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CONTRE LA TORTURE

LES CRIMES DE GUERRE

les sévices et les traitements inhumains

POUR LE RESPECT
DE LA DIGNITÉ HUMAINE

 

L'ONG CHRÉTIENNE CONTRE LA TORTURE ET LA PEINE DE MORT

 

LUTTER CONTRE LA TORTURE

La torture n’est jamais légitime et la dignité de toute personne humaine doit être respectée sans aucune exception morale ou juridique. L'engagement de l'ACAT contre la torture, basé sur l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme [1] et sur l’Evangile selon Saint Mathieu (25,40)[2] est à l’origine de sa création en 1974.

Notre organisation prend la défense de toutes les victimes de tortures et de mauvais traitements, sans distinction idéologique, ethnique ou religieuse, qu’elles soient des prisonniers d’opinion ou de droit commun, détenues par des États ou des entités non-étatiques, ayant commis ou non des actions répréhensibles.

Notre action contre la torture :

• Prendre la défense de toutes les victimes de tortures
• Enquêter dans les pays où la torture est pratiquée
• Sensibiliser l’opinion publique, les chrétiens et faire pression sur les décideurs, les gouvernements et les institutions internationales.
• Agir par des interventions individuelles et collectives pour :
• la défense de personnes torturées ou risquant de l’être
• le respect et l’application stricte des conventions et autres instruments internationaux et régionaux que les Etats doivent respecter
• La lutte contre l’impunité
• le développement de politiques de prévention
• Nous constituer partie civile auprès des juridictions pénales pour assister les victimes de tous les crimes contre lesquels elle se bat


Les crimes contre lesquels l'ACAT agit :

Torture, peines ou traitements inhumains, cruels ou dégradants
Exécutions capitales judiciaires ou extrajudiciaires
Disparitions forcées
Crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides


[1] «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.»

[2] «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»

 

Le camp X-Ray, ça ne vous évoque rien ?
Moi si, les camps de concentration nazis.

Après la persécution des juifs,
la persécution des islamistes.


AU NOM DE LA CONSCIENCE HUMAINE,

DE CE QU'IL NOUS EN RESTE TOUT AU MOINS,

STOP ! ENOUGH ! ASSEZ !

Roger Ripert

 

Belle illustration de la "démocratie" US !

Jeudi 24 janvier 2002

 

Vêtus de tenues orange, menottés et les pieds enchaînés,
les 158 prisonniers de la base américaine de Guantanamo semblent des ombres,
au loin, sous le soleil torride du camp X-Ray.

 

Les prisonniers de Guantanamo : des ombres oranges

 

BASE MILITAIRE AMERICAINE DE GUANTANAMO (AFP) - 24/1/2 - Vêtus de tenues orange, menottés et les pieds enchaînés, les 158 prisonniers de la base américaine de Guantanamo semblent des ombres, au loin, sous le soleil torride du camp X-Ray. Entouré de barbelés de trois mètres de haut et de mauvaises herbes, le camp, enclavé dans des monts, ressemble à un endroit perdu au bout du monde. A moins de deux kilomètres, se trouve le côté cubain de l'île. Les prisonniers, des talibans et des membres présumés d'Al-Quaïda amenés d'Afghanistan, se déplacent peu. Ils sont assis ou accroupis, ou prient peut-être. Soudain, l'un d'eux se redresse et étale une serviette sur le côté métallique de sa cellule, pour se protéger du soleil. D'autres suivent son exemple.
Pour des "raisons de sécurité", les journalistes autorisés mercredi à visiter le camp doivent rester à une centaine de mètres de l'entrée. A cette distance, le camp paraît silencieux, un silence seulement rompu par un martèlement incessant: près des barbelés, un groupe de soldats finit de construire trois maisonnettes en bois qui serviront à l'interrogatoire des détenus. Une demi-douzaine de miradors se dressent autour du camp. Près des cellules déjà occupées, un nouveau bloc comprenant 60 cellules supplémentaires est presque terminé, en dépit du fait que l'armée américaine a suspendu le transfèrement de prisonniers d'Afghanistan. Devant la porte du camp, sont stationnés des véhicules équipés de mitrailleuses, deux ambulances, et des Marines s'affèrent avec leurs fusils d'assaut. A l'arrière du camp, un poteau porte une inscription en arabe indiquant : La Mecque. "Nous essayons de traiter les détenus de manière ferme, mais aussi humaine et juste", assure le colonel Terry Carrico, l'un des responsables du camp. "Aujourd'hui, ils peuvent parler entre eux, bien qu'on ne leur permette pas de faire de l'exercice". Environ 400 Corans sont arrivés et vont être distribués aux détenus, indique le plus haut responsable de la base, le général Michael Lehnert. Mais les détenus n'auront pas le droit pour le moment de recourir à des avocats, précise-t-il. Ces hommes "sont potentiellement dangereux", affirme le colonel Carrico. Un jeune Marine d'origine mexicaine, Abraham Pérez, n'hésite pas à déclarer: "Ce sont les pires des pires, mais ils sont gardés par les meilleurs des meilleurs". Le caporal Perez, âgé de seulement 21 ans, est l'un des hommes responsables de la sécurité à X-Ray. Il montre un minuscule lexique anglais-arabe contenant des instructions sur la manière de prononcer. Le lexique contient une vingtaine de mots: assieds-toi, marche, eau, interdit, médicaments... Des instructions sont également données pour faire face à d'éventuels incidents avec les détenus, depuis l'avertissement verbal, jusqu'à l'utilisation de la force physique ou de balles en caoutchouc. "Des balles véritables ? Je ne crois pas que nous ayons à y recourir. Nous avons les armes, eux non. Ils le savent", déclare un Marine, montrant les cellules plus loin.

Les enquêteurs "américains" entament les interrogatoires des prisonniers de Guantanamo
NDLR : ajoute arrivée d'un aumônier musulman de l'armée américaine (8e et 9e para.)

BASE NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) - 24/1/2 - Les enquêteurs américains ont commencé mercredi à interroger certains des 158 détenus capturés en Afghanistan qui ont été transférés à la base navale américaine de Guantanamo dans l'est de Cuba. Les transferts des talibans ou combattants d'Al-Qaïda détenus par les Américains en Afghanistan ont été suspendus pour permettre aux enquêteurs à Guantanamo de se concentrer sur les interrogatoires.

Au "Pentagone" [sic], on évoquait des raisons de sécurité, les capacités actuelles de camp X-Ray, ce centre de détention installé à la hâte dans la base, étant atteintes. La population actuelle du camp va permettre aux militaires d'isoler les détenus soumis aux interrogatoires, a expliqué à la presse le général de brigade Mike Lehnert des Marines, en charge du camp de détention. ''Nous ne voudrions pas qu'ils comparent leurs versions''.
A Washington, George W. Bush a assuré mercredi aux parlementaires américains qu'il rencontrait en privé qu'ils devaient être ''fiers'' des conditions de détention de ces prisonniers. ''Vous devriez être fiers. Nous continuons à protéger notre peuple'', a déclaré le président américain, selon des sources proches de la Maison Blanche et des sources parlementaires assistant à la rencontre. Certains parlementaires ont toutefois décidé de ce rendre dans le camp vendredi pour s'en assurer personnellement, selon les assistants du représentant de Floride, Ileana Ros-Lehtinen et de celui de l'Indiana, Steve Buyer, tous deux républicains, qui feront partie de la délégation.
D'après des responsables militaires à Guantanamo, les prisonniers ne sont pas autorisés à avoir des avocats à leurs côtés durant les interrogatoires menés par des officiers de plusieurs agences civiles et militaires américaines qui vont les questionner sur divers sujets dont l'entraînement terroriste. L'un des douze représentants du clergé musulman que compte l'armée américaine est arrivé dans la base tard mercredi soir. Entre autres problèmes, il doit aborder avec les responsables du camp la possibilité pour les détenus de se laisser repousser les cheveux et la barbe, symboles de la foi des pratiquants, qui ont été rasés lors de leurs mise en détention. Le lieutenant de la marine américaine Abouhena Saif-al-Islam, qui est devenu en 1999 le premier aumônier musulman des Marines, est arrivé à Cuba en provenance de la base de Pendelton, en Californie. Il devrait rencontrer des prisonniers jeudi et être chargé de leur prodiguer des conseils spirituels tout en permettant à leurs gardiens de mieux comprendre leurs valeurs et leur culture. Les interrogatoires se déroulent actuellement sous une tente dressée à Camp X-Ray, un camp fortifié entouré de trois rangs de barrières surmontées de barbelés et de miradors. Mais les militaires sont en train de construire trois bâtiments en bois qui deviendront des centres d'interrogatoires plus permanents. Des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) devraient assister aux interrogatoires, selon son représentant Darcy Christen, à Genève, bien que les conditions d'une telle présence n'aient pas encore été précisées. Des représentants du CICR ont déjà pu s'entretenir avec une trentaine de détenus au cours des derniers jours. Mercredi, 220 cellules grillagées de 2,5 mètres sur 2,5 avaient été construites à Camp X-Ray.
L'armée américaine insiste sur le fait que ces cellules sont provisoires, alors que nombre d'organisations de défense des droits de l'homme et plusieurs gouvernements européens ont dénoncé les conditions de détention des prisonniers de Guantanamo, que les Etats-Unis refusent de considérer comme des prisonniers de guerre.
A Londres, cette demande a été réitérée par la députée travailliste Ann Clwyd, présidente du la commission parlementaire britannique sur les droits de l'Homme, qui a rencontré mercredi un haut-représentant de l'ambassade américaine, Glyn Davies. Cette dernière a également rencontré un groupe de musulmans britanniques qui estiment que les Etats-Unis ont humilié et dégradé les prisonniers. Le ministère allemand des Affaires étrangères a quant à lui annoncé mercredi qu'il avait convoqué la veille l'ambassadeur américain pour discuter du traitement réservé à ces détenus considérés comme hors du commun par Washington. L'Ambassadeur Dan Coats s'est entretenu avec le numéro deux du ministère, Gunter Pleuger, a précisé Mark Smith, le porte-parole de l'ambassade américaine. Par ailleurs, 400 exemplaires du Coran, avec des passages en arabe et en anglais ont été livrés au camp pour être distribués aux prisonniers.

*

Inquiétudes sur le traitement des prisonniers d'Afghanistan

LONDRES (AFP) - 14/1/2 - Un nouveau groupe de 30 prisonniers d'Afghanistan était attendu lundi à la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, pour être placés en détention illimitée, selon le Pentagone qui a souligné, au milieu d'une controverse, que les détenus étaient bien traités. "Des mesures d'extrême précaution sont prises parce que que nous avons affaire à des gens très, très dangereux, mais jusqu'ici aucun incident particulier n'a été signalé", a déclaré la porte-parole du Pentagone Victoria Clarke.

Les Etats-Unis entretiennent un flou inquiétant sur la façon dont ils entendent traiter les combattants faits prisonniers en Afghanistan, au risque d'entamer leur crédibilité morale, préviennent experts et défenseurs des droits de l'homme à Londres. Si le droit des Américains de maintenir en détention des membres présumés du réseau Al-Qaïda n'est pas mis en cause, les conditions de détention de ces prisonniers et les droits dont ils bénéficient suscitent des inquiétudes. "Un des éléments inquiétants est le manque de transparence concernant la façon dont ils sont traités", estime Adam Roberts, professeur de relations internationales à l'université d'Oxford et auteur d'un ouvrage sur le droit de la guerre. Vingt prisonniers ont déjà été transférés vendredi par avion militaire d'Afghanistan à Cuba, un voyage de plus de 24 heures et de quelque 13.000 km. Ils devaient être rejoints par trente autres. Jugés très dangereux par les Etats-Unis, les prisonniers, membres d'Al-Qaïda ou talibans, étaient menottés, leurs pieds étaient entravés et leurs visages étaient couverts d'une cagoule. Dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, ils ont été incarcérés dans des cellules de 4,3 mètres carrés aux murs grillagés. Comme cette prison n'est pas située sur le territoire américain, les prisonniers ne peuvent pas se réclamer des droits prévus par la constitution américaine. Les experts reconnaissent généralement que ces détenus ne sont pas des prisonniers de guerre comme les autres et que les Américains sont en droit de prendre des précautions. Alors que des prisonniers de guerre au sens traditionnel sont censés revenir dans leur pays dès la fin des hostilités, il s'agit dans le cas présent de suspects potentiellement dangereux, peut-être entraînés en vue de préparer des attentats dans le monde entier. Toutefois, comme de nombreux experts et défenseurs des droits de l'homme, M. Roberts insiste sur l'importance du respect par les autorités américaines des principes édictés par la Convention de Genève de 1949, selon laquelle toute personne capturée pendant une guerre doit être traitée humainement. Dans une lettre adressée au gouvernement américain, Amnesty International a aussi réclamé que "toutes les personnes détenues par les Etats-Unis à la suite des opérations militaires en Afghanistan (soient) traitées humainement, en totale conformité avec les normes internationales". "Pour la plupart, nous avons l'intention de les traiter d'une manière raisonnablement conforme à la Convention de Genève", a affirmé le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Une expression jugée ambiguë par les défenseurs des droits de l'homme. Le Pentagone a accordé aux prisonniers le droit de pratiquer leur religion et leur a consenti l'accès à des soins médicaux, mais pas à un avocat. "Même si les détenus n'étaient pas des prisonniers de guerre, ils restent des êtres humains avec des droits", écrit Michael Byers, professeur de droit international à l'université américaine de Duke (Caroline de Nord) dans le quotidien britannique Guardian publié lundi. "Pour le plaisir fugitif d'une revanche rapide", les Etats-Unis risquent, selon lui, de perdre leur crédibilité morale, estime-t-il. Un autre sujet d'inquiétude est le parcours judiciaire que les Etats-Unis vont réserver à ces prisonniers. Seront-ils jugés par un tribunal militaire ou civil ? Il existe un "vide juridique", reconnaît le professeur Roberts. "Il apparaît que ce pays (les Etats-Unis), le plus puissant du monde, utilise son pouvoir sans discernement. A long terme, cela peut être dangereux pour nous tous", estime Sarah de Mas, directrice adjointe du groupe de pression britannique Fair Trials Abroad ("Pour des jugements équitables à l'étranger").

Prisonniers transférés d'Afghanistan à Cuba : Londres demande des explications à Washington

LONDRES - 21/1/2 - Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a annoncé dimanche avoir demandé des explications au gouvernement américain après la publication de photographies montrant des détenus talibans et membres du réseau terroriste Al-Qaïda menottés et agenouillés, ou au visage dissimulé par des lunettes de protection obscurcies.
Ces photographies de la Marine américaine ont été publiées dimanche par de nombreux journaux, notamment britanniques, suscitant une polémique. Elles montrent des prisonniers menottés et agenouillés sur le sol d'une prison de la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba. D'autres clichés font apparaître des détenus portant des lunettes obscurcies pour les empêcher de voir, ainsi que des masques et des moufles. Le tabloïd britannique ''The Mail on Sunday'' en a fait sa une, sous le titre ''Torturés''.
''Les premières images montrent le recours à la privation sensorielle pour ramollir les suspects en vue de l'interrogatoire'', a affirmé le journal. A la base de Guantanamo où 34 nouveaux prisonniers ont été transférés d'Afghanistan dimanche, un porte-parole a déclaré dimanche que ces photographies ont été prises peu après l'arrivée d'un groupe de prisonniers à bord d'un avion de transport militaire C-141.
''Il fait plutôt froid à bord d'un C-141, d'où le chapeau et les moufles, pour le confort'', a expliqué Robert Nelson. Quant aux lunettes sombres, a-t-il dit, il s'agit d'un mesure de sécurité pour empêcher les prisonniers d'y voir durant le processus de transfert et les examens médicaux qui ont suivi leur arrivée.
Des organisations de défense des droits de l'homme et des parlementaires britanniques ont critiqué le traitement des prisonniers, qui n'ont pas vu d'avocat depuis leur arrivée. Ils n'ont pas été inculpés et le gouvernement américain n'a pas précisé la durée de leur détention ni quel serait leur sort.
Le Premier ministre Tony Blair a noté qu'ils s'agissait de ''gens très dangereux'' mais souligné qu'ils devaient être traités conformément à la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre. ''La position du gouvernement britannique est que les prisonniers, quel que soit techniquement leur statut, doivent être traités humainement et conformément au droit international'', a souligné de son côté Jack Straw dans un communiqué.
Les autorités américaines affirment que des mesures de sécurité strictes sont nécessaires en raison de la dangerosité de ces détenus, dont certains continuent de menacer de mort leurs gardiens. Les Etats-Unis qualifient ces prisonniers de ''combattants illégaux'', et non de prisonniers de guerre, en assurant qu'ils seraient cependant traités humainement. Invité de l'émission ''Meet the Press'' (''rencontre avec la presse'') sur la chaîne NBC, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a défendu l'idée de faire comparaître ces prisonniers devant des tribunaux militaires. C'est selon lui la meilleure façon selon de ''parvenir à de justes décisions''. ''Aux Etats-Unis, nous avons un système criminel juste et les gens sont traités correctement'', a-t-il ajouté. Ceux qui disent ''le contraire sont fondamentalement mal informés'', selon M. Rumsfeld.

Des prisonniers blessés attendus à Guantanamo alors que de nouvelles questions se posent sur le traitement des détenus

BASE NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) - 21/1/2 - Un nouvel avion transportant des prisonniers en provenance d'Afghanistan est arrivé lundi à la base navale américaine de Guantanamo à Cuba alors que de nouvelles questions se posent sur le traitement et le statut juridique des détenus. A Los Angeles, un juge fédéral a ainsi accepté d'entendre le recours déposé par un groupe de défenseurs des droits de l'Homme, parmi lesquels figure l'ancien ministre américain de la Justice Ramsey Clark, qui contestent les conditions de détention des talibans et combattants d'Al-Qaïda transférés à Guantanamo.

Les Pays-Bas ont demandé à leur tour aux Etats-Unis de reconnaître à ces détenus le statut de prisonniers de guerre, pour qu'ils puissent ainsi bénéficier des droits prévus par la Convention de Genève. ''Dans la lutte -contre le terrorisme- nous devons maintenir nos normes et nos valeurs'', a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères Jozias van Aartsen. ''Cela s'applique aussi au prisonniers''. Selon les responsables militaires, le vol de lundi devait inclure des détenus en civière, l'armée américaine donnant la priorité aux transferts des blessés et malades, en raison du froid croissantr en Afghanistan.

Selon MSNBC, 17 nouveaux détenus seraient arrivés, mais ce nombre n'a pas été confirmé. En préparation de l'arrivée des détenus blessés ou malades, les militaires ont comencé à déblayer un terrain donnant sur la mer pour ériger mardi un hôpital de campagne sous une large tente, qui disposera de l'air conditionné pour protéger des températures tropicales. Pour des raisons de sécurité, a expliqué le lieutenant John Scott, l'hôpital qui mesurera 36 mètres de long sur sept de large, contiendra 20 lits au lieu de 26 normalement. ''Ces hôpitaux sont conçus pour les amis (les troupes alliées)'', a-t-il déclaré en montrant du doigt les 69 conteneurs maritimes renfermant les tables d'opérations, la pharmacie. ''C'est la première fois qu'ils sont utilisés pour les ennemis des Etats-Unis''. Au centre de détention un nouveau panneau a fait son apparition. Il indique la direction de La Mecque pour les prières des détenus musulmans. Selon des responsables du camp, un religieux musulman de la marine américaine doit venir mardi pour évoquer les questions religieuses. Il faut déterminer notamment si les détenus auront le droit de laisser repousser cheveux et longues barbes qui ont été rasés, si cela ne pose pas de problèmes de sécurité ou sanitaires. A la boutique du camp, les militaires américains peuvent de leur côté acheter désormais des T-shirts qui proclament ''Guantanamo Bay: Proud to be the least worst place'' (fiers d'être l'endroit le moins pire), une reprise des propos du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, répondant à la question de savoir pourquoi Guantanamo avait été choisi.

 

Amnesty International demande à Washington d'avoir accès aux prisonniers de Guantanamo

LONDRES (AP) -- 23/1/2 - Amnesty International a demandé mardi aux Etats-Unis d'avoir accès aux 169 talibans et membres du réseau d'Al-Qaïda détenus sur la base navale de Guantanamo afin de s'assurer que les prisonniers sont traités en accord avec les conventions nationales. ''Le véritable secret qui entoure les prisonniers est ce qu'il y a de plus alarmant pour l'instant'', a estimé mardi Amnesty International, précisant avoir adressé un courrier au gouvernement américain pour lui demander ''d'autoriser une inspection rigoureuse et publique de la prison'' de Guantanamo. Dans cette lettre ouverte, l'organisation précise avoir également rappelé aux Etats-Unis qu'ils risquaient d'enfreindre la loi internationale s'ils s'obstinaient à refuser d'accorder le statut de prisonniers de guerre aux membres présumés des talibans et d'Al-Qaïda. Des représentants d'Amnesty redoutent en effet que les suspects soient jugés devant une commission de l'armée américaine, ce qui les priverait de tout recours juridique s'ils venaient à être condamnés à mort.

Le directeur du FBI affirme que les interrogatoires des membres d'Al-Qaïda détenus ont empêché de nouveaux attentats

KANDAHAR, Afghanistan (AP) -23/1/2- Le directeur du FBI Robert Mueller a annoncé mercredi que l'interrogatoire des membres du réseau terroriste Al-Qaïda détenus sur la base militaire américaine à Kandahar avaient empêché que de nouveaux attentats soient perpétrés contre des intérêts américains dans le monde. Robert Mueller faisait une visite-surprise à Kandahar, où se trouve la plus forte concentration de forces américaines en Afghanistan, et où quelque 400 prisonniers talibans et d'Al-Qaïda ont été détenus depuis l'effondrement du régime taliban. ''Les informations que nous avons récoltées depuis la guerre ont empêché des attaques supplémentaires dans le monde'', a affirmé Robert Mueller. ''Les interrogatoires de membres d'Al-Qaïda détenus en Afghanistan ainsi que des documents trouvés (...) ont empêché des attaques supplémentaires contre des bâtiments américains dans le monde''.


Les militaires : des tortionnaires réels et/ou en puissance ?

 

500 généraux et militaires français viennent de publier un "livre blanc"
où ils justifient l'usage de la torture contre le "terrorisme
" [sic]

Une justification qui s'applique sans doute aussi aux "terroristes" (résistants) français
qui ont combattu le nazisme durant la guerre 39-45...

La condamnation du général Aussaresses
(un nom prédestiné pour un tortionnnaire !)

mais pas celle de l'Etat français qui le couvrait
pour ses crimes de guerre

 

Condamnation symbolique pour Aussaresses

PARIS (Reuters) - vendredi 25 janvier 2002. Le général en retraite Paul Aussaresses a été condamné à 7.500 euros d'amende pour "complicité d'apologie de crimes de guerre" en raison d'un livre dans lequel il revendique avoir pratiqué la torture et commis des exécutions sommaires durant la guerre d'Algérie. Le tribunal correctionnel de Paris a estimé que le livre "Services spéciaux, Algérie, 1955-57" publié en mai dernier "justifie et présente comme légitime l'usage de la torture". Le tribunal a également condamné à 15.000 euros chacun ces deux éditeurs, Olivier Orban (Plon) et Xavier de Bartillat (Perrin).
Le général, qui avait expliqué à l'audience, le 28 novembre, qu'il ne regrettait pas ses actes, ne n'est pas exprimé vendredi au tribunal mais son avocat, Me Gilbert Collard, a annoncé qu'il ferait appel. "Ce jugement constitue la première censure dans l'histoire du droit. C'est une censure de la manière dont un homme raconte l'histoire de la France et l'a vécu. Il ne faut pas laisser s'installer un magistère judiciaire sur la conception de l'histoire", a dit l'avocat. Le Mrap, l'une des trois organisations de défense des droits de l'homme qui s'étaient portées parties civiles, a salué une "victoire du droit et de la justice". Dans un communiqué, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples souligne qu'il s'agit d'une "première étape d'un processus de vérité et de justice que doit impérativement enclencher la France, aux fins de tourner une des pages les plus sombres de son histoire contemporaine".
Le livre, vendu à plus de 100.000 exemplaires, a relancé le débat sur la guerre d'indépendance algérienne de 1954-1962. Paul Aussaresses y explique avoir torturé et tué sommairement des prisonniers, dont le dirigeant FLN Larbi Ben M'Hidi en 1957. Il soutient que ces actes étaient nécessaires pour combattre ce qu'il appelle le "terrorisme" du FLN algérien. Cette semaine, 500 généraux et militaires français ont publié un "livre blanc" où ils justifient l'usage de la torture contre le terrorisme en faisant explicitement référence à la situation internationale créée par les attentats du 11 septembre dernier aux Etats-Unis.
Le tribunal, dans ses attendus, rappelle que la torture est explicitement interdite par les conventions de Genève signées après la Seconde Guerre mondiale par tous les pays développés, y compris la France et les Etats-Unis. Le livre est condamnable car il "a pour effet d'ôter au lecteur la réprobation morale inhérente à ces actes", dit le jugement. Quant à la guerre d'Algérie, le tribunal note que les "actes et les pratiques (décrits par Paul Aussaresses) apparaissent avoir été connus et tolérés par les plus hautes autorités militaires et politiques de l'Etat français" mais il souligne que cela ne "dispensait pas l'auteur de prendre le recul qu'exigaient des faits demeurés des crimes". A l'audience, Paul Aussaresses avait en effet expliqué que toutes les autorités de l'époque étaient informés des exécutions et des tortures. Il avait même affirmé que le ministre de la Justice de 1957, François Mitterrand, était informé directement par un magistrat d'Alger.

LES EDITEURS SANCTIONNES - Les juges reconnaissent cependant des circonstances atténuantes au militaire. Ils relèvent son grand âge - 83 ans - et estiment que les sollicitations des médias et des éditeurs ont "progressivement sorti de son silence et de son anonymat cet homme âgé, surtout désireux de briser sa solitude". Les deux éditeurs sont en conséquence condamnés à une amende plus forte que l'auteur, car "ils ont pu implicitement favoriser l'émergence de nouveaux tortionnaires", estime le tribunal. Les débats avaient aussi montré que les éditeurs avaient poussé le général à centrer ses mémoires sur la guerre d'Algérie, après la parution d'entretiens retentissants sur ce thème dans la presse. Une journaliste l'ayant rencontré avait même affirmé, sans être démentie par le militaire, qu'il aurait voulu attirer par ses écrits l'attention de Christine Deviers-Joncour, condamnée dans l'affaire Elf, dont il serait tombé amoureux. Les avocats des éditeurs ont assuré qu'ils ne souhaitaient que "contribuer au débat historique" et ont aussi annoncé qu'ils feraient appel du jugement. A l'audience, le parquet avait demandé une même amende de 15.000 euros contre les trois prévenus. Le délit "d'apologie de crimes de guerre" est puni en théorie d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison et 300.000 francs d'amende (45.735 euros). Des plaintes ont été déposées pour "crimes contre l'humanité" contre Paul Aussaresses par des familles de ses victimes algériennes et des organisations de défense des droits de l'homme mais elles resteront sans doute sans suite. Les tortures et exécutions sommaires sont considérés comme des "crimes de guerre", amnistiés par une loi du 31 juillet 1968.

*

Prisonniers de guerre en dehors des lois !

A part la loi du profit, les adeptes de "la secte des rayons X" ne respectent rien,
pas même la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre

Et que fait l'Etat français pour ses ressortisssants, fussent-ils prisonniers de guerre ?

 

Bush and Powell split over captives' status David Teather in New York


The Guardian - 28/2/2002 - Donald Rumsfeld, the US defence secretary, stepped into the row over the treatment of Taliban and al-Qaida captives in Cuba yesterday when he said they would not be given the status of prisoners of war. In a visit to the controversial camp at Guantanamo Bay, Mr Rumsfeld, who has been an outspoken defender of the base, said there would be no question of the Bush administration reversing its decision on the detainees. "They are not POWs, they will not be determined to be POWS," he said. His comments were made after a potentially damaging split emerged between the secretary of state, Colin Powell, and President George Bush over the captives' status. In a break with other cabinet officials, Mr Powell is pressing Mr Bush to declare that the 158 detainees are entitled to protection under the Geneva convention on prisoners of war.
The Bush administration has determined that the captives are "unlawful combatants", which means they are not entitled to the rights afforded by the convention. The US has refused to confer the official status because it wants flexibility in interrogating the captives. The stakes in the argument grew higher when the Wall Street Journal said it had received a photograph of one its reporters - currently missing in Pakistan - with a gun against his head from a group called the National Movement for the Restoration of Pakistani Sovereignty, which is demanding better treatment for the fighters in Guantanamo Bay. The reporter, Daniel Pearl, has been missing since Wednesday. The Wall Street Journal also received an email from the group declaring that Mr Pearl was being held "in very inhuman circumstances quite similar to the way Pakistanis and nationals of other sovereign countries are being kept in Cuba by the American army. If the Americans keep our countrymen in better conditions, than we will better the conditions of Mr Pearl and all other Americans that we capture".
The dispute over prisoner status is one of the first significant cracks to appear in what has been an otherwise united front in the US government since the attacks of September 11. The National Security Council will take up the issue today. The Camp X-Ray commander yesterday reported that rocks and stones had been found by guards in the cells of the terrorist suspects which, he said, could have been used to mount an attack. Mr Powell's concerns were detailed in a leaked memo from the White House counsel, Alberto Gonzales, to Mr Bush. The memo informs the president of Mr Powell's belief that both the Taliban and al-Qaida detainees should be covered by the Geneva convention. But the letter from Mr Gonzales dismisses Mr Powell's argument in favour of reaffirming the hardline stance. The status of the captives is critical. Under the Geneva convention prisoners have the right to give nothing more than their name, rank and serial numbers. The captives could also be repatriated at the cessation of hostilities unless they are convicted of war crimes.

Bush and Powell split over captives' status David Teather in New York Monday January 28, 2002 The Guardian Donald Rumsfeld, the US defence secretary, stepped into the row over the treatment of Taliban and al-Qaida captives in Cuba yesterday when he said they would not be given the status of prisoners of war. In a visit to the controversial camp at Guantanamo Bay, Mr Rumsfeld, who has been an outspoken defender of the base, said there would be no question of the Bush administration reversing its decision on the detainees. "They are not POWs, they will not be determined to be POWS," he said. His comments were made after a potentially damaging split emerged between the secretary of state, Colin Powell, and President George Bush over the captives' status. In a break with other cabinet officials, Mr Powell is pressing Mr Bush to declare that the 158 detainees are entitled to protection under the Geneva convention on prisoners of war. The Bush administration has determined that the captives are "unlawful combatants", which means they are not entitled to the rights afforded by the convention. The US has refused to confer the official status because it wants flexibility in interrogating the captives. The stakes in the argument grew higher when the Wall Street Journal said it had received a photograph of one its reporters - currently missing in Pakistan - with a gun against his head from a group called the National Movement for the Restoration of Pakistani Sovereignty, which is demanding better treatment for the fighters in Guantanamo Bay. The reporter, Daniel Pearl, has been missing since Wednesday. The Wall Street Journal also received an email from the group declaring that Mr Pearl was being held "in very inhuman circumstances quite similar to the way Pakistanis and nationals of other sovereign countries are being kept in Cuba by the American army. If the Americans keep our countrymen in better conditions, than we will better the conditions of Mr Pearl and all other Americans that we capture". The dispute over prisoner status is one of the first significant cracks to appear in what has been an otherwise united front in the US government since the attacks of September 11. The National Security Council will take up the issue today. The Camp X-Ray commander yesterday reported that rocks and stones had been found by guards in the cells of the terrorist suspects which, he said, could have been used to mount an attack. Mr Powell's concerns were detailed in a leaked memo from the White House counsel, Alberto Gonzales, to Mr Bush. The memo informs the president of Mr Powell's belief that both the Taliban and al-Qaida detainees should be covered by the Geneva convention. But the letter from Mr Gonzales dismisses Mr Powell's argument in favour of reaffirming the hardline stance. The status of the captives is critical. Under the Geneva convention prisoners have the right to give nothing more than their name, rank and serial numbers. The captives could also be repatriated at the cessation of hostilities unless they are convicted of war crimes.

Sept "taliban français" détenus à Guantanamo, selon Le Figaro

PARIS (Reuters) - 28/1/2002 - Sept ressortissants français figurent parmi les 158 combattants d'Al Qaïda ou membres du régime déchu des taliban détenus par les Etats-Unis sur la base de Guantanamo, à Cuba, rapporte Le Figaro. "Sept Français talibans sont détenus sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba. Le gouvernement français est informé depuis plus d'une semaine. Les Etats-Unis ont communiqué à Paris l'identité des sept détenus, dont l'état civil a été vérifié depuis", écrit le quotidien français, sans citer ses sources. Jusqu'à présent, le Quai d'Orsay a simplement affirmé qu'il y avait probablement des francophones parmi les détenus, ajoutant être "en contact avec les autorités américaines à ce sujet". "Pour d'obscures raisons, les autorités françaises refusent d'admettre la présence de leurs ressortissants dans les geôles de l'armée américaine", écrit Le Figaro, qui souligne que le général américain chargé des prisonniers du camp "X-Ray" a révélé ce week-end que les détenus appartenaient à 25 nationalités mais que certains pays préféraient rester anonymes. Le ministère français des Affaires étrangères a dépêché ce week-end une mission sur la base de Guantanamo, où ont été transférés 158 détenus en provenance d'Afghanistan. Des gouvernements étrangers et des organisations de défense des droits de l'Homme ont critiqué le traitement réservé par les Américains à ces détenus, auxquels Washington refuse d'octroyer le statut de prisonniers de guerre qui leur permettrait d'être protégés par les Conventions de Genève. Selon Le Figaro, ces sept "talibans français" sont "tous nés en France de parents issus de l'immigration", et résidaient dans la banlieue parisienne, à Lille ou à Marseille avant de s'engager dans les rangs des milices intégristes musulmanes en Afghanistan. "Jusqu'alors, ils étaient inconnus des services de renseignements", ajoute le quotidien.

Mardi 29 janvier 2002, 17h48 PARIS (AP) -- Après avoir assuré lundi encore qu'il ne disposait pas d'informations sur d'éventuels détenus français à Guantanamo, le Quai d'Orsay a finalement confirmé mardi la présence possible de ''trois'' ressortissants français parmi les 158 prisonniers d'Afghanistan transférés sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Quelques heures plus tôt, le quotidien ''Le Parisien'' avait révélé l'existence d'une note de la CIA (Central Intelligence Agency) transmise dès le 17 janvier aux autorités française et détaillant l'identité de six prisonniers se disant de nationalité française.

Dimanche 3 février 2002 (AP) - Marylise Lebranchu préférerait que les deux détenus français de Guantanamo soient jugés en France PARIS (AP) -- La ministre de la Justice Marylise Lebranchu estime qu'il serait ''préférable'' de juger en France les deux ressortissants français détenus sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), dans un entretien au ''Parisien dimanche''. ''Dans l'ambiance terrible du monde actuel, ce serait préférable. D'une part, parce que notre système garantit un vrai procès contradictoire'', considère Mme Lebranchu. La garde des Sceaux souligne en outre que ''cela nous aiderait à mieux savoir comment les réseaux d'Al-Qaïda ont pu s'implanter chez nous. Nous ferions donc oeuvre de pédagogie''. Si elle juge ''très spéciales'' les conditions de détention sur la base américaine, Marylise Lebranchu s'interroge: ''qu'aurions-nous fait, nous Français, si nous avions vécu ce qu'ont enduré depuis le 11 septembre les Américains ?''

Tout est fait, les Américains en conviennent, pour impressionner et désorienter
les "captifs" [prisonniers] d'Afghanistan amenés à la base de Guantanamo à Cuba.

Shane T. McCoy


BASE NAVALE AMERICAINE DE GUANTANAMO (Cuba) (AFP) - 10/2/2 - Tout est fait, les Américains en conviennent, pour impressionner et désorienter les captifs d'Afghanistan amenés à la base de Guantanamo à Cuba. Le long isolement sensoriel, les entraves, la découverte brutale d'un nouvel environnement carcéral sont destinés à assurer la sécurité des soldats américains, mais aussi, selon les militaires, à "choquer" un ennemi dangereux et à le rendre plus docile. Mais face aux critiques à l'étranger, les militaires américains répètent à l'envi que leurs prisonniers talibans ou d'Al-Qaïda, mieux lotis qu'en Afghanistan, sont traités "humainement". Et de fait, des journalistes en visite à la base navale américaine n'ont pas vu - de loin - de mauvais traitements au centre de détention de Camp X Ray et ont pu constater que les prisonniers recevaient de bons soins médicaux et avaient le droit de pratiquer leur religion. A chacun des transferts d'Afghanistan (sept déjà), une épreuve attend les combattants islamistes. A Kandahar, on leur rase la barbe et les cheveux par mesure d'hygiène, mais ils auront droit de les faire repousser une fois à Cuba. Puis les voilà revêtus d'une combinaison orange, pieds et poings liés, attachés à leur siège, avec des lunettes opaques et des casques, plus un masque chirurgical pour éviter qu'ils ne mordent ou contaminent leurs gardiens s'ils sont malades. Après vingt cinq heures de transport dans le froid et le bruit d'un avion cargo, on les voit descendre de l'appareil en titubant dans la chaleur tropicale, tenus par deux soldats, sous des ordres aboyés. Jeudi, six des vingt huit nouveaux arrivants sont sortis en brancards : l'un était amputé des deux jambes, trois ont été blessés au combat, un autre avait le paludisme (malaria, le troisième cas) et le dernier les symptômes de la tuberculose (ce serait le premier cas). "Comme les précédents, le groupe était calme et paraissait choqué et désorienté", déclare le major Steve Cox, porte-parole de l'unité spéciale gardant les prisonniers de Guantanamo (220 à ce stade). Selon lui, le but de ces masques et lunettes "n'est pas de déshumaniser", mais il fait partie d'un dispositif "pour établir notre autorité, avant le vol, pendant et après, et pour garantir la sécurité des personnels américains". Une autre raison est d'empêcher les prisonniers de se repérer en vue d'une très hypothétique évasion : avant de gagner le camp, "ils n'auront pas vu la mer, pas repéré le McDonald" de la base, déclare encore l'officier. Les hommes en orange ont de quoi être impressionnés par la débauche de sécurité à Camp X Ray la nuit : double enclos de barbelés, tours d'observation, puissants projecteurs devant lesquels se découpe la silhouette d'une automitrailleuse superflue. "Avoir deux fois plus de sécurité que nécessaire" a aussi un rôle psychologique, admet le porte-parole. Parmi les correspondants présents cette semaine à Guantanamo figuraient pour la première fois depuis le débuts du transfèrement le 11 janvier deux journalistes arabes. "D'après ce qu'on nous a permis de voir, ces gens semblent correctement traités d'un point de vue médical et alimentaire", estime Abdullah Sati, correspondant de la radio-télévision d'Abou Dhabi. M. Sati se dit toutefois gêné par la détention de ces prisonniers dans des "cages" grillagées, certes provisoires. Il s'interroge sur la raison du transfert d'Afghanistan: "Sans doute pour montrer des résultats concrets aux Américains alors qu'Oussama ben Laden est en cavale". Hacène Zitouni, correspondant de la chaîne londonienne panarabe MBC, se dit satisfait de l'amélioration de la situation des prisonniers de Guantanamo en un mois. "Ces dangereux criminels" ont plus de chance, selon lui, que les combattants arabes qu'il a vus abattus par l'Alliance du Nord puis "mangés par les chiens à Kaboul". Pourtant, estime-t-il, "l'image de l'Amérique", protectrice des droits de l'homme et des libertés, risque de pâtir des incertitudes sur le processus judiciaire et des réticences de Washington à appliquer les conventions de Genève sur les prisonniers de guerre.

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Guantanamo : les USA reconnaissent devant l'ONU des cas de tortures

GENEVE (AFP) - 24/6/5 - Les Etats-Unis ont reconnu pour la première fois devant l'ONU des cas de tortures infligées à des prisonniers en Afghanistan et en Irak, ainsi que sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), a-t-on appris vendredi de source autorisée à l'ONU. Selon un membre du Comité de l'ONU contre la torture, Washington a reconnu ces tortures dans un rapport encore confidentiel remis au Comité, qui examine le respect de la convention internationale contre la torture par les Etats signataires. "Ils ne se défilent plus et ont assumé leur obligation d'informer l'ONU", a dit ce responsable qui a requis l'anonymat. "Ils vont maintenant devoir rendre des comptes (au Comité). Rien ne devra rester dans l'obscurité". Les Etats-Unis, qui ont répondu dans leur rapport à toutes les questions du Comité, devront comparaître en mai prochain devant cet organe de l'ONU qui analysera les conclusions remises par Washington. "Ils n'ont évité aucun point en répondant aux questions, que ce soit à propos des prisonniers en Irak, en Afghanistan ou à Guantanamo, et des autres accusations de mauvais traitements et de tortures", a-t-on ajouté de même source. "Ils ont dit qu'il s'agissait de cas isolés, qu'il n'y avait rien eu de systématique et que les coupables étaient en train d'être sanctionnés". Le rapport précise que les actes en question ont été commis par des fonctionnaires subalternes et n'ont pas été avalisés par la hiérarchie, selon la même source. Dans le cas de Guantanamo, où sont détenus 520 prisonniers arrêtés pour la plupart en 2001 en Afghanistan, le rapport explique qu'il s'agit de "combattants ennemis" qui ne peuvent bénéficier des conventions de Genève tant que se poursuit "la guerre contre le terrorisme".

Après des semaines d'interrogatoires, l'identité de nombreux détenus
de la base de Guantanamo est encore dans les "limbes"

BASA NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) - 11/2/2 - Malgré trois semaines d'interrogatoires, un responsable américain a déclaré dimanche que les enquêteurs ignoraient toujours si certains des prisonniers détenus à la base américaine étaient des militants talibans ou d'Al-Qaïda. ''Nous avons plus de gens dans les limbes,'' a déclaré le responsable des affaires publiques du corps des Marines américains, le Major Stephen Cox. Il a précisé que ces personnes dont l'appartenance était encore floue étaient plus nombreuses que celles qui se réclament des Talibans ou que celles dont les militaires savent qu'ils combattaient dans les rangs d'Al-Qaïda. Après avoir visité le camp X-Ray, le sénateur républicain de l'Oklahoma James Inhofe a déclaré qu'il ne pensait pas que plus de 15% des 158 détenus présents lors de sa visite soient originaires d'Afghanistan. Les autorités américaines ont annoncé par le passé que les détenus de la base étaient issus de 25 pays. Jeudi, un haut-responsable du Pentagone a précisé que parmi eux figuraient environ 50 Saoudiens, 30 Yéménites, 25 Pakistanais, huit Algériens, trois Britanniques et un plus petit nombre de ressortissants d'Egypte, d'Australie, de France, de Russie, de Belgique et de Suède. Les autorités n'ont pas encore fourni le nombre d'Afghans arrêtés.

Trente-quatre nouveaux prisonniers à Guantanamo

BASA NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) -Lundi 11 février 2002- Trente-quatre nouveaux prisonniers en provenance d'Afghanistan ont été acheminés lundi par avion-cargo militaire C-141 dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, ce qui porte le nombre de détenus à 254, ont annoncé des responsables de l'armée américaine. Des responsables américains ont également annoncé que de nombreux prisonniers de Guantanamo n'avaient pas pu être identifiés comme combattants talibans ou d'Al-Qaïda, malgré près de trois semaines d'interrogatoires.

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Afghans describe torture at hands of US soldiers

By Amir Mateen

WASHINGTON: Afghan prisoners in US custody are said to have been "beaten and kicked by their captors" and imprisoned in what they described as a wooden-barred "cage" at a US base in Kandahar. These prisoners were actually ordinary villagers who US officials say were misidentified as al Qaeda and Taliban fighters. Interviews conducted by The Washington Post reveal that some of them were subjected to intense torture. Several of the 27 former prisoners, who were released on Wednesday, told the Post that US soldiers treated them so harshly that two men lost consciousness during the beatings while others suffered fractured ribs, loosened teeth and swollen noses. "They were beating us on the head and back and ribs," one Allah Noor, 40, has been quoted as saying. He was a farmer and policeman for the new government who said he suffered two fractured ribs at the military base where the men were imprisoned. "They were punching us with fists, kicking me with their feet. They said, 'You are terrorist! You are al Qaeda! You are Taliban!' " Four of the 27 men described their experiences to the Post after they were nabbed in a Jan 24 US attack, where 21 other villagers were killed in the assault and one US soldier was wounded. The US attacks in this remote village in the home province of Afghanistan's interim leader, Hamid Karzai, added to a list of incidents involving misleading intelligence, mistaken identities and other errors that have led to killings of civilians and friendly forces during the war in Afghanistan, says the report. US officials in Washington, acknowledging that something went wrong here, have said the CIA is distributing reparations money to the families of those killed. Although the US Central Command, which runs the war in Afghanistan, released the 27 men, it has steadfastly refused to acknowledge error, saying an investigation is still underway. The report says that many of those killed or captured, far from being Taliban or al Qaeda sympathisers, were actually fighting along the American troops. Two of the men killed in the attack were heading a local disarmament drive to collect weapons from former Taliban sympathisers and other citizens; one of the prisoners was the new district police chief, Abdul Rauf. The Jan. 24 attacks appeared to have been launched within minutes of each other at the local school and the district government building. The two sites are less than a half-mile apart in Hazar Qadam, an Uruzgan neighborhood that shares a name with a village about 15 miles to the northeast. Local officials said 19 men were killed at the school, including the two top officers of the disarmament commission, whose bodies were found burned. About 100 yards from the school, Special Forces troops blasted open the metal front door of Abdul Ali's mud-walled house. Soldiers grabbed Ali, a medic for the International Committee of the Red Cross, and tied his hands behind his back, his family recalled. Other soldiers searched the house, herding Ali's two wives and 13 children into the center courtyard, says the report. The US forces, who were wearing masks, tied the detainees' hands and feet, blindfolded them and slipped hoods over their heads, according to several of the prisoners. Each of the prisoners interviewed said they had been beaten, kicked and punched with the soldiers' fists, feet and in some cases, gunstocks. The next morning the US soldiers tore off the men's clothing and ordered them to put on blue uniforms, the detainees told the Post.

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La prison de fortune construite sur la base de Guantanamo atteint ses capacités maximales
alors qu'un nouveau groupe de détenus y arrive

BASA NAVALE DE GUANTANAMO BAY, Cuba (AP) -Dimanche 17 février 2002- La prison de fortune dans laquelle sont déjà détenus des centaines de supposés terroristes a atteint sa capacité d'accueil samedi lorsque 12 hommes supplémentaires sont arrivés sur la base américaine et ont été incarcérés dans leurs petites cellules de ciment et de fils de fer. Ces détenus sont arrivés à Guantanamo vendredi soir, portant le nombre total de détenus du camp à 300, a précisé le Général Michael Lehnert, commandant de la force d'action opérant dans la maison de détention. Deux d'entre eux ont été portés sur des brancards, et devraient être soignés par l'équipe médicale. La plupart de ces hommes, enfermés dans des cages de deux mètres sur deux, ont été interrogés au moins une fois, a-t-il affirmé. Les enquêteurs militaires tentent toujours de séparer les combattants taliban des membres d'Al-Qaïda et de déterminer ce qu'ils savent sur le fonctionnement et les intentions du réseau qui a préparé les attentats du 11 septembre sur New York et Washington. Le colonel Terry Carrico, un des commandants du camp, a expliqué que 20 des 320 unités du complexe de détention resteraient vides. ''Cela nous donne une certaine souplesse,'' a-t-il expliqué. ''Cela nous permet d'ouvrir une cellule si nous avons a isoler qui que ce soit pour une raison médicale ou pour une quelconque indiscipline''.

Les auditions des détenus de Guantanamo commenenceront jeudi

LOS ANGELES (AP) - Mercredi 20 février 2002- Un juge fédéral chargé de déterminer si les prisonniers de la guerre en Afghanistan transférés sur la base navale américaine de Guantanamo Bay peuvent être traduits devant un tribunal américain a estimé qu'en l'absence de conflit d'intérêt, leur audition pouvait commencer jeudi. La juge fédérale Florence-Marie Cooper n'a trouvé ''aucune suggestion de préjudice potentiel'' à l'encontre du juge Howard Matz qui doit procéder aux auditions, a annoncé un porte-parole du procureur fédéral, mardi. Au début du mois, des associations de religieux, de professeurs et d'avocats avaient déposé une plainte pour conflit d'intérêt contre le président George W. Bush et d'autres membres de l'administration américaine arguant que les détenus de Guantanamo devaient être traités comme des prisonniers de guerre. Ces associations affirmaient également que les droits civils des détenus avaient été violés. Les avocats de l'administration Bush, eux, invoquaient une décision de la Cour suprême datant de 1950 et qui estimait que les prisonniers allemands capturés après la seconde guerre mondiale ne pouvaient pas comparaître devant une juridiction américaine. Le gouvernement estimait par ailleurs que la plainte était irrecevable dans la mesure où les plaignants n'avaient aucun lien personnel avec les détenus. La Maison Blanche a fait valoir que les combattants talibans détenus sur la base américaine de Cuba bénéficiant de la Convention de Genève mais qu'ils ne seront pas considérés comme des prisonniers de guerre.

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Premières plaintes concernant les prisonniers de Guantanamo

LE MONDE -21.02.02- Washington de notre correspondant. Pour la première fois depuis le début des transferts de prisonniers d'Afghanistan vers la base américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba, des avocats ont introduit des recours auprès de la justice américaine au nom de certains de ces détenus, l'Australien David Hicks, et deux Britanniques, Asif Iqbal et Shafiq Rasul. Joseph Margulies, avocat du Minnesota, représentant le premier, et Clive Stafford-Smith, un avocat de Louisiane, représentant les deux autres, ont déposé, mercredi 20 février, un recours auprès du tribunal de district de Washington. Leur démarche, fondée sur le principe juridique anglo-saxon de l'habeas corpus, vise à obtenir du gouvernement américain qu'il libère ces détenus ou qu'il soumette à un juge les charges retenues contre eux. "Il y a peu de principes aussi fermement établis dans notre droit que l'interdiction de toute détention arbitraire et indéfinie", a déclaré M. Margulies en sortant du tribunal. La plainte, dirigée contre George W. Bush et Donald Rumsfeld, respectivement président des Etats-Unis et secrétaire à la défense, a été introduite dans le tribunal de district de leur lieu de résidence. Le ministère de la justice a refusé de répondre aux questions, mais, officieusement, ses juristes ont mis en avant l'argument suivant : Guantanamo, base louée au gouvernement cubain, ne fait pas partie du territoire américain; or, la Cour suprême a décidé, en 1950, qu'un tribunal américain ne peut pas être saisi d'une demande d'habeas corpus concernant un belligérant étranger détenu hors des Etats-Unis.

"UN TROU NOIR "

Comme le gouvernement ne reconnaît pas non plus aux prisonniers de Guantanamo le statut de prisonniers de guerre et la protection de la Convention de Genève, la position du ministère de la justice revient à les mettre dans ce que l'universitaire Michael Ignatieff appelait, dans Le Monde daté 17-18 février, "un trou noir du droit international". Pour M. Stafford-Smith, il s'agit simplement de reconnaître à ses clients les mêmes droits qu'à l'Américain John Walker Lindh, capturé lui aussi en Afghanistan, mais transféré dans une prison proche de Washington et mis en accusation devant un tribunal civil. Dans un entretien publié mercredi par le Sydney Herald, Terry Hicks, père du détenu australien, s'est insurgé, lui aussi, contre la différence de traitement entre Walker et les détenus ressortissants de pays alliés des Etats-Unis. Après avoir envoyé une mission sur place pour vérifier sa nationalité, le gouvernement suédois a demandé au gouvernement américain les raisons pour lesquelles un de ses ressortissants est détenu à Guantanamo et les termes de la procédure judiciaire qui lui est appliquée. "Nous ne serons pas satisfaits tant que nous n'aurons pas les réponses à ces questions", a déclaré le ministre suédois des affaires étrangères, Hans Dahlgren. Le gouvernement français, qui avait confirmé la nationalité de deux de ses nationaux prisonniers sur la base américaine, va y envoyer une nouvelle mission pour interroger quatre autres détenus qui se sont déclarés français. La zone de non-droit créée par le gouvernement américain à Guantanamo a son pendant sur le territoire même des Etats-Unis. Sur 327 étrangers détenus aujourd'hui dans le cadre des enquêtes consécutives aux attentats du 11 septembre, 87, coupables d'infraction aux lois sur l'immigration, ont fait l'objet d'arrêtés d'expulsion. Ils sont pourtant maintenus en détention et empêchés, par conséquent, de regagner leurs pays. P. J.

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Des avocats britanniques exigent que Londres intervienne pour les droits des détenus de Guantanamo

LONDRES (AP) -- Lundi 25 février 2002 - Les avocats des familles des Britanniques détenus à Guantanamo (Cuba) ont menacé lundi de poursuivre le gouvernement britannique en justice s'il n'agissait pas pour défendre les droits de ces talibans présumés. ''Le gouvernement britannique ne doit pas rester inactif et silencieux tandis que les droits élémentaires des détenus britanniques sont bafoués par les Etats-Unis'', a déclaré Me Mark Muler, vice-président de l'Union des associations des barreaux britanniques (BHRC). Les Etats-Unis détiennent 300 prisonniers, capturés en Afghanistan, dans la base de Guantanamo à Cuba. Parmi eux figurent cinq citoyens britanniques, dont Feroz Abbasi, 22 ans, originaire du sud de Londres. Le BHRC et la Law Society estiment que les Etats-Unis ont violé les droits des détenus, à savoir celui d'avoir un avocat qui les représente et celui d'être présumés innocents. Des droits qui s'appliquent, selon eux, que les détenus soient considérés ou non comme prisonniers de guerre. Ils souhaitent qu'ils soient jugés en Grande-Bretagne. Me Louise Christian, l'avocate de la mère d'Abbasi, a expliqué que les avocats avaient écrit au Premier ministre britannique Tony Blair et iraient devant les tribunaux si le gouvernement ne répondait pas à ses inquiétudes d'ici mardi. ''C'est une question de jours'', a affirmé l'avocate de Zumrati Juma. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a récemment déclaré qu'il était favorable à ce que les détenus étrangers soient renvoyés dans leur pays. Selon le ''Daily Mail'' paru lundi, il serait ainsi d'accord pour le retour des prisonniers britanniques à condition que Londres s'engage à les traduire en justice.

 

Le camp X-Ray sur la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba.
Photo prise le 6 février 2002 /Marc Serota REUTERS

Un tiers des détenus de Guantanamo entament une grève de la faim

BASE NAVALE DE GUANTANAMO (AP) - 28/2/2 - Plus d'un tiers des prisonniers d'Afghanistan détenus sur la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, ont entamé une grève de la faim en refusant jeudi de manger leur petit-déjeuner. Les grévistes de la faim ont expliqué que leur mouvement faisait suite au geste de deux gardiens, qui ont oté autoritairement le turban de l'un des prisonniers en pleine prière. Quelques détenus avaient déjà refusé de déjeuner et de dîner la veille, a précisé le commandant de Marines Stephen Cox, porte-parole du centre de détention de Guantanamo. "Les détenus ont informé l'officier de service que leur refus de s'alimenter était la conséquence d'un incident subi par l'un de leurs compagnons voilà deux jours", a expliqué le commandant Cox. Le prisonnier récalcitrant portait un turban qu'il s'était lui-même confectionné à partir d'un drap. Au cours d'une prière, deux gardiens lui ont intimé l'ordre de le retirer, mais il ne les a pas écoutés, a précisé le porte-parole du centre de détention. L'homme a persisté dans son refus malgré le recours à un interprète. Les gardiens ont alors mis les fers au détenu et l'ont débarrassé de son turban. "Ils n'ont fait que suivre la procédure appropriée", a assuré le commandant Cox. Selon l'armée amricaine, les 300 prisonniers de Guantanamo sont d'anciens combattants du réseau Al-Qaïda d'Oussama ben Laden et du régime taliban qui les accueillait en Afghanistan.

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Mme Robinson : la lutte anti-terroriste doit préserver les droits de l'homme

GENEVE (AFP) - lundi 18 mars 2002 - Le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a appelé lundi à Genève les Etats à respecter les normes internationales des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme. L'ancienne président irlandaise, à la tête du Haut Commissariat de l'ONU depuis 1997, a également annoncé lors de l'ouverture de la Commission des droits de l'homme de l'ONU qu'elle ne briguerait pas un nouveau mandat, en septembre prochain. "C'est une occasion importante pour la Commission de réaffirmer très vigoureusement et fermement l'importance d'adhérer aux normes internationales des droits de l'homme dans le combat contre le terrorisme, particulièrement après les attentats du 11 septembre", a-t-elle déclaré, devant les représentants des 53 Etats membres de la Commission, des pays observateurs et des ONG. "J'ai le sentiment que le respect des règles internationales dans ce domaine est en danger. C'est le point le plus important que j'ai voulu signaler aux membres de la Commission", a-t-elle dit ensuite au cours d'une conférence de presse, faisant ainsi écho aux craintes de nombreuses ONG. Evoquant le traitement des personnes détenues dans le cadre de la lutte anti-terroriste, Mme Robinson a rappelé la nécessité de respecter les principaux textes internationaux, tels que la Convention sur les droits civils et politiques et les Conventions de Genève. "Les bâtiments qui ont été détruits le 11 septembre peuvent être remplacés. Mais si les fondations du système international sont endommagées ou détruites, ce ne sera pas si facile de les restaurer", a-t-elle souligné.

GUANTANAMO, Cuba (AP) - L'armée américaine, invoquant des raisons de sécurité, n'autorisera pas la presse à filmer le possible transfert de quelque 300 prisonniers détenus sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, de leur prison de fortune vers de nouveaux locaux. "Notre politique est de ne fournir aucun commentaire sur le mouvement des détenus avant qu'il ne débute" a déclaré vendredi le major Lee Reynolds, porte-parole de l'armée, sans donner plus de détails. Les prisonniers, suspectés d'être des Talibans et des combattants de l'organisation terroriste Al Qaïda, effectueront un trajet de quelques kilomètres pour se rendre dans un nouveau centre de détention, appelé Camp Delta. Ils bénéficieront là-bas de lits en métal agrémentés de tapis, ainsi que des toilettes à chasse d'eau, des bassins pour se laver et des zones où ils pourront faire de l'exercice. Actuellement détenus dans le Camp X-Ray, les prisonniers ne disposent que de coussins en mousse posés à même le sol et doivent être conduits hors de leurs cellules pour utiliser des toilettes mobiles, ou se doucher. La mise en service du nouveau camp de 408 cellules, situé sur la côte sud-ouest de Cuba, était originellement prévue le 12 avril. Elle a été retardée à cause de changements de dernière minute. Les nouveaux locaux pourraient être agrandis pour compter jusqu'à 2000 cellules. Samedi, on ne savait pas si le camp Delta était opérationnel, du fait de l'interdiction imposée mardi à la presse de filmer les détenus. Les travailleurs de la Croix Rouge qui se sont rendus auprès des prisonniers du camp X-Ray vendredi soir n'ont relevé aucun signe indiquant un prochain mouvement. Des équipes de cameramen ont été autorisées à filmer les abords du nouveau camp jusqu'à jeudi. Des ouvriers du bâtiment et des soldats s'y trouvaient, mais aucun détenu. Jeudi, les journalistes ont également pu photographier les prisonniers de loin. AP

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Le stress des prisonniers de Guantanamo

BASE NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) - Vendredi 26 avril 2002- Les prisonniers détenus sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, font les cent pas comme des animaux en cage et restent parfois éveillés toute la nuit en raison de la lumière aveuglante des projecteurs. Des mois de confinement dans des cellules rudimentaires à Camp X-Ray ont rendu les 300 détenus capturés dans le cadre de la guerre contre le terrorisme au mieux déprimés et très stressés, au pire suicidaires. Pour l'instant, 13 talibans et combattants d'Al-Qaïda présumés sont sous médication pour des troubles mentaux allant de stress post-traumatique aux premiers signes de schizophrénie, a affirmé Pam Herbig, infirmière psychiatrique dans la base. Les patients "ont eu des troubles du sommeil", a-t-elle dit. "Ils sont anxieux. Il y a de la tristesse", a-t-elle ajouté.

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GUATANAMO : MORT DU MOLLAH ABDUL SALAM ZAEEF

Réseau Voltaire ­ 07/08/02 - [email protected] - Le mollah Abdul Salam Zaeef est mort sous la torture, fin juillet, sur la base de Guatanamo, a indiqué sa famille, qui en aurait été informée par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, rapporte le Balochistan Post. Le Département de la Défense n'a pas souhaité commenter l'information. Le mollah Abdul Salam Zaeef avait été ambassadeur des Taliban au Pakistan. Pendant le bombardement de l'Afghanistan, il était devenu le porte-parole de facto du régime Taliban. Il était alors conseillé en permanence sur place par Leila Helms, nièce de Richard Helms (directeur de la CIA de 1966 à 1973). Le mollah Abdul Salam Zaeef avait été arrêté au Pakistan par les forces US, en violation du statut diplomatique qui lui était reconnu par Islamabad. Il avait été discrètement transféré à Guatanamo, ou 598 personnes sont aujourd1hui détenues selon des procédures et dans des conditions contraires au droit international. Mary Robinson, haut-commissaire des Nations-Unies pour les Droits de l'homme, qui s'était élévée contre ces pratiques, a indiqué au Guardian ne pas avoir été reconduite dans ses fonctions par Kofi Annan compte tenu de l'opposition des Etats-Unis.


Graves soupçons de crimes de guerre dans le nord de l'Afghanistan

La découverte de fosses communes renfermant les corps de combattants talibans et membres du réseau Al-Qaida, près de Mazar-e-Charif, relance les interrogations sur les actes des troupes afghanes alliées à la coalition antiterroriste durant l'offensive contre le régime du mollah Omar. Washington, de notre correspondant.
Le département d'Etat a réagi, lundi 19 août, aux informations de l'hebdomadaire Newsweek accusant les adversaires des talibans d'avoir commis des crimes de guerre, dans le nord de l'Afghanistan, en novembre 2001. "Nous examinons les circonstances qui entourent les événements rapportés par la presse", a déclaré Philip Reeker, porte-parole adjoint du ministère des affaires étrangères, ajoutant : "Nous avons souligné et nous continuons à souligner, auprès des autorités afghanes, qu'il est important d'enquêter sur les allégations de violations des droits de l'homme ou de crimes de guerre." M. Reeker n'a pas précisé en quoi pourraient consister ces enquêtes. Il n'a pas évoqué, non plus, la question des responsabilités encourues par les militaires des forces spéciales américaines qui se trouvaient alors auprès du chef des forces de l'Alliance du Nord dans cette région, le général Dostom. L'article de Newsweek (daté 26 août) fait état d'un mémorandum confidentiel de l'ONU, selon lequel les faits découverts "suffisent à justifier une enquête criminelle officielle". Il rapporte des témoignages d'où il ressort que plusieurs centaines de combattants talibans, prisonniers des forces du général Dostom, ont péri étouffés dans des conteneurs transportés sur des semi-remorques et ont été enterrés dans des fosses communes. "Plus de mille personnes sont mortes dans les conteneurs", affirme aussi Aziz ur-Rahman Razekh, directeur de l'Organisation afghane des droits de l'homme. C'est une ONG américaine, Médecins pour les droits de l'homme (Physicians for Human Rights, PHR), intervenant depuis plusieurs années en Afghanistan, qui a découvert les fosses communes de Dashte-Leili, dans la région de Mazar-e-Charif. John Heffernan est l'un des deux membres de PHR envoyés à Mazar-e-Charif, début janvier, pour enquêter sur la chute de Kunduz, ville dont les défenseurs talibans s'étaient rendus, fin novembre, à l'Alliance du Nord. "Des gens parlaient de prisonniers qui n'étaient jamais arrivés à la prison de Sheberghan, dit l'enquêteur. Ils parlaient, aussi, de terrains sur lesquels étaient passés des bulldozers." La mission de M. Heffernan était consacrée à la prison de Sheberghan, où ont été entassés, selon lui, jusqu'à 3 500 captifs, dans des bâtiments prévus pour 800 détenus. Fin janvier, un rapport rendu public par PHR ne portait que sur les conditions sanitaires et morales inhumaines de cette détention. Cependant, l'organisation a décidé d'alerter le ministère américain de la défense sur les témoignages évoquant des fosses communes, à un quart d'heure de route de la prison. En même temps, elle a dépêché sur place deux de ses spécialistes de médecine légale, Bill Haglund et Stefan Schmitt. Ceux-ci ont procédé à un sondage, qui leur a confirmé qu'il s'agissait bien de charniers récents.
"TERRIBLE RENIEMENT" Le 1er mars, PHR a envoyé au président afghan, Hamid Karzaï, une lettre lui demandant d'assurer la protection du site en vue d'une enquête plus ample ; copie de cette lettre a été adressée à plusieurs responsables de l'ONU, aux membres permanents du Conseil de sécurité (dont la France), puis au département d'Etat et au département de la défense américains. Cette démarche a entraîné la mise en ¦uvre d'une mission de l'ONU, à laquelle ont participé MM. Haglund et Schmitt. En mai, PHR a publié son propre rapport sur les fosses communes. En juin, un cinéaste irlandais, Jamie Doran, a diffusé un documentaire portant sur les mêmes événements. Mais l'administration américaine est restée inerte. Le directeur exécutif de PHR, Leonard Rubenstein, a dénoncé, dimanche 18 août, "le refus des Etats-Unis d'admettre et d'explorer la possibilité que son partenaire militaire ait assassiné des centaines ou des milliers de prisonniers". Tout en refusant la Cour pénale internationale ­ qui ne serait d'ailleurs pas compétente pour ces crimes antérieurs au 1er juillet ­, les Etats-Unis ont affirmé qu'ils feraient toujours en sorte que les criminels de guerre répondent de leurs actes. Pour M. Rubenstein, l'attitude de Washington sur Sheberghan "est un terrible reniement de cet engagement". Le directeur de la communication de la Maison Blanche, Daniel Bartlett, ayant déclaré sur ABC qu'il convenait d'abord "d'examiner les faits", M. Rubenstein a fait remarquer qu'il n'avait connaissance d'aucun projet d'enquête. Lundi, après la déclaration du département d'Etat, le directeur de PHR a salué "un pas en avant", mais il est resté méfiant : si les collaborateurs du secrétaire d'Etat, Colin Powell, s'étaient montrés "préoccupés", a-t-il noté, lors de leur rencontre avec PHR, ceux du ministre de la défense, Donald Rumsfeld, avaient indiqué sèchement que celui-ci n'ordonnerait aucune enquête.
Patrick Jarreau. ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 21.08.02

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Vue du camp militaire X-Ray sur la base de Guantanamo à Cuba, où les Etats-Unis détiennent quelques centaines de personnes soupçonnées de liens avec l'organisation al Qaïda, dont au moins cinq Français. Au nom des traités internationaux, les avocats de deux des prisonniers français ont porté plainte contre X à Lyon pour atteinte aux libertés, séquestration et détention arbitraire. /Photo prise le 2 février 2002 /Marc Serota

Plainte en justice de deux Français détenus à Guantanamo

PARIS/LYON (Reuters) - 14/11/02- Les avocats de deux Français détenus sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, ont porté plainte contre X à Lyon pour atteinte aux libertés, séquestration et détention arbitraire. Les avocats de Mourad ben Chellali et Nizar Sassi, originaires de Vénissieux (Rhône), estiment que le sort des membres français présumés d'Al Qaïda, faits prisonniers en Afghanistan ou au Pakistan lors des opérations militaires américaines fin 2001, est en infraction avec les lois et traités internationaux. Les détenus ne bénéficient en effet ni du statut de prisonnier de guerre, ni de celui de suspect devant la justice. Ils ne bénéficient d'aucun droit de visite, ni de l'assistance d'avocats et ne peuvent se voir notifier les faits exacts qui leur sont reprochés. "On est face à un mur de non-droit absolu. Tout le monde comprend qu'il faut essayer d'ouvrir les portes. On va demander certainement des actes au juge. Il y a une convention d'entraide judiciaire entre la France et les Etats-Unis, elle doit fonctionner", a dit à Reuters l'un de leurs avocats, Me Wiliam Bourdon. Le parquet de Lyon a confirmé le dépôt de cette plainte avec constitution de partie civile qui sera transmise quasi automatiquement à un juge d'instruction qui ne pourra procéder qu'en demandant l'aide des autorités américaines. Celles-ci ont jusqu'ici refusé de répondre aux critiques sur le flou juridique régnant sur le camp de Guantanamo.

PERBEN À WASHINGTON

Le tribunal de Paris, saisi par les avocats des deux mêmes détenus, s'est déclaré incompétent le 31 octobre pour accorder éventuellement aux deux hommes le statut de prisonnier de guerre. Par ailleurs, au début du mois, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre X pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste sur ces Français détenus à Guantanamo, ce qui fournit un cadre à d'éventuelles poursuites contre ces hommes dans l'hypothèse où ils seraient un jour livrés à la France. Le ministre de la Justice, Dominique Perben, était en déplacement officiel à Washington jeudi et devait discuter du dossier avec son homologue américain John Ashcroft. Le maire PCF de Vénissieux André Gérin et un comité de soutien ont saisi le ministre français pour exprimer leur préoccupation sur les droits des détenus de Guantanamo. Au moins cinq jeunes Français se trouvent sur la base militaire américaine: Mourad ben Chellali, Brahim Yadel, Nizar Sassi, Ridouane Khalid et Khaled ben Mustapha. Trois autres détenus pourraient également être français mais leur identité n'est pas établie avec certitude. Ils auraient été recrutés à l'été 2001 et seraient partis dans les camps d'Al Qaïda après avoir transité par Londres, où ils auraient été pris en charge par le religieux extrémiste algérien Abou Doha, soupçonné d'être impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

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La Cour suprême déboute une plainte contre le président Bush
concernant le sort des prisonniers de Guantanamo

WASHINGTON (AP) - 20/5/3 - Un groupe de personnes qui avait porté plainte contre le président américain George W. Bush pour le traitement infligé aux prisonniers de Guantanamo, et dont la plainte avait été déboutée par une cour fédérale, a vu son appel rejeté par la Cour suprême lundi. La cour n'a pas commenté les raisons de ce rejet.
Le groupe d'hommes d'église, d'avocats et de défenseurs des droits de l'Homme avait poursuivi en justice l'an dernier le président et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, entre autres. "Le gouvernement des Etats-Unis a violé les règles de base des droits de l'Homme en déplaçant de force les prisonniers de guerre d'Afghanistan, en les transportant jusqu'à Guantanamo, en les détenant indéfiniment dans des cages à l'air libre", alléguaient les plaignants. La plainte affirmait que les prisonniers avaient été privés de leur liberté et n'avaient pas été informés des accusations portées à leur encontre, en violation de la Constitution américaine. La plainte avait été rejetée par différentes cours fédérales au motif que le groupe n'avait pas de statut légal pour représenter les prisonniers.
La cour d'appel de San Francisco avait affirmé que le groupe devait avoir des liens préexistants avec les prisonniers ou prouver qu'ils étaient mentalement déficients pour pouvoir légalement les représenter devant un tribunal [sic].
Les prisonniers ont commencé d'arriver d'Afghanistan dans la base navale cubaine de Guantanamo en janvier 2002. les Etats-Unis détiennent environ 680 prisonniers de 42 nations. Le gouvernement refuse de fournir leur identité.

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Des prisonniers de Guantanamo seraient devenus fous
[et ils auraient été torturés]

ALLADHAND DHERAY (Pakistan) (AFP) - 19/5/3 - Un Pakistanais libéré de la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, où il était détenu, a affirmé lundi que la plupart des quelque 650 prisonniers qui y étaient encore retenus en raison de leur lien supposé avec le réseau Al-Qaïda, souffraient de troubles mentaux.
"La majorité des prisonniers du Camp X-Ray ne connaissent même pas le nom d'Al-Qaïda, a déclaré Shah Muhammad, 23 ans, de retour à Alladhand Dheray, son village natal, dans le district de Dir, à environ 20 km de la frontière entre l'Afghanistan et la province pakistanaise de la Frontière du Nord-Ouest. "La plupart d'entre eux sont dans un état mental critique et sont mentalement dérangés".
Muhammad a été relâché au début du mois du Camp X-Ray, la prison située sur la base navale américaine de Cuba, avec deux autres Pakistanais, Jehan Wali et Sahibzada Usman Ali, et remis aux autorités pakistanaises le 8 mai. Il est rentré chez lui vendredi. "Jehan Wali n'a parlé à personne pendant les huit derniers mois", a indiqué Muhammad, son camarade de détention.
Boulanger de formation, Muhammad était l'un des quelque 6.000 Pakistanais, selon les estimations, qui ont suivi les appels enflammés des imams et ont gagné l'Aghanistan pour y défendre les talibans contre l'intervention militaire menée par les Etats-Unis en octobre 2001. Il a indiqué qu'il avait été capturé dans la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan, par l'Alliance du Nord opposée aux miliciens islamistes, en novembre 2001 et livré aux troupes américaines qui les ont transférés dans la baie de Guantanamo.
"Avant d'embarquer à bord de l'avion, ils nous ont lié les mains et les pieds, collé du papier adhésif sur la bouche, attaché des bandeaux noirs sur les yeux et bouché les oreilles. Nos barbes et nos cheveux avaient été tondus, a raconté Muhammad. "Après un voyage de 18 heures dans ces conditions, nous avons été jetés dans des cages comme de vulgaires animaux". Pendant le premier mois, les prisonniers n'ont pas été autorisés à se parler entre eux, et les appels des musulmans à la prière étaient bannis, se souvient-il. Cependant on ne lui a pas interdit de prier. Il a affirmé que des gardes américains avaient torturé des détenus. "Pendant plusieurs mois, des prisonniers ont subi fréquemment des tortures. Plus tard, après l'intervention de la Croix-Rouge, les séances de torture se sont limitées aux interrogatoires, et l'interdiction de l'appel à la prière et de parler avec ses compagnons de détention a été levée. "Une fois que les enquêtes ont été terminées et que nous avons été déclarés innocents, nous avons été bien traités et on nous a donné de la bonne nourriture et accordé d'autres privilèges.
Muhammad envisage d'attaquer en justice le gouvernement américain. "Le gouvernement américain, sans aucune preuve ni justification, m'a retenu prisonnier pendant 18 mois. Les Etats-Unis devraient me verser des indemnités pour compenser cette perte de liberté", estime-t-il. Cinquante-quatre autres Pakistanais figurent parmi les quelque 650 détenus originaires de 40 pays toujours détenus dans la base militaire à haute sécurité. Aucun de ces prisonniers auxquels les autorités américaines ont refusé le statut de prisonnier de guerre, n'ont été officiellement inculpés, et on leur a refusé le droit de rencontrer des avocats et de recevoir de la visite. La plupart d'entre eux ont passé le plus clair de leur temps dans un isolement total, interrompu par des interrogatoires de routine.

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Des avocats appellent la Cour suprême américaine
à ne pas déposséder les détenus de Guatanamo de leurs droits

WASHINGTON (AP) - 15/1/4 - Des avocats militaires, représentant des prisonniers de la base navale de Guantanamo à Cuba ont plaidé la cause de leurs clients auprès de la Cour suprême des Etats-Unis, estimant que les plans de l'administration Bush de traduire ces détenus devant les premiers tribunaux militaires américains depuis 50 ans, sont inconstitutionnels.
Les avocats de la défense ont critiqué le pouvoir du gouvernement d'agir en tant que geôlier, juge et éventuel bourreau des prisonniers, capturés pour la plupart en Afghanistan et détenus indéfiniment à la base navale américaine de Guantanamo Bay, à Cuba.
"Contrairement à des guerres passées, la lutte contre le terrorisme peut ne jamais prendre fin", écrivent les avocats dans une lettre adressée à la plus haute juridiction américaine. "La Constitution ne peut pas approuver qu'un pouvoir présidentiel à durée indéterminée, avec aucun contrôle civil, juge quelqu'un que le président estime soumis à un tribunal militaire, dont les règles et les juges ont été choisis par le ministère public lui-même." Les avocats ont ainsi appelé la Cour suprême à rejeter l'argument de l'administration Bush d'interdire à ces détenus l'accès des tribunaux civils. Les décisions concernant chaque prisonnier de Guantanamo doivent être prises au cas par cas, selon ces avocats. "S'il n'existe aucun droit à un contrôle civil, le gouvernement est libre d'organiser de faux procès et de condamner à mort ceux qui ne font rien d'autre que de prier Allah", affirment-ils. AP

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Guantanamo : les USA reconnaissent devant l'ONU des cas de tortures
[Au nom de la soi-disante guerre contre le "terrorisme" (le leur !) -
Roger Ripert]

GENEVE (AFP) - 24/6/5 - Les Etats-Unis ont reconnu pour la première fois devant l'ONU des cas de tortures infligées à des prisonniers en Afghanistan et en Irak, ainsi que sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), a-t-on appris vendredi de source autorisée à l'ONU.
Selon un membre du Comité de l'ONU contre la torture, Washington a reconnu ces tortures dans un rapport encore confidentiel remis au Comité, qui examine le respect de la convention internationale contre la torture par les Etats signataires. "Ils ne se défilent plus et ont assumé leur obligation d'informer l'ONU", a dit ce responsable qui a requis l'anonymat. "Ils vont maintenant devoir rendre des comptes (au Comité). Rien ne devra rester dans l'obscurité".
Les Etats-Unis, qui ont répondu dans leur rapport à toutes les questions du Comité, devront comparaître en mai prochain devant cet organe de l'ONU qui analysera les conclusions remises par Washington. "Ils n'ont évité aucun point en répondant aux questions, que ce soit à propos des prisonniers en Irak, en Afghanistan ou à Guantanamo, et des autres accusations de mauvais traitements et de tortures", a-t-on ajouté de même source. "Ils ont dit qu'il s'agissait de cas isolés, qu'il n'y avait rien eu de systématique et que les coupables étaient en train d'être sanctionnés".
Le rapport précise que les actes en question ont été commis par des fonctionnaires subalternes et n'ont pas été avalisés par la hiérarchie, selon la même source.
Dans le cas de Guantanamo, où sont détenus 520 prisonniers arrêtés pour la plupart en 2001 en Afghanistan, le rapport explique qu'il s'agit de "combattants ennemis" qui ne peuvent bénéficier des conventions de Genève tant que se poursuit "la guerre contre le terrorisme".

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Profanation du Coran à Guantanamo :
un ancien détenu russe porte à son tour des accusations

Mais rien ne prouve, naturellement, que ces soldats américains soient "des enfants de salauds"...
Roger Ripert

MOSCOU (AP) - 28/6/5 - Un ancien détenu russe du camp de Guantanamo, à Cuba, a affirmé à son tour mardi que des soldats américains profanaient régulièrement le Coran dans cette prison spéciale en en jetant des exemplaires dans les toilettes.
"A Cuba, ils avaient l'habitude de jeter le Coran dans la cuvette des toilettes. Cela arrivait régulièrement et c'était destiné à nous provoquer", a déclaré Airat Vakhitov lors d'une conférence de presse à Moscou. Interrogé plus tard par l'Associated Press, Airat Vakhitov a précisé qu'il n'avait pas assisté lui-même à ces profanations. "Un Palestinien nommé Mahir, qui se trouvait dans une cellule voisine, l'a vu et me l'a raconté", a-t-il rapporté. "De nombreuses autres personnes à Guantanamo m'en ont aussi parlé."
Airat Vakhitov est l'un des sept ressortissants russes qui ont été libérés de Guantanamo en mars 2004. A leur retour en Russie, les sept anciens détenus ont été incarcérés pendant trois mois avant d'être libérés en juin 2004.
Airat Vakhitov, qui dit avoir été détenu par les forces américaines à Kandahar (Afghanistan) avant d'être transféré à Guantanamo, assure en revanche avoir lui-même assisté à des profanations du Coran lors de sa détention en Afghanistan. "A Kandahar, ils déchiraient des exemplaires du Coran et en ont même mis un dans un seau d'excréments", a-t-il affirmé. Vakhitov raconte aussi que les soldats américains privaient des détenus de sommeil en mettant de la lumière ou de la musique très fort, qu'ils se servaient d'un gaz indéterminé et qu'ils ont même laissé une fois des chiens attaquer les prisonniers. Ces accusations interviennent au lendemain de celles portées par plusieurs anciens détenus pakistanais de Guantanamo, qui ont affirmé avoir vu des Américains chargés des interrogatoires jeter ou déchirer des exemplaires du Coran. L'un d'eux a raconté que des femmes nues s'asseyaient parfois sur la poitrine de prisonniers lors des interrogatoires.
Le "Pentagone" [sic] a démenti les accusations portées par ces anciens prisonniers pakistanais. Toutefois, début juin, le Pentagone a reconnu que des exemplaires du Coran appartenant à des prisonniers détenus dans la prison spéciale de Guantanamo avaient été dégradés (coups de pied, jets d'urine, exemplaires piétinés, obscénités écrites en anglais). Mais rien ne prouve, selon les "autorités américaines" [sic], que des exemplaires du Coran aient été jetés aux toilettes.

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Traitements dégradants mais pas de sanction pour un commandant de Guantanamo

WASHINGTON (AFP) - 13/7/5 - L'ancien commandant du camp de prisonniers de Guantanamo a échappé à une "réprimande" de sa hiérarchie en dépit des "traitements dégradants et abusifs" révélés par une enquête du Pentagone confirmant largement des accusations lancées par des associations et la presse.
L'officier ayant mené l'enquête, le général Randall Schmidt, a expliqué devant le Sénat qu'en raison de la multiplication des procédures extrêmes contre un prisonnier, il avait recommandé une "réprimande" envers le général Geoffrey Miller, ancien commandant de la prison de Guantanamo qui a pris en charge le système carcéral en Irak. "Il a échoué à surveiller et fixer des limites sur l'application de techniques autorisées, et permis à l'interrogatoire (d'un détenu saoudien) de mener à un traitement potentiellement inutile et abusif", a expliqué le général Schmidt pour justifier sa décision. Le traitement du prisonnier en question "n'a pas conduit à violer de loi ou règlement américain", a toutefois estimé le général Bantz Craddock, créditant le général Miller de s'être fié "au jugement et l'expérience de ses hommes pour qu'ils remplissent leurs devoirs de façon à la fois professionnelle et autorisée". L'enquête du général Schmidt avait été déclenchée par la publication, par l'association de défense des droits civils ACLU, de courriels d'agents du FBI rapportant des abus intervenus selon eux à Guantanamo, dans le cadre réglementé d'interrogatoires - et non dans des débordements incontrôlés comme les sévices intervenus à Abou Ghraïb. La plupart de ces accusations ont été avérées, tout comme de récentes allégations de l'hebdomadaire Time, mais "au total, nous n'avons pas trouvé de torture. Les opérations de détention et d'interrogatoire étaient sûres et humaines", a assuré le général Schmidt. L'officier s'est cependant inquiété de "l'effet cumulatif d'interrogatoires créatifs, prolongés et persistants" sur le détenu matricule "ISN 063": il s'agit du Saoudien Mohamed al-Qahtani, considéré comme le "20e pirate de l'air" des attentats du 11 septembre 2001, qui aurait résisté huit mois avant de commencer à livrer des informations. Parmi les traitements infligés à al-Qahtani, aucun n'était techniquement interdit selon le général Schmidt : des femmes l'auraient chevauché, on lui aurait hurlé dessus, on aurait traité sa mère et sa soeur de prostituées, on l'aurait forcé à porter un soutien-gorge et à se coiffer d'une culotte, on lui aurait dit qu'il avait des tendances homosexuelles notoires, on l'aurait mis en laisse, on aurait manipulé la climatisation pour rendre sa cellule inconfortable, un chien menaçant et grondant aurait assisté à des interrogatoires... enfin il a été placé en isolement durant 160 jours à partir du 8 août 2002, et soumis à des séances d'interrogatoires durant 18 à 20 heures, pendant 48 jours sur une période de 54 jours. Hormis ce cas particulier, le général Schmidt a fait état de seulement deux incidents à la fois vérifiés et non autorisés, ni par les manuels militaires ni par des autorisations expresses du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld: l'enchaînement de détenus au sol dans une salle d'interrogatoire et l'utilisation de ruban adhésif pour empêcher un détenu de déclamer des versets du Coran. Il a en outre confirmé qu'une militaire, en colère parce qu'on lui avait craché dessus, avait simulé du sang menstruel, qu'elle avait fait mine de répandre sur un détenu pour l'humilier.
Plusieurs élus du parti républicain du président George W. Bush se sont indignés que de tels incidents continuent à mobiliser l'opinion. "Je ne les approuve en aucune façon, mais je ne crois pas qu'ils méritent l'attention de la presse nationale", s'est exclamé le président de la commission du renseignement Pat Roberts. Trois incidents sur 24.000 interrogatoires, la performance est remarquable, selon lui [sic].

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Plus de 200 détenus de Guantanamo en grève de la faim

LONDRES (Reuters) - 6/10/5 - Plus de 200 détenus du camp américain de Guantanamo, sur l'île de Cuba, poursuivent une grève de la faim entreprise début août, selon Amnesty International.

Ces prisonniers, pour la plupart des Afghans faits prisonniers lors de l'intervention américaine de la fin 2001, protestent contre leur détention sans jugement.

Selon Clive Stafford, avocat des droits de l'homme pour Amnesty, les gardiens américains nourrissent de force 21 détenus. "Ils en sont à l'heure actuelle au 56e jour de grève de la faim", a-t-il ajouté, en établissant la comparaison avec le jeûne des nationalistes irlandais au début des années 1980.

"Nous savons par expérience que la première personne morte de cette grève de la faim l'a été au bout de 46 jours", a-t-il dit.

Il y a deux semaines, l'armée américaine a fixé sans explication à 36 le nombre des grévistes de la faim à Guantanamo, après avoir avancé le chiffre de 130 une semaine auparavant.

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Après Guantanamo, le "Pentagone" [sic] face à de nouvelles accusations de profanation

WASHINGTON (AFP) - 20/10/5 - Le Pentagone était confronté jeudi à de nouvelles accusations de profanation après celles en mai sur le Coran à Guantanamo et a ouvert une enquête concernant des soldats américains en Afghanistan qui auraient brûlé et exhibé les corps de deux rebelles.
Dans une vidéo diffusée mercredi par la chaîne de télévision australienne SBS, des militaires américains du 173e régiment de parachutistes brûlent et exhibent les corps de deux rebelles pour effrayer des villageois et provoquer les rebelles talibans.

Selon Stephen DuPont, le photojournaliste australien qui était "intégré" dans l'unité militaire américaine et a filmé l'incident en octobre, les corps ont été tournés intentionnellement vers l'ouest en direction de La Mecque, une provocation délibérée à l'égard des musulmans qui se tournent vers le Lieu saint pour prier. La religion musulmane interdit également la crémation.

"Attention, talibans, vous êtes des chiens lâches. Vous avez laissé vos combattants être allongés la face tournée vers l'ouest et être brûlés. Vous avez trop peur de venir récupérer les corps. Cela montre seulement que vous êtes des tapettes comme on le pensait", dit dans le reportage un soldat identifié comme le sergent Jim Baker, selon un verbatim disponible sur le site web de la chaîne (http//news.sbs.com.au).

D'après le journaliste, les deux hommes avaient été tués la veille par des soldats américains lors d'un affrontement près du village de Gonbaz, au sud de l'Afghanistan à environ 100 kilomètres de Kandahar.

Les soldats, identifiés comme des spécialistes des opérations psychologiques, ont déclaré avoir brûlé les corps pour des questions d'hygiène, ceux-ci ayant été laissés à l'air libre pendant plus de 24 heures. Mais selon M. DuPont, ils ont apparemment délibérément voulu susciter la colère des talibans et les faire sortir de leurs cachettes dans les montagnes.

Les accusations contenues dans la vidéo ont été considérées comme suffisamment sérieuses par l'armée américaine pour qu'elle ouvre une enquête.

"Le commandement prend ces accusations de mauvaise conduite très au sérieux et une enquête a été ordonnée", a déclaré dans un communiqué le général Jason Kamiya, commandant américain en Afghanistan. Si elles sont fondées, "des mesures adéquates seront prises", a-t-il ajouté.

Des hauts responsables américains sous le couvert de l'anonymat interrogés par les quotidiens américains New York Times et Washington Post estiment que le reportage et la traduction apparaissent exacts et s'inquiètent de l'impact de ces accusations sur l'image des Etats-Unis dans le monde musulman.

En mai, un article du magazine Newsweek, qui s'était ensuite rétracté, avait entraîné des émeutes en Afghanistan, causant la mort d'une quinzaine de personnes, et provoqué des manifestations dans le monde musulman.

L'article affirmait qu'un gardien au centre de détention militaire américain de Guantanamo, sur l'île de Cuba, avait jeté dans les toilettes un exemplaire du Coran.

A l'issue d'une enquête, le Pentagone avait reconnu cinq incidents, dont un gardien américain qui avait "accidentellement" uriné sur le Coran à Guantanamo, mais avait assuré n'avoir trouvé "aucune preuve crédible" sur un exemplaire du Livre saint jeté dans les toilettes.

La Maison Blanche avait qualifié les cinq incidents de "quelques cas isolés perpétrés par quelques individus" que l'armée "ne tolère pas".

L'image des Etats-Unis dans le monde musulman a également été ternie par les accusations l'an dernier de sévices et tortures à la prison irakienne d'Abou Ghraib, et celles concernant les mauvais traitements dans les prisons de Guantanamo et de Bagram (Afghanistan).

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Amnesty International en campagne contre le camp de Guantanamo

TUNIS (AP) - 21/10/5 - L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International veut sensibiliser et mobiliser l'opinion publique pour faire pression sur les Etats-Unis et les amener à fermer le camp d'internement américain de Guantanamo (Cuba), a déclaré vendredi le vice-président de la section tunisienne d'AI, Choki Ben Jannet.

Lors d'une conférence de presse à Tunis avec Nadra Boukesra, membre de la section Tunisie d'AI, M. Ben Jannet a présenté la campagne lancée par l'organisation internationale, intitulée "non à la torture et aux mauvais traitements dans la 'guerre contre le terrorisme'".

Outre les Etats-Unis, cette campagne, qui se poursuivra jusqu'en avril 2006, date de présentation du rapport sur les Etats-Unis devant la commission des Nations Unies sur la torture, cible cinq autres pays où sont implantés des camps d'internement, connus ou secrets, où se pratiquent tortures et autres pratiques inhumaines et dégradantes (Grande-Bretagne, Italie, Indonésie, Jordanie et Yémen).

Elle vise trois objectifs majeurs : faire cesser les tortures, demander l'ouverture d'enquêtes indépendantes et poursuivre en justice les auteurs de ces actes.

"Le camp de Guantanamo est illégal. Les détenus qui y sont internés doivent être jugés par des tribunaux américains ou libérés", a martelé le responsable d'AI.

Amnesty International organisera en Tunisie plusieurs manifestations sur ce thème, dont des conférences et une exposition documentaire itinérante dans plusieurs villes du pays.

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Au moins 21 détenus des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan ont été tués

WASHINGTON (AP) - 25/10/5 - Au moins 21 prisonniers morts en Irak et en Afghanistan alors qu'ils étaient détenus par les troupes américaines ont été tués, notamment au cours des interrogatoires, selon l'organisation américaine de défense des droits civils (ACLU) qui a analysé les données du Département de la Défense.

Parmi les 44 cas de décès suspects étudiés, 21 peuvent être classés comme des homicides, et au moins 8 sont la conséquence directe d'abus lors des interrogatoires par les soldats ou les agents de renseignement, précise l'analyse publiée lundi.

Dans un cas cité par le rapport, un détenu est mort après avoir été étouffé lors d'un interrogatoire en novembre 2003.

Jusqu'à présent plus de 400 enquêtes ont été menées pour des abus sur des détenus et plus de 230 soldats ont été condamnés.

"Il ne fait aucun doute que les interrogatoires ont provoqué des décès", a expliqué Anthony Romero, directeur de l'ACLU. Les hauts responsables qui connaissaient la torture et n'ont rien fait, ainsi que ceux qui ont conçu et approuvé ces pratiques doivent rendre des comptes."

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Invitation à visiter la prison de Guantanamo : les experts de l'ONU expriment des regrets

GENEVE (AP) - 31/10/5 - Des experts indépendants de l'ONU ont salué lundi la décision des Etats-Unis de les inviter à visiter le centre de détention de Guantanamo à Cuba, mais ils ont regretté que cette inspection soit limitée à seulement une journée et que les entretiens privés avec les prisonniers ne soient pas autorisés.

Ces spécialistes des droits de l'homme ont décidé d'accepter l'invitation, mais ils protestent dans un communiqué contre le fait de ne pouvoir parler avec les détenus, estimant que cela "nuira à l'objectif d'une évaluation objective et équitable de la situation".

Les Etats-Unis ont invité dimanche trois observateurs de l'ONU à venir visiter le centre de détention: Manfred Nowak, expert pour la torture et les traitements inhumains, Asma Jahangir, spécialiste des droits religieux et des libertés et Leïla Zerrougui, experte en détentions arbitraires.

Cette invitation intervient presque quatre ans après que les Nations unies ont demandé pour la première fois à inspecter la prison militaire de Guantanamo, à la pointe sud-est de Cuba.

"Cette invitation est le premier résultat tangible de près de quatre années de dialogue entre les procédures spéciales de la Commission des droits de l'homme des Nations unies et le gouvernement des Etats-Unis", soulignent les experts dans leur communiqué.

Les experts regrettent par ailleurs que deux autres observateurs, Leandro Despouy, spécialiste de l'indépendance des juges et des avocats, et Paul Hunt, expert de la santé physique et mentale, aient été exclus de l'invitation.

D'après un décompte fourni en septembre, 505 prisonniers, nombre d'entre eux originaires d'Afghanistan, sont détenus dans cette prison de haute sécurité. Certains de ces "combattants ennemis" sont détenus à Guantanamo depuis l'ouverture du centre de détention en janvier 2002, sans avoir été formellement inculpés ni avoir vu d'avocat.

Les Nations unies ont demandé à visiter la base dès le 22 janvier 2002. L'ONU a réitéré sa demande à maintes reprises, jusqu'en 2005, Washington ayant refusé à chaque fois. AP

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Le "Pentagone" [sic] interdit explicitement la torture ["non pertinente" ! ]

WASHINGTON (Reuters) - 8/11/5 - Le Pentagone interdit explicitement la torture dans une nouvelle directive en matière d'interrogatoires de prisonniers rendue publique mardi.

Ce document a été signé la semaine dernière par le secrétaire adjoint à la Défense, Gordon England. Il rassemble et fait la synthèse des nombreuses instructions délivrées sous différentes formes, mais encore jamais compilées au sein d'un texte unique, ont précisé des responsables de la Défense.

Cette directive énonce que "les actes de torture physique ou mentale sont interdits". Cependant, elle ne définit pas la torture.

La révélation en 2004 des mauvais traitements infligés aux prisonniers irakiens à la prison bagdadie d'Abou Ghraïb, gérée par l'armée américaine, avait suscité une condamnation internationale.

Les forces américaines sont en outre régulièrement accusées par des organisations de défense des droits de l'homme de pratiquer la torture dans le cadre de la "guerre contre le terrorisme".

"Tous les individus capturés ou détenus doivent être traités humainement et tous les interrogatoires (...) visant à obtenir des renseignements doivent être menés humainement, conformément aux lois et "à la politique en vigueur", ajoute la directive.

Celles-ci comprennent "le droit de la guerre, le droit international "pertinent" [sic], le droit américain et les directives applicables".

Ce document ne mentionne toutefois pas explicitement la Convention de Genève sur le statut des prisonniers de guerre. Il ne précise pas non plus si cette convention relève du "droit international pertinent".

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"Bush nie tout usage de la torture par les Etats-Unis" [sic]

PANAMA - 8/11/5 - "Nous ne torturons pas", a assuré lundi le président américain George Bush, défendant les techniques d'interrogatoires des forces américaines, notamment celles de la CIA accusée d'avoir ouvert des prisons secrètes dans plusieurs pays.

Le chef de la Maison Blanche a défendu l'initiative de son vice-président Dick Cheney, qui tente d'empêcher l'adoption par le Sénat d'une loi interdisant la torture.

"Nous travaillons avec le Congrès pour faire en sorte que, tout en avançant, il soit possible, encore plus possible pour nous de faire notre travail", a-t-il déclaré à Panama lors d'une conférence avec son homologue panaméen Martin Torrijos.

"Il y a un ennemi qui se cache, ourdit des complots, élabore des plans et veut à nouveau frapper l'Amérique, alors évidemment que nous les poursuivrons avec détermination, mais nous le ferons dans le respect de la loi", a-t-il ajouté.

Opposé à la loi anti-torture en projet au Sénat, Dick Cheney tente tout au moins d'obtenir que la CIA ne soit pas concernée si une loi devait finalement être adoptée.

Par ailleurs, George W. Bush n'a ni confirmé ni infirmé les informations faisant état de prisons secrètes ouvertes par la CIA à l'étranger, notamment dans des pays européens. "Notre pays est en guerre, et notre gouvernement a l'obligation de protéger le peuple américain", a-t-il déclaré.

"Nous trouvons les terroristes et les traduisons en justice. Nous rassemblons des renseignements sur les endroits où ils pourraient se cacher. Nous tentons d'enrayer leurs complots et leurs plans", a poursuivi le président américain. "Tout ce que nous faisons dans ce but, toute notre activité, entre dans le cadre de la loi. Nous ne torturons pas".

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Pendant ce temps, Bush est en chute libre dans les sondages...

WASHINGTON (AP) - 12/11/5 - La cote de popularité de George W. Bush dégringole : seuls 37% des Américains disent approuver l'action du président des Etats-Unis, contre 61% qui la désapprouvent, selon un sondage de l'institut Ipsos pour l'agence Associated Press.

De même, 56% des sondés désapprouvent la politique étrangère et la guerre contre le terrorisme menée par l'administration Bush (contre 42%), et 62% désapprouvent la situation en Irak (contre 37%).

De même, 59% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de sa politique intérieure, en matière d'éducation, de santé et d'environnement (contre 39%).

Près de six Américains sur dix (57%) estiment que George W. Bush n'est pas honnête (contre 42%) et estiment que son administration n'a pas de standards éthiques élevés (contre 41%), ce qui constitue un changement net dans l'opinion américaine.

Enfin, pour 82% des personnes interrogées, leur président est "têtu", une opinion qui est même partagée par sept républicains sur dix...

Ce sondage a été effectué du 7 au 9 novembre, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, avec une marge d'erreur de plus ou moins trois points.

Sur le Net : Ipsos: http://www.ap-ipsosresults.com

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Des experts de l'ONU rejettent les conditions imposées par Washington pour visiter Guantanamo

GENEVE (AP) - 18/11/5 - Des experts onusiens spécialistes des droits de l'homme ont affirmé vendredi que les conditions inacceptables imposées par le gouvernement américain rendaient impossible une visite objective de la prison spéciale de Guantanamo.

Invités par les Etats-Unis à visiter la base navale américaine installée sur l'île de Cuba, ces experts ont fait savoir qu'ils étaient contraints de décliner cette invitation, les responsables américains leur ayant refusé le droit d'avoir des entretiens privés avec les détenus.

"Nous regrettons profondément que l'administration américaine n'ait pas accepté les critères de référence pour permettre une évaluation crédible, objective et équitable de la situation des détenus au centre de détention de Guantanamo", expliquent-ils. "Ces critères comprennent la capacité de réaliser des entretiens privés avec des détenus", ajoutent les cinq experts dans un communiqué.

Selon eux, il est "particulièrement décevant que l'administration américaine, qui a invariablement déclaré son engagement à faire respecter les principes d'indépendance et d'objectivité des commissions d'enquête, ne soit pas en mesure d'accepter ces critères".

L'administration Bush a offert aux enquêteurs un accès similaire à celui dont ont déjà bénéficié des membres du Congrès américain. Mais elle n'autorise qu'à des représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) un accès en privé aux détenus, a expliqué un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Mark Ballesteros.

Par ailleurs, à Londres, l'organisation Amnesty International a demandé à la Commission européenne d'enquêter sur des centres de détention secrets que contrôleraient les Américains en Europe, alors qu'un ancien détenu de Guantanamo mettait en garde contre de nouvelles attaques terroristes si de tels centres n'étaient pas fermés.

Amnesty et Reprieve, un mouvement londonien qui travaille sur les questions des droits de l'homme et des condamnations à mort, tiennent à Londres une conférence de trois jours sur la torture et les détentions secrètes de suspects de terrorisme. Plusieurs anciens prisonniers de Guantanamo y participent.

"Guantanamo doit être fermé. Si ce n'est pas le cas, je peux presque garantir que la violence et le terrorisme vont proliférer", a déclaré Moazzam Begg, 37 ans, qui a été détenu à Guantanamo pendant trois ans sans inculpation, et qui vit aujourd'hui à Birmingham.

Plus de 500 hommes accusés de liens avec l'ancien régime taliban afghan ou avec le réseau terroriste Al-Qaïda sont toujours détenus dans la prison de Guantanamo. Un grand nombre d'entre eux sont détenus sans inculpation et n'ont aucune possibilité de rencontrer des avocats depuis près de quatre ans.

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Une quarantaine de prisonniers de Guantanamo en grève de la faim

WASHINGTON (Reuters) - 7/1/6 - Le nombre de grévistes de la faim parmi les prisonniers de Guantanamo a diminué après une récente augmentation enregistrée depuis Noël, a annoncé l'armée américaine.

Les militaires américains avaient fait savoir la semaine dernière que 46 détenus de Guantanamo s'était joints, depuis le 25 décembre, au mouvement de grève de la faim déclenché depuis le 8 août sur la base navale américaine de Cuba, où sont emprisonnés des suspects de la "guerre contre le terrorisme".

Cette hausse avait porté jeudi à 84 le nombre de prisonniers refusant de s'alimenter.

Depuis, 44 ont cessé leur mouvement et 32 des 40 grévistes restants sont alimentés par des tubes pénétrant dans le nez, a précisé le lieutenant colonel Jeremy Martin, porte-parole militaire.

D'après les chiffres du Pentagone, un demi-millier de suspects sont détenus à Guantanamo, dont certains depuis près de quatre ans. Seuls neuf ont été inculpés.

Les avocats des prisonniers présentent cette grève de la faim comme un mouvement de protestation contre les conditions de détention et l'absence de cadre juridique à ces emprisonnements.

L'armée américaine affirme traiter ces détenus avec "humanité" [sic] et qualifie cette grève de la faim de manoeuvre visant à "détourner l'attention des médias et à exercer des pressions sur le gouvernement des Etats-Unis pour qu'il les libère".

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Un juge new-yorkais ordonne à l'administration américaine de révéler l'identité des détenus de Guantanamo

NEW YORK (AP) - 24/1/6 - Un juge fédéral de New York a ordonné lundi au département américain de la Défense de révéler à l'Associated Press (AP) l'identité des prisonniers détenus sur base spéciale de Guantanamo.

Le juge Jed Rakoff, de la deuxième cour d'appel de New York, a ordonné à l'administration Bush de fournir ces informations par le biais d'exemplaires non-retouchés de transcriptions et de documents relatifs aux 558 auditions de prisonniers de Guantanamo réalisées par l'armée américain.

Plusieurs centaines d'hommes (entre 500 et 600) sont retenus à Guantanamo depuis le 11 septembre 2001 sans avoir été inculpés ou publiquement identifiés. Ils ont été arrêtés pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda ou l'ancien régime taliban en Afghanistan.

L'AP avait porté plainte l'année dernière pour obtenir ces documents. Le gouvernement américain avait alors remis les transcriptions des auditions, mais avait retouché les informations concernant l'identité des détenus.

L'administration américaine a jusqu'à mercredi pour faire appel, une mesure qui serait suspensive. Selon l'avocat de l'AP, David Schultz, elle devrait utiliser cette possibilité.

Pour justifier sa décision de ne pas révéler l'identité des détenus de Guantanamo, le gouvernement américain arguait que "le secret garantissait la protection de leurs vies privées et la tranquillité à leurs familles" [sic]. Dans son arrêté rendu lundi, le juge Rakoff a rejeté ces arguments, estimant qu'ils n'étaient pas convaincants.

Une porte-parole du ministère public, Heather Tasker, a déclaré que le gouvernement n'avait pas encore pris connaissance de cette décision et qu'il n'avait aucun commentaire à faire.

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Amnesty International demande la libération de résidents britanniques détenus à Guantanamo

LONDRES (AP) - 6/2/6 - Amnesty International a appelé lundi à la libération de neuf résidents britanniques détenus selon l'organisation par les autorités américaines à la prison de Guantanamo Bay, à Cuba.

Neuf citoyens britanniques ont déjà été relâchés de Guantanamo suite à la pression du gouvernement britannique, mais neuf personnes ayant toutes des liens avec la Grande-Bretagne y demeurent encore, selon Amnesty, qui qualifie de "honteux" le manque d'efforts mobilisés en leur faveur par le gouvernement britannique.

"Ces hommes sont devenus des prisonniers oubliés", a déclaré Kate Allen, représentante de l'organisation en Grande-Bretagne.

Amnesty a donné l'exemple d'Omar Deghayes, âgé de 35 ans et d'origine libyenne, qui avait reçu le statut de réfugié avec sa famille en Grande-Bretagne, dans les années 1980. Deghayes s'est selon Amnesty plaint de mauvais traitements durant plus de trois ans de détention, et aurait participé à une grève de la faim l'année dernière.

La prison de la base navale américaine à Cuba détient actuellement environ 500 prisonniers de quelque 40 pays. Une grande partie d'entre eux ont été arrêtés suite à l'invasion américaine de l'Afghanistan dans le sillage des attaques terroristes contre les Etats-Unis le 11 septembre 2001, et de nombreux prisonniers sont détenus depuis plusieurs années sans avoir été accusés ou présentés devant un tribunal.

"Après quatre ans, Guantanamo est devenu synonyme d'abus et une accusation contre le manquement du gouvernement américain à maintenir les droits de l'Homme dans la guerre contre le terrorisme", a estimé Kate Allen.

Le gouvernement britannique a déclaré par le passé ne pas pouvoir représenter des personnes qui ne sont pas des citoyens britanniques.

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Guantanamo : un prisonnier sur six détenu pour simple "association" avec des terroristes, selon un rapport d'avocats

WASHINGTON (AP) - 8/2/6 - Un prisonnier sur six est détenu à la prison spéciale américaine de Guantanamo (Cuba) pour avoir été "associé avec" des terroristes, selon un rapport publié mardi par deux avocats de prisonniers.

Selon ce document, seulement 8% des détenus sont enregistrés en tant que combattants d'un mouvement terroriste. Par ailleurs, 30% sont considérés comme membres actifs d'un mouvement terroriste et les quelque 60% restant sont simplement "associés avec" des terroristes.

Jusqu'ici, seuls dix prisonniers ont été officiellement inculpés de crimes et doivent être jugés devant un tribunal.

Ce rapport a été rédigé par les avocats Mark Denbeaux, professeur de droit à l'université Seton du New Jersey, et Joshua Denbeaux -assistés d'étudiants de l'université Seton.

Il a été élaboré sur la base d'éléments déclassifiés issus des auditions réalisées en 2004 par le département américain de la Défense pour déterminer si les détenus de Guantanamo sont réellement des "combattants ennemis", terme employé par Washington pour les désigner.

Selon ce document, 55% des détenus sont été accusés de manière informelle d'avoir commis des actes hostiles envers les Etats-Unis ou leurs alliés. Toutefois, la dénomination "termes hostiles" va du meurtre et de la torture pratiqués par un Taliban de haut rang, à la simple possession d'armes à feu.

Le rapport indique également qu'environ un tiers des prisonniers sont liés à Al-Qaïda, 22% aux Taliban, 28% aux deux groupes, et 7% à l'un des deux sans que ne soit précisé lequel.

Le "Pentagone" [sic] s'est refusé à tout commentaire.

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La majorité des détenus de Guantanamo n'auraient pas combattu

MIAMI (Reuters) - 10/2/6 - La majorité des détenus de la base américaine de Guantanamo ne sont pas accusés d'avoir perpétré des actes hostiles contre les Etats-Unis ou leurs alliés, et seule une faible proportion d'entre eux ont été arrêtés par les forces américaines, selon un rapport analysant des documents officiels obtenu jeudi par Reuters.

"La grande majorité des détenus n'ont jamais participé à des combats contre les Etats-Unis", peut-on lire dans ce rapport élaboré par la faculté de droit de l'université de Seton Hall, dans le New Jersey.

Il analyse des documents officiels non confidentiels résumant les éléments sur lesquels s'est appuyée l'armée américaine, lors d'audiences organisées par des commissions d'évaluation, en 2004, pour déterminer si 517 détenus de Guantanamo étaient, ou non, des combattants ennemis.

L'un des auteurs de cette étude, le professeur de droit Mark Denbeaux, représente lui-même deux prisonniers de Guantanamo.

Ces résumés ne citent pas les noms des prisonniers et n'évoquent pas les preuves secrètes examinées par ces commissions d'évaluation, mais leur analyse permet de se faire une idée plus précise du profil des détenus du camp de Guantanamo, à Cuba, mis en place par les Etats-Unis en 2002 pour accueillir des terroristes présumés capturés lors de la guerre menée en Afghanistan contre Al Qaïda et les taliban.

Selon ce rapport, 55% des prisonniers de Guantanamo ne sont pas accusés, d'après ces documents officiels, d'avoir perpétré des actes hostiles contre les Etats-Unis et leurs alliés.

QUELQUES DETENUS DANGEREUX

Parmi ceux dont sont décrites les circonstances de leur capture, il apparaît que seuls 5% ont été appréhendés par les forces américaines. Les autres ont été capturés par les forces pakistanaises en Afghanistan et au Pakistan, ou par l'Alliance du Nord, une milice afghane qui a aidé les forces américaines à chasser du pouvoir les taliban.

Certains ont été vendus aux Etats-Unis par des personnes qui ont ensuite disparu, explique le rapport, qui reproduit par ailleurs des tracts distribués en Afghanistan exhortant la population à "s'enrichir au-delà de leurs rêves" en livrant des taliban et des membres d'Al Qaïda.

Selon cette étude, les documents officiels contiennent des preuves montrant de façon convaincante que quelques-uns des détenus de Guantanamo sont des hommes dangereux qui occupaient des positions influentes dans des organisations terroristes.

Ainsi, 11% d'entre eux ont rencontré Oussama ben Laden, et l'un des détenus a participé à des réunions d'Al Qaïda sur la préparation des attentats du 11 septembre 2001. Un autre détenu est un membre influent de la milice des taliban qui a torturé, mutilé et assassiné des Afghans dans les prisons du régime intégriste, souligne le rapport.

"Toutefois, les preuves fournies pour la plupart des autres détenus sont loin d'être aussi impressionnantes", peut-on y lire. Ainsi, seuls huit pour cent des détenus sont présentés dans les documents officiels comme des combattants du mouvement Al Qaïda, et 16% comme des combattants taliban.

STATUTS FLOUS

D'autres prisonniers sont présentés comme des "membres" d'Al Qaïda ou de la milice des taliban, la définition de leur appartenance à ces mouvements étant si large qu'elle s'applique à toute personne qui a parlé, un jour, à l'un de leurs membres, souligne le rapport.

D'autres encore sont présentés comme des "associés" d'organisations terroristes, même si la moitié des groupes cités ne figurent pas sur les listes d'organisations terroristes établies par les Etats-Unis.

Les auteurs du rapport s'interrogent sur la pertinence d'un amalgame entre personnes "associées" aux taliban et combattants ennemis, étant donné le contrôle exercé par le gouvernement des taliban sur presque tous les aspects de la vie des Afghans, et l'enrôlement forcé des garçons dès l'âge de 12 ans.

Un détenu a été qualifié de combattant ennemi pour avoir été enrôlé dans l'armée des taliban en tant qu'assistant cuisinier. Autres preuves ayant justifié la qualification de certains détenus en "combattants ennemis": possession d'un fusil AK-47 ou d'une Kalachnikov, ou encore d'une montre Casio.

Les responsables américains à Guantanamo affirment que les détenus du camp fournissent des renseignements utiles et qu'ils avaient été sélectionnés avec soin parmi les 8.000 hommes capturés pendant la guerre en Afghanistan.

Quelques dizaines de détenus dont les dossiers ont été examinés lors des audiences de 2004 ont depuis été libérés. La population du camp est tombée à environ 490 détenus à l'issue de tractations diplomatiques avec leurs pays d'origine et d'un processus de réexamen de leurs dossiers, qui se poursuit.

Seuls dix de ces détenus ont été inculpés de crimes de guerre et des responsables du Pentagone ont estimé qu'en définitive seuls 50 à 75 prisonniers seraient inculpés.

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Un tabloïde britannique dit disposer d'un film montrant des soldats abusant de prisonniers irakiens

LONDRES (AP) - 12/2/6 - Un journal britannique prétend disposer d'un enregistrement vidéo montrant des soldats britanniques en train d'infliger des coups de poing et de bâton à des prisonniers irakiens.

La police militaire britannique a déclaré samedi qu'elle avait lancé une enquête, et le ministère de la Défense a assuré prendre ces accusations "extrêmement" au sérieux, sans donner plus de détails.

Selon le "News of the World" paraissant dimanche, l'enregistrement a été réalisé dans le sud de l'Iraq il y a deux ans par un officier de l'armée britannique. Ce dernier encouragerait les soldats pendant les actes, selon le tabloïde.

Le journal dit avoir soumis le film a des vérifications exhaustives pour confirmer son authenticité, et avoir établi que les soldats en question sont bien britanniques. Il n'a cependant pas rendu publiques l'identité de l'unité ou du régiment en question.

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Londres : nouvelle affaire de sévices présumés contre des civils en Irak

LONDRES (AFP) - 12/2/6 - Londres fait face à une nouvelle affaire de mauvais traitements présumés commis par ses soldats en Irak après la parution dans la presse de photos montrant des militaires britanniques battant de jeunes civils irakiens après des émeutes dans le sud du pays en 2004.
"Nous prenons au sérieux toute allégation de mauvais traitements et il y aura une enquête", a déclaré à des journalistes le Premier ministre britannique Tony Blair qui se trouvait dimanche en Afrique du Sud.

Mais les soldats britanniques "méritent notre soutien total", a-t-il ajouté en prenant soin de rendre hommage au "beau boulot pour notre pays et pour le monde" qu'ils font afin d'"aider l'Irak à devenir une démocratie".
Le ministère de la Défense (MoD) a annoncé dès samedi soir l'ouverture d'une "enquête urgente" après la publication par l'hebdomadaire News of the World d'images extraites d'une bande vidéo.

La vidéo, qui dure environ une minute, montre des soldats britanniques poursuivant de jeunes manifestants dans les rues d'une ville du sud de l'Irak et les entraînant dans un camp où ils sont frappés à coups de poing et de pied et à l'aide de matraques.

Sur la bande, on entend l'homme qui a tourné ces scènes, un caporal, exulter et injurier les Irakiens: "Oh oui! Oh oui! Tu l'as bien mérité. Oui, sales enfoirés. Sales connards. Crevez! Ha, ha!", selon le journal.

News of the World, qui qualifie les auteurs de ces coups de "bande brutale de soldats britanniques", affirme également que la séquence filmée montre un soldat donnant des coups de pied dans la figure d'un Irakien mort.

La bande vidéo a été montrée sur la base d'origine de leur unité en Europe avant d'être révélée par quelqu'un qui voulait dénoncer ces faits, a précisé le journal qui a refusé d'identifier le régiment des soldats impliqués.

Son rédacteur en chef, Stuart Kuttner, assure que les images ont été vérifiées par la rédaction. "Nous avons mené des enquêtes auprès de la source, d'experts militaires, du ministère de la Défense et au-delà", a-t-il déclaré.

"Etant donné qu'il y a eu une gaffe commise par un journal il y a quelque temps, nous nous sommes assurés que (ces faits) sont authentiques", a-t-il ajouté, en allusion à la publication en 2004 par le Daily Mirror d'images montrant des soldats britanniques maltraitant des Irakiens, qui se sont par la suite révélées être truquées.

L'affaire de la bande vidéo, qui faisait la Une des télévisions et des radios en Grande-Bretagne dimanche, embarrasse les autorités qui se trouvent une nouvelle fois confrontées à de telles accusations.

En février 2005, trois soldats britanniques avaient été condamnés pour des mauvais traitements infligés à des prisonniers civils irakiens. De plus, le souvenir de la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad, impliquant des soldats américains, est toujours présent dans les esprits.

Elle intervient aussi à un mauvais moment pour Londres qui s'apprête à envoyer 3.300 militaires supplémentaires en Afghanistan et doit assurer à partir de mai prochain la direction de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité), l'instrument de l'Otan dans le pays.

Pour sa défense, le MoD affirme que d'éventuelles exactions sont des cas isolés parmi les troupes britanniques déployées dans le sud de l'Irak, actuellement au nombre d'environ 8.500 militaires.

"Plus de 80.000 soldats, hommes et femmes, ont servi en Irak depuis le début des opérations militaires dans ce pays" en mars 2003, a déclaré un porte-parole du ministère. "Seule une infime minorité a été impliquée dans des incidents marqués par des mauvais traitements délibérés"

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Irak : les forces britanniques condamnent tout acte de brutalité après des accusations de mauvais traitements

BASSORAH, Irak (AP) - 12/2/6 - Les forces britanniques en Irak apportent leur concours aux investigations menées dans leurs rangs sur des cas présumés de mauvais traitements contre des Irakiens remontant à 2004 et condamnent tout acte de brutalité, a indiqué dimanche un porte-parole militaire.

La police militaire britannique a ouvert une enquête à la suite des informations rapportées par l'hebdomadaire "News of the World", qui affirme avoir reçu des images vidéo montrant des militaires britanniques rouant de coups de jeunes Irakiens à l'aide de matraques et de leurs poings.

"Nous condamnons tout abus et tout acte de brutalité", a déclaré le lieutenant Chris Thomas, porte-parole de l'armée britannique à Bassorah (sud), où sont stationnés la plupart des 8.000 hommes déployés par la Grande-Bretagne en Irak. "Nous espérons que les bonnes relations établies au prix de gros efforts par les forces multinationales ne seront pas effectées par ces documents", a-t-il ajouté.

Selon le porte-parole, les accusations de mauvais traitements ne concernent qu'un "très petit nombre des 80.000 hommes qui servent en Irak".

Selon le journal dominical à l'origine de l'affaire, l'enregistrement vidéo servant de preuve a été tourné en 2004 par un caporal. Il est rendu public a un moment où les relations entre les forces britanniques et la population locale sont particulièrement tendues, du fait notamment de l'arrestation de policiers irakiens et du contrôle de l'aéroport international de Bassorah.

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Irak : enquête sur des abus commis par des militaires britanniques

BAGDAD (AFP) - 12/2/6 - Le ministère britannique de la Défense (MoD) a ordonné une "enquête urgente" sur une vidéo qui montre des militaires britanniques en Irak s'en prenant sauvagement à de jeunes irakiens sans défense, rapporte dimanche l'hebdomadaire News of the world.
Des photos tirées de la vidéo, présentant de jeunes Irakiens se faire attaquer par des soldats, sont publiés par l'hebdomadaire.

Les scènes ont été filmées par un caporal encourageant ses hommes, qui sont qualifiées de "bande brutale de soldats britanniques", par News of the world.
A la parution des premiers exemplaires de l'hebdomadaire, le MoD, par la voix de sa porte-parole, a fait savoir qu'il prenait "extrêmement au sérieux"cette information.

"Nous sommes au courant de ces très sérieuses allégations et nous pouvons confirmer qu'elle sont actuellement l'objet d'un enquête urgente de la police militaire", a déclaré la porte-parole.

"Nous condamnons tout acte de brutalité et nous traitons toujours très sérieusement toute allégation de méfaits," a-t-elle ajouté, alors que la bande vidéo est désormais visible sur le site internet de l'hebdomadaire.

La bande vidéo - qui remonte en 2004 lors des émeutes de rues dans le sud de l'Irak, où sont concentrées les troupes britanniques - montre une minute de film au cours de laquelle 42 coups sont assénés par les militaires britanniques.

The News of the World indique que la vidéo floue montre des soldats poursuivant de jeunes manifestants dans les rues et les entraînant dans un camp militaire où ils sont très brutalement frappés à coups de poing et de pied et auxquels on administre également de violents coups de matraque. La vidéo montre encore un soldat donnant des coups de pied dans la figure d'un Irakien mort, ajoute le journal.

Toujours, selon l'hebdomadaire, on entend le cameraman exulter et agonir d'injures les jeunes Irakiens: "Oh oui! Oh oui! Tu l'as bien mérité. Oui, sales petits mecs. sales petits cons. Crevez. Ha. Ha"

Le journal précise que la bande vidéo a été visionnée par les troupes dans des bases en Grande-Bretagne avant d'être portée à la connaissance du public par une "balance". Le régiment où ont eu lieu ces exactions n'a pas été identifié par le journal.

Ces révélations risquent de ranimer le débat sur la conduite des troupes américaines, britanniques et alliées depuis l'intervention militaire en mars 2003 destinée à renverser la dictature de Saddam Hussein.

Ainsi, en février 2005, trois militaires britanniques avaient été condamnés à des peines de prison et renvoyés de l'armée pour des sévices pratiqués à l'encontre de prisonniers irakiens dans un camp dans le sud de l'Irak.

A cette occasion le chef de l'armée britannique, le général Mike Jackson avait présenté ses excuses à tous les Irakiens.

Neuf soldats américains ont été condamnés en octobre à la suite d'exactions commises également contre des prisonniers dans la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad. Le scandale avait éclaté au grand jour après la diffusion d'images de prisonniers irakiens humiliés sur les chaînes de télévision américaines.

Sur le front politique, les chiites conservateurs, majoritaires au Parlement irakien, ont décidé de reporter à dimanche le choix de leur candidat au poste du Premier ministre, pour lequel s'affrontent l'actuel chef du gouvernement, Ibrahim Jaafari, et le vice-président, Adel Abdel Mahdi.

"Le choix a été repoussé à dimanche à la demande insistante des partisans du (chef radical chiite) Moqtada Sadr qui souhaitent que le choix se fasse par consensus et non par vote", a affirmé l'un des participants, Ridha Jawad Taki, dirigeant du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII).

"La réunion aura lieu demain (dimanche) à 10H30 (07H30 GMT). Si d'ici là, aucun consensus n'est trouvé, il y aura vote", a déclaré de son côté Nadim al-Jabari, chef du parti islamique al Fadhila.

Enfin, douze personnes ont été blessées dimanche matin par deux bombes qui ont explosé l'une après l'autre dans une rue centrale de Bagdad, a annoncé un responsable du ministère de l'Intérieur irakien.

Les bombes, qui ont également endommagé une voiture de la police, ont explosé près d'un restaurant sur la rue Al-Sadoun vers 07H00 (04H00 GMT). Il n'a pas dans l'immédiat été possible de déterminer si les policiers avaient été blessés dans l'attaque.

Dans un autre incident, cinq personnes ont été blessées également dans la capitale irakienne quand la voiture à bord de laquelle elles se trouvaient est entrée en collision avec un blindé de l'armée américaine, a ajouté le responsable.

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Les forces britanniques accusées de brutalités en Irak

LONDRES (Reuters) - 12/2/6 - Le ministère britannique de la Défense a ouvert une enquête sur une nouvelle affaire de comportements brutaux de soldats britanniques en Irak à la suite de la diffusion d'images vidéo dimanche par le quotidien News of the World.

"Nous prenons au sérieux toute accusation de mauvais traitement et cela fera en effet l'objet d'une enquête approfondie", a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair, actuellement en voyage en Afrique du Sud.

"Mais je dois vous dire que l'immense majorité des soldats britanniques en Irak, comme ailleurs, se comportent correctement et font du très bon travail. Ils aident les Irakiens à bâtir la démocratie qu'ils souhaitent", a-t-il ajouté.

La vidéo en question, dont News of the World est le premier média à avoir publié dimanche une série de clichés, a semble-t-il été filmée par un soldat britannique. On y voit d'autres membres du contingent britannique en Irak frappant des Irakiens à terre à coups de bâton et de pied.

Le journal, qui s'est procuré la cassette auprès d'un homme "écoeuré" par ces actes, retranscrit également les commentaires enregistrés par le caméraman amateur. On l'entend rire et encourager vulgairement ses camarades.

Le document aurait été filmé début 2004 dans le sud de l'Irak, dont le commandement britannique a la responsabilité, dans une période d'émeutes de rue.

OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE

Les autorités de la ville de Bassorah, où manoeuvrent les troupes britanniques depuis 2003, ont demandé des explications.

"Ces actes (...) ont été commis par les forces britanniques qui ont venues ici soi-disant pour apporter la démocratie", a déclaré à la chaîne Al Arabia Mohamed al Abadi, chef du conseil de la province de Bassorah, dans le sud de l'Irak. "Ces images montrent l'opposé de la démocratie pour laquelle ils disent être venus".

A Londres, le ministère de la Défense a dit avoir ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

"Nous sommes informés de ces très graves accusations et pouvons confirmer qu'elles font l'objet d'une enquête en urgence de la police militaire royale", déclare le ministère dans un communiqué.

"Nous condamnons tous les actes d'abus et de brutalité et traitons toujours avec le plus grand sérieux toutes les accusations de ce type", ajoute-t-on.

Ce n'est pas la première fois que les troupes britanniques en Irak sont accusées de mauvais traitement et d'abus, même si leur ampleur est sans commune mesure avec le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, près de Bagdad, qui a éclaboussé l'armée américaine au printemps 2004.

L'an dernier, trois soldats britanniques ont été condamnés à des peines de prison après la publication de photos prises en 2003 montrant des prisonniers irakiens battus, écrasés ou contraints d'adopter des postures sexuellement humiliantes.

Une autre série de photos similaires, publiées dans le Mirror, se sont en revanche révélées n'être qu'un canular.

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Les grévistes de la faim de Guantanamo nourris de force dans des conditions éprouvantes

SAN JUAN, Porto Rico (AP) - 9/2/6 - L'avocat de plusieurs détenus de la prison de Guantanamo a affirmé jeudi que l'armée américaine utilisait des méthodes éprouvantes pour contraindre les grévistes de la faim à s'alimenter et à cesser leur mouvement.

Des membres de l'armée ont attaché des détenus dans des chaises spéciales pour les obliger de façon agressive à s'alimenter, a expliqué Tom Wilner, qui est rentré la semaine dernière de la prison et dont les notes ont été déclassifiées mercredi soir.

Ces nouvelles méthodes ont débuté en décembre, a-t-il ajouté, affirmant que des objets dits de confort, comme des couvertures, avaient été retirés aux prisonniers. L'avocat a souligné que ce nouveau traitement de choc était la raison pour laquelle le nombre de grévistes est tombé à quatre, contre plusieurs dizaines fin 2005.

"C'est ce qui a mis un terme à la grève de la faim", a poursuivi Tom Wilner, qui représente six détenus originaires du Koweït. L'un d'entre eux a recommencé à s'alimenter après avoir entamé une grève en août. "Ils les ont nourris de force pour mettre un terme au mouvement".

Un porte-parole du centre de détention situé à Guantanamo Bay (Cuba) n'a pas commenté ces informations dans l'immédiat. Les quatre grévistes de la faim sont dans un état stable, avait indiqué mercredi le colonel Jeremy Martin, porte-parole de la prison.

Selon l'armée, la grève avait débuté avec 76 détenus qui dénonçaient leurs conditions de détention dans cette prison haute sécurité. Leur nombre avait atteint 131 à la mi-septembre. Mais les avocats de la défense ont affirmé que ce chiffre serait en réalité beaucoup plus élevé.

Une des raisons possibles de cette contradiction réside dans le fait que l'armée considère qu'un détenu est en grève de la faim lorsqu'il a refusé d'avaler neuf repas consécutifs, explique Julia Tarver Mason, avocate de 13 Saoudiens. Mais certains d'entre eux s'alimenteraient juste ce qu'il faut pour éviter cette classification et ne pas être nourris de force, ajoute-t-elle.

L'avocate, qui représente un des quatre grévistes de la faim et qui doit lui rendre visite ce mois-ci, affirme que les quatre hommes sont dans un état grave. Environ 500 personnes sont détenues à Guantanamo par les Etats-Unis qui leur reprochent d'appartenir au réseau terroriste Al-Qaïda ou des liens avec les talibans.

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Accusation de torture par la police : 18 policiers entendus par l'IGPN

PARIS (AFP) - 12/2/6 - Dix-huit policiers ont été entendus par l'Inspection générale de la police nationale, saisie d'une enquête après la parution d'un livre accusant des policiers antiterroristes d'avoir torturé des suspects en 1995, indique dimanche la direction générale de la police nationale (DGPN).
Il s'agit de policiers qui étaient en poste au SRPJ de Lyon pour 8 d'entre eux et à la 6è division de la direction centrale de la police judiciaire (ancêtre de la DNAT), à l'époque, comme l'indique le JDD de dimanche.

Selon la DGPN, tous les policiers entendus se sont déclarés choqués et "scandalisés" par ces accusations.

Roger Marion (actuel préfet délégué à la sécurité auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais) et Bernard Trenque, qui étaient à l'époque respectivement chef de la 6e division et chef du SRPJ de Lyon, figurent parmi les policiers déjà auditionnés par l'IGPN (la police des polices), saisie administrativement dès jeudi par le directeur général Michel Gaudin.

Dans "Place Beauvau", un livre consacré aux coulisses du ministère de l'Intérieur écrit par trois journalistes du Point, les auteurs citent les témoignages anonymes de cinq fonctionnaires de la police judiciaire selon lesquels plusieurs suspects dans les enquêtes sur les attentats de 1995 auraient été victimes de sévices.

Les faits se seraient déroulés, selon les trois journalistes, tant à Paris, dans les locaux de la 6e division où un des suspects aurait notamment été suspendu à une fenêtre, que dans les locaux du SRPJ de Lyon.

Dans un cas comme dans l'autre, des suspects auraient reçu des décharges électriques.

Les policiers entendus qui étaient en poste à la 6e division antiterroriste à Paris ont invoqué des "incohérences" dans les faits évoqués par le livre.

Ainsi, ils soulignent le fait que les locaux où l'un des suspects aurait été suspendu à une fenêtre donnent d'un côté sur la rue des Saussaies, très passante et que de l'autre n'existent que des "velux" qui ne se prêtent techniquement pas à une telle chose.

L'IGPN doit encore entendre plusieurs policiers, aujourd'hui retraités, mais à l'époque eux aussi membres de la 6e division ou du SRPJ lyonnais.

"Cela prendra un peu de temps, car il faut consulter les dossiers de l'administration de la police nationale pour retrouver leurs traces et les convoquer", a-t-on relevé dimanche à la direction générale.

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Accusations de tortures : "scandalisés", les policiers veulent savoir

PARIS (AFP) - 12/2/6 - Des policiers "scandalisés", leur ancien directeur général "stupéfait", l'institution policière est sous le choc des accusations de tortures lancées dans un livre paru jeudi, mais "veut savoir" si certains des siens ont réellement torturé des suspects d'attentats en 1995.
Dans "Place Beauvau", ouvrage consacré aux "secrets" du ministère de l'Intérieur écrit par trois journalistes du Point, sont cités les témoignages anonymes de cinq fonctionnaires de la police judiciaire selon lesquels plusieurs suspects dans les enquêtes sur les attentats de 1995 auraient été victimes de sévices.

Les faits se seraient déroulés tant dans les locaux du SRPJ de Lyon qu'à Paris, dans ceux de la 6e division de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), ancêtre de la Division nationale antiterroriste (DNAT), où un des suspects aurait notamment été suspendu à une fenêtre.
Face à ces accusations, les policiers sont "scandalisés", leur directeur général de l'époque, Claude Guéant, aujourd'hui directeur du cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, se déclare "stupéfait", affirmant n'avoir "jamais" entendu évoquer de tels faits.

Dix-huit policiers ont déjà été entendus par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices), saisie d'une enquête administrative dès jeudi soir. Ils se sont tous dits "scandalisés" par les accusations.

Chacun d'entre eux était, à l'époque, en service à la 6e division ou au SRPJ de Lyon, dont leurs chefs respectifs, Roger Marion (aujourd'hui préfet délégué à la sécurité à Lille) et Bernard Trenque (à ce jour directeur de l'Institut national de la police scientifique).

Certains soulignent des "incohérences", voire des impossibilités "d'ordre tout simplement pratique".

Ainsi, relèvent les "anciens" de la 6e division, leurs locaux donnaient "d'un côté rue des Saussaies et, de l'autre, n'étaient équipés que de velux".

Dès lors, suspendre quelqu'un à une fenêtre serait revenu à le faire "aux yeux des passants de la rue des Saussaies, voie très fréquentée". Quant aux "velux, ils ne permettent pas de se livrer" à un tel exercice, selon des commentaires rapportés par la direction générale de la police nationale.

"J'ai été stupéfait", a déclaré pour sa part Claude Guéant. "Tout le monde l'a été, moi le premier. Ni à l'époque ni depuis, jamais nous n'avons entendu parler de ça", a-t-il encore assuré, interrogé samedi sur RTL.

Il a souligné que cela ne signifiait pas qu'il démentait ces allégations, mais qu'il souhaitait savoir: "jamais depuis dix ans, aucune rumeur n'est parvenue à mes oreilles, mais nous avons le devoir d'en avoir le coeur net".

"Tous (les policiers entendus) démentent et clament leur indignation", a-t-il ajouté.

Quant aux accusations de tortures avec des armes de défense délivrant des décharges de 180.000 volts sous faible ampérage, elles sont également réfutées.

Deux des suspects des attentats de 1995 susceptibles de les avoir subies l'avaient signalé lors de leur comparution chez la juge Laurence Le Vert, à l'issue de leur garde à vue, mais ils avaient refusé de déposer plainte, "par peur", selon leur avocat de l'époque.

Interrogé sur un achat par la 6e division d'armes électrifiées, M. Guéant a affirmé qu'il n'a jamais été question d'utiliser des méthodes de ce genre".

L'IGPN doit encore entendre plusieurs policiers, aujourd'hui retraités, mais à l'époque eux aussi membres de la 6e division ou du SRPJ lyonnais.

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Irak : des photos inédites montrent "toute l'horreur" d'Abou Ghraib

SYDNEY (AFP) - 15/2/6 - La télévision publique australienne SBS a diffusé mercredi des photos inédites montrant "toute l'horreur" des mauvais traitements infligés par des soldats américains dans la prison irakienne d'Abou Ghraib, selon la chaîne.
La diffusion de ces images, qui montrent de "nouveaux sévices horribles" selon la chaîne, pourrait ajouter à la colère du monde musulman suscitée envers l'Occident par la parution de caricatures de Mahomet.

Les photos, vues par l'AFP avant leur diffusion ce mercredi à 20H30 (09H30 GMT) dans l'émission "Dateline", montrent notamment un homme à la gorge tranchée, les yeux clos, un autre avec d'importantes blessures à la tête et un troisième couvert de ce qui semble être des excréments.

Un homme nu y est également vu pendu la tête en bas depuis un lit superposé tandis qu'un autre, encagoulé et ligoté dans un uniforme orange de prisonnier, est apparemment menacé par un chien. Les photos montrent aussi un détenu exhibant des marques sur son avant-bras gauche qui semblent avoir été dues à des brûlures et un autre gisant sur une civière, couvert de sang.

Les photos font actuellement l'objet d'une bataille juridique aux Etats-Unis afin d'empêcher leur publication, a précisé SBS dans un communiqué. "Prises en même temps que les fameuses photos d'Abou Ghraib, qui avaient fait l'objet d'une fuite dans la presse en 2004, ces images montrent de nouveaux abus : homicide, torture et humiliation sexuelle", selon la chaîne.

"L'ampleur des mauvais traitements révélée par ces photos laisse penser que la torture et les abus qui ont eu lieu à Abou Ghraib en 2004 étaient vraiment pires que ce qui est actuellement su", poursuit SBS. Ces photos font partie du lot d'images qui avaient été montrées au Congrès américain lors d'une diffusion privée et dont seule une partie avait paru dans la presse américaine.

Les autres photos non publiques ont été obtenues par l'Union américaine des libertés civiles (ACLU), mais le gouvernement a fait appel pour empêcher leur diffusion aux Etats-Unis, selon SBS qui ne précise par comment elle s'est procurée les images. "Quand les premières photos d'Abou Ghraib ont fait l'objet de fuites dans la presse, des membres du Congrès (américain) ont pu assister à une séance de diffusion privée des images, dont celles qui apparaîtront" sur SBS, selon la chaîne.

Les membres du Congrès "ont été choqués quand ils ont vu sur ces images supplémentaires toute l'horreur des mauvais traitements qui ont eu lieu à Abou Ghraib", selon SBS, qui évoque une "première mondiale". La publication du premier lot d'images en 2004 avait été à l'origine d'un scandale retentissant dans le monde. Les photos montraient des prisonniers battus, menacés par des chiens et faisant l'objet d'abus sexuels. Plusieurs gardes de la prison américaine ont été depuis sanctionnés.

Le président américain George W. Bush avait récemment estimé que le scandale avait "couvert de honte" les Etats-Unis. Une porte-parole a précisé que SBS s'était procurée "des dizaines d'images, peut-être quarante ou plus" et qu'il avait "confiance dans la source" par laquelle elles ont transité.

Le producteur exécutif de "Dateline", Mike Carey, a justifié la diffusion des photos par le fait qu'il "est d'un intérêt public important que toute l'histoire des sévices à Abou Ghraib soit dite". L'Australie, un des plus fidèles alliés des Etats-Unis dans le monde, a participé aux opérations en Irak où 900 soldats australiens environ sont encore stationnés.

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La TV australienne passe de nouvelles images de sévices en Irak

SYDNEY (Reuters) - 16/2/6 - Une chaîne de télévision australienne a diffusé mercredi une série d'images témoignant apparemment de sévices infligés à des détenus de la prison irakienne d'Abou Ghraïb, gérée par l'armée américaine.

Selon la chaîne Special Broadcasting Service (SBC), ces clichés ont été pris au même moment que les photos, qui ont fait le tour du monde et provoqué la colère des capitales arabes en 2004, de soldats américains humiliant des détenus irakiens à Abou Ghraïb, dans la banlieue de Bagdad.

Certains ont été montrés l'an dernier lors des procès militaires qui se sont déroulés à Fort Hood, au Texas. Le plus retentissant s'est soldé par la condamnation à dix ans de prison de Charles Graner, considéré comme le principal instigateur des sévices.

Son ancienne maîtresse, Lynndie England, dont la photo tenant en laisse un Irakien à moitié nu avait fait le tour des rédactions, a écopé de trois ans de prison dans cette affaire.

"L'immense majorité des photos que j'ai vues existaient depuis des années et se trouvaient sur le disque dur (de l'ordinateur) de Graner", a déclaré un responsable ayant pu comparer les deux lots de clichés.

Graner apparaît en personne sur certaines photos et d'autres montrent un détenu irakien déjà vu - en laisse notamment - dans la série qui a défrayé la chronique en 2004.

Selon SBC, les derniers clichés témoignent de nouveaux sévices sous la forme d'actes de torture, d'assassinats et d'humiliations à caractère sexuel.

RALLUMER L'INCENDIE

Sur ces photos et images vidéo à la texture granuleuse, on voit des détenus, certains cagoulés ou baignant dans le sang, attachés à toutes sortes d'instruments, parfois à côté de gardiens souriants.

Ces clichés ont été immédiatement diffusés par plusieurs chaînes de télévision arabes, ce qui risque de rallumer l'incendie déclenché dans le monde arabo-musulman par la publication dans la presse européenne de caricatures de Mahomet et de photos de militaires britanniques malmenant de jeunes Irakiens.

La chaîne australienne a refusé de révéler comment elle s'est procurée ces nouveaux clichés, sur lesquels on aperçoit notamment un détenu se cognant la tête contre un mur ainsi que, semble-t-il, des cadavres. On y voit aussi apparemment des prisonniers soumis à des actes d'humiliation sexuelle jugés par la chaîne australienne trop choquants pour passer à l'antenne.

D'après la SBS, l'Union américaine des libertés civiques (Ucla) a été autorisée à visionner ces images en vertu de la loi américaine sur la liberté de l'information, mais l'administration américaine a fait appel de la décision

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Torture à Abou Ghraib : condamnation et écoeurement en Irak

BAGDAD (AFP) - 16/2/6 - Le gouvernement irakien a condamné les nouvelles images de torture de détenus par les soldats américains, jugées dégoûtantes par les habitants de Bagdad et absentes jeudi des quotidiens irakiens.
Une enquête a été par ailleurs ordonnée par le ministère de l'Intérieur à la suite d'informations faisant état de l'existence d'un escadron de la mort au sein des forces de la police qui vise des membres de la communauté sunnite d'Irak.

Dans un communiqué, le gouvernement irakien a "condamné vivement les tortures contre des prisonniers irakiens et a insisté pour qu'elles ne se répètent pas". Mais il a souligné "la ferme condamnation du département d'Etat et des responsables américains" de ces agissements.
Plusieurs habitants de Bagdad ont exprimé leur dégoût après la diffusion de nouvelles images de torture à la sinistre prison d'Abou Ghraib gérée par les Américains près de Bagdad, relayées par les chaînes satellitaires arabes.

"Je suis révolté par ces images et en même temps je ressens l'extrême faiblesse de notre gouvernement qui est incapable de protéger ses citoyens", a affirmé Saadoun Mohammad. "Le gouvernement prétend qu'il est souverain mais cette affaire montre qu'il est impuissant face aux forces étrangères", a ajouté cet homme de 40 ans.

Alors que les journaux irakiens avaient fait de longs comptes rendus, photos à l'appui, sur le scandale des mauvais traitements à Abou Ghraib éclaté en 2004, ils ont décidé cette fois-ci de ne pas publier les photos.

"Nous n'avons pas voulu alimenter la colère et la violence. Tout le monde sait que les forces américaines ont elles-mêmes reconnu un nombre de violations de droits de l'Homme. Ce n'est pas nouveau", a affirmé Naji Hassan, un chef de service du quotidien al-Sabah al-Jadid.

Une fonctionnaire du ministère de la Justice, Jinane Abed Mohammed, partage le sentiment de dégoût. "C'est une insulte aux Irakiens et aux musulmans. L'occupant (les Américains) ne comprend pas le vrai sens du mot liberté alors qu'il affirme être présent ici pour cette raison".

Un chef politique sunnite, Adnane al-Doulaimi, s'est dit choqué "par ces images douloureuses pour tout Irakien. Les droits de l'Homme doivent être respectés en prison, même pour les criminels".

Pour un représentant du chef radical chiite Moqtada Sadr, Fadel al-Charaa, cela rendra la situation des troupes américaines en Irak encore plus insupportable. "Cela prouve que l'occupant ne comprend pas la vraie nature des Irakiens qui refusent d'être offensés. Cela va accroître l'hostilité à l'égard de l'occupant".

Les nouvelles images montrent notamment un homme nu pendu par les pieds, un autre à la gorge tranchée, un prisonnier avec d'importantes blessures à la tête et un autre détenu couvert de ce qui semble être des excréments.

Sur un autre plan, le ministère de l'Intérieur irakien a ordonné la mise sur pied d'une commission d'enquête après que le général américain Joseph Peterson eut affirmé au quotidien Chicago Tribune que 22 policiers de la circulation, portant des uniformes de commandos de police, avaient été arrêtés fin janvier à Bagdad alors qu'ils conduisaient un sunnite à la mort.

Les organisations sunnites avaient accusé des éléments des forces de sécurité d'arrêter et de tuer des membres de leur communauté dans laquelle se recrute l'essentiel de la guérilla.

Un porte-parole du Comité des oulémas sunnites a affirmé que son chef Hareth al-Dari avait "déjà alerté le représentant spécial de l'Onu en Irak, Ashraf Qazi, sur cette affaire, et transmis un message au secrétaire général Kofi Annan pour réclamer une enquête impartiale".

Il a évalué "à plus d'un millier le nombre de personnes "liquidées" [tuées] par ces unités", ajoutant que "dans un seul quartier nord de Bagdad, al-Hourriyah, pas moins de 70 jeunes gens avaient été liquidés".

La violence a par ailleurs continué et six Irakiens ont été tués dans une vague d'attentats, dont trois à la voitures piégée à Bagdad.

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Guantanamo : les Etats-Unis doivent traduire tous les détenus en justice ou les libérer, selon un rapport de l'ONU

GENEVE (AP) - 16/2/6 - Les Etats-Unis doivent déférer tous les détenus de Guantanamo devant la justice ou les libérer, préconise un rapport des Nations unies rendu public jeudi.

Ce rapport, qui résume en 54 pages une enquête conduite par cinq experts de l'ONU, enjoint le gouvernement américain "de fermer le centre de détention de Guantanamo Bay et de s'abstenir de toute pratique s'apparentant à de la torture ou à un traitement cruel, inhumain ou dégradant".

Mais l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU à Genève, Kevin Moley, a répondu que cette enquête n'avait pas pris en compte les éléments fournis par Washington et que les cinq experts avaient rejeté une invitation à visiter Guantanamo [sic].

"Il est particulièrement malheureux que les rapporteurs aient rejeté cette invitation et que leur rapport ne reflète pas la connaissance personnelle, directe que cette visite leur aurait apportée", écrit-il dans un message inclus à la fin du rapport.

Environ 490 hommes sont actuellement détenus sur la base américaine de Guantanamo (Cuba). Ils sont suspectés de liens avec Al-Qaïda ou l'ancien régime taliban en Afghanistan. Seuls une dizaine font l'objet d'inculpations. Le centre de détention a ouvert en janvier 2001.

Les cinq experts à l'origine du rapport demandaient à visiter la base depuis 2002. Trois d'entre eux avaient été invités l'an dernier, mais ils ont finalement refusé de s'y rendre en novembre après avoir appris qu'ils ne pourraient pas interroger les détenus. Seul le Comité international de la Croix-Rouge a été autorisé à approcher les prisonniers, mais ses rapports sont confidentiels.

Les conclusions du rapport de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU s'appuient sur des entretiens avec d'anciens détenus, des documents publics, des informations de presse, des déclarations d'avocats et un questionnaire rempli par le gouvernement américain.

Les enquêteurs citent le recours à de mauvais traitements, tels que l'isolement cellulaire prolongé et la privation sensorielle, ainsi que l'exposition à des températures extrêmes et les privations de sommeil pendant plusieurs jours consécutifs. "Ces traitements équivalent à des tortures, en infligeant des douleurs et des souffrances à des victimes dans l'objectif de les intimider et/ou de les punir".

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Guantanamo : un rapport de l'ONU recommande la fermeture du centre de détention

GENEVE (AP) - 16/2/6 - Les Etats-Unis doivent déférer tous les détenus de Guantanamo devant la justice ou les libérer, préconise un rapport des Nations unies rendu public jeudi. Le document, qui résume en 54 pages une enquête conduite par cinq experts de l'ONU, recommande au gouvernement américain de "fermer le centre de détention de Guantanamo Bay et de s'abstenir de toute pratique équivalant à de la torture ou à un traitement cruel, inhumain ou dégradant". Un appel rejeté par la Maison Blanche.

Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a lui aussi estimé jeudi que Washington devait fermer le centre de détention à Guantanamo dès que possible, appuyait ainsi les conclusions des auteurs du rapport.

Il a précisé qu'il n'était pas nécessairement d'accord avec tout ce que contenait le document mais qu'il le soutenait dans son opposition à la réclusion à perpétuité de personnes, qui ne sont pas inculpées et n'ont aucune chance de s'expliquer devant un tribunal.

"Je pense que tôt ou tard, il faudra fermer Guantanamo. Je pense que c'est au gouvernement d'en décider", a déclaré Kofi Annan aux journalistes, espérant qu'il le fasse "aussitôt que possible".

Le rapport de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU s'appuie sur des entretiens avec d'anciens détenus, des documents publics, des informations de presse, des déclarations d'avocats et un questionnaire rempli par le gouvernement américain.

Les enquêteurs citent le recours à de mauvais traitements, tels que l'isolement cellulaire prolongé et la privation sensorielle, ainsi que l'exposition à des températures extrêmes et les privations de sommeil pendant plusieurs jours consécutifs. "Ces traitements équivalent à des tortures, en infligeant des douleurs et des souffrances à des victimes dans l'objectif de les intimider et/ou de les punir".

La Maison Blanche a rejeté la recommandation de fermer le centre de détention formulée par les experts. "Ce sont de dangereux terroristes dont nous parlons", a souligné le porte-parole de la présidence américaine, Scott McClellan. "Nous savons que les terroristes d'Al-Qaïda sont entraînés pour essayer de disséminer de fausses affirmations", a-t-il ajouté, affirmant que ce rapport n'était qu'un "réchauffé" des accusations précédemment portées par les avocats de certains détenus.

Il a ajouté que les Nations unies menaient nombre d'enquêtes sérieuses sur les violations des droits de l'Homme, mais que celle-ci n'en faisait pas partie. "Je pense que c'est un discrédit pour l'organisation quand une équipe comme celle-ci" présente un rapport alors qu'elle "n'a même pas examiné les faits", a souligné Scott McClellan. "Tout ce qu'(elle a) fait", c'est de s'intéresser à des "allégations".

Selon le porte-parole du Pentagone Bryan Whitman, ce rapport "souffre clairement de leur refus de venir à Guantanamo pour y examiner les opérations". Les experts avaient rejeté l'invitation américaine, car ils n'auraient pas été autorisés à approcher des prisonniers et à les interroger.

L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU à Genève, Kevin Moley, juge dans un message inclus en fin de rapport "particulièrement malheureux que les rapporteurs aient rejeté cette invitation et que leur rapport ne reflète pas la connaissance personnelle, directe, que cette visite leur aurait apportée".

Environ 490 hommes sont actuellement détenus sur la base américaine de Guantanamo (Cuba). Ils sont suspectés de liens avec Al-Qaïda ou l'ancien régime taliban en Afghanistan. Seuls une dizaine font l'objet d'inculpations. Le centre de détention a ouvert en janvier 2001. Seul le Comité international de la Croix-Rouge a été autorisé à approcher les prisonniers, mais ses rapports sont confidentiels.

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Donald Rumsfeld exclut de fermer le camp de Guantanamo

NEW YORK (Reuters) - 17/2/6 - Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a rejeté l'appel lancé par Kofi Annan à la fermeture du camp de Guantanamo à la suite de la publication d'un rapport d'expert des Nations unies.

"Il est totalement dans l'erreur. Nous ne devons pas fermer Guantanamo", a-t-il dit. "Nous avons (là-bas) plusieurs centaines de "terroristes [sic], des gens qui, s'ils étaient relâchés, s'efforceraient de tuer des Américains."

"Fermer ce lieu et prétendre que cela ne poserait aucun problème est simplement irréaliste", a poursuivi le secrétaire à la Défense qui s'exprimait devant le Council on Foreign Relations de New York.

Le camp de Guantanamo, où les Etats-Unis détiennent plusieurs centaines de "combattants ennemis" capturés dans leur "guerre contre le terrorisme" [sic] , est revenu sur le devant de l'actualité internationale avec la publication, jeudi, du rapport de cinq experts indépendants de l'Onu.

Les rapporteurs de la Commission des droits de l'homme des Nations unies réclament la fermeture du camp de détention et accusent les Etats-Unis d'infractions aux règles de droit interdisant la torture et la détention arbitraire et garantissant à tous le droit à un procès équitable.

Tout en disant ne pas être d'accord avec l'ensemble du rapport, Kofi Annan a indiqué qu'il pensait que Guantanamo devait être fermé le plus rapidement possible.

Le Parlement européen a lui aussi réclamé dans une résolution votée jeudi la fermeture du centre de détention.

Reprenant l'argumentaire de la "Maison blanche" [noire !], qui rejetait dès jeudi de "fausses accusations", Rumsfeld a mis en avant le fait que les cinq experts de la Commission des droits de l'homme de l'Onu ne s'étaient pas rendus au camp de Guantanamo Bay...

A la fin de l'année dernière, les cinq rapporteurs avaient refusé les conditions fixées à une telle visite par l'administration américaine, qui leur auraient notamment interdit de s'entretenir avec des détenus.

"Il n'y a pas de torture, pas d'abus. Tout cela est géré honorablement, et dans l'éventualité où quelqu'un agirait mal, l'incident est signalé et son auteur sanctionné dans le cadre du code constant de justice militaire", a affirmé Donald Rumsfeld [fasciste notoire].

La plupart des 500 détenus de Guantanamo sont détenus sans procès depuis quatre ans.

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Guantanamo : Kofi Annan a complètement tort, selon Donald Rumsfeld !

NEW YORK (AP) - 18/2/6 - Le Pentagone ne fermera pas son centre de détention de Guantanamo à Cuba, malgré les appels de Kofi Annan, assure Donald Rumsfeld qui juge que le secrétaire général des Nations unies a "complètement tort".

"Il a tout simplement complètement tort", a-t-il déclaré vendredi en réponse à une question sur le controversé centre de détention lors d'une apparition devant le Conseil sur les relations étrangères.

"Il ne faut pas que nous fermions Guantanamo. Nous avons plusieurs centaines de "terroristes" [sic], des gens mauvais, des gens qui, si on les relâchaient dans la nature tenteraient de tuer des Américains. C'est un fait".

Il a ajouté que Kofi Annan "n'a jamais été à Guantanamo", alors que les représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) "sont restés là-bas, y ont vécu 24 heures sur 24".

"Ce lieu est géré aussi bien qu'un centre de détention puisse l'être" [comme à la prison d'Abou Ghraib, sans doute !] , a-t-il ajouté. Il a jugé "absolument incompréhensible" que des appels à la fermeture du camp puissent être lancés sur la foi d'accusation de mauvais traitements et sévices lancées par des détenus, entraînés, selon lui, à mentir...

Un rapport des Nations unies publié cette semaine estime que certains traitements infligés aux détenus de Guantanamo équivalent à de la torture et recommande la fermeture du camp où quelque 500 prisonniers sont incarcérés, pour nombre d'entre eux depuis près de quatre ans.

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Grévistes de la faim nourris de force à Guantanamo : plainte d'un prisonnier

WASHINGTON (AFP) - 1/3/6 - Un prisonnier détenu à Guantanamo (Cuba) a demandé à une juge d'interdire à l'administration américaine une nouvelle méthode d'alimentation par la force des prisonniers grévistes de la faim qui relève selon lui de la torture, a indiqué mercredi son avocat.
La juge Gladys Kessler du tribunal fédéral de Washington, saisie en référé, a ordonné au gouvernement de livrer sa version des faits avant mercredi 17H00 (22H00 GMT), a précisé Me Richard Murphy.

Mohammed Bawazir, Yéménite détenu sans inculpation depuis 2002 sur la base américaine, a entamé une grève de la faim en août 2005, car il "préférait mourir plutôt que de rester à Guantanamo", comme quelques 200 prisonniers qui, à tour de rôle, ont refusé de se nourrir pour protester contre leur maintien en détention indéfinie et les conditions de détention.

Pour faire cesser ces grèves portant atteinte à l'image du camp très controversé, les autorités militaires ont récemment eu recours à de nouvelles méthodes.

Ainsi, auparavant, M. Bawazir était nourri par le biais d'un cathéter. Depuis le 11 janvier, un nouveau tube plus large est introduit jusqu'à l'estomac, dans lequel on fait passer de larges quantités de liquides ("quatre bouteilles d'eau") et d'aliments. Pendant ces séances, M. Bawazir était attaché à une chaise pendant environ deux heures. Une fois détaché, il n'avait pas immédiatement accès à des toilettes, l'amenant à faire ses besoins sur lui et à souffrir de crampes et de diarrhées.

"Le dossier médical de M. Bawazir indique que la douleur et l'humiliation (...) l'ont amené à abandonner provisoirement sa grève de la faim", dit la plainte.

Interrogée début février sur ces techniques d'alimentation forcée, la Maison Blanche a indiqué que les détenus étaient traités "humainement" [au sens fasciste du terme, sans doute !].

Le colonel Jeremy Martin, porte-parole de la base militaire cité par le New York Times début février, avait pour sa part expliqué que ces mesures étaient conduites de "manière humaine et compatisssante" à seule fin de sauver la vie des détenus.

Selon la défense du détenu, cette pratique relève au contraire d'une violation flagrante de la loi sur le traitement des prisonniers (Detainee treatment act) promulguée fin décembre et qui avait justement pour but d'interdire tout mauvais traitement.

"Quelques jours après avoir signé l'amendement McCain (introduisant cette loi, ndlr), l'administration Bush a procédé à certains des actes de torture les plus criants qui soient intervenus à Guantanamo", a dit mardi dans un communiqué Gitanjali Gutierrez l'un des avocats du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), une ONG engagée dans la défense des libertés publiques.

 

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Les Etats-Unis révèlent les noms et pays d'origine de centaines de prisonniers de Guantanamo

BASE NAVALE DE GUANTANAMO, Cuba (AP) - 4/3/6 - Après quatre ans de secret, le Pentagone a révélé vendredi les noms de plusieurs centaines de prisonniers détenus sur la prison spéciale de Guantanamo, à Cuba, suite à une décision judiciaire rendue en vertu de la loi américaine sur la liberté de l'information.

L'administration Bush avait jusqu'ici caché les identités, les pays d'origine et d'autres informations sur ces hommes, accusés d'avoir pris les armes contre les Etats-Unis. Elle affirmait que la divulgation de leurs identités constituerait une violation de leur vie privée, et pourrait les mettre en danger ainsi que leurs familles.

Les documents remis vendredi par l'administration Bush sur un CD-Rom sont les versions non-censurées de retranscriptions de 317 auditions de détenus pratiquées à Guantanamo. Dans une de ces retranscriptions, un détenu britannique du nom de Feroz Ali Abassi, affirme que des policiers militaires ont eu des rapports sexuels alors qu'il priait.

Au total, 241 détenus ont refusé de se soumettre à ces auditions, et donc aucune retranscription les concernant n'existe, selon le gouvernement américain. Sur les retranscriptions fournies précédemment par l'administration Bush, plusieurs informations -dont les identités- avaient été effacées.

Plusieurs détenus ayant refusé de se soumettre aux auditions, les documents rendus publics vendredi ne donnent pas les noms de tous les prisonniers actuels ou anciens de Guantanamo. De plus, pour les prisonniers nommés, ils ne précisent pas s'ils sont toujours détenus ou s'ils ont été libérés depuis leur audition.

Dans certains cas, le nom des détenus ne permet pas non plus d'établir formellement leur identité, plusieurs prisonniers affirmant lors de leur audition que leur nom n'est pas celui qui figure sur les dossiers de l'administration américaine.

Les Etats-Unis, qui ont ouvert la prison de Guantanamo dans l'est de Cuba en janvier 2002, y détiennent actuellement quelque 490 prisonniers. Seuls dix d'entre eux ont été inculpés. La plupart de ces hommes ont été capturés au cours de l'intervention américaine en Afghanistan en 2001.

La révélation des identités des prisonniers résulte d'une victoire de l'Associated Press qui avait engagé une action judiciaire dans ce sens, dans le cadre de la loi sur la liberté de l'information.

 

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Les actes de torture contre les détenus irakiens se poursuivent, selon Amnesty International

LONDRES (AP) - 6/3/6 - Les actes de torture contre les détenus irakiens se poursuivent malgré le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, accuse un rapport d'Amnesty International rendu public lundi.

L'organisation de défense des droits de l'Homme explique avoir mené son enquête depuis 2005 et jusqu'à ce début d'année en Jordanie et en Irak auprès d'anciens détenus, de proches de prisonniers actuels et d'avocats. Certains ont raconté avoir été fouettés avec des câbles en plastique et subi des décharges électriques.

"Certains de ces détenus sont emprisonnés depuis plus de deux ans sans aucun recours", explique Amnesty. "D'autres ont été libérés sans explication ni excuse ou réparation après des mois de détention, victimes d'un système arbitraire".

Un porte-parole des services pénitentiaires de l'armée américaine a affirmé que tous les détenus étaient traités conformément aux conventions internationales et à la loi irakienne. Le lieutenant-colonel Guy Rudisill a expliqué dans un e-mail à l'Associated Press que chaque prisonnier recevait un formulaire décrivant les raisons de sa détention et que son dossier était examinés tous les 90 à 120 jours.

Le rapport plaide pour une refonte du traitement des détenus par les autorités, britanniques, américaines et irakiennes. Amnesty International souhaite notamment qu'elles fassent en sorte de respecter les procédures judiciaires et procèdent à une enquête approfondie sur les soupçons d'abus.

Citant des chiffres datant de novembre dernier et provenant d'un site web de l'armée américaine, le document précise que 14.000 personnes sont détenues dans les prisons de la coalition en Irak. Des photographies de sévices commis en 2003 dans la prison d'Abou Ghraïb, près de Bagdad, avaient conduit à la condamnation de plusieurs soldats américains et provoqué un scandale international. AP

Sur le Net: http://www.amnesty.org

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La guerre est une busherie

Massacre délibéré de civils irakiens

Quinze civils irakiens tués, peut-être par vengeance, par des Marines américains

PARIS (AP) - 20/3/6 - Des Marines américains ont tué 15 civils irakiens, dont sept femmes et trois enfants, dans leurs maisons le 19 novembre 2005 à Haditha, selon l'hebdomadaire "Time" qui publie lundi le témoignage d'une fillette de neuf ans qui a perdu sept membres de sa famille.

D'après des "associations de défense des droits de l'homme" [lesquelles ?], si ces accusations se vérifient, il pourrait s'agir du pire massacre délibéré de civils irakiens perpétré par des militaires américains depuis le début de la guerre en Irak il y a trois ans, écrit "Time".

L'armée américaine a ouvert une enquête sur ces événements pour déterminer si ses troupes ont usé de la force de façon appropriée, après l'explosion d'un engin explosif au passage de leur convoi à Haditha, le matin du 19 novembre, ont indiqué jeudi dernier des responsables de la Défense à l'Associated Press.

Des responsables militaires en Irak ont effectué une enquête préliminaire sur cet incident qui a fait 23 morts, dont 15 sont considérés comme des civils par l'armée américaine et huit autres comme des combattants ennemis.

La bombe qui a explosé au passage du convoi américain à Haditha a causé la mort d'un Marine âgé de 20 ans. Dans une première version, l'armée affirmait que les civils irakiens avaient eux aussi été victime de cet engin explosif. Mais l'enquête préliminaire a déterminé qu'ils étaient en fait morts sous les balles des Marines, rapporte "Time".

Des témoignages recueillis sur place pendant dix semaines par le magazine américain "Time" laissent craindre des représailles sanglantes de la part des militaires qui venaient de perdre l'un des leurs.

Après l'explosion, les Marines se sont dirigés vers une maison d'où ils disent avoir vu venir des tirs. Eman Waleed, fillette de neuf ans, qui se trouvait dans le salon et a raconté le raid aux journalistes, a entendu des coups de feu dans la chambre de son père puis elle a vu les militaires abattre son grand-père et sa grand-mère. Les autres adultes ont été tués par balles en protégeant de leurs corps Eman et son petit frère Abdul Rahman, huit ans. Les deux enfants, seuls rescapés de la famille, ont été blessés.

Les Marines affirment que lorsqu'ils se trouvaient dans la maison des Waleed, ils ont entendu le son d'un Kalachnikov que l'on chargeait et ont cru être pris en embuscade, ajoute "Time".

Pensant essuyer des tirs provenant d'une autre maison, les militaires américains ont jeté une grenade et ont ouvert le feu, tuant les huit occupants -des civils.

Les soldats ont inspecté d'autres habitations d'Haditha. Dans l'une d'elles, ils ont vu un homme armé d'un Kalachnikov et un autre qui semblait vouloir saisir une arme. Ils ont abattu ces deux hommes. Ils n'expliquent pas comment sont morts deux autres hommes, décédés dans cette maison.

Ces quatre hommes font partie des personnes considérées comme "combattants ennemis", au côté de quatre jeunes abattus près du site de l'explosion. L'armée américaine a classé comme victimes civiles les 15 personnes -dont sept femmes et trois enfants- tuées dans les deux premières maisons.

Le NCIS (Navy Criminal Investigative Service) devra déterminer si les Marines les ont tués en légitime défense ou se sont rendus coupables d'homicides par négligence, ajoute l'hebdomadaire.

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Guantanamo doit fermer, estime le Comité contre la torture des Nations unies

Je le pense aussi.

Roger Ripert, 20/5/6

GENEVE (AP) - 19/5/6 - Les Etats-Unis doivent fermer leur prison de Guantanamo à Cuba et ne pas utiliser de centres de détention secrets, a estimé vendredi à Genève le Comité des Nations unies contre la torture.

Le Comité, dont les conclusions n'ont aucun caractère contraignant, était réuni depuis le 4 mai afin d'évaluer la manière dont Washington [les Etats-Unis] respecte la convention de l'ONU contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, signée en 1984.

C'est la première fois que la politique de Washington en la matière était ainsi passée en revue, depuis le lancement par les Etats-Unis de leur guerre contre le terrorisme, après les attentats du 11 septembre 2001.

"Les Etats-Unis doivent cesser de détenir quiconque à Guantanamo Bay et fermer le centre de détention", souligne le Comité dans un rapport de onze pages [où se le procurer ?], ajoutant que les détenus ne doivent pas renvoyés dans les Etats où ils courent un "risque réel" d'être torturés.

Les dix experts indépendants composant le Comité disent leur inquiétude de voir des détenus incarcérés pour de longues périodes, sans protection juridique suffisante [sic] et sans justification légale. Le Comité exprime également sa préoccupation concernant les informations sur l'existence potentielle de prisons secrètes, interdites d'accès aux représentants de la Croix-Rouge internationale.

Le rapport n'affirme pas explicitement que de telles prisons existent mais enjoint Washington de "s'assurer qu'aucune personne n'est détenue dans un centre secret de détention sous leur contrôle de fait". Les Etats-Unis sont d'autre part invités à "enquêter et révéler l'existence de telles installations, l'autorité sous laquelle elles ont été établies et la façon dont les détenus (y) sont traités".

Les Etats-Unis, poursuit le Comité, doivent "éliminer" toute forme de tortures perpétrées par des personnels militaires et civils en Afghanistan, en Irak et autres centres de détention sous leur contrôle. Les experts demandent à Washington d'enquêter sur les faits de torture et poursuivre leurs auteurs.

Le rapport dénonce notamment les techniques d'interrogatoires "impliquant une humiliation sexuelle, des simulacres de noyade, les entraves" et l'utilisation de chiens" pour terroriser les détenus. Ceux-ci sont parfois attachés à des chaînes ou cordes à un anneau au plancher. Certaines techniques, souligne le Comité, ont débouché "sur la mort de détenus en cours d'interrogatoire". Le manque d'encadrement légal de ces pratiques s'est également traduit par "de graves abus" sur des détenus.

Le Comité s'élève par ailleurs contre l'envoi, sans justification légale, de suspects vers des pays où ils risquent d'être torturés, processus connu sous l'appellation de "restitution extraordinaire". Il a demandé à Washington de faire connaître d'ici un an ses réponses et observations.

John Bellinger, conseiller juridique du Département d'Etat et chef de la délégation américaine qui a assisté aux auditions du Comité à Genève, a réaffirmé au cours des deux dernières semaines la volonté de Washington de respecter les obligations découlant de la Convention. Les Etats-Unis, a-t-il assuré, ont interdit la torture "en tous lieux et tous moments".

Quant aux "incidents regrettables ou allégations" de mauvais traitements, ils concernent des faits anciens, remontant à plusieurs années. Depuis, a-t-il expliqué vendredi, "nous avons renforcé nos lois et procédures, aussi estimons nous que nous travaillons dur déjà pour répondre aux domaines de préoccupation du Comité", dont Guantanamo.

Toutefois, a-t-il noté, la solution idéale reste à trouver. "Si on prend en compte la recommandation de ce rapport que Guantanamo doit être fermé mais qu'un grand nombre de gens ne peuvent pas être renvoyés dans certains pays, il n'y a pas vraiment de très bonne solution", a-t-il dit, pointant par ailleurs des "erreurs factuelles et inexactitudes" du rapport "concernant la loi applicable aux Etats-Unis".

Réagissant au rapport, le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow a souligné de son côté que les interrogatoires sont "pleinement conduits dans les limites de la loi américaine" [sic] . "Nous accordons toute considération non seulement à la loi mais aux besoins en matière de sécurité à Guantanamo pour les gens qui y sont présents", a-t-il affirmé.

D'après la délégation américaine, un total de 120 détenus sont morts en Irak et en Afghanistan, mais aucun à la prison de Guantanamo. La plupart des décès résultent de causes naturelles, de blessures de guerre ou d'agressions d'autres détenus, selon la délégation. Pour 29 décès, des abus ou violation des lois et règlements sont suspectés. "Dans ces cas, ces violations présumées ont fait dûment l'objet d'une enquête et les mesures appropriées ont été prises", a-t-elle assuré.

Les autorités américaines précisent avoir ouvert environ 800 enquêtes pour des allégations de mauvais traitements. Plus de 250 personnes ont été reconnues responsables d'abus divers sur des détenus; 89 membres des forces armées ont été condamnés, dont 19 à des peines de prison d'un an ou plus.

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Guantanamo doit fermer, selon un comité de l'ONU

GENEVE (AP) - 19/5/6 - Les Etats-Unis doivent fermer leur centre de détention de Guantanamo à Cuba et permettre au détenus d'entrer dans le système judiciaire ou sinon les libérer, estime le comité des Nations unies contre la torture, dans un rapport publié vendredi.

Les Etats-Unis devraient également s'assurer que personne n'est détenu dans une prison secrète sous leur contrôle et, le cas échéant, ils devraient avouer l'existence de tels lieux, écrit encore le comité. AP

"Les Etats-Unis doivent cesser de détenir quiconque à Guantanamo Bay et fermer le centre de détention", déclare le comité dans ce rapport de onze pages, ajoutant que les détenus ne devraient pas être renvoyés dans les Etats où ils courraient un "risque réel" d'être torturés.

Le comité souligne son inquiétude de voir des détenus incarcérés pour de longues périodes sans protection légale suffisante et sans évaluation judiciaire de la justification de leur détention.

Dans son rapport, le comité s'inquiète également des affirmations selon lesquelles les Etats-Unis ont établi des prisons secrètes où les représentants de la Croix-rouge internationale n'ont pas accès aux détenus.

"Les Etats-Unis doivent s'assurer qu'aucune personne n'est détenue dans un centre secret de détention sous leur contrôle effective de fait", souligne le rapport.

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Onu : Washington tançé [sic] sur la torture et les prisons secrètes

GENEVE (AFP) - 19/5/6 - Les Etats-Unis doivent "prendre des mesures énergiques pour éradiquer toute forme de torture" par leurs forces de sécurité en Afghanistan et Irak et fermer leurs centres de détention secrets de suspects de terrorisme, selon un rapport du Comité de l'Onu contre la torture.
Les Etats-Unis "doivent cesser de détenir des personnes dans des sites de détention secrets, que ce soit sur leur territoire, sur des territoires sous leur juridiction ou sur des sites sous leur contrôle de facto", a estimé le Comité dans des recommandations adressées à Washington et publiées vendredi.

Le Comité, composé d'une dizaine d'experts indépendants, a étudié le respect par les Etats-Unis de la Convention de l'Onu contre la torture qui date de 1984, comme il le fait régulièrement avec tous les Etats signataires.

"L'Etat partie doit reconnaître que détenir des personnes dans des installations secrètes constitue, en soi, un acte de torture ou un traitement ou un châtiment cruel, inhumain ou dégradant selon sa nature exacte, son objectif ou sa sévérité", a estimé le Comité dans ses conclusions.

Le rapport du Comité est le premier à viser les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le déclenchement de la "guerre contre le terrorisme" qui a vu notamment l'ouverture de la prison de Guantanamo Bay à Cuba, où des centaines de suspects sont détenus en dehors de tout cadre légal.

"L'Etat partie doit cesser de détenir quiconque à Guantanamo Bay et fermer ce centre de détention, permettre aux détenus d'être jugés ou bien les relâcher le plus vite possible, s'assurer qu'ils ne sont pas renvoyés vers un pays où ils pourraient courir un risque réel de torture", réclame le Comité.

Les Etats-Unis sont également soupçonnés de "délocaliser" la torture en transférant des suspects de terrorisme dans d'autres pays en vue de les interroger.

"Les prisons secrètes sous contrôle américain ou dans d'autres pays et à propos desquelles il y a des informations sont contraires à la Convention", a déclaré le président du Comité, l'Espagnol Fernando Marino Menendez. "Elles doivent être éliminées". Le simple fait de détenir secrètement une personne signifie que la "probabilité de la torture est très élevée", a-t-il souligné.

Le Comité a également condamné certaines techniques d'interrogatoires que les Américains ne considèrent pas comme de la torture, comme celle du "sous-marin", qui consiste à plonger un suspect dans une baignoire, ou encore le recours à des chiens ou bien à des menottes très serrées.

Le Comité, dont les conclusions ne sont pas contraignantes, donne au gouvernement américain un an pour prendre des mesures correctrices et l'en informer. Le Comité a peu de pouvoirs si ce n'est de dénoncer des problèmes qui doivent selon lui être rectifiés.

En février dernier, un rapport d'experts de l'Onu avait déjà conclu que "les conditions générales de détention (à Guantanamo) équivalent à un traitement inhumain" et dans certains cas, "s'apparentent" à des tortures et avait demandé la fermeture du centre de Guantanamo. Washington avait réfuté ce rapport.

Les experts du Comité contre la torture examinent tour à tour la situation dans les 141 pays qui ont ratifié la Convention des Nations unies contre la torture. Cette Convention, adoptée en décembre 1984 et entrée en vigueur en juin 1987, interdit la torture et tout autre peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant.

Les Etats-Unis ont ratifié cette Convention en 1994 avec des réserves. Ils avaient comparu auparavant une seule fois devant le Comité, en 2000.

Lors de leur audition par le Comité le 5 mai à Genève, des responsables du département d'Etat et du Pentagone avaient rejeté catégoriquement les accusations de torture qu'ont suscitées les méthodes adoptées par l'administration Bush pour lutter contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre 2001.

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Bush assure qu'il veut fermer Guantanamo... mais pas tout de suite

VIENNE (AFP) - 21/6/6 - George W. Bush a assuré mercredi à Vienne qu'il voulait fermer le camp de Guantanamo mais pas tout de suite car, a-t-il précisé, il faut d'abord trouver un cadre juridique pour renvoyer chez eux la plupart des détenus s'y trouvant.
"J'aimerais fermer Guantanamo, j'aimerais en finir", a dit le président américain lors d'une conférence de presse donnée avec le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne (UE), et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à l'issue d'un sommet USA/UE.

M. Bush a affirmé qu'il avait "expliqué aux dirigeants (européens rencontrés dans la capitale autrichienne) son intention de renvoyer (les détenus du camp) chez eux" mais que certains d'entre eux "devaient être traduits devant les tribunaux américains".

Selon lui, ces derniers, sont "des tueurs de sang-froid" (qui) "tueront s'ils sont remis en liberté".

Affirmant "comprendre" les protestations européennes, le président américain a ajouté qu'il attendait que soit "déterminée la manière dont ceux-ci devront être jugés". "Nous travaillons à cette fin", a-t-il dit. La Cour suprême américaine doit statuer sur la possibilité de traduire certains prisonniers devant des tribunaux militaires".

Pour les autres détenus, M. Bush a précisé que les Etats-Unis négociaient avec les pays d'origine pour pouvoir les extrader mais qu'il se refusait de relâcher quiconque à défaut d'un accord avec ces Etats.

"Il y a encore quelque 400 personnes restant (emprisonnées à Guantanamo), principalement d'Arabie saoudite, d'Afghanistan et du Yémen", a dit M. Bush.

Pour M. Schüssel qui a préconisé "une stratégie de sortie" de crise, l'UE devrait "aider les pays (concernés) à reprendre les prisonniers pour soit les inculper, soit les élargir. Des organisations internationales pourraient assister (ces pays). Nous en avons parlé en détail", a ajouté le chancelier autrichien.

Mais "nos entretiens sont allés au-delà de la fermeture de Guantanamo parce nous avons un problème juridique, parce que nous évoluons dans une zone grise", a ajouté le chef du gouvernement autrichien.

"Il ne doit pas y avoir de vide juridique, non seulement dans la lutte contre le terrorisme, mais également pour les individus auxquels il faut garantir leurs droits et leur liberté", a-t-il dit.

Pressé par les défenseurs des droits de l'homme, le Parlement européen avait adopté mardi à une écrasante majorité une résolution exigeant de l'exécutif européen qu'il "demande au gouvernement américain de fermer le centre de détention de Guantanamo". En février, le Parlement de Strasbourg avait déjà exigé que les Etats-Unis se conforment au droit international en fermant cette prison.

La base navale américaine de Guantanamo est une enclave américaine de 117 km2 (dont seulement 49 km2 de terre ferme) située dans l'extrême Sud-Est de Cuba.

Située à 1.000 km de La Havane, elle abritait seulement quelque 500 militaires américains avant l'installation d'un centre de détention ouvert en janvier 2002. Aujourd'hui, plusieurs milliers de militaires et contractuels y sont affectés.

Environ 760 prisonniers sont passés par Guantanamo. Sur les quelque 460 qui s'y trouvent actuellement, seuls dix ont été formellement inculpés et aucun n'a encore été jugé.

Ces détenus, originaires d'une trentaine de pays et capturés pour la plupart en Afghanistan à l'automne 2001, sont considérés par Washington comme des talibans ou des membres du réseau terroriste Al-Qaïda.

Ils sont incarcérés en dehors des règles et des garanties judiciaires internationales. Trois détenus se sont suicidés le 10 juin et les grèves de la faim y sont récurrentes.

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DOUBLE DISCOURS POUR SE DONNER BONNE CONSCIENCE

L'Union européenne appelle les autorités américaines à fermer Guantanamo

Mais, par ailleurs, elle envoie ses troupes en Afghanistan, sous commandement US, pour y combattre les islamistes (talibans)...

Roger Ripert

BRUXELLES (AP) - 31/5/6 - La ministre autrichienne des Affaires étrangères Ursula Plassnik a exhorté mercredi les Etats-Unis à fermer dès que possible le centre de détention sur la base de Guantanamo, à Cuba, où sont incarcérés des hommes suspectés de terrorisme.

S'exprimant au nom de l'Union européenne, elle a déclaré au Parlement européen que le centre de détention était un motif de "véritable inquiétude" pour les Etats-Unis et l'a qualifié d'"anomalie".

"Le gouvernement américain doit prendre des mesures pour fermer le camp dès que possible", a ajouté Mme Plassnik dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Les dirigeants européens ont été très critiques à la suite d'informations faisant état de mauvais traitements à Guantanamo et des organisations de défense des droits de l'Homme dont Amnesty International ont également appelé à la fermeture de l'installation.

Le sujet ne devrait pas manquer d'être abordé lors de la visite à Vienne, en Autriche, du président américain George W. Bush le 21 juin pour un sommet Union européenne-Etats-Unis.

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Le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme veut voir fermer Guantanamo...

GENEVE (AP) - 13/6/6 - Les suicides de trois détenus dans le camp de détention américain de Guantanamo (Cuba) n'étaient pas "totalement inattendus", et l'accent doit être mis sur la fermeture de cette prison, a estimé mardi le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme.

"Ce n'était pas totalement inattendu que ce genre de chose arrive", a déclaré José Luis Diaz, le porte-parole du Haut-Commissaire. "L'attention devrait se concentrer sur la fermeture de Guantanamo".

Le porte-parole a noté que plusieurs membres de l'administration américaine étaient désormais d'accord sur le fait que le principal était désormais de voir comment fermer ce camp et quoi faire avec les prisonniers qui s'y trouvent.

De son côté, Manfred Nowak, enquêteur spécial des Nations unies sur la torture a jugé en Allemagne que Guantanamo fermerait sans doute cette année, et que les suicides pourraient "accélérer ce processus de décision" : la bonne occasion pour l'annoncer serait, selon lui, la visite du président George W. Bush en Autriche le 21 juin pour la rencontre Union européenne/Etats-Unis, a-t-il déclaré sur les ondes de la radio Deutschlandradio Kultur.

L'UE a en effet fait savoir lundi qu'à l'occasion de ce sommet, elle demanderait à nouveau cette fermeture à Washington, et ce "le plus vite possible". La cheffe de la diplomatie autrichienne Ursula Plassnik, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union, a qualifié le camp de détention d'"anomalie" pour un pays comme les Etats-Unis, "respectueux de la liberté et de l'Etat de droit" [sic] .

"Les normes humanitaires et de respect des droits de l'homme doivent être respectées" dans le cadre de la lutte contre le "terrorisme" [sic], a-t-elle dit. AP

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Mais le "Pentagone" [sic] réaffirme la nécessité du camp de Guantanamo !

Qui dirige les Etats-Unis ?

Le secte des Néocons (le Pentagone), apparemment...

BASE NAVALE DE GUANTANAMO (Reuters) - 29/6/6 - Le Pentagone a réaffirmé la nécessité de la prison de Guantanamo, dans une base américaine sur l'île de Cuba, malgré la décision de la Cour suprême des Etats-Unis annoncée quelques heures plus tôt.

Celle-ci a jugé que les tribunaux militaires créés par le président George Bush dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 pour les prisonniers de Guantanamo étaient illégaux. Par cinq voix contre trois, la plus haute autorité judiciaire du pays a estimé que ces tribunaux, appelés "commissions militaires", étaient contraires à la Convention de Genève et aux règles militaires.

Elle était appelée à se prononcer sur le cas de Salim Ahmed Hamdan, le chauffeur d'Oussama ben Laden en Afghanistan, arrêté en novembre 2001 et détenu depuis à Guantanamo.

"Nous concluons que la commission militaire mise en place pour juger Hamdan n'a pas l'autorité pour le faire car sa structure et ses procédures enfreignent" la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre et les règles militaires américaines, écrit le juge John Paul Stevens.

Ces commissions militaires avaient déjà été condamnées à plusieurs reprises par des mouvements de défense des droits de l'homme.

La décision de la Cour suprême constitue un sérieux revers pour l'administration Bush. Le président américain a déclaré qu'il n'avait encore pris connaissance de la totalité du jugement mais il a affirmé que la décision de la Cour Suprême serait "prise au sérieux".

Il a également précisé que son administration allait entamer des consultations avec le Congrès pour trouver une solution.

Jusqu'à présent, seuls dix des 450 prisonniers détenus à Guantanamo ont été mis en accusation devant ces tribunaux.

Le commandant de la prison de Guantanamo avait d'ores et déjà déclaré, avant la décision, qu'un tel avis de la Cour suprême n'affecterait pas le fonctionnement du camp et les avocats des détenus avaient indiqué que cela n'aiderait guère à obtenir la libération de leurs clients, à court terme.

"La décision d'aujourd'hui n'affecte en rien la capacité du président, en tant que commandant en chef des armées, à incarcérer des ennemis combattants. Elle ne fait que poser la question du procès par des commissions militaires", a fait remarquer un responsable à Guantanamo.

Après l'annonce de la décision, un "porte-parole du Pentagone" [anonyme, sic] a réagi en ces termes : "Guantanamo est un important centre de détention et de recherche de renseignements. Il y a là-bas des gens dangereux" !

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Guantanamo : La position américaine de plus en plus intenable

WASHINGTON (AFP) - 11/6/6 - Le suicide de trois détenus sur la base navale de Guantanamo (Cuba) souligne la position intenable de l'administration Bush, qui peine de plus en plus à justifier la détention sans jugement de centaines de "combattants ennemis".
La plupart des quelque 460 détenus de Guantanamo ont été arrêtés en Afghanistan à l'automne 2001, et sont arrivés dans le camp début 2002. Ils ont dû attendre fin 2003 pour qu'un juge fédéral américain leur reconnaisse le droit à un avocat. Seuls 10 ont été inculpés, et aucun n'a encore été jugé.

Ces hommes sont "des tueurs parmi les plus entraînés et les plus féroces de la planète", martelait le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, à l'ouverture du camp en janvier 2002. Parmi les détenus qui se sont pendus se trouvaient deux Saoudiens âgés de 19 et 22 ans, arrêtés adolescents.
"Ils sont rusés, créatifs, résolus. Ils n'ont aucune considération pour la vie, que ce soit la nôtre ou la leur, et je crois qu'il ne s'agit pas d'un acte de désespoir, mais d'un acte de guerre", a insisté samedi le contre-amiral Harry Harris, commandant de la base navale américaine à Cuba.

Le message a pourtant du mal à passer sur la scène internationale. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, le plus proche allié de George W. Bush, a répété que le camp était "une anomalie". Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a demandé sa fermeture.
Les images des détenus en combinaison orange, la tête recouverte d'une cagoule, menottés, entravés, ainsi que les cages grillagées où ils ont été détenus plusieurs mois avant la construction d'un camp en dur, ont fait le tour du monde.

Il en a été de même pour les récits de plusieurs avocats de détenus, ainsi que les témoignages des détenus libérés racontant qu'ils ont été battus, torturés, humiliés...

L'armée américaine assure que les conditions de détention sont "humaines", et les avocats estiment que les techniques d'interrogatoire ont été améliorées. Mais le trou noir juridique dans lequel les détenus sont plongés reste sans fin.

Environ 10% des détenus souffrent de troubles mentaux graves, et beaucoup d'autres reçoivent un traitement par anti-dépresseurs, ce qui n'a pas empêché des dizaines de tentatives de suicide, reconnaît l'armée.

Après avoir défendu le camp bec et ongles au nom de la "guerre contre le terrorisme", le président Bush a depuis quelques semaines laissé entendre que son administration cherchait une autre solution.

"Nous voudrions voir (Guantanamo) vide", a encore assuré vendredi le président américain, en expliquant que des discussions étaient en cours avec les pays d'origine de détenus pour organiser leur rapatriement. Il a toutefois répété que certains de ces hommes étaient dangereux.

"Il faut que ces gens soient jugés", a déclaré dimanche le sénateur républicain Arlen Specter sur CNN.

Son collègue démocrate Jack Reed a demandé sur la même chaîne que le camp soit "fermé le plus vite possible", mais regretté que le gouvernement n'ait pas encore établi une procédure équitable pour identifier parmi les détenus les "terroristes impitoyables et fanatiques" qu'il ne faut pas libérer.

Plusieurs centaines de détenus ont déjà quitté Guantanamo, pour la plupart renvoyés dans leur pays sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux.

La Cour suprême américaine doit se prononcer dans les prochaines semaines sur la légalité des tribunaux militaires d'exception instaurés par le président Bush au lendemain des attentats anti-américains du 11 septembre 2001 pour juger ceux qui restent.

Cette procédure visait à éviter de traduire les détenus devant des tribunaux civils, en raison notamment du caractère limité et souvent classé secret défense des éléments à charge.

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Guantanamo : les familles des deux Saoudiens doutent de la thèse du suicide

RYAD (AFP) - 11/6/6 - Les familles des deux Saoudiens retrouvés morts samedi à Guantanamo, tout comme d'anciens détenus koweïtiens de la base navale américaine à Cuba, mettent en doute la thèse du suicide évoquée par Washington.
"La version américaine présentant le décès" de deux Saoudiens et d'un Yéménite à Guantanamo "comme un suicide soulève chez nous d'énormes doutes", a déclaré dimanche Me Kateb al-Chammari, l'avocat des familles des deux ressortissants saoudiens.

Il note que les autorités pénitentiaires américaines présentes sur la base "exercent un contrôle rapproché et continu sur les prisonniers par une surveillance individuelle ou par des caméras opérant 24 heures sur 24".
Les trois prisonniers ont été retrouvés pendus samedi dans leur cellule et sont morts peu après, selon les autorités américaines. Ce sont les premiers cas de suicide de prisonniers signalés par l'armée depuis l'ouverture du camp en 2002.

Les deux Saoudiens sont Manii ben Chamane al-Otaïbi et Yasser Talal al-Zahrani, a précisé un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur, ajoutant que Ryad avait "commencé des procédures officielles pour rapatrier les corps".

"Leurs familles ne croient pas qu'ils se sont suicidés et les considèrent comme des martyrs", a déclaré l'avocat, en contact avec les parents des deux Saoudiens.

Yasser al-Zahrani, 22 ans, natif de Médine, la deuxième ville sainte de l'islam (ouest) et arrêté à l'âge de 17 ans en Afghanistan, faisait parvenir des lettres à ses parents par le biais du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), selon l'avocat.

En revanche, les parents de Manii al-Otaïbi, 19 ans, originaire d'Ad-Dawadami (200 km au nord de Ryad) n'avaient reçu qu'une seule lettre de leur fils, acheminée par la poste, a-t-il ajouté.

Les Saoudiens constituent près de 25% des quelque 460 personnes détenues à Guantanamo.

"Qu'ils aient été tués ou qu'ils se soient suicidés, c'est un nouveau crime qui s'ajoute aux crimes et abus dont sont victimes quotidiennement les prisonniers, en violation flagrante des principes du droit humanitaire international et du droit fédéral américain", a ajouté Me Chammari, réclamant la création d'une commission indépendante d'enquête.

D'anciens prisonniers koweïtiens de Guantanamo, qui ont connu les deux Saoudiens décédés, ont également écarté la thèse du suicide.

"J'exclus totalement qu'ils aient pu se suicider (...). C'est impossible", a déclaré Abdallah al-Shimmari, libéré de Guantanamo en novembre avec quatre autres Koweïtiens, ajoutant qu'il avait connu personnellement les deux Saoudiens pour avoir partagé le même quartier.

Mohammad al-Dihani, également un ex-détenu de Guantanamo, a déclaré que "bien qu'ils aient été soumis à de sévères tortures physiques et psychologiques, ils n'avaient jamais pensé au suicide", banni par l'islam.

"Il est impossible que Manii et Yasser aient fait cela", a-t-il jugé.

"Je doute fort de l'annonce américaine et je crois qu'il s'agit d'une simple couverture", a-t-il ajouté.

Pour les deux ex-prisonniers, les Saoudiens sont morts sous la torture.

Khalid al-Oudah, qui dirige l'association des familles des prisonniers koweïtiens à Guantanamo et dont le fils, Fawzi, figure parmi six Koweïtiens toujours détenus à Guantanamo, a aussi dit qu'il "doutait fort de la version américaine", appelant à une enquête indépendante du CICR.

A Sanaa, un activiste des droits de l'Homme, Khaled Al-Ansi, s'est également montré circonspect, soulignant que le suicide est banni par l'islam.

Cette thèse "suscite des doutes et elle ne peut être admise en l'absence d'une enquête indépendante", a dit M. Ansi, un avocat qui dirige un groupe de défense des droits et des libertés, sur le site internet du ministère yéménite de la Défense.

En retenant l'identité du Yéménite, Washington "sème le trouble parmi les familles" de la centaine de Yéménites détenus à Guantanamo, "chacune pensant que le prisonnier (décédé) est le sien", a-t-il déploré.

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Le suicide de trois détenus étrangers dans le camp de Guantanamo et les commentaires de certains responsables américains suscitent les critiques des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Photo d'archives/REUTERS/Joe Skipper

L'Union européenne choquée par les suicides de Guantanamo

LUXEMBOURG (Reuters) - 12/6/6 - Le suicide de trois détenus étrangers dans le camp de Guantanamo et les commentaires de certains responsables américains ont suscité lundi les critiques des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

Deux Saoudiens et un Yéménite se sont pendus dans leurs cellules samedi au moyen de vêtements et de draps, fait sans précédent depuis la création de ce centre de détention ouvert en janvier 2002 pour les "combattants ennemis" de "la guerre contre le terrorisme dans le monde", où ils sont détenus sans procès.

Pour la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, cela montre une fois de plus que ce camp, où sont internés quelque 460 personnes, échappe au droit international et américain et doit être fermé.

"Guantanamo devrait être fermé", a-t-elle déclaré en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE Luxembourg, où le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, était sur la même longueur d'ondes.

"Le problème est qu'il y a là des gens détenus sans procès depuis des années", a-t-il estimé lors de cette réunion.

Mais ce sont surtout les réactions de certains responsables américains qui ont choqué les Européens.

"Je ne crois pas qu'il s'agissait d'un acte de désespoir mais d'un acte (...) de guerre contre nous", a ainsi déclaré le contre-amiral Harry Harris, commandant de la base de Guantanamo Bay.

Collen Graffy, du secrétariat d'Etat américain, a de son côté affirmé à la BBC que ces suicides étaient un moyen efficace pour "attirer l'attention".

Pour Asselborn, "il est difficile de comprendre pourquoi, quand trois personnes se suicident, c'est une attaque contre l'Amérique. Quelque chose doit changer dans la mentalité américaine".

Lundi, l'administration américaine s'est distanciée des jugements de Graffy et Harris.

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Les suicides de Guantanmo sont le signe du désespoir des détenus, selon l'avocat d'un prisonnier australien

SYDNEY (AP) - 12/6/6 - L'avocat d'un Australien accusé d'actes terroristes et détenu à la prison de Guantanamo Bay depuis plus de quatre ans a estimé lundi que les suicides, samedi, de trois autres prisonniers illustrent le niveau de désespoir des détenus.

Le chef de bataillon des Marines Michael Mori, affecté à la défense de l'Australien David Hicks, a notamment affirmé que l'isolation prolongée des détenus aurait pu contribuer aux suicides, ajoutant qu'il s'inquiétait au sujet de la santé mentale de son client.

"Je pense que cela montre simplement les conditions à Guantanamo et ce que cela peut faire, et le désespoir dans lequel peuvent tomber les gens lorsqu'ils sont en isolation, (lorsqu')ils sont détenus sans aucune sorte de communication réelle avec le monde extérieur", a déclaré M. Mori à la radio australienne ABC.

Son client, David Hicks, avait été capturé en Afghanistan en 2001, accusé d'avoir combattu au côté des Talibans contre les forces américaines. M. Hicks a plaidé non coupable des chefs d'accusation devant un tribunal militaire.

Samedi, deux Saoudiens et un Yéménite s'étaient donné la mort au centre de Guantanamo, où sont détenus quelque 460 hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda ou les Talibans, pour la plupart sans jugement ni notification de leurs charges.

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Les 96 Afghans de Guantanamo seront extradés vers Kaboul

KABOUL (Reuters) - 14/6/6 - Les Etats-Unis vont extrader prochainement vers l'Afghanistan les 96 Afghans détenus à la prison de Guantanamo, au nombre desquels plusieurs anciens responsables taliban, a déclaré mercredi un responsable gouvernemental à Kaboul.

Les prisonniers seront extradés dans le cadre d'un accord conclu entre le président George Bush et son homologue afghan Hamid Karzaï l'an dernier et seront jugés par des tribunaux afghans, a expliqué Abdul Jabar Sabit, fonctionnaire du ministère de l'Intérieur.

Bush a reconnu mercredi que la prison américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba, où trois détenus se sont suicidés par pendaison la semaine dernière, portait atteinte à l'image des Etats-Unis et à l'étranger et devrait être fermée. Des pays européens ont également demandé la fermeture de la prison dès que possible.

Certains des détenus afghans seront transférés immédiatement et d'autres seront renvoyés en Afghanistan plus tard, a indiqué Sabit. "Les prisonniers afghans seront extradés en plusieurs groupes", a dit lors d'une conférence de presse Sabit, membre d'une délégation officielle afghane qui a récemment visité la prison de Guantanamo.

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FIN DE LA JUSTICE

L'EMPIRE US-OTAN LEGALISE L'ARBITRAIRE & LE NON-DROIT


"Terrorisme" [sic] : vers l'adoption facile au Congrès américain du texte sur les prisonniers

par Charlotte Raab

WASHINGTON (AFP) - 28/9/6 - La Chambre des représentants a adopté mercredi un projet de loi très controversé sur le traitement des prisonniers de la "guerre contre le terrorisme" [’sic] qui devrait être promulgué prochainement par George W. Bush.

Il n'a fallu que quelques heures de débat à la chambre basse du Parlement américain pour adopter, par 253 voix contre 168, un texte dénoncé par les spécialistes du droit humanitaire et constitutionnel. La majorité avait interdit à l'opposition de présenter le moindre amendement.

Le texte, présenté par M. Bush comme un outil essentiel de la guerre contre le terrorisme, devrait être définitivement approuvé au plus tard jeudi, si le Sénat rejette comme prévu tous les amendements proposés par les démocrates et une poignée d'élus républicains.
Le président Bush a souligné mercredi que le texte permettrait la poursuite d'un programme "vital" permettant à la CIA de détenir et de faire parler des prisonniers soupçonnés de terrorisme, "pour aider à garder notre pays en sécurité".

Le projet de loi fixe notamment les règles devant permettre de juger les prisonniers de Guantanamo (Cuba), dont aucun n'est encore passé en procès, près de cinq ans après l'ouverture du camp.

Il supprime toute possibilité de recours en justice des prisonniers contre les conditions de leur détention et précise que les agents chargés d'interroger les suspects ont l'interdiction de recourir à la torture ou à des traitements "inhumains ou dégradants".

Son adoption permet au président Bush de se vanter d'une rare victoire législative, à six semaines d'élections parlementaires qui se jouent largement sur le thème de la politique antiterroriste.

Les démocrates ont renoncé à y faire obstruction, de peur d'être taxés de mollesse dans leurs convictions antiterroristes, ce qui ne les a pas empêchés de dénoncer la trop grande marge de manoeuvre que se laissent les autorités.

"Autoriser la détention indéfinie (de suspects) dans des conditions qu'ils ne peuvent pas contester en justice est contraire à notre histoire et à nos valeurs", s'est insurgée la chef de file des démocrates à la Chambre Nancy Pelosi.

Mme Pelosi s'est déclarée convaincue que le texte serait invalidé par la Cour suprême des Etats-Unis, qui avait déjà condamné en juin la tentative de l'administration de faire juger les prisonniers de Guantanamo par des tribunaux d'exception, sans l'aval du Congrès.

"Les républicains de la Chambre ont beaucoup travaillé pour créer un système qui protègera nos troupes sur le terrain, tout en respectant les obligations fixées par le droit et les traités internationaux", a rétorqué le président de la Chambre Dennis Hastert.

"Cela ne suffit pas aux démocrates qui continuent à demander des droits pour les terroristes", a-t-il affirmé.

Le texte est le fruit d'un compromis négocié directement par le conseiller à la Sécurité nationale du président Bush, Stephen Hadley, et une poignée de républicains influents emmenés par John McCain, un ancien prisonnier de guerre au Vietnam.

Ces élus avaient infligé un sérieux revers à la Maison Blanche en refusant dans un premier temps d'endosser un texte qu'ils jugeaient trop laxiste sur la question de la torture. Ils avaient reçu dans ce débat le soutien du secrétaire d'Etat Colin Powell, selon qui "le monde est en train de commencer à douter des valeurs morales (des Etats-Unis) dans notre combat contre le terrorisme".

Peaufiné jusqu'en début de semaine et long de plusieurs dizaines de pages, le projet de loi est très critiqué par des experts des Nations unies et la grande organisation de défense des droits individuels ACLU.

"Ce projet de loi est un recul dramatique pour les droits de l'Homme", a déclaré Caroline Fredrickson, une directrice de l'ACLU.

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L'EMPIRE US-OTAN LEGALISE LA TORTURE !

Bush légalise le traitement dérogatoire et controversé des "terroristes" [sic]

Par Laurent LOZANO

WASHINGTON (AFP) - 17/10/6 - Le président américain George W. Bush a signé mardi une loi très controversée permettant le recours à des méthodes dures d'interrogatoire et le jugement par des tribunaux militaires des suspects de terrorisme comme le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre.
"La loi que je signe aujourd'hui contribue à la sécurité de ce pays et adresse un message clair: ce pays est patient, il est honnête, il est juste, et nous ne reculerons pas devant les menaces contre notre liberté", a dit M. Bush avant de signer avec solennité le texte "à la mémoire des victimes du 11-Septembre".

Cette signature a ravivé l'indignation des organisations de défense des droits de l'Homme. Pour elles, la loi rompt avec la grande tradition américaine de protection de la dignité humaine.
La loi est déjà contestée devant le tribunaux. Environ 200 personnes ont manifesté devant la Maison Blanche au moment de la signature d'un texte qui "fait honte à l'Amérique" et une quinzaine d'entre elles ont été arrêtées, selon les organisateurs.

Pour la majorité républicaine de M. Bush, la loi tombe au contraire à point nommé. A trois semaines d'élections parlementaires qui paraissent de plus en plus incertaines pour elle, elle fait porter le débat sur la sécurité et peut le détourner de la guerre en Irak ou d'un embarrassant scandale sexuel.

M. Bush a assuré que la loi "contribue à la sécurité du pays", qu'elle est "conforme à l'esprit et à la lettre de nos obligations internationales" et que "les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture; c'est contraire à nos lois et c'est contraire à nos valeurs".

Grâce à elle, les hommes soupçonnés d'avoir "orchestré l'assassinat de 3.000 innocents vont être jugés", a-t-il dit.

M. Bush a insisté sur la préservation d'un "instrument vital": le programme d'interrogatoires menés au secret par la CIA et recourant à des méthodes qui, selon leurs détracteurs, confinent à la torture.

Selon M. Bush, les informations extirpées à des gens comme le coordinateur présumé du 11-Septembre, Khalid Cheikh Mohammed, ont protégé les Etats-Unis contre une nouvelle attaque.

Actuellement "en sommeil" selon l'expression de la Maison Blanche, les interrogatoires ont été menés dans des prisons secrètes à l'étranger, où la révélation de leur existence a suscité une vive émotion.

L'administration a toujours refusé de s'exprimer sur les moyens employés. Les prisonniers auraient été menés au bord de la noyade ou placés en état d'hypothermie, a rapporté la presse avec insistance.

La loi prémunit les prisonniers contre les abus flagrants. Mais elle laisse à M. Bush un large pouvoir d'interprétation des règles internationales. Cette interprétation pourrait être inscrite dans un décret encore à venir.

La loi dénie aux prisonniers les recours sur les conditions de leur détention.

Quelques semaines seulement après avoir annoncé le transfert au camp de Guantanamo de 14 des plus éminents suspects de terrorisme maintenus au secret pendant des années, M. Bush a souligné que ces hommes pourraient être jugés, grâce à la nouvelle loi, par des tribunaux militaires.

Des droits reconnus par la justice ordinaire leur sont refusés. La nouvelle loi n'exige pas le concours d'un avocat.

Mais M. Bush a assuré que ces tribunaux, dénoncés par la Cour suprême comme anticonstitutionnels en juin faute de législation obtenue entretemps du Congrès, sont "légaux, ils sont justes, et ils sont nécessaires".

Selon le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow, la procédure en vue des premiers procès pourrait commencer dans un mois ou deux.

Les Républicains ont salué la signature comme une "victoire" et mis en exergue l'opposition des Démocrates à certains aspects de la loi pour les accuser de "faire passer la politique [les droits de l'homme] avant la sécurité des Américains".

Mais pour l'American Civil Liberties Union (ACLU), organisation écoutée de défense des libertés civiques, la loi constitue "l'une des pires atteintes aux libertés individuelles jamais promulguées dans l'histoire américaine".

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Etats-Unis : Bush signe la loi autorisant les "interrogatoires agressifs" [la torture] de suspects

WASHINGTON (AFP) - 17/10/6 - Le président américain George W. Bush a signé mardi une loi très critiquée permettant le recours à des méthodes agressives d'interrogatoire et le jugement par des tribunaux militaires des suspects de terrorisme comme le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre.

M. Bush a défendu cette loi en estimant qu'elle était un "instrument vital" de la lutte contre le terrorisme, lors de la cérémonie de signature à la Maison Blanche.

Il a réfuté qu'elle autorise la torture contre les terroristes présumés [sic].

La loi permet à la CIA de poursuivre les interrogatoires menés au secret par la CIA et recourant à des méthodes qui, selon leurs détracteurs, confinent à la torture. Elle octroie à M. Bush un pouvoir d'interprétation des règles internationales sur le traitement des prisonniers.

Elle permet le jugement des terroristes présumés par des tribunaux militaires. Mais elle n'exige pas que chacun d'eux soit défendu par un avocat.

La loi, opportunément signée trois semaines avant des élections parlementaires qui paraissent de plus en plus périlleuses pour la majorité républicaine de M. Bush, fait déjà l'objet de recours devant les tribunaux.

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La nouvelle loi américaine sur le terrorisme viole les traités internationaux, selon une expert onusien

GENEVE (AP) - 27/10/6 - La nouvelle loi anti-terrorisme récemment adoptée aux Etats-Unis contient plusieurs dispositions enfreignant le droit international, et notamment celui à un procès équitable, a estimé vendredi un expert des Nations unies.

Selon Martin Scheinin, expert onusien sur les questions de protection des droits de l'Homme dans la lutte contre le terrorisme, le "Military Commissions Act" promulgué par George W. Bush "contient plusieurs dispositions incompatibles avec les obligations internationales des Etats-Unis dans le cadre des lois humanitaires et de protection des droits de l'Homme".

"L'un des aspects les plus sérieux de cette loi est le pouvoir du président de déclarer sans aucune charge quiconque, y compris des citoyens américains, comme un 'ennemi combattant hors la loi' - un terme inconnu des lois humanitaires internationales", a expliqué Martin Scheinin, expert légal finlandais.

Il a également déploré l'abandon des droits garantis par l'habeas corpus aux ressortissants étrangers - y compris des résidents légaux et permanents aux Etats-Unis - pour contester la légalité de leur détention, "en contradiction manifeste" avec le Contrat international d'engagement sur les droits civiques et politiques ratifié par Washington en 1992.

La nouvelle loi américaine autorise notamment des "méthodes d'interrogatoire musclées" [sic] des "terroristes présumés" [sic] et ouvre la voie au jugement de suspects devant des commissions militaires.

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Torture ou pas torture, la Maison Blanche se débat avec les mots de M Dick Cheney

Par Laurent LOZANO

 

WASHINGTON (AFP) - 28/10/6 - La Maison Blanche s'est débattue vendredi avec de récents propos du vice-président, essayant de convaincre que Dick Cheney ne défendait pas la torture quand il a dit qu'on pouvait plonger la tête des "terroristes" [sic] dans l'eau pendant les interrogatoires.
"Cela va de soi pour moi", a déclaré M. Cheney
mardi à l'animateur conservateur d'une radio de Fargo (Dakota du Nord, nord) qui lui demandait si "plonger quelqu'un dans l'eau (allait) de soi si cela (pouvait) sauver des vies".

Pour d'éminentes organisations de défense des droits de l'Homme, il s'agit de la première reconnaissance claire que l'administration Bush est prête à recourir ou a déjà recouru à une des pratiques qu'elles assimilent à la torture : l'immersion des prisonniers jusqu'à leur donner la sensation de la noyade pour leur extirper des informations.

Cette technique est l'une de celles que la CIA est supposée avoir employées contre des suspects de terrorisme dans des prisons secrètes à l'étranger. La révélation de l'existence de ce programme de détention et d'interrogatoire en septembre a ravivé la profonde querelle sur la légitimité des moyens employés par l'administration depuis les attentats du 11-Septembre pour combattre "le terrorisme" [sic].

Le président George W. Bush, auquel la presse demandait s'il était d'accord avec M. Cheney, a répondu plus prudemment : "Ce pays ne pratique pas la torture, nous ne pratiquerons pas la torture".

Il a dit que les Etats-Unis poursuivraient le programme d'interrogatoire au secret, couvert entre-temps par une loi opportunément promulguée peu avant les élections parlementaires du 7 novembre.

Mais le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, a dû adopter devant une presse incrédule une ligne de défense qui paraissait défier les réalités.

Selon lui, le vice-président n'a jamais utilisé les mots "technique de l'immersion".

Comme l'administration, "le vice-président ne parle jamais des techniques d'interrogatoire, ni dans la théorie, ni dans la pratique".

L'administration défend âprement le programme de la CIA, qui a permis selon elle d'obtenir des informations capitales et de déjouer de nouveaux attentats. Mais elle a constamment refusé de dire quels moyens étaient mis en oeuvre.

En outre, la question était formulée en termes vagues, a assuré M. Snow.

"Alors, c'est quoi + plonger dans l'eau + selon le président", a objecté la presse.

- C'est plonger dans l'eau. C'est plonger dans l'eau, comme je l'ai déjà dit, a répondu M. Snow.

- Donc les prisonniers sortent nager ?

- Je ne sais pas. On va essayer de savoir, a dit M. Snow.

"Cette administration entend rompre radicalement avec la tradition de défense des droits de l'Homme qui fait la fierté de ce pays", s'est ému Larry Cox, dirigeant d'Amnesty International pour les Etats-Unis.

Human Rights Watch, autre grande organisation de défense des droits de l'Homme, s'est indignée elle aussi.

Du côté de l'opposition démocrate, le sénateur John Kerry, candidat à l'élection présidentielle de 2004, a ironisé : "Cette administration n'a pas plus de politique claire sur la torture que sur l'Irak; un jour, le président Bush invite à la comparaison avec le Vietnam; le lendemain, le vice-président Cheney dit que tout va remarquablement bien en Irak, et la guerre civile s'intensifie de jour en jour".

Devant une controverse qui ne dessert pas forcément la majorité républicaine puisqu'elle lui permet de concentrer le débat sur "la lutte contre le terrorisme" [sic] et de le détourner de l'Irak dix jours avant les élections, la femme de Dick Cheney, Lynne, est allée dire sur le plateau de la chaîne CNN qu'on faisait "une montagne d'une taupinière" [la légalisation de la torture].

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Allemagne : des avocats déposent plainte pour torture contre Rumsfeld

BERLIN (AFP) - 14/11/6 - Un collectif d'avocats internationaux a déposé plainte mardi en Allemagne contre l'ex-secrétaire à la Défense américain Donald Rumsfeld qu'ils accusent d'avoir justifié l'usage de la torture contre des prisonniers en Irak et à Guantanamo, a annoncé l'un des avocats.

La plainte, un document de 220 pages, a été remise à la procureure générale fédérale d'Allemagne, Monika Harms, à Karlsruhe (ouest), a précisé Hannes Honecker, dirigeant de l'Union des avocats et avocates républicains, une des associations à l'origine de la plainte.

"La plainte a été déposé à 5h30 et le bureau de la procureure fédérale en a accusé réception", a dit M. Honecker. Outre M. Rumsfeld, cette plainte concerne également cinq juristes de l'administration Bush, parmi lesquels l'actuel ministre de la Justice, Alberto Gonzales, en sa qualité d'ancien conseiller de la Maison Blanche, qui ont fourni les arguments juridiques à la multiplication des techniques d'interrogation.

Portée par le Centre pour les droits constitutionnels (Center for Constitutional Rights - CCR), la plainte a été déposée au nom de 11 anciens détenus de la prison d'Abou Ghraib en Irak et de Mohammed al-Qahtani, un détenu de la base américaine de Guantanamo dont le carnet de bord d'interrogatoire a été rendu public. En 2004, le CCR avait déposé une plainte identique devant le Parquet fédéral allemand, au nom du principe de juridiction universelle, qui a notamment permis des poursuites contre l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet en Espagne.

Le Parquet avait refusé d'ouvrir une enquête, estimant que les Etats-Unis n'avaient pas définitivement renoncé à poursuivre eux-mêmes les personnes mises en cause.

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La question de la torture pourrait transformer les procès de détenus de Guantanamo en "cauchemar" de procédure

WASHINGTON (AP) - 20/11/6 - Les procès l'an prochain devant des tribunaux militaires américains de détenus de Guantanamo, soupçonnés de terrorisme, pourraient se transformer en "cauchemar" procédurier, selon certains juristes, en raison des techniques d'interrogatoire employés par la CIA.

Le ministère américain de la Défense prévoit de faire juger à partir du printemps 2007 quelque 70 des 435 prisonniers de Guantanamo, détenus pour certains depuis plusieurs années sans inculpation. Le Pentagone a déjà préparé le dossier d'accusation de dix détenus, et 14 autres doivent être prochainement inculpés.

Figurent parmi eux Abou Zoubaydah, intermédiaire présumé entre Oussama ben Laden et des cellules d'Al-Qaïda et Khalid Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11-Septembre. Les deux suspects ont livré des informations lors d'interrogatoires de la CIA, les services de renseignement américains, qui auraient recouru à des techniques coercitives comme des simulacres de noyade, positions et nudité forcées.

Selon une loi signée en octobre par le président des Etats-Unis George W. Bush, le gouvernement ne peut pas produire devant les tribunaux de preuves obtenues par des "traitements cruels et inhumains" après le 30 décembre 2005, date de promulgation de la loi par le Congrès.

Cela signifie que des informations obtenues avant cette date par la coercition pourraient être acceptées si un juge militaire, qui dispose d'une large marge d'appréciation pour définir la torture, les considère fiables et utiles.

Pour Stephen Saltzburg, professeur de droit à l'Université George Washington et spécialiste de la justice militaire, ces procès "seront des cauchemars de procédure et de litiges. Les juges militaires vont être surpris du nombre de questions soulevées", prédit-il.

Le Centre pour les droits constitutionnels, qui représente de nombreux prisonniers de Guantanamo, s'efforce ainsi d'obtenir que ces procès n'aient pas lieu. Il conteste notamment l'impossibilité pour les détenus de contester devant des tribunaux fédéraux la durée indéterminée de leur détention en tant que "combattants ennemis".

Leurs avocats ont en outre reçu le soutien de juges à la retraite, tant républicains que démocrates, selon lesquels la loi du 30 décembre 2005 soulève de "graves problèmes constitutionnels", en autorisant des informations recueillies sous la torture. Le département de la Défense a jusqu'au 13 novembre pour apporter ses réponses.

Les litiges porteront notamment sur le fait de savoir si certaines techniques d'interrogatoire constituent ou non des tortures, résume Wells Dixon, avocat du Centre pour les droits constitutionnels. "Nous apprendrons que nombre des détenus retenus dans des prisons secrètes sont soumis au supplice de la baignoire, à l'isolement prolongé et peut-être à la prise forcée de médicaments. Nous poursuivrons en justice les Etats-Unis pour cela", prévient-il.

Les avocats de Jose Padilla, un Américain ancien membre d'un gang de Chicago converti à l'Islam et soupçonné d'appartenir à Al-Qaïda, vont adopter la même stratégie. Ils ont demandé le mois dernier à un juge fédéral de Miami de prononcer un non-lieu, faisant valoir qu'il avait été torturé et contraint de prendre des drogues lors de sa détention pendant plus de trois ans dans un centre militaire.

"La torture revêt des multitudes de formes, toutes destinées à provoquer des souffrances, des angoisses, la dépression et, finalement, la perte de la volonté de vivre", écrivent les avocats dans leur motion. Ils citent la privation prolongée de sommeil, l'exposition à des températures extrêmement élevées ou basses, des entraves entraînant des positions douloureuses.

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Ouverture d'une nouvelle prison haute sécurité à Guantanamo

GUANTANAMO BAY NAVAL BASE, Cuba (AP) - 8/12/6 - Un groupe de détenus de la prison de Guantanamo a été transféré dans un nouveau centre haute sécurité qui devrait permettre de restreindre les contacts entre prisonniers et d'éviter les attaques sur les gardiens.

Au total, 42 détenus ont quitté la prison perchée sur les hauteurs de la mer des Caraïbes pour rejoindre un autre camp situé sur la base navale américaine dans l'est de Cuba, a précisé le commandant de la Navy Robert Durand.

La prison de 178 cellules, qui a coûté 37 millions de dollars (27,8 millions d'euros), a été construite en contrebas d'un autre centre haute sécurité érigé en 2004. Elle permettre à l'armée américaine de fermer le Camp 3, construit en 2002 mais présentant moins de garanties.

Des enquêteurs des droits de l'homme de l'ONU et des gouvernement étrangers ont appelé l'administration américaine à fermer l'ensemble du centre de détention, mais les dirigeants de Guantanamo ont répliqué qu'ils n'avaient pas d'autre choix pour détenir des hommes considérés comme des combattants ennemis pendant la guerre contre le terrorisme.

Prévue pour être un camp de moyenne sécurité, la prison a subi des modifications consécutivement à trois suicides en juin et des affrontements en mai entre des gardiens et des détenus, qui avaient vraisemblablement préparé leur assaut.

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La pacifiste américaine Cindy Sheehan est arrivée à La Havane pour exiger la fermeture de la prison de Guantanamo

Nous aussi, exigeons la fermeture de cet odieux centre de détention : la honte de l'humanité !

Roger Ripert

LA HAVANE (Reuters) - 7/1/7 - La pacifiste américaine Cindy Sheehan est arrivée à La Havane, bravant ainsi l'interdiction des États-Unis, pour participer à un rassemblement réclamant la fermeture de la prison de Guantanamo où sont incarcérées des personnes soupçonnées d'activités "terroristes" [sic].

Sheehan, dont le fils a été tué pendant la guerre en Irak, a atterri à La Havane avec quatre autre pacifistes américains. Tous rejoindront dix autres militants pour une marche vers la base navale américaine située dans l'est de l'île, où 395 activistes présumés d'Al Qaïda et taliban sont encore emprisonnés.

Cette marche est une des opérations programmées jeudi prochain dans différents pays pour marquer le cinquième anniversaire de l'ouverture de cette base destinée à accueillir les premiers détenus transférés d'Afghanistan où les États-Unis avaient déclenché une offensive dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001.

Le centre de Guantanamo a fait l'objet d'accusations régulières de la part d'organisations de Droits de l'Homme et de gouvernements étrangers car la plupart des prisonniers sont détenus sans chef d'inculpation. Selon certaines informations, des détenus ont également été victimes de mauvais traitements.

Les Américains qui se rendent à Cuba sans autorisation spéciale du gouvernement des États-Unis s'exposent à des amendes pouvant aller jusqu'à plusieurs milliers de dollars.

Le gouvernement cubain, qui décrit depuis longtemps la base de son ennemi politique américain comme un camp de concentration, a autorisé les manifestants à défiler jusqu'au périmètre de sécurité cubain qui entoure l'enclave américaine.

Les libérations de prisonniers de Guantanamo se sont maintenant accélérées. Le "Pentagone" [sic] a annoncé en décembre que la population carcérale était désormais tombée à moins de 400 détenus sur les 770 personnes qui étaient incarcérés dans le camp depuis son ouverture en janvier 2002.

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Des militants d'Amnesty International manifestent à Londres contre le camp américain de Guantanamo


200 personnes manifestent en orange à Londres contre le camp de Guantanamo

LONDRES (AFP) - 11/1/7 - Quelque 200 personnes, vêtues de combinaisons orange, ont manifesté jeudi à Londres à l'appel d'Amnesty International, pour demander la fermeture du camp américain de Guantanamo où étaient arrivés il y a cinq ans les premiers prisonniers de "la guerre contre le terrorisme".
L'association de défense des droits de l'Homme a organisé une reconstitution du camp de Guantanamo devant l'ambassade des Etats-Unis, un vaste bâtiment surmonté d'un aigle à Grosvenor Square, au centre de Londres.

Les manifestants, qui portaient le même type de combinaison orange que les prisonniers de Guantanamo, situé sur l'île de Cuba, et un masque blanc sur la bouche, ont défilé en rangs et se sont assis devant l'ambassade où des manifestants jouant le rôle de gardes les ont insultés et rudoyés.
"Ordures, mettez-vous face contre terre", ont aboyé les gardes aux manifestants dociles rassemblés derrière des barrières sous les objectifs des caméras et des appareils photo.

"Le 11 janvier 2002, les premiers prisonniers sont arrivés à Guantanamo, depuis plus de 700 personnes ont été détenues dans des conditions qui sont équivalentes à de la torture", a expliqué Javier Zuniga, conseiller pour Amnesty International.
"Aujourd'hui, dans plus de 20 pays, nos membres se rassemblent pour rappeler les droits qui sont déniés aux gens de Guantanamo (...) Nous voulons montrer que la communauté internationale est choquée par la façon dont les Etats-Unis traitent ces gens", a-t-il ajouté.

Moazzam Begg, un Britannique arrêté en Afghanistan et détenu à Guantanamo pendant deux ans s'est joint à la manifestation.

"La réalité de Guantanamo ce sont des personnes traitées de façon dégradante et inhumaine. C'est une parodie de justice, vous ne savez pas si et quand vous allez être inculpé", a-t-il expliqué aux journalistes.

Exactement 395 prisonniers sont toujours détenus à Guantanamo, dans une situation de vide juridique, sans aucune information sur leur devenir.

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Fermer Guantanamo, cette prison hors-la-loi

réclament les militants d'Amnesty International

Euronews - 11/1/7 - Une action symbolique à l'appel d'Amnesty International qui intervient cinq ans après l'arrivée des premiers prisonniers dans le camp américain situé sur l'île de Cuba. Des prisonniers soupçonnés d'appartenir à Al Qaïda ou d'être des ex-talibans. L'association de défense des droits de l'homme a reconstitué le camp devant l'ambassade américaine à Londres. Des manifestations et des rassemblements similaires ont eu lieu dans une vingtaine de pays notamment à Melbourne en Australie devant le siège du gouvernement, allié fidèle de l'administration Bush. En cinq ans, près de 800 prisonniers sont passés par Guantanamo. 395 y sont toujours détenus dans une situation de vide juridique et sans aucune information sur leur devenir.

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Human Rights Watch presse l'Europe de mener le combat pour la protection des droits de l'Homme

WASHINGTON (AP) - 11/1/7 - La crédibilité américaine en matière de défense des droits de l'Homme a été affaiblie par son traitement des terroristes présumés, et c'est désormais l'Europe qui devrait se porter en pointe sur ce dossier, a plaidé jeudi l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Commentant le rapport annuel de l'ONG publié le jour du cinquième anniversaire de l'ouverture de la prison américaine de Guantanamo, le directeur général de HRW, Kenneth Roth, a même évoqué le "décès de la crédibilité américaine" en la matière.

Les Etats-Unis peuvent toujours parler de démocratie et de droits de l'Homme en général, mais "ils ne peuvent pas s'opposer" à la détention sans charge de terroristes présumés alors qu'ils la pratiquent eux-mêmes, a-t-il dit devant la presse. Dans l'introduction du rapport, il déplore "une énorme perte pour la défense des droits humains".

HRW et plusieurs autres grandes ONG internationales ont à nouveau protesté jeudi contre la détention, jugée illégale, de prisonniers sur la base américaine de Cuba. Au total, plus de 750 ressortissants d'environ 45 nationalités y ont été détenus, la plupart sans qu'aucune charge leur ne soit signifiée, dans des conditions extrêmement dures.

Selon Kenneth Roth, le gouvernement américain se trompe en affirmant qu'il peut arrêter et détenir en dehors de tout cadre judiciaire et sans limite de temps n'importe quel étranger se trouvant n'importe où dans le monde au motif qu'il serait un "combattant ennemi".

La torture et les mauvais traitements appliqués par les Etats-Unis découlent bien d'une "politique dictée par la tête" et non "d'une conduite aberrante de quelques spécialistes chargés des interrogatoires", a également dénoncé M. Roth. Il a surtout dénoncé la justification de la torture utilisée par la CIA, qualifiée par George W. Bush de technique d'interrogatoire "alternative".

Face à cette situation, l'Union européenne a la responsabilité de prendre la tête du combat en faveur du respect des droits, a-t-il souhaité, tout en regrettant l'incapacité européenne à parler d'une seule voix.

Human Rights Watch s'inquiète également de la détérioration "significative" de la situation en Chine l'an dernier, les autorités ayant décidé de répondre aux revendications sociales par un "contrôle plus strict de la presse, de l'Internet, des universitaires et des avocats".

La protection des droits a également reculé en Russie, où la journaliste Anna Politkovskaïa a été assassinée, dénonce HRW. Et en Egypte, le pouvoir a eu la main "lourde" contre les opposants politiques en prolongeant de deux ans les lois d'exception qui permettent des détentions sans inculpation et des procès devant des tribunaux militaires.

Israël est également accusé d'avoir violé les lois de la guerre en ne faisant pas la différence entre les combattants et les civils lors du conflit contre le Hezbollah.

Le rapport de HRW presse également le nouveau secrétaire général des Nations unies, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, de s'engager fortement en faveur des droits de l'Homme. Lors de sa première conférence de presse depuis son entrée en fonction, ce dernier s'est prononcé jeudi en faveur de la fermeture de la base de Guantanamo.

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Les techniques de torture dites "alternatives" !
La torture mentale est aussi traumatisante que la torture physique

Par Jean-Louis SANTINI

 

WASHINGTON (AFP) - 5/3/7 - Certaines techniques d'humiliation ou de manipulation qui ont été utilisées par les forces américaines dans les prisons d'Abou Ghraib (Irak) ou de Guantanamo (Cuba) sont aussi traumatisantes que la torture physique, selon une étude publiée lundi aux Etats-Unis.
Pour conduire cette recherche, des médecins britanniques ont interrogé 279 victimes de tortures pendant la guerre en l'ex-Yougoslavie.

Entre 2000 et 2002, ces survivants, à 86% des hommes et âgés en moyenne d'une quarantaine d'années, ont été interrogés sur 54 causes de choc émotionnel liées à la guerre et sur 46 formes de torture auxquelles ils ont pu être soumis.

Plus des trois quarts d'entre eux avaient subi à un moment de leur vie un traumatisme résultant d'une torture physique ou psychologique et 55% le subissaient encore au moment de l'étude, selon le Dr Metin Basoglu, du King's College à Londres, principal auteur de ce rapport paru dans le numéro de mars des Archives de psychiatrie générale.

Les troubles psychologiques et les dépressions sont aussi fréquents et durables chez ceux ayant subi des tortures physiques que chez les victimes de tortures psychologiques, expliquent encore ces psychiatres.

Cette étude intervient alors que les Etats-Unis sont accusés d'avoir pratiqué des techniques relevant de la torture lors d'interrogatoires en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo ou dans les prisons secrètes de la CIA.

Le gouvernement américain a démenti tout usage de la torture, mais reconnu le recours à des techniques "alternatives". Selon les témoignages des victimes mais aussi certains documents officiels, ces techniques s'appuient moins sur les pressions physiques que sur la recherche d'une soumission psychologique.

Ainsi, des détenus peuvent être soumis à un strict isolement pendant des semaines, des mois ou des années, privés de sommeil, laissés sans vêtements même en présence de femmes, soumis pendant des heures à des températures extrêmes, obligés d'uriner sur eux et menacés par des chiens.

La récente loi sur le traitement des "terroristes" [sic] présumés, promulguée à l'automne, réitère la condamnation de la torture mais laisse le président américain libre de déterminer quelles méthodes d'interrogatoires sont compatibles avec les Conventions de Genève.

"Bien que les conventions internationales interdisent la torture physique et mentale, (une telle distinction) renforce l'idée fausse selon laquelle des traitements psychologiques cruels, inhumains et dégradants sont moins dommageables pour les victimes et peuvent donc être permis dans des circonstances exceptionnelles", argumentent les auteurs de l'étude.

Pour éviter les abus, l'étude préconise que la définition de la torture soit élargie à partir d'une "évaluation scientifique des troubles psychologiques et psychiatriques" [sic], et non pas limitée à la douleur physique qu'elle provoque.

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Tunisie : un ex-détenu à Guantanamo dénonce les conditions inhumaines de son incarcération

TUNIS (AP) -26/6/7 - Un ex-détenu tunisien de Guantanamo, Abdullah Ben Omar Hajji, récemment remis aux autorités tunisiennes, a dénoncé mardi "les conditions inhumaines" dans lesquelles s'est déroulé son rapatriement et "les tortures" qu'il dit avoir subies pendant les cinq ans de sa détention sur la base militaire américaine à Cuba.

L'ex-pensionnaire de Guantanamo a fait ces révélations lors d'un entretien avec Me Samir Ben Amor, qui lui a rendu visite pendant une heure dans la prison de Mornaguia, à environ 30km de Tunis, où il est actuellement incarcéré, en attendant d'être rejugé le 26 septembre prochain par le tribunal militaire de Tunis.

Il avait été condamné en 1995 par contumace par cette juridiction à 20 ans de prison dans l'affaire dite du "Front islamique".

"Le voyage du retour qui a duré plus de dix heures à bord d'un avion de l'armée américaine s'est déroulé dans des conditions inhumaines. J'avais les pieds et les mains ligotés, les yeux bandés et les oreilles obstruées par des écouteurs", a déclaré l'avocat à l'Associated Press, en relatant le récit fait par son client.

Selon Me Ben Amor, Abdullah Ben Omar a nié avoir jamais adhéré à une quelconque organisation terroriste.

Il affirme s'être rendu au Pakistan avec sa femme Aïcha et ses huit enfants ainsi que son beau-fils Hédi Hammami pour faire du commerce et travailler dans le cadre d'organisations de secours islamique.

Il a confié que cette idée lui a été inspirée après un séjour de deux ans en Arabie saoudite à la fin des années 80.

Il a été arrêté en avril 2002 par la police pakistanaise à son domicile, en même temps que son beau-fils encore en détention à Guantanamo dans le contexte qui a suivi les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Deux mois après, les services de sécurité pakistanais l'ont remis aux forces américaines qui l'ont envoyé sur la base de Bagram (Afghanistan) avant de le transférer à Guantanamo à la fin de l'été 2002.

Pendant le transfert des prisonniers du Pakistan en Afghanistan, les militaires américains leurs faisaient porter des cagoules asphyxiantes qui ont causé la mort de certains d'entre eux, selon Abdullah Ben Omar.

"Dans le centre de détention de Guantanamo, les prisonniers étaient soumis à diverses pratiques de torture : on les plaçait durant de longues périodes dans des tonneaux remplis d'eau, d'autres étaient suspendus aux portes ligotés ou encore traînés dénudés comme des animaux avant leur interrogatoire", a encore raconté l'ex-détenu.

Il a cité le cas d'un de ses compatriotes indentifié seulement par son prénom, Abdallah, qui, a-t-il dit, a perdu ses facultés mentales du fait des tortures subies.

"Plus que les maltraitements physiques, c'est plutôt au niveau mental que Abdullah Ben Omar souffrait", a encore rapporté Me Ben Amor.

"Pour provoquer les détenus qui sont musulmans, les geôliers jetaient le Coran dans les toilettes ou avec les habits sales", a-t-il dénoncé. AP

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Quand le sieur Robert Ménard, de R.S.F. (Reporters dits sans frontières !),
suit les pas de Washington et légitime la torture

par Salim Lamrani

Mondialisation.ca, Le 4 septembre 2007

Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation parisienne Reporters sans frontières (RSF) depuis 1985, est un personnage extrêmement médiatique qui prétend défendre la « liberté de la presse » et qui se drape dans un discours humaniste plutôt apprécié de l’opinion publique. Grâce à la collusion des médias, Ménard est devenu un homme incontournable dans le monde de la presse.

Pourtant, ses actions sont loin de faire l’unanimité. Le manque flagrant d’impartialité dont fait preuve RSF a souvent été stigmatisé. L’organisation française, financée par les conglomérats économiques et financiers ainsi que par les Etats-Unis, comme l’a publiquement reconnu son secrétaire général, a mené des campagnes médiatiques curieusement similaires à l’agenda politique de la Maison-blanche. Ainsi, RSF, sous prétexte de défendre la liberté de la presse, s’en est pris respectivement à Cuba (1), a soutenu le coup d’Etat contre le président vénézuelien Hugo Chávez en avril 2002 (2), a implicitement approuvé l’invasion sanglante de l’Irak en 2003 (3), et a légitimé le coup d’Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide à Haïti (4). Désormais, RSF mène une campagne médiatique spectaculaire contre la Chine et les jeux olympiques de Pékin de 2008 (5).

La proximité idéologique entre RSF et l’administration Bush est évidente à tel point que l’on se demande quels sont réellement les véritables objectifs de Robert Ménard. Les scandales de Guantanamo, d’Abu-Ghraïb et des prisons secrètes tenues par la CIA à travers le monde ont démontré que les troupes étasuniennes n’hésitaient pas à utiliser la torture pour arriver à leurs fins. Ces méthodes inhumaines et injustifiables ont été unanimement condamnées par l’ensemble de la communauté internationale.

En octobre 2006, le Congrès étasunien a franchi le pas et a approuvé un projet de loi légalisant la torture, en flagrante violation des principes même de la démocratie. La majorité républicaine ainsi que plusieurs élus démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat ont autorisé l’utilisation des preuves obtenues sous la torture contre le « combattant ennemi illégal ». Le texte intitulé « loi des commissions militaires, 2006 » reconnaît l’existence de tribunaux secrets pour juger tout ressortissant étranger soupçonné de porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis. L’accusé ne pourra pas prétendre au choix de son avocat, ni connaître les charges qui pèsent contre lui. De plus, les preuves présentées contre lui pourront rester secrètes. Bien évidemment, il pourra également être détenu sans pouvoir réclamer d’être présenté devant un juge, et ce indéfiniment. Il ne pourra pas contester la légalité de sa détention, ni les tortures dont il aura été victime (6).

La loi confère également au président étasunien « l’autorité [pour] interpréter la signification et l’application des conventions de Genève » prohibant la torture. Ces dernières ne pourront pas être invoquées « comme source de droit devant aucun tribunal des Etats-Unis ». La section V de la législation stipule que « personne ne pourra invoquer les conventions de Genève ni aucun de leurs protocoles dans une quelconque action d’habeas corpus ou tout autre acte civil ou toute poursuite judiciaire dans lesquels les États-Unis, un fonctionnaire en activité ou non, un employé, un membre des forces armées ou tout autre agent des États-Unis est partie en tant que source de droit ». En outre, « aucun tribunal, aucun juge n’aura le pouvoir d’entendre ou de prendre en considération une demande en assignation d’habeas corpus introduite par un ressortissant étranger (ou en son nom) qui est ou qui a été détenu par les États-Unis et qui a été considéré comme étant correctement détenu comme combattant ennemi ou en instance de cette qualification (7) ».

Non seulement cette loi liberticide, d’essence totalitaire, représente une menace pour n’importe quel citoyen du monde ne bénéficiant pas de la nationalité étasunienne, mais elle octroie une impunité totale aux responsables des traitements cruels, inhumains et dégradants. L’Union européenne et la France en particulier ont maintenu un silence scandaleux au sujet de cette législation. Que ce serait-il passé si la Chine, Cuba, l’Iran, la Russie ou le Venezuela avaient adopté une loi similaire ? Qui peut encore parler, en référence aux Etats-Unis, de modèle de démocratie ?

Lors de l’émission de radio « Contre-expertise » présenté par Xavier de la Porte sur France Culture le 16 août 2007 de 12h45 à 13h30, Robert Ménard, l’autoproclamé défenseur des droits de l’homme et des journalistes, a suivi les pas de son mécène et a légitimé l’utilisation de la torture, tenant des propos extrêmement préoccupants. Evoquant l’assassinat du journaliste étasunien Daniel Pearl, il a souligné qu’il était légitime de torturer des suspects pour sauver la vie d’innocents, reprenant l’argumentation des plus effroyables dictatures et bien sûr de l’administration Bush (8).

Ménard va même plus loin puisqu’il légitime même la torture contre les membres des familles des preneurs d’otages, c’est-à-dire contre des innocents. «Si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n'y aurait aucune limite pour la torture». Voici un extrait des propos tenus par le secrétaire général de RSF :  

« La police pakistanaise va prendre les familles, vous entendez bien, les familles des preneurs d’otages en otage et vont torturer ces familles de preneurs d’otages pour obtenir les renseignements.
Ils vont obtenir des renseignements. Ils arriveront trop tard pour sauver Daniel. Vous savez comment il a été égorgé et dans quelles conditions….
Où on arrête ? Est-ce que on accepte cette logique qui consiste à... puisqu'on pourrait le faire dans un certain nombre de cas "vous le prenez en otage, on le prend en otage; vous les malmenez, on les malmène; vous torturez, on torture…"
Qu'est-ce qui justifie… Est-ce que pour libérer quelqu'un, on peut aller jusque là? C'est une vraie question.
Et ça c'est la vie réelle, c'est ça, ce que dit à l'instant François: on n'est plus dans les idées, c'est plus des combats, c'est plus des principes. Moi je sais plus quoi penser. Parce que ça, ça arrive à Marianne Pearl, je ne dis pas, je ne dirai pas qu'ils ont eu tort de le faire parce que elle, elle a pensé que c'était bien de le faire, qu'il fallait faire ça, qu'il fallait sauver son mari; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis.
Et il fallait absolument le sauver et s'il fallait s'en prendre à un certain nombre de gens, on s'en prenait à un certain nombre de gens; s'en prendre physiquement, vous avez compris, en les menaçant et en en torturant, quitte à en tuer un certain nombre.
Je sais plus, je suis perdu, parce qu'à un moment donné je ne sais plus où il faut arrêter, où il faut mettre le curseur. Qu'est-ce qui est acceptable et qu'est ce qui n'est pas acceptable ? Et en même temps, pour les familles de ceux qui ont été pris en otage, parce que ce sont souvent nos premiers interlocuteurs, à Reporters Sans Frontières; légitimement, moi, si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n'y aurait aucune limite pour la torture (9) ».
Comment peut-on prétendre défendre les droits de l’homme dès lors que l’on justifie une pratique aussi abominable et inhumaine que la torture ? Que reste-t-il de la crédibilité de Robert Ménard et de Reporters sans frontières – les deux étant tellement liés qu’il est de fait impossible de les dissocier – lorsqu’ils légitiment l’injustifiable ? Le secrétaire général de RSF a montré son vrai visage. Il ne défend pas la liberté de la presse mais les pratiques odieuses de la CIA. Mais est-ce bien surprenant sachant qu’il est financé par la National Endowment for Democracy (10) qui n’est rien d’autre que l’officine écran de l’agence selon le New York Times (11) ?

Notes

1 Salim Lamrani, « Reporters sans frontières et ses contradictions », Réseau Voltaire, 27 septembre 2006, http://www.voltairenet.org/article143601.html (site consulté le 2 septembre 2007) ; Reporters sans frontières, « Lettre ouverte à ses détracteurs », Réseau Voltaire, 12 septembre 2006.
2 Salim Lamrani, « La guerre de désinformation de Reporters sans frontières contre le Venezuela », Réseau Voltaire, 6 février 2007, http://www.voltairenet.org/article145116.html (site consulté le 2 septembre 2007) ; Reporters sans frontières, « Un journaliste a été tué, trois autres ont été blessés et cinq chaînes de télévision brièvement suspendues », 12 avril 2002. www.rsf.org/article.php3?id_article=1109 (site consulté le 13 novembre 2006).
3 Reporters sans frontières, « Irak – rapport annuel 2004 ». http://www.rsf.org/article.php3?id_article=9884 (site consulté le 18 juillet 2005) ; Reporters sans frontières, « La liberté de la presse retrouvée : un espoir à entretenir », juillet 2004. www.rsf.org/article.php3?id_article=10888 (site consulté le 23 avril 2005).
4 Reporters sans frontières, « La liberté de la presse retrouvée : un espoir à entretenir », juillet 2004. www.rsf.org/article.php3?id_article=10888 (site consulté le 23 avril 2005) ; Salim Lamrani, « Reporters sans frontières et ses contradictions », op. cit.
5 Reporters sans frontières, « Pékin 2008. Chine : La plus grande prison du monde pour les journalistes et les internautes », pas de date. http://www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=171 (site consulté le 2 septembre 2007).
6 Michel Muller, « Quand Washington légalise la torture », L’Humanité, 16 octobre 2006.
7 Ibid.
8 Jean-Noël Darde, « Quand Robert Ménard, de RSF, légitime la torture », 26 août 2007).
9 Ibid.
10 Robert Ménard, « Forum de discussion avec Robert Ménard », Le Nouvel Observateur, 18 avril 2005. www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_284.html (site consulté le 22 avril 2005).
11 John M. Broder, « Political Meddling by Outsiders : Not New for U.S. », The New York Times, 31 mars 1997, p. 1.

Salim Lamrani est enseignant, écrivain et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a notamment publié Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Cuba face à l’Empire (Genève : Timeli, 2006) et Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

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Plus jamais ça ?
Torture «made in USA»


par Frieder Wagner

Source : Réseau Voltaire


Loin d’être une dérive propre à l’administration Bush après le 11 septembre, la pratique de la torture fait partie intégrante de la politique étrangère des États-Unis depuis au moins 50 ans. La négation de cette réalité historique empêche tout abandon réel de cette politique.

Rappelons-nous le cas d’Al Masri, mais aussi les tortures qui ont été signalées au Liban par l’homme du BKA allemand (Bundeskriminalamt = Office fédéral de police criminelle), Ralph Trede, nous connaissons Guantanamo et ses terreurs dont Murat Kurnaz a parlé et nous connaissons le cas d’Abou Ghraïb – tous des scandales de torture.

Nous nous rappelons aussi les manifestations des mères de la Place de Mai pendant et après la dictature en Argentine de 1976-83 et leur exigence : «Nunca mas – plus jamais». Elles voulaient que des tortures aussi atroces que lors de la dictature en Argentine ne se produisent plus jamais.

Pourtant, aucun des médias les plus importants n’a mentionné dans ses commentaires les scandales cités plus haut, leur sale histoire et le contexte de cette torture. Pourquoi pas ? Devraient-ils alors s’avouer que le recours à la torture par les autorités et l’armée des USA a commencé déjà longtemps avant le gouvernement de George W. Bush ? Devraient-ils, et nous tous, reconnaître que depuis au moins cinq décennies la torture est partie intégrante de la politique étrangère des États-Unis – donc au moins depuis la guerre du Vietnam ?

À une heure et demi de voiture de Panama City, l’armée des États-Unis a entretenu de 1946 à 1984 une école tristement célèbre, la «School of the Americas» (SOA), une «institution de formation» véritablement inquiétante. La devise de cette école aurait pu être : «Nous torturons !»

Là-bas, et plus tard au Fort Benning (Géorgie) nous trouvons les racines des scandales de torture actuels. Dans des manuels d’instruction [1], aujourd’hui accessibles, (Kubark – Counterintelligence Interrogation, juillet 1963) les étudiants de la SOA – des militaires et des officiers de police venant de tout le monde «occidental» ont reçu un enseignement dans un grand nombre de ces techniques d’interrogatoires «renforcés» qui, depuis ce temps-là, sont aussi arrivés à Guantanamo et Abou Ghraïb : Faire des prisonniers dans les premières heures du matin (pour augmenter le choc), leur couvrir la tête avec un capuchon ou leur bander les yeux, un déluge d’irritations – par des hurlements et de la musique trop forte –, privation de sommeil et de nourriture, humiliations de toutes sortes, nudité forcée, isolement cellulaire et pire encore. En 1996, l’«Intelligence Oversight Board» du président Clinton a admis que la matière de formation produite aux USA permettait tacitement «l’exécution de combattants de guérilla, le chantage, les sévices corporels, la coercition et l’incarcération illégale».

Quelques-uns de ceux qui ont suivi les cours de cette école au Panama ont commis, tôt après leur retour dans leur pays, les crimes les plus atroces et des violations des droits de l’homme sur le subcontinent sud-américain pendant le demi-siècle passé. Il y a eu des dizaines de milliers de morts et de torturés, le rapt systématique des bébés des «disparus» – par exemple sous la dictature argentine – le massacre de 900 civils d’El Mozote au Salvador, les meurtres de l’archevêque Oscar Romero ou de six prêtres jésuites au Salvador et des milliers d’assassinés par des escadrons de la mort au Nicaragua et au Guatemala etc.

Depuis 1946, l’école mentionnée a formé plus de 60 000 officiers et soldats d’Amérique latine et des Caraïbes. Parmi ceux qui ont «fait leurs études» dans cette école, il y a au moins 11 militaires qui sont devenus dictateurs, dont l’Équatorien Guillermo Rodriguez, le Péruvien Juan Velasco Alvarado, les Argentins Roberto Viola et Leopoldo Galtieri, les Boliviens Hugo Bánzer et Guido Vildoso, l’Hondurien Juan Melgar Castro et le Guatémaltèque Efraín Ríos Montt.

Amnesty international, dans son livre Torture – pour en finir avec le commerce de la souffrance de 2001, a attiré l’attention sur le fait que les «tortionnaires ne naissent pas comme tels : Ils y sont éduqués par quelqu’un, formés et soutenus». Dans ce livre la «School of the Americas» est désignée comme un des «centres d’instruction».

Torture déjà au Vietnam

L’emploi de la torture a donc déjà commencé longtemps avant le gouvernement de George W. Bush. Malgré cela, un nombre étonnant d’adversaires de la torture suit la légende complètement non historique d’après laquelle l’idée de torturer les prisonniers ne seraient venue aux autorités des États-Unis qu’après le 11 septembre 2001 et qu’elle serait issue des têtes de Dick Cheney et Donald Rumsfeld. Jusqu’à ce moment-là, c’est ce qu’ils essayent de nous expliquer, l’Amérique a combattu ses ennemis sans crimes contre l’humanité. Même le sénateur John McCain, le héros de la guerre du Vietnam, raconte la légende de « l’innocence initiale » [2]. C’est celui qui, il y a quelque temps, a réussi avec un engagement passionné à faire passer l’interdiction du traitement cruel et de la torture des prisonniers détenus par les USA avec une majorité de plus de deux tiers au Sénat américain et à la Chambre des représentants. Il a dit à l’époque dans le magazine Newsweek, qu’étant prisonnier de guerre à Hanoi, seule la conviction « que nous sommes autrement que nos ennemis » le sauvait – une déformation de la réalité. Car lorsque McCain a été capturé par les Vietnamiens du Nord, le CIA avait déjà commencé le « programme Phoenix », comme Alfred McCoy le décrit dans son livre A Question of Torture. Ce « programme Phoenix » a entretenu au Vietnam du Sud « 40 centres d’interrogation dans lesquels plus de 20 000 suspects ont été tués et plusieurs milliers torturés ». C’est une affirmation que McCoy documente par la suite par des pages de citations de rapports de presse et d’investigations du Congrès et du Sénat.

Des opposants au régime « éliminés » et jetés dans la mer depuis des avions

Que les techniques de tortures ne sont pas seulement enseignées à la « School of the Americas » pour la formation des soldats de l’Amérique latine, William Blum peut le prouver. Blum avait travaillé au ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis jusqu’à ce qu’il quitte le service en 1967 en signe de protestation contre la guerre du Vietnam. Dans son livre, Killing Hope, paru en 1995, il cite à ce sujet de nombreux rapports du Congrès et des documents internes du gouvernement. Ainsi par exemple la déclaration de militaires devant le Congrès américain en 1975 sur les actions secrètes, financées par la CIA dans le cadre du « programme Phoenix » au Vietnam.

« Deux Viêt-Congs ont été interrogés pendant le vol en direction de Saigon. Le premier a refusé de répondre aux questions et il a été jeté de l’avion à 1000 mètres d’altitude. Après, le deuxième a tout de suite répondu aux questions, mais il a aussi été jeté de l’avion. »

L’ancien soldat d’élite Donald Duncan parle dans son règlement de compte politique avec l’armée (The New Legions) d’une scène pendant sa formation. Pendant son cours, le sergent-chef a présenté plusieurs techniques de tortures aux soldats. À la question d’un soldat si on attendait que ces méthodes soient appliquées en service actif, l’instructeur a répondu sous le rire de toute la classe :

« Les mères d’Amérique ne seraient certainement pas d’accord. Et sur demande nous nierions qu’une imitation de tels actes soit prévue. »

Mais pourquoi la plupart des États-uniens répondent-ils aujourd’hui hâtivement et indignés aux plus récents reproches de tortures avec un « Jamais avant une chose pareille n’est arrivée… » ? C’est à cause de leur désir sincère d’exprimer la gravité des décisions d’action du gouvernement actuel. En effet, l’utilisation ouverte de la torture par l’administration Bush est sans précédent. Autrefois, on a soutenu des dictatures latino-américaines, on a approuvé leurs actes, on les a conseillés pour l’aménagement des prisons secrètes, on a également su quand les opposants au régime ont été « éliminés » et jetés depuis des avions dans la mer et qu’aux USA des photos de lynchages ont été négociées comme trophées ou comme mises en garde. C’est donc sans précédent comment le gouvernement Bush professe ouvertement la torture. Dans le passé, les gouvernements états-uniens ont discrètement tenues secrètes leurs « opérations noires ». Les crimes ont bien été sanctionnés, mais officiellement on les a toujours niés et même condamnés.

«Tu peux crier aussi fort que tu veux»

Le gouvernement Bush a rompu avec cette habitude après le 11 septembre 2001. Sans aucune honte, il a demandé le droit à la torture, légitimée par de nouvelles définitions et lois. Divers extraits de discours de Bush après le 11 septembre le prouvent. Peu après son élection, il a dit en plaisantant devant les députés des deux chambres au sujet du résultat très serré de son élection : « Dans une dictature, tout cela serait beaucoup plus facile, en tout cas tant que moi, je serais le dictateur. » À l’époque, tout le monde a ri de bon cœur, mais aujourd’hui, il n’aurait certainement plus autant de succès. Maintenant, en faisant torturer ouvertement et sans regret, Bush ôte à son armée et au service secret la possibilité de nier de telles choses. Tant que la torture, comme jusqu’à présent, a été exercée secrètement, il y avait toujours l’espoir —une fois les atrocités dévoilées— que la justice pourrait quand même l’emporter. Mais, si par contre, la torture a une pseudo-légalité et que les responsables nient simplement qu’il s’agit là de torture, ce qu’Hannah Arendt a appelé « la personne juridique dans l’homme » meurt. Et bientôt les victimes ne feront plus d’efforts pour exiger que justice soit faite, car elles seront très vite convaincues de l’inutilité de ces efforts.

Cette « impunité », comme nous la connaissons jusqu’à présent uniquement des crimes des tortionnaires sud-américains des dictatures de là-bas, est la version amplifiée de ce qui se passe actuellement dans les salles de torture des prisons secrètes aux USA, où l’on peut dire impunément à un prisonnier : « Tu peux crier aussi fort que tu veux – personne ne t’entendra, personne ne te sauvera » ; c’est aussi ce que raconte le ressortissant allemand Khaled Al Masri, qui a été enlevé par les services secrets des USA et amené dans une prison à Kaboul.

En Amérique latine, les révélations sur les tortures des USA en Irak ont été comprises sans le moindre doute, car chacun qui en a entendu parler avait une impression de déjà-vu. Hector M., un activiste colombien qui avait été torturé dans les années 1970 par un officier formé à la « School of the Americas » a déposé : « C’était dur de voir les photos des tortures en Irak parce que moi-même j’ai été torturé comme ça. Je me suis revu : nu, les pieds liés et mes mains ligotées derrière le dos. J’ai revu ma tête recouverte d’un sac en tissu. Je me rappelle l’humiliation, la nudité, la douleur. »

Et Graciela D. d’Argentine, qui était dans les années 1970 une soi-disant « étudiante subversive », une « zurda » – une « gauchiste », a réagi de manière semblable : « Je n’ai pas supporté de regarder ces photos. Tant de choses qu’ils montraient, on me les a aussi faites […]. Des chiens effrayants […], la tête recouverte etc. ». Elle se rappelle que parmi les hommes qui l’ont violée et ont écrasé des cigarettes sur son corps, il y avait un homme qui parlait l’espagnol avec un fort accent américain et que les autres appelaient « Boss » – une parmi les milliers d’histoires d’Amérique latine, que les torturés peuvent raconter sur des hommes parlant l’anglais américain.

Ce manque d’histoire dans le débat actuel sur les tortures cache une ironie terrible : Avec l’exigence d’éviter les sévices à l’avenir, les crimes du passé sont de plus en plus refoulés de la mémoire. À chaque fois que les États-uniens répètent l’histoire de leur innocence aux temps d’avant Bush et Cheney, la mémoire, déjà floue, disparaît, bien que les faits durs continuent à exister. Ils sont soigneusement archivés dans des dizaines de milliers de documents librement accessibles dans les National Security Archives. Mais dans la mémoire collective des États-Unis, on laisse encore une fois disparaître trop volontiers les « disparus ».

L’administration Bush réagit maintenant aux éclats autour de la torture en recourant au modèle de la négation plausible du temps de la Guerre froide. La nouvelle loi du sénateur McCain protège bien chaque « individu se trouvant emprisonné ou sous le contrôle physique du gouvernement des États-Unis », mais ne dit pas un mot sur la formation à la torture ou sur les spécialistes payés pour pratiquer les interrogatoires.

En Irak, déjà maintenant, le sale travail est mis entre les mains d’escadrons de la mort irakiens qui ont été formés par des officiers des USA de l’acabit d’un Jim Steel qui s’est déjà préparé à ce job au Salvador, en y créant des unités semblables. Ce rôle des USA, on l’a cependant oublié brusquement (et naturellement aussi que des officiers comme Jim Steel existent et également qu’il y avait une fois une « School of the Americas »), lorsqu’on a découvert au ministère de l’Intérieur de l’Irak, dans une cave de torture, 173 prisonniers dont quelques-uns avaient été torturés de façon tellement grave que la peau se détachait en lambeaux de leur corps. « Voyez, il s’agit d’un État souverain », a dit Donald Rumsfeld dans ce contexte, « il y a maintenant dans ce pays un gouvernement irakien librement élu ».

Il a employé dans cette phrase les mêmes mots que le chef de la CIA William Colby, qui a déclaré en 1971, lors d’une investigation du Congrès sur le « programme Phoenix » appliqué au Vietnam, qu’il a en plus aidé à mettre en œuvre, qu’il s’agissait d’un « programme complètement sud-vietnamien ». « Quand on ne comprend pas l’histoire et l’étendue de la complicité institutionnelle et publique », comme le dit l’auteur McCoy dans son livre A Question of Torture, « on ne peut pas accomplir des réformes importantes ». Le législateur réagira à la pression en éliminant une petite partie de l’appareil de torture, il fermera si possible une prison, fera peut-être également démissionner quelqu’un comme Monsieur Donald Rumsfeld, mais, « le droit à la torture il se le garde », écrit McCoy.

Il y a quelque temps, le « Center for American Progress » aux USA a mis en œuvre une campagne de publicité avec le titre : « Torture is not US ». La dure vérité est que la torture était, du moins pendant les cinq dernières décennies, tout à fait états-unienne, et l’exigence des mères de la Place de Mai à Buenos Aires : « Nunca mas – plus jamais (de telles tortures) », n’a malheureusement pas été remplie jusqu’à présent.
Frieder Wagner

Traduction Horizons et débats
[1] « Les manuels de torture de l’armée des États-Unis », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 26 mai 2004.
[2] « Torture : un moment de vérité pour McCain... et pour nous tous », par Ray McGovern, Réseau Voltaire, 16 décembre 2005.

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Les négationnistes de la torture "made in USA" effacent les preuves...

La CIA a détruit en 2005 des vidéos d'interrogatoires de "suspects de terrorisme"

WASHINGTON (AFP) - 7/12/7 - Le directeur de la CIA Michael Hayden a dit, dans un mémo adressé jeudi au personnel de l'agence américaine de renseignement, que ses services avaient détruit en 2005 des enregistrements vidéo d'interrogatoires de membres actifs d'al-Qaïda.

Dans ce mémo dont l'AFP a obtenu une copie, Michael Hayden reconnaît qu'"en 2002, au début du programme de détention des terroristes, la CIA a fait des enregistrements vidéo des interrogatoires et a détruit ces vidéos en 2005".

A la suite des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont mis en place un programme de détention et d'interrogatoires de "terroristes présumés" [sic] avec des nouvelles techniques, considérées par les organisations des droits de l'Homme comme de la torture.

"L'agence a détruit ces enregistrements après avoir déterminé qu'ils n'avaient plus de valeur en terme de renseignement et qu'ils n'avaient pas de lien avec des enquêtes internes, législatives ou judiciaires en cours, dont le procès du (Français) Zacarias Moussaoui", a avancé le directeur de la CIA.

Mais selon le New York Times de jeudi, ces vidéos "montraient des agents de la CIA en 2002 soumettant des "suspects de terrorisme" [sic], notamment Abou Zoubaydah (un membre influent du réseau d'Oussama ben Laden, ndlr), à des "techniques d'interrogatoires sévères" [sic].

"Les enregistrements ont été détruits notamment parce que les officiers étaient inquiets de ce que des vidéos montrant "des méthodes d'interrogatoires dures" [sic] pourraient créer un risque sur le plan légal pour les employés de la CIA", affirme le New York Times, s'appuyant sur plusieurs sources anonymes.

Le général Hayden a expliqué que "la décision de les détruire avait été prise à l'intérieur de la CIA" parce que les vidéos représentaient "un risque sérieux pour la sécurité".

Dans son mémo aux employés de la CIA, le général Hayden indique qu'"au-delà de leur manque d'intérêt du point de vue des renseignements, puisque les interrogatoires ont été détaillés de façon exhaustive par voie écrite, et de l'absence de raison légale ou interne pour les garder, les enregistrements créaient un risque grave pour la sécurité".

"S'ils devaient faire l'objet d'une fuite, ils permettraient l'identification de vos collègues de la CIA impliqués dans le programme, leur faisant courir, à eux et à leurs familles, des risques de représailles de la part d'al-Qaïda et de ses sympathisants", a-t-il dit.

Mais "la destruction des enregistrements soulève la question de savoir si les employés de la CIA ont caché des informations au Congrès, aux tribunaux et à la commission du 11-Septembre sur certains aspects du programme" concernant la détention de suspects de terrorisme, s'interroge le New York Times.

L'administration Bush, mise en cause pour avoir permis l'usage de techniques violentes d'interrogatoires comme le simulacre de noyade, au nom de la "guerre contre le terrorisme", se refuse à parler de torture...

Selon la Convention de Genève, "aucune torture physique ou morale ni aucune contrainte ne pourra être exercée sur les prisonniers de guerre pour obtenir d'eux des renseignements de quelque sorte que ce soit".

Jeudi soir, des parlementaires américains ont approuvé un texte proposant d'imposer à toutes les autorités américaines, y compris les agents du renseignement, de se plier aux mêmes règles que les militaires et de renoncer à toute forme de torture. Ce texte doit encore être entériné par la Chambre des représentants et le Sénat.

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Le Camp de concentration du Pentagone


Le scandale enfle autour des vidéos d'interrogatoires détrui
tes par la CIA

EuroNews - 8/12/7 - Le soupçon du recours à la torture par les services secrets américains est dans tous les esprits. Les critiques pleuvent. En première ligne, la Maison Blanche botte en touche.

Sa porte-parole Dana Perino a expliqué que le président Bush ne se souvenait pas avoir été avisé de l'existence de ces vidéos ou de leur destruction. Le directeur de la CIA a expliqué que les enregistrements avaient été détruits dans le but de protéger les agents contre d'éventuelles représailles. Une explication loin de convaincre les élus démocrates.

Selon le sénateur du Michigan, Carl Levin, "C'est une excuse pathétique (...) On peut protéger l'identité des agents mais on ne peut pas détruire des documents pertinent pour une enquête." Les Parlementaires démocrates réclament avec force l'ouverture d'une enquête approfondie.

Amnesty International dénonce ce qu'elle appelle "une obstruction à la justice et une dissimulation de preuves". L'associaton ajoute que selon de nombreux témoignages, les prisonniers de la CIA ont été soumis à des techniques d'interrogatoire qui s'apparentent à de la torture.

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"Habeas corpus"

Guantanamo, la loi le l'Empire US-OTAN s'applique aux iguanes, mais pas aux détenus !

Par Andrew Selsky

SAN JUAN, Porto Rico - 9/12/7 - Six ans après l'arrivée des premiers détenus soupçonnés de terrorisme, la base militaire de Guantanamo ressemble toujours à un no man's land juridique. La loi US protège l'espèce menacée des iguanes, mais ne s'applique pas aux 305 prisonniers !

La semaine dernière, la Cour suprême des Etats-Unis, saisie de la question du statut juridique de cette base américaine située sur l'île de Cuba et de ses prisonniers, a entendu des avocats s'expliquer sur le type de protections juridiques auxquelles devraient avoir droit les détenus de Guantanamo Bay.

Après les attentats du 11 septembre 2001 et l'opération militaire en Afghanistan, l'administration Bush a trouvé en Guantanamo l'endroit idéal pour emprisonner les hommes arrêtés à l'étranger par l'armée américaine au motif de leurs liens présumés avec Al-Qaïda et les talibans afghans. Les premiers détenus sont arrivés en janvier 2002.

Le gouvernement américain soutient que ni les lois cubaines ni celles des Etats-Unis ne s'appliquent dans ce bout de territoire de 11.700 hectares loué à bail depuis plus d'un siècle par les Américains aux Cubains. Cette location en "leasing" permet à l'administration Bush de dire que la base de Guantanamo n'est certes pas un territoire cubain, mais encore moins "un territoire souverain des Etats-Unis".

Au terme du bail qui ne peut être dénoncé que par consentement mutuel, Washington verse chaque année pour la location un chèque modique de 4.085 dollars (2.790 euros), que le régime de Fidel Castro refuse systématiquement d'encaisser, en dénonçant une occupation illégale.

Les avocats des prisonniers contestent évidemment l'interprétation de l'administration Bush et ont porté l'affaire devant la Cour suprême. "Aucune autre loi ne s'applique", a souligné l'un d'eux, Seth Waxman, devant les neuf juges suprêmes. "Si notre loi ne s'applique pas, alors c'est une zone de non-droit".

Ces avocats ainsi que les associations de défense des droits de l'Homme relèvent également que les interrogatoires militaires qui y sont pratiqués ne peuvent se substituer à de véritables procédures judiciaires.

Les juges suprêmes ont paru intrigués par le statut unique de cette base navale. Ainsi, lors de l'audience de mercredi, le président de la Cour suprême, John Roberts, a demandé de quelle façon s'appliquait la loi cubaine à Guantanamo, en citant par exemple le cas de trois vieux employés cubains qui travaillent sur la base américaine depuis avant la révolution cubaine de 1959.

"Si un conflit éclate entre deux de ces employés pour une raison quelconque, l'un ne peut pas poursuivre l'autre devant les tribunaux cubains?", a demandé le président Roberts aux défenseurs des prisonniers. "Absolument pas", a répondu Me Waxman.

La loi américaine de 2006, dite Military Commissions Act, a considérablement réduit la possibilité pour les prisonniers de Guantanamo de contester les conditions de leur détention, un droit connu sous le nom d'"habeas corpus" et s'appliquant à toute personne sur le sol américain, de nationalité américaine ou pas.

Paradoxalement, l'armée applique bien certaines lois américaines à Guantanamo, celle par exemple sur la protection des espèces menacées telles que les iguanes. La limitation de vitesse de 40km/h y est strictement contrôlée pour éviter que ces gros lézards ne se fassent écraser en traversant les routes, a expliqué Bruce Lloyd, chargé des relations publiques.

"Il y a un effort constant de la part du commandement en vue de protéger les iguanes et les autres espèces exotiques présentes ici qui, je présume, provient partiellement des lois fédérales", a reconnu M. Lloyd.

Les avocats des détenus n'ont pas hésité à soulever le cas des iguanes devant la Cour suprême. "Quiconque, y compris un responsable fédéral, viole la Loi sur les espèces protégées en mettant en danger un iguane à (Guantanamo) peut devoir payer une amende et être poursuivi", a fait remarquer l'un d'eux, Me Tom Wilner. "Le gouvernement affirme pourtant que la loi américaine ne s'applique pas pour protéger les êtres humains prisonniers là-bas". C'est "totalement absurde".

Le juge Anthony Kennedy, l'un des neuf membres de la Cour suprême dont la voix pourrait faire pencher la balance lorsqu'il y aura vote, a déjà fait connaître son sentiment dans un point de vue rendu en 2004 en marge d'une affaire: "Guantanamo Bay est, dans toutes les considérations pratiques, un territoire des Etats-Unis".

L'arrêt de la Cour suprême n'est pas attendu avant de longs mois...

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SIX ANNÉES DE DÉTENTIONS ILLÉGALES PAR LES ÉTATS-UNIS

Amnesty International

 


Action pour la fermeture de Guantánamo à Londres
(Royaume-Uni, 10 janvier 2008). © AI


Action pour la fermeture de Guantánamo
(Australie, 11 janvier 2008).
© Simon Freeman


A.I. - 11/2/8 - Pour le sixième anniversaire du centre de détention américain de Guantánamo, des milliers de membres et de sympathisants d’Amnesty International se mobilisent à travers le monde pour appeler le gouvernement des États-Unis à mettre un terme aux détentions illégales à Guantánamo et ailleurs.

Cet anniversaire ne concerne pas uniquement Guantánamo. Les placements en détention qui ont eu lieu dans ce centre ne représentent en effet qu’un aspect des politiques et des pratiques mises en œuvre par le gouvernement des États-Unis depuis le 11 septembre 2001 au nom de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité nationale. Il faut y ajouter les transferts secrets de détenus entre différents pays («restitutions»), les détentions dans des sites clandestins et le recours à des techniques d’interrogatoire et à des conditions assimilables à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements.

Amnesty International a été parmi les premiers à demander la fermeture de Guantánamo. Au fil des ans, de nouvelles voix ont relayé cet appel, les gens étant de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’illégalité des détentions.

Aujourd’hui, plus de 1 200 parlementaires de pays comme le Royaume-Uni, le Japon, Israël, Bahreïn et l’Allemagne se joignent à Amnesty International pour exhorter les États-Unis à mettre un terme à toutes ces détentions illégales et soit à inculper les détenus d’infractions reconnues et à les faire juger par des tribunaux civils, soit à les libérer en veillant au respect de leurs droits humains.

Alors que débute l’année des festivités qui marqueront les soixante ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme, Amnesty International se concentre sur le travail qui reste à accomplir pour que la promesse de droits humains universels et indivisibles devienne réalité.

Guantánamo est un symbole d’injustice et de violence. Les détentions secrètes, la torture, les «restitutions» et les détentions illimitées sans inculpation bafouent les principes relatifs aux droits humains les plus élémentaires et menacent la sécurité au lieu de la renforcer.

Rendre justice aux victimes du terrorisme consiste à juger sérieusement et publiquement toute personne contre laquelle il existe des preuves d’implication dans de tels actes. Rendre justice aux détenus et à leur famille consiste à leur accorder toutes les garanties d’une procédure régulière et l’accès à toutes les voies de recours en cas de violation des droits humains. Il n’y aura pas de sécurité sur le long terme sans justice et sans respect des droits humains de tous.

Cet anniversaire doit être placé sous le signe de l’action et non de la commémoration passive : les gouvernements et les citoyens du monde entier doivent appeler les autorités américaines à mettre leurs politiques et leurs pratiques en matière de détention en conformité avec le droit international.

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La police américaine arrête 80 personnes manifestant pour la fermeture de Guantanamo


WASHINGTON - AP - 12/11/8 - La police américaine a arrêté vendredi 80 personnes qui manifestaient devant la Cour Suprême à Washington pour la fermerture de la base militaire de Guantanamo où sont détenus des centaines de "terroristes présumés" [sic].

Vêtus de combinaisons orange et de cagoules noires, les manifestants étaient agenouillés devant le bâtiment officiel, répétant inlassablement le même slogan : "Fermez Guantanamo".

Les personnes arrêtées encourent des peines allant d'une simple amende à 60 jours de prison pour avoir manifesté devant et dans l'enceinte d'une institution, fait considéré comme un trouble à l'ordre public aux Etats-Unis.

La Cour Suprême examine en ce moment une requête de plusieurs prisonniers de Guantanamo qui estiment que leur détention exclusive sur le sol américain est illégale. AP

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Un document canadien épingle les Etats-Unis et Israël comme des pays où les détenus risquent la torture


TORONTO - 18/1/8 - Les Etats-Unis et Israël figurent sur une liste du département canadien des Affaires étrangères recensant des pays où les prisonniers risquent d'être soumis à la torture, montre un document publié vendredi.

La liste, publiée dans un manuel de formation à l'usage des diplomates canadiens, inclut également l'Afghanistan, la Chine, l'Egypte, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Mexique et la Syrie.

Le manuel mentionne des techniques d'interrogatoire américaines, comme le fait de priver les détenus de vêtements, leur bander les yeux et les priver de sommeil, comme de la torture, et cite la base de Guantanamo comme un lieu de possibles tortures.

Le Canada précise que le manuel est uniquement destiné à la formation des diplomates et ne peut être considéré comme la position officielle des autorités. Le ressortissant canadien Omar Khadr est actuellement détenu à Guantanamo, mais le Canada a déjà dit par le passé accepter les assurances des Etats-Unis selon lesquelles le prisonnier était traité humainement.

"Le document en question est un manuel de formation. (...) Il ne présente pas les vues ou la position du gouvernement", a souligné Neil Hrab, porte-parole du département canadien des Affaires étrangères. Le manuel soulève des questions "pour stimuler la discussion et le débat en salle de cours", a-t-il ajouté.

Le document contient un chapitre sur l'interdiction de la torture et la conduite à tenir en présence de cas présumés de torture. Il explique également comment détecter les signes qu'un ressortissant canadien à l'étranger a été victime de mauvais traitements.

Michael Mendel, porte-parole de l'ambassade israélienne à Ottawa a réagi, soulignant qu'Israël interdisait "tout type de torture". "Si Israël figure sur la liste en question, l'ambassadeur d'Israël (au Canada) s'attendrait à ce qu'il en soit retiré", a-t-il commenté.

 

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Un gardien de Guantánamo confesse l’horreur de la torture


par Jurian Sterk


20/2/8 - Un psychiatre ayant eu pour patients d’anciens gardes du camp de détention de Guantanamo, a recueilli les confessions de ces hommes hantés pas leurs actes et les scènes auxquelles ils ont assisté. Aujourd’hui, il a décidé de rompre le silence en rendant publics ces récits de séances de torture et en décrivant l’angoisse qui habite aujourd’hui les anciens tortionnaires.

Un psychiatre ayant eu pour patients des militaires, anciens gardes du camp de détention de Guantánamo, décrit les récits de tortures des prisonniers et de suicide de gardiens qui lui ont été faits par un Garde National affecté à cette prison à son ouverture.

Le Docteur John Smith, âgé de 75 ans, est un psychiatre originaire d’Oklahoma City qui a travaillé pour l’armée durant les dernières années. Il est également consultant auprès du département de Psychiatrie de l’Université d’Oklahoma et associé à l’Administration responsable des anciens combattants à l’Hopital d’Oklahoma City. Il a également eu a expertiser Timothy Mc Veigh, l’auteur de l’attentat visant un immeuble de l’administration en 1995. Il y a de cela quelques années, il a été recruté par l’armée pour exercer auprès des soldats d’active nécessitant une psychothérapie.

M. Smith s’est exprimé le 22 février 2008, à l’occasion du congrès annuel de l’ American Academy of Forensic Sciences, qui s’est tenu à Washington. Son intervention traitait des conséquences psychologiques subies par les gardes affectés à Guantanamo. Elle était centrée sur le cas terrible d’un patient qu’il nomme M. H.

M. Smith décrit M. H comme un ouvrier latino, c’est-à-dire d’origine hispanophone, d’une quarantaine d’année, qui avait normalement effectué ses périodes depuis plusieurs années avant d’être envoyé au Koweït. Puis, peu après le 11 septembre, il a été affecté à Guantanamo. Le camp venait d’ouvrir et M. H y occupait une fonction de gardien.

Sans entraînement pour sa mission, M. H s’est senti déstabilisé par les détenus. Ils jetaient sur lui des matières fécales et de l’urine, raconte M. Smith, et tentaient de lui faire sortir clandestinement des lettres, lui disant qu’en cas de refus, « Ils chercheraient à en faire subir les conséquences à sa famille. » Les prisonniers le raillaient également, disant qu’il était, en tant que militaire, un « traître » aux latinos et aux autres minorités. M. H. en était troublé et terrifié.

Ensuite, selon M. Smith, il a été demandé à « ce bon catholique, père de famille, qui avait pratiquement toujours respecté les règles » de participer à des tortures. L’une de ses tâches consistait à « emmener les détenus en certains lieux, et s’assurer qu’ils soient menottés dans des positions inconfortables, en général nus, en préparation des interrogatoires. M. H assistait souvent à ceux-ci. Il y a vu des prisonniers maltraités jusqu’à ce qu’ils s’affaissent. La torture provoquait des « défécations, vomissements, urinements » et déclenchait des « réactions psychotiques : hurlements étranges et pleurs. »

M. Smith indique que M. H lui a raconté qu’il «devait menotter et plaquer au sol des prisonniers dénudés. » Les prisonniers étaient également contraints à « s’agenouiller sur des cailloux acérés.» Les détenus, lui a dit M. H, tentaient d’échapper aux interrogatoires en écorchant leurs genoux jusqu’au sang, afin d’être conduits à l’hôpital de la prison. »

Le psychiatre décrit le témoignage de M. H comme «poignant et simple»: «c’était mal ce que nous faisions», lui a-t-il confié. Pendant son séjour à Guantanamo, sa participation à ces séances de tortures provoquera chez lui des «larmes, des sanglots et un sentiment de culpabilité.» Mais il lui était interdit de parler à quiconque de ce qu’il vivait et ressentait. Il devint alors «de plus en plus dépressif» à l’image d’autres de ses camarades. M. Smith rapporte que M. H lui a fait part de deux suicides de gardiens durant les premiers mois de sa présence à Guantanamo.

Lorsque M. Smith a rencontré M. H., celui-ci était devenu «gravement malade. Il était suicidaire, terriblement dépressif et anxieux» et affecté «d’insomnies et de rêves horribles et de réminiscences.» Il avait déjà consulté deux médecins militaires sans résultat. Mais ces praticiens « étaient des médecins militaires et il n’osait pas leur parler » de ce qui s’était passé à Guantanamo. M. Smith n’appartenant pas à l’armée, au bout de deux ou trois séances, M. H a accepté de s’ouvrir à lui. Avec l’aide de médicaments et de la psychothérapie, il devint moins suicidaire, mais cependant trop gravement malade pour assumer son service dans l’armée.

Trois ans après avoir traité M. H, M. Smith a eu trois nouveaux patients qui avaient servi à Guantanamo lors de leur dernier déploiement. Ils lui ont dit que les conditions s’y étaient nettement améliorées. «Ils aimaient Guantanamo, et appréciaient de se baigner dans les Caraïbes.» Malgré tout, l’un d’entre eux éprouvait des troubles en relation avec cette mission. Il a raconté comment il avait du « détacher un détenu » qui tentait de se pendre après s’être arraché avec les dents une artère du bras. Il y avait du sang partout. Lorsque ce garde a quitté Guantanamo, il était sujet à des «crises d’angoisse et de panique.»

Smith a déclaré n’avoir jamais fait état en public de ces patients de Guantanamo avant cette intervention au congrès de l’ American Academy of Forensic Sciences. Il a décidé de parler car les vétérans ne peuvent bénéficier d’une pension pour la Maladie du Stress Post Traumatique (PTSD) lorsqu’elle n’a pas été provoquée par les combats. Il estime que les gardes de Guantanamo forment un « groupe de victimes ignorées. » En choisissant de s’exprimer, M. Smith crée une situation sans précédent. Jusqu’à présent, la plupart des témoignages de torture à Guantanamo provenaient d’organisations de défenseurs des droits de l’homme, des détenus ou de leurs avocats, et ils étaient contredits par l’enquête effectuée par le FBI en 2004. M. Smith, un médecin réputé, conforte ces témoignages, de l’intérieur de l’institution militaire elle-même.

Commentaire :
Demain, tous les dissidents de ces états fascistes seront emmenés dans des camps tels que celui de Guantanamo. Espérons que nous saurons réagir à temps et défendre nos vies, avec les dernières libertés qu’il nous restent.

Debbie Nathan est journaliste. Ses articles ont été publiés par The Village Voice, The Nation, MS., Playboy, The Texas Observer, The New York Times, Social Text, Redbook and Counterpunch. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les questions sociétales et l’immigration.

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Veto du sieur Bush contre l'inderdiction de la torture !


WASHINGTON - AP - 8/3/8 - George W. Bush devait confirmer samedi son intention d'opposer son veto présidentiel à une loi qui interdirait à la CIA d'utiliser des "techniques d'interrogatoire musclées" [sic : des techniques de torture], dont celle dite du "waterboarding", qui consiste à simuler la noyade du suspect.

Le président américain devait évoquer le sujet lors d'une allocution radiodiffusée samedi.

M. Bush soutient que cette loi, adoptée par la Chambre des représentants et le Sénat ces derniers mois, handicaperait le gouvernement américain dans la lutte contre "le terrorisme" [sic]. Les partisans du texte arguent de leur côté qu'il n'entamerait pas les marges de manoeuvre des autorités, tout en redorant le blason moral des Etats-Unis à l'étranger.

"La loi supprimerait un des outils les plus précieux dans la guerre contre "le terrorisme" [sic], le programme de la CIA visant à arrêter et à interroger les dirigeants et les agents terroristes les plus importants", a fait valoir le porte-parole de la Maison Blanche Tony Fratto vendredi.

La loi interdirait à la CIA d'utiliser des techniques déjà prohibées pour l'armée depuis 2006, dont la simulation de noyade et la privation sensorielle.

"Le veto du président Bush sera un des actes les plus honteux de son mandat", a estimé le sénateur démocrate Edward Kennedy dans un communiqué publié vendredi. "A moins que le Congrès n'annule le veto, il rentrera dans l'histoire comme une insulte flagrante à l'Etat de droit et une sérieuse tache sur la bonne renommée de l'Amérique de par le monde".

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Le sieur Bush (Monsieur Torture) met son veto à un texte de loi interdisant la torture par la CIA !


WASHINGTON - AP - 8/3/8 - Le président des Etats-Unis George W. Bush a déclaré samedi avoir opposé son veto à une législation du Congrès interdisant à la CIA, les services de renseignement américains, l'utilisation de méthodes d'interrogatoires considérées comme de la torture par les défenseurs des droits de l'homme.

"Le texte que m'a adressé le Congrès supprimerait un des outils les plus précieux dans la guerre contre le terrorisme. Dès lors, j'y ai opposé mon veto aujourd'hui" samedi, a expliqué le chef de la Maison Blanche au cours de son allocution radio hebdomadaire.

Voté en décembre dernier par la Chambre des Représentants puis par le Sénat en février, le texte de loi contraindrait les services de renseignement à se conformer aux règles imposées aux militaires. Ce manuel de l'armée révisé en 2006 proscrit le recours à des pratiques comme le simulacre de noyade ("waterboarding"), la privation de sommeil, l'exposition volontaire au froid extrême ou à des simulacres d'exécution, la mise à nu des prisonniers.

La CIA, a fait valoir M. Bush, doit pouvoir disposer de "procédures spéciales d'interrogatoires". Les méthodes militaires sont conçues pour "des combattants légaux capturés sur le champ de bataille", alors que les professionnels du renseignement ont affaire à des "terroristes endurcis", entraînés pour résister aux techniques des militaires, a-t-il ajouté.

"Nous avons mis au point des procédures de remplacement pour interroger les agents les plus dangereux d'Al-Qaïda, en particulier ceux qui pourraient avoir connaissance d'attentats projetés contre notre patrie. Si nous devions (...) restreindre la CIA au manuel de l'armée, nous pourrions perdre des informations vitales" et cela "pourrait coûter des vies américaines", a-t-il poursuivi.

La présidente de la Chambre des Représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a déclaré samedi que le Congrès à majorité démocrate s'efforcerait de surmonter le veto présidentiel. "Notre capacité à diriger le monde, en définitive, ne dépendra pas seulement de notre force militaire, mais aussi de notre autorité morale", a-t-elle commenté.

Le Congrès ne devrait cependant pas pouvoir repousser le veto du chef de l'Etat. Il faudrait pour cela réunir une majorité des deux-tiers des voix dans les deux chambres, où le texte de loi n'a été approuvé qu'à une courte majorité : 222 contre 199 à la Chambre des Représentants, et 51 contre 45 au Sénat.

Jennifer Daskal, spécialiste des questions de terrorisme du mouvement de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, a vivement critiqué la décision du président américain. George W. Bush, a-t-elle estimé, "restera dans l'histoire comme le président de la torture", en autorisant des techniques d'interrogatoires "que n'importe quel observateur raisonnable qualifierait de tortures".

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Le Pentagone publie la note autorisant la torture


WASHINGTON - AP - 2/4/8 - Le Pentagone a rendu publique mardi soir une note du département de la Justice du 14 mars 2003, depuis annulée, approuvant les "interrogatoires musclés" [sic] de "terroristes présumés" [sic]. Le ministère y estime que l'autorisation du président et chef des armées George W. Bush prime sur l'interdiction de la torture inscrite dans le droit international.

Le mémo, dont on connaissait déjà l'existence mais pas la teneur exacte, précise que ces méthodes peuvent être utilisées contre des membres présumés d'Al-Qaïda ou des milices talibanes détenus hors des Etats-Unis, pour autant que les militaires n'aient pas spécifiquement l'intention de torturer ces prisonniers. Mais même dans ce cas, les prérogatives du commandant en chef des armées disposant des pleins pouvoirs en temps de guerre prévalent sur les conventions de Genève, insiste-t-on.

"Nos positions antérieures disent clairement que le droit international n'est pas le droit fédéral (américain) et que le président est libre de s'en affranchir à sa discrétion", a écrit John Yoo, à l'époque assistant adjoint du ministre de la Justice au Bureau du conseiller juridique.

Il propose aussi une ligne de défense au cas où un interrogateur serait accusé de violer le droit américain ou international: "Même si les interdictions pénales soulignées plus haut s'appliquent et qu'une méthode viole ces interdictions, la nécessité ou l'auto-défense peuvent fournir des justifications en cas d'accusation criminelle", estime-t-il.

La note a été annulée en décembre 2003, à peine neuf mois après sa transmission au conseiller général du département de la Défense, l'avocat William Haynes.

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ANTIWAR.COM

14/11/08


As a candidate for president, Barack Obama opposed waterboarding and other sadistic forms of "enhanced interrogation."

As president, however, he could be changing his tune.

A recent article in the Wall Street Journal reports that key members of the transition team are Republicans and "centrists" who want the CIA to keep torturing. The article goes on to say that Obama, who initially opposed warrantless wiretapping yet voted for it in the Senate, could renege on his campaign promise to end torture, too:

"The new president could take a similar approach to revising the rules for CIA interrogations, said one current government official familiar with the transition. Upon review, Mr. Obama may decide he wants to keep the road open in certain cases for the CIA to use techniques not approved by the military, but with much greater oversight."

What is the moral difference between a Republican administration that practices torture and indefinite detention without trial and a Democratic administration that does the same?

Answer : none.

Of course, you won't read the about any of this at the Daily Kos or Huffington Post. Unlike them, Antiwar.com is not, has not been, and will not be in the tank for any politician or party, and we aren't afraid to take on the wildly popular president-elect.

Because if torture is negotiable, then everything is negotiable – there is no promise Obama can't break.

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Photo prise le 23 juillet 2008
REUTERS/Randall Mikkelsen

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Une photo du "Camp VI" qui ne vous rappelle rien ?

Roger Ripert

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Un juge ordonne la libération de cinq Algériens de Guantanamo

 

Reuters - 21/11/8 - Un tribunal de Washington a ordonné jeudi la remise en liberté de cinq Algériens détenus à Guantanamo, infligeant un nouveau revers au président américain George Bush.

Le juge de district Richard Leon s'est prononcé sur la base du verdict de la Cour suprême qui a reconnu aux pensionnaires de la prison américaine de Cuba le droit de contester leur détention.

Barack Obama, futur président des Etats-Unis, a promis de fermer Guantanamo, ce qui n'empêche pas les procédures entamées par quelques 200 détenus de se poursuivent.

A l'énoncé de son verdict, retransmis par téléphone à Guantanamo, le juge Leon a déclaré que les pouvoirs publics n'avaient pas apporté la preuve des intentions des plaignants, que George Bush a accusés de préparer un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo.

Arrêtés en Bosnie en octobre 2001, ils ont été transférés en janvier 2002 sur la base cubaine, où ils étaient détenus sans jugement en tant qu'"ennemis combattants".

Les avocats du département de la Justice ont annoncé le mois dernier qu'ils n'avaient pas l'intention de reprendre les allégations du président pour justifier le maintien en détention des suspects. Ils les ont en revanche accusés d'avoir voulu gagner l'Afghanistan fin 2001 pour combattre dans les rangs des taliban contre les forces américaines.

Pour les cinq dont le magistrat a ordonné la remise en liberté, les éléments à charges, "qui reposent sur une source anonyme" [sic], ont été jugés insuffisants. Le magistrat les a en revanche jugés convaincants pour un sixième Algérien, Belkacem Bensayah.

"Nous contestons la décision de la cour selon laquelle nous n'avons pas apporté la preuve de la charge concernant les (cinq) autres détenus", a réagi le porte-parole de la Maison blanche, Tony Fratto.

Les pouvoirs publics peuvent faire appel, mais le juge les a invités à y renoncer.

La décision du juge Leon est la deuxième de ce type. Le mois dernier, le juge Ricardo Urbina avait ordonné la remise en liberté de 17 Ouïgours, minorité musulmane chinoise. Les autorités ont fait appel.

Il reste 255 détenus en captivité à Guantanamo.

James Vicini, version française Jean-Philippe Lefief avec Henri-Pierre André

 

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A la une : des musiciens dénoncent l'utilisation de leurs chansons
comme arme de torture par l'armée américaine


AP -10/12/8 - Du rock diffusé à plein volume pendant des jours dans des cellules. Cette pratique utilisée par l'armée américaine en Irak, en Afghanistan et à Guantanamo pour briser psychologiquement des détenus est dénoncée non seulement par les prisonniers mais aussi par des musiciens qui ne veulent plus que leurs compositions soient utilisées comme instrument de torture.

Une campagne de protestation lancée mercredi réunit ainsi des groupes et artistes de renom, dont Massive Attack.

Donald Vance, un entrepreneur de Chicago qui travaillait avec l'armée américaine a subi ce traitement pendant des semaines lors de sa détention en Irak. Soupçonné de vente d'armes à des insurgés, il a été enfermé dans une cellule glaciale de 2,3m x 2,3m, où un haut-parleur protégé par une grille métallique déversait 20 heures par jour un torrent de décibels.

M. Vance, qui clame son innocence, a raconté à l'Associated Press que s'il avait pu, il se serait suicidé pour échapper à cet enfer. Il portait une combinaison et des tongs et n'avait rien pour se protéger du froid. "Je n'avais ni couverture ni drap", dit-il. "Si j'en avais eu, j'aurais probablement tenté de me suicider."

Outre le haut-parleur placé dans sa cellule, deux autres, de grande taille, étaient installés dans le couloir à l'extérieur, explique-t-il. La musique était quasi-permanente, précise-t-il. Il s'agissait essentiellement de hard rock.

Pendant plusieurs mois, M. Vance a subi cette agression sonore menée à coups de chansons d'AC/DC, Nine Inch Nails, Queen, Pantera... "Je ne peux pas vous dire combien de fois j'ai entendu 'We Will Rock You' de Queen", dit-il.

Cette pratique a été courante dans la guerre menée par les Etats-Unis contre le terrorisme. Elle a été autorisée le 14 septembre 2003 par le général Ricardo Sanchez, alors commandant de l'armée américaine en Irak, pour "créer la peur, désorienter (...) et prolonger le choc de la capture".

M. Vance était au moins familier de la musique rock, contrairement à de nombreux détenus en Afghanistan, où l'armée américaine a commencé à utiliser cette technique. Binyam Mohammed, aujourd'hui prisonnier à Guantanamo Bay, raconte que les hommes avec qui il était enfermé dans la "prison noire" de la CIA (Milan: CIA.MI - actualité) en Afghanistan finissaient par hurler et à se frapper la tête contre les murs, incapables d'en supporter davantage.

Aujourd'hui, des musiciens se rassemblent pour demander à l'armée de cesser d'utiliser leurs compositions contre des détenus. La campagne lancée mercredi réunit Massive Attack et d'autres groupes, et des musiciens comme Tom Morello, un ancien membre de Rage Against the Machine et Audioslave, qui mène aujourd'hui une carrière solo.

Elle se traduira par des minutes de silence lors de concerts et de festivals, explique Chloe Davis, de l'association juridique britannique Reprieve, qui défend des dizaines de détenus de Guantanamo et organise la campagne.

Selon le contre-amiral David Thomas, commandant de la prison de Guantanamo, cette pratique n'a pas été utilisée depuis son arrivée il y a environ six mois. Le commandant Pauline Storum, porte-parole du centre de détention, a refusé de préciser quand et comment cette technique y avait été employée auparavant.

Des agents du FBI à Guantanamo ont rapporté de nombreux cas d'exposition de détenus aux décibels, une pratique dont on leur avait dit qu'elle était "courante ici". Selon une note de service du FBI, un chargé d'interrogatoire de Guantanamo s'est vanté de pouvoir "briser" quelqu'un en quatre jours, en l'exposant alternativement à 16 heures de musique et de lumières et quatre heures de silence et d'obscurité.

Il n'y a pas que du hard rock, voire du rap, qui est utilisé contre les détenus. Christopher Cerf, qui a écrit des chansons pour l'émission de télévision pour enfants "Sesame Street" ("1, rue Sésame" en français), a été horrifié d'apprendre que certaines avaient été employées dans ce but par l'armée.

L'épreuve aura duré plusieurs mois pour M. Vance, finalement libéré au bout de 97 jours, il y a deux ans. Lorsqu'on lui demande de décrire ce qu'il a subi, il répond: "vous n'êtes plus vous-même. Vous ne pouvez plus formuler vos propres pensées dans un tel environnement." Cela peut rendre fou, assure-t-il. AP

Sur Internet : Reprieve Zero dB campaign: http://zerodb.org/

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Murat Kurnaz présente un livre sur son calvaire à Guantanamo,
"Un innocent en Enfer", le 10 juillet 2008 à Madrid

Copyright © 2009 AFP

 

"Même le diable n'aurait pas pu créer Guantanamo"

Lucile MALANDAIN


AFP - 22/1/9 - Battus, attachés des heures durant, humiliés, enfermés des années dans de minuscules cellules sans lumière du jour, les détenus qui sortiront de la prison de Guantanamo à sa fermeture ne sont pas au bout de leur calvaire.

"Personne ne peut imaginer combien c'était terrible. Même le diable n'aurait pu créer un endroit aussi mauvais", a expliqué à l'AFP Mustapha Ait Idir, 38 ans, libéré en décembre dernier après sept ans d'emprisonnement à Guantanamo.

Il a été totalement innocenté par la justice américaine.

"Les gardiens avaient l'habitude de venir en groupe de six ou sept et utilisaient d'abord des pulvérisateurs à gaz, et c'est alors que le tabassage commençait", se souvient-il. "Une fois, j'ai vu un docteur en compagnie des gardiens. Il désignait certains endroits sur le corps et disait +frappez-le ici+. Après le tabassage, il n'y avait pas de marques de coups visibles sur le corps mais on avait tellement mal qu'on ne pouvait pas bouger", a-t-il raconté.

"Ces hommes sont restés trois ans sans voir qui que ce soit d'autre que leurs gardiens", a de son côté expliqué à l'AFP David Remes, avocat d'une vingtaine de détenus. Les premiers conseils d'avocats n'ont été autorisés à se rendre au chevet de leur client que fin 2004, près de trois ans après l'ouverture du centre de détention.

Tous les avocats civils de détenus interrogés par l'AFP racontent le choc qu'ils ont ressenti la première fois qu'ils se sont rendus à la prison, même si, pour des raisons de sécurité, ils ne peuvent entrer dans les détails.

Conseil de Lakhdar Boumediene, qui comme M. Idir a été totalement blanchi en novembre par la justice américaine, Stephen Oleskey avait néanmoins expliqué comment son client, en grève de la faim depuis des mois, était "maintenu deux fois par jour sur une chaise, attaché en sept endroits, avec un masque sur la bouche" pour être nourri de force, à l'aide d'un tuyau introduit par le nez.

"Une de ses narines a cédé, ils utilisent l'autre, parfois le tuyau va vers le poumon et non l'estomac: c'est de la torture", avait-il déploré.

En tout, environ 800 hommes, soupçonnés de terrorisme, sont passés par les geôles de Guantanamo, dont quelque 550 ont été libérés ou transférés, selon le Pentagone.

Soixante-deux d'entre eux ont fait l'objet d'une étude menées par deux universitaires de Berkeley (Californie, ouest), Laurel Fletcher et Eric Stover.

"Le cauchemar des détenus ne s'arrête pas avec leur libération : ces hommes qui n'ont jamais été inculpés d'aucun crime et à qui on n'a jamais donné l'occasion de laver leur honneur souffrent d'un +stigmate Guantanamo+ durable et ne parviennent pas à retrouver du travail", expliquent les chercheurs.

L'étude décrit aussi les cauchemars et les angoisses liés à leurs souvenirs, comme ce détenu attaché pendant des heures dans une position inconfortable avec de la musique à fond et une lumière très intense.

"Au début, vous ne sentez rien puis après un moment (...), vous commencez à avoir des crampes aux cuisses, aux fesses, aux mollets et lentement, vos jambes s'engourdissent (...) et même quand vous fermez les yeux, vous pouvez toujours voir cette lumière et vous commencez à halluciner", détaille-t-il.

Les chercheurs observent "un effet cumulatif" de ces mauvais traitements qui se répètent "dans la durée".

Libéré après cinq ans de calvaire alors que personne n'avait rien à lui reprocher, Murat Kurnaz a raconté ces années cauchemardesques en mai devant les rangs dégarnis de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

"Je n'ai rien fait de mal et j'ai été traité comme un monstre", a-t-il raconté, évoquant de nombreuses tortures lorsqu'il était à Kandahar (Afghanistan).

"J'ai été privé de sommeil, placé à l'isolement, soumis à des humiliations religieuses et sexuelles, battu à de nombreuses reprises, interrogé encore et encore" et laissé à la merci des caprices de geôliers. "Il n'y avait pas de loi à Guantanamo", a-t-il insisté.

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Il faut s'en réjouir, même si ce n'est que d'ici un an...

Barack Obama doit signer ce jeudi le décret de fermeture de Guantanamo

Par Lara Jakes et David Espo


AP - 22/1/9 - Le président Barack Obama devait entamer jeudi une révision importante de la politique de la sécurité nationale en ordonnant la fermeture d'ici un an du centre de détention de Guantanamo, le réexamen du fonctionnement des tribunaux militaires jugeant des terroristes présumés et l'arrêt des techniques d'interrogatoires "musclées", assimilées à de la torture par les organisations de défense des droits de l'Homme.

Quatre décrets au total devaient être signés, ont précisé sous le couvert de l'anonymat deux hauts responsables de la nouvelle administration américaine. Le nouveau chef de la Maison Blanche, explique l'un de ces responsables, devait en premier lieu signer jeudi le décret ordonnant la fermeture de Guantanamo.

Barack Obama, durant sa campagne électorale, s'est engagé à fermer rapidement le centre de détention controversé ouvert en 2002, après les attentats du 11 septembre 2001. Quelque 245 "terroristes présumé" [sic] y sont toujours détenus, la plupart sans inculpation ni jugement en dehors de tout cadre légal. L'ancienne administration Bush a toujours considéré les prisonniers de Guantanamo comme des "combattants ennemis" -statut créé pour l'occasion-, ne bénéficiant pas des droits conférés par la loi fédérale américaine ou les Conventions de Genève sur les prisonniers de guerre.

Le projet de décret, dont l'Associated Press a obtenu copie mercredi, souligne que la fermeture du camp situé sur la base navale américaine à Cuba servirait "les intérêts de la sécurité nationale, de la politique étrangère et de la justice américaines", à la lumière des "importantes préoccupations suscitées, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger" par la détention actuelle des prisonniers du camp.

Le texte prévoit un rééxamen systématique des dossiers, pour chaque détenu. "Il est dans l'intérêt des Etats-Unis d'évaluer si chacun de ces individus peut et doit être poursuivi en justice", explique ce document.

En attendant, le ministère de la Défense a demandé mercredi une suspension de 120 jours de la procédure judiciaire pour les détenus de Guantanamo inculpés de crimes de guerre. Deux magistrats militaires en charge du dossier de six accusés ont rapidement fait droit à cette requête.

Un groupe de travail, créé par un autre décret, va par ailleurs être chargé de recommander dans un délai d'un mois les procédures à suivre pour l'incarcération à l'avenir des "suspects de terrorisme" [sic]. Ce groupe se penchera en particulier sur la question des lieux de détention après la fermeture de Guantanamo.

Un décret spécifique ordonnera à tout le personnel militaire américain de son conformer aux dispositions du Manuel de terrain de l'armée pour l'interrogatoire des détenus. Ce manuel interdit explicitement le recours aux menaces, à la coercition, aux violences physiques et au simulacre de noyade ou "waterboarding".

Cette technique consiste à attacher un détenu sur une planche, lui envelopper la tête de Cellophane et verser de l'eau dessus. Ceci provoque des réflexes de suffocation et une peur panique de la noyade chez le prisonnier, pour le forcer à parler.

Le ministère de la Justice, enfin, recevra par décret des instructions pour se pencher sur le cas d'Ali al-Marri, originaire du Qatar et seul "combattant ennemi" actuellement détenu sur le sol américain. Il s'agit de déterminer si Al-Marri, "soupçonné d'être un agent dormant d'Al Qaïda" [sic], a le droit de poursuivre le gouvernement pour obtenir une remise en liberté, un droit que la Cour suprême a déjà accordé aux détenus de Guantanamo. AP

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Qui dirige aux USA : le Pentagone ou le Maison-Blanche ?

Robert Gates ne soutient pas le décret Obama sur Guantanamo (association)

AFP - 6/2/9 - L'Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu) a critiqué le secrétaire américain à la Défense Robert Gates en l'accusant de ne pas soutenir le décret du président Obama ordonnant la fermeture de Guantanamo et la suspension des procédures judiciaires.

"Le décret signé par le président Obama ordonnant la fermeture de Guantanamo et l'arrêt des procédures judiciaires n'est semble-t-il pas arrivé jusqu'au secrétariat à la Défense", a estimé Anthony Romero, président de l'Aclu, lors d'une conférence de presse.

Le décret a été signé le 22 janvier, au deuxième jour de mandat de Barack Obama.

Mais une semaine plus tard, un juge militaire a refusé d'accéder à la demande de l'accusation, répondant à l'ordre du président, de suspendre pendant 120 jours la procédure dont il a la charge.

Du coup, le Saoudien Abd al-Rahim al-Nashiri, accusé d'avoir participé à l'attentat du navire américain USS Cole, au Yémen en 2000, qui avait tué 17 personnes, doit comparaître lundi à Guantanamo pour dire s'il plaide coupable ou non.

"Le secrétaire à la Défense a certainement la capacité d'arrêter ces procédures", a déclaré M. Romero. "Il faut savoir si c'est la main droite qui ne sait pas ce que fait la main gauche, si c'est une révolte dans l'administration Obama ou si le nouveau secrétaire Gates est juste le même que l'ancien secrétaire Gates", a-t-il poursuivi.

Robert Gates, qui a pris la tête du Pentagone fin 2006 nommé par George W. Bush, a été maintenu dans ses fonctions par Barack Obama.

Selon un porte-parole du Pentagone interrogé par l'AFP, Robert Gates n'a pas le pouvoir de renverser la décision d'un juge. Seule la présidente des tribunaux d'exception, la juge à la retraite Susan Crawford, nommée à ce poste par M. Bush, peut le faire.

Jeudi soir, elle n'avait toujours pas annoncé de décision dans le cas Al-Nashiri.

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La Croix-Rouge parle de "torture" dans les geôles de la CIA

Reuters - 16/3/9 - Dans un rapport secret, le Comité international de la Croix-Rouge estime que le traitement infligé aux détenus d'Al Qaïda dans les prisons gérées par la CIA constituait des actes de torture, rapporte le Washington Post lundi.

Le quotidien cite des extraits d'un document datant de 2007 et qui sous-entend que les Etats-Unis ont enfreint les règlements internationaux interdisant la torture et les mauvais traitements imposés aux prisonniers.

Les sévices, qui se traduisaient par des brutalités physiques et psychologiques pratiquées dans les prisons de la CIA à l'étranger, sont décrits comme "des traitements cruels, inhumains et dégradants".

Le Washington Post précise que les constations du CICR se fondent sur des contacts avec 14 détenus considérés par l'agence comme "importants" après leur transfert en 2006 à la base de Guantanamo.

Le CICR cite des cas de passage à tabac, d'interdiction de dormir, d'exposition à des températures extrêmes et dans certaines occasions de simulations de noyade.

Le journal ajoute qu'au moins cinq exemplaires du rapport ont été diffusés au sein de la CIA et parmi des responsables de la Maison blanche en 2007.

"Les mauvais traitements auxquels ils ont été soumis lors de leur détention par la CIA constituent des cas de torture", précise Mark Danner, enseignant en journalisme qui a pu se procurer une copie du rapport.

Un responsable américain, cité par le Post et ayant eu connaissance du document du CICR a déclaré: "il est important de garder à l'esprit que ce rapport se fonde sur des affirmations faites par les terroristes eux-mêmes." [sic]

La CIA n'a pas voulu faire de commentaires pour l'instant.

L'ancien président George W. Bush avait lui-même reconnu l'usage de mesures coercitives lors des interrogatoires de prisonniers appartenant à Al Qaïda.

Mais l'ex-chef de l'Etat américain avait affirmé en 2007 que les interrogatoires menés par la CIA respectaient les conventions de Genève.

Version française Pierre Sérisier

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Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture estime que les avocats de Bush devraient être poursuivis

AP - 24/4/9 - Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Manfred Nowak, a affirmé vendredi que les Etats-Unis devaient poursuivre les avocats de l'administration Bush qui ont approuvé le recours à la torture dans les interrogatoires.

Selon Manfred Nowak, les autorités américaines sont obligées, en vertu de la Convention des Nations unies contre la torture, de poursuivre les responsables du ministère américain de la Justice qui ont écrit des notes de service définissant de manière précise la torture dans l'objectif de la justifier et de la légitimer, et qui ont assuré les dirigeants de la CIA que le recours à des méthodes discutables d'interrogatoire était légal.

"C'est exactement ce que j'appelle complicité ou participation" à la torture comme le définit la Convention, a déclaré Manfred Nowak lors d'une conférence de presse à Vienne. "A cette époque, toute personne raisonnable savait que le 'waterboarding' (qui consiste à simuler la noyade), par exemple, c'est de la torture", a-t-il ajouté.

Manfred Nowak a expliqué qu'il revenait aux tribunaux et aux procureurs américains de prouver que ces notes avaient été écrites avec l'intention d'inciter à la torture. AP

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La polémique autour des méthodes d'interrogatoire de la CIA enfle à Washington

Par Steve Holland


Reuters - 23/4/9 - La tempête politique s'est amplifiée mercredi après que Barack Obama a laissé la porte ouverte à des poursuites contre des membres de l'administration Bush qui ont couvert les méthodes d'interrogatoire de la CIA.

Les républicains ont accusé le président américain de s'être laissé aller à un geste politique, tandis que les démocrates font valoir la nécessité de ne pas répéter de tels actes.

La polémique pourrait s'avérer néfaste pour Obama dont l'action et la communication se concentrent sur l'économie.

C'est toutefois lui qui l'a déclenchée en faisant publier la semaine dernière des notes confidentielles détaillant les techniques employées sur des détenus soupçonnés de terrorisme et leur justification.

Barack Obama a répété cette semaine qu'il ne souhaitait pas de poursuites contre les agents de la CIA ayant eu recours à ces méthodes - dont le simulacre de noyade ou la privation de sommeil, considérées par les ONG comme des formes de torture.

Mais il n'a pas exclu que ceux ayant émis des avis juridiques les autorisant soient renvoyés devant la justice, ce que réclament des associations de défense des droits de l'homme et des responsables de gauche.

Le groupe libéral moveon.org a ainsi appelé l'administration à nommer un procureur spécial pour "enquêter et poursuivre les architectes du programme de torture de l'ère Bush".

RICE ET CHENEY IMPLIQUÉS

Les conservateurs ont reproché à Obama d'avoir négligé sa promesse d'aller de l'avant plutôt que de se pencher sur le passé et Karl Rove, ancien stratège de George Bush, a accusé le président américain de vouloir des "procès spectacles".

"Si l'administration s'évertue à criminaliser les désaccords politiques, comment vont-ils définir les limites et dire qui sera poursuivi ou pas ?", a-t-il dit à Reuters.

"Quiconque est impliqué dans le processus d'interrogation doit être traité de la même façon", a ajouté Karl Rove, citant les agents de la CIA, les scientifiques qui ont supervisé les interrogatoires et les avocats qui ont rédigé les notes.

Cela pourrait "conduire du plus haut niveau de la communauté du renseignement aux parlementaires des deux partis et aux responsables de l'administration Bush qui étaient informés de ces notes et les ont approuvées", a-t-il souligné.

Selon un rapport publié mercredi par la commission du renseignement du Sénat, l'ex-conseillère à la sécurité nationale et secrétaire d'Etat Condoleezza Rice avait approuvé les programmes d'interrogatoire en 2002 et le vice-président Dick Cheney avait donné l'aval de la Maison blanche un an plus tard.

"Il est désormais clair que la Maison blanche d'Obama n'a pas réfléchi avant d'essayer d'apaiser l'aile dure de la gauche démocrate", a estimé Karl Rove.

VERS UNE "COMMISSION VÉRITÉ"

Le ministre de la Justice Eric Holder a prévenu que le droit serait appliqué, quels que soient les personnalités visées.

"Personne n'est au-dessus de la loi", a-t-il dit, précisant cependant que le département de la Justice n'avait pas l'intention de poursuivre les agents de la CIA qui ont agi "de bonne foi" et en vertu de règles édictées à plus haut niveau.

Le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs a lui aussi tenté d'apaiser le débat en expliquant que Barack Obama considérait ces notes comme un outil de réflexion et non de punition.

Trois sénateurs de renom connus pour leur opposition aux méthodes décriées ont répliqué que l'éventualité de poursuites constituerait un danger pour l'action politique.

"Lancer de telles procédures aura, nous le croyons, des effets négatifs sur la franchise avec laquelle les responsables de toute administration offrent leurs meilleurs avis", ont souligné ces trois sénateurs, parmi lesquels figure l'adversaire d'Obama à la présidentielle, le républicain John McCain.

Les parlementaires démocrates ont quant à eux renouvelé leur souhait de créer dans un premier temps une commission d'enquête parlementaire.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a espéré qu'une "commission vérité" pourrait "lever tous les doutes sur les valeurs qui dictent la façon dont nous protégeons le peuple américain".

Pour l'ancien chef du service de presse de George Bush, Ari Fleischer, même Obama devrait redouter une enquête car le "scandale créerait des divisions extraordinaires et dévasterait Washington pour plusieurs années".

Version française Grégory Blachier

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Le "waterboarding" relève de la torture, a dit Barack Obama

AP - 30/4/9 - Le waterboarding ou simulation de noyade, autorisé par l'ex-président américain George W. Bush, relève de la torture, a déclaré Barack Obama mercredi à la Maison Blanche, au cours de la conférence de presse marquant ses 100 jours à la présidence américaine.

Les informations, alors obtenues chez les suspects de terrorisme, auraient pu être obtenues autrement. Barack Obama a affirmé être convaincu qu'il a eu raison d'interdire le waterboarding, ainsi que de rendre public les mémos tenus par l'administration Bush et qui détaillaient les procédés mis en place lors des interrogatoires.

Barack Obama s'était retrouvé sous le feu de la critique de l'ex-vice-président américain Dick Cheney et d'autres Républicains, l'enjoignant de dire si ces pratiques avaient pour autant rendu le pays moins sûr.

Dick Cheney et d'autres parlementaires républicains avaient exhorté Barack Obama à publier les mémos, pour montrer "comment le waterboarding avait permis d'obtenir des informations" [sic]. AP

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Enquête espagnole sur la torture à Guantanamo


AP - 29/4/9 - Le juge d'instruction le plus connu d'espagne a ouvert une enquête mercredi sur les tortures qu'aurait autorisées l'administration Bush dans la prison américaine de Guantanamo pour "terroristes présumés" [sic], à Cuba.

Baltasar Garzon a déclaré que la récente levée du secret défense sur certains documents, décidée par le nouveau gouvernement américain, suggérait un recours systématique à la torture. Il s'est prévalu du principe de juridiction universelle qui autorise l'Espagne à engager des poursuites pour certains crimes particulièrement graves commis dans d'autres pays.

L'enquête vise de "possibles auteurs concrets" de torture, leurs complices et ceux qui ont ordonné les tortures, mais aucun nom n'est précisé. Le juge a précisé qu'il demanderait aux Etats-Unis de lui transmettre les documents compromettants. Il a aussi dit s'appuyer sur les témoignages de quatre anciens détenus de Guantanamo -un espagnol, un Maricain vivant en Espagne de longue date, et deux homme vivant en Grande-Bretagne- qui affirment avoir été torturés. Ces suspects ont été jugés en Espagne et innocentés.

Ces poursuites n'ont rien à voir avec la plainte déposée par des avocats des droits de l'Homme contre six responsables de l'administration Bush accusés d'avoir mis en place le cadre légal permettant la torture à Guantanamo et dans d'autres lieux de détention américains. Le parquet espagnol a estimé le 17 avril qu'une telle enquête ne devrait être menée qu'aux Etats-Unis et a donc recommandé de ne pas l'ouvrir en Espagne. AP

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La privation de sommeil [et de rêve] comme moyen de torture

US terror suspects subjected to sleep deprivation

 

Breitbart.com - 9/5/9 - More than 25 of the CIA's war-on-terror prisoners were subjected to sleep deprivation during the administration of former president George W. Bush, The Los Angeles Times reported.

Citing memoranda made public by the Justice Department, the newspaper said that at one point, the Central Intelligence Agency was allowed to keep prisoners awake for as long as 11 days.

However, the limit was later reduced to just over a week, the report said.

Sleep deprivation had been one of the most important elements in the CIA's interrogation program, used to help break dozens of suspected terrorists, the paper said.

The technique is now prohibited by President Barack Obama's ban on harsh interrogation methods issued in January, although a task force is reviewing its use along with other interrogation methods, The Times said.

But the Justice Department memos released last month indicate the method involved forcing chained prisoners to stand, sometimes for days on end, the report said.

The prisoners had their feet shackled to the floor and their hands cuffed close to their chins, The Times said.

Detainees were clad only in diapers and not allowed to feed themselves. A prisoner who started to drift off to sleep would tilt over and be caught by his chains, according to the report.

Medical personnel were to make sure prisoners weren't injured. But a 2007 Red Cross report on the CIA program said detainees' wrists and ankles bore scars from their shackles, The Times said.

When detainees could no longer stand, they could be laid on the prison floor with their limbs "anchored to a far point on the floor in such a manner that the arms cannot be bent or used for balance or comfort," the paper said, citing a May 10, 2005, memo.

"The position is sufficiently uncomfortable to detainees to deprive them of unbroken sleep, while allowing their lower limbs to recover from the effects of standing," the report quotes the document as saying.

Within the CIA, sleep deprivation was seen as a method with the unique advantage of eroding prisoners' will to resist without causing lasting harm, The Times noted.

 

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Un rapport révèle les dessous des techniques d'interrogatoire de la CIA

LEMONDE.FR avec AFP - 22/4/9 - un rapport de la commission des services armés du Sénat américain, publié mardi 21 avril, a détaillé l'origine des techniques d'interrogatoire issues de l'armée et utilisées dans la lutte antiterroriste sous la présidence de George W. Bush. Le document explique, avec davantage de détails que son résumé publié en décembre, la mise en place des techniques utilisées par la CIA au centre de détention de Guantanamo. Ces dernières ont été concoctées par des militaires et appliquées dans les prisons afghanes, à Guantanamo, puis en Irak. Parmi ces méthodes se trouvent notamment la gifle, la nudité des détenus et les positions de stress.

Le rapport souligne également l'influence du secrétaire à la défense d'alors, Donald Rumsfeld, dans l'utilisation de ces techniques. Le document établit, témoignages à l'appui, que M. Rumsfeld a approuvé l'utilisation de ces méthodes "poussées" [de torture].

"A mon sens, le rapport représente une condamnation à la fois des techniques d'interrogatoire de l'administration Bush et des hauts responsables qui ont tenté de faire porter le chapeau des abus – tels que ceux observés à Abou Ghraib, Guantanamo et en Afghanistan – à des soldats subalternes", écrit le président de la commission des services armés du Sénat, Carl Levin, dans un communiqué accompagnant la publication du rapport.

Le document met en lumière les techniques utilisées par l'armée américaine pour entraîner ses soldats à résister à d'éventuels interrogatoires ennemis en les soumettant à des brimades. En janvier 2003, les spécialistes de ces techniques au sein de la marine s'étaient rendus à Guantanamo pour y entraîner les interrogateurs, selon le rapport. Après l'Afghanistan et Guantanamo, les mêmes techniques d'interrogatoires ont été utilisées en Irak.

Le rapport, jusqu'à ce jour classé, avait été approuvé par la commission sénatoriale en novembre 2008. Sa publication fait suite à celle, jeudi 16 avril, par l'administration Obama de notes internes qui fournissaient à la CIA – avec de nombreux détails – l'argumentaire juridique pour infliger aux terroristes présumés des traitements censés les faire parler, comme la simulation de noyade.

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Pentagon to Release Detainee Photos...

WASHINGTON — The New York Times - 24/4/9 - The Pentagon has agreed to release dozens of previously undisclosed photographs depicting the abuse by American military personnel of captives in Iraq and Afghanistan, it was disclosed on Friday.

“These photographs provide visual proof that prisoner abuse by U.S. personnel was not aberrational but widespread, reaching far beyond the walls of Abu Ghraib,” said Amrit Singh, a staff attorney with the A.C.L.U., which sued for release of the pictures under the Freedom of Information Act.

There were early reports that at least some of the new pictures show detainees being intimidated by American soldiers, sometimes at gunpoint, but Ms. Singh said it is not yet clear what kinds of scenes were captured, and by whose cameras.

The Abu Ghraib photographs, showing prisoners naked or in degrading positions, sometimes with Americans posing smugly nearby, caused an uproar in the Arab world and concerns within the military that the actions of a relatively few service members were detracting from the sacrifice and valor of thousands of fighting men and women.

Disclosure of the latest pictures “is critical for helping the public understand the scope and scale of prisoner abuse as well as for holding senior officials accountable for authorizing or permitting such abuse,” said Ms. Singh, who argued the case before the United States Court of Appeals for the Second Circuit, in Manhattan.

The exact number of new pictures was uncertain. In a letter to Judge Alvin K. Hellerstein of United States District Court in Manhattan, Lev L. Dassin, the acting United States Attorney for the Southern District of New York, said the Pentagon had agreed to release 44 photographs involved in the case, plus “a substantial number of other images” gathered by Army investigators.

The Pentagon’s decision to release the pictures came after the A.C.L.U. prevailed at the Federal District Court level and before a panel of the Second Circuit. The full Second Circuit had declined to reconsider the panel’s decisions, and Robert Gibbs, the chief White House spokesman, said on Friday that Justice Department lawyers had concluded they would not be able to persuade the Supreme Court to review the case.

The Pentagon had fought the release of the photographs, connected with investigations between 2003 and 2006, on the grounds that the release could endanger American military personnel overseas and that the privacy of detainees would be violated. But the Second Circuit, upholding Judge Hellerstein, said the public interest involved in release of the pictures outweighed a vague, speculative fear of danger to the American military or violation of the detainees’ privacy.

A Pentagon spokesman, Bryan Whitman, said on Friday that while Defense Department officials are still concerned that release of the pictures could make the military’s mission more difficult, that consideration was less pressing now, given that Iraq is more stable than it was two or three years ago.

Terry Mitchell, chief of the audio-visual unit in the Defense Department’s public affairs office, said on Friday that planning for making the pictures public was just getting under way, so he had no information on the format and timing of the release.

When photographs of prisoners being abused at Abu Ghraib were made public in 2004, showing detainees being subjected to humiliation and intimidation, they caused widespread revulsion. Several military people were prosecuted and punished, but most of them were relatively low-ranking. (Mr. Whitman said more than 400 people had been disciplined for mistreating prisoners, with penalties ranging from prosecution and imprisonment to demotions or reprimands.)

Ms. Singh of the A.C.L.U. said the release of more pictures will make clearer than ever the need for an independent investigation into abuse of prisoners “so the public can see for itself the offenses committed in its name,” and punishment of those responsible, including military officers and civilian officials.

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Hooded Iraqi prisoner with wires attached to hands and standing on box at Abu Ghraib Prison, Iraq (AP)

 

Lawmakers Urge Obama to Fight Release of Photos of U.S. Detainee Abuse


The Pentagon plans to release the photos by May 28
in response to a Freedom of Information Act lawsuit filed by the American Civil Liberties Union.

 

By Catherine Herridge

FOXNews.com - 12/5/9 - Some lawmakers are questioning the wisdom of releasing hundreds of photos potentially showing U.S. military personnel abusing prisoners in Iraq and Afghanistan in the aftermath of the Sept. 11 terrorist attacks on New York City and the Pentagon.

"If we release the pictures, the odds are that Al Qaeda and other terrorist groups will then use our pictures to recruit people to come into the war against us," Sen. Joe Lieberman. I-Conn., told FOX News.

The Pentagon plans to release the photos by May 28 in response to a Freedom of Information Act lawsuit filed by the American Civil Liberties Union. The move comes after the Justice Department lost its latest round in federal court and concluded that any further appeal probably would be fruitless.

But critics of the move say it will become a sequel to the Abu Ghraib prison scandal in Iraq, which caused an international backlash against the U.S., with photos in 2004 of grinning U.S. soldiers posing with detainees, some naked, being held on leashes or in painful positions.

Lieberman and Sen. Lindsey Graham, R-S.C., urged President Obama in a letter to "fight" the release of the photos.

White House spokesman Robert Gibbs was noncommittal about the president's position.

"We are working currently to figure out what the process is moving forward," he said.

Asked if that means the decision could be reversed, Gibbs said, "I don't want to get into that right now."

Whether the new photos are as repugnant as those from Abu Ghraib is still an open question. But one U.S. official told FOX News that hundreds of photos are involved, drawn from military investigations into alleged abuse between 2001 and 2005.

A recent military study found a troubling connection. The study, based on the interrogation of 48 detainees, concluded that a motivating factor for bombers was the humiliation of Muslims, depicted in the photos shown repeatedly in the Arab media and on the Internet.

Former Vice President Dick Cheney told FOX News' Neil Cavuto that the Obama administration appears to be "committed to putting out information that sort of favors their point of view in terms of being opposed to, for example, enhanced interrogation techniques."

The head of the American Legion warned in the Wall Street Journal that "a picture may be worth a thousand words, but is it worth the death of a single American soldier?...The Defense Department owes it to the soldiers to appeal to the U.S. Supreme Court in order to block the release of these photos."

The ACLU claims the release will help the American people decide whether the abuse was widespread or, as the Bush administration claimed, bad acts by rogue actors.

"The people in the pictures are guilty, but it does not stop and it is dangerous for us to assume that this is just a few bad apples," said Jonathan Hafetz, an attorney with the group. "This was at the highest levels of the U.S. government, a policy of state-approved torture that the U.S. committed and carried out throughout the Bush administration."

Lieberman told FOX News the release of the photos is not about transparency because the photos are old and Congress has moved aggressively to prevent abuse in the future through the Detainee Treatment Act.

"This is voyeurism," he said. "There's no value to these pictures and again, tremendous potential harm to American and a lot of Americans, particularly those who are good enough to serve us in uniform."

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Obama Reversal on Detainee Photos
President Cites National Security Concerns

 

by Jason Ditz, May 13, 2009



ANTIWAR.COM - 13/5/9 - Attempting to explain the 180 degree turn on the release of detainee abuse photos, President Barack Obama insisted that the content of the photos was “not particularly sensational,” but showed activities that “did not conform with the army manual” and were “associated with closed investigations into alleged abuse.”

The president insisted that there would be “no additional benefit” to releasing the photos, and that they would only serve to “further inflame anti-American opinion and put our troops in greater danger.”

Last month, the Pentagon agreed to release the photos on May 28. The Pentagon had been fighting the release since 2006, but insisted that the “more stable” situation in Iraq made its concerns less pressing now. Sen Lieberman and others in Congress pressured the president to stop the release, saying the pictures had no value and their release was “voyeurism.” For the time being, the political desire to keep these photos a secret has won over popular concern about the abuse.

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Generals Pressed Obama to Block Photo Release
Is President's Reverse Meant to Avoid Bad Press During Egypt Visit ?

by Jason Ditz


ANTIWAR.COM - 13/5/9 - President Obama’s sudden reversal of the Pentagon’s decision to release photos of detainee abuse came, it has been reported, after several top generals including Gen. Petraeus and Gen. Odierno cautioned that "they believed the release would cost American lives" [sic].

The President’s explanation during today’s press conference was certainly perplexing. He simultaneously argued that the photos didn’t contain anything “particularly sensational” and that releasing them would “further inflame anti-American opinion.” The ACLU has condemned the move, saying it was “profoundly inconsistent with the promise of transparency that President Obama has made time after time.”

The timing of the release may have as much to do with his decision as any serious concerns about the troops. The Pentagon release was due on May 28, while President Obama intends to deliver a high profile talk in Egypt only a week later, on June 4. The release of yet more photos detailing the abuse of prisoners by US forces would likely cast an uncomfortable shadow on the Obama talk.

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BUSH-OBAMA MÊME COMBAT : CELUI de l'INHUMANITÉ

Finalement non, Obama ne publiera pas de photos de tortures US !

LEXPRESS.fr - 14/5/9 - Les grandes organisations de défense des libertés se disent indignées par la reculade du nouveau président américain. Barack Obama avait promis de publier de nouvelles photos de sévices qu'auraient pratiqués des soldats américains sur des prisonniers.
Après réflexion, c'est non. Barack Obama, inquiet que la publication de nouvelles photos, n'enflamme l'opinion anti-américaine, il a ordonné à son administration de contester l'ordre de justice sommant le Pentagone de rendre publiques ces photos montrant les abus auxquels se seraient livrés des soldats américains sous l'ère Bush dans des prisons d'Irak ou d'Afghanistan.
Cette décision risque de conforter ceux qui accusent le président américain de ne pas tenir totalement la promesse de rupture avec les méthodes de son prédécesseur George W. Bush. Des organisations comme l'ACLU se sont émues d'autant plus vivement qu'il y a encore peu, le gouvernement, malgré des réticences, paraissait disposé à se soumettre à l'injonction de la justice.
"Je crois que la publication de ces photos n'ajoutera rien à notre compréhension de ce qu'ont fait un petit nombre d'individus par le passé", a dit M. Obama. "J'en crois qu'en fait, la conséquence la plus directe qu'aurait leur publication, ce serait d'attiser encore davantage les sentiments anti-américains et d'exposer nos soldats à un danger plus grand".

Le Pentagone devait publier des centaines de photos...

Pour autant, les sévices sur des prisonniers "sont interdits et ne seront pas tolérés", a insisté M. Obama, qui a ordonné l'interdiction de la torture et le respect des conventions de Genève après son investiture.
M. Obama et son administration ont souligné que tous les agissements illustrés par ces photos avaient été sanctionnés [sic].
Saisie en 2004 par l'ACLU, la justice a ordonné au département de la Défense de publier 44 photos.
Le Pentagone devait s'exécuter d'ici au 28 mai et semblait même prêt à en publier des centaines...
"Après avoir longuement réfléchi" [sic], M. Obama a jugé que les avocats du gouvernement n'avaient pas choisi la bonne ligne de défense. Il leur a ordonné de retourner devant les juges et d'expliquer que la publication représentait un danger pour les soldats américains, a expliqué le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs.
Pour l'ACLU, "l'adoption par l'administration Obama des tactiques d'obstruction et des politiques d'opacité de l'administration Bush apporte un démenti cinglant au désir exprimé par le président de rétablir l'Etat de droit". Les organisations Amnesty International et Human Rights Watch se sont également indignées.
Elles relèvent que M. Obama s'est aussi opposé à ce que soient poursuivis les responsables politiques de l'administration Bush ayant autorisé le recours contre des suspects de terrorisme à des méthodes qu'elles considèrent comme de la torture.

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Senate Panel Probes Legality of Torture Memos

by William Fisher, May 14, 2009

ANTIWAR.COm - 14/5/9 - "An ethical train wreck" was the phrase used by one witness to describe the legal reasoning behind the Justice Department’s recently released memos justifying the use of waterboarding and other forms of "enhanced interrogation techniques."

The phrase came during the testimony of David Luban, a law professor at Georgetown University, before a panel on administrative oversight and the courts subcommittee of the Senate Judiciary Committee Wednesday.

Sen. Sheldon Whitehouse, a Rhode Island Democrat, chaired the hearing. Whitehouse said the administration of former President George W. Bush inundated the U.S. public in a "near avalanche of falsehood" on the subject of detainee treatment.

"We were told that waterboarding was determined to be legal, but were not told how badly the law was ignored, bastardized and manipulated by the Department of Justice’s Office of Legal Counsel, nor were we told how furiously government and military lawyers rejected the defective OLC opinions," Whitehouse said.

The panel also heard from Bush-era State Department counselor Philip Zelikow, who testified that he unsuccessfully dissented from the Justice Department view that harsh interrogation practices were either legal or moral.

He told the subcommittee — the first congressional panel to address allegations of torture — that Bush administration officials engaged in a "collective failure" on detention and interrogation of suspected terrorists.

He added that the issue was one that senior Bush administration officials did not wish to discuss. He told the panel that he was ordered to rescind a dissenting memorandum he had written on the interrogation issue and to find and destroy all copies of it.

Zelikow, who served as executive director of the 9/11 Committee that investigated the terrorist attacks of Sep. 11, 2001, said that Justice Department memos on "enhanced interrogation techniques" were "unsound, even unreasonable." He called for a "thorough public inquiry" into the issue.

"The U.S. government adopted an unprecedented program of coolly calculated dehumanizing abuse and physical torment to extract information," Zelikow said.

"This was a mistake, perhaps a disastrous one. It was a collective failure," he said.

The panel also heard from a retired special agent of the Federal Bureau of Investigation (FBI). Ali Soufan, who interrogated some suspected al-Qaeda detainees in the U.S. embassy bombings in East Africa, testified from behind a screen to hide his identity.

Soufan said he gained valuable intelligence by using traditional non-coercive FBI interrogation techniques when questioning suspected al Qaeda prisoners.

He said he was replaced at the insistence of the Central Intelligence Agency (CIA), which he said was using inexperienced contractors, not CIA operatives, to conduct interrogations.

Soufan told senators that so-called enhanced interrogation techniques were ineffective and unreliable, and "as a result harmful to our efforts to defeat al-Qaeda."

"It was one of the worst and most harmful decisions made in our efforts against al-Qaeda," he said.

A cautious counterpoint was provided throughout the hearing by Senator Lindsey Graham, a conservative Republican from South Carolina, who has served for many years as a military lawyer in the U.S. Air Force Reserve.

Graham repeatedly made the point that those who pressed for more aggressive interrogation techniques were not "evil" people, but simply those who were trying to protect the country from the next terrorist attack.

He said it should come as no surprise that responsible lawyers can look at the same facts and come to honestly different conclusions.

Prof. Luban disagreed with that reasoning. He told the committee he thought it "impossible that lawyers of such great talent and intelligence could have written these memos in the good faith belief that they accurately state the law."

He added that Justice Department lawyers had a special responsibility not to "rubber stamp administration policies" or "provide cover for illegal actions."

Luban concluded that memos written by Justice Department lawyers in the Bush administration "cherry-picked" legal precedents and failed to consider or mention a 1983 case in which Texas law enforcement officers were prosecuted and jailed for waterboarding prisoners to make them confess.

"A legal adviser must use independent judgment and give candid, unvarnished advice," Luban said.

Three Bush-era lawyers, all working in the DOJ’s Office of Legal Counsel, are the authors of a series of controversial memos recently released by the Obama administration. The so-called "torture memos" were written by John Yoo, now a law professor in California, Jay Bybee, now a federal appeals court judge, and their successor in the office, Steven G. Bradbury.

The Office of Legal Counsel is the DOJ unit that provides the president and other senior government officials with definitive opinions on a wide range of issues. Its views traditionally carry great weight.

Wednesday’s testimony came amid calls for these lawyers — and their superiors — to be criminally prosecuted, disbarred, or investigated in depth as part of a wider Congressional probe of former government officials and contractors for their activities during the Bush war on terror.

The chairman of the Senate Judiciary Committee, Sen. Patrick Leahy, a Vermont Democrat, has proposed a "truth commission" to investigate potential Bush-era war crimes. Others, including many human rights groups, have pressed for appointment of a special prosecutor by the Department of Justice.

An investigation is currently being carried out by the Senate Intelligence Committee. However, most of the testimony in that probe will be secret because of the classified material involved, and it will be many months before the investigation is completed.

President Obama’s reaction to these and other approaches has ranged from lukewarm to ambivalent. While noting that "no one is above the law," he has said repeatedly that his inclination is to look forward, not backward.

(Inter Press Service)

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Obama rétablit les tribunaux militaires à Guantanamo !

AP - 15/5/9 - Le président américain Barack Obama va rétablir les tribunaux militaires à Guantanamo, un dispositif qu'il avait critiqué à l'époque de son prédécesseur George W. Bush.

Les tribunaux d'exception jugeront un petit nombre de prisonniers de la base américaine à Cuba, qui devraient bénéficier d'une meilleure protection juridique qu'auparavant.

Barack Obama avait ordonné l'arrêt de ces cours martiales quelques heures après son arrivée aux commandes des Etats-Unis, en janvier, dans l'attente d'une révision de leur fonctionnement. Il n'avait toutefois pas renoncé à poursuivre les présumés terroristes, comme le faisait George W. Bush.

Cette décision attendue vendredi ne manquera pas de susciter des critiques, certains défenseurs des droits de l'Homme étant déjà stupéfaits du revirement du président sur la publication des photos de torture de prisonniers en Afghanistan et en Irak.

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L’ARMÉE U.S. CONFIRME : LES PHOTOS CENSURÉES MONTRENT BIEN
DES SOLDATS U.S. ENTRAIN DE VIOLER DES PRISONNIERS

Posted by libertesinternets : http://libertesinternets.wordpress.com/

28 mai 2009

Comment Seymour Hersh parle même de vidéos dans lesquelles on entend “le cri d’enfants violés et torturés devant leurs parents”… Et si tout cela vous paraît incroyable, si vous vous dites “Ce n’est pas possible, les Etats-unis ne font pas cela”, allez donc interroger un survivant de My Lai au Vietnam ou bien un paysan Salvadorien des années 1980…

[Gregor Seither - IES News Service - 27/05/2009]

 

(…) Antonio Taguba, l’officier de l’Armée U.S. qui a mêne l’enquête sur les actes de torture et de maltraitance commmis sur les prisonniers d’Abou Ghraib à Bagdad par des soldats U.S, a confirmé, dans un interview à la presse britannique, que parmi les photos saisies chez les geoliers tortionnaires, figurent en effet des images de soldats U.S. entrain de violer des prisonnières et de commetre des abus sexuels sur des prisonniers. Sur au moins une photo on pourrait voir un soldat U.S. entrain de violer une prisonnière irakienne et sur une autre, un soldat interprète entrain de sodomiser un prisonnier.

D’autres photos montrent les soldats entrain d’introduire des objets divers dans l’anus ou le vagin de prisonniers/ères, comme par exemple une matraque, des fils électriques ou encore un tube de néon. Une autre photo montrerait un géolier entrain d’arrcher les vètements d’une prisonnière, exposant sa poitrine.

Le Major General Taguba a précisé, dans son interview accordé au Daily Telegraph, que ces photos figuraient déjà dans son rapport de 2004 et qu’à l’époque il avait déjà signalé les nombreux témoignages de viols et d’abus sexuels commis par les soldats U.S. à Abou Ghraib. L’Administration U.S. avait volontairement empéché la publication de ces photos.

Aujourd’hui encore, le nouveau président U.S. Barack Obama tente d’empécher la divulgation de ces 2 000 photos, affirmant qu’elles risquaient de provoquer la colère du monde arabe et donc mettre en danger les troupes U.S. à travers le monde. Les photos ne documentent pas seulement les abus et actes de torture commis à Abou Ghraib mais également des atrocités commises en Afghanistan et en Irak, de 2001 à nos jours.

Le Maj Gen Taguba, qui a demandé sa mise à la retraite de l’armée en 2007, a déclaré qu’il approuvait la décision d’Obama de ne pas publier ces photos :

“Ces images montrent des cas de torture, de viol et d’actes incroyablement indécents. Je ne vois pas l’utilité de les révélér au public à moins de les verser à un dossier légal. La seule conséquence d’une telle publication serait de mettre nos troupes en danger, les seuls défenseurs de notre politique étrangère, à un moment où nous avons le plus besoin d’eux.

Il n’est pas nécessaire de montrer ces images, leur seule description dans mon rapport est déjà suffisante pour se faire dresser les cheveux sur la tête. Vous pouvez me croire.”

En avril dernier, l’administration Obama avait déclaré qu’elle était prête à révéler ces photos, suite à un jugement en faveur de la American Civil Liberties Union (ACLU) qui en avait exigé la publication. Mais c’était sans compter avec le puissant lobby militaire à Washington qui a mené une campagne tenace pour faire disparaître ses photos en usant de l’argument de la “sécurité de nos troupes”.

Début mai, Barack Obama a donc fait volte face en déclarant : “A mon avis, l’unique conséquence directe de leur publication, sera d’enflamer l’opinion publique anti-Américaine et exposer nos troupes à un grand danger.”

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La torture sous Bush : la liste des «treize tortionnaires»


Par Pierre Haski

Rue89 - 23/5/9 - Il y avait déjà les «sept mercenaires», les «douze salopard», voici les «treize tortionnaires». Il ne s'agit pas d'un film, mais de la liste, diffusée par le site américain Salon.com, des treize officiels américains responsables du recours à la torture dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Un élément de plus dans la formidable polémique entourant le

Salon.com, des treize officiels américains responsables du recours à la torture dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». Un élément de plus dans la formidable polémique entourant les dossiers noirs de l'ère Bush qui empoisonnent les débuts de Barack Obama.

A l'image de la France, qui a été hantée pendant des décennies par la question de la torture en Algérie, les Etats-Unis n'en sont qu'au début d'un long calvaire provoqué par cet héritage empoisonné légué par l'administration Bush.

L'échange acrimonieux cette semaine, entre Barack Obama et l'ancien vice-président Dick Cheney, autour des prisonniers de Guantanamo, ainsi que le refus des sénateurs démocrates de voter les fonds nécessaires pour fermer l'indigne camp de prisonniers situé sur l'île cubaine, montre l'ampleur des dégats.

Cette liste est intéressante, car, à côté des noms les plus connus -Bush, Cheney, Rumsfeld, Tenet…-, on trouve les petites mains obscures nécessaires dans toutes dérive totalitaire : celle des juristes qui rédigent les actes nécessaires dans ce qui se veut toujours un Etat de droit, des psychologues qui déterminent quelles tortures sont acceptables et d'autres pas… Sans eux, la façade démocratique ne tiendrait pas.

Voici, dans l'ordre donné par Marcy Wheeler sur Salon.com, ces douze hommes et une femme qui portent cette lourde responsabilité, et qui échappent, pour l'instant, à toute action en justice.


1. Dick Cheney, vice-président de George W. Bush
Vice-Président des Etats-Unis pendant les deux mandats de George W. Bush (2001-2009). Avec son conseiller David Addington (lire ci-dessous), il a déterminé au lendemain du 11-Septembre que les lois internationales ne pouvaient pas empêcher les Etats-Unis de pratiquer la torture dans le cadre de leur guerre contre le terrorisme.Cheney est soupçonné d'avir ordonné lui-même des actes de torture sur des prisonniers.

2. David Addington, conseiller de Dick Cheney
Conseiller (2001-2005), puis chef de cabinet (2005-2009) du vice-président Dick Cheney. Addington a pris la tête de la croisade pour justifier le fait que le président des Etats-Unis ne pouvait pas être limité par la loi, pas même celle qui interdit la torture.Il a créé un «Conseil de guerre» avec Jim Haynes, John Yoo, John Rizzo et Alberto Gonzales (lire ci-dessous), chargé de faire le travail légal pour permettre la torture.

3. Alberto Gonzales, conseiller juridique puis ministre de la Justice
Conseiller juridique de la Maison-Blanche (2001-2005) puis Attorney General (l'équivalent du ministre de la Justice) des Etats-Unis (2005-2008), Gonzales a incarné l'«opinion légale» du Président.A ce titre, en 2002, il a exempté des prisonniers membres d'Al Qaeda du cadre légal des Conventions de Genève, estimant que la guerre contre le terrorisme était « une autre forme de guerre ».

4. James Mitchell, psychologue militaire
Psychologue militaire à la retraite, un des artisans du programme Sere (acronyme pour Survival, Evasion, Resistance and Escape») de l'armée américaine qui a servi de base à "certaines méthodes d'interrogatoire musclé" [sic]. Avant même le feu vert légal, Mitchell a personnellement supervisé l'interrogatoire d'un membre d'Al Qaeda avec des méthodes «borderline torture» (à la limite de la torture), et a pratiqué la méthode de la simulation de noyade au-delà de ce qui était légalement prescrit.

5. George Tenet, directeur de la CIA
Dirceteur de la CIA (1997 à 2004), Tenet a eu la responsabilité suprême pour le programme de capture, de détention et d'interrogatoire des membres présumés d'Al Qaeda, et devait en rendre compte personnellement au sommet de l'Exécutif. C'est sous sa responsabiité que le programme Sere a été inversé pour servir de technique d'interrogatoire.

6. Condoleeza Rice, conseillère à la Sécurité nationale puis secrétaire d'Etat
Conseillère à la Sécurité nationale (2001-2005), puis secrétaire d'Etat (ministre des Affaires étrangères) de 2005 à 2009, Rice a approuvé (elle dit aujourd'hui qu'elle a «transmis l'approbation») le premier recours à la torture contre le membre présumé d'Al Qaeda, le Saoudien d'origine palestinienne Abu Zubaydah en 2002. Ce feu vert a conduit à un usage accru de la torture contre ce prisonnier.

7. John Yoo (justice)
Vice-Attorney General adjoint (2001-2003), Yoo a rédigé les premiers mémorandums établissant les règles de la torture, et déterminant les pouvoirs illimités du Président en temps de guerre. Il a aussi rédigé les textes garantissant l'impunité pour les auteurs de ces actes.

8. Jay Bybee (justice)
Attorney General adjoint (2001-2003), ByBee a donné son nom à deux mémorandums sur la torture préparés par son adjoint John Yoo (voir ci-dessus). A été promu juge après avoir signé les deux documents désirés ardemment par la Maison Blanche.

9. William «Jim» Haynes (Pentagone)
Conseiller juridique du département de la Défense (2001-2008), il a supervisé les bases légales des techniques d'interrogatoire des prisonniers détenus par l'armée. Il a en particulier servi d'intermédiaire entre les spécialistes du programme Sere et la CIA, qui, dès la fin 2001, s'est posé la question des interrogatoires de prisonniers d'Al Qaeda.
Haynes a délibérément ignoré les avis provenant de l'intérieur de l'institution militaire, estimant que ces techniques violaient les règles sur la torture et du traitement «humain».

10. Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense
Secrétaire à la défense (2001-2006), Rumsfeld a approuvé les méthodes d'interrogatoire des militaires dans les prisons d'Abu Ghraib (Irak), de Bagram (Afghanistan), et de Guantanamo (Cuba). Son feu vert a déplacé le recours à la torture de la CIA à l'armée. Un récent rapport bipartisan du Sénat américain lui attribue la responsabilité directe de l'usage de ces méthodes d'interrogatoire à Guantanamo, y compris le recours à des chiens ou à la nudité.

11. John Rizzo (CIA)
Vice-Conseiller juridique de la CIA (2002-2004), puis conseiller juridique encore en poste (2004 à aujourd'hui), son nom apparait sur bon nombre de documents controversés relatifs à la torture, et même s'il a qualifié certaines méthodes d'inefficaces, il les a approuvées et a recommandé à la CIA de demander l'autorisation de les utiliser.

12. Steven Bradbury (justice)
Premier Vice Attorney General adjoint (2004), puis Attorney General Adjoint (2005-2009), il a été chargé en 2005 de contrer un rapport de l'inspecteur général de la CIA estimant que les méthodes d'interrogatoire pourraient violer la Convention internationale contre la torture.
Dans ses mémorandums, il pèse le pour et le contre, mais considère ces methodes comme «nécessaires dans les cas de grave menaces».

13. George W. Bush, président des Etats-Unis
Last but not least… The President of the United States himself ! George W. Bush a initialement gardé ses distances avec les questions liées à la torture, et, selon Cheney, s'est contenté de les autoriser… Mais il en est devenu le premier défenseur et avocat, défendant, notamment en 2006 à propos du cas d'Abu Zubaydah, leur efficacité et leur nécessité. Et, selon la logique de ses principaux partisans, s'il ne s'y est pas opposé, c'est que ce n'était pas de la torture. CQFD.

On comprend mieux pourquoi Dick Cheney, cette semaine, est monté au créneau pour s'opposer à Barack Obama, dans un échange de discours assez extraordinaire et assez exemplaires de valeurs opposées : celles de la sécurité nationale par dessus tout pour l'ancien Vice-Président, contre celles d'Obama qui défend l'idée que la sécurité des Etats-Unis n'est pas incompatible avec le maintien de ses valeurs, et en particulier celles des droits de l'homme.

Là où ça se complique, c'est lorsque les démocrates cèdent aux sirènes sécuritaires, et ne trouvent pas grand intérêt à aider Obama à tenir sa première promesse de son mandat : fermer Guantanamo. Ou quand on apprend que Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des Représentant, avait été informée dès 2002-2003 des techiques d'interrogatoire de la CIA, et n'avait rien dit…

Ce débat est passionnant pour le monde entier, car il est évident qu'aucune démocratie n'est à l'abri d'un tel dérapage, surtout après un événement aussi traumatisant que les attentats du 11 septembre.

On lira également avec intérêt, pour alimenter ce débat, la traduction française des mémorandums sur la torture rendus publics en avril par l'administration Obama. Ils viennent d'être publiés sous le titre «Techniques d'interrogatoire à l'usage de la CIA», aux éditions des Equateurs, avec une préface de Jean-Pierre Perrin dont on extraiera la phrase suivante :

«Le combat pour découvrir l'étendue de ce continent de l'ombre ne fait d'ailleurs que commencer. Il ne sera pas facile. La publication des quatre mémorandums a d'ores et déjà suscité une violente polémique au sein de l'administration américaine. De hauts responsables de la CIA craignaient que cette décision ne suscite un dangeureux précédent.

Si Obama est passé outre, il est à craindre que la poursuite de l'enquête, au fur et à mesure qu'elle approchera les hauts responsables ayant permis à cette part d'ombre de prospérer au sein du pouvoir, se heurte à des obstacles de plus en plus élevés. (…)

Que celle-ci puisse aboutir est une nécessité absolue. Pour la démocratie bien sûr. Mais aussi, si l'on opte pour la version cynique des choses, parce que l'exigence de vérité fait partie de la guerre contre les forces obscures.»

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Le "Daily Telegraph" fait état de photos sur des viols et des tortures
dans des centres de détention américains

Par Paisley Dodds

AP - 28/5/9 - Le général américain à la retraite qui a supervisé l'enquête sur les sévices commis à la prison d'Abou Ghraïb en Irak, dit avoir vu des photos montrant des viols et des actes de torture dans des centres de détention américains, rapporte le "Daily Telegraph" dans son édition de jeudi.

Antonio Taguba déclare par ailleurs être d'accord avec le président Barack Obama qui a décidé de ne pas rendre publics les clichés, selon le journal britannique.

"Je ne suis pas certain que leur publication servirait à quelque chose, autrement que dans un cadre juridique, et les conséquences" seraient de "mettre en péril nos soldats, les seuls protecteurs de notre politique étrangère, quand nous avons le plus besoin d'eux", a déclaré le général à la retraite, selon le "Daily Telegraph". "La simple description de ces photos est suffisamment horrible".

Le scandale des sévices dont ont été victimes des détenus dans l'enceinte de la prison d'Abou Ghraïb a explosé en 2004 à la suite de la diffusion de photos prises par des soldats américains.

Bien qu'Antonio Taguba ait supervisé les investigations sur les abus commis, on ignore si les clichés auxquels il a fait référence dans un entretien accordé au journal britannique ont été pris à Abou Ghraïb ou dans d'autres centres de détention américains.

Selon le "Daily Teleraph", le militaire à la retraite a expliqué que les nouvelles photos montraient des abus encore plus graves que ceux rendus publics précemment.

Duncan Gardham, l'auteur de l'entretien, a expliqué jeudi à l'Associated Press, qu'il avait interviewé Antonio Taguba "au cours des derniers jours" mais a refusé de dire où la rencontre avait eu lieu. Le journaliste a ajouté que lui-même n'avait pas vu les photos, mais que le général à la retraite lui avait dit qu'il s'agissait de clichés montrant des viols et des actes de torture.

Selon le "Daily Telegraph", Taguba a décrit plusieurs photos : l'une d'entre elles montrerait un soldat américain en train de violer une détenue. Sur une autre, on verrait un traducteur violer un prisonnier. Le journal ajoute qu'une autre photo montrerait une détenue, dont le haut a été arraché et dont les seins sont exposés. D'autres clichés, selon le quotidien, montreraient d'autres agressions sexuelles sur des détenus.

Le "Daily Telegraph" affirme que les photos traitent de 400 cas présumés d'abus qui auraient été commis entre 2001 et 2005 à Abou Ghraïb et dans six autres prisons.

A Washington, le porte-parole du Pentagone Bryan Whitman a rejeté l'article du Daily Telegraph et affirmé que le journal avait "mal décrit les images".

On ignore si les photos dont a parlé Antonio Taguba font partie de la série de clichés qui font l'objet d'une demande d'information émanant de l'organisation de défense des droits civiques American Civil Liberties Union ou s'il s'agit d'autres photographies.

"Si en effet, ce sont des photos de prisonniers en train d'être violés, cela pose évidemment la question" de savoir si "le président Obama avait raison de dire que ces photos n'étaient pas sensationnelles", a déclaré jeudi Anthony Romero, de l'ACLU, à l'AP à Londres.

Le chef de la Maison Blanche avait déclaré que les photos demandées en 2003 par l'ACLU en vertu du Freedom of Information Act, "n'étaient pas particulièrement sensationnelles, surtout" quand on les comparait aux photos d'Abou Ghraïb. AP

 

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Quand la CIA révèle ses méthodes de torture


Olivier Bailly

 

AGORVOX - 28/5/9 - Le 16 avril dernier l’administration américaine autorise la publication de quatre mémorandums tenus secrets jusqu’à présent.

Quatre textes rédigés entre 2002 et 2005 par des hommes de lois réputés, hauts-fonctionnaires du département de la justice, destinés au conseiller général adjoint de la CIA, John Rizzo.

Ces mémorandums qui viennent de paraître en France sous le titre "Techniques d’interrogatoire à l’usage de la CIA" sont de véritables manuels de torture.

Ils décrivent par le menu la conduite à tenir envers des prisonniers politiques qu’ici on ne nomme pas autrement que «combattants ennemis illégaux», dénomination vague qui permet à la plus grande puissance mondiale de s’affranchir du droit et de basculer dans le camp des dictatures.

«La publication, le 16 avril 2009, de quatre mémorandums secrets a provoqué aux Etats-Unis et dans le reste du monde un séisme politique, médiatique», écrit, au début de son avant-propos, Olivier Frébourg, patron des éditions des Equateurs.

C’est à l’enseigne de cette petite maison d’édition que vient de paraître, le 20 mai (donc environ un mois après l’édition américaine), la traduction «libre» de cet opuscule de 172 pages, Techniques d’interrogatoire à l’usage de la Cia, "document d’histoire immédiate qu’il faut porter à la connaissance du grand nombre", selon Olivier Frébourg.

On y retrouve non seulement l’intégralité de ces fameux mémos qui font débats aux Etats-Unis, mais aussi quelques repères biographiques et des notes conséquentes permettant de mettre l’ensemble en perspective, ce qui justifie pleinement cette publication dont Olivier Frébourg affirme qu’elle "est une pièce à conviction supplémentaire saisissante, terrifiante sur l’infamie de nos sociétés libérales ".

Dans la préface éclairante qui suit cet avant-propos, le grand reporter Jean-Pierre Perrin qui répond à nos questions dans le cadre des RDV de l’Agora, rappelle que le 17 septembre 2001 (vous avez bien lu la date), le président George Bush signe « en personne la directive « mémorandum de notification » donnant à la CIA un rôle qu’elle n’avait jamais eu : celui de détenir et d’interroger des suspects dans des affaires de terrorisme ».

Les guerres et leurs corollaires, l’extorsion de renseignements par n’importe quel moyen, sont intrinsèquement liés. Quel que soit le camp auquel on appartient. Cela ne justifie certes pas l’injustifiable. Mais n’est-ce pas insupportable de constater que les plus grands donneurs de leçons de la planète n’observent finalement qu’un seul précepte - faites ce que je dis, pas ce que je fais - et n’hésite pas à se placer sur le même rang que les chefs de guerre qui de leur côté font bien peu de cas de la vie humaine ?

Le scandale d’Abou Ghraib - des sous-officiers et des officiers avaient pris en photo des détenus dans des poses humiliantes - était une première étape dans la découverte de la vérité. Mais elle ne s’en prenait qu’aux lampistes.

Ces quatre mémorandums sont signés Jay S. Bybee et Steven G. Bradbury. Le premier est juge fédéral de la cour d’appel des Etats-Unis. C’est un professeur de droit réputé qui a écrit des nombreux articles et livres de droit constitutionnel et administratif. "Père de quatre enfants, chef scout et entraîneur de base-ball et de basket-ball", c’est un type bien sous tous rapports. Un peu comme ces chefs nazis des commandos de la mort (tous diplômés également) qui exterminèrent en masse les populations d’Europe de l’est à partir de 1941...

Signataire du mémorandum n°1 Bybee est sous le coup d’une enquête aux Etats-Unis et en Espagne. Il justifie l’usage de la torture, des vexations, des humiliations. Concernant Abou Zubaydah, le lieutenant de Ben Laden, il écrit notamment que « la privation de sommeil peut être employée. Vous nous avez indiqué que le but de cette méthode est de réduire la capacité de l’individu à garder la tête froide, et par la gêne entraînée par le manque de sommeil, de l’inciter à coopérer ».

Chaque torture physique ou psychique - simulation de noyade, empoignade, épreuve du mur, immobilisation de la tête, gifle au visage ou vexatoire, nudité, coups à l’abdomen, arrosage à l’eau, confinement dans un espace exigu...- est décrite précisément et doit se conformer à un cadre très strict. Tout est codifié et décrit dans ces mémorandums : "Pour enfreindre la législation, un individu doit avoir l’intention spécifique d’infliger une douleur ou une souffrance aiguë. Dans la mesure où l’intention spécifique est un élément du délit, l’absence d’intention spécifique réfute l’accusation de torture". Cynisme et arbitraire. C’est en cela que réside l’horreur, dans la froideur, l’inhumanité totale des rédacteurs, tous de « brillants intellectuels » .

Bybee, notamment, rappelle que l’article 2340-A condamne comme criminelle toute personne ayant «à l’extérieur des Etats-Unis commis ou tenté de commettre un acte de torture» avant d’expliquer aux tortionnaires comment, tout aussi légalement, enfreindre la loi…

Steven Bradbury, signataires des mémorandums deux, trois et quatre, est quant à lui considéré comme l’un des 40 avocats les plus en vue des Etats-Unis. Il aurait dû prendre la tête du bureau juridique du ministère de la justice. C’est sans compter sur le Sénat qui ayant connaissance de ces mémos a brisé net son accession…

C’est d’ailleurs l’occasion de pointer le paradoxe de la société américaine capable de rédiger de tels bréviaires, mais aussi de se mobiliser en masse par des actions citoyenne, médiatique et politique conjuguées (en témoigne par exemple MoveOn.org) pour défendre ses droits fondamentaux.

Pour nous éclairer sur la publication de ces Techniques d’interrogatoire à l’usage de la CIA, son préfacier, Jean-Pierre Perrin, grand reporter depuis quinze ans au Proche et Moyen Orient pour Libération, auteur de plusieurs récits et romans (dont son dernier, Le paradis des perdantes, au Livre de poche) est l’invité des Rendez-vous de l’Agora. Il répond aux questions d’Olivier Bailly.

Olivier Bailly : L’existence de ces mémorandums constitue-t-elle une surprise ?
Jean-Pierre Perrin : Je savais qu’il y avait des mémorandums, mais je ne les imaginais pas sous cette forme, avec une précision quasiment chirurgicale quant aux méthodes à employer pour faire parler des suspects. La surprise c’est que ça soit à ce point détaillé, à ce point étayé, que le mémorandum mêle des informations quasiment médicales - ce que peut supporter un prévenu, par exemple - et soit extrêmement tatillon en matière juridique, donc échapper à la loi américaine tout en faisant ce qu’elle dit ne pas faire. Comment ne pas avoir la justice sur le dos alors que ce qu’on fait est totalement contraire à la justice, donc trouver exactement où passe la frontière entre le licite et l’illicite, être juste sur cette frontière en s’arrangeant pour ne pas être poursuivi.

OB : Faire entrer l’illégalité dans la légalité c’est l’axe principal autour duquel tournent ces mémorandums. Est-ce pour cette raison que George Bush a donné à la CIA les moyens de mener seule ces investigations ?
JPP : C’est vrai que l’Agence de renseignement américaine a eu des droits inédits jusqu’à présent dont celui qui revient notamment à la justice, celui d’arrêter, de garder et de faire parler des prisonniers. Grâce à Bush elle les a obtenus, ce qui lui a permis d’ailleurs, en certaines occasions, notamment avec le prisonnier Abou Zoubaydah, mais aussi avec d’autres, de s’opposer au FBI sur des tâches qui lui incombent normalement.

OB : Vous notez aussi que ces prisonniers politiques étaient officiellement dénommés « combattants ennemis illégaux », appellation vague qui permet de les sortir d’un cadre légal
JPP : On a créé une terminologie pour des gens qui sont effectivement des combattants politiques. Ce ne sont pas des combattants reconnus puisqu’ils n’appartiennent pas à une armée, mais les actions qu’ils mènent sont éminemment politiques, même si de leur côté aussi ils ne respectent aucune des lois de la guerre et aucune des lois humanitaires en particulier. Ce terme de "combattants ennemis illégaux" ne veut pas dire grand chose, mais permet de tout justifier. Tout est contenu déjà dans l’expression « la guerre contre le terrorisme » qui est une expression suffisamment vague pour permettre toutes sortes d’action et d’engager l’armée américaine dans toutes sortes de conflits. Je crois que c’est vraiment là la nature même de tous les problèmes concernant le droit des prisonniers et le droit humanitaire. Cette expression permet tout. Le président Obama ne l’utilise plus. Seul Dick Cheney l’emploie toujours. C’est vrai qu’elle a permis de justifier l’injustifiable.

OB : Pourquoi le président Obama a-t-il décidé de rendre public ces mémorandums ? Stratégie ou volonté de transparence ?
JPP : Il y a le côté stratégique et aussi une volonté de trancher avec ce qui se faisait auparavant et qui d’ailleurs se termine en échec à peu près partout sauf peut-être en Irak où quand même la fin de l’administration Bush a été marqué par une amélioration assez sensible et notable des conditions de sécurité. Celles-ci
d’ailleurs se sont dégradées depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir.

Donc il y a cette volonté d’avoir une politique en grande partie différente de celle de son prédécesseur et en même temps il y avait une injonction la justice américaine qui demandait à ce que ces mémorandums soient rendus publics. Face à ces deux éléments, il était assez logique que Barack Obama les rendent publics, sinon il aurait été contraint de le faire par la justice américaine. On ne sait pas finalement ce qui relève de la bonté du président ou de ce qui relève de la nécessité légale.

OB : Les méthodes d’interrogatoire sont détaillées très précisément dans cet ouvrage. Etait-ce nécessaire de rendre public ce genre d’information ?
JPP : L’imagination joue toujours la surchauffe, si je puis dire, lorsqu’on est dans le secret. On risque alors de prêter bien pire aux tortionnaires de la CIA que ce qu’ils pouvaient faire. C’est donc bien de rendre public [ces mémos]. Cela montre aussi que tout un appareil d’état réfléchit, publie, étudie sur la question, que le corps médical est engagé, que les experts juridiques le sont aussi. Cela montre qu’il y a une machine de guerre, une machine tortionnaire derrière.

Je comprends tout à fait que dans l’excitation de la guerre on puisse se laisser aller à cette brutalité. Aucune guerre n’en est exempte, mais il y a un grand pas entre la brutalité et la torture faite sur le champs de bataille dans l’espoir de faire parler un prisonnier pour éviter un attentat et cette machine administrative légalisant la torture qui a été mis en place par l’administration Bush.

OB : Ce que qu’Olivier Frébourg, l’éditeur français de ces mémorandums, remarque dans son avant-propos, c’est que cette machine d’état a été mise en place par des intellectuels sortis de Harvard, Yale, Stanford…
JPP : Oui, de brillants fonctionnaires qui ont un haut niveau d’éducation, qui ont fait les meilleures universités américaines. On voit là les effets pervers de l’idéologie. Mais je crois que tout ceci était en germe au moment de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine.

La façon dont elle s’est comportée avec les civils, avec une brutalité effrayante, sans nécessité, simplement pour sa propre sécurité, le mépris de l’autre qui s’est manifestée à cette occasion, dès octobre 2003, me laisse penser que déjà les racines sont là.

Je fais bien sûr la différence entre la CIA et le Pentagone, mais finalement il y a quand même des passerelles entre les deux. J’étais déjà effrayé par la façon dont cette armée se comportait. Ensuite il y a eu le scandale de la prison d’Abou Ghraib avec ces photos de prisonniers irakiens maltraités, voire torturés, en tous les cas exhibés de façon obscène. Cela procède du même état d’esprit. Quand on en est là on peut franchir l’étape suivante qui sont ces manuels d’interrogatoire à l’usage de la CIA.

OB : Est-ce que tout est dit dans ces mémorandums ?
JPP : Ils représentent la partie immergée de l’iceberg. On est allé beaucoup plus loin. Tout simplement parce que la CIA a transféré des prisonniers aux régimes les plus tortionnaires du Moyen Orient - la Syrie, la Jordanie, le Maroc, l’Arabie Saoudite - et le fait encore. Là-dessus il n’y a guère d’amélioration.

Je viens d’apprendre que la prison de Bagram, en Afghanistan, s’agrandit à nouveau, avec l’autorisation du président américain. Il y a là aussi quelque chose de profondément choquant. Tous ceux qui sont sortis de Bagram témoignent que c’est un centre de torture, au moins de maltraitance, des prisonniers qui est absolument abominable. Ce qu’on y fait va bien au-delà de ce qu’on pouvait faire à Guantanamo.

Et l’on voit là encore que les méthodes entre l’armée et l’agence de renseignement américaine ne sont pas différentes. Simplement du côté de la CIA cela a été formalisé par ce texte destiné à blanchir les tortionnaires afin qu’ils ne tombent pas sous le coup de la loi.

OB : Les USA disent publiquement qu’ils ont usé de la torture. Si l’on se fait l’avocat du diable, ne peut-on pas avancer qu’au moins ils avouent l’avoir pratiquée ?
JPP : Oui, mais ils n’avouent pas tout. Ils avouent peut-être le dixième ou le centième. Je pense qu’un jour il y aura une grande enquête, qu’il y aura des livres qui sous le titre «la guerre contre la terreur» montreront en quoi elle a consisté. Alors, évidemment, ils reconnaissent, mais parce qu’il y a eu pression de la justice américaine et des associations de défense des libertés publiques. Aux Etats-Unis elles sont beaucoup plus puissantes qu’on peut l’imaginer.

Enfin les journaux américains ont beaucoup travaillé sur la question et beaucoup publié. Tout ça n’a pas été obtenu facilement. C’est le fruit d’un combat citoyen qui est d’ailleurs l’honneur de l’Amérique comme ce qu’elle a fait auparavant était son déshonneur.

OB : Le premier de ces mémorandums évoque Abou Zoubaydah, le lieutenant de Ben Laden. C’est un des rares noms cités. Pourquoi ?
JPP : Il est un peu emblématique. Il a fait un circuit complet, si je puis dire, dans cette zone grise que constitue l’empire secret de la CIA. C’est-à-dire qu’il a été arrêté au Pakistan, blessé lors de son arrestation, transféré en Thaïlande où il a failli mourir des suites des mauvais traitements qu’il avait reçus, sauvé en quelque sorte par le FBI qui a perdu son contrôle puisqu’il a été récupéré par la CIA, qui ensuite a voyagé sur ces fameux vols secrets de l’Agence américaine jusqu’à Guantanamo. Donc on a un personnage emblématique aussi parce qu’il était effectivement un des grands lieutenants de Ben Laden, en charge de l’administration des camps de formation d’Al Qaida.

OB : Vous expliquez dans votre préface que le FBI obtient des renseignements sans commettre d’acte répréhensible. Cela prouve-t-il qu’on peut se passer de la torture ?
JPP : On peut. Mais je ne sais pas si l’on peut tout obtenir. C’est un autre débat. Sans doute aussi une grande partie des informations que nous avons sur les exactions de la CIA proviennent probablement du FBI qui évidemment n’a pas été très heureux de perdre le contrôle d’un prisonnier et qui ensuite a dû informer la presse américaine de ce qui se passait. Là encore, dans cette affaire, les américains ont joué les uns contre les autres. Ça a été une guerre des services. En particulier la CIA contre le Pentagone et contre le FBI. Ce qui permet à la fin d’avoir des informations valables.

OB : Quel renseignement de premier ordre les Etats-Unis ont-ils pu obtenir grâce à ces techniques d’interrogatoire ?
JPP : C’est extrêmement difficile à dire. Dick Cheney, l’ex-vice président américain, a prétendu que cela avait permis de sauver des centaines de milliers de vies humaines, mais c’est difficile à croire. Dick Cheney a souvent dit n’importe quoi. Je pense que c’est un des personnages les moins crédibles de l’administration américaine.

OB : Sait-on combien d’hommes ont été suppliciés ?
JPP : Non. On ne sait même pas combien d’hommes ont disparu. Lorsque des prisonniers sont donnés à des régimes aussi effroyables que ceux que j’évoquais plus haut - Syrie, Arabie Saoudite, Maroc, etc. - on peut se poser des questions...

OB : Ces méthodes ont été importées de l’entraînement SERE (Survival, Evasion, Resistance, Escape ou encore Survie, Esquive, Résistance, Evasion), un programme s’adressant notamment au personnel militaire américain
JPP : Oui, c’est ce qui a servi de base. Dans les commandos qui ont subi ces entraînements, il n’y a eu quasiment aucune victime, donc on peut s’en servir comme base d’interrogatoire. Mais enfin le contexte est différent. Lorsqu’on est un soldat dans l’armée de son propre pays on sait que c’est un entraînement comme un autre, comme de sauter en parachute. Mais un prisonnier n’est déjà pas dans le même état d’esprit. Et en plus rien n’indique après que sur cette base «légale», la torture n’a pas été décuplée et amplifiée. C’est ce qui s’est passé avec Zoubaydah qui a été beaucoup plus torturé que ce qui est « prévu » dans les mémorandums de la CIA.

OB : Certains prisonniers libérés auraient rejoint récemment Al Qaida. Est-ce vrai ?
JPP : Ce qui est sûr c’est qu’un certain nombre de prisonniers, peut-être 2500, faits pas les Etats-Unis qui ont été notamment déférés dans une grande prison irakienne près de la frontière koweitienne. Les Américains ont fait ça comme à leur habitude, de façon unilatérale, sans vraiment organiser leurs libérations avec les autorités irakiennes.

Ces libérations, en effet, coïncident avec une reprise très notable des violences des attentats en Irak. Donc ce n’est pas forcément la seule raison de ce retour d’Al Qaida en Irak après plus d’une année où elle s’était assoupie, mais cela participe de ce regain du terrorisme en Irak. Il est évident qu’un certain nombre de prisonniers libérés n’auront comme premier objectif que de se venger ou de créer de nouveaux réseaux. C’est inévitable.

OB : Certains passages sont censurés. Pourquoi ?
JPP : Pour ne pas permettre d’identifier une personne. Mais la majeure partie des actes de censures sont extrêmement limités par rapport au reste du document

Les USA, Empire de la barbarie

Le secret de Guantánamo

par Thierry Meyssan *

Voltairenet.org 28/10/9 (depuis Moscou) - Vous pensez être informé sur ce qui s’est passé à Guantánamo et vous vous étonnez que le président Obama n’arrive pas à fermer ce centre de torture. Vous avez tort. Vous ignorez la véritable finalité de ce dispositif et ce qui le rend indispensable à l’administration actuelle.
Attention : si vous souhaitez continuer à penser que nous avons des valeurs communes avec les États-Unis et que nous devons être alliés avec eux, abstenez-vous de lire cet article.



Détenu sortant d’une séance de conditionnement à Guantánamo


Chacun se souvient de ces photographies de tortures qui circulaient sur Internet. Elles étaient présentées comme les trophées de guerre de quelques GI’s. Néanmoins, les grands médias, ne pouvant en vérifier l’authenticité, n’osaient pas les reproduire.
En 2004, la chaîne CBS y consacra un reportage. Ce fut le signal d’un grand mouvement de dénonciation des mauvais traitements infligés aux Irakiens. La prison d’Abu Ghraib montrait que la prétendue guerre contre la dictature de Saddam Hussein était en réalité une guerre d’occupation comme les autres, avec le même cortège de crimes. Sans surprise, Washington assura qu’il s’agissait d’exactions perpétrées à l’insu du commandement par quelques individus non-représentatifs, qualifiés de «pommes pourries». Quelques soldats furent arrêtés et jugés pour l’exemple. Le dossier était clos jusqu’aux prochaines révélations.

Simultanément, la CIA et le Pentagone préparaient l’opinion publique aux États-Unis et dans les États alliés à changer de valeurs morales. L’Agence avait nommé un agent de liaison avec Hollywood, le colonel Chase Brandon (un cousin de Tommy Lee Jones) et engagé de célèbres écrivains (comme Tom Clancy) et scénaristes pour écrire de nouveaux films et séries télévisées. Le but : stigmatiser la culture musulmane et banaliser la torture dans la lutte contre le terrorisme.

À titre d’exemple, les aventures de l’agent Jack Bauer, dans la série 24H, ont été abondamment subventionnées par l’Agence pour que chaque saison repousse un peu plus loin les limites de l’acceptable. Dans les premiers épisodes, le héros intimide des suspects pour leur extorquer des renseignements. Dans les épisodes suivants, tous les personnages se soupçonnent les uns les autres, et se torturent à leur tour, avec de moins en moins d’états d’âme et de plus en plus de certitude du devoir à accomplir. Dans l’imaginaire collectif, des siècles d’humanisme furent balayés et une nouvelle barbarie s’imposa. Le chroniqueur du Washington Post, Charles Krauthammer (par ailleurs médecin psychiatre) pouvait présenter l’usage de la torture comme « un impératif moral » (sic) en ces temps troublés de guerre contre le terrorisme.

Vint la confirmation par l’enquête du sénateur suisse Dick Marty au Conseil de l’Europe que la CIA avait enlevé des milliers de personnes dans le monde, dont des dizaines, voire des centaines sur le territoire de l’Union européenne. Puis ce fut l’avalanche de témoignages sur les crimes perpétrés dans les prisons de Guantánamo (Caraïbes) et de Baghram (Afghanistan). Parfaitement conditionnée, l’opinion publique des États membres de l’OTAN accepta l’explication qu’on lui donna et qui cadrait si bien avec les intrigues romanesques dont elle était abreuvée : pour sauver des vies d’innocents, Washington avait recours à des pratiques clandestines ; on enlevait des suspects et on les faisait parler par des méthodes que la morale réprouve mais que l’efficacité commande.

C’est à partir de cette narration simpliste que le candidat Barack Obama s’est dressé contre l’administration Bush sortante. Il a érigé l’interdiction de la torture et la fermeture des prisons secrètes en mesures phares de son mandat. Dès son élection, durant la période de transition, il s’est entouré de juristes de très haut niveau qu’il a chargé d’élaborer une stratégie pour clore ce sinistre épisode. Une fois installé à la Maison-Blanche, il a consacré ses premiers décrets présidentiels à la mise en œuvre de ses engagements en la matière. Cet empressement a conquis l’opinion publique internationale, a suscité une immense sympathie pour le nouveau président et a rénové l’image des États-Unis dans le monde.

Seulement voilà : un an après l’élection de Barack Obama, si quelques centaines de cas individuels ont été réglés, rien n’a changé sur le fond. Guantánamo est là et ne sera pas fermé dans l’immédiat. Les associations de défense des droits de l’homme sont formelles : les violences contre les détenus ont empiré.

Interrogé à ce sujet, le vice-président Joe Biden a déclaré que plus il avançait dans ce dossier, plus il découvrait des aspects qu’il ignorait jusque là. Puis, énigmatique, il a mis en garde la presse, assurant qu’il ne fallait pas ouvrir la boîte de Pandore.
De son côté, Greg Craig, le conseiller juridique de la Maison-Blanche, a souhaité présenter sa démission, non qu’il considère avoir failli à sa mission de fermer le centre, mais parce qu’il estime désormais qu’on lui a confié une tache impossible.

Pourquoi donc le président des États-Unis ne parvient-il pas à se faire obéir ? Si l’on a déjà tout dit sur les exactions de l’ère Bush, pourquoi évoquer une boîte de Pandore et que craindre ?

C’est qu’en réalité, le système est plus vaste. Il ne se limite pas à quelques enlèvements et à une prison. Surtout, sa finalité est radicalement différente de ce que la CIA et le Pentagone ont fait croire.
Avant de commencer notre descente aux enfers, il convient de lever une confusion.

Le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld a participé aux réunions du Groupe des Six
chargé de choisir les tortures mises en œuvres par les forces US. Ici, il visite la prison d’Abu Graib (Irak)
.

Contre-insurrection

Ce qui a été fait par l’Army à Abu Ghraib, du moins au début, n’avait rien à voir avec ce qui est expérimenté par la Navy à Guantánamo et dans ses autres prisons secrètes. Il s’agissait simplement de ce que font toutes les armées du monde lorsqu’elles se transforment en police et affrontent une population hostile. Elles la dominent en la terrorisant.

En l’occurrence, les Forces de la Coalition ont reproduit les crimes commis lors de la Bataille d’Alger par des Français contre des Algériens qu’ils appelaient encore leurs «compatriotes». Le Pentagone a rappelé le général français à la retraite Paul Aussaresses, spécialiste de la «contre-insurrection», pour qu’il briefe les officiers supérieurs.

Durant sa longue carrière, Aussaresses a accompagné les États-Unis partout où ils ont livré des «guerres de basse intensité», principalement en Asie du Sud-Est et en Amérique latine.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis installent deux centres de formation à ces techniques, la Political Warfare Cadres Academy (Taiwan) et la School of Americas (Panama). Des cours de torture y furent dispensés aux responsables de la répression dans les dictatures asiatiques et latino-américaines. Dans les années 60-70, ce dispositif fut coordonné au sein de la World Anti-Communist League, où siégeaient les chefs d’État concernés [1]. Cette politique prit une ampleur considérable lors des opérations Phoenix au Vietnam (neutralisation de 80 000 individus soupçonnés d’appartenir au Viet Cong) [2]et Condor en Amérique latine (neutralisation des opposants politiques à l’échelle du continent) [3]. Le schéma articulant des opérations de nettoyage de zones insurgées à des escadrons de la mort a été appliqué à l’identique en Irak, notamment lors de l’opération Iron Hammer [4].
La seule nouveauté est la distribution aux GI’s d’un classique de la littérature coloniale, The Arab Mind, de l’anthropologue Raphael Patai, avec une préface du colonel Norvell B. De Atkine, patron de la John F. Kennedy Special Warfare School, nouvelle dénomination de la sinistre School of Americas depuis qu’elle a été déménagée à Fort Bragg (Caroline du Nord) [5]. Ce livre, qui présente sur un ton savant des préjugés stupides sur les «arabes» en général, comprend un célèbre chapitre sur les tabous sexuels qui a inspiré les mises en scène d’Abou Ghraib.

Les tortures commises en Irak ne sont pas des cas isolés, comme l’a feint l’administration Bush, mais s’intègrent dans une stratégie de contre-insurrection. Le seul moyen d’y mettre fin, ce n’est pas de les condamner moralement, c’est de résoudre la situation politique. Or Barack Obama repousse toujours à plus tard le retrait des forces étrangères d’Irak.

 


Les expériences du professeur Biderman

 

C’est dans une toute autre perspective qu’un psychiatre de lmée de l’air, le professeur Albert D. Biderman, étudia pour la Rand Corporation le conditionnement des prisonniers de guerre US en Corée du Nord.
Bien avant Mao et le communisme, les Chinois avaient mis au point des méthodes raffinées pour briser la volonté d’un détenu et lui inculquer des aveux. Il les avaient utilisées durant la guerre de Corée et avaient obtenu quelques résultats : des prisonniers de guerre US avouant avec conviction devant la presse des crimes qu’ils n’avaient peut-être pas commis. Biderman présenta ses premières observations lors d’une audition au Sénat, le 19 juin 1956, puis à l’Académie de médecine de New York, l’année suivante (Voir documents téléchargeables ci-dessous). Il distingua cinq stades par lequel passent les «sujets».

1. Tout d’abord le prisonnier refuse de coopérer et se mure dans le silence.
2. Par un mélange de brutalités et de gentillesse, on peut le faire passer à un second stade où il va être conduit à se défendre de ce dont on l’accuse.
3. Puis, le prisonnier commence à coopérer. Il continue à clamer son innocence, mais il cherche à satisfaire ses interrogateurs en reconnaissant qu’il a peut être commis une faute sans le vouloir, par accident ou par inadvertance.
4. Lorsqu’il traverse la quatrième phase, le prisonnier est complètement dévalorisé à ses propres yeux. Il persiste à nier ce dont on l’accuse, mais il confesse sa nature criminelle.
5. À la fin du processus, le prisonnier admet être l’auteur des faits qu’on lui reproche. Il invente même des détails supplémentaires pour s’accuser et réclame son châtiment.

Biderman examine également toutes les techniques utilisées par les tortionnaires chinois pour manipuler les prisonniers : isolation, monopolisation de la perception sensorielle, fatigue, menaces, gratifications, démonstrations de puissance des geôliers, dégradation des conditions de vie, contrainte. La violence physique est secondaire, la violence psychologique est totale et permanente.

Les travaux de Biderman sur le «lavage de cerveau» ont acquis une dimension mythique. Les militaires US ont craint que leurs hommes puissent être retournés par l’ennemi, conditionnés pour dire n’importe quoi et peut être pour faire n’importe quoi. Ils ont donc conçu un programme d’entrainement de leurs pilotes de chasse de sorte que ceux-ci deviennent réfractaires à cette forme de torture et ne puissent être retournés par l’ennemi s’ils étaient faits prisonniers. Cette formation est nommée SERE, acronyme de Survivre, s’Évader, Résister, s’Échapper (Survival, Evasion, Resistance, Escape). Si initialement le cours était donné à la School of Americas, il a été étendu aujourd’hui à d’autres catégories de personnel militaire et est dispensé sur plusieurs bases. En outre des formations de cette nature ont été instituées dans chaque armée membre de l’OTAN.

Ce que l’administration Bush a décidé, après l’invasion de l’Afghanistan, c’est d’utiliser ces techniques pour inculquer des aveux à des prisonniers qui justifieraient ainsi, a posteriori, l’implication de l’Afghanistan dans les attaques du 11-Septembre et validerait la version officielle des attentats.

De nouvelles installations ont été construites sur la base navale de Guantánamo et des expériences y ont été menées. La théorie d’Albert Biderman a été complétée par un psychologue civil, le professeur Martin Seligman. C’est une personnalité très en vue qui a été notamment président de l’American Psychological Association.

Seligman a montré une limite de la théorie des réflexes conditionnés d’Ivan Pavlov. On place un chien dans une cage dont le sol est divisé en deux parties. On électrifie aléatoirement un côté ou l’autre du sol. L’animal saute d’un endroit à l’autre pour se protéger — jusque là, rien de surprenant—. Puis, on accélère les choses et parfois on électrifie toute la cage. L’animal se rend compte qu’il ne peut pas s’échapper et que ses efforts sont vains. Bientôt, il renonce, s’allonge sur le sol et entre dans un état second qui lui permet de supporter passivement la souffrance. On ouvre alors la cage. Surprise : l’animal ne fuit pas. Dans l’état psychique où il s’est placé, il n’est plus en mesure de s’opposer. Il reste allongé à endurer la douleur.

La Navy a constitué une équipe médicale de choc. Elle a notamment fait venir à Guantánamo le professeur Seligman. Ce praticien est une star, connue pour ses travaux sur la dépression nerveuse. Ses ouvrages sur l’optimisme et la confiance en soi sont des best-sellers mondiaux.
C’est lui qui a supervisé des expériences sur cobayes humains. Certains prisonniers, soumis à de terribles tortures, finissent spontanément par se placer dans cet état psychique qui leur permet de supporter la douleur, mais les prive de toute capacité de résistance.
En les manipulant ainsi, on les amène rapidement au stade 3 du processus de Biderman.

S’appuyant toujours sur les travaux de Biderman, les tortionnaires états-uniens, guidés par le professeur Seligman, ont expérimenté et amélioré chaque technique coercitive.
Pour ce faire, un protocole scientifique a été élaboré qui se base sur la mesure des fluctuations hormonales. Un laboratoire médical a été installé à Guantánamo. Des prélèvement de salive et de sang sont opérés à intervalles réguliers sur les cobayes pour évaluer leurs réactions.
Les tortionnaires ont sophistiqué leurs crimes. Par exemple, dans le programme SERE, on monopolisait la perception sensorielle en empêchant le prisonnier de dormir avec une musique stressante. Ils ont obtenu des résultats bien supérieurs en diffusant des cris de bébés inconsolables durant des journées d’affilée. Ou encore, on manifestait la toute puissance des geôliers par des passages à tabac. À Guantánamo, ils ont créé l’Immediate Reaction Force. Il s’agit d’un groupe chargé de punir les prisonniers. Lorsque cette unité entre en action, ses membres sont revêtus de cuirasses de protection à la Robocop. Ils extraient le prisonnier de sa cage et le placent dans une pièce dont les murs ont été capitonnés et tapissés de contreplaqué. Ils projettent le cobaye contre les murs, comme pour le fracasser, mais le contreplaqué amortit partiellement les chocs de sorte qu’il soit hébété, mais que ses os ne soient pas brisés.
Le progrès principal a été réalisé pour le supplice de la baignoire. Jadis la Sainte Inquisition plongeait la tête d’un prisonnier dans une baignoire et l’en retirait juste avant qu’il ne meure noyé. La sensation de mort imminente provoque l’angoisse maximale. Mais le procédé était primitif et les accidents fréquents. Désormais le prisonnier n’est plus plongé dans une baignoire pleine, mais attaché allongé dans une baignoire vide. On le noie en lui versant de l’eau sur la tête avec la possibilité d’arrêter instantanément. Les accidents sont plus rares. Chaque séance a été codifiée pour déterminer les limites du supportable. Des assistants mesurent la quantité d’eau utilisée, le moment et la durée de la suffocation. Lorsque celle-ci intervient, ils récupèrent les vomissures, les pèsent et les analysent pour évaluer l’énergie dépensée et l’épuisement qui s’ensuit.
Ainsi que le résumait le directeur adjoint de la CIA devant une Commission parlementaire : «Cela n’a rien à voir avec ce que faisait l’Inquisition, à part l’eau» (sic).

Les expériences des médecins états-uniens n’ont pas été conduites en secret comme celles du docteur Josef Mengele à Auschwitz, mais sous le contrôle direct et exclusif de la Maison-Blanche.
Tout a été rapporté à un groupe décisionnaire composé de six personnes : Dick Cheney, Condoleezza Rice, Donald Rumsfeld, Colin Powell, John Ashcroft et George Tenet, qui a témoigné avoir participé à une douzaine de ces réunions de travail.

Le résultat de ces expériences est néanmoins décevant. Rares sont les cobayes qui se sont avérés réceptifs. Il a été possible de leur inculquer des aveux, mais leur état est resté instable et il n’a pas été possible de les produire en public face à des contradicteurs.
Le cas le plus connu est celui du pseudo-Khalil Sheikh Mohammed. Il s’agit d’un individu arrêté au Pakistan et accusé d’être un islamiste koweïtien, bien qu’il ne s’agisse manifestement pas de la même personne. Après avoir été longuement torturé et avoir notamment été soumis 183 fois au supplice de la baignoire durant le seul mois de mars 2003, l’individu a reconnu être Khalil Sheikh Mohammed et s’est accusé d’avoir organisé 31 attentats différents aux quatre coins du monde, de celui au WTC de New York en 1993, en passant par la destruction à la bombe d’une boîte de nuit à Bali et la décapitation du journaliste Daniel Pearl jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001. Le pseudo-Sheikh Mohammed a maintenu ses confessions devant une commission militaire, mais il n’a pas été possible aux avocats et juges militaires de le questionner en public, tant on craignait que, hors de sa cage, il ne revienne sur ses aveux.

Pour masquer les activités secrètes des médecins de Guantánamo, la Navy a organisé des voyages de presse à l’attention de journalistes complaisants. Ainsi, l’essayiste français Bernard Henry Lévy a-t-il volontiers joué le témoin de moralité en visitant ce qu’on a bien voulu lui montrer. Dans son livre American Vertigo, il assure que cette prison ne diffère pas des autres pénitenciers états-uniens et que les témoignages de sévices qu’on y pratiquerait [«ont été plutôt gonflé» (sic) [6]

Une des prisons off shore de l’US NAvy. Ici l’USS Ashland.
La cale à fond plat a été aménagée pour recevoir des cages de prisonniers sur plusieurs niveaux.

Les prisons off shore de la Navy

En définitive, l’administration Bush a estimé que fort peu d’individus étaient conditionnables au point de croire avoir commis les attentats du 11-Septembre. Elle en a conclu qu’il fallait tester un très grand nombre de prisonniers pour sélectionner les plus réceptifs.

Compte tenu de la polémique qui s’est développée autour de Guantánamo et afin d’être sûr de ne pas être poursuivable en justice, la Navy a créé d’autres prisons secrètes et les a placées hors de toute juridiction, dans les eaux internationales.

17 bateaux à fond plat, du type de ceux utilisés pour les débarquements de troupes, ont été aménagés en prisons flottantes avec des cages comme à Guantánamo. Trois ont été identifiés par l’association britannique Reprieve. Il s’agit de l’USS Ashland, l’USS Bataan et l’USS Peleliu.

Si l’on additionne la totalité des personnes qui ont été faites prisonnières en zone de conflit ou enlevées n’importe où dans le monde et transférées dans cet ensemble de prisons au cours des huit dernières années, ce sont au total 80 000 personnes qui auraient transité dans le système, dont moins d’un millier auraient été poussées vers les stades ultimes du processus de Biderman.

Dès lors le problème de l’administration Obama se résume ainsi : il ne sera pas possible de fermer Guantánamo sans révéler ce qui y a été fait. Et il ne sera pas possible de reconnaître ce qui y a été fait, sans admettre que tous les aveux recueillis sont faux et ont été délibérément inculqués sous la torture, avec les conséquences politiques que cela implique.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, douze procès furent jugés par le tribunal militaire de Nüremberg. L’un fut consacré à 23 médecins nazis. 7 furent acquittés, 9 furent condamnés à des peines de prison et 7 furent condamnés à mort. Depuis, un Code éthique régit la médecine au plan international. Il interdit précisément ce que les médecins états-uniens ont fait à Guantánamo et dans les autres prisons secrètes.

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Documents joints

« Communist attempts to elicit false confessions from Air Force prisoners of war », par Albert D. Biderman
Bulletin New York Academy of Medecine 1957 Sep ;33(9):616-25.

« The Manipulation of Human Behavior », sous la direction d’Albert D. Biderman et Herbert Zimmer
John Wiley & Sons, Inc., New York (1961).

Documents déclassifiés par la Commission des forces armées du Sénat des États-Unis, attestant l’usage des tortures de conditionnement à Guantanamo.
U. S. The Senate Armed Services Committee, 17 juin 2008.

* Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).

Cet article a été initialement publié dans l’édition de l’hebdomadaire russe Odnako datée du 19 octobre 2009.

[1] « La Ligue anti-communiste mondiale, une internationale du crime », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 mai 2004.

[2] « Opération Phénix », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 16 novembre 2004.

[3] Lire l’ouvrage de référence Operación Cóndor, Pacto criminal de notre collaboratrice l’historienne Stella Calloni. « Stella Calloni presentó en Cuba su libro “Operación Cóndor, Pacto criminal” », 16 février 2006. Voir également sur la Red Voltaire : « Berríos y los turbios coletazos del Plan Cóndor », por Gustavo González, 26 avril 2006. « Los militares latinoamericanos no saben hacer otra cosa que espiar », por Noelia Leiva, 1er avril 2008. « El Plan Cóndor universitario », par Martin Almada, 11 mars 2008.

[4] « Opération "Marteau de fer" », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 11 septembre 2003.

[5] The Arab Mind, par Raphael Patai, préface de Norvell B. De Atkine, Hatherleigh Press, 2002.

[6] American vertigo, par Bernard-Henry Lévy, Grasset & Fasquelle 2006.

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"L'enfer sur terre" : un ex-détenu somalien raconte Guantanamo



Voila - 22/12/9 - "C'était comme l'enfer sur terre": dans sa première interview depuis sa libération la semaine dernière, un ancien prisonnier somalien de la prison de Guantanamo Bay, détenu pendant huit ans, a raconté à l'AFP sa captivité.

Mohamed Saleban Bare, 44 ans, affirme n'avoir été en rien impliqué dans des actes terroristes au moment de son arrestation par la police pakistanaise à Karachi en décembre 2001.

Il a été détenu quatre mois au Pakistan, envoyé en Afghanistan puis à Guantanamo Bay.


"J'ai été emprisonné pendant environ huit ans et deux mois alors que j'étais innocent mais, grâce à Allah, je suis libre maintenant et je veux laisser derrière moi toutes ces souffrances", raconte M. Bare, dans une interview accordée à Hargeisa, capitale de la région somalienne semi-autonome du Somaliland.

M. Bare et un autre Somalien, Osmail Mohamed Arale, 45 ans, ont été libérés et rapatriés samedi par le Comité international de la Croix Rouge (CICR).

Ils font partie d'un groupe de 12 détenus de Guantanamo, dont six Yéménites et quatre Afghans, renvoyés dans leur pays d'origine par les autorités américaines.

"Guantanamo Bay est comme l'enfer sur terre et je ne me sens pas encore normal, mais je remercie Allah de m'avoir maintenu en vie et d'avoir fait que je ne souffre pas de désordres physiques et mentaux comme plusieurs de mes amis", dit-il, assis dans la chambre de son hôtel à Hargeisa.

A Guantanamo, "ils utilisent des techniques de torture très dures". Cheveux courts et longue barbe clairsemée, l'ex-prisonnier semble épuisé, l'air hébété, et se déplace avec lenteur.

"Ils vous empêchent de dormir pendant au moins quatre nuits de suite", poursuit-il; "ils ne vous donnent quasiment qu'un biscuit à manger pour toute la journée, ils vous font dormir dehors sans couverture dans le froid et pour certains détenus c'est encore pire, avec des tortures à l'électricité et des coups".

M. Bare assure que les autorités américaines ne lui ont jamais indiqué quelles charges pesaient sur lui. Les interrogatoires ont porté sur son passé et ses relations en Somalie. "Il n'y avait que des soupçons et aucun dossier clair", assure-t-il.

Il explique qu'il ne voulait pas répondre aux questions sur ses liens présumés avec al-Ittihad al-Islamiya, mouvement islamiste somalien des rangs duquel sont issus de nombreux leaders insurgés actuels, en particulier parmi les shebab, qui se revendiquent d'Al-Qaïda et du jihad mondial.

"Guantanamo est un endroit où l'on humilie les musulmans", juge-t-il. "Tous les prisonniers sont musulmans mais ils (les Américains) affirment que c'est une prison pour terroristes. Pourquoi alors n'y détiennent-ils pas des non-musulmans?".

"Aucun droit de l'homme n'existe ou ne s'applique à Guantanamo. Les interrogateurs forcent les détenus à avouer des crimes qu'ils n'ont pas commis en les torturant et en souillant leur religion", poursuit le Somalien.

"Ils avaient l'habitude de jeter le Coran dans les toilettes et d'augmenter le son de leurs musiques pendant nos prières", accuse-t-il, reprenant une accusation d'autres ex-prisonniers de Guantanamo.

"Certains de mes compagnons de détention ont perdu la vue, (...) d'autres ont terminé à moitié fou", conclut M. Bare: "je suis OK par rapport à eux".

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Irak : la prison d'Abou Ghraib, tache indélébile de l'occupation américaine



Des détenus de la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad, le 23 février 2008

 

Voila.fr - 17-12-2011 - Les Américains "nous enfermaient dans des boîtes en fer et faisaient un bruit infernal qui provoquait de terribles Maux de tête": Abou Moustafa a connu l'"enfer" de la prison d'Abou Ghraib près de Bagdad, et il lui arrive depuis de devenir "fou par moments".

Cet enseignant de 33 ans, originaire de la ville sainte chiite de Najaf, a appartenu à l'Armée du Mahdi, la milice du chef radical chiite Moqtada Sadr. Arrêté en septembre 2004, il a passé quatre ans dans les prisons américaines, dont deux séjours à Abou Ghraib.

Depuis il est devenu totalement instable. "Par moments, je deviens fou, je crie sans raison ou je reste prostré pendant des heures. Ma famille me demande pourquoi je me conduis ainsi. Que lui dire? Que j'ai brusquement le sentiment qu'ils m'enchaînent pour me remettre à nouveau dans cette boîte".

En avril 2004, la prison d'Abou Ghraïb, à 20 km à l'ouest de Bagdad, est devenue le symbole honni de l'occupation américaine pour nombre d'Irakiens, après la révélation des sévices infligés aux prisonniers par des soldats américains.

La publication des premières photos de prisonniers maltraités par leurs geôliers a entraîné un scandale retentissant. Sur les images, des pyramides de détenus nus, des prisonniers tenus en laisse, menacés par des chiens ou contraints de se masturber.

Ces exactions ont été présentées par l'administration américaine comme étant le fait de quelques militaires isolés. Onze soldats américains ont été condamnés à des peines allant de la radiation de l'armée à dix ans de prison.

Mais le président américain George W. Bush a estimé que cela avait été "la plus grosse erreur" commise par les Etats-Unis en Irak. La prison fut graduellement fermée de septembre 2006 à février 2009.

Un autre ancien détenu, Mahmoud Ali Hussein, jette un oeil à ses moignons avant de promettre : "Jamais je n'oublierai ce que m'ont fait les Américains et j'apprendrai à mes trois enfants à les combattre".

Employé dans le garage de son père à Fallouja, à 60 km à l'ouest de la capitale, Mahmoud Ali Hussein, âgé aujourd'hui de 35 ans, avait été arrêté avec dix autres habitants en octobre 2005, au pic de l'insurrection dans cette région sunnite.

Blessé dans un attentat contre le convoi américain qui le conduisait à la sinistre prison, il a été amputé des deux Bras et des jambes.

"Les soldats américains étaient brutaux. Même les malades étaient attachés à leur lit", se souvient l'homme Assis sur une chaise roulante, qui a été libéré en 2006.

Pendant qu'il parle, un parent lui tend une cigarette pour qu'il aspire une bouffée. "J'aurais voulu posséder encore mes Bras et mes jambes pour les combattre car j'ai assisté à la longue souffrance de mon peuple".

Construite dans les années 1960, la prison était un centre de torture et d'exécution sous l'ex-président Saddam Hussein. Après sa chute en avril 2003, l'établissement avait été baptisé par les Etats-Unis "Centre correctionnel de Bagdad". Il a été transféré aux Irakiens en septembre 2006.

Selon Nagi Abid Hamid, chef d'Ahed (Promesse), une organisation de défense des droits des prisonniers, 70% des dizaines de milliers d'Irakiens qui sont passés par les prisons américaines ont des séquelles.

"Ils ont des accès de violence, certains s'isolent de leur famille ou refusent de manger pendant plusieurs jours, d'autres ont divorcé", assure-t-il.

A Samarra, à 110 km au Nord de Bagdad, Abou Mohammad, un enseignant de 47 ans, assure être "devenu asocial". "Je n'arrive plus à plaisanter, ni à passer une soirée avec des amis. J'ai le sentiment que mes enfants me haïssent", confie ce père de cinq enfants, arrêté en mars 2004 car il se trouvait sur le lieu d'un attentat anti-américain. Il a croupi deux ans à Abou Ghraib.

Dans le jardin de la maison familiale à Fallouja, pendant qu'un de ses proches distribue des photos de Mahmoud avant l'attentat, son père Ali Hussein se dresse et lance d'une voie sourde: "S'il existe une justice internationale, ces Américains doivent être jugés. J'espère qu'il leur arrivera la même chose qu'à mon fils".

Des militants demandant la fermeture de la prison de Guantanamo devant la Maison Blanche, à Washington, le 11 avril 2013


Après une révolte à [au camp de concentration de] Guantanamo, les détenus placés en cellules individuelles

Voila.fr - 13-4-13 - Les détenus de la prison de Guantanamo, dont des dizaines sont en grève de la faim, ont été séparés samedi dans des cellules individuelles après une révolte qui a conduit les autorités à tirer des balles non létales, ont indiqué les autorités militaires.

Le commandant "a ordonné la transition des détenus de cellules communes à individuelles dans le camp 6 pour assurer la santé et la sécurité de ces détenus", a indiqué le porte-parole de la prison, Robert Durand, dans un communiqué.

"Cette action a été prise en réponse aux efforts des détenus pour limiter la capacité des gardes à les observer en recouvrant les caméras de surveillance, les fenêtres et les cloisons de verre", a-t-il expliqué.

Les gardes sont intervenus pour retirer ces obstacles, mais "certains détenus ont résisté à l'aide d'armes improvisées, et en réponse, quatre balles +moins que létales+ ont été tirées", indique-t-il, sans préciser le type de balles tirées.

"Il n'y a eu aucune blessure sérieuse parmi les gardes ou les détenus", selon la même source, qui n'a pas souhaité fournir plus de détails.

L'avocat de deux Koweïtiens en grève de la faim, Barry Wingart, a déploré l'usage de la force dans un courriel à l'AFP.

"L'action des responsables de la prison est l'inverse exact de ce que je pense qu'il faudrait faire. La grève de la faim pourrait être terminée aujourd'hui" si les Corans de ces hommes n'étaient pas fouillés, a-t-il déclaré.

"La seule chose constante à Guantanamo est que la force semble toujours défier la logique et le bon sens", a écrit l'avocat, en disant espérer une intervention du Comité international de la Croix-Rouge, qui seul a accès aux détenus du camp.

Selon les avocats, la vaste majorité des détenus du camp 6, qui en abrite 130, sont en grève de la faim à la suite d'une fouille début février lors de laquelle des Corans ont été examinés d'une manière perçue par eux comme une profanation. Selon le Pentagone, ils étaient 43 grévistes jeudi, quatre fois plus qu'il y a un mois, dont 11 sont alimentés de force par des tubes.

Au total, la prison compte 166 détenus, la plupart emprisonnés depuis plus de 11 ans sans inculpation ni procès, tandis que Barack Obama n'a pas honoré sa promesse de fermer la prison controversée, à Cuba.

 

Guantanamo guard converts to Islam, demands release of detainees

Terry Holdbrooks was deployed to the Guantanamo Bay detention center to guard detainees. The Phoenix, Ariz., resident has become a devout Muslim and an unlikely advocate for the prisoners’ rights.

BY CAROL KURUVILLA/NEW YORK DAILY NEWS, 29/5/2013

 

 

TERRY HOLDBROOKS

Terry Holdbrooks converted to Islam in December 2003 after speaking with the prisoners he was guarding at Guantanamo Bay.

 

Terry Holdbrooks self-published a book about his conversion to Islam and about the atrocities he witnessed as a guard at Guantanamo.
Death threats are just another part of life for Terry Holdbrooks Jr.

The ex-U.S. Army employee converted to Islam in 2003, inspired by the faith of the Guantanamo detainees he was charged with watching. Since then, he says he has lost his friends, received violent threats, and been labeled a “race traitor” online.

But he hasn’t gone quietly. The 29-year-old has done his fair share of media and has even signed on for a job as a speaker for the Muslim Legal Fund of America. Now the devout Muslim is racking up frequent flyer miles and touring the country with what he calls the “truth about Gitmo.”

“Gitmo was supposed to be a cushy deployment since we were just going to babysit detainees,” Holdbrooks said. “But it changed me.”

The Phoenix, Ariz., resident spent the year between 2003 and 2004 guarding U.S. military prisoners at Guantanamo Bay, Cuba. He was often given the job of escorting detainees to interrogation rooms. He says he witnessed atrocities committed by his fellow American soldiers that he never thought were possible.

Speaking on the phone to the Daily News, Holdbrooks rattled off the grim list.

“I saw people put in stress positions for eight hours until they defecated themselves,” he said. “Then the guards would come in and emasculate them.”

He said he saw prisoners shackled to the ground with the air conditioner set high, then doused with cold water. He said that menstrual blood was smeared on their faces and that they were forced to hear the same music on repeat for hours.

 

SHANE T. MCCOY/DEPARTMENT OF DEFENSE VIA AP


Roughly 100 prisoners at the facility are reportedly on a hunger strike to protest their indefinite detentions.

“Gitmo is 100 percent antithetical to the basis of our legal system,” he said. “That’s not the America I signed up to defend.”

While preparing for deployment, Holdbrooks said the Army trained him to think of the prisoners as the “worst of the worst” and “lower than humans.”

“They said these were Al Quaida and Taliban, people who hate America and hate freedom,” Holdbrooks said.

But at least 86 of the 166 men currently held in the detention center have been cleared for release. Some have been held for years without formal charges. They are unable to transfer out because of restrictions in their home countries and laws passed by Congress, according to Human Rights Watch.

Despite the trying situations, Holdbrooks noticed that the men he talked to clung to their faith. He wondered how they could believe that there was a god who cared about them.

“I had all the freedom in the world,” he recalls. “But I was waking up unhappy while these men were in cages, smiling and praying five times a day.”

As a teenager, Holdbrooks had searched for truths in several different religions. He came to Guantanamo convinced that all monotheistic religions were evil

Holdbrooks (not pictured) said he was often responsible for leading detainees to interrogation rooms.

But over the course of several months, as Holdbrooks started speaking to the detainees and reading the Quran, he began to find some truth in Islam.

“The Quran is the simplest book in the world to read. It doesn’t have magic. It doesn’t contradict itself,” Holdbrooks said. “It’s simply an instruction manual for living.”

The faith lives of the detainees seemed to be proof that the instruction manual could work.

Holdbrooks took the leap in December 2003. In the presence of the prisoners, he read out a statement of faith that confirmed him as a Muslim.

His life changed drastically when he came back to America. He said he spent years trying to drink away memories of Guantanamo. He was honorably discharged from the Army in October 2005 for “generalized personality disorder.”

Then, Holdbrooks decided to renew his commitment to Islam. He stopped drinking, smoking, and doing drugs. He put a stop to promiscuity and profanity. He found discipline in prayer.

And he started speaking out.

“Islam teaches you that if you see an injustice in the world, you should do anything within your power to stop it,” Holdbrooks said.

Wary of misinterpretation, Holdbrooks makes sure to speak to reporters and his lecture audiences with precision. He clarifies everything he says, knowing all the while every public appearance will result in some sort of condemnation. Still, he pores through the hundreds of crude Internet comments to see if someone has heard his message.

“The people who write these negative comments think they’re Islamic scholars,” Holdbrooks said. “But they’re actually making massive generalized statements about something they have no idea about.”

His agenda isn’t to promote religion, he said. Instead, he’s thinking about the human rights of people like Shaker Aamer, a detainees who turned into his mentor. Aamer, the last British resident at Guantanamo, has been detained for 11 years. He has never been charged for a crime and has been cleared for release twice, the BBC reports.

Aamer is now one of the prisoners participating in a massive hunger strike behind bars.

“These things aren’t America,” Holdbrooks said. “It would be wrong if I sat by and let Gitmo continue to exist or let people think that Islam is America’s greatest enemy.”

Terry Holdbrooks wrote about his experiences at Guantanamo Bay in the self-published book "Traitor ?" which was released this month.

@carolkuruvilla

Torture à la CIA : les passages les plus terrifiants du rapport du Sénat américain

Huffington Post

Par Nick Wing

10/12/2014



ETATS-UNIS - Ce mardi, le Sénat américain a dévoilé la version abrégée de son rapport très attendu sur les pratiques de la CIA qui ont suivi les attentats du 11 septembre. Ce document, qui fait l'effet d'une bombe outre-Atlantique, révèle des détails effrayants sur les techniques de détention et d'interrogation de la Central Intelligence Agency, chargée de mener la "guerre contre le terrorisme".

Epluché par nos confrères du Huffington Post USA, ce rapport aux détails explicites se révèle d'autant plus perturbant qu'il conclut que ces techniques de torture et de "d'interrogatoire renforcé" (un doux euphémisme pour désigner la torture psychologique) ont bien souvent échoué à produire des résultats significatifs.

Pour accéder à l'intégralité de ce résumé de 525 pages, vous pouvez vous rendre ici (en anglais). Vous y découvrirez des centaines de pages de documents déclassifiés. En attendant, vous trouverez ci-dessous une compilation des détails les plus choquants révélés par ce document.

Des détenus ont été soumis au "rectal feeding" (alimentation rectale), un procédé par lequel des aliments sont introduits dans l'anus...

Après approximativement trois semaines, la CIA a opté pour un traitement plus agressif "sans concertation nécessaire". Mahjid Khan a alors été soumis contre sa volonté à "une alimentation et une hydratation rectale" impliquant deux bouteilles de Ensure [boisson énergisante américaine, NDT]. Plus tard ce même jour, le "plateau repas" de Mahjid Khan, composé de houmous, de pâtes en sauce, de noix et de raisin, a été "réduit à l'état de purée" et introduit par voie rectale. D'autres sessions d'alimentation et d'hydratation rectales ont suivi..."
[Page 115]

... même quand cela n'était pas requis par des besoins médicaux.

 

Selon les archives de la CIA, les interrogateurs ont commencé à recourir aux techniques d'interrogation renforcée sur le site de détention COBALT "quelques minutes" après le début de l'interrogatoire de KSM. KSM a été soumis à des gifles au visage et à l'abdomen, à des sévices au visage, à des positions stressantes, à une privation de sommeil en position debout (avec les mains au niveau ou au dessus de la tête), à de la nudité et à des douches d'eau froide ("water dousing"). Le responsable des interrogatoires a également ordonné une réhydratation rectale sans besoin médical, un procédé que le responsable caractérisera par la suite comme une illustration du "contrôle total du prisonnier" par son interrogateur...

[Page 82]

Les détenus ont été informés qu'ils ne quitteraient ces "sites obscurs" (black sites) et que leurs familles seraient agressées sexuellement ou assassinées.

Au moins cinq détenus de la CIA ont été soumis à une "rehydratation par voie rectale" ou à de l'alimentation rectale sans nécessité médicale attestée par écrit. La CIA a placé des détenus dans des "bains" d'eau glacée. La CIA a conduit plusieurs de ses détenus à croire qu'ils ne pourraient jamais quitter leur lieu de détention en vie, suggérant à un détenu qu'il ne quitterait ce lieu que dans une boîte en forme de cercueil. Un interrogateur a dit à un autre détenu qu'il ne serait jamas convoqué devant un tribunal parce que "nous ne pouvons pas révéler au monde entier ce que je t'ai fait". Des officiers de la CIA ont également menacé au moins trois détenus de faire du mal à leurs familles - y compris de menacer de faire du mal aux enfants de l'un des détenus, d'abuser sexuellement la mère d'un autre et la menace de "trancher la gorge de la mère" d'un autre prisonnier.

[Page 4 des découvertes]

L'un d'entre eux n'a jamais quitté son lieu de détention. Il est mort d'hypothermie présumée après avoir été torturé.

Le XX novembre 2002, un prisonnier qui avait été enchaîné partiellement nu sur un sol de béton est mort d'hypothermie présumée dans le centre COBALT. A l'époque, aucune unité au Quartier Général de la CIA n'avait de responsabilité clairement établie concernant les opérations de détention et d'interrogation de l'Agence. Lors d'entretiens conduits en 2003, les hauts responsables de la CIA et leurs avocats reconnaissaient qu'ils n'avaient pas ou peu d'informations sur les opérations en cours à COBALT et certains pensaient que les techniques d'interrogation renforcée n'y étaient pas emplyées.

[Page 10 du résumé]

Au cours d'une période étendue de stress, un interrogateur a mis en marche une perceuse à proximité d'un détenu.

 

On apprit par la suite qu'au cours de ces interrogatoires, l'officier n°2 de la CIA, avec l'accord et la participation du chef de la base du site de détention BLUE, également entraîné et qualifié pour agir en qualité d'interrogateur, a eu recours à une série de techniques d'interrogations non-autorisées contre al-Nashiri. Par exemple, l'officier n°2 de la CIA a placé al-Nashiri dans une "position debout stressante", avec "ses mains fixés au-dessus de a tête" pendant approximativement deux jours et demi. Plus tard, pendant les debrefings d'al-Nashiri au cours desquels il avait les yeux bandés, l'officier n°2 de la CIA a placé un pistolet près de la tête d'al-Nashiri et mis en marche une perceuse sans fil près de son corps. Al-Nashiri n'a pas fourni d'informations supplémentaires sur des menaces pendant ou après ces interrogatoires.

[Page 69]

Les détenus ont été asphyxiés ("waterboarded") jusqu'à ce qu'ils deviennent bleus...

Au même moment où al-Hawsawi affirmait qu'il était soumis à des simulations de noyade ("waterboarding") en avril 2003, un linguiste de la CIA a affirmé que le détenu Abu Hazim avait également subi des douches d'eau froide (water dousing) dans des conditions se rapprochant de la noyade. XXX, un linguiste venant de XXX en XXX 2003, a déclaré que:

"Quand la douche d'eau froide a été utilisée sur Abu Hazim, un linge recouvrait le visage d'Abu Hazim, et l'officier n°1 de la CIA a fait couler de l'eau froide directement sur le visage d'Abu Hazim pour perturber sa respiration. Le linguiste a déclaré que, quand Abu Hazim est devenu bleu, l'assistant du médecin a retiré le linge pour qu'Abu Hazim puisse respirer."

[Page 107]

... et étaient au bord de la noyade

[...] Durant ces sessions de simulation de noyade ("waterboarding"), KSM a ingéré une quantité significative d'eau. Les archives de la CIA précisent que "l'abdomen de KSM était quelque peu distendu et qu'il regurgitait de l'eau lorsque l'on appuyait sur son abdomen". Les sucs gastriques de KSM étaient tellement dilués par l'eau que l'officier médical présent sur place n'était "pas inquiet que les remontées acides puissent endommager l'oesophage de KSM". L'officier était cependant préoccupé par le risque d'intoxication et de dilution des électrolytes [métaux présents dans le corps, NDT] et a suggéré que les interrogateurs utilisent de l'eau salée lors de futures simulations de noyade. [...] Durant la journée, KSM fut également soumis à une série de gifles et à du "walling" [torture consistant à pousser violemment un détenu contre un mur, NDT]

[Page 86]

La nudité forcée a été régulièrement emplyée comme technique d'interrogation.

Des officiers de la CIA au site de détention BLUE ont continué à recourir aux techniques d'interrogation renforcée contre ben al-Shibh pendant près de trois semaines supplémentaires après cet échange, dont des séances de privation de sommeil, de nudité, de manipulations de son régime, de prises au collet, de gifles à l'abdomen, de gifles au visage, et de "walling". Bin Al-Shibh n'a pas fourni d'information sur d'éventuelles "opérations aux Etats-Unis" ou concernant "d'attaques de grande ampleur visant les Etats-Unis".

[Page 79]

Après ces séances de torture, les détenus ont souvent fourni de fausses informations, sur les bases desquelles les Etats-Unis ont agi.

[...] Durant cette séance, KSM a été décrit comme "plus coopératif" et cette journée d'interrogatoire a été considérée comme "la meilleure session à ce jour". Pendant cette période, KSM a inventé des informations sur un individu qu'il a décrit comme le protecteur des enfants. Cette information a entraîné la capture et la détention de deux innocents.

[Page 83]

Un détenu, toujours captif à Guantanamo Bay et qui fut l'un des premiers exposés à la torture, a subi 20 jours consécutifs de "techniques d'interrogation renforcée".

Du 2 août au 23 août 2002, la CIA a soumis Abu Zubaydah à ses techniques d'interrogation renforcée à un rythme approchant 24 heures par jour. Après qu'Abu Zubaydah a été placé en isolement total pendant 47 jours, la phase la plus agressive de l'interrogatoire a débuté aux alentours de 11h50 le 4 aôut 2002.

[Page 40]

Ceci incluant des périodes étendues d'isolement et d'enfermement dans une boîte en forme de cercueil.

La "phase agressive de l'interrogatoire" s'est poursuivie jusqu'au 23 août 2002. Sur cette période, Abu Zubaydah a passé un total de 266 heures (11 jours, 2 heures) dans une grande (de la taille d'un cercueil) boîte d'enfermement et 29 heures dans une petite boîte d'enfermement, d'une largeur de 50 centimètres, une profondeur de 80 centimètres et une hauteur de 80 centimètres.

[Page 42]

Sur l"un des "sites noirs", des groupes de détenus ont régulièrement été déshabillés, battus, encapuchonnés et attachés avec de la bande adhésive.

Parfois, des détenus de COBALT étaient trimballés nus ou restreints avec leurs mains au dessus de leurs têtes pendant une période étendue. D'autres fois, des détenus de COBALT ont été soumis à ce qui a été décrit comme "une descente à la dure" ("rough takedown"), pendant laquelle cinq officiers de la CIA criaient sur un détenu, le trainait hors de sa cellule, coupaient ses vêtements et l'attachaient avec de l'adhésif. Le détenu était alors encapuchonné et traîné le long d'un corridor pendant qu'il se faisait gifler et frapper.

[Page 4 du résumé]

Les détenus étaient soumis à d'inimaginables périodes de privation de sommeil en addition d'autres formes de torture.

Selon les archives de la CIA, Abu Ja'far al-Iraqi a été soumis à de la nudité, des manipulations de son régime, des gifles humiliantes, des gilfes à l'abdomen, des prises au collet, des prises au visage, du "walling", des positions stressantes, et des douches d'eau froide pendant 18 minutes. Il a été maintenu debout pendant 54 heures parmi les sévices de privation de sommeil et a ressenti ses jambes enfler nécessitant la prise d'anticoagulants et des bandes de contention. Il a été assis et sa privation de sommeil étendue à 78 heures. Une fois l'enflement résorbé, il lui a été administré davantage d'anticoagulants et il a replacé en position debout. La privation de sommeil a été étendue à 102 heures. Après quatre heures de sommeil, Abu Ja'far al-Iraqi a été soumis à 52 heures additionnelles de privation de sommeil, après quoi le quartier général de la CIA a informé ses interrogateurs que huit heures était la plage de repos minimale entre des sessions de privations de sommmeil excédant 48 heures...

[Page 149]

Les privations de sommeil ont souvent entraîné de perturbantes hallucinations.

[...] Arsala Khan, qui a souffert de perturbantes hallucinations après 56 heures de privation de sommeil en position debout, après quoi la CIA a estimé qu'il "ne semblait pas être le sujet impliqué [...] dans des plans ou des activités visant les biens et le personnel des Etats-Unis"...

[Page 16]

Des détenus se sont vus refuser l'accès aux toilettes, ont été équipés de couches et ont été suspendus par les poignets dans des cellules pendant des périodes prolongées.

Le plan d'interrogation de la CIA incluait "l'isolement dans l'obscurité totale; l'appauvrissement de la qualité de sa nourriture; le maintien dans une température inconfortable (froide); [jouer de la musique] 24 heures par jour; le maintenir restreint et encapuchonné". Egalement, al-Najjar a été décrit comme ayant été suspendu - ce qui implique qu'une ou deux de ses mains ont été menottées à une barre au-dessus de sa tête avec l'impossibilité de baisser les bras- pendant 22 heures chaque jour deux jours d'affilée, de manière à "casser" sa résistance. Il fut également noté que al-Najjar portait une couche et ne pouvait pas avoir accès aux toilettes.

[Page 53]

Un interrogateur a joué à la roulette russe avec un détenu.

Parmi d'autres sévices, XXX s'est adonné à la "roulette russe" avec un détenu".

[Page 424]

La CIA détenait des individus qui ne rentraient pas dans les critères de rétention. Ils ont été utilisés pour obtenir des informations de la part de leur famille. Ceci incluait au moins un individu "déficient intellectuellement".

Sur 119 détenus connus, au moins 26 l'ont été à tort et ne ne rentraient pas dans les critères de rétention spécifiés dans le Memorandum de notification (MON) de septembre 2001. Ceci incluait un homme "déficient intellectuellement" dont la détention par la CIA a été utilisée avec pour seul but d'obtenir des informations d'un membre de sa famille. [...] Des détenus sont souvent restés en détention pendant des mois après que la CIA a estimé qu'ils ne correspondaient pas aux standards de MON. Les archives de la CIA fournissent des informations insuffisantes pour justifier le maintien en détention de beaucoup d'autres détenus".

[Page 12 of summary]

Certains détenus par erreur ont ét ésoumis à de longues périodes de torture avant d'être relâchés.

[...] Ceci inclut Abu Hudhaifa, qui a été soumis à des bains d'eau glacée et à 66 heures de privation de sommeil avant d'être relâché parce que la CIA a découvert qu'il n'était pas la personne qu'elle pensait qu'il était.

[Page 42]

Plusieurs officiels de la CIA ont été perturbés par les techniques et la torture dont ils ont été les témoins.

8 août 2002: "La première session du jour ... a eu un effet profond sur les membres de l'équipe présents... il semble que l'avis général soit que l'on n'aille pas plus loin... tout le monde à l'air fort pour le moment mais si ce groupe doit se poursuivre... nous ne pouvons garantir jusqu'à quand...

8 août 2002: "Plusieurs membres de l'équipe ont été profondément affligés... certains au point de tomber en larmes et de la nausée.

[Page 44]

Ce texte, signé Nick Wing, Ashley Alman, Mollie Reilly et Paige Lavender et publié à l’origine sur Le Huffington Post (Etats-Unis), a été traduit de l’anglais par Geoffroy Clavel

17 Disgraceful Facts Buried In The Senate’s 600 Page Torture Report

BY IGOR VOLSKY



ThinkProgress - 9/12/14 - The Senate Intelligence Committee’s report on the CIA’s extensive use of torture reveals that the agency regularly misled the White House and Congress about the information it had obtained from detainees and used techniques that are far more brutal than it — or former Bush administration officials — had previously acknowledged.
For instance, President George W. Bush insisted that “[t]his government does not torture people” and claimed that the intelligence it produced was instrumental to preventing terrorism on American soil and capturing high-value targets, including Osama bin Laden. But the Committee’s five year investigation — and examination of more than six million CIA documents — reveals all of those assertions to be false.
For its part, the CIA acknowledged that it “did not always live up to the high standards that we set for ourselves” and “made mistakes” in how it ran the program, particularly “early on” when the CIA “was unprepared and lacked the core competencies required.” However, it insisted that “there are too many flaws for [this report] to stand as the official record of the program” and strongly disputed “that the agency’s assessments were willfully misrepresented in a calculated effort to manipulate.”
Republicans are similarly shielding the agency from criticism, claiming that the report is “ideologically motivated and distorted recounting of historical events.” “The fact that the CIA’s Detention and Interrogation program developed significant intelligence that helped us identify and capture important al-Qa’ida terrorists, disrupt their ongoing plotting, and take down Usama Bin Ladin is incontrovertible,” Sens. Mitch McConnell (R-KY) and Saxby Chambliss (R-GA), vice chairman of the Senate Select Committee on Intelligence, said in a statement.

Below are just some of the most damning findings from the Committee’s report :
1. Torture did not lead the CIA to the courier who ultimately helped capture Osama bin Laden.
“The most accurate information on Abu Ahmad al-Kuwaiti — facilitator whose identification and tracking led to the identification of UBL’s compound and the operation that resulted in UBL’s death — “obtained from a CIA detainee was provided by a CIA detainee who had not yet been subjected to the CIA’s enhanced interrogation techniques; and CIA detainees who were subjected to the CIA’s enhanced interrogation techniques withheld and fabricated information about Abu Ahmad al-Kuwaiti.” [Page 379]
2. CIA personnel objected to torture techniques, but were “instructed” by the CIA headquarters to continue.
“The non-stop use of the CIA’s enhanced interrogation techniques was disturbing to CIA personnel at DETENTION SITE GREEN. These CIA personnel objected to the continued use of the CIA’s enhanced interrogation techniques against Abu Zubaydah, but were instructed by CIA Headquarters to continue using the techniques…”Several on the team profoundly affected.. .some to the point of tears and choking up. [Page 473]
3. The two psychologists who helped the CIA create the torture techniques earned over $81 million.
“In 2006, the value of the CIA’s base contract with the company formed by the psychologists with all options exercised was in excess of $180 million; the contractors received $81 million prior to the contract’s termination in 2009. In 2007, the CIA provided a multi-year indemnification agreement to protect the company and its employees from legal liability arising out of the program. The CIA has since paid out more than $1 million pursuant to the agreement.” [Page 11]
4. Colin Powell was not briefed on CIA interrogation methods because he would “blow his stack”.
“At the direction of the White House, the secretaries of state and defense – both principals on the National Security Council – were not briefed on program specifics until September 2003. An internal CIA email from July 2003 noted that “… the WH [White House] is extremely concerned [Secretary] Powell would blow his stack if he were to be briefed on what’s been going on.” Deputy Secretary of State Armitage complained that he and Secretary Powell were “cut out” of the National Security Council coordination process.” [Page 7]
5. The CIA used rectal feeding on detainees.
“At least five CIA detainees were subjected to “rectal rehydration” or rectal feeding without documented medical necessity. …Majid Khan’s “lunch tray” consisting of hummus, pasta with sauce, nuts, and raisins was “pureed” and rectally infused. [Page 4]
6. CIA leadership refused to punish an officer who killed a detainee during torture session.
“On two occasions in which the CIA inspector general identified wrongdoing, accountability recommendations were overruled by senior CIA leadership. In one instance, involving the death of a CIA detainee at COBALT, CIA Headquarters decided not to take disciplinary action against an officer involved because, at the time, CIA… In another instance related to a wrongful detention, no action was taken against a CIA officer because, “[t]he Director strongly believes that mistakes should be expected in a business filled with uncertainty,” and “the Director believes the scale tips decisively in favor of accepting mistakes that over connect the dots against those that under connect them.” In neither case was administrative action taken against CIA management personnel.” [Page 14]
7. The CIA tortured innocent people.
“Of the 119 known detainees that were in CIA custody during the life of the program, at least 26 were wrongfully held. Detainees often remained in custody for months after the CIA determined they should not have been detained….Other KSM [Khalid Sheikh Mohammed] fabrications led the CIA to capture and detain suspected terrorists who were later found to be innocent.” [Page 485]
8. The CIA held an “intellectually challenged man” to use as leverage against his family.
“[A]n “intellectually challenged” man whose CIA detention was used solely as leverage to get a family member to provide information, two individuals who were intelligence sources for foreign liaison services and were former CIA sources, and two individuals whom the CIA assessed to be connected to al-Qa’ida based solely on information fabricated by a CIA detainee subjected to the CIA’s enhanced interrogation techniques.” [Page 12]
9. The CIA intentionally mislead the media to “shape public opinion.”
“The CIA’s Office of Public Affairs and senior CIA officials coordinated to share classified information on the CIA’s Detention and Interrogation Program to select members of the media to counter public criticism, shape public opinion, and avoid potential congressional action to restrict the CIA’s detention and interrogation authorities and budget.” [Page 8]
10. CIA officers threatened to kill and rape detainees’ mothers.
“CIA officers also threatened at least three detainees with harm to their families—to include threats to harm the children of a detainee, threats to sexually abuse the mother of a detainee, and a threat to “cut [a detainee's] mother’s throat.” [Page 4]
11. The CIA dismissed information that wasn’t obtained through torture, even though it proved to be true.
“KSM’s reporting during his first day in CIA custody included an accurate description of a Pakistani/British operative, which was dismissed as having been provided during the initial “‘throwaway’ stage” of information collection when the CIA believed detainees provided false or worthless information.’” [Page 82]
12. CIA torture techniques included mock burials and use of insects.
“(1) the attention grasp, (2) walling, (3) facial hold, (4) facial slap, (5) cramped confinement, (6) wall standing, (7) stress positions, (8) sleep deprivation, (9) waterboard, (10) use of diapers, (11) use of insects, and (12) mock burial.” [Page 32]
13. Some interrogators had previously admitted to sexual assault.
“The Committee reviewed CIA records related to several CIA officers and contractors involved in the CIA’s Detention and Interrogation Program, most of whom conducted interrogations. The Committee identified a number of personnel whose backgrounds include notable derogatory information calling into question their eligibility for employment, their access to classified information, and their participation in CIA interrogation activities. In nearly all cases, the derogatory information was known to the CIA prior to the assignment of the CIA officers to the Detention and Interrogation Program. This group of officers included individuals who, among other issues, had engaged in inappropriate detainee interrogations, had workplace anger management issues, and had reportedly admitted to sexual assault.” [Page 59]
14. One interrogator played Russian roulette.
“Among other abuses…had engaged in ‘Russian Roulette’ with a detainee.” [Page 424]
15. The CIA tortured its own informants by accident.
“In the spring of 2004, after two detainees were transferred to CIA custody, CIA interrogators proposed, and CIA Headquarters approved, using the CIA’s enhanced interrogation techniques on one of the two detainees because it might cause the detainee to provide information that could identify inconsistencies in the other detainee’s story. After both detainees had spent approximately 24 hours shackled in the standing sleep deprivation position, CIA Headquarters confirmed that the detainees were former CIA sources. The two detainees had tried to contact the CIA on multiple occasions prior to their detention to inform the CIA of their activities and provide intelligence. [Page 133]
16. The CIA tortured detainees in a dungeon.
“Conditions at CIA detention sites were poor, and were especially bleak early in the program. CIA detainees at the COBALT detention facility were kept in complete darkness and constantly shackled in isolated cells with loud noise or music and only a bucket to use for human waste. Lack of heat at the facility likely contributed to the death of a detainee. The chief of interrogations described COBALT as a “dungeon.” Another seniorCIA officer stated that COBALT was itself an enhanced interrogation technique.” [Page 4]
17. The CIA spent hundreds of millions of dollars on the torture program.
“CIA records indicate that the CIA’s Detention and Interrogation Program cost well over $300 million in non-personnel costs. This included funding for the CIA to construct and maintain detention facilities, including two facilities costing nearly $X million that were never used, in part due to host country political concerns. To encourage governments to clandestinely host CIA detention sites, or to increase support for existing sites, the CIA provided millions of dollars in cash payments to foreign government officials.” [Page 16]

What we're not being told - CIA criminal barbarity tortured 100 prisoners to death

Seumas Milne

11 December 2014. Posted in News


StopTheWarCoalition - 11/12/14 - The latest Senate report is in line with a CIA record of coups, death squads, torture schools and covert war stretching back decades.

WE MAY have known the outline of the global US kidnapping and torture programme for a few years. But even the heavily censored summary of the US senate torture report turns the stomach in its litany of criminal barbarity unleashed by the CIA on real and imagined US enemies.

The earlier accounts of US brutality in Abu Ghraib and Guantánamo pale next to the still sanitised record of forced rectal “infusions” and prolapses, multiple “waterboarding” drownings and convulsions, the shackled freezing to death of a man seized in a mistaken identity case, hooded beatings and hanging by the wrists, mock executions, and sleep deprivation for up to 180 hours.

What has been published is in fact only a small part of a much bigger picture, including an estimated 100 or more prisoners tortured to death in US detention. Added to the rampant lying, cover-ups and impunity, it’s a story that the champions of America’s “exceptionalism” will find hard to sell around the world. And it’s hardly out of line with a CIA record of coups, death squads, torture schools and covert war stretching back decades, some revealed by an earlier senate report in the 1970s.

There is of course nothing exceptional about states that preach human rights and democracy, but practise the opposite when it suits them. For all the senate’s helpful redactions, Britain has been up to its neck in the CIA’s savagery, colluding in kidnapping and torture from Bagram to Guantánamo while dishing out abuses of its own in Iraq and Afghanistan.

So you’d hardly think this reminder of the horrors unleashed in the name of the war on terror was the time for Britain to announce its first permanent military base in the Middle East for four decades. The presence of western troops and support for dictatorial Arab regimes were, after all, the original reasons given by al-Qaida for its jihad against the west.

The subsequent invasions, occupations and bombing campaigns led by the US, Britain and others have been endlessly cited by those who resisted them in the Arab and Muslim world, or launched terror attacks in the west. But last week, foreign secretary Phillip Hammond proudly declared that Britain would reverse its withdrawal from “east of Suez” of the late 1960s and open a navy base “for the long term” in the Gulf autocracy of Bahrain.

The official talk is about protecting Britain’s “enduring interests” and the stability of the region. But to those fighting for the right to run their own country, the message could not be clearer. Britain, the former colonial power, and the US, whose 5th Fleet is already based in Bahrain, stand behind the island’s unelected rulers. No wonder there have already been protests against the base.

Bahrainis campaigning for democracy and civil rights, in a state where the majority are Shia and the rulers Sunni, were part of the Arab uprisings in 2011. With US and British support, Saudi Arabia and the UAE crushed the protests by force. Mass arrests, repression and torture followed.

Three years later, Bahrain’s human rights situation has got worse, and even the US government voices concerns. But British ministers purr about the “progress” of the monarchy’s “reforms”, praising phoney elections to a toothless parliament, boycotted by the main opposition parties. Last week Bahraini activist Zainab al-Khawaja was sentenced to three years in jail for tearing up the king’s photograph. Her father, Abdulhadi, is already serving a life sentence for encouraging peaceful protest.

In reality, the British base’s main job won’t be to prop up the Bahraini regime, but to help protect the entire network of dictatorial Gulf governments that sit on top of its vast reserves of oil and gas – and provide a springboard for future interventions across the wider Middle East. British troops never really left the region and have been part of one intervention after another.

The US itself controls an archipelago of military bases across the Gulf: in Kuwait, Qatar, Oman and the UAE, as well as Bahrain. And despite Barack Obama’s much-heralded pivot to Asia, they are also clearly there for the long haul. After the US accepted the overthrow of the Egyptian dictator Mubarak three years ago, the Gulf autocrats are looking for extra security, which Britain and France are glad to provide. For the London elite, the Gulf is now as much about arms sales and finance as about oil and gas – and a web of political, commercial and intelligence links that go to the heart of the British establishment.

So the British military is also looking to beef up its presence in the UAE, Oman, Qatar and Kuwait. The crucial thing is that these colonial creations remain in the grip of their ruling families and democratisation is put on the back burner. That’s the only guarantee that this corrosive relationship will endure – on the back of disenfranchised populations and armies of grotesquely exploited migrant labour.

On a larger scale, the return of western-backed dictatorship in Egypt, the Arab world’s most important country, has helped re-establish the conditions that led to the war on terror in the first place. Obama has traded the CIA’s Bush-era kidnap-and-torture programme for expanded special forces and CIA drone killings, often of people targeted only by their “signatures” – such as being males of military age. And British forces have this week been accused of training and providing intelligence for Kenyan death squads targeting suspected Islamist activists.

The impact of all this – the revelations of the CIA’s torture orgy, the growing western military grip, the vanishing chances of democratic change – on the Arab and Muslim world should by now be obvious, along with the social backlash in countries such as Britain.

But with its new commitment to station troops in Bahrain, we can have no doubt where the British government stands : behind autocracy and “enduring interests”. Just as the refusal to hold previous US governments to account for terror and torture laid the ground for what happened after 9/11, the failure of parliament even to debate the decision to garrison the Gulf is an ominous one. Britain’s new base isn’t in the interests of either the people of Britain, Bahrain or the Middle East as a whole – it’s a danger and affront to us all.

Source : The Guardian

Archive. © Photo: Fotolia/ViewApart

 

Le rapport sur les tortures pratiquées par la CIA comme instrument de lutte politique interne aux Etats-Unis

 


Par La Voix de la Russie - 12/12/14 - Le comité du Sénat pour le renseignement a publié mardi une partie d’un volumineux rapport sur les abus de la CIA sous la présidence de George Bush-junior. Il y est question, entre autres choses, de la torture et de la désinformation des autorités et de la société.

Selon le texte du document, les terroristes présumés étaient cognés la tête contre le mur, privés de sommeil, dénudés, immergés dans l’eau glacée, assourdis 24 heures sur 24 par la musique. Lors des interrogatoires les détenus subissaient la torture par «noyade» et d’autres méthodes dures pour extorquer des aveux.

Tout cela confirme une nouvelle fois la pratique de graves violations des droits de l’homme par les autorités nord-américaines, a noté dans un commentaire spécial le délégué aux droits de l’homme du MAE de Russie, Konstantin Dolgov.

Il sera très difficile de faire répondre quelqu’un de ces crimes, remarque l’américaniste Dmitri Drobnitski :
«La difficulté consiste dans le fait que ceux qui pratiquaient la torture le faisaient sur ordre direct des chefs. Le 11 septembre 2001 a été perpétré l’attaque terroriste, et déjà le 27 septembre George Bush-junior signait le mémorandum qui déliait les mains à la CIA afin de recourir à des interrogatoires dits « approfondis ». Et ceux qui torturaient exécutaient ainsi des ordres directs et dans ce sens ne sont pas passibles de jugement. Qui plus est, si l’on parle de la juridiction d’autres pays, suivant les lois des Etats-Unis ni les agents de la CIA, ni les militaires, ni même les sous-traitants du renseignement et de l’armée des Etats-Unis ne peuvent être traduits en justice en territoire d’autres pays. Le seul qui peut souffrir, du moins être limogé, c’est l’actuel patron de la CIA John O. Brennan. A l’époque il dirigeait d’abord l’appareil du directeur de la CIA George Tenet, puis son adjoint, qui répondait en partie pour l’élaboration de ce programme».

On se demande, toutefois, pourquoi ce rapport ait été publié, ne serait-ce que partiellement, maintenant ? On doit sans doute chercher l’explication en politique intérieure. Le démocrate Obama est resté pratiquement sans appui du Congrès, où la majorité est détenue par des républicains. Tandis que George Bush-junior, aux temps de la présidence duquel le rapport sur les tortures est consacré, était justement républicain. Il s’agit, donc, d’un instrument de jeu politique, est persuadé l’historien russe des services spéciaux, Alexandre Kolpakidi :
« C’est un coup des démocrates porté aux républicains. Cela veut dire que nous ne pouvons connaître la vérité que lorsque des contradictions il y a. Et quand leur élite est consolidée, nous n’apprendrons jamais la vérité. Durant toutes ces années d’avant la crise nous ne savions pas ce qui se passait dans la CIA. D’ailleurs, à la différence des années 70 du siècle dernier, à présent John Brennan et le chef du renseignement américain James Clapper nient tout. Ils prétendent que tout cela est exagéré, que tout n’était pas comme on le présente. Ils cherchent même à éviter le terme «tortures», en préférant de parler de «méthodes perfectionnées d’interrogatoires».

Geoffrey Miller

 

L'ex-commandant de Guantanamo dans le viseur de la justice française

 

Sputnik - 19/2/16 - Après les tentatives vaines entreprises par l'Allemagne, la Suisse et le Canada, c'est une procédure pénale française qui tente nouvelle fois de faire la lumière sur les "méthodes controversées" [la torture, sic] employées par l'ex-chef de Guantanamo.

L'ancien commandant de la base militaire, Geoffrey Miller, est convoqué le 1er mars par la justice française à la suite d'une plainte d'anciens détenus français de Guantanamo, a indiqué l'avocat des plaignants, cité par France 24.

L'ex-militaire américain est accusé de "séquestration suivie de tortures" sur Mourad Benchellali et Nissar Sassi, deux plaignants enfermés pendant plus de deux ans dans le camp, alors que Geoffrey Miller était aux commandes de la prison militaire.

Il est à noter que cette convocation devant un juge d'instruction n'est toutefois pas coercitive et rien ne dit que Geoffrey Miller s'y présentera.

"Les grands responsables civils et militaires américains refusent de rendre des comptes aux juges nationaux s'agissant des crimes internationaux ou des crimes telle que séquestration suivie de tortures" a déclaré William Bourdon, l'avocat de deux anciens détenus français de Guantanamo.
Et d'ajouter: "C'est évidemment cohérent avec le boycott par les Américains de la Cour pénale internationale, ça s'inscrit dans une logique qui est celle d'essayer d'obtenir l'immunité des fonctionnaires américains partout à travers le monde" a-t-il regretté.

Néanmoins, M. Bourdon ne compte toutefois pas en rester là et souhaite la mise en examen du général. En outre, Mourad Benchellali et Nissar Sassi ont dévoilé certaines méthodes d'interrogatoire, utilisées sous le commandement du général Miller, à savoir des postures humiliantes, l'utilisation de chiens, des interrogatoires dénudés.

Selon les deux plaignants, Guantánamo "aura connu de sombres heures sous la direction du général Miller entre novembre 2002 et avril 2004".

En outre, le nom du général Miller est également associé à la prison irakienne d'Abou Ghraib. Selon les données des défenseurs des droits de l'homme, les mêmes méthodes de tortures ont été utilisées en Irak juste après le passage du général Miller dans cette prison.

Bien que le général Miller figure dans plusieurs rapports accusateurs initiés par le Sénat américain, il a réussi chaque fois à échapper à la justice.

Il a pris sa retraite en 2006 après 34 années dans l'armée. A 66 ans, Geoffrey Miller vit au Texas et préside une entreprise de consultants.

La base américaine de Guantanamo a commencé à recevoir les suspects de terrorisme quatre mois après les attentats du 11 septembre 2001. A son pic d'activité en 2003, elle a accueilli jusqu'à 680 prisonniers qui pouvaient y être enfermés hors toute procédure judiciaire. Ils étaient encore 91 fin janvier. L'administration Obama cherche depuis 2009 à fermer cette prison controversée mais se heurte à l'opposition du Congrès.

 

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Voir aussi :

Les prisons secrètes de l'Empire US en Europe et ailleurs...

Les crimes de guerre commis par l'Empire US-OTAN

 

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