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Les pesticides ne sont pas une fatalité !

La France est le premier  pays consommateur de pesticides en Europe (le troisième au monde); plus de 80 000 tonnes de matières actives sont utilisées chaque année. On trouve aujourd’hui des résidus de pesticides partout : dans l’air, dans l’eau, dans les aliments, bien sur aussi dans le corps humain et plus grave dans celui de nos enfants y compris au stade fœtal.

En Bourgogne, plus de 2 200 tonnes de pesticides ont été utilisées en 2005. Un fongicide (Folpel) et un herbicide (Trifuraline) polluent significativement l'air bourguignon. 96% des rivières et 61% des eaux souterraines contiennent des pesticides. La présence de Glyphosate et de son dérivé l’AMPA progresse chaque année, aussi bien dans les rivières que dans les eaux souterraines. Les filtres actuels à charbon actif  des usines de traitement des eaux ne permettent pas d’éliminer le glyphosate ni l’AMPA.

En Bourgogne, ils sont 450 à pratiquer quotidiennement l’agriculture biologique et à vivre de leur métier. L’agriculture biologique interdit d’avoir recours à des pesticides et des engrais azotés de synthèse.

11 000 agrobiologistes la pratiquent en France (contre seulement un peu plus de 2000 en agriculture raisonnée).

L’agriculture biologique fait l’objet de contrôles réguliers par des organismes de certification indépendants et agréés par l’Etat français.

112 producteurs fermiers bio bourguignons ont décidé de profiter de la SEMAINE SANS PESTICIDES du 20 au 31 mars, pour témoigner dans leur ferme ou au marché de la réalité de leur métier.

Ils sont disponibles pour expliquer aux consommateurs les conditions de production et les contrôles en agriculture biologique.

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Pour plus d’information www.semaine-sans-pesticides.com

LA CONFEDERATION PAYSANNE

 

Pesticides : à quand des mesures contre les agriculteurs voyous ?

 

par POlivier

 

Agoravox - 4-12-17 - Souvenez vous, en 2008, le « fameux » Grenelle de l’environnement, ou plutôt, fumeux. Jugez plutôt. On nous annonçait une réduction de moitié des pesticides, et l’interdiction de certaines substances dangereuses.

A l’aube de 2018, qu’en est-il ? On en utilise de plus en plus. Des pesticides interdits se retrouvent régulièrement et ne parlons même pas des controverses qui finissent systématiquement par des réautorisations ! On doute ? Peut-être que c’est cancérigène ? Peut-être que ça détruit tout les écosystèmes en plus de nous empoisonner lentement mais sûrement ?

Allez, c’est reparti ! 18 mois de plus pour le glyphosate (qui compose le round up, le plus grand destructeur du monde) dans un premier temps, et maintenant, c’est 5 ans !

Mais qu’on se rassure ! Nos gouvernements prennent les choses en main, c’est promis. A grands coups de réunions et de prévention.

Le problème, c’est que ce ne sont pas les particuliers qui posent problème, ni les collectivités, ou tout du moins, plus, parce qu’elles ont récemment et rapidement modifiés leur gestion des zones vertes et ont, pour la plupart, bannis ou tout du moins largement diminué leur utilisation de pesticides. Du côté des citoyens, certes, il reste encore à faire, de nombreux jardiniers continuent d’utiliser des biocides, mais leur surface étant minime, ce ne sont pas eux qui ont le plus gros impact.

Le plus gros impact, les utilisateurs #1 des biocides, ce sont les agriculteurs. Et quelles sont les mesures pour qu’ils réduisent leur utilisation de pesticides ? Aucune. Au contraire même, puisque le modèle agricole, basé sur la Politique Agricole Commune, est largement basé sur le productivisme, qui oblige à user et abuser d’engins lourds (tracteurs), à traiter de grandes surfaces (monocultures), ce qui va forcément attirer les espèces consommant ces denrées (donc utilisation des biocides).

Des alternatives existent (notamment la permaculture et tout ses dérivés), mais elles ne sont pas du tout valorisées : bien souvent, aucune aide n’existe pour se lancer dans ce genre de production. Bien sûr, ces alternatives modifieraient profondément la production agricole, mais, et alors ? L’agriculture actuelle, dite conventionnelle, est à mille lieux de l’agriculture standard d’il y a un siècle, et pourtant, elle l’a rapidement remplacé. Mais à quel prix ?

Année après année, on se plaint que nos rivières soient de plus en plus polluées, nous disposons de cartes et de données qui nous renseignent précisément sur l’utilisation des pesticides, et après ? Rien. Nous savons que nos rivières sont polluées, parfois par des produits interdits, mais à part faire de jolies cartes pour faire le buzz d’un jour, ça n’ira pas plus loin. Pourtant, avec ces cartes, on pourrait facilement repérer les agriculteurs pollueurs, ceux qui utilisent trop de produits ou ceux qui utilisent des produits interdits.

On pourrait les repérer, les verbaliser, faire des exemples pour que la pollution aux pesticides se stabilise ou mieux, diminue. Mais nous ne le faisons pas. Pourquoi ? Aller demander aux décideurs… Et aux lobbys qui les financent.

 

Ou Monsanto, ou Ma santé

 

par Olivier Cabanel

 




Agoravox - 5/12/17 - L’Europe vient de décider d’autoriser encore pour 5 ans supplémentaires le glyphosate dans les terres européennes, sauf que la messe n’est peut-être pas dite.

En effet, Angela Merkel affirme avoir été trahie par son ministre, lequel devait voter contre le glyphosate, et a fait le contraire...

Christian Schmidt, le ministre de l’agriculture, avait justifié sa position suite aux amendements déposés concernant la protection de la biodiversité...

Or la voix de l’Allemagne était l’un des verrous empêchant le renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché du triste pesticide.

La situation est délicate, car si le ministre affirme : « j’ai pris la décision par moi-même et dans le cadre de mon domaine de compétence ministérielle », il n’en reste pas moins que cette décision unilatérale a fait dire à la chancelière « ne correspondait pas à la position sur laquelle le gouvernement s’était mis d’accord »...

Colère des verts allemands qui réclament la mise à la porte du ministre de l’agriculture, et colère aussi de la ministre socialiste de l’environnement, Barbara Heindricks, demandant « une mesure pour rétablir la confiance », alors que la chancelière est à la peine d’une majorité pour gouverner.

Mais alors, pourquoi d’autres pays européens ont pris cette mauvaise décision ?

Ils s’appuient sur l’avis des experts, déclarant que le glyphosate n’était pas dangereux...

Ce qui reste à prouver...

En effet, d’autres experts ont dit le contraire.

Qui croire ?

Mais il y a mieux.

Pour éclairer d’un jour nouveau ces expertises, on apprend que certains experts auraient étés « achetés »...

En effet, s’il faut en croire Aude Massiot, publiant dans les colonnes de « Libération », il y a eu de la corruption.

Des documents déclassifiés de Monsanto, rendus publics lors d’un procès aux USA contre la firme au glyphosate, révèlent qu’un employé de Monsanto avait décrit les techniques employées par son entreprise, s’en prenant à un certain Aaron Blair, expert de l’INAC (institut national américain du cancer), lequel continue de confirmer les dangers du glyphosate, et aurait « exagéré leur nombre ». (Documents déclassifiés ici)

L’entreprise chimique aurait donc multiplié les mesures de discréditation envers l’expert, l’accusant de dissimuler des documents portant sur l’étude du CIRC, et menaçait de publier « une évaluation complète sur le potentiel cancérogène du produit par des scientifiques crédibles ».

Puis, Monsanto craignant une attaque en justice a publié une liste de « scientifiques crédibles » dont un ancien directeur du CIRC.

Par la suite, Monsanto a créé un groupe de lobbying international, bien implanté en Europe, groupe comprenant différents experts, dont des chercheurs internes à l’entreprise.

Dans un mail confidentiel de mars 2016, un certain Daniel Golstein, expert de l’entreprise chimique, explique à Allister Vale, un toxicologue du NPI (national poison information), structure britannique, que son entreprise « voudrait ouvrir une discussion avec un certain nombre de toxicologues médicaux en Europe » sur le glyphosate, ajoutant « c’est bien sur un challenge difficile, étant donné la réticence des chercheurs européens à être associés à des industriels, d’une manière ou d’une autre », invitant ce Vale à faire partie de ce groupe, assurant à ce dernier qu’il serait rémunéré, et que l’entreprise lui fournirait une assistance logistique « pour que cela ne lui devienne pas une charge trop importante... ».

Afin que les scientifiques ne voient pas les liens de cet expert avec l’entreprise Monsanto, des mécanismes de financement dérivés seraient activés.

Ces financements viendraient du Glyphosate Consortium, organisme qui mène la ré autorisation européenne, ou via Ecetox, ou Cefic, et pourraient être transmis via la SOT, (Société of Toxicologie), ou via « une ou plusieurs institutions universitaires ».

La réponse de Vale fut assez claire : « faire passer les financements via le Glyphosate Consortium serait un moyen de faire avancer ce type de regroupement », ajoutant « pour que cela marche, ni moi, ni eux ne pouvons recevoir des financements directs de Monsanto, ou du Glyphosate Consortium ».

La stratégie de Monsanto était donc claire : en finançant discrètement cet expert et d’autres, « cela pourrait avoir une très grande influence en Europe et dans le Monde », avait alors écrit Goldstein.

C’est donc avec aplomb que Vale interrogé par Libération a affirmé : « je peux assurer que ni moi, ni mon département, n’avons reçu des financements d’aucune sorte de la part de Monsanto... ».

Parallèlement le Canada a aussi été sollicité par l’entreprise chimique, comme l’a prouvé un mail de John Lynch, un des responsables de Monsanto, lequel expliquait : « comment mener des actions au Canada, et s’assurer qu’elles sont alignées avec des plans similaires aux Etats Unis et possiblement ailleurs ».

Le mail par la suite évoquait des actions « contre le CIRC », ajoutant « actuellement nous avons 8 associations d’industriels, plus Crop Life Canada qui ont exprimé leur volonté de s’engager dans des discussions sur la manière de collaborer de manière plus cohérente, représentant une part significative du PIB du Canada et de l’investissement dans l’innovation, pour capter l’attention du gouvernement fédéral »....dans le même mail il était aussi question de demander au Canada de « retirer son adhésion et ses financements au CIRC ».

Voilà qui a le mérite de la clarté.

Car bien évidemment, le CIRC dérange Monsanto, puisqu’il a classé, en mars 2015, le glyphosate, ainsi que le malathion et le diazinon, « comme cancérogènes probables pour l’homme ».

Le 3 octobre dernier, le journal « Le Monde » publiait lui aussi un article allant dans le même sens, affirmant « Monsanto aurait rémunéré des chercheurs pour produire des expertises, celles-ci auraient été écrites par des salariés de Monsanto, et signées par des professionnels ».

Devant des preuves si accablantes, et suite à l’hasardeuse décision du ministre de l’agriculture allemand, la question de la légitimité de la décision européenne est posée, d’autant que la décision s’est jouée à rien : les 18 états n’ayant rassemblé que 65,71 % des voix, alors que 65 % étaient requis.

En attendant, la France par la voix de son président a décidé de ne pas suivre les recommandations de Bruxelles, limitant à 3 ans maximum l’utilisation du glyphosate sur le territoire national, sauf que, dans un tweet Macron a ajouté « Dès que des alternatives auront été trouvées... ».

Du côté des industriels de l’agriculture, la FNSEA en tête, on crie à la mise à mort, on affirme qu’il n’y a pas d’alternatives...

Ce syndicat agricole va jusqu’à affirmer que « l’interdiction du glyphosate reviendrait à poser un bouler à l’agriculture française »... et l’un de ses représentant, Éric Thirouin, interrogé par le journal « Le Monde », se réjouit du pragmatisme des états membres, assurant qu’ils ont voté aux 2/3 le renouvellement, ce qui manque d’objectivité, comme expliqué plus haut. (65% contre 65,71 %).

Il dénonce la seule étude sérieuse, celle du CIRC, affirmant qu’elle n’a pas été validée par l’ECHA (agence européenne des produits chimiques), alors que l’on sait maintenant ce qui s’est passé...

Et cerise sur le gâteau, il s’en prend au bio, en en faisant une caricature : les agriculteurs bio seraient obligés d’avoir recours à de la main d’œuvre supplémentaire, de réduire la taille des exploitations, et dit-il « s’ils peuvent le faire, c’est que les produits bio sont vendus plus cher »... et campant sur ses certitudes, il déclare : « ce n’est pas parce que l’on ne fait pas de bio que l’on ne peut pas fournir une agriculture de qualité »... ce qui avec l’usage du glyphosate demande à être prouvé. lien

Finalement, tous posent la question des solutions alternatives, affirmant qu’elles n’existent pas, sauf qu’il y en a déjà depuis longtemps. lien

Au hasard, citons Osmobio, un produit à base d’extraits végétaux et d’algues.

Et puis ce serait oublier le remarquable travail de Lydia et Claude Bourguignon, lesquels luttent depuis près d’un demi-siècle, dénonçant la dégradation rapide de la biomasse, et l’appauvrissement des sols, démontrant comment y remédier, sans pour autant utiliser le glyphosate, ou d’autres pesticides.

Leur combat n’est pas vain, puisque déjà en 2012, on a dénombré plus d’un million et demi d’hectares acquis à la cause de l’agriculture propre (dont 500 000 en conversion).

Cerise sur le gâteau, le bio a été créateur de 118 000 emplois directs, avec une croissance annuelle de 8,4%.

Ajoutons pour la bonne bouche que, malgré une idée reçue, le bio n’est pas si cher que ça, car l’écart avec la plupart des produits varie entre 10% et 20% plus cher, et il faut rappeler que tomber malade à un prix... finalement, le bio est bien plus avantageux.

Comme dit mon vieil ami africain : « il ne faudrait pas que l’agriculteur devienne un agricul-tueur ».

Le dessin illustrant l’article est de Chappatte

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

 

 

 

 

 

L'UE autorise le glyphosate pour cinq ans de plus


ZEJournal - 27/11/17 - Les 28 Etats-membres, réunis en comité d’appel après l’échec des tentatives précédentes pour s'accorder, ont décidé le 27 novembre de ré-autoriser le pesticide de Monsanto pour cinq ans. L'Allemagne a fait basculer le vote en se prononçant pour.

La Commission européenne a annoncé que les Etats membres de l'UE, réunis au sein d'un comité d'appel, ont voté le 27 novembre en faveur d'une nouvelle autorisation pour cinq ans de l'herbicide controversé glyphosate.

Dix-huit pays ont voté en faveur de la proposition de l'exécutif européen, représentant à peine plus des 65% de la population de l'UE nécessaires. Neuf s'y sont opposés, dont la Belgique et la France, et un pays s'est abstenu. La majorité qualifiée requise a pu être obtenue, contrairement à un premier vote début novembre, grâce au vote «pour» de l'Allemagne.

La classe politique française scandalisée, de gauche à droite

José Bové, député européen, a réagi sur Twitter, en dénonçant : «Le scandale du glyphosate se poursuit. On en reprend tous pour cinq ans, paysans, consommateurs. Le principe de précaution est foulé aux pieds. Bayer et Monsanto ont réussit à tordre le bras à Mme Merkel. C'est la victoire du business sur la science».

Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et ancienne députée européenne, a aussi exprimé son dégoût. Elle évoque une «scandaleuse décision sur le glyphosate». Elle écrit : « Scandaleuse décision sur le glyphosate. La santé est le parent très pauvre de la Commission et la responsabilité politique, morale et juridique des décideurs est immense».

Autre réaction, celle de Florian Philippot, président de la formation Les Patriotes, qui désapprouve tout autant l'autorisation délivrée au pesticide décrié, et réclame la sortie de l'Union européenne. «On en prend 5 ans de plus à cause de l’UE et de nos gouvernements soumis ! Une seule solution : l’indépendance par le Frexit !»

Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, s'ajoute au concert de protestations : «En renouvelant pour cinq ans la licence d’exploitation du glyphosate, l'Union européenne joue un jeu irresponsable avec la santé des Européens».

Il en profite pour épingler le ministre de l'Environnement Nicolas Hulot, qu'il estime se montrer «petits bras dans les actes face aux lobbys». «M. N Hulot restera comme un Ministre fort dans les discours mais petits bras dans les actes face aux lobbys glyphosate».

Comment le vote a basculé en faveur de l'autorisation

Ce résultat, qui sonne comme un coup de théâtre, est en grande partie dû au revirement de l'Allemagne, qui s'était abstenue lors du précédent vote. Le pays aurait simplement demandé des modifications au texte afin d'inclure des restrictions sur l'usage privé du glyphosate et le respect de la biodiversité, selon une source proche du dossier citée par l'AFP. Ce changement de position de l'Allemagne a contribué à faire pencher la balance en faveur d'une nouvelle autorisation.

La Commission va maintenant adopter une décision avant que l'autorisation actuelle n'expire le 15 décembre.

- Source : RT (Russie)

 

© AFP 2017 Emmanuel Dunand

 

Glyphosate : «le système est absolument absurde»

Par Louis Doutrebente

Sputnik - 6-12-17 - la suite du récent renouvellement de la licence du glyphosate par les pays membres de l’Union européenne, des ONG de défense de l’environnement ont annoncé avoir déposé des plaintes contre les agences chargées de donner leur avis sur la toxicité du pesticide. Mise au point avec l’ONG française Générations Futures.


Le dossier glyphosate est loin d'être enterré. Des ONG de plusieurs pays membres de l'Union européenne, dont l'ONG française Générations Futures, attaquent en justice l'institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Dans le collimateur des ONG : les rapports sur la non-dangerosité du glyphosate publié par ces agences comprenaient une centaine de pages qui étaient de simples copier-coller d'argumentaires de Monsanto.


Le débat fait rage sur la sécurité alimentaire en Europe alors que l'entreprise Bayer, qui va probablement racheter Monsanto et son célèbre Round-up, tente de restaurer la confiance dans ce secteur en annonçant une opération de transparence. Enfin, la position de l'exécutif français plonge les acteurs concernés dans le doute.
François Veillerette, directeur et porte-parole de l'ONG française Générations Futures apporte des éléments de réponses et donne son avis sur ce dossier toxique.

Sputnik : Générations Futures a-t-elle déjà déposé plainte ?

François Veillerette : Oui, alors on a tous emprunté de chemins différents en fonction des spécificités de nos systèmes juridiques différents, entre l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, etc. et la France.

Il se trouve que nous, en France, on avait déjà déposé une plainte il y a un peu plus d'un an pour tromperie aggravée et mise en danger d'autrui contre l'institut allemand, l'agence européenne de sécurité des aliments et Monsanto.

Donc en fait dans l'affaire des copier-coller, on n'a pas eu à déposer une nouvelle plainte, on a simplement alimenté le dossier de notre plainte toujours en cours en transférant tous les documents relatifs notamment à l'affaire des copier-coller, qui est un élément additionnel constitutif que ce qu'on considère nous comme une tromperie par rapport à l'évaluation du glyphosate.»

Sputnik : Donc c'est toujours devant les mêmes instances et les motifs ont été complétés ?


François Veillerette : Oui, c'est-à-dire que nos collègues autrichiens ont dû redéposer une plainte spécifique parce qu'ils n'avaient pas de plainte en cours. Pour nous, en fait, cette malversation des copier-coller vient s'inscrire pleinement dans l'objet de la première plainte qu'on a posé et qui court toujours. Cela constitue bien selon nous une tromperie, parce qu'on croit lire l'avis de l'agence allemande sur les études scientifiques et universitaires relatives au glyphosate, mais en fait, on lit sans le savoir, l'avis de Monsanto sur ces études universitaires.»
Sputnik: Les autres motifs (fraude, dommages corporels, mise en danger volontaire de la sécurité publique, détérioration de l'environnement et falsification de documents) font aussi partie de cette liste?

François Veillerette: Nous, on avait donc deux motifs, qui étaient mise en danger de la vie d'autrui et tromperie aggravée, donc cela colle parfaitement, on n'a pas besoin de requalifier par rapport au dossier tel qu'il a été déposé.»

Sputnik : Devant qui aviez-vous donc déposé plainte ? Et qui est visé par votre plainte ?

F.V. Nous avons déposé plainte en France auprès du Tribunal de Grande Instance de Lyon, parce que c'est dans la région lyonnaise que siège l'entreprise Monsanto.
On a déposé plainte à un seul endroit, mais les tribunaux français sont tout à fait légitimes pour aller enquêter sur la responsabilité, même quand elles ont leurs origines à l'étranger.»

Sputnik : Est-ce que votre plainte peut aboutir ?

François Veillerette : Notre plainte a été déposée il y a un peu plus d'un an déjà et elle n'a pas été classée sans suite, c'est plutôt bon signe, il y a eu une enquête en cours. J'ai moi-même été auditionné par les gendarmes et on a envoyé de multiples documents. On continue à alimenter le dossier, ce qui veut dire que pour l'instant les choses suivent leurs cours.

Sputnik : Quel est l'agenda ?

François Veillerette: C'est toujours un peu lent, mais les choses suivent leurs cours et on a pu, grâce à cette dernière action commune avec nos collègues (ONG) autrichiens, allemands et italiens, continuer à alimenter le dossier, parce que c'est un élément très important que cette affaire des copier-coller dans cette optique juridique. On ne sait pas aujourd'hui à quel horizon elle pourra aboutir, si elle aboutit, s'il y a une instruction derrière.

On pense quand même que dans les mois qui vont venir, cela devrait se décanter et on devrait savoir si effectivement il y aura une procédure réellement mise en place, parce que pour le moment on est dans une enquête préliminaire ou pas. Donc ce qu'on espère c'est que les derniers éléments qu'on a communiqués, notamment cette affaire du copier-coller qui a fait grand bruit partout en Europe et dans le monde va peser fortement sur la décision de la justice d'ouvrir une procédure contentieuse formelle.

Sputnik : Qu'attendez-vous réellement de la justice ?

François Veillerette : On espère que cela débouchera sur une vraie procédure avec des mises en examen éventuelles au bout du compte et ce qu'espèrent aussi mes collègues des autres ONG qui ont porté plainte dans leurs pays en Europe.»

Sputnik : Bayer a annoncé une opération de transparence en donnant accès aux informations sur ses produits. Vous vous en félicitez ?

François Veillerette : Tout ce qui va dans le sens d'une meilleure transparence est bien sûr toujours positif. Après, il faut regarder exactement à quel niveau la transparence sera placée: est-ce qu'on aura accès à l'ensemble des composants, des données et des études relatifs au produit? Les effets d'annonce, on s'en méfie toujours un petit peu, parce qu'une réelle transparence cela voudrait dire qu'ils communiqueraient l'ensemble de leurs études ayant permis de bâtir le dossier.

Enfin leurs études, parce que les études universitaires ont les connaît, elles sont malheureusement balayées d'un revers de la main par les agences la plupart du temps, mais les autres études, celles qui restent dans le dossier et qui sont prises en compte sont celles des firmes, mais malheureusement elles sont aujourd'hui secrètes.

Donc on veut avoir les études en entier et également les données brutes pour les équipes scientifiques indépendantes puissent aller vérifier tout cela de manière sérieuse. Mais pour cela, il faut qu'il y ait une transparence qui soit totale.

Sputnik : Quelles sont les idées de Générations futures pour réformer le système européen dans le processus d'évaluation et d'homologation des pesticides ?

François Veillerette : On s'est aperçu, à travers ce dossier du glyphosate, qu'il y avait un système qui est absolument absurde dans le sens où de fait, il y a un système de sélection des études dans le domaine des pesticides qui exclut les études universitaires, sous prétexte qu'elles ne suivent pas les bonnes pratiques de laboratoire, qui n'amènent rien au niveau de la qualité scientifique, mais qui sont des pratiques qui sont utilisées par les industriels.
[…]
Ce qui est quand même extraordinaire parce qu'au bout du compte, on ne prend pas en compte les études universitaires publiées dans les revues et comités de lecture et donc validées, de la sorte, mais on va prendre en compte les études des industriels qui elles ne sont pas publiées dans les revues et comités de lecture, sont secrètes et non validées par la communauté scientifique. Donc il faut changer ce système pour prendre en compte de l'ensemble des données disponibles.
[…]
Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Il n'y a aucune étude universitaire qui serve à retirer un pesticide du marché ou à diminuer les doses. Nous voulons que toutes les données scientifiques soient prises en compte et que tout cela soit fait dans la plus grande indépendance.

Sputnik : À l'instar de l'Allemagne, la position du gouvernement français sur l'interdiction du glyphosate est peu compréhensible. Le Président de la République doit-il trancher? Est-ce une stratégie de rester dans le flou ?

François Veillerette : Effectivement, il y a un flou. Le Président avait été clair dans un tweet après la réhomologation du glyphosate et qu'il allait falloir travailler sur les alternatives au glyphosate pour en sortir au plus tard dans trois ans. Mais quelques heures après, son ministre de l'Agriculture d'abord, puis le porte-parole du gouvernement ont envoyé un message beaucoup moins ambitieux, en disant que finalement s'il y avait des difficultés pour trouver des alternatives on n'interdirait pas le glyphosate.

Oui, cela pourrait être une stratégie que de dire une chose et son contraire comme cela tout le monde entend ce qu'il veut, cela satisfait les défenseurs de l'environnement et la FSNEA, le principal syndicat agricole. Donc pour lever cette ambiguïté on a, avec d'autres associations, envoyé le 4, un courrier au Président de la République pour qu'il nous fasse une réponse écrite et qu'il éclaircisse définitivement cet imbroglio.

Sputnik : Vous attendez une réponse ?

François Veillerette : Bien sûr, quand on envoie un courrier et qu'on interpelle, c'est parce qu'on attend une réponse, évidemment. Et on ne comprendrait pas qu'il n'y ait pas de réponse et pour nous, une absence de réponse sera déjà une réponse. Et bien sûr on rendra publique toute réponse ou non-réponse, d'ailleurs de la même façon.

 

 

© AFP 2017 Emmanuek Dunand

 

Glyphosate : l’axe Bruxelles-Berlin a eu raison de Paris

Par Louis Doutrebente

Sputnik - 28-11-17 - Lundi 27 novembre, les États membres de l’UE ont voté pour le renouvellement de la licence d’exploitation du glyphosate pour 5 ans. Suivant la demande de la Commission européenne, 18 pays ont voté pour, dont l’Allemagne, auparavant abstentionniste. Un suffrage qui sonne comme une défaite pour la France.


Deux ans. Deux ans de débat acharnés autour du renouvellement de la licence européenne du glyphosate viennent de trouver leur épilogue. Et c'est «oui», pour cinq ans. En effet, dans un vote à la majorité qualifiée- 14 pays représentants au moins 65% de la population-, 18 États membres se sont positionnés pour, obtenant un total de 65,71% de la population des pays membres de l'UE. Ce vote du 27 novembre va dans le sens de la Commission, qui avait prôné ce renouvellement pour cinq ans et qui devait l'obtenir avant le 15 décembre, date d'expiration de la licence de l'agent pesticide, présent notamment dans le célèbre Round-up.

Cette décision sonne donc comme une victoire pour l'institution européenne. En effet, au cours de ces deux ans de joute, les pays membres se sont prononcés pas moins de huit fois, avec à chaque fois un même résultat: négatif. Ce 27 novembre, alors que ce vote s'effectuait en comité d'appel, 4 des 5 pays qui s'étaient abstenus lors du scrutin précédent, ont cette fois-ci voté pour.

En tête de ces pays : l'Allemagne.
En effet, politiquement et démographiquement, l'Allemagne est le poids lourd dans un vote à majorité qualifiée. Mais alors qu'on pouvait imaginer que la crise gouvernementale qui secoue le pays ne permettrait pas un changement d'attitude avant la formation d'une prochaine coalition, la première puissance européenne s'est ralliée dans le camp des «pour», entraînant avec elle la Belgique, la Pologne et la Roumanie. A ceux qui s'interrogeraient sur ce revirement, les intérêts économiques et financiers apportent un élément de réponse. En effet, le probable futur leader mondial de l'agriculture sera la société allemande Bayer, qui est en négociation pour acquérir la firme américaine Monsanto, notamment productrice et distributrice du Round-up, contenant du glyphosate. Les intérêts nationaux passent donc avant les intérêts européens pour la majorité des députés allemands.
Outre le plan économique, les enjeux autour du glyphosate sont essentiellement phytosanitaires.


Effectivement, le renouvellement de la licence de l'herbicide fait polémique depuis que le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et son organisation mère, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ont classé le glyphosate comme «cancérigène probable pour l'homme» le 20 mars 2015.
Cette polémique s'est accentuée lorsque certains médias et ONG ont dévoilé la probable connivence entre les agences européennes et la firme américaine. Les «Monsanto Papers» ont en effet révélé qu'une centaine de pages d'un rapport d'experts européens, qui contredisait les résultats du CIRC, n'était qu'un simple copier-coller d'argumentaires de Mosanto. Problème: c'est sur la base de ces rapports d'experts que la Commission se fonde pour demander le renouvellement de l'herbicide.
Si le débat sur la nocivité du produit est loin d'être clos, les pays membres de l'Union européenne, la Commission et l'Allemagne en tête, ont cependant décidé de renouvellement sa licence qui sonne comme une défaite pour la France.


En effet, la position française était de voter «contre» en cas de proposition d'un renouvellement pour cinq ans en n'en demandant que trois. Mais cette position, pourtant officielle, n'était pas soutenue par l'ensemble du personnel politique concerné dans ce vote. Nicolas Hulot et Stéphane Travert, respectivement ministre de la Transition écologique et solidaire et ministre de l'Agriculture et de l'alimentation, s'étaient affrontés quant à la durée d'un possible renouvellement.
Alors que le premier défenseur de l'environnement souhaitait interdire le produit après trois années de renouvellement maximum, son collègue du gouvernement proposait une prolongation de 5 à 7 ans. Si le Premier ministre, Édouard Philippe, avait tranché en décidant d'un futur vote pour une proposition n'excédant pas 5 ans fin septembre dernier, Nicolas Hulot avait finalement convaincu le Président Macron de limiter ce renouvellement de la licence du glyphosate à trois. La réplique de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) ne s'était pas fait attendre, s'alignant sur la proposition de cinq ans faute d'alternative crédible au glyphosate pour les agriculteurs français.

Bref, face à une France avançant en ordre dispersé, la Commission, forte du soutien de dernière minute de l'Allemagne, a fait valoir sa position. Ni la France, en dépit du volontarisme européen affiché par Emmanuel Macron, ni l'opinion publique européenne, choquée par les relations troubles entre les instances bruxelloises et l'industrie phytosanitaire, n'auront eu raison de l'axe Bruxelles-Berlin.

Paris a donc adopté une position de repl i: Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d'interdire le glyphosate en France d'ici trois ans maximum, le temps de trouver des alternatives [sic]. Un pari risqué, tant l'agriculture française est encore dépendante du glyphosate. S'il le remporte, Emmanuel Macron sera vu comme un défenseur de la souveraineté française… et de la santé de ses concitoyens. De plus, il pourrait offrir une belle occasion à une agriculture française plus «propre» de s'imposer face à ses rivales européennes.

 

 

 

Glyphosate : L'Assemblée ne grave pas dans la loi l'interdiction d'ici 2021 !

 

 

 

20 Minutes avec AFP - Publié le 29/05/18

Où est passée la mention du glyphosate ? Engagement présidentiel, la sortie d’ici 2021 de l’herbicide controversé ne sera pas à ce stade gravée dans la loi, ont décidé les députés, malgré des demandes jusqu’au sein de la majorité, le gouvernement voulant d’abord une solution pour les agriculteurs.

Après la décision de l’Union européenne en novembre de renouveler la licence du glyphosate controversé pour cinq ans, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du Roundup de Monsanto, serait interdite en France « dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ».

En février, cependant, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot s’était dit prêt à envisager des « exceptions » pour les agriculteurs qui ne seraient pas « prêts en trois ans » à se passer du glyphosate - une substance jugée cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé.

« A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteurs

Mais dans le projet de loi du ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, qui était examiné en première lecture au Palais Bourbon pour le septième jour d’affilée, point d’article sur le glyphosate. Y figurent en revanche des mesures pour réduire les pesticides (interdiction des remises, rabais et ristournes, encadrement de la publicité…), auxquelles les députés ont donné leur feu vert.

Ils ont aussi approuvé une extension du champ de l’interdiction des néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles », aux substances chimiques dont les modes d’action sont identiques.

Sur le glyphosate, le chef de l’Etat « a fixé un objectif ambitieux et pragmatique » et « nous mettons toutes les chances de notre côté » en poursuivant notamment les recherches sur les alternatives, a assuré Stéphane Travert dans l’hémicycle. « A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteurs, a aussi plaidé le chef de file LREM Richard Ferrand, menaçant de légiférer en cas de « mauvaise volonté ».

Des amendements notamment de la commission du Développement durable de l’Assemblée et de l’ex-ministre PS Delphine Batho, qui posaient un terme en 2021, ont été massivement rejetés. Même sort pour un amendement prévoyant cette échéance mais avec des dérogations possibles jusqu’en 2023, repoussé par 63 voix contre 20. La proposition était portée par Matthieu Orphelin (LREM), proche de Nicolas Hulot, et cosignée par une cinquantaine de membres du groupe majoritaire.

 

« Renoncement du gouvernement sur le modèle agricole »

« C’est un signal attendu par beaucoup », a plaidé en vain Matthieu Orphelin, alors que deux pétitions ont rassemblé « plus de 400.000 Français ». « La loi doit au minimum installer une base légale pour une future interdiction du glyphosate, pour crédibiliser le plan d’action de sortie », avait jugé auparavant auprès de l’AFP Pascal Canfin, directeur général du WWF.

L’ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversité Barbara Pompili (LREM) a dit lundi soir sa « peur » de ne pas arriver à « tenir » la promesse présidentielle « dans trois ans ». En soutien, l’Insoumis Loïc Prud’homme a jugé le sujet « emblématique de ce qu’est le renoncement du gouvernement sur le modèle agricole ».

La droite et le centre se sont opposés à ces amendements, Christian Jacob (LR) appelant notamment à ne pas « pénaliser les agriculteurs ». Sur fond de « controverse scientifique sur sa dangerosité », le ministre a estimé nécessaire d'« approfondir les connaissances » sur le glyphosate même, en vue du prochain débat européen.

Ces propos ont fait bondir Loïc Prud’homme, qui a rappelé les « Monsanto papers », des documents déclassifiés par la justice américaine et montrant, selon les médias, que le groupe américain a pesé sur la rédaction d’études scientifiques.

 

 

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