EXPÉRIENCES PARTICULIÈRES DU SOMMEIL ET DU RÊVE
in Dossier "voyage astral" et NDE
Enquêtes Z n° 17, automne 2003
Article de Nicolas Vivant
15 septembre 2003
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Qu’est-ce qu’une OBE (Out of Body Experience) ou Expérience Hors du Corps (EHC) ?
Trouver une définition de l’OBE qui prend en compte l’ensemble des composantes de ce «phénomène» - sans tomber dans le piège de l’interprétation de celui-ci - n’est pas chose aisée. En 1982, Susan Blackmore décrit «une expérience pendant laquelle une personne semble percevoir le monde depuis une situation extérieure à son corps physique (1)»; une sensation curieuse, souvent brève, pendant laquelle on a l’impression de quitter son corps et d’observer le monde depuis une sorte d’ «émanation» de ce dernier.
L’environnement, lui, semble tout ce qu’il y a de réel.
La notion de «voyage astral» est courante pour décrire les Expériences de Sortie hors du Corps. Elle emprunte sa terminologie aux adeptes de la Théosophie de H.-P. BLAVATSKY et la sonorité «occulte» des mots employés explique probablement la préférence des «pro-paranormal» et autres animistes pour ce terme. Nous lui préférerons «OBE» ou «Expérience de Sortie hors du Corps».
Les adeptes du voyage astral le pratiquent seuls ou en groupe et rapportent des «déplacements» pouvant aller du plafond de leur chambre jusqu’aux confins du système solaire (sic). Lors d’une récente émission de radio, un des intervenants affirmait même avoir pu, lors d’un voyage astral de groupe, confirmer la présence d’eau sous forme glacée au niveau des pôles lunaires (2). Par ailleurs, la pratique est fréquemment justifiée par son universalité et intemporalité supposées : référence au chamanisme sud-américain, au «vol de l’aigle» amérindien ou à la lévitation chère aux tibétains, par exemple.
A l’instar de ces sociétés dites «traditionnelles», une mystique de l’OBE est entretenue dans les milieux ésotériques. On note l’extraordinaire profusion (pour ne pas dire diversité) des témoignages, on s’extasie devant la puissante spiritualité forcément liée au phénomène. On témoigne. Beaucoup.
On a fréquemment tendance à rapprocher l’OBE d’un autre phénomène : la NDE (Near Death Experience ou Expérience de Mort Imminente). Un certain nombre de personnes vont même jusqu’à confondre les deux. C’est le cas, par exemple, de Rémy CHAUVIN qui, dans un récent ouvrage, «Le retour des magiciens», aux éditions JMG, mélange allègrement les genres (3).
Pourtant, plusieurs points diffèrent radicalement :
- L’OBE se produit pendant une période de détente et de relaxation (sommeil, méditation) alors que la NDE est souvent liée à un traumatisme grave (coma, perte de conscience liée à un choc, anesthésie générale lors d’une opération, etc.).
- L’imagerie de la NDE est inhabituelle (tunnel, lumière douce et aveuglante à la fois, sensation de bien-être intense, etc.), celle de l’OBE plus conventionnelle (représentation plus ou moins fidèle d’un environnement proche de la réalité).
- On peut vivre un grand nombre d’OBE dans une vie, et on trouve ici ou là des méthodes visant à favoriser le déclenchement de celles-ci. La NDE est très souvent une expérience unique, involontaire, et qui induit presque systématiquement un changement notable dans la psychologie de celui ou celle qui la vit.
Par contre, et c’est probablement ce qui explique la confusion des phénomènes, une NDE est souvent précédée d’une OBE. Dans la grande majorité des cas, l’«expérienceur» sent qu’il quitte son corps puis se retrouve par exemple au plafond de la salle d’opération, observant les médecins qui s’affairent sur celui-ci.
La distinction entre NDE et OBE est pourtant importante, et elle s’impose quand on souhaite aborder ces dernières au niveau expérimental. Un protocole d’étude des OBE est relativement simple à mettre en place, autant pour les aspects psychologiques que neurophysiologiques, dans la mesure où le phénomène est reproductible sans trop de difficulté. Il semble même pouvoir être induit comme le rapporte un article d’Olaf BLANKE et ses collaborateurs (4).
A l’inverse, les conditions extrêmes qui entourent la plupart des NDE rendent l'approche scientifique de celles-ci beaucoup plus malaisée.
Le risque majeur du rapprochement OBE-NDE est donc que la confusion semblant prédominer aujourd'hui dans l'étude des NDE occulte les avancées notables de ces derniers temps pour ce qui concerne les OBE.
Quel intérêt une Expérience hors du corps peut-elle représenter ?
On trouve des traces de récits pouvant s’apparenter aux OBE dès l’antiquité. Néanmoins, les premières tentatives d’une explication globale du phénomène ne datent que de la fin du 19ème siècle. Elles sont souvent l’œuvre de chercheurs qui privilégient l’hypothèse animiste : lors de l’OBE, l’âme (ou, une «projection astrale» du corps selon la terminologie théosophique) se sépare temporairement du corps et se déplace dans le monde physique. L’enjeu, dans ce cadre précis, est énorme. Il s’agit ni plus ni moins que de découvrir dans quelle mesure les OBE seraient révélatrices de l’existence d’une forme de conscience indépendante de l’enveloppe physique.
Il faudra attendre la deuxième moitié du 20ème siècle pour que, l’évolution des outils de mesure aidant, des scientifiques d’horizons divers (psychologues, psychiatres, neurobiologistes) s’intéressent aux OBE au niveau expérimental. L’utilisation de l’électro-encéphalogramme (EEG) et surtout du polygraphe - qui permet d’enregistrer plusieurs paramètres simultanément (rythme cardiaque, rythme respiratoire, EEG, mouvements oculaires, etc.) - dans les «Laboratoires du Sommeil» permet des avancées considérables dans des domaines qui touchent de près ou de loin aux OBE. Celles-ci deviennent alors partie intégrante d’études liées au sommeil (M. JOUVET, Lyon, France) ou à la conscience (S. LaBerge, Standford, Californie), voire des sujets d’étude à part entière (Susan BLACKMORE, Bristol, Royaume-Uni).
Les notions de lucidité, de conscience, de mémoire, d’«input sensoriels» (toute information transmise au cerveau par l’un des cinq sens) et de subconscient sont l’objet de recherches toujours plus poussées et notre compréhension de celles-ci évolue rapidement. Les Expériences de Sortie hors du Corps participent ainsi de ces avancées scientifiques, au même titre que de nombreux autres «phénomènes» (REM, rêves lucides, faux éveils, somnambulisme, érections nocturnes, etc).
Un simple coup d’œil sur les publications touchant aux OBE permet d’en prendre conscience : les niveaux d’attente différent incroyablement entre partisans de l’hypothèse paranormale et communauté scientifique.
Une expérience aussi inhabituelle que l’OBE, quand elle est sous-tendue par la croyance en une survie de «quelque chose» après la mort, revêt une importance primordiale pour celui qui la vit. C’est cette croyance, nourrie d’espoir, qui est certainement à l’origine de bien des passions.
A l’inverse, quand l’OBE est étudiée comme un état de conscience (BLACKMORE), ou comme un simple rêve de type particulier (LABERGE, JOUVET), elle n’est qu’un élément parmi une masse d’objets d’étude.
Cette différence de niveau d’attente explique certainement la frustration de nombre de «pro-paranormal» vis-à-vis de la communauté scientifique. Ils rêvent d’âmes, et héritent de polygraphes.
Hypothèses et théories
Dans sa FAQ (Foire aux questions) sur les OBE parue en 1994, Jouni A. Smed présente les différentes théories sous cinq grandes sections, elles-mêmes groupées selon deux postulats principaux : «Quelque chose quitte le corps», ou «Rien ne quitte le corps». L’intérêt de cette représentation est qu’elle est en adéquation avec les différentes approches expérimentales possibles.
«Quelque chose quitte le corps»
Les théories «physiques» (Un double physique voyage dans le monde physique)
Elles partent du principe que chacun d’entre nous aurait un second corps physique pouvant se séparer du corps habituel pour se déplacer dans le monde réel.
Les différentes théories physiques butent tout d’abord sur le problème de la constitution et de l’aspect de ce second corps. CARRINGTON (5) et TART (6) font état de témoignages où les représentations vont du globe à l’entité lumineuse diffuse, en passant par des copies plus ou moins denses du corps usuel.
Ensuite, ces théories n’expliquent pas les petites différences avec le monde à l’état éveillé que les témoins rapportent quasi systématiquement. En effet, au cours d’une OBE, les lieux «visités» ne sont pas exactement identiques à ce qu’ils sont usuellement (motif des rideaux inhabituel, habitations nouvelles dans une rue pourtant bien connue, etc.).
Enfin, et surtout, aucun exemple d’interaction réussie entre l’émanation corporelle et l’environnement réel n’est venu confirmer ces théories.
Théorie du monde astral physique (Un double non physique voyage dans le monde physique)
Nombreux sont les tenants de l’hypothèse selon laquelle l’«âme» (la définition de ce terme étant variable d’une théorie à l’autre) peut quitter temporairement le siège physique de la conscience et donc se déplacer facilement, au gré de la volonté de celui qui expérimente une OBE. C’est ainsi qu’on entend certains «expérienceurs» prétendre se déplacer à la vitesse de la pensée et visiter des lieux très éloignés.
Mais dès 1982, Susan Blackmore explique dans son article «Beyond the Body : an Investigation of Out of Body Experiences» (7) que cette théorie ne peut être valide car elle se trouve confrontée aux mêmes écueils que pour les théories «physiques». Par ailleurs, aucune expérience, quand elle est menée dans un cadre strictement contrôlé, n’a permis de valider le déplacement dans notre monde physique d’une conscience décorporée sensible à son environnement (c'est-à-dire capable au moins de recueillir de l’information).
Théorie du monde astral mental (Un double non physique voyage dans un monde astral non physique, mais «objectif»)
La notion de monde astral mental mais objectif n’est pas facile à appréhender. Ces théories soutiennent l’hypothèse de l’existence d’un monde qui, bien qu’il ne soit que mental, n’en est pas moins unique et objectif. C’est en quelque sort un monde parallèle, superposé à notre monde physique. Il est indépendant de celui qui l’observe, ses caractéristiques étant partagées par tous, un état de conscience particulier permettant alors d’y accéder. Ces théories précisent que toute personne présente dans ce «monde astral» peut, par l’action de sa seule pensée, le faire varier selon sa propre volonté, la modification est alors accessible à tout autre visiteur. La question qui se pose à l’expérimentateur est donc celle-ci : «dans le cadre de cette théorie, la représentation du monde visité est-elle unique et accessible à tous ou dépend-elle de l’individu qui vit l’expérience hors du corps ?».
Dans l’article de 1982 auquel nous nous sommes déjà référés, Susan BLACKMORE place le problème au niveau du fonctionnement de la pensée : elle explique que les souvenirs sont stockés d’une façon ou d’une autre dans notre cerveau, selon un codage qui nous est propre. En effet, on sélectionne et retient plus ou moins bien les choses en fonction de notre vécu, de nos centres d’intérêt, etc. Si on part du principe qu’une pensée peut-être stockée dans le "monde astral", cela signifie que quelqu’un peut l’y déposer et quelqu’un d’autre y accéder. Mais comme le système de stockage et de rappel des souvenirs est unique pour une personne donnée, comment ces pensées du monde astral peuvent-elles faire sens pour une tierce personne ? Pour prouver ces théories, il faudrait donc que quelqu’un arrive à récupérer tout ou partie des pensées d’une autre voyageur à travers le monde astral.
«Rien ne quitte le corps»
La théorie parapsychologique (Imagination plus Perception Extra-Sensorielle)
Selon cette théorie, une OBE est la concomitance de deux phénomènes. Le premier, de type hallucinatoire, est la reconstitution par le subconscient d’un monde imaginaire proche du monde réel. Le second serait l’obtention de données et paramètres «objectifs» par Perception Extra-Sensorielle (ESP en anglais). L’étude expérimentale de cette théorie ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes : d’après Susan BLACKMORE, dire de ce phénomène qu’il repose sur une hallucination n’apporte rien à la recherche. Y ajouter une dimension de perception extra-sensorielle n’aide pas plus à la compréhension, l’existence même de l’ESP n’étant à ce jour étayée par aucune étude scientifique sérieuse. Les expériences (toutes anciennes) qui ont tenté de mettre en évidence des interactions de ce type se sont pour la grande majorité soldées par des résultats négatifs (voir par exemple MORRIS, et all. 1978, «Studies of communication during out-of-body experiences», Journal of the Society for Psychical Research, 72, 1-22)
Les théories psychologiques actuelles
Plusieurs chercheurs en psychologie se sont spécialisés dans l’étude des rêves, des phénomènes de paralysie du sommeil et ont abordé les notions de conscience, d’éveil, etc. Parmi ceux-ci, Susan Blackmore et Stephen LaBerge ont consacré une grande partie de leur travail à l’analyse d’OBE et autres NDE. S’ils sont partis de postulat différents, leurs conclusions sont peu ou prou les mêmes. Une OBE se produit lorsque dans un état de conscience, la perception sensorielle du sujet est inhibée. Le cerveau n’étant plus renseigné sur son environnement par le biais des cinq sens, il aura tendance à recréer de mémoire un modèle de représentation connu : un corps et un lieu. (8)(9)
Ce modèle a permis d’expliquer la plupart des sensations liées aux OBE. On sait, par exemple, que la perception de l’attraction terrestre est un des éléments permettant de se situer dans l’espace, notamment pendant le sommeil. La perte de cette information est à l’origine des sensations de «flottement» et de «sortie hors du corps» typiques d’un début d’OBE.
La recherche psychologique et neurologique
Les tenants des différentes théories «paranormales» se plaignent régulièrement du manque d’intérêt témoigné par la communauté scientifique pour les phénomènes extraordinaires. Nous avons vu, dans un paragraphe précédent, qu’une différence de perception des «enjeux» explique en grande partie cette quasi indifférence du milieu scientifique. Par leur nature même, les OBE ont dans un premier temps attiré des chercheurs passionnés de mystère, aux convictions souvent spiritualistes. Depuis le début des années 80, il semble au contraire que la plupart des études réalisées sont l’œuvre de scientifiques sans a priori. Des avancées considérables ont découlé de ces travaux et l’interprétation surnaturelle du phénomène est devenue largement minoritaire.
Michel Jouvet, célèbre neurobiologiste (il est, entre autres, à l’origine de la notion de «sommeil paradoxal»), écrit en 1992 : «Je dois confesser que pendant longtemps je n’ai pas cru à l’existence de ces rêves lucides. Cependant, depuis 3 ans, à 4 reprises, j’ai pu constater l’extraordinaire expérience subjective que représentent le déroulement de l’imagerie onirique que l’on ne peut influencer, et à laquelle on assiste en étant parfaitement conscient qu’il s’agit d’un rêve.» (10). Ce scientifique reconnu valide dans plusieurs de ses publications l’hypothèse psychologique de Stephen LaBerge : elle n’entre pas en conflit avec ses propres observations expérimentales.
Stephen LaBerge, psychologue chargé de recherche à l’université de Stanford (Californie), a pu établir que les OBE ne sont probablement qu’un type particulier de rêve lucide.
LaBerge décrit deux types de rêves lucides : le «DILD» (Dream Initiated Lucid Dream) au cours duquel le sujet prend conscience de son état onirique au beau milieu d’un rêve (plus de deux minutes après l’entrée dans la phase de sommeil paradoxal). Si le DILD représente 80% des rêves lucides observés, c’est lors de «WILD» (Wake Initiated Lucid Dream) que se produisent la majorité des OBE.
On considère qu’il y a WILD quand le sujet passe directement d’une phase d’éveil à une phase de sommeil paradoxal assortie d’un rêve lucide. Une étude célèbre de LABERGE portant sur 572 personnes a permis d’analyser 107 rêves lucides. 28% des WILD ont été reportés comme étant des OBE, pour seulement 6% des DILD.
LABERGE a par ailleurs mis en évidence les nombreux points communs liant les OBE aux phénomènes de «paralysie du sommeil».
Pour LABERGE, comme pour BLACKMORE, la perte d’«input sensoriels» est à l’origine de ceux-ci (11).
Susan BLACKMORE, psychologue de Oxford, a consacré une grande partie de ses recherches aux OBE et aux NDE. Ayant elle-même (lors d’une séance de Ouija !) vécue une OBE en 1970, elle décide d’en faire son sujet d’étude de prédilection afin de «prouver à tous [les scientifiques] qu’ils ont tor». Dans son esprit, seule la parapsychologie peut l’aider à expliquer ses phénomènes.
Dix ans de travaux scientifiques plus tard (en 1987), elle écrit un article intitulé «The Elusive Open Mind : Ten Years of Negative Research in Parapsychology» (L’insaisissable ouverture d’esprit : dix ans de recherches infructueuses en parapsychologie), constat d’échec amusé d’une chercheuse faisant pourtant référence dans le domaine.
Elle y établit l’impossibilité de la parapsychologie à fournir des interprétations pertinentes permettant de progresser dans la connaissance des OBE et NDE : «(…) nous avons assez de résultats pour répondre qu’il n’y a pas de preuve de l’origine surnaturelle des OBE, il n’y a pas de preuve de quoi que ce soit quittant le corps, et il n’y a pas de preuves d’effets causés par des personnes hors de leur corps. (…) J’ai suggéré que les OBE se produisaient tout simplement quand le système perd le contrôle sensoriel et remplace le «modèle de réalité» habituel par une construction issue de la mémoire. Celle-ci semble réelle parce qu’elle est le meilleur modèle à la disposition du système à ce moment-là, et c’est pour cela qu’elle est choisie pour représenter cet «ailleurs».(12)
La contribution de LABERGE et BLACKMORE est unanimement reconnue, autant dans le milieu scientifique que parapsychologique, mais elle reste une interprétation exclusivement psychologique du phénomène.
En 1992, Michel JOUVET écrit : «L’interprétation en termes neurobiologiques de ces phénomènes nous échappe». Dix ans plus tard, un article de Nature permet enfin d’en savoir plus sur les aspects neurophysiologiques de l’expérience.
Olaf BLANKE et ses collaborateurs du département de neurologie de l’Hôpital de Genève (Suisse) montrent en effet, dans une publication datant de 2002, qu’il est possible d’induire une OBE par stimulation électrique de la zone appelée «gyrus angulaire» située à cheval entre le lobe temporal et le lobe pariétal. L’expérience portait à l’origine sur l’épilepsie, et c’est par hasard que ce lien est mis en évidence. Nul doute que ce premier pas permettra, s’il est suivi de recherches plus précises, une meilleure compréhension des mécanismes neurologiques en jeu.(13)
Références :
(1) Blackmore, S. J., Beyond the Body : an Investigation of Out-of-Body Experiences, Heinemann, Londres, 1982
(2) Propos tenus par Serge BOUTBOULE dans l’émission de France Inter “Histoires possibles et impossibles” du dimanche 24 juin 2001 intitulée “Le voyage astral”.
(3) Remy CHAUVIN, “Le retour des magiciens”, Ed. JMG, 2002
(4) Blanke, O., Ortigue, S., Landis, T. and Seeck, M. «Stimulating illusory own-body perceptions». Nature, 419, pp. 269-270, 2002.
(5) Muldoon, S. and Carrington, H., “The Projection of the Astral Body”, Rider & Co., Londres, 1929
(6) Tart, C. T., “Out-of-the-Body Experiences” (in Mitchell, E. ed. Psychic Exploration, New York: G. P. Putnams Sons, 1974, pp. 349-373)(7) Blackmore, S. J., op. cit.(8) Blackmore, S., “A theory of lucid dreams and OBEs” (In Gackenbach, J. and LaBerge, S., (Eds.), Conscious Mind, Sleeping Brain, p. 373-387, Plenum, New-York, 1988
(9) Levitan, L., LaBerge, S., “Other Worlds: Out-Of-Body Experiences And Lucid Dreams” (in NIGHTLIGHT 3(2-3), 1991)(10) Jouvet, M., “Le sommeil, l'autre versant de l'esprit”, Revue de Métaphysique et de Morale, N° 2, p.185, 1992(11) Levitan, L., LaBerge, S., op. cit.(12) Blackmore, S. “he Elusive Open Mind: Ten Years of Negative Research in Parapsychology” in The Skeptical Inquirer 11, pp. 244-255, 1987)(13) Ajout daté du mois d’avril 2003 : Olaf Blanke, entouré de Philippe Maeder, spécialiste en techniques d’imagerie fonctionnelle, et de Christine Mohr, neuropsychologue genevoise est en train de mettre au point une expérience qui associe électroencéphalogramme (EEG) et imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF) pour traquer l’endroit précis du cerveau qui provoque ce «dysfonctionnement» transitoire de la représentation spatiale du corps. Le but est d’identifier les zones effectivement activées par les stimuli lors d’une OBE.
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(HOW ARE LUCID DREAMS RELATED TO OUT-OF-BODY EXPERIENCES (OBEs )?)
RÊVE & PSI par Stephen LaBerge Chapitre 9 de son ouvrage Le Rêve lucide, au format pdf (à télécharger) |
A mysterious and highly controversial phenomenon sometimes occurs in which people experience the compelling sensation that they have somehow "left their bodies." The "out-of-body experience" or "OBE", as this fascinating phenomenon is usually termed, takes a variety of forms. In the most typical, you are lying in bed, apparently awake, when suddenly you experience a range of primarily somatic sensations, often including vibrations, heaviness, and paralysis. Then you experience the vivid sensation of separating from your "physical body" in what feels like a second body, often floating above the bed.
It is important to note the distinction between the phenomenal reality of the OBE and the various interpretations of the experience. What is really happening when you feel yourself "leaving your body"? According to one school of thought, what is actually happening is just what it feels like : you are moving in a second body out of and away from your physical body--in physical space. But this "explanation" doesn't hold up very well under examination. After all, the body we ordinarily feel ourselves to be (or if you like, to inhabit) is a phenomenal or mental body rather than a physical body. The space we see around us is not physical space as "common sense" tells us, but as modern psychology makes clear, a phenomenal or mental space. In general, our consciousness is a mental model of the world.
OBE enthusiasts promote lucid dreaming as a "stepping stone" to the OBE. Conversely, many lucid dreamers have had the experience of feeling themselves "leave the body" at the onset of a lucid dream. From a laboratory study, we have concluded that OBEs can occur in the same physiological state as lucid dreams. Wake-initiated lucid dreams (WILDs) were three times more likely to be labeled "OBEs" than dream initiated lucid dreams. If you believe yourself to have been awake, then you are more likely to take the experience at face value and believe yourself to have literally left your physical body in some sort of mental or "astral" body floating around in the "real" physical world. If, on the other hand, you think of the experience as a dream, then you are likely to identify the OBE body as a dream body image and the environment of the experience as a dream world. The validity of the latter interpretation is supported by observations and research on these phenomena.
Source : http://www.lucidity.com/LucidDreamingFAQ2.html
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by Donald J. DeGracia *
Publié sur le site de Theosophy World (octobre 1997)
Voir : http://www.theos-world.com/archives/html/tw199710.html#ARTICLE0067
Introduction
The purpose of this article is to shed light on various frameworks available for understanding the nature of conscious experiences which occur during sleep. More specifically, this article would like to compare the ideas of "lucid dreaming", "out-of-body experiences" (OBEs) and "astral projection" from a historical and scientific perspective. There is a great interest in conscious sleep phenomena, but there also tends to be a confusion of terminology which results from a bewildering array of literatures about the nature of such experiences. This article will discuss the fact that there are presently multiple paradigms in operation which people use indiscriminately and interchangeably to describe conscious sleep experiences. The purpose of this article is to lay these paradigms side by side and compare the features and history of each. This will only be a cursory overview because the history and features of the paradigms to be discussed are very complex. The hope of this article is that such a comparative analysis will help eliminate some of the confusion of terminology and thought which has resulted from mixing incompatible paradigms, and thereby help pave the way for the development of a richer scientific and empirical approach to conscious sleep experiences.
Let us begin by noting that scientific ideas always undergo an evolutionary development. In the early stages of scientific understanding of a phenomena, conceptions of the phenomena are often of a "common sense" nature (Churchland, 1986). In time, common sense approaches are superseded by more empirical and scientific understanding. There may be a stage in the development of understanding in which multiple frameworks for conceptualizing a phenomena exist side by side. Consider, for example, the idea of motion. Our understanding of motion has passed through several stages of development. In the Middle Ages, motion was conceptualized by Aristotle's idea of "natural place", which stated that bodies fall towards the Earth because that is their "natural affinity". Eventually this idea was replaced by Newton's conception of gravitation as being the attraction between objects which contain mass, as embodied in Newton's three laws of motion. Newton's conceptions held sway for several centuries until Einstein replaced the Newtonian idea of gravity as "action at a distance" with the notion of gravity as the bending of space-time. Today we do not take seriously Aristotle's notions of motion; however, the Newtonian and Einsteinian views do indeed exist side by side. These latter, however, are clearly distinguished, and confusion between their tenets is unlikely.
The evolution of scientific ideas entails the establishment of paradigms, and the transformation of these paradigms through time (Kuhn, 1971). The history of science is a living testimony to this pattern of intellectual evolution. Other examples in the history of science include the evolution of notions such as "heat", "atoms", "electricity", "gene"; all of these notions have undergone substantial paradigm changes through history. We will argue that such is the case with paradigms attempting to conceptualize conscious sleep experiences.
In the above example, there was only one phenomena, that of the motion of natural bodies. However, there were three completely different ways to conceptualize the nature of this phenomena (e.g. Aristotelian, Newtonian and Einsteinian). This is a critical point to make: there are multiple ways by which to conceptualize a phenomena, and each of these can be considered a paradigm. This then is our point of departure for considering the various paradigms used to conceptualize conscious experiences during sleep. We can presume that there is one essential phenomena, which I have chosen to term "conscious experiences during sleep". My thesis is that there are currently multiple paradigms used to conceptualize this phenomena. Let us first review what I mean by "conscious experiences during sleep" and then I will lay out the three main paradigms used to conceptualize such experiences.
Forms of Conscious Experience During Sleep
First we must begin by defining what is meant by "conscious". I am not using this term in any metaphysical sense at all but am using it in a purely pragmatic sense. By "conscious" I mean that which fills direct, subjective awareness. This is to be contrasted to unconscious. For example, the operation of neurological reflexes involved in maintaining balance are unconscious aspects of psychological operation. Visual perceptions, and in general, any sensory experience to which we pay attention, are conscious. The contents of conscious awareness can include sensory, emotional and mental components. This view of consciousness is taken directly from that of Baars (Baars, 1988). Hence, when speaking of conscious experiences during sleep, I mean sensory, emotional or mental content which exists in direct subjective awareness during sleep.
The most common conscious sleep experience is dreaming. Dreams are a form of conscious awareness during sleep. When we dream, we are consciously aware of visual, auditory, tactile, kinesthetic and emotional content, as well as thought (both cognitive and metacognitive) and to lesser extents smells, taste and pain. With respect to sensory perceptions during dreams, these are presumably hallucinations, but they are conscious experiences nonetheless. We may or may not remember our dreams upon awakening. Research has shown, in fact, that we do not remember the bulk of our nightly dreams (Hobson, 1988). We tend to remember those dreams that occur prior to awakening, at least fleetingly upon awakening. It has been shown in the sleep lab that waking sleepers directly from REM sleep allows for significant recall of dreams. When we do remember our dreams, it is clear that they are conscious experiences that, in many respects, resemble our waking conscious experiences.
A second type of conscious sleep experience is the phenomena of hypnagic hallucinations (reviewed in Mavromatis, 1987). Hypnagogic hallucinations tend to occur during stage 2 non-REM (Hobson, 1988), and involve the perception of complex visual imagery that may or may not be realistic in quality. Hypnagogia is distinguished from dreaming in that the former does not contain the rich, multimodal sense of immersion of the latter. Also, hypnagogia is less structured than dreaming, and does not form an integrated narrative as dreams do. Hypnogogia occurring upon awakening is termed "hypnopompic hallucinations".
A third type of conscious sleep experience is that which has been discovered upon waking sleep subjects from non-REM sleep. This is described as "less dream-like and more thought-like". Unlike dreams, there is generally no sensory component this form of sleep consciousness and it predominately manifest as thinking. The nature of this thinking activity has been described as "common place ... concerned with real life events ... banal and repetitive" (Hobson, 1988).
It should be explicitly pointed out that dreams do not occur exclusively during REM sleep but have also been observed during non-REM sleep. The probabilities of obtaining a dream report from REM and non-REM sleep is about 80% and 30%, respectively (Okuma, 1992). This fact has substantially loosened the association of dreaming as a REM state phenomena and many workers in the field no longer accept that there is a causal relation between REM sleep and dreaming (Mancia, 1995).
A fourth type of conscious sleep experience is sleep paralysis. This involves usually the (presumably hallucinatory) perception of the environment in which the person is sleeping accompanied by the inability to move despite intense effort to do so. Sleep paralysis may often be associated with intense feelings of dread or fear. The subject tends to be lucid and may believe that they are awake. The subject in the sleep paralysis state can be awakened simply by touching them (Hobson, 1988).
A fifth recognized state of sleep consciousness is sleep terror. Here there is a feeling of intense terror and dread without any accompanying sensory perceptions or cognitive activity. The subject may awaken drenched in sweat, heart beating rapidly and crying out.
Finally, and most importantly for the following discussion, there is a sixth state of consciousness during sleep. In this state, the subject is dreaming, but is aware of the fact that they are doing so. This state has been termed "lucid dreaming" (LaBerge, 1985) or "conscious dreaming" (Rifat, 1997). I will use the term "lucid dreaming" throughout this article. This state is currently characterized by the notion that the dreamer is aware they are dreaming. However, as I will discuss below, this is not the most suitable definition of this state, and this definition of lucid dreaming has helped contribute to some degree of confusion in characterizing this state of sleep consciousness. Below, we will address the paradigms used to conceptualize this phenomena of lucid dreaming.
I would also like to add that states of trance and certain states resulting from meditative practices are closely related to conscious sleep experiences. At present, there is no clear characterization of meditative states to allow for a precise description of how exactly these relate to sleep itself, or states of consciousness during sleep. Nonetheless, phenomenological descriptions of subjective awareness during meditative practice are highly reminiscent of sleep conscious states, particularly the hypnagogic state.
In sum, I have described above six forms of conscious sleep experience. Clearly, consciousness during sleep is very complex and can manifest in multiple forms. What all six of these states share in common is that they are indeed manifestations of conscious awareness during sleep. I thus propose the adoption of this general terminology when discussing these states: they are conscious sleep experiences. In the above descriptions, I tried, as best as possible, to describe the empirical facts of these various manifestations of sleep consciousness without interpreting these empirical facts within a specific paradigmatic framework, which, of course, is not completely possible. For example, calling a lucid dream a "lucid dream" implies a specific paradigm, as I will discuss below. I would now like to explicitly turn attention to the paradigms used to describe and interpret these empirical states of sleep consciousness. Again, the general thesis is that there is only one set of phenomena, consciousness during sleep, but that there are multiple ways to conceptualize this phenomena and its complex manifestations.
Paradigms of Consciousness During Sleep
There are three main paradigms which have evolved to conceptualize consciousness during sleep. These paradigms share predominantly a focus on the phenomena of lucid dreaming, although the other states of sleep consciousness play into these paradigms to some extent or another. These paradigms display the evolutionary development discussed above; the earliest paradigms were based on simple, common sense notions and the latter paradigms became more refined and were based on more technical and scientific considerations. The three paradigms I will discuss which have served to conceptualize primarily the lucid dream phenomena are (1) the occult paradigm, (2) the parapsychological paradigm, and (3) the scientific paradigm. Each of these paradigms has given a different name to what I will argue is essentially the same phenomena. The names each has used to describe lucid dreaming is (1) astral projecting, (2) out-of-body experiences, and (3) lucid dreaming, respectively. The relation between terminology and its respective paradigm is listed in the following table, as are some of the historical lineages of each paradigm.
Paradigm Term for "Lucid Dream" Historical Associations
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Occult Astral Projection Eastern and Western Occult
Traditions (Yoga, Tantra,
Theosophy, Hermetics, etc.)
----------- ---------------------- ------------------------------
Parapsycho- Out-of-body Experience Psychical Research,
logical Parapsychology
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Scientific Lucid Dream Biology, Psychology, Sleep
Research
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Because of the development of the EEG as a tool in sleep research, which gained widespread usage in the 1960s following the work of Aserinsky and Kleitman (1953), we are now able to define each of the above 6 conscious sleep states in terms of electrophysiological correlates. This in itself is a implicit reliance on scientific paradigms of these states. However, some of these states, particularly the lucid dream and hypnagogic states have been described in Western literature for close to 150 years. Earlier descriptions of these states did not have the luxury of defining EEG correlates and thus, these states were described primarily in subjective, experiential, and phenomenological terms. Some of the earliest workers who described altered states of consciousness which resemble in almost all respects what we now call "lucid dreams" were D'Hervey de Saint-Denys (1867), Charles Leadbeater (1895), Frederik Willems Van Eeden (1913) Oliver Fox [Hu Evert] (1920), and Muldoon and Carrington (1929). We must forego a detailed review of these and other early authors and only outline the salient features of their interpretations of their experiences.
The Occult Paradigm
Authors such as Leadbeater, Fox and Muldoon form a historical lineage in the occult paradigm. The essence of the occult paradigm is that the world revealed to our senses is but one of several, usually seven, worlds, or planes of nature. The general idea that there are other worlds not visible to our senses has a very long history, dating back millennia in ancient Indian thought, vestiges of which can be found in the ancient Greek notion of the "heavenly spheres"; ancient Gnostic traditions also describe the seven aethers. A mosaic of these ancient ideas is to be found in the Theosophical teachings (circa 1900), such as those of Leadbeater, which in turn influenced later authors like Fox and Muldoon.
Within the Theosophical framework, there exists seven planes termed the physical, astral, mental, buddhic, atmic, anupadaka, and adi. Accordingly, each person has a "body" capable of traveling on its respective plane. Hence, the idea of astral projection was that one used their astral body to travel on the astral plane.
First, it can be stated that this notion of seven planes provided a prescientific paradigm for conceptualizing human psychology. The physical plane is the world of the physical sensation, the astral plane is the realm of emotion, the mental plane is the realm of thought, the buddhic plane is the realm of the soul, and the higher planes are abstractions reflecting levels of relationship between the individual soul and the universal transcendental essence, roughly translated as God. The occult paradigm projects the psychology of the human being into the very structure of the universe. In the premodern era, before our detailed scientific description of natural phenomena, this analogical reasoning dominated intellectual discourse.
It seems reasonable to infer that the idea that there are worlds which exist beyond the ken of our senses derives directly from the experience of lucid dreaming, as well as from meditatively-induced states. That is to say, the simplest and most common sensical interpretation of the lucid dream experience, and similar altered states, is that some non-material, soul-like entity has left the physical body and physical world and has entered into a nonphysical world. It can be easily imagined that, through premodern history, the few individuals who left records of their lucid dreams, or similar altered states of consciousness, and interpreted them in an occult framework, spawned a whole paradigm/mythology of the nature of these nonphysical planes. This would include notions of the planes, of reincarnation, of nonphysical bodies, and include such terminology as "auras", "chakras" and "kundalini". Most of these notions have their origin in ancient Indian traditions from which Theosophy heavily drew, and many of these notions persist today and are applied to conscious sleep states.
Today there is still confusion between lucid dreams and astral projections. In fact, the techniques for inducing either are identical (compare Rogo, 1986, with LaBerge and Rheingold, 1990), and the content of the experiences are identical, indicating that these are in fact the same state of consciousness. The confusion results because there is not a clear recognition that the terms "astral projection" and "lucid dream" represent different paradigms for conceptualizing the exact same experience. I will discuss the relative validity of these two paradigms below.
The Parapsychological Paradigm
The parapsychological paradigm has its historical roots in the occult paradigm. At the turn of the 20th century, as the notion of "astral projection" and other occult phenomena became more widespread, it attracted attention from those not involved in occult movements. Specifically, nonoccult investigators began to investigate independently the claims of occultists such as Leadbeater. Hence was born in the mid 1800s the British Society for Psychical Research, and later in America, The American Society for Psychical Research. Early psychical researchers were influenced by such movements as Theosophy or Spiritualism, as seen, for example, in the works of Muldoon and Carington (1929). However, in the 1930s, the work of J.B. Rhine in America gave rise to a nonoccult approach to the study of supposed psychical phenomena, later to be termed "psi" events. This approach has come to be known as parapsychology.
In general, parapsychologists abandoned their occult roots and developed their own ways of conceptualizing the psychic phenomena described originally by occultists. Parapsychologists accepted that such psi events were real and began to investigate them from nonoccult perspectives. This is true of the phenomena of astral projection, which eventually parapsychologists began to term "out-of-body experiences" (OBE). The parapsychologist abandoned the occult idea of the planes and instead began to conceptualize the OBE as some part of the personality literally leaving the body and capable of moving about in the physical world. Several modern authors exemplified this paradigm including Charles Tart, Robert Monroe and Susan Blackmore.
The parapsycholgical paradigm made the clear prediction that a person undergoing an OBE should be able to acquire information not accessible to that person's physical senses. Many such experiments were performed, none of which produced clear-cut results. It is my opinion that the OBE, as a product of the parapsychological paradigm, was a particular interpretation of certain conscious sleep experiences including lucid dreams, sleep paralysis, hypnagogia and certain trance and meditative states. Furthermore, my reading of the parapsychological literature is that this interpretation has failed the test of scientific verification.
Nonetheless, as there exists confusion regarding the terms "astral projection" and "lucid dream", there is also confusion over the term obe. Again, the relative validity of these terms will be discussed below.
The Scientific Paradigm
The scientific paradigms related to sleep states of consciousness have their own long and involved histories involving brain research, psychology, psychoanalysis, dream research and sleep research, all of which occurred completely independently of the development of occult and parapsychological paradigms discussed above. The history of the scientific study of sleep and dreams can be conveniently divided into the pre-Freudian and post-Freudian eras.
Hervey de Saint-Denis {Léon d'Hervey de Saint-Denys] is exemplary of the pre-Freudian study of dreams. Hervey de Saint-Denis was a phenomonologist who very clearly described his subjective dream life. He clearly described his own lucid dreams, although he did not use this term. Interestingly, his emphasis was not on his self-awareness that he was dreaming (which is the current conception of the lucid dream), but instead on his ability to act with volition within his dreams. A similar emphasis can be found with Van Eeden (1913), who coined the term "lucid dream". With the rise of Freud's approach to dreams in the early part of the 20th century, this pre-Freudian work was lost for several decades and not rediscovered until about the 1960s.
The Freudian approach to dreams, both in terms of the explanation and the meaning of dreams, dominated the Western mind through the first half of the 20th century. Today it is fair to say that few researchers take the Freudian approach seriously and it is now only of historical interest. For readers interested in critiques of the Freudian approach to sleep and dreams, see Hobson, 1988.
The downfall of Freud's influence in dream theorizing came in the middle of the 20th century and was due to the discovery of the sleep cycle by Aserinsky and Kleitman (1953) and its correlation with dreams by Dement and Kleitman (1957). This work spawned what is now called the "psychophysiological" paradigm of dreaming, whose main tenet was that dreams are the result of the physiological changes responsible for generating the sleep cycle. During the psychophysiological era, the idea of lucid dreams was not generally accepted, and dreams were viewed as being a model for waking forms of mental illness and psychosis.
Several factors have contributed to the fall of the psychophysiological paradigm, one of which has already been mentioned. That is, the occurrence of dreams is not exclusively confined to the REM stage of sleep. Thus, the consensus today is that the factors leading to dream formation must be independent to some degree from those responsible for generating the EEG sleep cycle. As well, research based on cognitive psychology paradigms has overturned the notion that dreams are similar to waking psychosis. Cognitive psychology research has revealed that many aspects of dream psychology are essentially identical to normal waking psychology including aspects of sensory perception, and in particular, the use of language in dreams (reviewed in Cavellaro and Foulkes, 1993).
Perhaps the most significant development in 20th century dream research was the laboratory demonstration that a subject can display volition and communicate directly from the dream state with people who are awake. This discovery was made independently circa 1980 by LaBerge et al. (1981) in America and Hearne (1980) in England. Both of these researchers proved unambiguously that the lucid dream state does occur and has highly reproducible physiological and psychological correlates.
In sum, the scientific view of sleep states of consciousness sees these as events intrinsic to the brain. It is a paradigm firmly grounded in both the biology of the brain and in human psychology. Dreams are internal hallucinatory events generated by the brain, whether these are of the lucid or the nonlucid variety.
Evaluation of the Three Paradigms of Consciousness During Sleep
I have now described the three common paradigms currently in use for conceptualizing conscious experiences which occur during sleep. It is hoped that the reader can now better see how current ideas of conscious sleep states derive from one or a mixture of these three paradigms. In fact, we live in a historical era of relative confusion about the nature of these states of consciousness because these three paradigms coexist and are used and mixed to varying extents. I would like to now offer my opinion on the relative validity of these paradigms in terms of current scientific knowledge of sleep, dreams, brain function and physics.
First, I truly believe that much confusion can be eliminated by recognizing that we are dealing with one general phenomena - that of conscious sleep experiences - but that there are at least three major ways, and a host of minor variations, for conceptualizing these experiences. We must learn to be careful thinkers and try as hard as possible to not confuse empirical facts with interpretive frameworks. For example, it is common knowledge that one may experience "chills", "tingles" or "vibrations" during the onset of a lucid dream. Some people interpret these "vibrations" as the manifestation of "kundalini", or the activity of "chakras". Such interpretations are grounded in occult paradigms. Other people interpret these vibrations as a consequence of a particular type of brain activation, in which case, the person is using the scientific paradigm to interpret the phenomena. Again, there is only one empirical phenomena, but two different interpretations. It is only by untangling these paradigmatic interpretations that we can go beyond superficial differences in terminology and attempt to scientifically determine the nature of these experiences.
In this regard, the use of Ocam's razor is recommend: thou shall not multiple terms needlessly. This means that we should not invoke more complex explanations until simpler explanations have been ruled out. Thus, I recommend that the simplest explanation, both experimentally and theoretically is that states of consciousness during sleep are due to changes in the activity of the brain. This is the simplest explanation because we are not invoking anything other than human anatomy and physiology. If, and this is a big if, it can be conclusively demonstrated that this is an insufficient theoretical basis, then, and only then, should we invoke ideas about things "leaving the body" or "chakras", "planes" or "kundalini". However, I believe it is unlikely we will need to invoke such terms as explanatory principles. This is because the human brain is the most complex object known and we are far from understanding the possibilities inherent in our own brains. I believe that the study of conscious sleep states will enlarge our understanding of the functions of the human brain. In the end, I believe we will discover that ancient terms such as "chakra", "kundalini", and the like, are prescientific descriptions of specific states of brain activity.
However, current scientific ideas of lucid dreams have their problems. Specifically, as mentioned above, the idea that a lucid dream is "a dream in which the dreamer knows they are dreaming" is too simple of a definition of this experience. In fact, knowing that one is dreaming during a dream is dependent upon the paradigm a person uses. If the person believes they are astral projecting, then they will not be aware they are dreaming because they do not think they are dreaming; they think that they are astral projecting. Thus, the current scientific definition of the lucid dream does not take into account the beliefs of the person undergoing the experience.
In fact, the attempt to distinguish what is a lucid dream from what is a nonlucid dream is very difficult to do; presently there is no really good definition that distinguishes lucid and nonlucid dreams. For example, a person could be undergoing a nonlucid dream, but within this nonlucid dream, have the thought in their mind that they are dreaming. This is a very subtle phenomena that is easiest to understand only when it has happened to you first hand. Likewise, one could undergo a lucid dream without once stopping to think to themselves "I am dreaming". Again, this latter depends completely on how the person conceptualizes the experience in their own mind.
The factor that appears to distinguish lucid dreams from nonlucid dreams is that in a lucid dream, the person has some type of way to recognize that they are not in the usual waking world. Whether the person conceptualizes this as "being in a dream", "being in the astral plane" or "having left their body" is immaterial. What is common to all three viewpoints is that the person realizes they are not in their usual waking life and, most importantly, the person can act on this knowledge. This does not happen in nonlucid dreams. Thus, it would appear that in a lucid dream, the brain undergoes some kind of change that gives the dreamer metacognitive access to their waking memories. Hence, it may be that a lucid dream is a dream in which the dreamer can compare their present condition with their waking life. It is this ability to compare the dream experience to waking experience that really appears to distinguish lucid dreams from nonlucid dreams. Now, this ability to compare one's state during a dream may manifest more or less; which is to say, this ability forms a spectrum of gradations. Thus, dream lucidity is not an all or none feature but can manifest more or less.
When looked at from this perspective, any other supposed distinguishing features between lucid dreams and dreams, or between lucid dreams and either OBEs or astral projections are merely superficial. For example, some people believe that if they are having an experience in which they are in familiar surroundings (such as their bedroom, neighborhood, etc.) and they are lucid (i.e. there is a continuity of memory and thought with the waking mind) that they are then undergoing an OBE. But this is not a justifiable distinction. In fact, the person is having a lucid dream and within that dream they are in familiar surroundings. It is very common to be in familiar surroundings in a nonlucid dream so why should it be unusual to appear in familiar surroundings while lucid in a dream?
One significant factor people use to distinguish lucid dreams from what they label as either OBEs or astral projections is how the experience was induced. If a person is in the midst of a nonlucid dream and suddenly becomes lucid (what LaBerge terms a dream-induced lucid dream), they consider the experience a lucid dream. However, if the same person goes directly from being awake to being in a lucid dream by applying some type of trance technique (what LaBerge calls a waking-induced lucid dream), they may consider the experience to be an OBE or astral projection. However, there may be no difference whatsoever in the content of the two experiences. The only difference in this case is how the experience was induced. Is this enough of a distinguishing factor to consider these to be two different types of experience? I do not believe so.
In fact, the criteria people use to distinguish lucid dreams from OBEs from astral projections are all artificial. The environment one appears to be in, the method for achieving the experience, how one defines in their own mind what is happening to them have nothing fundamental to do with the experience itself. In all cases it is the same phenomena operating: the person is asleep, the person is conscious, and there is the ability to compare the present state to the waking state. What all the little distinctions point to is that dreams themselves are very complex. Because dreams can occur in familiar or unfamiliar settings, because the dreamer's mind can be more or less continuous with their waking mind, because there is such variety in the onset of dreams, all of this suggests that dream experience may be even more complex than waking experience. Thus, when people try to fit their dream experiences into this category or that category, they are in fact implicitly admitting that dream experiences are complex and can take on a large variety of forms. By trying to pigeon-hole their experiences into this or that category, they are missing the underlying fact that these are all varieties of dream experiences.
Hence, although I advocate a brain-based paradigm to explain conscious sleep states, it is important to recognize that this view is not perfect and is still in need of substantial improvement. A current project I am undertaking is the comparison of the operation of the mind at all of its levels between waking and the variety of dream states. The purpose of this task is to clarify the intrinsic variety clearly present in dream states. The various scientific views of dreams that have come and gone throughout this century have attempted to see dreams as this or that in a mutually exclusive fashion. With the knowledge available today, it should be quite clear that no one view of dreams can capture the inherent complexity of this phenomena. The waking state provides a baseline of psychological function from which we can begin to catalogue the large diversity of psychological function possible in dream states. Ultimately this approach should provide a foundation by which to classify all of the conscious experiences which occur during sleep.
Comparison of the Occult and Scientific Paradigms
Although Ocam's razor suggests that we do not need to invoke occult notions to explain conscious sleep states, some comment about occult paradigms from a wider perspective is merited. What we today call occultism was in fact the basis from which much of modern science arose. The classical example is the rise of chemistry from alchemy. The history of astronomy is intimately linked to the history of astrology. Even nineteenth century phrenology, which today is found in occult literature, was the precursor of our modern view of the modularity of brain function. Thus, it is not intellectually proper to dismiss all of occultism as irrelevant to the future of our scientific understanding. In fact, there are two domains of knowledge in which occultism is relevant: physics and psychology.
We live in an age dominated and enamored by the scientific method and the knowledge this method has created. Because we are so enamored by science, we fail to see its shortcomings. Some of these become obvious when one compares occultism to science. At a philosophical level, science is highly specialized and fragmented, whereas occultism provides a unified view of Humanity and the Cosmos. Science itself grew out of a Renaissance reaction to the rigid dogma of the Catholic Church. Hence, science, from its very roots, rejected spiritual considerations, and, in effect, it threw the baby out with the bath water. The typical Western scientist has no conception of the possibility that spirituality can be studied with the same intellectual rigor as the natural world. A study of the methods and philosophy underlying Yoga shows that indeed spirituality itself can be approached with the highest intellectual regard. The realm of psychology bleeds imperceptibly into the realm of the spiritual, and here in the West this has only been recognized by a few unique scientists such as Carl Jung or Abraham Maslow. One value to the study of occult ideas is that it provides an intellectual model of a unifying intellectual approach, something dreadfully lacking in modern Western science. When we speak of uncovering the deepest aspects of the human brain, this implies rediscovering spiritual truths well explicated in ancient philosophies, which today survive in numerous occult doctrines.
A second level where occultism may be relevant in the future is the link between physics and psychology. Today, from a scientific perspective, this link is the brain itself. The brain embodies principles of physics: diffusion, membrane electrical conduction, principles of chemical reactivity, principles of information processing only now emerging from detailed analyses of neural anatomy at the synaptic level. Likewise, the brain is the basis of psychology; it is the seat of reflex, perception, emotion, thought, consciousness, creativity and imagination. How these two seemingly vastly different levels meet is currently not understood. There is optimism that it is all a matter of detail and that soon, the wiring diagram of the human brain will reveal the mysteries of human psychology. One is best to remember that before Einstein, LaPlace declared to the world that physics had solved the problems of the universe and that the end of physics was in sight, in which all the basic problems of physics were to be solved. It was only within several decades that LaPlace's claim was seen to be the naive fiction that it was with the advent of Relativity Theory and Quantum Mechanics. The same pattern can be seen in the history of mathematics in the lineage from David Hilbert to Kurt Gödel (Kline, 1980). The moral is that optimism is not always correct and that Nature has a way of showing our simple minded notions of her to be very wrong.
Hence, when physicists are today speaking of 26-dimensional universes underlying the space-time we perceive as 4-dimensional (Davies and Brown, 1988), the occult notion of the planes does not sound all that far from possible truth. When physicists speak of "dark matter" - invisible matter that interacts only with gravity but none of the other forces - this is not very far off from notions occultists described circa 1900 [cf Powel, (1969)] . It is perhaps wise to re-evaluate occult claims and descriptions of altered states of consciousness recognizing that they also may have glimpsed some truth that will only take us a little longer to get to using the scientific methods at our disposal. This is not to say that occult claims will be correct as they are stated presently. What I am implying however is that the future of intellectual understanding may in fact be a more or less recognizable hybrid of what we today call "science" and "occultism". Scientists of today are deeply immersed in the day-to-day social role of what our culture presently defines as "science", and they tend not to see beyond this into the greater cultural and historical patterns in which they are immersed. The study of history shows that it is quite indifferent to the fashions of any particular era; an apt warning for the seeker of truth.
Conclusion
In conclusion, it is hoped that this abbreviated history lesson has helped inform the reader of the historical threads pertinent to understanding conscious sleep states. There have been three main lineages of thought. We need to untangle these three threads and get beyond superficial differences in terminology. We need to recognize the vast potential implicit in the study of consciousness during sleep for revealing some of the deepest secrets of the human brain, and perhaps for rediscovering ancient wisdom in a new form.
References
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* Center for Molecular Medicine and Genetics Wayne State University, Detroit, Michigan (USA).
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Donald J. De Gracia, Ph.D.
Traduction en français (à corriger)
par Florence Ghibellini
in revue «Rêver» n° 3
Voir : http://florence.ghibellini.free.fr/revelucidea/dondegf.html
Introduction
Cet article se propose d'éclairer sous un jour nouveau les divers cadres disponibles pour comprendre la nature des expériences conscientes qui surviennent durant le sommeil. Plus spécifiquement, cet article aimerait comparer les concepts de "rêves lucides", "expériences de sorties hors du corps" (OBEs) et "projection astrale" à partir d'une perspective scientifique et historique. Les phénomènes de conscience dans le sommeil sont l'objet d'un grand intérêt, mais sont également victimes d'une confusion de terminologie qui résulte d'un ahurissant mélange de littératures concernant la nature de telles expériences. Cet article discutera du fait qu'il existe actuellement de multiples paradigmes en concurrence, que les gens emploient indistinctement et de manière interchangeable pour décrire les expériences conscientes durant le sommeil. Nous allons donc poser ces paradigmes côte-à-côte afin de comparer les caractéristiques et l'histoire de chacun. Il s'agira seulement d'un survol rapide parce que l'histoire et les caractéristiques des paradigmes en question sont très complexes, en espérant qu'une telle analyse comparative aidera à éliminer une certaine part de la confusion terminologique et intellectuelle qui a résulté de ce mélange de paradigmes incompatibles, et par là aidera à construire la voie pour le développement d'une approche scientifique et empirique plus riche dans le domaine des expériences conscientes dans le sommeil.
Commençons par noter que les idées scientifiques subissent toujours une évolution au cours de leur développement. Dans les premiers stades de compréhension scientifique d'un phenomène, les conceptions retenues sont souvent celles d'un "sens commun" (Churchland, 1986). Avec le temps, les approches relevant du sens commun sont supplantées par une compréhension plus empirique et scientifique. Mais il peut y avoir un stade dans le développement de la compréhension, où différents cadres de conceptualisation peuvent coexister.
Considérons, par exemple, l'idée de mouvement. Notre compréhension du mouvement est passé par plusieurs stades de développement. Au cours du Moyen-Age tardif (XIIIè-XVè siècle), le mouvement était conceptualisé à travers l'idée aristotélicienne de "lieu naturel", qui énonçait que les corps tombent vers la Terre parce que c'est leur "affinité naturelle". Ensuite cette idée a été remplacée par la conception newtonienne de la gravitation comme attraction entre des objets ayant une masse, telle que Newton l'a énoncée dans ses trois lois du mouvement. Les conceptions de Newton ont fait autorité durant plusieurs de siècles jusqu'à ce qu'Einstein remplace l'idée newtonienne de la gravitation comme "action à distance" par la notion de gravité comme courbure de l'espace-temps. Aujourd'hui nous ne prenons plus au sérieux les notions aristotéliciennes du mouvement; en revanche, les conceptions de Newton et d'Einstein continuent de coexister. Ces dernières, cependant, font l'objet d'une distinction claire, et une confusion entre leurs principes est invraisemblable.
L'évolution d'idées scientifiques entraîne l'établissement de paradigmes, et la transformation de ceux-ci à travers le temps (Kuhn, 1971). L'histoire de la science est un témoignage vivant de ce modèle d'évolution intellectuelle. D'autre exemples dans l'histoire de la science montrent une évolution des notions, tels que la "chaleur", les "atomes", "l'électricité", les "gènes"; toutes ces notions ont subi de substantiels changements de paradigmes au cours de leur histoire. Nous discuterons du fait que tel est le cas avec les paradigmes qui concernent les expériences conscientes dans le sommeil.
Dans l'exemple ci-dessus, il n'y avait qu'un seul phénomène, celui du mouvement des corps naturels. Cependant, il y avait trois manières complètement différentes de conceptualiser la nature de ce phenomène. Il faut souligner ce point critique : il existe différentes manières de conceptualiser un même phénomène, et chacune d'entre elles doit être considérée comme un paradigme. C'est en partant de cela que nous considérerons les différents paradigmes employés pour conceptualiser les expériences conscientes durant le sommeil. Nous pouvons présumer qu'il y a un phénomène essentiel, que j'ai choisi de désigner comme "expériences conscientes dans le sommeil", et que l'on utilise actuellement différents paradigmes pour le conceptualiser.
Commençons par examiner ce que j'entends par "expériences conscientes dans le sommeil", et ensuite nous expliciterons ses trois principaux paradigmes explicatifs.
Les formes d'expérience consciente dans le sommeil.
En premier lieu, commençons par définir ce que nous entendons par "conscient". Je n'utilise pas ce terme en un quelconque sens métaphysique, mais en un sens purement pragmatique. Par "conscient" j'entends ce qui emplit la conscience subjective, directe, et qui s'oppose à "inconscient". Par exemple, la mise en action des réflexes neurologiques qui interviennent dans le maintien de l'équilibre sont des aspects inconscients de mécanismes psychologiques. Les perceptions visuelles, et en général, toute expérience sensorielle à laquelle nous faisons attention, sont conscientes. Les contenus de l'attention consciente peuvent inclure des composants mentaux, émotionnels et sensoriels. Cette façon d'envisager la conscience est directement empruntée à Baars (Baars, 1988). Ainsi, lorsque je parle d'expériences conscientes durant le sommeil, je parle des contenu mentaux, émotionnels ou sensoriels qui existent dans la conscience subjective directe à ce moment.
L'expérience de conscience durant le sommeil la plus commune est le rêve. Quand nous rêvons, nous sommes tout à fait conscients de contenus visuels, auditifs, tactiles ou kinesthésiques, et émotionnels, ainsi que de pensées (à la fois cognitives et metacognitives) et à un moindre degré, d'odeurs, de goûts et de douleurs. En ce qui concerne les perceptions sensorielles durant des rêves, ce sont probablement des hallucinations, mais ce sont tout de même des expériences conscientes. Nous pouvons nous rappeler ou ne pas nous rappeler de nos rêves au réveil. La recherche a montré, en fait, que nous ne rappelons pas de toute la masse de nos rêves nocturnes (Hobson, 1988). Nous avons tendance à nous souvenir des rêves qui surviennent juste avant le réveil, au moins de manière fugitive au moment du réveil. Il a été montré en laboratoire que le fait de réveiller un dormeur directement d'une phase REM permet un rappel significatif des rêves. Quand nous nous rappelons de nos rêves, il est clair qu'il s'agit d'expériences conscientes qui, en de nombreux aspects, ressemblent à nos expériences conscientes de veille.
Un deuxième type d'expérience consciente dans le sommeil sont les phénomènes d'hallucinations hypnagogiques (Mavromatis, 1987). Les hallucinations hypnagogiques tendent à survenir durant le stade 2 nonREM (Hobson, 1988), et entraînent la perception d'imagerie visuelle complexe qui peut être ou ne pas être d'une qualité réaliste. L'hypnagogie est à distinguer du rêve en ce sens qu'elle ne possède pas la qualité et la richesse d'immersion multimodale de ce dernier. De plus, l'hypnagogie est moins structurée que le rêve, et ne forme pas comme lui une narration intégrée. Pour l'hypnagogie qui survient au réveil, on emploie le terme d'"hallucinations hypnopompiques".
Un troisième type d'expérience consciente durant le sommeil a été découvert en réveillant des sujets qui se trouvaient en sommeil non REM. On a décrit cet état comme "ressemblant moins à du rêve qu'à de la pensée". Au contraire du rêve, il n'y a généralement pas de composante sensorielle dans cette forme de conscience durant le sommeil et elle se manifeste de manière prédominante comme état pensant. La nature de cette activité pensante a été décrite comme "des banalités... concernant des événements réels de la vie... ordinaires et répétitifs"(Hobson, 1988).
On devrait expliciter clairement que les rêves ne surviennent pas exclusivement durant les phases REM, mais qu'on en a également observé durant les phases non REM. Les probabilités d'obtenir un récit de rêve de phases REM et non REM sommeil sont respectivement d'environ 80% et 30% (Okuma, 1992). Ce fait a substantiellement remis en cause l'association faite entre le rêve et la phase REM et de nombreux chercheurs dans ce domaine n'acceptent plus la relation causale entre le sommeil REM et le rêve (Mancia, 1995).
Un quatrième type d'expérience consciente dans le sommeil est la paralysie du sommeil. Cela entraîne habituellement la perception (probablement hallucinatoire) de l'environnement dans lequel la personne dort, qui s'accompagne d'une impossibilité à se déplacer malgré des efforts intenses. On associe souvent la paralysie de sommeil à des sensations intenses d'effroi ou crainte. Les sujets tendent à être lucides et peuvent croire qu'ils sont éveillés. Un sujet dans cet état peut être réveillé simplement en le touchant (Hobson, 1988).
Un cinquième état reconnu de conscience dans le sommeil est la terreur nocturne. C'est une sensation d'effroi et terreur intenses sans l'accompagnement d'aucune perception sensorielle ou activité cognitive. Le sujet peut se réveiller trempé de sueur, le coeur battant et en larmes.
Enfin, et nous abordons le plus important pour notre propos, il y a un sixième état de conscience durant le sommeil, dans lequel le sujet rêve, tout en étant conscient de ce fait. Cet état peut être appelée rêve lucide (LaBerge) ou rêve conscient (Rifat). Dans cet article, j'emploierai le terme de "rêve lucide". Cet état est couramment caractérisé par la notion que le rêveur est conscient de rêver. Cependant, et j'en parlerai plus loin, ce n'est pas la définition plus convenable du rêve lucide, et cette définition a contribué à alimenter une certaine confusion concernant la caractérisation de cet état. Ensuite, nous pointerons les paradigmes employés pour conceptualiser ce phénomène.
J'aimerais aussi ajouter que certains états de transe et certains états résultant de pratiques méditatives sont étroitement liés aux expériences conscientes durant le sommeil. Actuellement, il n'existe aucune caractérisation claire d'états méditatifs qui puisse permettre de décrire précisément comment ces derniers sont exactement liés au sommeil, ou aux états de conscience durant le sommeil. Cependant, des descriptions phénoménologiques de conscience subjective durant la pratique méditative rappellent fortement des états de sommeil conscient, particulièrement l'état hypnagogique.
Pour résumer, je viens de décrire six formes d'expériences de sommeil conscient. Il en ressort clairement que la conscience durant le sommeil est très complexe et peut se manifester dans des formes multiples, car ce que ces six états partagent en commun, c'est qu'ils sont des manifestations de ce phénomène. C'est pourquoi je propose l'adoption de cette terminologie générale "d'expériences conscientes dans le sommeil" lorsqu'on en parle. Dans les descriptions ci-dessus, j'ai essayé, autant que possible, de décrire les manifestations empiriques de ces diverses formes de conscience dans le sommeil, sans les interpréter dans un cadre ou selon un paradigme spécifique, ce qui bien sûr, n'est pas complètement possible. Par exemple, appeler un rêve lucide un "rêve lucide" implique la reconnaissance d'un paradigme spécifique, comme j'en discuterai plus loin. J'aimerais maintenant m'intéresser explicitement aux paradigmes employés à décrire et interpréter ces états empiriques de conscience de sommeil. Ici encore, la thèse générale est qu'il existe un seul ensemble de phénomènes, la conscience durant le sommeil, mais de multiples manières de conceptualiser ses manifestations complexes.
Les paradigmes de la conscience durant le sommeil
Il y a trois principaux paradigmes qui ont évolué pour conceptualiser la conscience durant le sommeil. Ceux-ci partagent essentiellement un accent mis sur le phénomène des rêves lucides, bien que les autres états de conscience dans le sommeil jouent un certain rôle dans la définition de ces paradigmes. Ces paradigmes expriment le développement évolutif exposé plus haut : les premiers paradigmes étaient basés sur des notions simples, de sens commun, tandis que les paradigmes tardifs se sont raffinés davantage en se basant sur des considérations plus techniques et scientifiques. Le trois paradigmes dont je vais parler et qui ont servi à conceptualiser principalement le rêve lucide sont le paradigme occulte (1), le paradigme parapsychologique (2), et le paradigme scientifique (3). Chacun de ces paradigmes a donné un nom différent à ce que je prétends être essentiellement le même phénomène. Les noms que chacun a employé pour décrire le rêve lucide sont la "projection astrale" (1), les expériences de sortie hors du corps (2), et les rêves lucides (3), respectivement. La relation entre la terminologie et son paradigme respectif est exposée dans la table suivante, ainsi que leur lignage historique.
Grâce au développement de l'EEG comme outil de recherche sur le sommeil, et dont l'usage s'est répandu dans les années 1960, d'après les travaux d'Aserinsky et Kleitman (1953), nous sommes maintenant capables de définir chacun six états de conscience dans le sommeil ci-dessus en termes de corrélats électrophysiologiques. Ceci suppose en soi une confiance implicite dans le paradigme scientifique. Cependant, certains de ces états, particulièrement le rêve lucide et l'état hypnagogique ont été décrits dans la littérature Occidentale depuis approximativement 150 ans. Les premières descriptions n'avaient pas la possibilité de définir des corrélat EEG et à cause de cela, utilisaient des termes principalement subjectifs, experimentaux, et phénomènologiques. Certains des premiers chercheurs ayant décrit des états modifiés de conscience ressemblant dans presque tous leurs aspects à ce que nous appelons maintenant "rêves lucides" étaient D'Hervey de Saint-Denis (1867), Charles Leadbeater (1895), Frederik Willems Van Eeden (1913), Oliver Fox [Hu Evert] (1920), et Muldoon et Carrington (1929). Nous devrons renoncer à faire une revue détaillée de ces derniers ainsi que d'autres auteurs anciens, pour nous contenter d'esquisser les caractéristiques saillantes de leurs interprétations de leurs expériences.
Le paradigme occulte
Les auteurs tels que Leadbeater, Fox et Muldoon composent une lignée historique dans le paradigme occulte. L'essence du paradigme occulte est que le monde qui se révèle à nos sens est un "monde" ou "plan" parmi plusieurs, habituellement sept. L'idée générale qu'il y a d'autres mondes invisibles à nos sens a vraiment une longue histoire, remontant à plusieurs millénaires dans la pensée Indienne ancienne, vestiges de ce que l'on peut trouver dans l'ancienne notion grecque des "sphères divines"; les anciennes traditions gnostiques décrivent aussi les sept éthers. Une mosaïque de ces idées anciennes peut être trouvée dans les enseignements théosophiques (aux alentours de 1900), tels que ceux de Leadbeater, qui à leur tour ont influencé des auteurs plus tardifs comme Fox et Muldoon.
Dans le cadre théosophique, il existe sept plans désignés par les termes "physique", "astral", "mental", "bouddhique", "atmique", "anupadaka", et "adi". De la même façon, chaque personne a un "corps" capable de voyager sur son plan respectif. De là, l'idée de projection astrale énonçait qu'on employait son corps astral à voyager sur le plan astral.
Premièrement, on peut considérer que cette notion de sept plans a fourni un paradigme préscientifique pour conceptualiser la psychologie humaine. Le monde physique est le monde de la sensation physique, le plan astral est le royaume des émotions, le plan mental est le royaume de la pensée, le plan bouddhique est le royaume de l'âme, et les plans supérieurs sont des abstractions réfléchissant des niveaux de rapport entre l'âme individuelle et l'essence transcendante universelle, grossièrement traduite par Dieu. Le paradigme occulte projette la psychologie de l'homme sur la structure même de l'univers. Dans l'ère prémoderne, avant notre description scientifique détaillée des phénomènes naturels, ce type de raisonnement analogique dominait le discours intellectuel.
Il paraît raisonnable d'inférer que l'idée qu'il y a des mondes qui existent au-delà de la portée de nos sens dérive directement de l'expérience du rêve lucide, ainsi que des états induits par la méditation. C'est-à-dire que l'interprétation la plus simple et la plus commune du rêve lucide et des états voisins, consiste à dire qu'une certaine entité ressemblant à l'âme, non-matérielle, a laissé derrière elle le corps et le monde physique pour entrer dans un monde non physique. On peut imaginer facilement que, à travers l'histoire prémoderne, les quelques individus peu nombreux qui ont laissé des comptes rendus de leurs rêves lucides ou d'états similaires et les ont interprétés dans le cadre occulte, ont engendré toute une mythologie/paradigme concernant la nature de ces plans non physiques, incluant des notions de plans, de réincarnation, de corps non physique, et une terminologie de type "aura", "chakras" et "kundalini". La plupart de ces notions s'originent des anciennes traditions Indiennes, desquelles la théosophie s'est largement inspirée, et persistent aujourd'hui en étant appliquées aux états de sommeil conscient.
Aujourd'hui encore il y a une confusion entre rêves lucides et projections astrales. En fait, les techniques pour induire les uns ou les autres sont identiques (comparer Rogo, 1986, avec LaBerge et Rheingold, 1990), et le contenu des expériences est identique, indiquant qu'il s'agit en fait du même état de conscience. La confusion résulte de ce qu'il n'y a pas une reconnaissance claire du fait que la "projection astrale" et le "rêve lucide" représentent différents paradigmes pour conceptualiser exactement la même expérience. Je discuterai la validité relative de ces deux paradigmes plus loin.
Le paradigme parapsychologique
Le paradigme parapsychologique trouve ses racines historiques dans le paradigme occulte. Au tournant du XXème siècle, comme la "projection astrale" et autres phénomènes occultes devenaient de plus en plus répandus, ils ont attiré l'attention de personnes qui n'étaient pas impliquées dans des mouvements occultes. Spécifiquement, des investigateurs non occultistes ont commencé à les étudier indépendamment les revendications d'occultistes comme Leadbeater. De là est née la Société Britannique pour la Recherche Psychique, au milieu des années 1800, et ultérieurement en Amérique, La Société Américaine pour la Recherche Psychique. Les premiers chercheurs du psychique ont été influencés par des mouvements tels que la théosophie ou le spiritisme, comme on le voit par exemple, dans les travaux de Muldoon et Carington (1929). Cependant, dans les années 30, les travaux de J. B. Rhine en Amérique ont donné naissance à une approche non occulte de l'étude des supposés phénomènes psychiques, ultérieurement désignés comme phénomènes "psi". Cette approche a fini par donner la parapsychologie.
En général, les parapsychologues ont abandonné leurs racines occultes pour développer leur propre façon de conceptualiser les phénomènes psychiques décrits à l'origine par les occultistes. Ils ont admis que de tels phénomènes psi étaient réels et ont commencé à les étudier dans une perspective non occulte. C'est le cas pour le phénomène de projection astrale, que les parapsychologue ont fini par appeler "expériences de sortie hors du corps" (OBE). Les parapsychologues ont abandonné l'idée occulte de plans, et à la place, ont commencé à conceptualiser les OBE comme une certaine partie de la personne qui quitterait littéralement le corps et serait capable de se déplacer dans le monde physique. Plusieurs auteurs modernes ont démontré ce paradigme par des exemples, comme Charles Tart, Robert Monroe et Susan Blackmore.
Le paradigme parapsychologique prédit clairement qu'une personne en OBE devrait être capable d'acquérir une information qui ne serait pas accessible à ses sens physiques. On a fait de nombreuses expériences là-dessus, et il n'en est rien sorti de clair. A mon avis, l'OBE comme produit du paradigme parapsychologique, est une interprétation particulière de certaines expériences conscientes de sommeil, incluant les rêves lucides, la paralysie du sommeil, l'hypnagogie, certains états de transe et de méditation. De plus, ma lecture de la littérature parapsychologique est que cette interprétation a échoué au test de la vérification scientifique.
Toujours est-il que, ainsi qu'il existe une confusion en ce qui concerne les termes "projection astrale" et "rêve lucide", il y a aussi confusion sur le terme "OBE", et de même, la validité relative de ce terme sera discutée ci-dessous.
Le paradigme scientifique
Les paradigmes scientifiques liés aux états de conscience ont leur propre histoire, impliquant la recherche sur le cerveau, la psychologie, la psychanalyse, la recherche sur le rêve et le sommeil, qui s'est développée tout à fait indépendamment des paradigmes occulte et parapsychologique dont nous avons parlé plus haut. Pour plus de facilité, on peut diviser l'histoire de l'étude scientifique du sommeil et du rêve en deux périodes, pré-freudienne et post-freudienne.
Hervey de Saint-Denys est exemplaire de l'étude pré-freudienne des rêves. C'était un phénomonologiste qui a décrit très clairement sa vie onirique subjective. Il a décrit avec clarté ses propres rêves lucides, bien qu'il n'employât pas ce terme. Il est intéressant de noter qu'il n'a pas mis l'accent sur sa conscience de rêver (qui est la conception actuelle du rêve lucide), mais plutôt sur son aptitude à agir volontairement dans ses rêves. Une telle accentuation peut être retrouvée chez Van Eeden (1913), qui a créé le terme de "rêve lucide". Avec la naissance de l'approche freudienne du rêve au début du XXème siècle, ce travail pré-freudien a été perdu pour plusieurs décennies, pour n'être redécouvert qu'aux alentours des années 60.
L'approche freudienne du rêve, aussi bien en terme d'explication que de signification des rêves, a dominé l'esprit occidental à travers la première moitié du XXème siècle. Aujourd'hui, il est justifié de dire que peu de chercheurs prennent sérieusement l'approche freudienne et qu'elle a seulement un intérêt historique. Pour les lecteurs intéressés par les critiques de l'approche freudienne du sommeil et des rêves, voir Hobson, 1988.
La chute d'influence de la théorisation freudienne du rêve s'est produite au milieu du XXème siècle, avec la découverte des cycles de sommeil par Aserinsky et Kleitman (1953) et leur corrélation avec les rêves par Dement et Kleitman (1957). Ce travail a donné naissance à ce que l'on appelle maintenant le paradigme " psychophysiologique" du rêve, dont la thèse principale était que les rêves résultaient des modifications physiologiques responsables des cycles de sommeil. Durant l'ère psychophysiologique, l'idée du rêve lucide n'était généralement pas acceptée, et les rêves étaient considérés comme les modèles des formes éveillées de psychoses et de maladie mentale.
Plusieurs facteurs ont contribué à la faillite du paradigme psychophysiologique, dont l'un a déjà été abordé plus haut. A savoir que l'apparition des rêves n'est pas exclusivement confinée aux stades de sommeil REM. Aujourd'hui, on est d'accord pour penser que les facteurs qui conduisent à la formation des rêves doivent être relativement indépendants de ceux qui génèrent les cycle de sommeil EEG. De même, les recherches basées sur la psychologie cognitive ont discrédité cette notion que les rêves sont similaires à des psychoses de veille. En effet, ces recherches ont révélé que la psychologie de rêve est essentiellement identiques à la psychologie normale de veille dans de nombreux aspects, incluant la perception sensorielle, et plus particulièrement, l'emploi de langage dans les rêves (voir Cavellaro et Foulkes, 1993).
Le développement le plus significatif de recherche sur le rêve de ce siècle a sans doute été la démonstration en laboratoire qu'un sujet peut manifester une volition et communiquer directement de l'état de rêve avec des gens qui sont éveillés. Cette découverte à été faite autour des années 80 indépendamment par LaBerge et al. (1981) en Amérique et Hearne (1980) en Angleterre. Ces deux chercheurs ont prouvé sans ambiguïté que le rêve lucide existe, et qu'il a des corrélats psychologiques et physiologiques hautement reproductibles.
En résumé, la vision scientifique des états de conscience dans le sommeil les considère comme des événements intrinsèques au cerveau. C'est un paradigme fermement enraciné dans la biologie du cerveau et la psychologie humaine. Les rêves sont des événements hallucinatoires internes générés par le cerveau, qu'ils soient lucides ou non lucides.
Evaluation des trois paradigmes de la conscience dans le sommeil
J'ai maintenant décrit les trois paradigmes usuels qui servent actuellement à conceptualiser les expériences conscientes dans le sommeil, et j'espère que le lecteur voit mieux comment les idées actuelles concernant les états de conscience dans le sommeil dérivent de l'un de ces trois paradigmes, ou d'un mélange. En fait, nous vivons dans une ère historique de confusion relative concernant la nature de ces états de conscience parce que ces trois paradigmes coexistent et sont employés et mélangés dans des mesures variées. J'aimerais maintenant proposer une opinion concernant la validité relative de ces paradigmes, du point de vue de notre connaissance scientifique actuelle concernant le sommeil, les rêves, les fonctions de cerveau et la physique.
Premièrement, je crois véritablement que de nombreuses confusions peuvent être éliminéee en reconnaissant que nous traitons d'un unique phénomène - celui des expériences conscientes de sommeil - mais qu'il y a au moins trois manières principales, et une foule de variations mineures, pour conceptualiser ces expériences. Nous devons apprendre à réfléchir avec précautions et à essayer, autant que possible, de ne pas confondre des faits empiriques avec des cadres interprétatifs. Par exemple, il est connu que l'on peut éprouver de "frissons", des "fourmillements" ou des "vibrations" à l'arrivée d'un rêve lucide. Certaines personnes interprètent ces "vibrations" comme des manifestations de "kundalini", ou de l'activité des "chakras". De telles interprétations tirent leur origine des paradigmes occultes. D'autre personnes interprètent ces vibrations comme la conséquence d'un type particulier d'activation du cerveau, ce qui signifie qu'elles interprètent ces phénomènes en fonction du paradigme scientifique. Une fois de plus, il n'y a qu'un seul phénomène empirique, mais deux interprétations différentes. C'est uniquement en démêlant ces interprétations que nous pourrons aller au-delà des différences superficielles de terminologie et tenter de déterminer scientifiquement la nature de ces expériences.
A cet égard, l'emploi de rasoir d'Occam est conseillé : "tu n'utiliseras pas sans nécessité des termes différents". Cela signifie que nous ne devrions pas invoquer des explications plus complexes tant que les explications plus simples n'auront pas été éliminées.
C'est pourquoi, je recommande l'explication la plus simple, à la fois expérimentalement et théoriquement : les manifestations de la conscience dans le sommeil sont dûes à des modifications de l'activité cérébrale. C'est l'explication la plus simple parce que nous n'invoquons rien d'autre que la physiologie et l'anatomie humaine. Si, et c'est une grand si, il peut être démontré définitivement que c'est une base théorique insuffisante, alors, et seulement alors, nous pourrons invoquer des idées de choses "quittant le corps", de "chakras", de "plans" ou de "kundalini". Cependant, je crois qu'il est peu vraisemblable que nous requerrions de tels principes explicatifs. Parce que le cerveau humain est l'objet connu le plus complexe et que nous sommes loin de comprendre toutes les possibilités de nos propres cerveaux. Je crois que l'étude des états de sommeil conscient améliorera notre compréhension des fonctions du cerveau humain. En fin de compte, je crois que nous découvrirons que des termes anciens tels que "chakra", "kundalini", et autres, sont des descriptions préscientifiques d'états spécifiques d'activité cérébrale.
Cependant, les idées courantes scientifiques concrenant le rêves lucides ont leurs problèmes. Spécifiquement, comme indiqué ci-dessus, l'idée qu'un rêve lucide est "un rêve dans lequel le rêveur sait qu'il rêve" est une définition trop simple de cette expérience. En fait, savoir que l'on est en train de rêver pendant un rêve dépend du paradigme dont on se sert. Si la personne croit être en projection astrale, elle ne sera pas consciente qu'elle rêve parce qu'elle ne pensera pas rêver; elle pense qu'elle est en projection astrale. Ainsi, la définition scientifique actuelle du rêve lucide ne tient pas compte des croyances de la personne subissant l'expérience.
En fait, il est très difficile de distinguer entre rêve lucide et rêve non lucide; actuellement il n'y a réellement aucune bonne définition. Par exemple, une personne pourrait vivre un rêve non lucide, mais dans ce rêve non lucide, avoir dans son esprit la pensée qu'elle rêve. C'est un phénomène très subtil qu'il est beaucoup plus facile de comprendre quand il vous est arrivé personnellement. Pareillement, on pourrait avoir un rêve lucide sans s'arrêter une fois pour penser en soi-même "je suis en train de rêver". Encore une fois, ces dernières choses dépendent complètement de comment les gens conceptualisent l'expérience dans leur esprit propre.
Le facteur qui paraît distinguer les rêves lucides des rêves non lucides est que dans un rêve lucide, la personne a une certaine manière de reconnaître qu'elle n'est pas dans le monde habituel de veille. Qu'elle conceptualise ceci comme "être dans un rêve", "être dans le plan astral" ou "être sortie hors de son corps", c'est sans importance. Ce qui est commun à ces trois points de vue est que la personne réalise qu'elle n'est pas dans sa vie habituelle de veille et, plus important, qu'elle peut agir à partir de cette connaissance. Cela n'arrive pas dans les rêves non lucides. Ainsi, il apparaîtrait que dans le rêve lucide, le cerveau subit une certaine sorte de changement qui donne aux rêveurs un accès métacognitif à leurs mémoires de veille. A partir de là, il est possible qu'un rêve lucide soit un rêve dans lequel le rêveur peut comparer sa condition actuelle avec sa vie de veille. C'est cette aptitude à comparer l'expérience de rêve à celle de la veille qui paraît réellement distinguer les rêves lucides des rêves non lucides. Maintenant, cette aptitude à comparer un état durant un rêve peut se manifester avec plus ou moins d'acuité ; ce qui signifie qu'il existe une gradation. Ainsi, la lucidité de rêve n'est pas un tout ou rien mais peut se manifester plus ou moins.
Dans cette perspective, tous les autres traits censés distinguer les rêves lucides des rêves, ou les rêves lucides des OBEs, sont purement superficiels. Par exemple, certains croient que s'ils ont une expérience dans laquelle ils se trouvent dans un endroit familiers (tels que leur chambre, ou leur voisinage, etc.) et qu'ils sont lucides (i.e. il y a une continuité de la mémoire et de la pensée avec l'esprit de veille), alors ils font une OBE. Mais ce n'est pas une distinction justifiable. En fait, ils font un rêve lucide et dans ce rêve, ils se trouvent dans un endroit familier. Il est très commun de s'y trouver dans des rêves non lucides, alors pourquoi est-ce que cela devrait sembler inhabituel si on est lucide ?
Un facteur significatif employé par les gens pour distinguer les rêves lucides de ce qu'ils appellent soit OBEs soit projections astrales est le mode d'induction de l'expérience. Si une personne se trouve au milieu d'un rêve non lucide et se retrouve soudainement lucide (ce que LaBerge désigne par "rêve lucide induit à partir d'un rêve"), elle considère qu'il s'agit d'un rêve lucide. Cependant, si la même personne passe directement de l'état de veille au rêve lucide en appliquant un certain type de technique de transe (ce que LaBerge désigne par "Rêve lucide induit à partir de la veille"), elle s'autorise à considérer l'expérience comme une OBE ou une "projection astrale". Cependant, il peut n'y avoir aucune différence en quoi que ce soit dans le contenu des deux expériences, la seule différence résidant dans l'induction. Est-ce suffisant pour en faire un facteur discriminant de deux types d'expériences différents ? Je ne crois pas.
En fait, les critères que les gens emploient pour distinguer le rêve lucide des OBEs et des projections astrales sont tous artificiels. L'environnement dans lequel on se trouve être, la méthode d'induction, la façon dont ils définissent dans leur esprit ce qui leur arrive - tout cela n'a aucun rapport fondamental avec l'expérience elle-même. Dans tous les cas, on a affaire à un même phénomène : la personne est endormie, consciente, avec l'aptitude à comparer son état actuel à l'état de veille. Ce que toutes ces petites distinctions indiquent est que les rêves eux-mêmes sont très complexes. Parce que les rêves peuvent se dérouler dans un environnement familier ou non, parce qu'esprit du rêveur peut éprouver plus ou moins de continuité avec l'état de veille, parce qu'il y a telle variété dans les modes d'apparition des rêves, tout cela suggère que l'expérience du rêve peut être même plus complexe que l'expérience de veille. Ainsi, quand les gens essaient d'ajuster leur expérience de rêve à telle ou telle catégorie, ils admettent en fait implicitement que ces expériences de rêve sont complexes et peuvent prendre une grande variété de formes. En essayant de classer leurs expériences dans telle ou telle catégorie, ils manquent ce fait sous-jacent que ce sont toutes des variétés de l'expériences du rêve.
De là, bien que je préconise un paradigme fondé sur les états du cerveau pour expliquer les états conscients de sommeil, il est important de reconnaître que cette perspective n'est pas parfaite et nécessite encore une amélioration substantielle. Je poursuis pour l'instant un projet de comparaison du fonctionnement de l'esprit à tous les niveaux entre la veille et toute la variété des états de rêve. L'objet de cette tâche est de clarifier la variété intrinsèque clairement présente dans les états de rêve. Les diverses perspectives scientifiques du rêve qui sont allées et venues en ce siècle n'ont essayé de considérer les rêves qu'à travers des modes mutuellement exclusifs. Avec la connaissance que nous avons aujourd'hui, il apparaît clairement qu'aucune théorie du rêve ne peut capter la complexité inhérente à ce phénomène. L'état de veille fournit une base des fonctions psychologiques, à partir desquelles nous pouvons commencer à cataloguer la grande diversité des fonctions psychologiques possible dans des états de rêve. Ultimement, cette approche devrait fournir un fondement grâce auquel on pourra classer toutes les expériences conscientes qui surviennent durant le sommeil.
Comparaison des paradigmes occulte et scientifique
Bien que le rasoir d'Occam nous suggère de ne pas invoquer des notions occultes pour expliquer les états conscients de sommeil, le paradigme occulte mérite un commentaire à partir d'une perspective plus large. Ce que nous appelons aujourd'hui "occultisme" est en fait le fondement de nombreuses sciences modernes. L'exemple classique est la naissance de la chimie à partir de l'alchimie. L'histoire de l'astronomie est intimement reliée à celle de l'astrologie. Même la phrénologie du XIXème siècle, que l'on trouve aujourd'hui dans la littérature occulte, a été le précurseur de nos vues concernant la modularité de la fonction cérébrale. Ainsi, il n'est pas intellectuellement correct de rejeter tout l'occultisme comme inapproprié pour l'avenir de notre compréhension scientifique. En fait, il y a deux domaines de connaissance pour lesquels l'occultisme est pertinent : la physique et la psychologie.
Nous vivons dans une époque dominée par la passion d'une méthode scientifique et par la connaissance que cette méthode a créée. Parce que nous sommes si épris de science, nous manquons à voir ses défauts. Certains deviennent évidents quand on compare l'occultisme à la science. À un niveau philosophique, la science est hautement spécialisée et fragmentée, tandis que l'occultisme fournit une vue unifiée de l'Humanité et du Cosmos. La science elle-même est née de la réaction de la Renaissance au dogme rigide de l'Eglise Catholique. De là, la science, dans ses racines mêmes, a rejeté les considérations spirituelles, et, de ce fait, a jeté le bébé avec l'eau de bain. Le scientifique Occidental typique n'a aucune conception de la possibilité que la spiritualité puisse être étudiée avec la même rigueur intellectuelle que le monde naturel. Une étude des méthodes et de la philosophie profondes du Yoga nous montre en effet que la spiritualité elle-même peut être approchée avec le plus grand respect intellectuel. Le royaume de la psychologie s'écoule imperceptiblement dans le royaume du spirituel, mais à l'Occident, cela a seulement été reconnu par un petit nombre des scientifiques tels que Carl Jung ou Abraham Maslow. Une valeur possible de l'étude des idées occultes est qu'elles fournissent un modèle intellectuel d'une approche unifiée, quelque chose dont la science Occidentale moderne est terriblement dénuée. Quand nous parlons de découvrir les aspects les plus profonds du cerveau humain, cela implique de redécouvrir des vérités spirituelles bien connues des philosophies anciennes, qui survivent aujourd'hui dans de nombreuses doctrines occultes.
Un deuxième niveau où l'occultisme peut être pertinent à l'avenir est le lien entre la physique et la psychologie. Aujourd'hui, considéré d'une perspective scientifique, ce lien est le cerveau lui-même. Le cerveau incarne les principes de la physique : la diffusion, la conductivité électrique des membranes, les principes de réaction chimiques, et les principes de traitement d'information qui commencent seulement à émerger des analyses détaillées d'anatomie neurologique au niveau synaptique. De même, le cerveau est la base de la psychologie : il est le siège des réflexes, de la perception, des émotions, de la pensée, de la conscience, de la créativité et de l'imagination. Comment ces deux niveaux, qui paraissent aussi vastes l'un que l'autre, se rencontrent, on ne le comprend pas encore. Un certain optimisme nous fait penser qu'il ne s'agit que d'une question de détails et que bientôt, les diagrammes du cerveau humain nous révèleront les mystères de la psychologie humaine. On ferait bien de se souvenir qu'avant Einstein, LaPlace déclarait au monde que la physique avait résolu les problèmes de l'univers et que l'on verrait bientôt la fin de la physique, que tous les problèmes fondamentaux seraient résolus. Il n'a fallu que quelques décennies pour que la revendication de Laplace soit considérée comme la naïve fiction qu'elle était, avec l'avènement de la Théorie de la relativité et de la mécanique quantique. Le même processus peut être repéré dans l'histoire des mathématiques, depuis David Hilbert à Kurt Gödel (Kline, 1980). La morale de cette histoire est que l'optimisme n'est pas toujours justifié et que la Nature a sa façon de nous montrer que nos notions simplistes sont complètement fausses.
A partir de là, quand les physiciens parlent aujourd'hui d'univers à 26 dimensions sous-jacents à l'espace-temps que nous percevons quadridimensionnel (Davies et Brown, 1988), la notion occulte de plans ne semble pas être si loin de la vérité. Quand les physiciens parlent de "corps noir" - matière invisible qui n'interagit qu'avec la gravité et rien d'autre - nous ne sommes pas très loin des conceptions occultistes décrites vers 1900 (cf. Powel, 1969). Il serait peut-être sage de reconsidérer les déclarations des occultistes et leurs descriptions des états modifiés de conscience, reconnaissant qu'eux aussi peuvent avoir entrevu une certaine vérité qu'il nous prendra seulement un peu plus de temps à découvrir par les méthodes scientifiques à notre disposition. Cela ne veut pas dire que les théories occulstistes seront vraies comme elles sont énoncées actuellement. Ce que je signifie, c'est que l'avenir de la compréhension intellectuelle pourra en fait être un hybride plus ou moins reconnaissable de ce que nous appelons aujourd'hui "science" et "occultisme". Les scientifiques d'aujourd'hui sont profondément immergés dans le rôle social quotidien que notre culture définit actuellement comme "science", et ils tendent à ne pas voir au-delà de cela les plus grands modèles historiques et culturels dans lesquels ils sont immergés. L'étude de l'histoire montre qu'elle est assez indifférente aux modes de toute époque particulière : juste avertissement pour le chercheur de vérité.
Conclusion
Pour conclure, il est à espérer que cette petite leçon d'histoire aura pu aider le lecteur à repérer les perspectives historiques pertinentes pour la compréhension des états de conscience dans le sommeil. Il y a eu trois principales lignes de pensée. Il est nécessaire de démêler ces trois fils et d'aller au-delà des différences superficielles de terminologie, car nous avons besoin de reconnaître le vaste potentiel implicite de l'étude de la conscience durant le sommeil pour nous révéler certains des secrets les plus profonds du cerveau humain, et peut-être pour redécouvrir la sagesse ancienne sous une nouvelle forme.
Références
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Van Eeden F. W. V. (1913). «A study of dreams», Proceedings of the Society for Psychical Research. 26:431-461
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Robert Monroe
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Posté par Pascale D., le 11/9/8, sur «onirama»
Hier (le 10/9/2008), en dormant, je m’éveille à la conscience (entre RL et EHC).
«Je suis allongée et je veux me mettre debout. Mes jambes se verticalisent et se tiennent debout mais le haut de mon corps ne suit pas : mon buste et ma tête sont restés renversés en arrière. Je demande instamment à des femmes assez âgées, debout à côté de moi, de me tenir la main et de me tirer pour me redresser. J’y arrive, péniblement.»
Commentaires
Ce matin quand je repense à cette sorte de rêve si près d’une sortie hors du corps je revois le tableau «The Nightmare» de Johann Heinrich Füssli, 1781, que Roger Ripert a mis sur le site. Je télécharge la photo du tableau et je la tourne dans les 4 positions, ce qui est bien facile avec l’ordinateur. Dans la position où les jambes sont à la verticale, c’est exactement la situation de mon rêve ! D'autant que je suis une femme. Le personnage horrible qui écrase la femme, c’était pour moi le sentiment d’une grande difficulté dans le mouvement, comme d’être empêchée de me redresser.
Conclusion
Ce tableau m’a beaucoup aidée à comprendre que j’étais certainement en train de commencer une SHC (Sortie Hors du Corps) que mon conscient ne reconnaissait pas exactement comme telle. Seulement je ne l’ai pas ressentie comme un cauchemar contrairement au personnage du tableau. Je l’ai même ressentie comme un petit événement difficile que je réussis à surmonter avec l’aide des femmes aux cheveux gris.
J’ai retrouvé mes sensations dans un tableau : ainsi je peux comprendre ce tableau qu’avant je n’avais pas bien compris et je peux voir que évidement ce type de rêve, ces sensations, sont vécues par beaucoup de monde.
En faisant tourner quatre fois le tableau sur lui-même j’ai pu juger de son esthétisme magnifique : la femme est comme un oiseau élancé et léger. On peut aussi comprendre que le peintre, ne pouvant pas dire les choses franchement, les a dites en langage codé, caché.
Merci à Roger Ripert d’avoir proposé ce tableau à notre regard.
Pascale, activiste de la conscience.
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Posté par Noam, le 31/5/11, sur «onirama».
Rêves du 31 mai 2011
Premier rêve
«La jeune femme brune et le vieux monsieur»
Endormissement souple et naturel avec cassette d'auto-hypnose. Je m'endors en outre sur le dos; je me réveillerais plusieurs fois le matin; le 3ème "voyage astral" intervenant après mon dernier endormissement très souple vers 9 h.
Je viens de faire un rêve tout à fait lié au "voyage astral". Je me trouvais dans une pièce d'une quinzaine de mètres carrés. Nous étions trois dans la pièce, mais j'étais le seul à être allongé sur un lit qui se trouvait par terre. Il y a une jeune femme brune et un vieux monsieur barbu. Je sens que mon corps se soulève soudainement, puis revient à nouveau; je sens ensuite mon corps astral bouger, dans le sens que ce sont en quelque sorte non pas mes vrais membres qui bougent, mais ceux de mon corps astral et en particulier les jambes et la partie basse des jambes situées entre le tibia et le bout des pieds. Après ce petit aller-retour rapide, et le gigotement de mon corps astral pour ressortir, je sors réellement et me dirige vers la fille brune qui se trouve dans la pièce où je suis. Je m'approche de son visage; je la trouve d'ailleurs jolie, très jolie. Sa beauté ressemble un petit peu à celle d'Anjie, sans être elle bien entendue. Dans le rêve, je fais un voyage une excursion en compagnie de cette femme que je connais peu mais que j'apprends à connaître et qui suscite chez moi un sincère intérêt. Le vieil homme est probablement du voyage également. J'observe donc son visage de près et je me réjouis de cela. Je la questionne ensuite en lui demandant si je suis bien dans l'astral ? Vu que je peux poser des questions et qu'elle peut me répondre, j'en déduis que je ne suis pas dans un rêve mais bien dans l'astral. Elle me dit non, non ! Tu ne rêves pas, tu es bien dans l'astral et je ne peux répondre à toutes tes questions. Je me tourne ensuite vers l'homme qui me sourit; il a l'air d'un vieillard qui se tortille un petit peu dans tous les sens. En discutant avec la jeune femme, je suis tout d'abord surpris par la précision des détails de son visage avec la vision astrale. C'est alors qu'un grand plaisir m'envahit de me savoir à l'extérieur de mon corps et de pouvoir goûter tout un tas de nouvelles sensations que je ne connaissais pas. J'apprécie alors l'idée de pouvoir me balader où je veux. À la suite de cette discussion avec la jeune femme, je la courtise d'une certaine manière...
Le souvenir d'une autre partie du rêve me revient. Il s'agit encore d'un voyage astral, d'un survol au-dessus de la ville très excitant et très exaltant. La sensation d'élévation et de vol est très très forte. Mon vol ne semble pas très contrôlé, mais je m'en sors quand même pas trop mal. Il m'arrive même un moment donné de voler à l'envers, ou un reculons si vous préférez.
Une petite réflexion sur le sens de ma vie me vient au beau milieu de mes voyages astraux. Un petit peu comme un cheveu sur la soupe. Il faudrait que je continue à écrire de la musique pour piano et il faut aussi que j'écrive et rapporte mes récits sur mes voyages astraux. Il y a également un troisième élément important que je semble avoir oublié.
De nouvelles précisions ne reviennent sur les sensations ressenties dans mon corps lorsque j'étais à l'extérieur de mon corps devant la jeune femme. J'avais en effet la sensation étrange de me sentir respirer. Je ne sais pas si levoyageur astral est censé sentir ou non la respiration de son corps astral. Mais, quoi qu'il en soit, je me sentais respirer. Je sentais également que je manquais un petit peu de souffle; j'en étais un petit peu étonné, et me suis tout de suite demandé si cela était dû à un manque énergétique ou bien encore un manque de maîtrise en tant que débutant. J'ai ensuite découvert lorsque je me suis complètement réveillé le matin, qu'en effet, mes narines étaient bouchées. Il se peut que cette sensation de manque de souffle au cours de mon voyage astral venait de là.
Il me semble bien que ce rêve et ce voyage astral soient survenus après un petit éveil au matin où je me suis endormi paisiblement dans l'idée tranquille que je voyagerai dans l'astral.
Dernier détail enfin, je me souviens très très bien, de la réintégration dans mon corps, suivie d'une envie terrible de repartir. Cette réintégration ressemblait d'ailleurs beaucoup plus au fait que ma conscience était revenu se localiser à l'endroit de ma tête, plutôt qu'une sensation particulièrement physique.
Empressé de repartir, j'essayais d'agiter à nouveau mon corps astral, tout en me sentant à la fois léger et conscient.
Une autre partie du rêve rappelle que la jeune femme brune souhaitait faire un test afin de m'aider à démontrer que mon voyage astral n'était pas un rêve. Pour cela, elle essaie de me montrer deux indices qui pourront être la preuve que je n'ai pas rêvé et que j'ai bien voyagé. Elle relève les cheveux derrière sa nuque pour me montrer une sorte de tatouage ou d'inscription, c'est un mot qui ressemble à masseux, sasseux, heureux ou quelque chose de ce genre. Je me souviens malheureusement pas du deuxième indice qu'elle me montre. Mais en tout cas, elle semble tenir à démontrer que mon voyage était un vrai voyage astral !
Retour à mon voyage astral au-dessus de la ville, je me fais la réflexion suivante, je me dis que c'est tout à fait sympathique et extraordinaire de survoler la ville, mais qu'il serait peut-être intéressant de penser à une destination précise... Bizarrement, à la suite de cette pensée très judicieuse, je ne formule pourtant aucune destination précise ce qui est bien dommage.
Je reviens dans la chambre retrouver la jeune femme brune et le vieux monsieur
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Deuxième rêve
«Dans mon logement avec mon père»
Après m'être réveillé, et avoir retranscrit le voyage la jeune femme brune et du vieil homme, le réveil ayant eu lieu environ entre 6 h 30 et 6 h 50, je me rendors paisiblement avec l'idée de faire un voyage astral. Je suis détendu.
Je suis dans ma chambre et je sors de mon corps la sensation est étrange est pas facile à décrire. Ce qui est certain c'est que l'intention de sortir de corps est réelle, comme une impulsion, l'envie de sortir et la sensation également que je me trouve dans un état où je sais que je suis capable de sortir, il suffit juste part d'avoir l'intention et de secouer légèrement son corps astral pour cela. Contrairement à la sensation que j'avais dans l'autre rêve plutôt fixé sur les pieds et le bas des jambes ainsi que la conscience qui part où qui revient dans le corps, cette décorporation est davantage centrée sur la tête que sur les pieds. Je sens également à la fois ma conscience en sortant tout en la ressentant autour de mon visage astral.
Une fois à l'extérieur de mon corps, mon père arrive dans le logement pour ramener des affaires. Mon père ne sait pas que je suis à l'extérieur de mon corps. Il rale un petit peu car il constate que je ne suis pas prêt.
Dans mon salon, mon père arrive devant la porte de ma chambre, mais celle-ci est fermée et n'a pas de poignée. Il ne peut pas l'ouvrir. Pendant ce temps je me réjouis d'observer mon père tout en sachant que je sais qu'il peut pas me voir alors que pourtant je suis à côté de lui.
Je profite de ce moment de profonde et liberté astrale, pour aller faire un petit tour dans ma salle de bains. Je m'approche de la classe et j'essaie de voir si mon corps astral peut se voir dans la glace. Effectivement, je découvre ton visage astral tel qu'il est dans la réalité. Je m'amuse ensuite à faire un petit jeu de transformation car je sais que je suis à la fois conscient, à mi-chemin entre le rêve et l'astral. Mon corps se transforme : j'ai soudainement plus de bras droit, comme un mutilé de guerre dont il reste le moignon. Je décide ensuite de me transformer en Marie Cela fonctionne assez bien, mon visage devient celui de Marie. Parti dans l'amusement, je poursuis en me disant tiens, je vais transformer mon corps d'homme en corps de femme. Cette transformation réussit moins bien que le visage de Marie car, visiblement, mon sexe d'homme à du mal à disparaître totalement, et ne fait que s'atrophier en une espèce de chair informe.
Je repars dans le salon rejoindre mon père qui est toujours derrière ma porte et qui est agacé. Je me dis alors qu'étant donné que la porte est fermée, je vais bien être obligé de traverser le mur pour rentrer dans ma chambre mais surtout pour retourner dans mon corps. Je semble avoir quelques difficultés à traverser le mur.
Ce voyage astral chez moi est en fait le troisième d'une série dont, malheureusement, j'ai oublié les détails du premier et du deuxième. Mais ce que je n'ai pas oublié, c'est que j'ai réussi ce matin, avec un sommeil détendu, à faire quatre rêves sur le voyage astral dont je me souviens de deux avec une grande précision et une pleine conscience.
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