LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS
NON CELLE DES ETATS/NATIONS
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A propos de :
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Le Rwanda (écrit Ruanda en français avant 1970), surnommé le pays des mille collines, est un pays d'Afrique centrale. Il partage des frontières avec, au nord, l'Ouganda, à l'est, la Tanzanie, au sud, le Burundi, et à l'ouest, la République démocratique du Congo.
Sa capitale Kigali est située au centre du pays.
Les Rwandais – habitants du Rwanda – parlent le kinyarwanda, et vivent dans les collines qui constituent la localisation de référence des habitats.
Le pays est l'un des plus densément peuplés au monde.
Le Rwanda est membre de l'Organisation des Nations unies (ONU), de l'Union africaine (UA) et, depuis juin 2007, de la Communauté d'Afrique de l'Est.
Histoire du Rwanda
Époque pré-coloniale et coloniale
Traditionnellement, la population rwandaise était structurée en lignages, ce regroupement autour d'un ancêtre commun est dirigé par un roi, nommé le Mwami. Cette structure n'était cependant pas attachée aux sols mais aux personnes. Les populations parlaient la même langue, se mariaient entre elles et partageaint la (les) même(s) religion(s). Les deux principales ethnies sont les Hutus et les Tutsis. La troisième ethnie, constituée des Batwas (ou Twas) d'origine pygmoïde, est très minoritaire.
A leur arrivée, les colonisateurs allemands, puis belges cherchèrent à comprendre cette société extrêmement mobile qui ne correspondait pas aux critères européens. Ils cherchent à classifier les populations en fonction de leurs activités, de leur physique, etc. Ils sont très impressionnés par la monarchie rwandaise, et s'accordent à considérer cette catégorie, les "Tutsi", comme supérieure. Selon les colonisateurs, les "Tutsi" sont plus grands, plus clairs de peau, ce qui les rendrait plus aptes à diriger. Les colons vont donc s'appuyer sur les "Tutsi" pour mettre en place une administration coloniale. Il se crée ainsi une différenciation ethnique totalement artificielle issue du regard du colonisateur. Cette différenciation au départ théorique entre "Hutu" et "Tutsi" devient réelle dans l'organisation coloniale de la société. L'accès aux avantages, à l'enseignement, aux postes administratifs est réservé au "Tutsi". Peu à peu, les différenciations basées sur de prétendues analyses rationnelles sont intégrées par les populations. Les termes de "Hutu" et de "Tutsi" sont alors revendiqués par les Rwandais, et entraînent donc une différenciation effective de la société entre ces deux groupes. Selon l'histoire enseignée durant la colonisation, les Hutu majoritaires sont des fermiers d'origine bantou. Les Tutsi sont un peuple pastoral qui serait arrivé dans la région au xve siècle depuis les hauts-plateaux éthiopiens. Un troisième groupe, les Twa, seraient les représentants des premiers colons de la région et plutôt proches des Pygmées.
Ces théories sont désormais fortement remises en cause et l'on tend aujourd'hui à considérer que les colonisateurs belges des années 1930, négligeant les références claniques, ont interprété de façon ethnique la structure socio-professionnelle de la population, et ont forgé une histoire pseudo-scientifique là où s'arrêtait la mémoire orale de la culture rwandaise.
Jusqu'en 1959, la «caste» dominante dans un système féodal basé sur la possession de troupeaux était majoritairement issue des Tutsi. Les décennies passant, la domination des Tutsi sur les Hutu est de plus en plus dénoncée par la majorité hutu, comme ce fut notamment le cas de neuf intellectuels hutu dans un texte publié le 24 mars 1957, le Manifeste des Bahutu. Puis, en 1959, les velléités d'indépendance des Tutsis incitent les Belges à renverser leur alliance au profit des Hutu, ce qui entraîne la chute de la royauté tutsie et la prise du pouvoir par les Hutu. Il s'ensuit une vague d'émeutes et de pogroms qui entraîne un exil des milliers de Tutsis.
La première république se met alors en place et Grégoire Kayibanda, un hutu, accède à la présidence de la République en 1961. Le nouveau régime dut affronter des attaques des exilés tutsi, qui seront le prétexte de violentes répressions sur les Tutsi de l'intérieur, notamment en décembre 1963 où plusieurs milliers de Tutsi furent massacrés (1).
Pour maintenir l'unité politique, Grégoire Kayibanda instrumentalise les massacres de masse dont furent victimes les Hutu du Burundi en 1972, il justifie la crainte d'une menace des Tutsi rwandais. Les Tutsi, élèves et professeurs, sont systématiquement expulsés de l'enseignement, quelques-uns massacrés dans les établissements scolaires. Ces événements provoquent une nouvelle vague d'exode des Tutsi. Exploitant ces événements, Juvénal Habyarimana renverse immédiatement Grégoire Kayibanda en juillet 1973, puis fonde un parti en 1975, le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND). La même année, le président français Giscard d'Estaing signe un Accord particulier d'Assistance Militaire (2) avec le gouvernement rwandais. Entre 1987 et 1994, des livraisons régulières d’équipement militaire vers le Rwanda seront effectuées par la France pour une valeur de 591 millions de francs (3).
En 1978, Habyarimana change la Constitution et fait adopter un régime à parti unique, le MRND, dont tous les rwandais sont membres d'office.
Les exilés tutsi s'organisent en Ouganda et créent le Front patriotique rwandais (FPR) en 1987. Le 1er octobre 1990, venant de l'Ouganda, le FPR entre en force au nord du Rwanda. La France dès le 4 octobre 1990, le Zaïre, dont les troupes combattront aussi le FPR, et la Belgique interviennent brièvement pour aider à évacuer des occidentaux.
Le soutien militaire français sera maintenu sous la dénomination opération Noroît jusqu'à la mise en place des troupes de l'ONU (MINUAR commandée par le général Dallaire) en décembre 1993.
La légalité de l'opération Noroît est contestable, comme le reconnaîtra le général Quesnot dans une note du 26 juin 1994 adressée au président Mitterrand (4). Le ministre de la coopération Robert Galley témoignera que l'armée française a bien été utilisée afin de stopper l'avancée du FPR (5). Le nombre officiel de militaires français participant à Noroît atteindra 688 personnes (6). Huit à dix mille Tutsis sont emprisonnés en octobre 1990 (7).
L'armée rwandaise massacre 1000 Bahimas (apparentés aux Tutsis) à Mutara, et 348 Tutsis dans la région de Kibilara (8). Le 15 octobre 1990, l'ambassadeur de France au Rwanda, Georges Martres, adresse un télégramme au chef d'état-major particulier du président Mitterrand, dans lequel il mentionne le risque d'un génocide contre les Tutsis (9).
Malgré cet avertissement, le gouvernement français va continuer d'aider le régime d'Habyarimana.
En 1991 divers groupes Tutsis sont exécutés par des extrémistes Hutu. Depuis ses bases arrières établies en Ouganda et avec l'appui en matériel et en hommes de l'armée ougandaise, le FPR établira progressivement une tête de pont au nord du Rwanda où des combats se poursuivront jusqu'en 1994. Ceux-ci sont la cause d'importants déplacements vers la capitale de la population hutu qui fuit les massacres et d'autres exactions attribuées au FPR dans la zone toujours plus vaste qu'il occupe dans le nord du pays.
A la suite du discours de La Baule de François Mitterrand, Juvénal Habyarimana fait changer la Constitution en 1991 pour donner naissance au multipartisme. Sous la pression de la communauté internationale, les accords successifs d'Arusha, négociés en Tanzanie avec le FPR et signés en août 1993, prévoient l'organisation du retour des exilés Tutsi et l'intégration politique et militaire des différentes composantes internes et externes de la nation rwandaise.
Parallèlement, l'entourage de Juvénal Habyarimana et de son épouse Agathe, qui contrôle aussi l'armée et l'économie du pays, créent en 1992 la Coalition pour la défense de la République (CDR), les milices Interahamwe et la radio des Mille Collines (RTLM) qui seront les principaux organes du génocide de 1994 et s'autoqualifieront de "Hutu Power".
Les médias gouvernementaux rwandais joueront un rôle significatif de propagande anti-Tutsie avant et durant le génocide.
Ainsi, la RTLM appelle au meurtre des Tutsis dès 1992. L'ambassadeur belge Johan Swinnen a rapporté à Bruxelles que la RTLM diffuse ces appels à l’extermination des Tutsis (10). Le journal rwandais Kangura, un autre organe des «médias de la haine», publie le 10 décembre 1990 les «Dix commandements du Hutu», texte raciste qui appelle à la haine anti-Tutsi (11).
Au cours de la période 1990-1993, des assassinats politiques (12), les massacres de certaines populations tutsi par les forces gouvernementales seront considérés par une commission d'enquête internationale conduite en 1993 comme des prémices d'un génocide (13)•
Génocide au Rwanda
Le soir du 6 avril 1994, les présidents rwandais et burundais et le chef d'État major rwandais meurent dans un attentat visant l'avion présidentiel rwandais. Le lendemain, le premier ministre, Madame Agathe Uwilingiyimana et d'autres personnalités politiques modérées, dix militaires belges de la Mission des nations unies (Minuar) ainsi que deux sous-officiers français, coopérants militaires, et l'épouse de l'un d'entre eux sont aussitôt assassinés. La mort du président Habyarimana sera le fait initial du génocide rwandais. Le gouvernement intérimaire rwandais aussitôt constitué fait exécuter des hutus dits modérés, qui prônaient la concertation avec le FPR et qui pouvaient constituer un frein à l'exécution du génocide, puis s'ensuivit le génocide des tutsi. Des rwandais seront aussi victimes de la guerre civile entre les FAR gouvernementales et l'APR, bras armé des exilés tutsi du FPR. Enfin des Hutu, exécutés sans jugement comme génocidaires, et parfois leurs familles seront victimes de représailles de soldats du FPR (14).
Le gouvernement intérimaire est dirigé par l'ex-premier ministre Jean Kambanda, qui plaida coupable devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda et fut condamné en 1998 à la prison à vie pour génocide et crime contre l'Humanité (15). Le cerveau présumé du génocide, selon le procureur du TPIR, serait le Colonel Théoneste Bagosora, en cours de jugement en 2007.
Au moins 800 000 Tutsi et Hutu modérés ont été massacrés selon l'ONU, plus d'un million selon les autorités rwandaises et plus encore selon certains auteurs qui font remarquer que la déclaration d'état civil à la naissance n'était pas obligatoire au Rwanda.
Ce génocide fut l'un des quatre génocides du XXe siècle reconnus par les institutions internationales.
Négation du génocide au Rwanda
Le génocide au Rwanda est l'objet d'un négationnisme. Celui-ci conteste d'une part l'existence même du génocide, d'autre part celle de complicités lors des événements. En outre le négationnisme s'appuie sur la théorie du «double génocide», qui tend à mettre en avant l'aspect inter-ethnique de ce conflit.
Toutefois les décisions de la communauté internationale, et notamment de l'ONU de l'OUA et des parlements rwandais, belge et françaisX [réf. nécessaire], sont sans équivoque : il y a eu au Rwanda un et un seul génocide, celui des Rwandais qui avaient une carte d'identité portant la mention «Tutsi» (16).
Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, déclarait en mars 2008, dans la revue Défense nationale et sécurité collective, dont le comité d'études est présidé par le général Christian Quesnot, ancien chef d’Etat-major particulier de François Mitterrand :
«Je ne peux pas cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur, pas plus que je ne peux supporter d’entendre certains défendre la thèse d’un double génocide Tutsi et Hutu.» (17).
Une période de transition politique - 1994 à 2003
Le 4 juillet 1994, le FPR prend la capitale, Kigali.
Le 19 juillet un gouvernement est constitué sur la base des accords d'Arusha. Une période de transition politique est décrétée.
Pasteur Bizimungu devient président de la République. Mais l'homme fort du Rwanda est le général major Paul Kagame, vice-président et ministre de la défense, co-fondateur du FPR, ancien exilé tutsi en Ouganda.
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda est constitué par l'ONU fin 1994.
En 1996, pour venir à bout des génocidaires repliés au Zaïre, le Rwanda, allié à l'Ouganda et aux rebelles de l'Est du Zaïre, envahit le Zaïre et aide le front rebelle dirigé par Laurent Désiré Kabila qui renverse en 1997 le président du Zaïre Mobutu Sese Seko.
Pasteur Bizimungu démissionne en 2000. Paul Kagame est élu président de la République par l'Assemblée nationale.
Le Rwanda doit faire face à un besoin de justice qui engorge les tribunaux et amène à la réhabilitation de la justice traditionnelle Gacaca.
En 2002, l'ancien président de la république, Pasteur Bizimungu, est arrêté et mis en prison. Le parti MDR est dissous par les députés.
Les consultations électorales de 2003
La constitution adoptée par référendum - 26 mai 2003
L'élection présidentielle au suffrage universel - 25 août 2003
Paul Kagame est élu président de la République.
Les élections législatives au suffrage universel - 2 octobre 2003
Les députés favorables à Paul Kagame obtiennent la majorité des sièges. 49% des députés sont des femmes, ainsi qu'une très forte proportion de sénateurs et de ministres, ce qui fait du Rwanda le pays dont la participation des femmes au pouvoir politique est la plus forte au monde
Le Rwanda depuis les élections de 2003
Le Rwanda développe une politique extérieure audacieuse. Il envoie des casques bleus rwandais au Darfour. Un Rwandais occupe des responsabilités au sein de l'Union africaine. En République démocratique du Congo, le problème des FDLR est pris au sérieux par la Communauté internationale. Le ministre de l'économie du Rwanda devient Président de la Banque africaine de développement en 2005. Le Rwanda fait partie des pays qui bénéficient d'une importante remise de dette en juillet 2005 par le G8. Le Rwanda bénéficie incontestablement d'un courant favorable au sein de la diplomatie internationale qui est sans doute dû à la pugnacité diplomatique convaincante de ses dirigeants.
Les Gacaca entrent dans leur phase opérationnelle en janvier 2005. Petit à petit, des Rwandais se rendent compte qu'ils doivent craindre cette justice populaire réorganisée et six mille d'entre eux s'enfuient au Burundi d'où ils sont renvoyés au Rwanda, en ayant vainement tenté d'apitoyer la communauté internationale et les ONG sur leur sort.
Fin novembre 2006, le juge français "anti-terroriste" lance des mandats d'arrêt internationaux contre 9 proches du président Kagamé qu'il soupçonne d'être impliqué dans la destruction de l'avion présidentiel en 1994. Ce juge étant chargé du dossier concernant la mort de l'équipage français qui pilotait l'appareil. En riposte, le gouvernement rwandais rompt ses relations diplomatiques avec la France, expulse Dominique Decherf l'ambassadeur de France à Kigali, ainsi que l'ensemble du personnel diplomatique et 25 000 personnes manifestent contre le gouvernement français dans la capitale africaine.
Le 6 avril 2007 l'ancien président de la République Pasteur Bizimungu est gracié par Paul Kagame et sort de prison.
Politique du Rwanda
Le Rwanda est une république de constitution démocratique. Le Président est élu au suffrage universel; le parlement est constitué de deux chambres : l'Assemblée nationale et le Sénat. Les partis politiques, indépendamment de leurs activités habituelles, se réunissent dans un Forum de concertation, dont les décisions sont prises par consensus.
Le pouvoir judiciaire est constitué de la Cour Suprême, la Haute cour de la République, de Tribunaux de provinces, de Tribunaux de Districts et de Villes, et de juridictions spécialisées : Gacaca (justice traditionnelle villageoise), militaires, etc.
La politique du Rwanda est fortement imprégnée des conséquences du génocide des Tutsi de 1994, du contexte du mal-développement, et de l'instabilité de l'Afrique des grands lacs (Burundi, Ouganda, Est de la République démocratique du Congo).
Le 8 juin 2007, l'Assemblée Nationale du Rwanda abolit la peine de mort, pour tout type de condamnés. Cette mesure est entrée en vigueur le 25 juillet 2007, et aura pour effet direct de voir 600 condamnés à mort voir leur sentence transformée en prison à vie. L'abolition de la peine de mort était l'une des exigences de la communauté internationale pour que les procédures judiciaires à l'encontre des génocidaires dont le dossier est traité par le TPIR soient transférées à la juridiction nationale rwandaise en prévision de la dissolution du tribunal international pour le Rwanda en 2008. La présidence portugaise de l'Union européenne a salué l'abolition de la peine de mort comme «une étape fondamentale vers la promotion des droits de l'homme et traduit la détermination inébranlable d'assurer la justice et la réconciliation au Rwanda 13 ans après le génocide» (18).
Économie du Rwanda
L'économie du Rwanda est principalement marquée par sa forte dépendance de l'agriculture (40% du PIB), une croissance annuelle de plus de 6 %, un développement des services, une faible industrialisation et une très forte densité démographique (>300 hab./km²). L'inflation est d'environ 4 %, et, si le PIB par habitant est d'environ 200 € par an, le PIB-PPA annuel (pondéré par le pouvoir d'achat) moyen par habitant est de 945 dollars. Son indice de développement humain est de l'ordre de 0,40 en 2002, c’est-à-dire dans la moyenne des pays voisins.
En décembre 2004, un euro valait 740 francs rwandais. Il n'y a plus de change «au noir», le gouvernement a structuré la profession, après avoir emprisonné quelques récalcitrants. Un économiste dans une administration peut toucher 100 000 francs par mois, soit 135 euros. Un maître-assistant à l'université peut toucher environ 175 000 francs par mois, soit 235 euros. Les salaires de l'administration sont effectivement payés. À Kigali, un chauffeur pour une journée demande 5000 francs, soit 6,76 euros. Une course en taxi individuel pour environ 5 km à Kigali revient à 2000 francs, soit 2,70 euros, une coupe homme chez le coiffeur environ 700 francs, une heure d'Internet dans un cyber-centre 500 francs, une brique d'un demi-litre de lait UHT 450 francs, une bouteille de 33 cl d'eau de source 250 francs, une brochette de chèvre-frites environ 600 francs (variable), une heure de parking au centre de Kigali 100 francs.
Le Rwanda ne dispose pas de richesses minières, mis à part un peu de coltan. Hormis la question de l'eau courante qui manque à beaucoup, l'un des problèmes majeurs du Rwanda est celui de l'énergie. En 2005 moins de 4 % des Rwandais sont branchés au réseau d'électricité, et ce réseau est loin de couvrir les besoins de ses abonnés qui subissent de fréquentes et longues coupures. Les possibilités de développement local de la production d'énergie sont subordonnées à des accords avec les pays voisins, dans une région marquée par une grande instabilité politique qui plombe les projets possibles.
Le secteur du bâtiment se porte bien. Kigali est passé en vingt ans de quelques dizaines de milliers d'habitants à près d'un million.
Le gouvernement a une perspective globale qualifiée sous le nom de «Vision 2020». Ce projet directeur table sur une croissance de 7 %, un développement du secteur privé, une modernisation de l'agriculture et veut faire du Rwanda un centre régional de services pour l'Afrique des grands lacs.
Le régime rwandais s'est rapproché des initiateurs du projet du NEPAD et partage leur vision.
La Banque Africaine de Développement élit son nouveau président, le Rwandais Donald Kaberuka (Le Monde 22/07/2005)
Géographie du Rwanda
Le Rwanda fait partie de l'Afrique des grands lacs.
Appelé le Pays des mille collines, le Rwanda est bordé au nord par une chaîne de volcans élevés (3500 à 4500 mètres), à l'est par les marais de l'Akagera, au sud-est par les marais du Bugesera, au sud-ouest par le massif forestier de Nyungwe, écrin de la source du Nil, et à l'ouest par l'immense et magnifique lac Kivu.
La capitale, Kigali, est à 1 400 mètres d'altitude et une grande partie du pays est au-dessus de ce niveau. Bien qu'étant situé juste sous l'équateur, du fait de l'altitude, le Rwanda a un climat très agréable et des températures moyennes de 18 à 20 degrés, parfois moins dans certaines régions montagneuses.
Le pays ne manque ni de pluies, ni d'eau. Les forêts d'altitude (en diminution) maintiennent des réserves d'eau qui alimentent les rivières dans les périodes plus sèches (juin-août). Il arrive malgré tout qu'il y ait certaines années des périodes de sécheresse.
Les paysages sont très verdoyants, ondoyants, fréquemment couverts de bananeraies et les rivières abondantes. Dans les vallées et jusqu'au sommet des collines, les petites parcelles cultivées à la houe, quadrillent la campagne. Parfois quelques vaches aux grandes cornes sont veillées de loin par un gamin. De grands nuages lambinent dans le ciel bleu. Peu de villages. L'habitat est dispersé dans les collines. Les maisons sont en brique de terre ocre ou en brique cuite pour les plus cossues, toujours dans un jardin cloturé, sauf parfois en bordure de route. Les fenêtres grillagées. Les toits sont en tôle, parfois en tuiles.
Les mille collines du Rwanda (région de Gitarama)
Les grandes routes qui relient Kigali et les «grandes» villes de province sont en bon état ou en cours de réfection, mais les autres routes, en terre rouge ravinée, sont souvent mauvaises. Quel que soit leur état, elles ne sont jamais désertes, et témoignent, selon les mouvements de la population, de la présence des marchés. Les marchandises achetées ou vendues sont transportées dans des pick-up japonais, sur la tête ou sur des vélos, parfois encore sur de massifs vélos en bois (igicugutu en langue locale) qui semblent n'avoir pas de limite de capacité de charge. De nombreux taxis de «18 places» transportent les gens sur de plus longues distances. L'atmosphère générale donne une impression particulièrement paisible qui contraste avec l'histoire récente. De temps en temps une pluie torrentielle détrempe ce paysage, puis le soleil réapparaît.
Culture du Rwanda
La culture traditionnelle rwandaise est liée à celle des populations de l'Afrique des grands lacs.
La croyance traditionnelle en un Dieu unique, Imana, sensible à leur condition, les récits oraux, la langue et les proverbes, les chants, les tambours et la danse tiennent une grande place dans cette culture fortement imprégnée des combats des guerriers et des activités agricoles : l'élevage et l'agriculture, et en moindre partie, la chasse et la pêche.
Enfants rwandais dans le parc national des volcans
Depuis la colonisation, les vêtements occidentaux se sont répandus mais le pagne en coton reste un lien très important pour les femmes entre la tradition et la modernité.
La médecine rwandaise basée sur les plantes est toujours vivante, malgré l'intégration de la médecine occidentale.
La population est regroupée en clans familiaux et répartie, sur un autre plan, en 3 composantes (ou ethnies, selon une acception popularisée) : Hutu, Tutsi, et Twa. Un recensement de 1996 faisait également état de plusieurs minorités : les Banyenkombo (environ 57 000 individus), les Bagogwe (500 à 1500 personnes) et les Banyambo (environ 400 individus).
La culture traditionnelle rwandaise a été fortement marquée par la colonisation allemande puis belge (1894-1961), les Églises chrétiennes (90% des rwandais sont chrétiens) et par le génocide de 1994.
Le christianisme, l'écrit, l'automobile, le football, la radio et la télévision, le cinéma, l'informatique, le téléphone, la référence à la citoyenneté commencent à bouleverser profondément les attitudes.
Le français ainsi que le Kinyarwanda sont les langues officielles du Rwanda. Mais depuis la guerre civile de 1994 et la complication des relations entre le nouveau gouvernement et la France, la pratique de l'anglais n'a cessé de progresser au sein de la population du fait du rapprochement avec les États-Unis.
Références
1. Cf. article du journal Le Monde du 4 février 1964 : «L'extermination des Tutsi, les massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue» (30 ans avant le génocide de 1994)
2. Annexe du rapport du parlement français - Accord particulier d'Assistance Militaire - article premier « [...] pour l'organisation et l'instruction de la gendarmerie rwandaise» et dont l'article VII stipule que des fournitures d'armes sont possibles à la demande des autorités rwandaises.
3. Rapport d’Information de la Mission parlementaire présidée par Paul Quilès à l’Assemblée Nationale, décembre 1998, tableau pp. 179
4. Note accessible sur le site de la Commission d’Enquête Citoyenne, http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org/
5. Audition par la Mission d’Information Parlementaire sur le Rwanda, journée du 13 mai 1998, Robert Galley «A ce sujet, il convient de distinguer deux phases. La première, qui s’étend jusqu’en 1990, a été notamment marquée par les premières attaques du FPR. Les raids dévastateurs et meurtriers de ce dernier dans le nord du pays furent stoppés par les parachutistes français, certes peu nombreux -ils n’étaient que 125-, mais représentant une force suffisante.»
Jean Hervé Bradol dira aussi aux députés «De 1990 à 1994, quand il a fallu arrêter le FPR, l’armée française a su le faire»
6. Rapport de la Mission d'Information Parlementaire sur le Rwanda, page 167
7. 8.000 et 10.000 personnes qui furent arrêtées et détenues sans charges, quelques-unes pour des jours ou des semaines et beaucoup d'autres pour des mois. Beaucoup parmi eux furent battus ou même torturés de façon systématique. Les conditions de détention étaient déplorables, surtout pendant les premières semaines qui ont suivi les arrestations.Rapport Commission internationale d'enquête de mars 1993, page 14.
8.chiffres provenant de "Accounting for Horror", par Nigel Eltringham, pages 41-42
9.« la population rwandaise d’origine tutsie pense que le coup de main militaire a échoué dans ses prolongements psychologiques... Elle compte encore sur une victoire militaire, grâce à l’appui en hommes et en moyens venus de la diaspora. Cette victoire militaire, même partielle, lui permettrait d’échapper au génocide. », Rapport de la Mission d'Information Parlementaire sur le Rwanda, page 141
10. dans l'ouvrage en langue anglaise « Conspiracy to murder : the Rwandan genocide », Linda Melvern, pp 104
11. dans le même numéro de ce journal, on trouve une photo du président Mitterrand avec la légende : « Les grands amis, on les rencontre dans les difficultés »
12. Par le réseau zéro de l'Akazu selon les uns et/ou par des commandos "network" du FPR
13. Rapport final de la commission internationale d'enquête dit "rapport FIDH de 1993"
14. L'enquête d'Alison des Forges pour la FIDH et HRW les évaluent à 30 000 environ - Aucun témoin ne doit survivre - Karthala
15. Jean Kambanda sur Trial Watch
Décisions du TPIR
16. Page d'accès à un grand nombre de rapport internationaux
17. David Servenay, Quand la "France officielle" parle du génocide rwandais, Rue 89, 7 avril 2008
18. Rwanda Abolishes Death Penalty, dépêche AFP, Kigali, 26 juillet 2007.
19. Les données par années sur le site de la FAO (choisir le pays et l'année.)
20. World Refugee Survey 2008, USCRI.
21. U.S. Committee for Refugees and Immigrants. 2008. World Refugee Survey 2008
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Mme Rose Kabuye (voir aussi la photo ci-dessous)
Par Audrey KAUFFMANN
AFP - 9/11/8 - Une proche du président rwandais Paul Kagame, Rose Kabuye, a été arrêtée dimanche à l'aéroport de Francfort (Allemagne) sur mandat français, une arrestation qualifiée d'abusive par Kigali et qui risque d'envenimer encore les relations franco-rwandaises.
Rose Kabuye, responsable du protocole de M. Kagame, est l'un des neuf proches du président rwandais recherchés par la justice française pour leur participation présumée dans l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, en avril 1994.
Ancienne députée et ancienne maire de Kigali, elle est la première de ces neuf responsables rwandais à être interpellée et devait être rapidement extradée.
Le lancement en novembre 2006 de ces mandats d'arrêts internationaux par le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière a provoqué une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.
Dans son ordonnance, le juge désignait notamment Paul Kagame, à l'époque chef du Front patriotique rwandais (FPR, rébellion tutsie), comme l'instigateur de cet attentat.
"Mme Kabuye a été arrêtée à son arrivée à l'aéroport de Francfort (ouest)", en vertu du mandat d'arrêt européen émis par la France, a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
Cette arrestation a eu lieu "dans le but d'une extradition vers la France" et Mme Kabuye a été présentée dimanche à un juge chargé de statuer sur sa détention, a indiqué de son côté le ministère de l'Intérieur.
L'avocat français de Mme Kabuye, Me Léon Lef Forster, a déclaré à l'AFP que sa cliente souhaitait "être transférée en France le plus rapidement possible" et qu'elle était "prête à parler aux juges" français, affirmant "qu'il n'y (avait) pas grand chose dans le dossier" contre sa cliente.
"Ce transfèrement pourrait intervenir dimanche soir ou lundi", a-t-il dit.
L'avocat a précisé que Mme Kabuye "se trouvait en Allemagne pour préparer une visite du président" Kagame.
Mais selon une source diplomatique à Berlin, la raison de la présence de Mme Kabuye était d'ordre "privé", en rapport avec une visite "privée" du président Kagame, et c'est pour cette raison qu'elle a pu être arrêtée.
Mme Kabuye s'était déjà trouvée sur le sol allemand en avril, mais elle accompagnait alors le président Kagame en visite officielle et Berlin avait affirmé ne pouvoir dans ces conditions procéder à l'interpellation.
Le ministère des Affaires étrangères avait invoqué une loi allemande restreignant la compétence de la justice quand il s'agit de représentants d'autres Etats se trouvant en Allemagne à l'invitation du gouvernement allemand, ainsi que de leur délégation.
De source diplomatique, on soulignait dimanche à Berlin que "le Rwanda (avait) été averti à plusieurs reprises récemment que si Mme Kabuye revenait en Allemagne, elle serait arrêtée".
A Kigali, la ministre rwandaise de l'Information Louise Mushikiwabo, également porte-parole du gouvernement, a dénoncé "un abus de la juridiction internationale".
Colonel à la retraite et combattante de la première heure du FPR, Rose Kabuye est très proche du président Kagame et l'accompagne dans tous ses voyages officiels. Après la victoire du FPR, elle était devenue préfet de Kigali jusqu'en 2000 avant de prendre la direction du protocole de la présidence.
Paul Kagame a toujours nié que lui-même ou le FPR aient joué le moindre rôle dans l'attentat contre le président Habyarimana. Cet attentat avait servi de prétexte aux milices extrémistes hutu pour lancer le génocide contre les Tutsi et les Hutu modérés, qui avait fait environ 800.000 morts, selon l'ONU.
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Le président rwandais Paul Kagame et la directrice du protocole présidentiel Rose Kabuye,
à Nairobi le 7 novembre 2008
AFP - 11/11/8 - Le Rwanda s'apprête à émettre des mandats d'arrêt contre des responsables français mis en cause par Kigali dans le génocide de 1994, sur fond d'escalade judiciaire entre les deux pays après l'arrestation d'une proche du président rwandais.
Pour le deuxième jour consécutif, des manifestants ont défilé mardi à Kigali contre l'arrestation en Allemagne dimanche de la directrice du protocole présidentiel rwandais, Rose Kabuye, a constaté l'AFP.
Mme Kabuye, qui doit être extradée vers la France, est un des neuf responsables rwandais, proches du président rwandais Paul Kagame, recherchés par la justice française pour leur participation présumée à l'attentat contre l'avion du président hutu rwandais Juvénal Habyarimana, en avril 1994, élément déclencheur du génocide.
Mardi, une source au parquet général du Rwanda a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que la justice mettait la dernière main aux actes d'accusation contre 23 des 33 responsables civils ou militaires français mis en cause dans un rapport d'une commission d'enquête rwandaise rendu public le 5 août.
"Les actes d'accusation sont en train d'être finalisés, les mandats d'arrêt peuvent être lancés à tout moment", a ajouté cette source, qui n'a pas précisé l'identité des responsables français visés.
Ce rapport de la commission d'enquête rwandaise a accusé nommément 33 dirigeants politiques et responsables militaires français de l'époque d'avoir "participé" au génocide.
Environ 800.000 personnes, selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés, ont été tuées pendant le génocide d'avril à juillet 1994 au Rwanda, planifié et exécuté par les extrémistes hutu.
La France était "au courant des préparatifs" du génocide, a "participé aux principales initiatives" de sa mise en place et "à sa mise en exécution", a accusé le rapport.
Au rang des 13 dirigeants français incriminés par le rapport, figurent notamment le président français à l'époque des faits François Mitterrand, le Premier ministre Edouard Balladur, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, son directeur de cabinet Dominique de Villepin ou encore le secrétaire général de l'Elysée Hubert Védrine.
La France a reconnu des "erreurs" dans sa politique rwandaise, mais a toujours récusé les accusations lui faisant porter une responsabilité dans les massacres.
Réagissant à ces accusations, le ministre français de la Défense Hervé Morin les avait jugées "absolument insupportables" et assuré que les militaires français n'avaient "rien à se reprocher".
Dix officiers français ayant participé à l'opération militaro-humanitaire Turquoise au Rwanda, en 1994, ont porté plainte en diffamation devant le tribunal de grande instance de Paris après leur mise en cause dans le rapport rwandais, a-t-on appris le 5 novembre de source judiciaire.
Parmi les plaignants figurent cinq généraux, dont Jean-Claude Lafourcade qui a commandé l'opération Turquoise, et cinq colonels, a indiqué à l'AFP un proche des plaignants.
L'annonce mardi du parquet rwandais s'inscrit dans une bataille judiciaire entre le Rwanda et la France entamée en novembre 2006 après la signature des neuf mandats d'arrêt par le juge français Jean-Louis Bruguière, qui a également réclamé des poursuites contre M. Kagame pour sa "participation présumée" à l'attentat contre l'avion de M. Habyarimana.
Kigali a rompu fin novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris à la suite des démarches du juge Bruguière.
Début juillet 2008, M. Kagame avait menacé de faire inculper des ressortissants français pour le génocide si les tribunaux européens, et notamment français, n'annulaient pas les mandats d'arrêt émis contre des responsables rwandais.
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Reuters - 11/11/8 - Le Rwanda demande à l'ambassadeur d'Allemagne à Kigali de quitter le pays à la suite de l'arrestation, dimanche à Francfort, de Rose Kabuye, proche collaboratrice du président Paul Kagame.
Le chef de la diplomatie rwandaise, Rosemary Museminali, qui a annoncé la nouvelle, a souligné que son pays n'avait pas rompu ses relations diplomatiques avec Berlin.
"Il ne s'agit pas d'une mesure permanente (...) Nous avons rappelé en consultation notre propre ambassadeur en Allemagne et demandé à son homologue allemand en poste à Kigali de partir jusqu'à ce que l'affaire soit réglée", a déclaré la ministre rwandaise à Reuters.
A Berlin, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que le diplomate allemand avait lui aussi été rappelé pour consultations. "Nous espérons que l'ambassadeur d'Allemagne au Rwanda et l'ambassadeur du Rwanda en Allemagne pourront reprendre leur poste prochainement", ajoute-t-il dans un communiqué.
Auparavant, le chef de l'Etat rwandais avait qualifié l'arrestation de Rose Kabuye de violation de la souveraineté de son pays.
Mme Kabuye, directrice générale du protocole rwandais, a été arrêtée dimanche à l'aéroport de Francfort par la police en vertu d'un "mandat d'arrêt international délivré en 2006 par la France" [par le juge français Jean-Louis Bruguière, sic], qui vise également huit autres collaborateurs de Kagame.
Elle est accusée de participation à l'attentat dans lequel a péri en 1994 le président rwandais Juvénal Habyarimana, événement déclencheur du génocide rwandais de la même année.
DES CONSEQUENCES
Kabuye s'était rendue à Francfort pour préparer une visite en Allemagne de Kagame, qui effectue une tournée européenne.
Prié, au cours d'une conférence de presse, de dire si l'arrestation pourrait avoir des retombées sur la coopération entre le Rwanda et l'Union européenne à la résolution du conflit en RDC voisine, Kagame a répondu par l'affirmative.
"Certainement, l'arrestation de Rose a des conséquences, prévisibles ou inattendues, parce que, à maints égards, c'est une violation de la souveraineté du Rwanda".
Selon Kagame, l'arrestation de Kabuye aura des conséquences sur les relations du Rwanda avec la France et l'Allemagne.
"Nous verrons comment nous pourrons contester de telles décisions (...)", a dit Kagame après avoir rendu visite à Kabuye en prison en Allemagne.
Le chef de l'Etat rwandais a dit s'attendre à ce que Berlin l'extrade vers la France dans les jours à venir.
Plusieurs centaines de personnes, dont le mari de Kabuye, ont manifesté lundi devant l'ambassade d'Allemagne à Kigali en réclamant la libération de Kabuye.
Le gouvernement allemand explique avoir été obligé de l'interpeller du fait du "mandat d'arrêt international" [sic].
L'avion à bord duquel se trouvait Habyarimana avait été abattu par un missile en 1994 peu avant son atterrissage à Kigali et sa mort avait débouché sur le génocide de quelque 800.000 Tutsis.
Kagame était alors chef des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) qui avait eu militairement le dessus face aux milices hutues gouvernementales et avait mis fin au génocide.
Par Jack Kimball à Kigali et Jonathan Gould à Francfort,
version française Eric Faye, Jean-Loup Fiévet et Jean-Philippe Lefief
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Reuters - 18/11/8 - Arrêtée en Allemagne le 9 novembre sur mandat international émis par la France, Rose Kabuye, proche collaboratrice du président rwandais Paul Kagamé, sera extradée mercredi vers la France.
"Son avion doit arriver à 15h10 à Roissy, elle sera ensuite conduite au palais de justice de Paris", a dit son avocat français, Me Lef Forster.
Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais, est l'un des neuf officiels de son pays visés depuis novembre 2006 par des mandats d'arrêt pour assassinat dans le dossier de l'attentat en 1994 contre le prédécesseur de Paul Kagamé, Juvénal Habyarimana.
La destruction de l'avion présidentiel par un missile lors de son atterrissage à Kigali, imputé par les juges français au FPR de Paul Kagamé, avait été l'élément déclencheur du génocide dans lequel sont morts 800.000 Tutsis et Hutus modérés entre avril et juin 1994.
Dès son arrivée à Paris, Rose Kabuye sera présentée aux juges "antiterroristes" [sic] Marc Trévidic et Philippe Coirre, qui lui notifieront les charges pesant contre elle.
Un premier interrogatoire est possible, mais Me Forster a expliqué à Reuters qu'il pourrait demander un délai pour examiner le dossier. Les juges devront ensuite dire s'ils demandent ou non un placement en détention.
Rose Kabuye s'est rendue en Allemagne alors qu'elle avait été avertie, selon Berlin, des risques d'arrestation.
Les neuf mandats d'arrêt délivrés par le juge Jean-Louis Bruguière, remplacé aujourd'hui par Marc Trévidic, ont amené la rupture des relations diplomatiques franco-rwandaises.
Saisi depuis 1998 après plainte des familles de trois membres de l'équipage français de l'avion et de la veuve d'Habyarimana, Agathe, le juge estime établie la responsabilité de Kagamé et du Front patriotique rwandais.
Arrivé au pouvoir après le génocide, le président Kagamé a toujours nié les accusations et accuse la France de vouloir cacher le rôle qu'il lui impute dans la tragédie. Paris soutenait le régime dont sont issus les génocidaires.
Kigali menace de lancer à son tour des mandats d'arrêt contre les responsables politiques français de 1994.
Thierry Lévêque, édité par Gilles Trequesser
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AP - 21/11/8 - La responsable du protocole du président rwandais, Rose Kabuye, mise en examen mercredi dans l'enquête française sur l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana en avril 1994 s'est dit confiante vendredi quant à l'issue de cette procédure tout en clamant son innocence.
"Personne ne voudrait se faire arrêter, personne ne voudrait quitter son pays et sa famille", a déclaré Mme Kabuye qui a été interpellée le 9 novembre dernier à l'aéroport de Francfort, en Allemagne, où elle était venue préparer une visite privée du président rwandais.
Elle est soupçonnée de s'être sacrifiée pour permettre aux huit autres Rwandais, proches du président Kagame, visés comme elle par des mandats d'arrêt de la justice française depuis 2006, d'avoir enfin accès à la procédure instruite par les juges antiterroristes parisiens.
Cette enquête devait être bouclée à la mi-novembre par les magistrats instructeurs et aurait aboutie alors au probable renvoi devant la cour d'assises des neuf suspects, qui auraient été jugés en leur absence.
L'arrestation de Mme Kabuye, qui relance l'instruction, ne réjouit donc pas forcément les parties civiles. "Ce n'est pas la personne la plus importante du dossier, c'est pour cela qu'elle a été envoyée", analyse Me Laurent Curt, l'avocat de la famille de l'un des pilotes français de l'avion abattu. "Nous avons beaucoup de questions à lui poser, l'enquête va avancer avec des éléments nouveaux", a-t-il néanmoins espéré jeudi.
"Je savais qu'il y avait un risque" d'arrestation, a admis Rose Kabuye lors d'une conférence de presse avec ses avocats à Paris. "Mais je voyageais avec un passeport diplomatique et une lettre de mission de mon gouvernement, alors j'avais bon espoir", a-t-elle affirmé.
"J'ai toujours continué à travailler et à voyager", a assuré Mme Kabuye qui s'est exprimée en anglais. "Confiante" quant à l'issue de la procédure, elle dit avoir accepté son extradition vers la France pour pouvoir "prouver (s)on innocence".
Selon l'un de ses avocats, Me Bernard Maingain, sa cliente ne souhaitait pas s'exprimer sur le fond du dossier car elle allait "réserver la primeur de ses déclarations et des preuves" aux juges d'instruction.
Interrogée sur les auteurs de l'attentat contre l'avion présidentiel qui a été l'élément déclencheur du génocide rwandais du printemps 1994, Mme Kabuye a botté en touche affirmant qu'elle n'était pas "enquêteur".
Elle affirme également ne pas connaître Josué Ruzibiza, un ancien soldat du Front patriotique rwandais (FPR, guerilla tutsie) en rupture de ban qui était l'un de ses principaux accusateurs dans la procédure française, avant de se rétracter dans une interview cette semaine. "Je n'ai jamais contacté Ruzibiza", a insisté Mme Kabuye. "Si je voyais son visage, je me souviendrais peut-être de lui, mais là, je ne me souviens pas".
Libérée à l'issue de sa mise en examen pour "complicité d'attentat en relation avec une entreprise terroriste", mais sous contrôle judiciaire lui interdisant de quitter la France, Rose Kabuye risque de devoir passer plusieurs mois, voire années, en France. Elle a exprimé le souhait de retrouver "au plus vite" son pays et sa famille.
Rose Kabuye, âgée de 47 ans, major dans l'armée patriotique rwandaise, est soupçonnée d'avoir hébergé le commando avant l'attentat du 6 avril.
Outre Juvenal Habyarimana, onze personnes sont mortes dans cet attentat, dont le président burundais Cyprien Ntaryamira. La justice française a ouvert une enquête en 1998 à la suite de la plainte des familles françaises des trois membres de l'équipage de l'avion présidentiel. AP
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AP - 23/12/8 - Rose Kabuye, mise en examen en France dans le cadre de l'attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994, a été autorisée à regagner provisoirement Kigali pour Noël, a annoncé mardi le ministère rwandais de la Justice. Lire la suite l'article
Cette information a été confirmée de sources judiciaires à Paris.
Rose Kabuye, 47 ans, directrice du protocole du président Paul Kagame, était attendue à Kigali mardi ou mercredi, a précisé le ministère.
Elle doit comparaître le 10 janvier devant un juge français pour son "implication présumée" dans l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais, le 6 avril 1994. Cet attentat, alors que l'avion présidentiel allait se poser à Kigali, a donné le top-départ du génocide qui a coûté la vie à plus de 500.000 personnes en cent jours.
Arrêtée le 9 novembre dernier en Allemagne et extradée vers la France, Mme Kabuye a été mise en examen pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" [sic] et laissée en liberté sous contrôle judiciaire. AP