de leur arrogance.

Reprenons donc les principaux points du discours de Medvedev.

1. La crise économique ou, plutôt, financière est partie des Etats-Unis. Personne ne peut le contester. Il est donc totalement injuste, immoral (on peut utiliser bien d’autres adjectifs) que le monde paie les pots cassés pour permettre à des citoyens américains de vivre à crédit surtout sans contrepartie politique et diplomatique.

Mais, comme il faut rester réaliste, le reste du monde ne peut se satisfaire de l’effondrement économique des Etats-Unis, il va donc falloir les aider à ne pas couler pour ne pas couler nous-mêmes. Quand je dis nous, je veux dire les économies liées à une possible faillite américaine, c’est-à-dire quasiment tout le monde, même les pays qui ont encore des ressources. Par contre, c’est probablement le moment de faire comprendre au nouveau président américain et à son administration que, s’ils veulent qu’Arabes du Golfe, Chinois, Russes et autres achètent des bons du Trésor et sortent la tête de l’économie américaine hors de l’eau, il faut une contrepartie politique et diplomatique sur le Moyen-Orient, les relations avec la Russie et la Chine entre autres.

2. Ce premier rappel introduit sans le dire explicitement le second. Il serait mal venu pour les Etats-Unis de continuer une politique menaçante contre la Russie en déployant un bouclier antimissile par le biais de l’Otan en Pologne et en République tchèque. La réponse russe de déploiement de missiles dans l’enclave de Kaliningrad et l’installation d’un système de brouillage n’est pas une décision belliciste, mais un moyen de pression pour faire réfléchir les Américains. On peut parler tout juste de gesticulation, cela ne veut en aucun cas dire un retour à la guerre froide, et encore moins un risque de conflit. L’arrêt du projet de l’Otan aux frontières de la Russie serait sage et est un préalable à un retour au calme. La justification antiterroriste ne tient pas, même contre l’Iran et ses possibles têtes nucléaires. Chirac avait d’ailleurs raison quand il disait que la moindre velléité d’attaque iranienne verrait la vitrification quasi immédiate du pays en riposte; que l’Iran agresse Israël ou un tout autre pays.

3. Le conflit en Georgie est la conséquence directe du point précédent. L’ambition de l’administration Bush était de continuer à terme l’encerclement de la Russie en continuant l’installation de missiles en Georgie et si possible en Ukraine. La Georgie étant un voisin proche du territoire de la Russie, il est normal que Poutine et Medvedev aient très mal pris la relation contre-nature entre Sakashvili et Bush; une sorte d’accouplement obscène sur le palier des Russes, sans qu’ils ne soient conviés à la partouze !

Enfin, il ne faut pas oublier que les Russes n’ont pas agi en traîtres, ils avaient prévenu lors de la reconnaissance rapide, brouillonne et injustifiée de l’indépendance du Kosovo. La réaction militaire, puis diplomatique de la reconnaissance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie entre dans cette logique de riposte.

Car les Russes et leurs représentants politiques sont fiers avant d’être belliqueux. Ils ont subi l’humiliation de la période Eltsine et ne veulent plus jamais voir leur pays ridiculisé et considéré comme une puissance mineure. La Russie a besoin de se montrer, de montrer qu’elle existe et qu’elle doit compter au niveau planétaire et pour cela elle a besoin d’alliés. Et pourquoi pas la France !

On est doublement mal partis avec l’atlantisme affiché de Nicolas Sarkozy et ses élans pro-américains, lui faisant singer cette vieille habitude yankee de mettre la main sur le cœur. On est encore plus mal partis avec l’élection d’Obama, car une majorité de Français s’est mise à reconsidérer les Américains comme des amis, donc des alliés naturels. L’euphorie engendrée par cette élection est factice et sera éphémère, le temps qu’Obama se montre Américain et travaille dans l’intérêt de son pays (ce qui est tout à fait normal). Mais, en attendant, tout ce qu’avait fait de Gaulle est définitivement balayé, la gauche est inaudible et l’extrême gauche non significative. Il va falloir du temps pour se réveiller de ce conte de fées et d’affronter les réalités.

Il n’est certes pas question de se brouiller avec les Etats-Unis, mais est-il utile de s’aligner encore plus parce qu’Obama a l’air sympathique, intelligent et soi-disant «Noir». Il est avant tout Américain et va œuvrer pour les intérêts de son pays, probablement avec plus de classe et de brio que son prédécesseur.

Faut-il pour autant négliger l’option d’un rapprochement avec la Russie ? Ce choix peut paraître iconoclaste, aucun politicien français n’ose l’exprimer et pourtant ! Un rapprochement économique, technologique, commercial, diplomatique et pourquoi pas militaire est loin d’être une hérésie.

D’abord signer de nouveaux accords gaziers ne serait pas un luxe. Introduire les Russes dans le capital d’Airbus permettrait de prendre un sérieux avantage sur Boeing. Développer les coopérations technologiques et vendre d’autres TGV, collaborer dans le nucléaire civil (ce que les Français maîtrisent très bien), en cas de réchauffement climatique avéré, participer à des projets de transport maritime le long de la côte sibérienne et investir dans l’extraction pétrolière et minière dans l’océan Arctique, sont des pistes sérieuses, rentables et réalisables.

Enfin, réactualiser la vieille entente franco-russe de la fin du XIXe siècle avec le tsar Nicolas II qui permettait l’accès de la flotte russe à Toulon. Faire des manœuvres conjointes en Méditerranée. Il faudrait bien sûr rassurer les Allemands, les Baltes et les Polonais. Mais la présence des Français auprès des Russes empêcherait les velléités bellicistes de ces derniers car ils ne se sentiraient plus menacés par l’Europe.

Cela n’est hélas qu’un rêve, car avec «l’obamania» hystérique de ces derniers jours, la France entière va à nouveau rêver d’Amérique comme dans les chansons de Jo Dassin et de Michel Sardou. Il faudra pourtant bien un jour regarder la Russie d’un autre œil, nous sommes tout de même culturellement bien plus proches de ce pays que des Etats-Unis. Et notre simple intérêt est en jeu. Bien sûr, je n’ai pas mentionné les droits de l’homme ! Mais sont-ils vraiment respectés aux Etats-Unis, concernant la justice de classe, les pauvres, la peine de mort, les inégalités raciales au quotidien ? Un président métis au teint bistre ne changera pas tout cela du fait de sa bonne mine.

*

Des missiles nucléaires russes défiant les systèmes antimissiles prêtes en 2020

AFP - 17/12/8 - La Russie sera dotée à l'horizon 2015-2020 de missiles nucléaires capables de franchir tout système antimissiles, a déclaré mercredi le commandant des forces nucléaires stratégiques russes, le général Nikolaï Solovtsov, cité par l'agence Interfax.

"Vers 2015-2020, les forces nucléaires stratégiques russes (...) seront dotées de nouveaux systèmes de missiles avec des capacités militaires améliorées, capables d'accomplir toute mission même en cas d'utilisation par l'adversaire de systèmes antimissiles", a déclaré le général.

La Russie et les Etats-Unis sont engagés dans un bras de fer diplomatico-militaire, les Américains voulant installer un système antimissile en Europe orientale que Moscou considère comme une menace pour sa sécurité.

Washington assure qu'il s'agit d'un protection contre des Etats "voyous", comme l'Iran.

Le général Solovtsov a par ailleurs indiqué que la Russie prévoyait 13 lancements d'essai de missiles stratégiques, dont Moscou a multiplié les vols ces derniers mois.

Il a aussi assuré que malgré la crise financière qui affecte la Russie, le développement des forces nucléaires stratégiques russes ne souffrirait pas de coupes budgétaires.

*

La chute sans fin du rouble inquiète la Russie

Par Marie Jégo (Correspondante à Moscou)

 

Le Monde - 31/1/9 - Vingt-quatre heures après la semonce libérale du premier ministre russe Vladimir Poutine à Davos, le rouble a perdu, jeudi 29 janvier, plus de 7 % de sa valeur face au panier de devises (euro-dollar) qui lui sert de référence. Les interventions de la Banque centrale russe, qui a injecté 2 milliards de dollars (1,55 milliard d'euros) sur le marché durant la seule journée de jeudi, n'ont pas enrayé la chute de la monnaie russe.

Depuis le début de la crise, en septembre 2008, cette institution financière a déboursé 215 milliards de dollars pour soutenir la monnaie. Les réserves en or et devises du pays ont fondu, passant de 600 milliards à 385 milliards de dollars. "A ce rythme-là, nous n'aurons plus rien dans six mois", a expliqué au journal économique Vedomosti Sergueï Aleksachenko, un ancien vice-président de la Banque centrale. "C'est un suicide", a estimé Anton Stroutchenevski, économiste en chef d'un fonds d'investissement.

Le premier vice-premier ministre russe Igor Chouvalov se veut rassurant. "La situation est sous contrôle", a-t-il affirmé, vendredi, devant le Parlement. Ce n'est pas l'avis des économistes.

Le rouble s'effondre au même rythme que le prix du pétrole et des matières premières, qui représentent à eux seuls 80 % des exportations du pays. Les prévisions sont sombres. Après dix ans de croissance ininterrompue, la Russie va entrer en récession en 2009, a prévenu le Fonds monétaire international (FMI). Le ministère de l'économie estime pour sa part qu'en 2009 les recettes du budget vont décliner de 40 %, avec un fort déficit du PIB (7 %). Les mises à pied ont commencé dans l'industrie (6 millions de chômeurs non déclarés selon Andreï Klepatch, vice-ministre de l'économie), le fret ferroviaire a chuté de 30 %, les investisseurs fuient. Depuis août 2008, 290 milliards de dollars ont quitté le pays, selon BNP Paribas.

TOUT EST IMPORTÉ

Pourquoi la Russie est-elle plus touchée par la crise que les autres économies émergentes ? Le "miracle" russe reposait sur deux piliers : l'exportation des ressources et la consommation des ménages. Avec la chute du prix des matières premières, les revenus à l'exportation vont baisser et les importations vont coûter plus cher. Or la production manufacturière est quasiment nulle.

En Russie, tout est importé : le papier vient de Finlande, les médicaments d'Europe, les voitures d'Allemagne, de France ou du Japon, et il n'est pas rare, sur les marchés, de se voir proposer des pommes de terre d'Autriche ou des carottes de Hollande. Où sont les Nokia russes, les ordinateurs made in Russia ? En dix ans, souligne Mikhaïl Boldyrev, ancien vice-président de la Cour des comptes, "nous n'avons même pas été capables de construire une seule usine à papier".

La crise met le Kremlin face à son plus important défi depuis le début de la décennie, menaçant de mettre fin à la hausse du niveau de vie des Russes, sur laquelle Vladimir Poutine a bâti sa popularité. Tant que le citoyen ordinaire pouvait remplir son chariot au supermarché, il était prêt à fermer les yeux sur les dérives autoritaires du pouvoir. Qu'adviendra-t-il si ce pacte est rompu ?

Six Russes sur dix considèrent que la crise économique est la principale menace pesant sur leur pays, soit trois fois plus que début 2008, d'après un sondage de l'institut indépendant Levada publié le 29 janvier. A la question "qu'est-ce qui menace, selon vous, le plus la Russie à l'heure actuelle ?", 59 % des 1 600 personnes interrogées ont répondu "la crise économique", contre 22 % en février 2008. Les Russes disent surtout craindre la hausse du chômage (56 % des sondés, contre 30 % en février 2008) et des prix (55 % contre 51 %). En revanche, ils redoutent moins " l'augmentation de la criminalité" (23 % contre 32 % en février 2008) et "l'arbitraire du pouvoir" (8 % contre 20 %).

La crise aurait pu avoir des effets favorables si l'industrie locale avait pu prendre le relais, se substituer à l'orgie d'importations en cours depuis dix ans, mais la diversification de l'économie prônée par le premier ministre russe à Davos n'a jamais commencé. "Nos entreprises ne sont pas assez incitées à produire de la valeur ajoutée à cause de l'incursion de l'Etat partout", déplore Andreï Charonov, l'un des directeurs de Troïka Dialog.

Selon cet ancien vice-ministre de l'économie et du commerce, les budgets de recherche et de développement des firmes russes sont négligeables. En revanche, de grosses sommes sont consacrées "à l'établissement de bonnes relations avec le gouvernement, nécessaires pour avoir de l'influence sur les concurrents". En clair, tant que la corruption fleurit, l'économie est condamnée à rester dépendante des matières premières. Or la corruption "est présente à tous les niveaux du pouvoir", poursuit M. Charonov. Du policier de la route à la Douma - la charge de député s'achète 500 000 dollars - en passant par les fonctionnaires.

Selon l'homme d'affaires Alexandre Lebedev, qui vient de se voir refuser un crédit de la Vnechekonombank - l'équivalent de notre Caisse de dépôts -, les sommes déboursées par l'Etat pour sauver banques et entreprises n'arrivent pas dans l'économie réelle. "C'est simple, si vous donnez un dessous de table de 10 %, alors vous aurez un crédit de l'Etat", a expliqué l'oligarque le 29 janvier dans un entretien à Bloomberg TV.

*

La Russie part à la reconquête de ses anciennes républiques...

Marie Jégo

Le Monde.fr - 20/2/9 - Malgré la crise économique, le Monopoly russe continue. Forte de ses importantes réserves monétaires - 385 milliards de dollars (305 milliards d'euros) en devises dans les coffres de la Banque centrale et environ 170 milliards (135 milliards d'euros) dans le Fonds de stabilisation -, la Russie joue les bailleurs de fonds à l'égard des Etats les plus vulnérables de sa périphérie, en quête de crédits bon marché et de projets d'investissements. En retour, elle veut des concessions militaires et politiques.

Première servie, la Biélorussie a reçu récemment de Moscou la deuxième tranche d'un prêt de 2 milliards de dollars (1,59 milliard d'euros). Confrontée à une brusque dépréciation de sa monnaie, cette république postsoviétique située à la charnière de l'Union européenne est étroitement dépendante de sa voisine russe, qui la fournit en gaz et en pétrole à "prix d'ami".

Les deux Etats sont également liés par un projet de fusion politico-militaire, en cours d'élaboration depuis plus de dix ans. Pas étonnant dès lors qu'elle ait été secourue en priorité. La première tranche a été versée à l'automne 2008, la deuxième début février, au moment de la visite à Moscou du président biélorusse, Alexandre Loukachenko.

En échange, le batka (le père) a dû faire des concessions ; il s'est engagé à faire fusionner la défense antiaérienne de son pays avec celle de la Russie. En discussion depuis 2001, ce projet, qui prévoit un poste de commandement à Moscou, est un sérieux compromis de la part de Minsk qui, jusqu'ici, se faisait prier.

Autre allié de Moscou dans le besoin, le Kirghizstan, l'un des Etats les plus pauvres de l'Asie centrale postsoviétique : il a lui aussi sollicité l'aide du grand frère. En visite à Moscou le 4 février, son président, Kourmanbek Bakiev, a été entendu. Il a obtenu de la Russie un paquet d'aide de 2 milliards de dollars sous forme de prêts et d'investissements russes dans le secteur de l'énergie, ainsi que l'effacement de la dette de son pays.

Au sortir de l'entretien avec son homologue russe, M. Bakiev s'est empressé d'annoncer la fermeture de la base américaine de Manas, une installation clé pour l'approvisionnement des troupes de la coalition de l'OTAN en Afghanistan. La Russie, qui souhaitait depuis longtemps le démantèlement de la base, affirme n'être pour rien dans cette décision.

Officiellement, le président kirguiz Bakiev a expliqué cette fermeture par le refus de Washington d'augmenter le loyer versé pour l'utilisation de la base et de son aéroport. Reste que l'éviction des Américains est clairement une victoire pour la Russie. Hanté par la restauration de sa puissance perdue, Moscou cherchait depuis longtemps à reprendre pied en Asie centrale, une zone perçue par l'élite politico-militaire russe comme son arrière-cour.

MESSAGE LIMPIDE

Jeudi 19 février, le Parlement du Kirghizstan, dominé par les partisans du président Bakiev, a mis la dernière touche à la fermeture de Manas. Le texte qui annule l'accord américano-kirghiz de 2001 portant sur la création de la base a été approuvé par 78 des 81 députés présents. Seul un parlementaire a voté contre. Les Etats-Unis ont indiqué qu'ils tenaient à la base et souhaitaient négocier, mais pas "à n'importe quel prix". Après avoir été informés par voie diplomatique, les locataires de la base auront 180 jours pour plier bagage.

La décision de fermer Manas intervient au moment où les Etats-Unis et leurs alliés souhaitent renforcer leurs opérations contre les talibans. La question est d'autant plus cruciale que l'approvisionnement des soldats en Afghanistan depuis le Pakistan voisin est compliqué par les attaques lancées par les talibans sur les convois.

L'attitude du Kremlin paraît schizophrénique. D'une main, la Russie barre la route de l'Alliance en fermant Manas, de l'autre elle s'engage à "faciliter les opérations dans la région", comme l'a proposé Dmitri Medvedev le 6 février. En échange de la main tendue, la Russie attend des concessions sur l'installation du bouclier antimissiles américain en Europe centrale et sur l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie.

Le message est limpide : la Russie est le seul maître à bord sur les marches de l'ex-Empire soviétique. Reste à savoir si la Fédération russe, en pleine tourmente économique, a les moyens de ses ambitions. La crise serait "une opportunité", a expliqué récemment Elvira Nabioullina, ministre russe du développement économique.

L'appétit de l'Etat russe s'est récemment porté sur l'Ukraine. La Vnechekonombank (l'équivalent de notre Caisse des dépôts), dont le comité directeur est dirigé par Vladimir Poutine, a racheté la banque Prominvestbank, sixième banque ukrainienne.

Plus étonnant encore, Kiev est en pourparlers avec Moscou pour l'obtention d'un prêt de 5 milliards de dollars (4 milliards d'euros), destiné à couvrir le déficit du budget. En échange de quelles concessions ? L'économie ukrainienne, en pleine récession - production industrielle en recul de 34 % sur un an, chute de 40 % de la hrivna, la monnaie nationale -, laisse les dirigeants de Kiev à la merci de Moscou.

La société énergétique ukrainienne Naftogaz a évoqué jeudi "un possible" problème de paiement pour le gaz russe, un mois après la fin de la guerre du gaz ukraino-russe, qui a perturbé l'approvisionnement européen. La compagnie nationale ukrainienne a reconnu une "croissance catastrophique des dettes" accumulées par les services municipaux. Une troisième guerre du gaz pourra-t-elle être évitée ?

*

Moscou accuse les Etats-Unis de renforcer leur présence militaire près des frontières russes

AP - 17/3/9 - Le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov a accusé mardi les Etats-Unis de renforcer leur présence militaire près des frontières russes, avertissant que Moscou risquait d'adopter une ligne dure dans les discussions avec le nouveau gouvernement de Barack Obama.

Anatoli Serdioukov a prononcé sa déclaration alors qu'il se trouvait aux côtés du président Dimitri Medvedev à l'occasion d'une rencontre avec l'armée.

"Les aspirations américaines ont visé à gagner l'accès aux matières premières, à l'énergie et aux autres ressources" des anciens pays soviétiques, a déclaré M. Serdioukov aux responsables militaires. "Un soutien actif a été donné aux procédés visant à pousser la Russie hors de la sphère de ses intérêts traditionnels".

De son côté, M. Medvedev a cité l'expansion de l'OTAN, le terrorisme international et les conflits régionaux comme étant des raisons expliquant le renforcement de la force nucléaire russe dans le cadre d'un vaste plan de modernisation militaire, qu'il s'est engagé à poursuivre malgré la crise économique.

"Laissez moi mentionner les principales priorités. La plus importante est l'amélioration qualitative de la préparation de l'armée, principalement des forces nucléaires stratégiques. Elles doivent garantir l'accomplissement de toutes les missions assurant la sécurité de la Russie", a-t-il ajouté.

Les responsables militaires ont précisé qu'environ un quart des 1.500 milliards de roubles (33,4 miliards d'euros) du budget destiné aux achats d'armes serait consacré à moderniser la force nucléaire russe vieillissante, constituée sous l'ère soviétique.

La première rencontre entre Medvedev et Obama le mois prochain donnera le ton des discussions entre les deux pays. Moscou s'est férocement opposé à la volonté de l'Ukraine et de la Géorgie d'entamer le processus pour entrer dans l'OTAN. Les dirigeants russes espèrent aussi qu'Obama renoncera au projet de bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque. AP

*

L'Otan oblige la Russie à réarmer, estime Dmitri Medvedev

Reuters - 17/3/9 - Les projets d'expansion de l'Otan à l'est de l'Europe, associés aux conflits locaux et à la menace terroriste internationale, obligent la Russie à moderniser ses forces armées, a souligné le président Dmitri Medvedev.

"Les tentatives d'étendre l'infrastructure militaire de l'Otan aux frontières de notre pays se poursuivent (...) Cela nous oblige à améliorer nos forces armées, à leur donner une forme plus moderne", a dit le chef de l'Etat lors d'une rencontre avec les responsables du ministère de la Défense.

A Washington, Robert Gibbs, porte-parole de la Maison blanche, a jugé qu'il s'agissait de propos "à usage intérieur" et a assuré que l'Alliance n'avait aucune visée hostile à l'égard de Moscou. "L'Otan et la Russie ont coopéré et continueront à le faire sur des sujets d'intérêt commun, notamment en matière de terrorisme et de prolifération nucléaire", a-t-il ajouté.

Medvedev a assuré que la Russie avait les moyens financiers de mener cette modernisation malgré la crise économique actuelle.

"La première tâche, c'est d'améliorer la capacité de riposte de nos forces. Et avant tout de nos forces nucléaires stratégiques qui doivent être en mesure de remplir les missions nécessaires à la sécurité de la Russie", a dit Medvedev.

"Une autre tâche sera de faire en sorte que toutes les unités de combat soit à tout moment en mesure d'intervenir."

Cette modernisation sur une grande échelle des forces armées débutera en 2011, a précisé le président russe.

Au coeur des préoccupations du Kremlin, figurent le projet de "bouclier antimissile" américain en Pologne et en République tchèque et les perspectives d'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Otan.

Washington assure que le "bouclier antimissile" vise à protéger les Etats-Unis et leurs alliés d'attaques de missiles venant de "pays voyous" comme l'Iran mais Moscou estime que ce projet est une menace pour la Russie.

Dmitri Medvedev doit rencontrer le nouveau président américain Barack Obama en marge du sommet du Groupe des 20, début avril à Londres.

L'administration Obama a exprimé la volonté de remettre les compteurs à zéro dans les relations avec la Russie pour éviter une dangereuse dérive.

Selon un rapport du centre d'études de défense Jane's Strategic Advisory Services publié en octobre dernier, la guerre menée en août par la Russie contre la Géorgie a montré que les forces armées de Moscou ne seraient pas de taille face à un adversaire plus puissant que Tbilissi.

Ce conflit avec la Géorgie a convaincu la Russie d'entreprendre une réforme en profondeur de son armée pour la transformer en une force plus réactive que celle conçue pour la Guerre froide.

Après la chute du Rideau de fer et l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Russie a réduit ses effectifs et son budget militaires, mais en laissant intacte la structure d'appareil héritée de l'URSS.

Cette situation a débouché sur des cas d'unités qui n'existent que sur le papier et sont incapables de combattre.

Dmitri Soloviov, version française Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief

*

Russie : Medvedev ordonne un réarmement "à grande échelle" à partir de 2011

AFP - 17/3/9 - Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré mardi que l'Otan cherchait toujours à accroître sa présence près de la Russie et ordonné un réarmement "à grande échelle" de son pays à partir de 2011.

"A partir de 2011 débutera un réarmement à grande échelle de l'armée et de la marine russe", a déclaré M. Medvedev lors d'une réunion avec des hauts représentants du ministère de la Défense.

"L'analyse de la situation politico-militaire dans le monde a montré qu'il restait un potentiel de conflit sérieux dans certaines régions, alimenté par des crises locales et les tentatives incessantes de l'Otan de développer son infrastructure militaire près de la Russie", a ajouté M. Medvedev.

"La principale tâche est d'augmenter la capacité de combat de nos forces, avant tout celles de nos forces stratégiques nucléaires. Elles doivent être capables de remplir toutes les tâches indispensables pour assurer la sécurité de la Russie", a poursuivi le chef de l'Etat.

*

Moscou pourrait se servir de bases à Cuba et au Venezuela pour ses bombardiers

AFP - 14/3/9 - La Russie pourrait utiliser des bases à Cuba et au Venezuela pour les missions de ses bombardiers stratégiques, a déclaré samedi le chef d'état-major des forces aériennes stratégiques russes, le général Anatoli Jikharev, cité par l'agence Interfax.

Il n'a pas précisé si les avions russes stationneraient de manière permanente sur ces bases ou s'ils s'en serviraient pour des escales.

"C'est envisageable avec Cuba", a déclaré le général russe en soulignant que "s'il y a une volonté de la part des dirigeants des deux Etats, une volonté politique, nous sommes prêts à y voler".

"Il y a quatre ou cinq aérodromes avec des pistes de 4.000 mètres de long qui nous conviennent très bien", a-t-il encore relevé.

Par ailleurs, le président vénézuélien Hugo Chavez a offert à la Russie d'accueillir des bombardiers stratégiques russes sur son territoire, a-t-il indiqué, également cité par Interfax.

"Oui, une telle proposition du président du Venezuela existe. S'il y a une décision politique appropriée, c'est possible", a-t-il affirmé.

L'aérodrome local devra être rénové avant de pouvoir accueillir les avions russes, a-t-il cependant précisé.

En septembre dernier, deux bombardiers stratégiques russes TU-160 avaient effectué des "vols d'entraînement" à partir d'une base au Venezuela.

Le président Chavez, allié de Moscou et bête noire de Washington, avait alors affirmé que la présence des deux bombardiers russes dans son pays constituait un "avertissement" aux Etats-Unis.

La Russie a repris en 2007 ses patrouilles de bombardiers stratégiques, une pratique datant de la Guerre froide.

Moscou a également tenté récemment de raviver ses liens avec Cuba.

La nouvelle intervient alors que le président russe Dmitri Medvedev doit rencontrer son homologue américain Barack Obama à Londres le 1er avril, en marge d'un sommet des dirigeants du G20, dans le but de "relancer" les relations entre Moscou et Washington.

Ces dernières années, le projet de bouclier antimissile américain en Europe de l'Est et l'extension de l'Otan aux portes de la Russie ont fortement irrité Moscou. Les tensions, aux relents de guerre froide, ont culminé avec la guerre russo-géorgienne en août 2008.

*

Défilé du 9 mai en Russie
Commémoration de la capitulation des troupes allemandes devant l'Armée rouge, le 9 mai 1945, à Moscou.

Photo prise le 9 mai 2009/REUTERS/Sergei Karpukhin


La Russie fait étalage de sa puissance pour le défilé du 9-Mai


par Michael Stott et Dmitri Soloviov

MOSCOU (Reuters) - 9/5/9 - Le président Dmitri Medvedev a lancé samedi une mise en garde contre "l'aventurisme militaire" à l'occasion du défilé de la Victoire le plus vaste et spectaculaire de l'histoire récente de la Russie.

Le chef du Kremlin a tenu ces propos visant clairement la Géorgie, écrasée en cinq jours par l'armée russe en août dernier, en prévenant que Moscou défendrait fermement ses intérêts tout comme le fit l'Union soviétique pour battre le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale.

"Notre victoire contre le fascisme est un grand exemple et une grande leçon pour tous les pays, une leçon qui reste d'actualité aujourd'hui, quand à plusieurs reprises resurgissent ceux qui se livrent à l'aventurisme militaire", a-t-il déclaré à l'occasion de la journée de commémoration de la capitulation des troupes allemandes devant l'Armée rouge, le 9 mai 1945.

A propos du conflit armé d'août 2008, la Russie a toujours affirmé s'être portée au secours de civils et de ses troupes de 'maintien de la paix' déployées dans la région séparatiste d'Ossétie du Sud que l'armée géorgienne a tenté de reprendre par la force dans la nuit du 7 au 8 août.

Les relations entre Moscou et l'Otan se sont fortement dégradées à la suite de cette guerre.

"Parmi ceux qui défilent aujourd'hui sur cette place (...) figurent ceux qui, dans une vraie bataille, ont démontré le haut degré de préparation au combat de l'armée russe moderne et nous en sommes certains : toute agression contre nos ressortissants sera résolument repoussée et l'avenir de la Russie sera pacifique, heureux et couronné de succès."

NOUVEAUX MODÈLES

La garde d'honneur, habillée d'un uniforme flambant neuf, bleu foncé avec un plastron pourpre et des épaulettes dorées, a ouvert le défilé sur la place Rouge en portant le drapeau de la Victoire. Cet étendard rouge frappé du marteau et de la faucille appartenant à la 150e division de fusiliers fut hissé sur l'immeuble du Reichstag à Berlin dans les derniers jours de la guerre.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale est profondément ancrée en Russie. Les pertes de l'URSS pendant ce que Moscou appelle la "grande guerre patriotique" entre 1941 et 1945 sont évaluées à 27 millions de morts, des civils pour la plupart.

Sous l'oeil des anciens combattants à la poitrine bardée de médailles, neuf mille soldats ont défilé au son de marches interprétées par un gigantesque orchestre de mille musiciens.

Chars T-90 dernier modèle, véhicules blindés, obusiers et canons autopropulsés ont roulé lentement devant les murs crénelés du Kremlin.

A côté des missiles nucléaires stratégiques Topol-M et les lance-roquettes multiples "Smerch", les plus puissants du monde, l'armée a dévoilé pour la première fois son nouveau système antiaérien S-400 "Triomphe".

Monté sur un camion, le système comporte quatre missiles installés dans des tubes. Ses concepteurs affirment qu'il est bien plus puissant que son rival américain "Patriot".

Environ 70 avions de combat et hélicoptères - soit deux fois plus qu'il y a un an - ont survolé la place Rouge à basse altitude, environ 300 mètres.

Parmi ces appareils figurait pour la première fois le Mil Mi-28, un hélicoptère d'attaque désigné par l'Otan sous le nom de code de "Havoc" ("chaos"). L'énorme bombardier stratégique Tu-160 était également de la partie.

Version française Jean-Stéphane Brosse

*

 

Dé-dollarisation : le démantèlement de l’empire militaire et financier américain

 

par Michael Hudson

Mondialisation.ca, le 25 juin 2009

 

La ville Russe de Iekaterinbourg, la plus importante à l’est de l’Oural, pourrait désormais être connue comme le lieu où sont morts non seulement les tsars mais aussi l’hégémonie américaine. Non pas uniquement l’endroit où le pilote américain Gary Powers a été abattu en 1960, mais aussi celui où l’ordre financier international dominé par les USA a été mis à bas.

La remise en cause de l’Amérique sera le thème principal des réunions élargies de Iekaterinbourg, en Russie (ex-Sverdlovsk) des 15 et 16 Juin rassemblant le président chinois Hu Jintao, le président russe Dmitri Medvedev et les représentant les six pays de l’ Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Cette alliance regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan. L’Iran, l’Inde, le Pakistan et la Mongolie y ont le statut d’observateurs. Mardi le Brésil s’y joindra pour les discussions commerciales entre les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).

Les participants ont assuré à des diplomates américains que leur objectif n’était pas le démantèlement de l’empire financier et militaire des États-Unis. Ils veulent simplement discuter de l’aide mutuelle, indépendamment du rôle des États-Unis, de l’OTAN ou du dollar américain en tant que support du commerce international. Les diplomates américains se demandent ce que cela signifie vraiment, si ce n’est une étape visant à rendre l’hégémonie américaine obsolète. C’est ce que signifie «monde multipolaire», après tout. Pour commencer, en 2005, l’OCS avait demandé à Washington d’établir un calendrier de retrait de ses bases militaires en Asie centrale. Deux ans plus tard, les pays de l’OCS se sont ralliés officiellement à la position des ex-républiques de la CEI appartenant à l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), qui avait été fondée en 2002 en tant que contrepoids à l’OTAN.

Pourtant, la réunion n’a suscité que le désintérêt collectif de la presse aux États-Unis et même en Europe, bien que l’ ordre du jour y soit de remplacer le standard mondial du dollar par un nouveau système financier, ainsi qu’un nouveau système de coopération pour la défense. Un porte-parole du Conseil des Relations Extérieures (Un institut d’études géopolitiques américain, ndt) a déclaré qu’il pouvait difficilement imaginer que la Russie et la Chine puissent surmonter leurs rivalités géopolitiques [1], suggérant que l’Amérique peut pratiquer le «diviser pour régner» que la Grande-Bretagne a si habilement utilisé durant de nombreux siècles pour fragmenter les opposition dans son propre empire. Mais George W. Bush ( qui déclarait «Je suis un rassembleur, non un diviseur») s’est placé dans la continuité de l’administration Clinton pour pousser la Russie, la Chine et leurs voisins à trouver un terrain d’entente, lorsqu’il s’agit de trouver une alternative au dollar, et du même coup à la possibilité pour les Etats-Unis de prolonger indéfiniment leur déficit de la balance des paiements.

Cette séquence, qui pourrait représenter les dernières manifestations de l’hégémonie américaine, a débuté dès le mois d’avril lors de la conférence du G-20, et est devenue encore plus explicite à Saint-Pétersbourg au Forum économique international du 5 Juin, lorsque M. Medvedev a demandé à la Chine, la Russie et l’Inde de «construire un ordre mondial de plus en plus multipolaire.» Ce qui signifie en clair : nous avons atteint nos limites en ce qui concerne les subventions à l’encerclement militaire de l’Eurasie par les Etats-Unis, tout en les laissant s’approprier nos exportations, nos entreprises, les actifs et les biens immobiliers en échange d’une monnaie de papier de valeur douteuse.

«Le système unipolaire maintenu artificiellement» dont a parlé M. Medvedev [2], est fondé sur «un seul grand centre de consommation, financé par un déficit croissant, et donc de plus en plus de dettes, une monnaie de réserve jadis forte et une domination dans le système de l’évaluation des actifs et des risques.» A la racine de la crise financière mondiale, a t-il conclu, il y a le fait que les États-Unis produisent trop peu et dépensent trop. Leurs dépenses militaires sont particulièrement choquantes, comme par exemple le renforcement de l’aide militaire américaine à la Géorgie annoncé la semaine dernière, le bouclier de l’OTAN en Europe de l’Est, et la mainmise des États-Unis dans les régions riches en pétrole comme le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Le point de friction avec tous ces pays est celui de la capacité qu’ont les États-Unis de faire fonctionner indéfiniment la planche à billets. Le surplus de dépenses d’importations des consommateurs américains par rapport aux exportations, les rachats par les USA de quantités de sociétés étrangères et de biens immobiliers, les dépenses que le Pentagone effectue à l’étranger : tous ces dollars aboutissent dans les banques centrales étrangères. Elles sont ensuite confrontées à un choix difficile : soit recycler ces dollars aux États-Unis en achetant des bons du trésor américains, soit laisser le «marché libre» déterminer le cours de leur monnaie par rapport au dollar - et par là même à déterminer le prix de leurs exportations sur les marchés mondiaux, créant ainsi du chômage et provoquant la faillite d’entreprises.

Lorsque la Chine et d’autres pays recyclent leurs flux de dollar US en achetant des bons du Trésor pour «investir» aux États-Unis, cette accumulation n’est pas vraiment volontaire. Cela ne reflète pas une foi en l’économie américaine qui rémunèrerait l’épargne des banques centrales, ni une quelconque préférence d’investissement, mais tout simplement un manque d’alternatives. Les «marchés libres» à la mode des USA piègent les pays dans un système qui les obligent à accepter indéfiniment des dollars. Mais désormais, ils veulent en sortir.

Cela implique la création d’une nouvelle alternative. Plutôt que de faire simplement «des changements cosmétiques comme certains pays et peut-être les organisations financières internationales pourraient le vouloir», comme l’a dit M. Medvedev à Saint-Pétersbourg : «ce dont nous avons besoin, ce sont des institutions financières d’un type tout à fait nouveau, où ne domineraient ni les problèmes politiques et les motivations [sous-jacentes], ni aucun pays en particulier.»

Lorsque les dépenses militaires à l’étranger ont provoqué le déficit la balance des paiements US et ont conduit les Etats-Unis à abandonner l’étalon or en 1971, les banques centrales se sont trouvées démunies de cet actif traditionnellement utilisé pour solder les déséquilibres des paiements. La solution par défaut a consisté à investir les flux issus des paiements ultérieurs en obligations du Trésor américain, comme si celles-ci étaient « aussi fiables que l’or ». Les banques centrales détiennent maintenant pour 4 000 milliards de dollars de ces obligations dans leurs réserves internationales. Ces prêts ont également financé la plupart des déficits budgétaires du gouvernement américain depuis maintenant plus de trois décennies ! Etant donné que la moitié environ des dépenses discrétionnaires du gouvernement américain est consacrée aux opérations militaires - dont plus de 750 bases militaires à l’étranger et dans des opérations de plus en plus coûteuses dans les pays producteurs de pétrole et ceux qui permettent son transit - le système financier international est organisé de manière à financer le Pentagone, ainsi que les rachats par les États-Unis d’actifs étrangers censés rapporter beaucoup plus que les bons du Trésor que les banques centrales étrangères détiennent.

La principale question à laquelle sont confrontées les banques centrales mondiales est donc de savoir comment éviter d’ajouter encore plus de dollars US à leurs réserves et, par conséquent, de financer encore plus les dépenses qui creusent le déficit des États-Unis - y compris les dépenses militaires à leurs propres frontières ?

Pour commencer, les six pays de SCO et les pays du BRIC ont l’intention de commercer dans leurs propres monnaies afin de bénéficier mutuellement du crédit que les États-Unis avait monopolisé jusqu’à présent à son profit. À cette fin, la Chine a passé des accords bilatéraux avec l’Argentine et le Brésil pour effectuer leur échanges commerciaux en renminbi, la monnaie chinoise, plutôt qu’en dollar, en livre sterling ou en euros [3] . Il y a deux semaines, la Chine a également conclu un accord avec la Malaisie pour que les deux pays commercent en renminbi [4]. L’ancien Premier ministre, le Dr. Tun Mahathir Mohamad, m’a expliqué en janvier qu’en tant que pays musulman la Malaisie voulait éviter de faire tout ce qui pourrait faciliter l’action militaire américaine contre les pays islamiques, y compris la Palestine. La nation a trop d’actifs en dollars, ont expliqué ses collègues. Le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a écrit officiellement sur son site Internet que l’objectif est maintenant de créer une monnaie de réserve «indépendante d’une nation particulière» [5]. C’est l’objet des discussions à Iekaterinbourg.

En plus d’éviter de financer la prise de contrôle par les États-Unis de leur propre industrie et l’encerclement militaire américain de la planète, la Chine, la Russie et d’autres pays voudraient certainement se développer comme l’Amérique l’a fait. En fait, ils considèrent les États-Unis comme une nation hors-la-loi, financièrement et militairement. Comment caractériser autrement une nation qui promulgue un ensemble de lois pour les autres - sur la guerre, le remboursement de la dette et le traitement des détenus - mais n’en tient pas compte elle-même ? Les États-Unis sont maintenant le plus grand débiteur mais ont évité la punition des « ajustements structurels » imposés à d’autres pays endettés. Les taux d’intérêt US et les réductions d’impôt, alors les déficits commerciaux et budgétaires explosent, sont considérés comme le comble de l’hypocrisie, lorsqu’ils sont comparés à l’austérité que les programmes de Washington imposent aux autres pays par le biais du FMI et des officines de Washington.

Les États-Unis demandent aux pays endettés de vendre leurs services publics et leurs ressources naturelles, d’augmenter leurs taux d’intérêts et d’augmenter les impôts au détriment de la paix sociale pour dégager un maximum d’argent et payer les créanciers.

Et aux USA, le Congrès a empêché la société Chinoise CNOOK d’acheter Unocal pour des raisons de sécurité nationale, tout comme il a empêché Dubaï d’acquérir des exploitations portuaires américaines et empêché des fonds souverains d’acheter des infrastructures clés. Les étrangers sont invités à imiter les japonais qui avaient investi dans des « éléphants blancs » comme le Rockfeller Center, sur lequel les investisseurs ont rapidement perdu un milliard de dollars puis ont fini par se retirer.

À cet égard, les États-Unis n’ont pas vraiment laissé à la Chine et aux autres pays en situation d’excédent de la balance des paiements d’autres choix que de devoir trouver un moyen d’éviter de nouvelles accumulations de dollars. À ce jour, la Chine tente de diversifier ses avoirs en dollars ailleurs qu’en bons du Trésor US, qui ne se sont pas révélés très fructueux. Hank Paulson, qui venait de la banque Goldman Sachs, avait conseillé à la banque centrale chinoise d’investir dans les titres à haut rendement émis par Fannie Mae et Freddie Mac, en expliquant que ceux-ci étaient de facto des obligations publiques. Ces titres se sont effondrés en 2008, mais au moins, le gouvernement américain a repris ces deux organismes de prêt hypothécaire, augmentant de facto de 5 200 milliards de dollars la dette nationale. En fait, ce renflouement a été rendu nécessaire en grande partie à cause des investissements effectués par les Etats étrangers.

Infliger des pertes aux investisseurs gouvernementaux étrangers aurait quelque peu atteint la réputation des bons du Trésor, non seulement en détruisant la crédibilité des États-Unis, mais aussi parce que les émissions d’obligations par le gouvernement étaient insuffisantes pour absorber les dollars qui coulaient à flot dans l’économie mondiale avec la montée en flèche du solde déficitaire de la balance des paiements des États-Unis.

En recherchant de nouveaux actifs pour protéger la valeur de leurs avoirs en dollars alors que la bulle de crédit de la Réserve fédérale se traduisait par une baisse des taux d’intérêt, les fonds souverains chinois ont cherché à se diversifier à la fin de 2007. La Chine a pris des participations dans les fonds d’investissement Blackstone et Morgan Stanley à Wall Street, Barclays en Grande-Bretagne, dans la Standard Bank d’Afrique du Sud (qui fut affiliée à la Chase Manhattan du temps de l’apartheid dans les années 1960) et dans le conglomérat financier belge Fortis proche de l’effondrement. Mais le secteur financier américain s’écroulait sous le poids de sa dette phénoménale, la valeur des actions des banques et des firmes d’investissement a plongé dans le monde entier.

Les étrangers voient le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce comme les représentants de Washington dans un système financier soutenu par les bases militaires américaines et les porte-avions qui entourent la planète. Mais cette domination militaire est un vestige d’un empire américain qui n’est plus en mesure de régner par sa force économique. La puissance militaire américaine est basée davantage sur des armes atomiques et les frappes aériennes à longue distance que sur les opérations au sol, qu’il est devenu politiquement trop impopulaire de monter sur une grande échelle.

Sur le front économique, on ne voit pas comment les États-Unis pourraient trouver les 4 000 milliards de dollars qu’ils doivent aux gouvernements étrangers, à leurs banques centrales et aux fonds souverains mis en place pour écluser la surabondance de dollars. L’Amérique est devenue un mauvais payeur et de fait, une mauvais payeur agressif sur le plan militaire, car elle cherche à conserver le pouvoir sans pareil jadis gagné sur le plan économique. La question qui se pose est de savoir comment peser sur son comportement. Yu Yongding, un ancien conseiller de la banque centrale de Chine désormais membre de l’Académie des Sciences chinoise, a proposé de faire remarquer au secrétaire américain au Trésor Tim Geithner que les États-Unis devraient «épargner» d’abord et avant tout en pratiquant une réduction de leur budget militaire. «Les recettes fiscales des Etats-Unis ne sont pas susceptibles d’augmenter à court terme en raison de la faible croissance économique, de la rigidité des dépenses et du coût de mener deux guerres.» [6]

À l’heure actuelle, c’est l’épargne étrangère, et non pas celle des américains, qui finance le déficit budgétaire américain en achetant la plupart des bons du Trésor. Cela se traduit par un impôt levé sans la contrepartie d’une représentation des électeurs étrangers sur la manière dont le gouvernement des États-Unis utilise leur épargne forcée. Pour les « diplomates » du système financier , il est donc nécessaire d’élargir le champ d’application de leurs politiques, au-delà du seul marché de secteur privé. Les taux de change sont déterminés par de nombreux facteurs, en plus de celui des « consommateurs brandissant des cartes de crédit » , pour reprendre l’euphémisme habituel qu’utilisent les médias américains à propos du déficit de la balance des paiements. Depuis le 13ème siècle, la guerre a été un facteur dominant dans la balance des paiements des grandes nations - et de leurs dettes. Les obligations d’Etat financent essentiellement des dettes de guerre, dans la mesure ou en temps de paix les budgets ont tendance à être équilibrés. Ceci relie directement le budget de la guerre à la balance des paiements et aux taux de change.

Les pays étrangers se voient encombrés de reconnaissances de dette qui ne seront pas honorées - dans des conditions telles que s’ils agissent afin de mettre fin au festin américain, le dollar va plonger et leurs avoirs en dollars vont chuter par rapport à leur monnaie nationale et aux autres devises. Si la monnaie chinoise s’apprécie de 10% par rapport au dollar, sa banque centrale enregistrera l’équivalent de 200 milliards de dollars de pertes sur ses 2 000 milliards de dollars.

Cela explique pourquoi, quand les agences de notation envisagent que les titres du Trésor des États-Unis puissent perdre leur notation AAA, elles ne veulent pas signifier que le gouvernement ne serait pas en mesure d’imprimer des dollars papier pour honorer ses dettes. Elles indiquent plutôt que la valeur du dollar va se déprécier internationalement. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment. Lorsque M. Geithner prit un visage grave pour déclarer devant un auditoire à l’Université de Pékin au début du mois de Juin qu’il croyait en un «dollar fort» et que les investissements de la Chine aux États-Unis étaient sûrs, il a été accueilli par des rires sarcastiques [7].

L’anticipation d’une hausse des taux de change de la Chine incite les spéculateurs à chercher à emprunter des dollars pour acheter du renminbi et bénéficier de la hausse. Pour la Chine, le problème est que ce flux spéculatif deviendrait une prophétie auto-réalisatrice en faisant grimper sa monnaie. De ce fait, le problème des réserves est intrinsèquement lié à celui des contrôles de capitaux. Pourquoi la Chine devrait-elle voir ses compagnies rentables vendues pour des dollars fraîchement créés, que la banque centrale doit utiliser pour acheter à faible taux des bons du trésor américain ou perdre encore plus d’argent à Wall Street ? Pour éviter ce dilemme, il est nécessaire d’inverser la philosophie de l’ouverture des marchés de capitaux que le monde a adopté depuis Bretton Woods en 1944.

A l’occasion de la visite de M. Geithner en Chine, « Zhou Xiaochuan, directeur de la Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays, a déclaré que c’était la première fois depuis que les pourparlers semestriels ont commencé en 2006, que la Chine avait besoin d’apprendre des erreurs de l’Amérique tout comme de ses succès » lorsqu’il fut question de la déréglementation des marchés de capitaux et du démantèlement des contrôles.

Une ère est donc arrivée à son terme. Face à des dépenses démesurées des Etats-Unis, la dé-dollarisation menace de forcer les pays à revenir aux doubles taux de change, qui furent fréquents entre les deux guerres mondiales : un taux de change pour le commerce des produits, un autre pour les mouvements de capitaux et les investissements, tout au moins pour les économies de la zone dollar [8].

Même sans contrôle des capitaux, les pays réunis à Iekaterinbourg prennent des mesures pour éviter de recevoir involontairement de plus en plus de dollars. Voyant que l’hégémonie globale des États-Unis ne peut pas se poursuivre en l’absence du pouvoir d’achat qu’ils leur procurent eux-mêmes, ces gouvernements cherchent à hâter ce que Chalmers Johnson a nommé dans son ouvrage «les douleurs de l’empire» : la faillite de l’ordre mondial financier et militaire américain. Si la Chine, la Russie et leurs alliés non-alignés suivent leur propre chemin, les États-Unis ne pourront plus vivre grâce à l’épargne des autres (sous la forme de leurs propres dollars recyclés), ni disposer de cet argent pour financer des dépenses militaires illimitées.

Des responsables américains voulaient assister à la réunion de Iekaterinbourg en tant qu’observateurs. On leur a répondu : non. C’est un mot que les américains vont entendre beaucoup plus souvent à l’avenir.

Article original en anglais, De-Dollarization : Dismantling America’s Financial-Military Empire, The Yekaterinburg Turning Point, publié le 13 juin 2009.

Traduction Madeleine Chevassus pour Contre Info.

Notes

[1] Andrew Scheineson, “The Shanghai Cooperation Organization,” Council on Foreign Relations, Updated : March 24, 2009 : “While some experts say the organization has emerged as a powerful anti-U.S. bulwark in Central Asia, others believe frictions between its two largest members, Russia and China, effectively preclude a strong, unified SCO.”

[2] Kremlin.ru, June 5, 2009, in Johnson’s Russia List, June 8, 2009, #8.

[3] Jamil Anderlini and Javier Blas, “China reveals big rise in gold reserves,” Financial Times, April 24, 2009. See also “Chinese political advisors propose making yuan an int’l currency.” Beijing, March 7, 2009 (Xinhua). “The key to financial reform is to make the yuan an international currency, said [Peter Kwong Ching] Woo [chairman of the Hong Kong-based Wharf (Holdings) Limited] in a speech to the Second Session of the 11th National Committee of the Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC), the country’s top political advisory body. That means using the Chinese currency to settle international trade payments ...”

[4] Shai Oster, “Malaysia, China Consider Ending Trade in Dollars,” Wall Street Journal, June 4, 2009.

[5] Jonathan Wheatley, “Brazil and China in plan to axe dollar,” Financial Times, May 19, 2009.

[6] “Another Dollar Crisis inevitable unless U.S. starts Saving - China central bank adviser. Global Crisis ‘Inevitable’ Unless U.S. Starts Saving, Yu Says,” Bloomberg News, June 1, 2009.

[7] Kathrin Hille, “Lesson in friendship draws blushes,” Financial Times, June 2, 2009.

[8] Steven R. Weisman, “U.S. Tells China Subprime Woes Are No Reason to Keep Markets Closed,” The New York Times, June 18, 2008.

Michael Hudson est un économiste spécialisé dans le domaine de la balance des paiements. Il a été le conseiller économique en chef du candidat Démocrate à la présidentielle Dennis Kucinich. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont : « Super Imperialism : The Economic Strategy of American Empire ».

*


L'énergie au coeur de la visite de Vladimir Poutine en France

Par Grégory Blachier

Reuters - 26/11/9 - La France et la Russie devraient signer ce vendredi une série d'accords de coopération dans le domaine de l'énergie, sujet qui dominera la visite du Premier ministre russe, Vladimir Poutine.

Des délégations des deux pays se retrouvent à Rambouillet (Yvelines) pour un séminaire intergouvernemental auquel sont conviés de nombreux patrons de grandes entreprises françaises et russes afin de concrétiser ces accords.

François Fillon devait auparavant avoir un dîner de travail jeudi soir à Matignon avec son homologue russe, au menu duquel le climat et l'énergie seront en bonne place à deux semaines de la conférence de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique.

Leur rendez-vous s'inscrit ainsi dans le prolongement du sommet UE-Russie de la semaine dernière, lors duquel les Vingt-Sept ont exhorté Moscou à s'engager plus avant dans la lutte contre le changement climatique.

A cette occasion, le président russe, Dmitri Medvedev, a proposé de réduire de 25% d'ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre de la Russie.

Cette promesse est fortement liée aux progrès en matière d'efficacité énergétique en Russie, deuxième plus gros consommateur d'énergie par habitant dans le monde.

A ce titre, explique-t-on à Paris, la France entend accélérer sa coopération avec Moscou pour l'aider à moderniser et diversifier ses sources et installations et s'appuyer ainsi sur une croissance verte, en lui apportant son expertise technologique et ses moyens financiers. C'est dans cet esprit que plusieurs accords devraient voir le jour.

INITIATIVES STRATÉGIQUES

De leur côté, les grands énergéticiens français espèrent entériner leur implication dans les projets gaziers portés par la Russie, assise sur les premières réserves mondiales et d'où l'Europe importe 20% de son gaz.

Les risques de la dépendance européenne à l'énergie russe avaient été illustrés en janvier lorsqu'un différend entre Moscou et l'Ukraine avait conduit à une suspension des livraisons de gaz durant deux semaines.

Mais la France estime que les projets en cours n'accroîtront pas sa dépendance à la Russie, participant au contraire, dit un diplomate, d'une diversification des voies d'approvisionnement.

EDF et le monopole gazier Gazprom devraient ratifier un accord de principe sur l'entrée prochaine du groupe français dans le consortium qui développe le projet de gazoduc South Stream.

La participation de GDF Suez dans le projet Nord Stream sera également à l'ordre du jour, même si l'accord ne devrait pas être signé vendredi. De source proche du dossier, on indiquait jeudi que l'accord interviendrait avant la fin de l'année.

Ces deux projets, défendus par la Russie et plusieurs pays de l'UE, visent à contourner les anciennes républiques soviétiques, l'un via la mer Noire, l'autre via la mer Baltique.

Ils entrent en concurrence directe avec le projet Nabucco de la Turquie et de plusieurs pays d'Europe centrale et orientale, reliant l'Europe à l'Asie centrale et que Paris se défend de négliger au profit des initiatives stratégiques russes.

Outre cet important volet énergétique, plusieurs accords économiques devraient être entérinés, dont celui entre Renault et AvtoVAZ, ainsi que des initiatives visant à faciliter les échanges franco-russes en vue d'un dispositif plus large appelé à naître entre l'UE et Moscou.

La visite de Vladimir Poutine permettra enfin d'arrêter le programme des centaines de manifestations prévues l'année prochaine à l'occasion de l'année croisée de la France en Russie et de la Russie en France.

Avec Muriel Boselli, édité par Sophie Louet

*

Par Eva R-sistons

Son blogue :

http://r-sistons.over-blog.com/

 

L’Occident a-t-il "tué" l’URSS ?


Assassinat méthodique de l’URSS ? L’Occident a dépecé cette fédération d’Etats, il a pillé ses ressources, et il a appauvri toute la population. Mais depuis Poutine, en s’affranchissant de la tutelle de l’Etranger, la Russie a retrouvé son statut, si nécessaire pour l’équilibre du monde, de grande puissance.

Voici plus de vingt ans, l’Occident a décidé de disloquer la puissante Union des Républiques socialistes soviétiques, son rival en matière d’idéologie ou de puissance militaire. Objectif atteint en 1991 (1).

L’URSS, notamment par sa puissance militaire (2), son étendue géographique, le nombre de ses habitants, et surtout la variété de ses ressources, est une cible de choix. Comment l’affaiblir ? En la disloquant, en la fragmentant, en l’émiettant. Tout simplement. Diviser, pour régner, la méthode est éprouvée; Et, en effet, le bloc soviétique, monolithique tant sur les plans politique (tous les pays qui le composaient étaient membres du Pacte de Varsovie), économique, qu’idéologique, s’effondra, explosa : "Plus vaste État du monde (22 402 200 km²), l’URSS occupait le 1/6 des terres émergées, s’étendant sur 11 fuseaux horaires, de la mer Baltique à la mer Noire et à l’océan Pacifique, c’est-à-dire toute la partie nord de l’Eurasie. À sa dissolution, sa population comptait 293 millions de personnes " (3).

Après avoir trouvé une marionnette docile, viscéralement anti-communiste et gros amateur de vodka, Boris Eltsine (il quitte le Parti en juin 1990), l’Occident avait poussé les Républiques constituantes de l’URSS à faire sécession, et au cours de l’automne 1991, elles proclamèrent l’une après l’autre leur indépendance, sans que Gorbatchev puisse s’y opposer par la force. Lorsque l’Union soviétique fut amputée de ses Républiques, on ironisa en disant que l’URSS se limitait désormais au Kremlin ! L’esprit de changement s’était propagé de la Russie de Gorbatchev à tous les pays satellites, qui avaient réclamé leur souveraineté pleine et entière. Même les Républiques baltes recouvrèrent leur indépendance, dans la foulée des bouleversements fondamentaux, et les forces soviétiques quittèrent la Tchécoslovaquie et la Hongrie, puis, plus tard, en 1994, la Pologne et l’Allemagne (4).

La Russie à genoux

Affaibli, ce qu’il restait de l’URSS, c’est-à-dire le noyau russe (en perdant le quart de son territoire, il avait perdu la moitié de ses habitants), ne constituait plus une menace pour l’Occident. La fin de la "guerre froide", idéologique, devait être le corollaire de l’éclatement de l’URSS. La détente Est-Ouest se profilait à l’horizon, puisqu’il ne restait plus qu’une puissance, américaine, et le Pacte de Varsovie liant militairement les Républiques soviétiques, n’avait plus de raison d’être.

Tout cela avait été facilité par le fait que le jeune et fringant premier Secrétaire du parti Communiste, Gorbatchev (5), face à l’étendue des problèmes économiques de sa nation (beaucoup liés à la militarisation croissante, dans un contexte d’âpre rivalité avec les Etats-Unis, et aux effets de la catastrophe de Tchernobyl), décida de mettre en place un vaste plan de réformes pour corriger les failles du Système : La Perestroïka et la Glasnost.

La Perestroïka, ou restructuration, tenta de moderniser l’économie, en instituant la propriété privée et en recherchant la performance, et la Glasnost, qui signifie transparence, essaya, elle, de démocratiser le système, par exemple en adoptant la liberté d’expression et de l’information, l’ouverture des frontières, la levée de la censure, la libération des prisonniers politiques - même les Archives Nationales furent ouvertes au public... (6) . Mais très vite, celui que certains appellèrent plus tard le "fossoyeur de l’URSS, le destructeur de l’Empire créé par les Tsars" (7), sera dépassé par les événements, abandonné de tous, alors que son rival pro-occidental, Boris Eltsine, bénéficiera de l’appui du bloc anti-soviétique pour accomplir le démantèlement de l’URSS, et pour libéraliser l’économie le plus vite possible, avec l’aide des conseils du FMI. Sous son égide, des transformations économiques et sociales vont se succéder à une cadence infernale, brisant le tissu social et projetant dans une grande misère des pans entiers de la société russe. Les Moscovites furent chassés du centre de la ville (8), au profit d’intérêts étrangers raflant à bas prix des appartements somptueux, et parmi eux beaucoup de retraités furent jetés impitoyablement à la rue. Tous les avantages sociaux disparurent les uns après les autres, le travail ne fut plus garanti à tous, la rue devint le refuge des victimes du libéralisme à l’occidentale, on vit même des hordes d’enfants, pour la première fois depuis la mise en place du communisme au début du 20 e siècle, vivre dehors, et la délinquance fit son apparition, durement réprimée. Le Système occidental avait triomphé sur les décombres de l’ancienne URSS, entraînant soudain des disparités insupportables entre les citoyens, avec l’émergence d’une classe de nouveaux riches sans scrupules, très minoritaire, et la projection de la plus grande partie de la population dans des abymes de pauvreté. Ceux qui tirèrent leur épingle du jeu, sous la Présidence Eltsine et le début du mandat de Poutine, furent ceux qui pouvaient se réfugier dans une pitoyable économie de subsistance, par exemple en cultivant des pommes de terre sur leur lopin de terre. Et l’espérance de vie moyenne des hommes chuta de dix ans. (A noter qu’aujourd’hui, deux tiers des Russes, même s’ils sont plus libres qu’à l’époque du communisme, regrettent l’ancien système social soviétique, et ils ont la nostalgie de leur puissance passée (9)).

Libéralisation à marche forcée

En effet, pour mieux asphyxier la Russie, pour mieux la tenir à sa merci, l’Occident imposa la libéralisation à marche forcée, sans tenir compte des acquis sociaux, des traditions, de la culture du pays. Le FMI supervisa la transformation, c’est tout dire. Une classe de super-riches apparut, insolente, carnassière, et la masse russe sombra dans une misère indicible, le désespoir, l’alcool, le suicide. Après avoir détruit l’URSS, l’Occident tenta de mettre à genoux la Russie, économiquement, et de s’emparer des secteurs les plus juteux, en favorisant les oligarques locaux acquis à la cause du libéralisme le plus sauvage. Ce fut l’époque des richissimes hommes d’affaires - appelés dans le monde postsoviétique «oligarques» - très liés à l’Occident, ainsi, les hommes d’affaires russes du scandale Ioukos : "Quand le régime a changé, et que les actions des usines ont été données aux ouvriers, eux ont eu l’idée de tout ratisser. A un ou deux dollars l’action, ils ont fait le tour des usines et ont acheté ce qui était encore pour les Russes de la rue un simple bout de papier... En quelques mois, ils sont devenus propriétaires de pans entiers de l’économie. Puis ils ont créé une banque privée, Menatep, puis une filiale à Chypre, qui leur a permis de sortir des capitaux. En dix ans, ils sont devenus multimilliardaires en dollars. Le patron de Ioukos se vantait d’avoir bâti «en dix ans un empire que les Rockfeller ont construit en plusieurs générations.» En russe, il y a une expression qui veut dire «perdre le toit», en Français on dit «perdre la tête». Ils se sont crus intouchables..." (10).

L’ingérence de l’étranger pour affaiblir la Russie

Plus tard, Poutine, à l’origine d’un grand "nettoyage" économique (et politique, contre ses opposants liés à l’Etranger), fustigera l’ingérence des puissances étrangères dans les affaires de la Russie, en insistant sur le rôle obscur des Ambassades : "Malheureusement, il y a toujours dans notre pays des personnes qui s’infiltrent par le biais des ambassades étrangères, qui comptent sur le soutien de fonds et de gouvernements étrangers, mais pas sur leurs propres concitoyens." Ces opposants "veulent que la Russie soit faible et impuissante (...) pour pouvoir jouer de mauvais tours dans notre dos" (11). Le jeudi 26 avril 2007, le Président Poutine s’en prend ouvertement à l’"ingérence" des "colonisateurs" occidentaux en Russie : "Sous couvert de promotion de la démocratie, ils font preuve d’ingérence "directe" dans les affaires de l’Etat russe en finançant l’opposition et les ONG de défense des droits de l’homme". Soucieux de répondre à l’expansion militaire de l’Otan à ses frontières et notamment au projet américain de déploiement d’un bouclier antimissile, il a menacé de sortir du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), un des textes clés régissant la sécurité sur le Vieux Continent après la Guerre froide. Dans son 8e discours à la Nation, le dernier avant la fin de son mandat en mai 2008, le maître du Kremlin a défendu un bilan qui a permis de faire de la Russie "une des dix plus puissantes économies dans le monde". "Le flux d’argent venant de l’étranger, utilisé pour une ingérence directe dans nos affaires intérieures, augmente", a-t-il déploré.. "Il y a ceux qui, en utilisant habilement une phraséologie pseudo-démocratique, aimeraient revenir à un passé proche : les uns pour piller comme avant, les richesses du pays, voler les gens et l’Etat, sans être châtiés ; les autres pour priver notre pays de son autonomie économique et politique", a-t-il ajouté à l’adresse des Occidentaux. "A l’époque du colonialisme, on parlait du rôle civilisateur des Etats-colonisateurs", a ironisé M. Poutine, reprenant un argument auquel il avait déjà recouru dans le passé. Les Occidentaux "utilisent des slogans sur la démocratisation, mais le but est le même : l’acquisition de manière unilatérale d’avantages destinés à assurer leurs intérêts propres" (12).

Aujourd’hui, l’Occident se permet encore de tenter de s’ingérer dans les affaires russes, et il soutient l’ancien champion d’échec, Garry Kasparov, qui s’est engagé en politique avec l’appui des Américains (13) . Mais "Les Etats-Unis ont perdu de l’efficacité du point de vue de leur capacité à critiquer le gouvernement russe. Aujourd’hui, quand ils formulent des critiques, les autorités russes leur répondent de balayer devant leur porte" (14)

La chance de la Russie est d’être passée des mains d’Eltsine à celles de Poutine, qui a redressé le pays à une vitesse fugurante, et avec une poigne de fer bien nécessaire dans le contexte particulier d’un Etat en pleine désintégration et téléguidé en sous-mains, pour sa perte et pour le profit de la Finance internationale, par l’Occident. La Russie s’est désormais affranchie des griffes de l’Etranger, elle conduit seule ses affaires, et concernant le passé récent, Vladimir Poutine, dans un discours à la Nation prononcé en 2005 alors qu’il était président de la Russie, a pu dire que "la chute de l’URSS en 1991 avait été "la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle "(15). Et aujourd’hui, le Président Medvedev déplore que la chute du Mur de Berlin n’aie pas justifié tous ses espoirs. "Les relations entre la Russie et l’Europe auraient pu se développer selon un scénario différent", a-t-il déclaré. Après la chute du Mur, nous espérions que la disparition du Pacte de Varsovie entraînerait un autre niveau de l’intégration de la Russie en Europe. Et qu’est-ce qu’on a eu finalement ? L’Otan, une alliance militaire, dont les missiles visent la Russie", a lancé le président russe.

La Russie n’a cessé de dénoncer l’élargissement de l’Alliance atlantique aux pays de l’Europe de l’Est et voit d’un très mauvais oeil les aspirations atlantistes d’ex-républiques soviétiques comme la Géorgie ou l’Ukraine". (16)

Même affaiblie politiquement et économiquement, la Russie reste une importante puissance militaire, dotée d’un formidable arsenal nucléaire sur fond de résurgence de nationalisme exacerbé par l’unilatéralisme agressif de l’Occident, rappelant le contexte de guerre froide. Washington voit en effet d’un fort mauvais oeil la Russie renaître de ses cendres, retrouver son statut de grande puissance et aspirer à retrouver la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre dans le contexte international.

La chance d’une grande Europe avec la Russie

Pourtant, la ré-émergence de la Russie est une chance pour un monde qui aspire au multilatéralisme, au ré-équilibrage des puissances, des nations, et, surtout, elle devrait constituer une formidable espérance pour tous ceux qui aspirent à la paix. Mais la vision gaullienne d’une grande Europe avec la Russie demeure néanmoins le meilleur atout, aujourd’hui, pour une paix durable. Dans le cas contraire, c’est-à-dire dans un contexte où l’UE pourtant née de l’aspiration des peuples à la paix serait à la remorque des Etats-Unis, à travers notamment l’OTAN, dans ce cas-là, l’Europe pourrait être entraînée malgré elle à servir de supplétif pour les guerres impériales de Washington, et même à permettre aux Etats-Unis de faire une sale guerre par procuration contre la Russie, désormais considérée par l’Occident comme une rivale, comme une voix non-alignée, indépendante, menaçant par là-même l’hégémonie de l’Empire.

La seule voix possible, aujourd’hui, pour favoriser la paix, reste la concrétisation du rêve du Général de Gaulle : La mise en place d’une grande Europe économique, culturelle, et pour la paix, avec la Russie retrouvant enfin son rang de grande puissance - avec d’autres pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil... -, afin de permettre l’émergence d’un monde nouveau, multipolaire, équilibré et pacifiant.

Eva R-sistons
http://r-sistons.over-blog.com

Notes

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/URSS : L’URSS est un État fédéral de 15 républiques soviétiques qui a existé de 1922 jusqu’à sa dissolution en 1991.

(2) Ses chercheurs et ses ingénieurs ont mis au point entre 1965 et 1976 deux fois plus d’armes et de systèmes de destruction et de protection que les États-Unis ; Ses forces armées totalisèrent 5 millions de combattants actifs et 25 millions de réservistes entraînés et représentait la plus vaste armée en temps de paix du XXe siècle; L’armée soviétique était capable d’aligner 50 divisions susceptibles d’être engagées sans délai et 30 autres mobilisables dans de brefs délais. Elle fut totalement motorisée et constamment rééquipée en fonction de l’innovation technologique, en chars, canons, véhicules de transport et systèmes de communication ; Elle disposa de la plus grande flotte aérienne de tous les temps, de la plus grande flotte de sous-marins nucléaires du monde, et d’une flotte de navires de surface largement supérieure en tonnage à celle des États-Unis, à l’exception des porte-avions. Le complexe militaro-industriel soviétique représentait entre 1985 et 1990 : plus de 14 millions d’employés, 6 000 entreprises. L’industrie de défense proprement dite absorbait durant les années 1970/1980 20 % du revenu national, 8 % du PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l’Armée soviétique. La production d’armes soviétiques était la plus importante du monde. En 1981 : 2 500 chars, 3 500 canons, 1 700 avions de combat, 750 hélicoptères, 9 sous-marins, 475 missiles balistiques (IRBM, ICBM). Après la chute de l’URSS en 1991, c’est l’armée de la fédération de Russie qui hérita de la quasi totalité de l’équipement de l’Armée soviétique en particulier l’arsenal nucléaire et les différentes flottes (..) Après la chute de l’URSS en 1991, c’est l’armée de la fédération de Russie qui hérita de la quasi totalité de l’équipement de l’Armée soviétique en particulier l’arsenal nucléaire et les différentes flottes"
(http://fr.wikipedia.org/wiki/URSS), mais "Après la dissolution de l’URSS, à la fin de 1991, à elle seule, l’Ukraine hérita sur son territoire de la troisième force nucléaire stratégique mondiale et d’un nombre important d’armes nucléaires tactiques (Sécurité ukrainienne et dilemne nucléaire d’ANATOLY ZLENKO - août 1993)". http://www.clham.org/050573.htm

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:URSS

(4) http://www.clham.org/050573.htm

(5) "Après la rapide succession de Andropov (1982-1984) et de Tchernenko (1984-1985), Gorbatchev, un jeune et énergique dirigeant de 53 ans, devint premier secrétaire du Parti". http://fr.wikipedia.org/wiki/URSS

(6) http://www.publicsenat.fr/vod/evenement/emission-speciale-sur-la-chute-du-mur-de-berlin/63913

(7) http://www.publicsenat.fr/vod/evenement/emission-speciale-sur-la-chute-du-mur-de-berlin/63913

(8) Du temps où la télévision française programmait encore des sujets d’investigation sur les grands enjeux de notre temps, du temps, disons-le, où la télé se permettait encore des libertés, j’avais vu un documentaire qui m’avait beaucoup frappée : On y voyait la main-mise d’investisseurs étrangers sur les immeubles du centre ville, en jetant dehors les habitants à peine indemnisés, c’était choquant. Je crois que le documentaire avait été diffusé sur Arte. Aujourd’hui, grâce à cette scandaleuse razzia qui montre au grand jour le cynisme de l’Occident prédateur, Moscou est devenu l’une des villes les plus chères du monde (Eva)

(9) Bien que les Russes soient plus libres qu’ils n’ont jamais été de leur histoire, un sondage récent indique que près des deux tiers des russes ont la nostalgie pour l’aide sociale soviétique, l’ordre social et la fierté d’être une superpuissance mondiale, tous perdus lors de la chute le l’empire soviétique. http://www.guerrefroide.net/pages/chute

(10) Par exemple,le groupe des sept banquiers qui s’étaient unis pour faire réélire Boris Eltsine à la présidence, et qui contrôlaient 50 % de l’économie russe, comprenait : Mikhaïl Friedman, 39 ans, et Piotr Aven, 48 ans. A l’écart de la politique, ils se consacrent à leurs affaires. Leur holding Alfa-Groupe compte notamment la banque Alfa, les supermarchés Perekriostok, la chaîne de télé de divertissements STS et, surtout, la firme pétrolière TNK, qui a conclu en février le contrat du siècle avec le britannique BP (acheteur, pour 7 milliards de dollars, de la moitié de TNK). Vladimir Goussinski, 51 ans. Réfugié à l’étranger depuis l’été 2000, le magnat de la presse s’était rangé dans l’opposition à Vladimir Poutine, critiquant notamment la guerre en Tchétchénie. Poursuivi pour « crime économique », il a fait de la prison. Son empire de presse a été saisi et le fleuron, la chaîne de télé NTV, a été normalisée. Il vit depuis en Israël (..). http://www.denistouret.fr/constitalien/oligarques.html#7%20banquiers.
http://www.denistouret.fr/constitalien/oligarques.html#31%20juillet%202007%20petrole
Et aujourd’hui ? 260 milliards de dollars : c’est le montant des pertes subies par les milliardaires russes en janvier dernier. Soit presque autant en quatre semaines qu’au cours des cinq derniers mois de l’année 2008. Vite faites, les fortunes des nouveaux riches se défont tout aussi promptement depuis le début de la crise. Ainsi, le club des milliardaires russes a-t-il perdu 55 membres. Ceux qui restent peinent à se maintenir dans la liste de Forbes. Les oligarques russes sont-ils une espèce en voie d’extinction ? Les exemples de débâcle ne manquent pas. Même Mikhail Prokhorov, le roi du nickel russe, a finalement renoncé à l’achat (500 millions d’euros !) de la splendide Villa Léopolda à Villefranche-sur-Mer. Il cherche même à récupérer les 38 millions d’euros versés au propriétaire actuel lors de la signature de la promesse de vente, c’est dire. Les malheurs des oligarques ont inspiré les humoristes. Ainsi de l’une des blagues les plus populaires sur le Net russe. Un fils demande a son père : « Papa, c’est vrai que la crise va toucher les nouveaux riches ? – Oui, elle va seulement les toucher. Quant à nous, nous allons simplement crever ».
http://www.marianne2.fr/Apres-le-champagne,-les-oligarques-russes-boivent-la-tasse_a177260.html

(11) http://www.denistouret.fr/constitalien/oligarques.html#22%20novembre%202007%20Poutine%20ingérence

(12) http://www.denistouret.fr/constitalien/oligarques.html#31%20juillet%202007%20petrole

(13) Soutenant dans les années 1980-90 Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, il est un farouche opposant à Vladimir Poutine et crée en 2005 le Front civique unifié, qui regroupe les opposants à Poutine pour les élections présidentielles de 2008. Considéré comme le meilleur joueur d’échec de tous les temps, Garry Kasparov a été brièvement emprisonné en avril et novembre 2007 -http://www.evene.fr/celebre/biographie/garry-kasparov-24020.php

(14) http://www.denistouret.fr/constitalien/oligarques.html#13%20octobre%20rice%20russie

(15) et (16) : http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-11-07/medvedev-regrette-l-effondrement-de-l-urss-mais-pas-autant-que/924/0/393173

*

Le régime sans visas avec l’UE : une perspective reportée ?


RiaNovosti - 26/5/10 - Le prochain sommet Russie-Union européenne prévu pour le 31 mai et le 1er juin à Rostov-sur-le-Don (sud) sera particulier pour plusieurs raisons.

Première raison, l’accord élargi de réadmission entre la Russie et l’Union européenne entrera en vigueur le 1er juin, c’est-à-dire pendant la tenue du sommet. Vladimir Tchijov, le représentant permanent de la Russie auprès de l’UE, a souligné lors d’un récent duplex télévisé à RIA Novosti qu’à partir de cette date l’accord de réadmission concernerait non seulement les citoyens de la Russie et des pays de l’UE, mais aussi ceux des pays tiers. Cela signifie que si un migrant illégal venu d’un pays tiers (du Kirghizstan, du Tadjikistan, du Bangladesh, etc.) se rend depuis le territoire de la Russie, par exemple, en Pologne, les autorités polonaises auront désormais le droit de le livrer aux agents de la police des frontières russe, c’est-à-dire aux autorités du pays à partir duquel il sera entré sur le territoire de l’Union européenne.

La deuxième raison rendant ce sommet particulier, ce sont les nouveaux tournants pris dans le dialogue énergétique entre la Russie et l’UE. On peut espérer parvenir à un compromis sur les prix du gaz russe pour l’UE.
Il est parfaitement évident que l’accord de réadmission est une concession faite à l’Union européenne par la Russie. Celle-ci assume le rôle d’une sorte de « bouclier » contre l’immigration vers les pays d’Europe. Avant le prochain sommet, si un Afghan parvenait illégalement en Europe, les frais de son séjour dans un centre de migration et de son renvoi dans son pays d’origine étaient supportés par les pays de l’UE. A partir du 1er juin, si l’on prouve que le migrant illégal est parvenu dans un pays de l’UE, disons, depuis la région de Kaliningrad, son transfert de Kaliningrad jusqu’à la frontière afghane devra être payé par la Russie. Compte tenu de l’existence du régime sans visas entre la Russie et la plupart des pays de la Communauté des États Indépendants (CEI), y compris le Kirghizstan en détresse, les dépenses pourraient être importantes.

Qu’aurons-nous en échange ? Le marchandage à ce sujet se poursuit depuis plusieurs années, plus précisément depuis 2002, lorsque Vladimir Poutine avait fixé pour objectif d’établir un régime sans visas entre la Russie et l’UE. Depuis ce moment-là, en réponse à l’exigence de Bruxelles de conclure un accord de réadmission, la Russie avait répondu à plusieurs reprises que cet accord serait conclu dès que l’UE consentirait à abroger les visas pour les Russes. Le dialogue était resté au point mort pendant quatre ans, après quoi les Russes avaient manifesté une plus grande souplesse que leurs partenaires européens. Un accord de réadmission concernant les Russes et les citoyens de l’UE avait été conclu en 2006 et l’Union européenne avait commencé à expulser les citoyens russes qui y avaient émigré illégalement. Il y en a eu si peu que la Russie est actuellement considérée comme un pays ne représentant pas de «danger d’immigration» pour l’UE. «Il n’y a plus d’objections à nous avancer, fait remarquer Olga Potemkina, chef du service de l’intégration européenne de l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie. Certes, les représentants de l’UE exigent que la Russie annule l’enregistrement des citoyens étrangers. Il me semble malvenu de les suivre à la lettre dans ce domaine. Au moins 10 pays de l’UE subissant une pression migratoire maintiennent des procédures d’enregistrement pour les étrangers, alors que la Russie, quoi qu’elle fasse, n’obtiendra pas de régime sans visas avec l’Union européenne».
Il en résulte que les obstacles à l’établissement d’un régime de dispense de visas entre la Russie et l’UE revêtent un caractère politique et découlent des craintes des Ouest-Européens, et non pas des dangers réels. Selon Vladimir Tchijov, il ne s’agit pas d’obtenir pour les Russes un droit automatique de travailler dans l’UE, comme cela est pratiqué à l’égard des nouveaux membres de cette institution, comme la Pologne, la Roumanie, etc. Il s’agit de pouvoir entrer une fois tous les six mois sur le territoire de l’UE et d’y résider sans visa pendant trois mois. « Plus de 50 pays du monde bénéficient de ce régime avec l’UE, y compris des pays qui entretiennent beaucoup moins de contacts avec l’Union européenne que la Russie. On ne peut que s’étonner du manque d’esprit de suite de l’UE », a indiqué l’ambassadeur russe à l’UE.
En effet, si les Russes ne peuvent pas faire pression sur le marché du travail de l’UE et s’ils ne représentent pas une menace du point de vue de l’immigration illégale, la crainte reste la seule explication. « La crainte qu’inspire un régime sans visas avec la Russie plonge ses racines dans le début des années 1990, lorsque l’UE avait une peur bleue d’une vague de réfugiés de l’Est. En fin de compte, une vague est bien apparue, mais elle est venue du Sud, et non pas de l’Est », a souligné le diplomate.
En échange de sa concession très onéreuse en matière de réadmission, la Russie bénéficiera d’un allègement du régime de visas pour certaines catégories de ses citoyens. C’est probablement mieux que rien, bien que la division des Russes en citoyens de première et de seconde zones est contraire aux principes de l’Union européenne. Qui plus est, l’encombrant système des visas ne correspond pas tout à fait aux intérêts de pays comme l’Espagne ou l’Italie où les voyageurs russes font sortir de la crise le secteur touristique local.

Une autre phobie des Européens à l’égard de la Russie, c’est la crainte de la «dépendance énergétique». En raison des récentes irrégularités de livraison d’hydrocarbures russes à l’UE provoquées par les litiges sur le transit avec les dirigeants ukrainiens « orange », on tente d’attribuer à la Russie une étiquette de fournisseur peu fiable. On peut cependant se poser la question de savoir si l’Union européenne est vraiment si fiable que ça en tant que consommateur ? Lors de la récente conférence de Berlin «Le dialogue énergétique Russie-UE. L’aspect gazier», les géants allemand et français du gaz, respectivement E.On Ruhrgas et GDF Suez (auparavant connue comme Gaz de France) ont exigé de la société Gazprom Export qu’elle revoie les conditions des contrats de livraison de gaz à long terme. La raison en est évidente: pendant la crise, la demande de gaz a diminué, et par conséquent, pour les partenaires européens, il est devenu désavantageux d’acheter du gaz au prix initialement prévu. Pourtant, les fluctuations des prix constituent un phénomène normal, bien que désagréable, dans l’économie de marché. Il est toutefois facile d’imaginer le vacarme qui aurait été soulevé si l’exigence de revoir les contrats à long terme avait été avancée par Gazprom. Dans ce cas, il aurait sans cesse été question de la «Russie qui prend l’Europe à la gorge», de la précarité des contacts avec un «monopole lié à l’État», voire de la « renaissance des ambitions impériales de la Russie».
D’ailleurs, la Russie est déjà habituée à ces revirements et agit selon les circonstances en s’efforçant de trouver un compromis. Le sommet de Rostov-sur-le-Don devrait y contribuer.

*

Abrogation des visas Russie-UE : Medvedev veut une "feuille de route"

RiaNovosti - 20/10/10 - Le processus d'abrogation des visas entre la Russie et l'Union européenne doit suivre une "feuille de route", a annoncé mardi à Deauville le président russe Dmitri Medvedev lors d'une conférence de presse au terme d'une rencontre avec son homologue français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.
"Tout le monde comprend la nécessité d'abroger les visas entre la Russie et l'UE, mais la volonté seule ne suffit pas", a indiqué le président russe avant d'ajouter qu'il fallait qu'il y ait un processus inscrit dans un cadre temporel précis et que ce dernier suive une "feuille de route".
Le travail ultérieur sur l'abrogation des visas devrait tenir compte de ces deux points, a souligné M.Medvedev.
"Le prochain round des consultations devrait se tenir en présence de toutes les parties. A mon avis, il est opportun de le faire lors du sommet Russie-UE à Bruxelles", a conclu le chef de l'Etat russe.
Plus tôt dans la journée, Angela Merkel, Dmitri Medvedev et Nicolas Sarkozy ont adopté une déclaration commune dans laquelle ils ont promis de faire tout leur possible pour accélérer le passage au régime sans visas et réaliser des avancées substantielles dans ce domaine lors du sommet Russie-UE en décembre prochain à Bruxelles.

_

 

Les FEMEN, agents du sionisme ?


Par Mikhail Gamandiy-Egorov


Photo : RIA Novosti

 

La Voix e la Russie - 25/4/13 - L’organisation dont le but est soi-disant de « défendre » les droits des femmes et dont le nom est FEMEN prouve une fois de plus par ses actions que leur « lutte » n’a rien à voir avec les droits des femmes qu’elles sont censées défendre. La longue litanie de leurs attaques violentes contre des lieux consacrés chrétiens et musulmans, indique plutôt un mouvement anticlérical extrémiste mais également orienté... petit et énième retour sur un mouvement emblématique de l’état d’esprit ambiant de certains milieux.
Dernière action en date : l’attaque à l’encontre de l’Archevêque de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, André-Joseph Léonard, lors d’une conférence à l’Université Libre de Bruxelles, l’aspergeant d’eau bénite avec des statuettes en plastique en forme de Vierge Marie, accompagnés de cris vulgaires dont les FEMEN seules connaissent le secret. Malgré cette attaque dans un style propre aux FEMEN, Mgr André Léonard est resté impassible face aux «sextremistes» et après évacuation de ces dernières, s’est saisi d’une des statuettes représentant la Vierge Marie pour l’embrasser. Un exemple d’humilité, de sagesse et de dignité. D’ailleurs probablement la meilleure réponse qui soit face à de tels actes.

Alors que l’Assemblée nationale en France vient d’adopter la très controversée loi du « mariage pour tous », ce qui est indéniablement un nouveau coup pour les valeurs traditionnelles et culturelles non seulement européennes, mais probablement au niveau de toute l’Humanité, il est intéressant de se pencher sur ce que représente véritablement cette organisation.

Comme nous le savons déjà, le groupe FEMEN a été fondé à Kiev, en Ukraine. Après maintes « actions », dont certaines honteuses, notamment lorsqu’elles ont scié une croix au centre de Kiev en mémoire des victimes de répressions religieuses et politiques durant la dictature stalinienne, elles ont « déménagé » leur siège à Paris. En réalité ces « demoiselles » ne font qu’adopter un style primitif pour se médiatiser au maximum et ne font qu’accroître la désapprobation, y compris au sein de nombreux milieux féministes.

Mais ce qui importe vraiment dans tout cela, c’est de savoir qui sont derrières ces ultras sexistes et qui les manipulent comme de vraies petites marionnettes. On dit qu’elles sont financées par des milieux d’affaires européens et américains. Intéressant… mais à part cela ? Qui se trouve tout en haut de la pyramide ? Quelques noms circulent : le milliardaire allemand Helmut Geier, la femme d’affaires allemande Beat Schober, ainsi que l’homme d’affaires américain et patron de presse Jed Sunden. George Soros est également mentionné.

Le mot d’ordre aujourd’hui des FEMEN : combattre les religions par tous les moyens. Le christianisme, aussi bien catholique qu’orthodoxe, a été le premier visé. Puis, ce fut au tour de l’islam de devenir également la cible des « filles » aux seins nus. Bien que géographiquement leurs actions antimusulmanes se soient déroulées dans des endroits où elles ne risquaient de toute façon pas grande chose : en Allemagne, en France. Il aurait été intéressant de les voir s’essayer à faire de même en Arabie saoudite ou au Qatar, en Turquie l’accueil fut déjà tout autre.

Mais si le christianisme et plus récemment l’islam sont ouvertement visés par FEMEN, et que les églises ainsi que les mosquées sont des cibles privilégiées du mouvement «féministe», on a jamais entendu parler ne serait-ce qu’une fois d’une de leur action en Israël ou ailleurs, dans une synagogue ou pourquoi pas devant la Knesset. Étonnant ? Oui car connaissant le débat qui existe dans la société israélienne sur la place de la femme et les nombreuses actions organisées à ce titre par les féministes israéliennes, il est très étonnant d’observer le silence assourdissant des FEMEN à ce sujet. On ne s’attaque pas aux sponsors ? Ou alors c’est BHL, un autre grand admirateur et inspirateur des FEMEN qui sera déçu ?

N’ayant reçu aucune réponse officielle de leur part à ce sujet, nous posons cette question ici. Personnellement, je ne soutiendrais en aucun cas une « action » dans une synagogue, au même titre que dans une église ou une mosquée car je pense que le respect de chaque personne et de ses convictions doit prévaloir dans un monde où la violence et l’intolérance règnent constamment. Mais pour revenir à nos militantes du FEMEN, il est très surprenant de voir que dans cette « lutte contre les religions », il y a des bons et des mauvais. Ceux sur lesquels il est possible de s’acharner d’un côté et les intouchables de l’autre. Ceux dont les valeurs ne sont pas à respecter et ceux qu’il faut éviter de blesser. Les FEMEN cachent tant bien que mal que leur « lutte » est ouvertement raciste et discriminatoire. En ce qui concerne les chrétiens et les musulmans, ainsi que leurs relations mutuelles, la seule chose à souhaiter c’est de ne pas céder à la provocation, y compris lorsque cela les concerne réciproquement, et de rester digne et sage en toutes circonstances.

 

 

 

«Désolé, ballot, ce n’est écrit nulle part»


Par Eric Margolis – Le 16 décembre 2017 – Source ericmargolis.com

 

SakerFrancophone - 16/12/17 - Au moment où les États-Unis convulsent d’hystérie anti-russe et de diabolisation de Vladimir Poutine, un recueil de documents de la guerre froide récemment déclassifiés révèlent l’étendue stupéfiante des mensonges, de la duplicité et du double jeu pratiqués par les puissances occidentales lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1990.

Je couvrais Moscou ces jours-là et j’ai rencontré certains des acteurs essentiels dans ce drame sordide. Depuis, j’ai écrit que les États-Unis, la Grande-Bretagne et leur appendice, l’OTAN, ont scandaleusement menti et au dirigeant soviétique, Mikhail Gorbatchev, et au ministre des Affaires étrangères, Édouard Chevernadzé, et les ont trompés.

Toutes les puissances occidentales ont promis à Gorbatchev et à Chervernadzé que l’OTAN ne s’étendrait pas «d’un pouce» à l’est si Moscou retirait l’Armée rouge de l’Allemagne de l’Est et autorisait cette dernière à se réunir pacifiquement à l’Allemagne de l’Ouest. C’était une concession immense de Gorbatchev : elle a mené à un coup d’État manqué des communistes purs et durs contre lui, en 1991.

Les documents publiés par l’Université George Washington à Washington DC, que j’ai fréquentée pendant un semestre, sont d’une lecture écœurante (on peut les lire en ligne). Toutes les puissances et les hommes d’État occidentaux ont assuré les Russes que l’OTAN ne profiterait pas du retrait soviétique et qu’une nouvelle ère d’amitié et de coopération se lèverait sur l’Europe d’après la guerre froide. Le secrétaire d’État américain Jim Baker a offert des «garanties absolues» qu’il n’y aurait pas d’expansion de l’OTAN. Mensonges, que des mensonges.

Gorbatchev était un humaniste, un homme très correct et intelligent qui croyait pouvoir mettre fin à la guerre froide et à la course aux armes nucléaires. Il a ordonné à l’Armée rouge de se retirer d’Europe de l’Est. J’étais à Wunsdorf − en Allemagne de l’Est, quartier général du groupe des forces soviétiques en Allemagne − et au quartier de la Stasi, la police secrète, à Berlin-Est juste après que l’ordre de retrait a été donné. Les Soviétiques ont retiré leurs 338 000 soldats et leurs 4 200 chars et les ont envoyés chez eux à la vitesse de l’éclair.

Les promesses occidentales faites aux dirigeants soviétiques par le président George W. H. Bush et Jim Baker ont rapidement révélé leur vacuité. C’étaient des hommes honorables mais leurs successeurs ne l’étaient pas. Les présidents Bill Clinton et George W. Bush ont rapidement commencé à déplacer l’OTAN en Europe de l’Est, violant ainsi toutes les promesses faites à Moscou.

Les Polonais, les Hongrois et les Tchèques ont été intégrés à l’OTAN, puis la Roumanie et la Bulgarie, les États baltes, l’Albanie et le Monténégro. Washington a essayé de faire entrer les anciennes républiques soviétiques de Géorgie et d’Ukraine dans l’OTAN. Le gouvernement ukrainien aligné sur Moscou a été renversé par un coup d’État fomenté par les États-Unis. La route vers Moscou était ouverte.

Tout ce que les Russes désorientés et en faillite ont pu faire a été de dénoncer ces mouvements vers l’Est des États-Unis et de l’OTAN. La meilleure réponse que l’OTAN et les États-Unis ont apportée a été : «Eh bien, il n’y a pas eu de promesse écrite». C’est digne d’un camelot qui vend des montres contrefaites dans la rue. Les dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Belgique et de l’Italie ont tous menti. L’Allemagne était prise entre son honneur et sa réunification imminente. Donc même son chancelier Helmut Kohl a dû se rallier aux prévarications de l’Occident.

À l’époque, j’avais écrit que la meilleure solution serait la démilitarisation de l’ancienne Europe de l’Est sous contrôle soviétique. L’OTAN n’avait ni besoin ni raison de s’étendre à l’est. Le faire serait une provocation permanente à l’égard de la Russie, qui considérait l’Europe de l’Est comme un glacis défensif essentiel contre les invasions de l’Ouest.

Maintenant, avec les forces de l’OTAN sur ses frontières occidentales, les pires craintes de la Russie ont été réalisées.

Aujourd’hui, des avions militaires américains basés sur les côtes de Roumanie et de Bulgarie, des anciens membres du Pacte de Varsovie, sondent l’espace aérien russe au-dessus de la mer Noire et le port de Sébastopol, stratégiquement vital. Washington parle d’armer l’Ukraine plongée dans le chaos. Les troupes américaines et de l’OTAN sont dans les pays baltes, aux frontières nord-ouest de la Russie. Des Polonais d’extrême-droite battent les tambours de guerre contre la Russie.

En 1990, le KGB et la CIA s’étaient mis d’accord sur le principe de « pas un pouce» à l’est pour l’OTAN. L’ancien ambassadeur américain à Moscou, Jack Matlock, confirme le même accord. Gorbatchev, qui est dénoncé comme un idéaliste stupide par de nombreux Russes, a fait confiance aux puissances occidentales. Il aurait dû avoir un bataillon d’avocats marrons couvrant le district de New York pour prouver ses accords en 1990. Il a pensé qu’il avait à faire à des hommes honnêtes, honorables, comme lui.

Faut-il s’étonner si, après ce leurre et ce changement de diplomatie, la Russie ne fait pas confiance aux puissances occidentales ? Moscou observe que l’OTAN dirigée par les États-Unis s’insinue toujours vers l’est. Aujourd’hui, les dirigeants russes croient fermement que le dernier plan de Washington est de mettre en pièces la Russie et de la réduire à un pays impuissant et pauvre. Deux anciens dirigeants occidentaux, Napoléon et Hitler, ont eu des plans semblables.

Au lieu de gloser sur la duplicité d’Hitler après Munich, nous devrions regarder notre propre comportement éhonté après 1990.

Eric Margolis

Eric S. Margolis est un chroniqueur primé internationalement. Ses articles sont parus dans le New York Times, l’International Herald Tribune, le Los Angeles Times, Times of London, le Gulf Times, le Khaleej Times, Nation (Pakistan), Hurriyet (Turquie), le Sun Times de Malaisie, et d’autres sites d’information en Asie.

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

 

 

 

 

RETOUR A PEUPLES-UNIS