SAINT-AUBIN-DES-CHAUMES |
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CLAMECY |
AVALLON |
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Saint-Aubin-des-Chaumes est un petit village français, situé dans le département de la Nièvre et la région de Bourgogne-Franche-Comté (anciennement Région Bourgogne). |
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Fouille du sanctuaire antique de Couan, août 2020 |
Fouille d'un bâtiment annexe au sanctuaire |
Entretien entre Michel Leconte, mythologue (à gauche), et Pierre Nouvel, professeur en archéologie, responsable des fouilles (à droite). |
Sous la direction de Pierre Nouvel, une nouvelle opération de fouille sur le sanctuaire antique de Couan est menée du 3 au 21 août 2020. Photos prises par Roger Ripert, le 11/8/20 |
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ArchéologieMis au jour par un «pilleur» nivernais, le sanctuaire de Couan, près de Vézelay, dévoile ses mystères le 14 juin
Un des trésors monétaires pris en photo par monsieur C., le « pilleur », peu après sa sortie du sanctuaire © Rivière Laurent
En 2008, un pilleur révélait sa découverte d’un trésor, trente ans plus tôt, sur le site du sanctuaire de Couan. Une première campagne de fouilles a débuté la semaine dernière. Les résultats sont présentés au public vendredi 14 juin.
À environ 7 km au sud-ouest du bourg de Vézelay (Yonne), dans la commune de Saint-Aubin-des-Chaumes (Nièvre), se situe le sanctuaire de Couan. Un site connu dans le milieu scientifique pour avoir été le lieu de la découverte rocambolesque et secrète, dans les années 1970, d’un important ensemble de statuaire et de mobilier constituant un « dépôt de sanctuaire » extraordinaire. Un « pilleur » nivernais raconte dans un testamentMis au jour de manière illégale par un « pilleur » nivernais, monsieur C., puis vendu et dispersé dans de prestigieuses collections américaines, ce site exceptionnel a été dévoilé par les aveux du pilleur dans un testament « scientifique » qu’il n’a confié aux archéologues qu’en 2008. Ces confidences ont confirmé les rumeurs de découverte d’un trésor, dans la région de Tannay, qui circulaient depuis 1990 dans la communauté des archéologues, qui voyaient passer certains de ces objets uniques et précieux dans la salle des ventes d’Auxerre. Une première campagne de fouilles menée par l’archéologue Pierre Nouvel a débuté la semaine dernière sur ce site et ses résultats seront présentés au public, sur le terrain vendredi 13 juin. L'histoire de cette découverteL’histoire débute dans l’été 2008. monsieur C., alors âgé de 87 ans, tiraillé par sa mauvaise conscience, confie à un conservateur du patrimoine, dans une déclaration de dix pages, les résultats avec détails et croquis, d’un pillage au détecteur de métaux qu’il a réalisé trente ans plus tôt. Cet ancien ouvrier faïencier à Nevers se livrait à l’époque à de nombreuses fouilles et prospections clandestines dans la Nièvre. Il s’était intéressé à ce site après avoir appris, dès 1956, qu’un archéologue local, l’abbé Bernard Lacroix, avait fait des « sondages » au lieu-dit Bois-de-Couan, sur la commune de Saint-Aubin-des-Chaumes. En août 1977, monsieur C. constate que le terrain, entièrement défriché, est devenu une parcelle cultivée. Ils la prospectent jusqu’à ce que sa femme ramasse une petite monnaie de bronze. Cet indice est suffisant pour qu’il y retourne avec un détecteur, acheté dans un surplus américain. Celui-ci lui permet de mettre au jour un premier trésor monétaire. Cette cache étant à près de 80 cm de profondeur, en terrain dégagé, il rebouche ce trou en laissant un repère en surface et décide de revenir de nuit. Reprenant alors ses fouilles, il se rend compte que sa première trouvaille est entourée d’une quantité importante d’objets en bronze. Une partie des statuettes de bronze photographiées par le pilleur peu après leur découverte Il y a là la sculpture d’un Apollon, un tonnelet-tirelire contenant un autre trésor monétaire, une grande tirelire en forme de temple contenant des monnaies d’or et d’argent, des bijoux, des cuillères, un miroir en argent et des statuettes de bronze portant une dédicace mentionnant un dieu, Cobannus, que les spécialistes de toponymie ont facilement mis en relation avec le nom de la colline actuelle, Couan. Des objets dispersésD’autres pillages suivent et permettent à monsieur C. de prélever une grande poterie contenant un nouveau trésor monétaire d’environ 5.000 monnaies, mais aussi quelques statuettes et des bustes en bronze. Il rapporte tout à Nevers et entreprend un nettoyage soigneux de chaque objet. Bien que dans un état de conservation exceptionnel, ceux-ci sont partiellement recouverts d’une pellicule de calcaire qu’il met plusieurs mois à enlever. Avant de disperser ces objets, via des intermédiaires : experts français et étrangers, salles des ventes… Monsieur C. fait des moulages au silicone, dont il fait quelques tirages en plâtre, pour les garder en souvenir. En 2008, lors de ses aveux, il conserve encore chez lui ces moulages en plâtre peint, couleur bronze, des principaux objets, ainsi que cinq originaux, encore non vendus : une statuette d’Apollon, de Minerve, deux de Mercure et un pommeau portant un décor de cavalier. La déclaration de découverte et l’inventaire réalisé par le service régional de l’archéologie de Bourgogne-Franche-Comté, ont servi à établir une plainte déposée auprès du procureur de la République de la Nièvre en 2009. Elle a été classée sans suite, pour « prescription de l’action publique ». Toutes les pistes fournies par monsieur C. dans ses aveux (dates et lieux des ventes, intermédiaires et acheteurs) n’ont donc pas pu faire l’objet d’une enquête, ni de poursuites pour recel. Encore moins de saisie des objets volés, dont les plus belles pièces trônent encore dans de célèbres musées américains. Une campagne de fouillesIl reste heureusement aux scientifiques français les moulages de plâtres, et une excitante campagne de fouilles qui se poursuivra jusqu’au 27 juin, dirigée par Pierre Nouvel avec le concours de Loïc Gaëtan et de Matthieu Thivet. Ces travaux, qui accueillent une trentaine d’étudiants, avec le soutien logistique de l’établissement public de coopération culturelle de Bibracte, ont pour objectif d’évaluer le potentiel du complexe, déjà bien appréhendé par deux campagnes de géophysique. Il s’agit surtout d’étudier la structure où a été déposé le « trésor de Cobannus ». Les premiers résultats de l’opération seront présentés, sur le terrain, vendredi 15 juin, lors d’une journée portes ouvertes organisée en association avec le musée d’Avallon L’accueil se fera, vendredi 14 juin, sur le terrain, à partir de 14 h, avant une conférence au musée d’Avallon à 16 h 30. Le site de fouilles à Saint-Aubin-des-Chaumes, au passage du col de la route reliant Foissy-près-Vézelay à Nuars, au pied de la butte de Couan. Des indications sur place seront apposées pour permettre le parcage des véhicules lors de cette journée. |
Photo aérienne du fanum du site gallo-romain de Couan Source : http://histoire-art-archeologie-besancon.fr/wp-content/uploads/2019/04/Couan-affiche.pdf |
LE FANUMSource : Wikipedia Le fanum, de construction généralement simple, possède une cella « pièce où le dieu réside », le plus souvent carrée, mais qui peut être ronde ou rectangulaire, entourée d'une galerie, couverte ou non. On ignore l'utilité de cette galerie : elle pouvait servir à une déambulation des fidèles autour de la cella, qui pouvaient ainsi se rapprocher de la divinité. Cette disposition expliquerait la phrase de Strabon : « les Gaulois vénèrent leurs dieux en tournant autour ». De plus, dans les religions antiques, le temple est la demeure sacrée du dieu et seuls les prêtres y pénètrent, les rites cultuels ayant lieu à l'extérieur du temple. Cet édifice central est en principe toujours situé à l'intérieur d'un péribole qui délimite l'espace sacré. Cette limite est matérialisée par un fossé ou un mur. On appelle temenos en grec (templum ou area sacra en latin), l'espace sacré, tandis qu'on nomme péribole, la limite (mur ou fossé). L'espace sacré, ainsi délimité, est placé sous la protection de la divinité, contrairement à l'espace profane. Cette séparation sacré / profane n'est pas exclusive à la religion gallo-romaine, mais bien une caractéristique universelle du rituel religieux. De même, à l'époque gauloise, les fossés eux-mêmes entourant les sanctuaires sont considérés comme périboles délimitant des téméno. Le plan particulier des fanums est éloigné des modèles méditerranéens (Temple romains), il devait ainsi répondre aux besoins spécifiques de rituels résultant de la rencontre entre religions celtique et romaine. |
CHANTIER DE FOUILLES ARCHEOLOGIQUESSANCTUAIRE DU DIEU COBANNUS
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Plan du bois de Couan
Michel Leconte et Roger Ripert * sur le site de Couan, le 18/7/2019. Les fouilles ont été rebouchées mais on distingue encore nettement leur trace. En arrière plan, la ferme de St Thibault. * Président-fondateur de l'association Novem fontes, pour la défense du patrimoine neuffontain (association actuellement gérée par la mairie de Neuffontaines). |
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GobannusSource : WikipediaGobannus ou Cobannus (Gobannos, dans sa forme gauloise) est un dieu gallo-romain, dont le nom, dénotant « le forgeron », est normalement pris pour l'identifier comme patron des forgerons. Un certain nombre de statues lui sont consacré, retrouvées avec un chaudron en bronze dédié à Deus Cobannos1, à la fin des années 1980 et exportées illégalement aux USA, maintenant au Getty Museum du Getty Center, en Californie (2). Il est mentionné dans une inscription trouvée dans les années 1970 à Fontenay-près-Vézelay, indiquant AVG(VSTO) SAC(RVM) [DE]O COBANNO, c'est-à-dire dédié à Auguste et Deus Cobannus. ÉtymologieLe nom provient d'une racine proto-celtique, *goban- "forgeron"3 et peut être comparé avec le vieil irlandais gobae ~ gobann "forgeron", le moyen gallois gof ~ gofein "forgeron", le gaulois gobedbi "avec les forgerons", le latin faber "forgeron" et avec le lituanien gabija "feu de la maison sacrée" et le lituanien gabus "doué, habile" (4). Le théonyme peut être un antécédent du vieil irlandais Goibniu et du moyen gallois Gofannon. En irlandais moderne "forgeron" est gabha, et en gallois moderne c'est gof. Abergavenny, dans ce qui est maintenant au sud-est du Pays de Galles était le site d'un fort romain et d'une colonie appelée Gobannium. Tablette de GobannusLa dédicace la mieux conservée à Gobannus se trouve sur la tablette de zinc de Berne, où son nom est écrit ΓΟΒΑΝΟ (dans le datif et en lettres grecques). La tablette a été trouvée dans les années 1980 à Berne. Il est inscrit avec une inscription apparemment gauloise : ΔΟΒΝΟΡΗΔΟ ΓΟΒΑΝΟ ΒΡΕΝΟΔΩΡ ΝΑΝΤΑΡΩΡ Brenodor est probablement un nom de lieu ; Nantaror peut se référer à la vallée de l'Aar (contenant comme premier élément nanto- "vallée"). Dobnoredo semble être une épithète de Gobano, peut-être composé de dubno- "monde" (vieil irlandais : dumh, Dumnorix, Donald) et r?do- "voyage" (viel irlandais : riad), ou r?d? "chariot" c'est-à-dire "voyageur du monde" ou "aurige du monde", de sorte que l'inscription peut signifier approximativement "à Gobannus, le voyageur du monde, dédié par les gens de Brennoduron dans la vallée d'Arura". Bien qu'appelée zinc, la tablette est constituée d'un alliage qui contient également du plomb et du fer ainsi que des traces de cuivre, d'étain et de cadmium (Rehren 1996). Le zinc a été éventuellement recueilli à partir d'un fourneau, où le métal est connu pour s'agréger, Strabon l'appelant pseudoarguros "argent fictif". En 1546, Georg Agricola a redécouvert qu'un métal blanc pouvait être condensé et raclé sur les parois d'un fourneau lorsque les minerais de zinc ont été fondus, mais on croit qu'il était habituellement rejeté car sans valeur. Puisque la tablette est dédiée au dieu des forgerons, il n'est pas improbable que des restes de zinc raclés dans un fourneau aient été collectés par des forgerons et considérés comme particulièrement liés à la forge. Notes et références
Bibliographie
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Les dieux de la forge en GauleMythologie Française : Bulletin de la Société de Mythologie Française, N°233, décembre 2008
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Pour en savoir plus
Gallo-Roman Bronzes and the Process of Romanization :
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Il est mentionné dans une inscription trouvée dans les années 1970 à Fontenay-près-Vézelay, indiquant In :
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par Michel Leconte
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Société de mythologie française n° 233
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