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Les pesticides ne sont pas une fatalité ! La France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe (le troisième au monde); plus de 80 000 tonnes de matières actives sont utilisées chaque année. On trouve aujourd’hui des résidus de pesticides partout : dans l’air, dans l’eau, dans les aliments, bien sur aussi dans le corps humain et plus grave dans celui de nos enfants y compris au stade fœtal. En Bourgogne, plus de 2 200 tonnes de pesticides ont été utilisées en 2005. Un fongicide (Folpel) et un herbicide (Trifuraline) polluent significativement l'air bourguignon. 96% des rivières et 61% des eaux souterraines contiennent des pesticides. La présence de Glyphosate et de son dérivé l’AMPA progresse chaque année, aussi bien dans les rivières que dans les eaux souterraines. Les filtres actuels à charbon actif des usines de traitement des eaux ne permettent pas d’éliminer le glyphosate ni l’AMPA. En Bourgogne, ils sont 450 à pratiquer quotidiennement l’agriculture biologique et à vivre de leur métier. L’agriculture biologique interdit d’avoir recours à des pesticides et des engrais azotés de synthèse. 11 000 agrobiologistes la pratiquent en France (contre seulement un peu plus de 2000 en agriculture raisonnée). L’agriculture biologique fait l’objet de contrôles réguliers par des organismes de certification indépendants et agréés par l’Etat français. 112 producteurs fermiers bio bourguignons ont décidé de profiter de la SEMAINE SANS PESTICIDES du 20 au 31 mars, pour témoigner dans leur ferme ou au marché de la réalité de leur métier. Ils sont disponibles pour expliquer aux consommateurs les conditions de production et les contrôles en agriculture biologique. * Pour plus d’information www.semaine-sans-pesticides.com |
Pesticides : à quand des mesures contre les agriculteurs voyous ?
par POlivier
Agoravox - 4-12-17 - Souvenez vous, en 2008, le « fameux » Grenelle de l’environnement, ou plutôt, fumeux. Jugez plutôt. On nous annonçait une réduction de moitié des pesticides, et l’interdiction de certaines substances dangereuses. A l’aube de 2018, qu’en est-il ? On en utilise de plus en plus. Des pesticides interdits se retrouvent régulièrement et ne parlons même pas des controverses qui finissent systématiquement par des réautorisations ! On doute ? Peut-être que c’est cancérigène ? Peut-être que ça détruit tout les écosystèmes en plus de nous empoisonner lentement mais sûrement ? Allez, c’est reparti ! 18 mois de plus pour le glyphosate (qui compose le round up, le plus grand destructeur du monde) dans un premier temps, et maintenant, c’est 5 ans ! Mais qu’on se rassure ! Nos gouvernements prennent les choses en main, c’est promis. A grands coups de réunions et de prévention. Le problème, c’est que ce ne sont pas les particuliers qui posent problème, ni les collectivités, ou tout du moins, plus, parce qu’elles ont récemment et rapidement modifiés leur gestion des zones vertes et ont, pour la plupart, bannis ou tout du moins largement diminué leur utilisation de pesticides. Du côté des citoyens, certes, il reste encore à faire, de nombreux jardiniers continuent d’utiliser des biocides, mais leur surface étant minime, ce ne sont pas eux qui ont le plus gros impact. Le plus gros impact, les utilisateurs #1 des biocides, ce sont les agriculteurs. Et quelles sont les mesures pour qu’ils réduisent leur utilisation de pesticides ? Aucune. Au contraire même, puisque le modèle agricole, basé sur la Politique Agricole Commune, est largement basé sur le productivisme, qui oblige à user et abuser d’engins lourds (tracteurs), à traiter de grandes surfaces (monocultures), ce qui va forcément attirer les espèces consommant ces denrées (donc utilisation des biocides). Des alternatives existent (notamment la permaculture et tout ses dérivés), mais elles ne sont pas du tout valorisées : bien souvent, aucune aide n’existe pour se lancer dans ce genre de production. Bien sûr, ces alternatives modifieraient profondément la production agricole, mais, et alors ? L’agriculture actuelle, dite conventionnelle, est à mille lieux de l’agriculture standard d’il y a un siècle, et pourtant, elle l’a rapidement remplacé. Mais à quel prix ? Année après année, on se plaint que nos rivières soient de plus en plus polluées, nous disposons de cartes et de données qui nous renseignent précisément sur l’utilisation des pesticides, et après ? Rien. Nous savons que nos rivières sont polluées, parfois par des produits interdits, mais à part faire de jolies cartes pour faire le buzz d’un jour, ça n’ira pas plus loin. Pourtant, avec ces cartes, on pourrait facilement repérer les agriculteurs pollueurs, ceux qui utilisent trop de produits ou ceux qui utilisent des produits interdits. On pourrait les repérer, les verbaliser, faire des exemples pour que la pollution aux pesticides se stabilise ou mieux, diminue. Mais nous ne le faisons pas. Pourquoi ? Aller demander aux décideurs… Et aux lobbys qui les financent. |
Ou Monsanto, ou Ma santé
par Olivier Cabanel
Agoravox - 5/12/17 - L’Europe vient de décider d’autoriser encore pour 5 ans supplémentaires le glyphosate dans les terres européennes, sauf que la messe n’est peut-être pas dite. En effet, Angela Merkel affirme avoir été trahie par son ministre, lequel devait voter contre le glyphosate, et a fait le contraire... Christian Schmidt, le ministre de l’agriculture, avait justifié sa position suite aux amendements déposés concernant la protection de la biodiversité... Or la voix de l’Allemagne était l’un des verrous empêchant le renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché du triste pesticide. La situation est délicate, car si le ministre affirme : « j’ai pris la décision par moi-même et dans le cadre de mon domaine de compétence ministérielle », il n’en reste pas moins que cette décision unilatérale a fait dire à la chancelière « ne correspondait pas à la position sur laquelle le gouvernement s’était mis d’accord »... Colère des verts allemands qui réclament la mise à la porte du ministre de l’agriculture, et colère aussi de la ministre socialiste de l’environnement, Barbara Heindricks, demandant « une mesure pour rétablir la confiance », alors que la chancelière est à la peine d’une majorité pour gouverner. Mais alors, pourquoi d’autres pays européens ont pris cette mauvaise décision ? Ils s’appuient sur l’avis des experts, déclarant que le glyphosate n’était pas dangereux... Ce qui reste à prouver... En effet, d’autres experts ont dit le contraire. Qui croire ? Mais il y a mieux. Pour éclairer d’un jour nouveau ces expertises, on apprend que certains experts auraient étés « achetés »... En effet, s’il faut en croire Aude Massiot, publiant dans les colonnes de « Libération », il y a eu de la corruption. Des documents déclassifiés de Monsanto, rendus publics lors d’un procès aux USA contre la firme au glyphosate, révèlent qu’un employé de Monsanto avait décrit les techniques employées par son entreprise, s’en prenant à un certain Aaron Blair, expert de l’INAC (institut national américain du cancer), lequel continue de confirmer les dangers du glyphosate, et aurait « exagéré leur nombre ». (Documents déclassifiés ici) L’entreprise chimique aurait donc multiplié les mesures de discréditation envers l’expert, l’accusant de dissimuler des documents portant sur l’étude du CIRC, et menaçait de publier « une évaluation complète sur le potentiel cancérogène du produit par des scientifiques crédibles ». Puis, Monsanto craignant une attaque en justice a publié une liste de « scientifiques crédibles » dont un ancien directeur du CIRC. Par la suite, Monsanto a créé un groupe de lobbying international, bien implanté en Europe, groupe comprenant différents experts, dont des chercheurs internes à l’entreprise. Dans un mail confidentiel de mars 2016, un certain Daniel Golstein, expert de l’entreprise chimique, explique à Allister Vale, un toxicologue du NPI (national poison information), structure britannique, que son entreprise « voudrait ouvrir une discussion avec un certain nombre de toxicologues médicaux en Europe » sur le glyphosate, ajoutant « c’est bien sur un challenge difficile, étant donné la réticence des chercheurs européens à être associés à des industriels, d’une manière ou d’une autre », invitant ce Vale à faire partie de ce groupe, assurant à ce dernier qu’il serait rémunéré, et que l’entreprise lui fournirait une assistance logistique « pour que cela ne lui devienne pas une charge trop importante... ». Afin que les scientifiques ne voient pas les liens de cet expert avec l’entreprise Monsanto, des mécanismes de financement dérivés seraient activés. Ces financements viendraient du Glyphosate Consortium, organisme qui mène la ré autorisation européenne, ou via Ecetox, ou Cefic, et pourraient être transmis via la SOT, (Société of Toxicologie), ou via « une ou plusieurs institutions universitaires ». La réponse de Vale fut assez claire : « faire passer les financements via le Glyphosate Consortium serait un moyen de faire avancer ce type de regroupement », ajoutant « pour que cela marche, ni moi, ni eux ne pouvons recevoir des financements directs de Monsanto, ou du Glyphosate Consortium ». La stratégie de Monsanto était donc claire : en finançant discrètement cet expert et d’autres, « cela pourrait avoir une très grande influence en Europe et dans le Monde », avait alors écrit Goldstein. C’est donc avec aplomb que Vale interrogé par Libération a affirmé : « je peux assurer que ni moi, ni mon département, n’avons reçu des financements d’aucune sorte de la part de Monsanto... ». Parallèlement le Canada a aussi été sollicité par l’entreprise chimique, comme l’a prouvé un mail de John Lynch, un des responsables de Monsanto, lequel expliquait : « comment mener des actions au Canada, et s’assurer qu’elles sont alignées avec des plans similaires aux Etats Unis et possiblement ailleurs ». Le mail par la suite évoquait des actions « contre le CIRC », ajoutant « actuellement nous avons 8 associations d’industriels, plus Crop Life Canada qui ont exprimé leur volonté de s’engager dans des discussions sur la manière de collaborer de manière plus cohérente, représentant une part significative du PIB du Canada et de l’investissement dans l’innovation, pour capter l’attention du gouvernement fédéral »....dans le même mail il était aussi question de demander au Canada de « retirer son adhésion et ses financements au CIRC ». Voilà qui a le mérite de la clarté. Car bien évidemment, le CIRC dérange Monsanto, puisqu’il a classé, en mars 2015, le glyphosate, ainsi que le malathion et le diazinon, « comme cancérogènes probables pour l’homme ». Le 3 octobre dernier, le journal « Le Monde » publiait lui aussi un article allant dans le même sens, affirmant « Monsanto aurait rémunéré des chercheurs pour produire des expertises, celles-ci auraient été écrites par des salariés de Monsanto, et signées par des professionnels ». Devant des preuves si accablantes, et suite à l’hasardeuse décision du ministre de l’agriculture allemand, la question de la légitimité de la décision européenne est posée, d’autant que la décision s’est jouée à rien : les 18 états n’ayant rassemblé que 65,71 % des voix, alors que 65 % étaient requis. En attendant, la France par la voix de son président a décidé de ne pas suivre les recommandations de Bruxelles, limitant à 3 ans maximum l’utilisation du glyphosate sur le territoire national, sauf que, dans un tweet Macron a ajouté « Dès que des alternatives auront été trouvées... ». Du côté des industriels de l’agriculture, la FNSEA en tête, on crie à la mise à mort, on affirme qu’il n’y a pas d’alternatives... Ce syndicat agricole va jusqu’à affirmer que « l’interdiction du glyphosate reviendrait à poser un bouler à l’agriculture française »... et l’un de ses représentant, Éric Thirouin, interrogé par le journal « Le Monde », se réjouit du pragmatisme des états membres, assurant qu’ils ont voté aux 2/3 le renouvellement, ce qui manque d’objectivité, comme expliqué plus haut. (65% contre 65,71 %). Il dénonce la seule étude sérieuse, celle du CIRC, affirmant qu’elle n’a pas été validée par l’ECHA (agence européenne des produits chimiques), alors que l’on sait maintenant ce qui s’est passé... Et cerise sur le gâteau, il s’en prend au bio, en en faisant une caricature : les agriculteurs bio seraient obligés d’avoir recours à de la main d’œuvre supplémentaire, de réduire la taille des exploitations, et dit-il « s’ils peuvent le faire, c’est que les produits bio sont vendus plus cher »... et campant sur ses certitudes, il déclare : « ce n’est pas parce que l’on ne fait pas de bio que l’on ne peut pas fournir une agriculture de qualité »... ce qui avec l’usage du glyphosate demande à être prouvé. lien Finalement, tous posent la question des solutions alternatives, affirmant qu’elles n’existent pas, sauf qu’il y en a déjà depuis longtemps. lien Au hasard, citons Osmobio, un produit à base d’extraits végétaux et d’algues. Et puis ce serait oublier le remarquable travail de Lydia et Claude Bourguignon, lesquels luttent depuis près d’un demi-siècle, dénonçant la dégradation rapide de la biomasse, et l’appauvrissement des sols, démontrant comment y remédier, sans pour autant utiliser le glyphosate, ou d’autres pesticides. Leur combat n’est pas vain, puisque déjà en 2012, on a dénombré plus d’un million et demi d’hectares acquis à la cause de l’agriculture propre (dont 500 000 en conversion). Cerise sur le gâteau, le bio a été créateur de 118 000 emplois directs, avec une croissance annuelle de 8,4%. Ajoutons pour la bonne bouche que, malgré une idée reçue, le bio n’est pas si cher que ça, car l’écart avec la plupart des produits varie entre 10% et 20% plus cher, et il faut rappeler que tomber malade à un prix... finalement, le bio est bien plus avantageux. Comme dit mon vieil ami africain : « il ne faudrait pas que l’agriculteur devienne un agricul-tueur ». Le dessin illustrant l’article est de Chappatte Merci aux internautes pour leur aide précieuse. Olivier Cabanel |
L'UE autorise le glyphosate pour cinq ans de plus |
© AFP 2017 Emmanuel Dunand
Glyphosate : «le système est absolument absurde»
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© AFP 2017 Emmanuek Dunand
Glyphosate : l’axe Bruxelles-Berlin a eu raison de Paris
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Glyphosate : L'Assemblée ne grave pas dans la loi l'interdiction d'ici 2021 !
20 Minutes avec AFP - Publié le 29/05/18 Où est passée la mention du glyphosate ? Engagement présidentiel, la sortie d’ici 2021 de l’herbicide controversé ne sera pas à ce stade gravée dans la loi, ont décidé les députés, malgré des demandes jusqu’au sein de la majorité, le gouvernement voulant d’abord une solution pour les agriculteurs. Après la décision de l’Union européenne en novembre de renouveler la licence du glyphosate controversé pour cinq ans, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du Roundup de Monsanto, serait interdite en France « dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ». En février, cependant, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot s’était dit prêt à envisager des « exceptions » pour les agriculteurs qui ne seraient pas « prêts en trois ans » à se passer du glyphosate - une substance jugée cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé.
« A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteursMais dans le projet de loi du ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, qui était examiné en première lecture au Palais Bourbon pour le septième jour d’affilée, point d’article sur le glyphosate. Y figurent en revanche des mesures pour réduire les pesticides (interdiction des remises, rabais et ristournes, encadrement de la publicité…), auxquelles les députés ont donné leur feu vert. Ils ont aussi approuvé une extension du champ de l’interdiction des néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles », aux substances chimiques dont les modes d’action sont identiques. Sur le glyphosate, le chef de l’Etat « a fixé un objectif ambitieux et pragmatique » et « nous mettons toutes les chances de notre côté » en poursuivant notamment les recherches sur les alternatives, a assuré Stéphane Travert dans l’hémicycle. « A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteurs, a aussi plaidé le chef de file LREM Richard Ferrand, menaçant de légiférer en cas de « mauvaise volonté ». Des amendements notamment de la commission du Développement durable de l’Assemblée et de l’ex-ministre PS Delphine Batho, qui posaient un terme en 2021, ont été massivement rejetés. Même sort pour un amendement prévoyant cette échéance mais avec des dérogations possibles jusqu’en 2023, repoussé par 63 voix contre 20. La proposition était portée par Matthieu Orphelin (LREM), proche de Nicolas Hulot, et cosignée par une cinquantaine de membres du groupe majoritaire.
« Renoncement du gouvernement sur le modèle agricole »« C’est un signal attendu par beaucoup », a plaidé en vain Matthieu Orphelin, alors que deux pétitions ont rassemblé « plus de 400.000 Français ». « La loi doit au minimum installer une base légale pour une future interdiction du glyphosate, pour crédibiliser le plan d’action de sortie », avait jugé auparavant auprès de l’AFP Pascal Canfin, directeur général du WWF. L’ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversité Barbara Pompili (LREM) a dit lundi soir sa « peur » de ne pas arriver à « tenir » la promesse présidentielle « dans trois ans ». En soutien, l’Insoumis Loïc Prud’homme a jugé le sujet « emblématique de ce qu’est le renoncement du gouvernement sur le modèle agricole ». La droite et le centre se sont opposés à ces amendements, Christian Jacob (LR) appelant notamment à ne pas « pénaliser les agriculteurs ». Sur fond de « controverse scientifique sur sa dangerosité », le ministre a estimé nécessaire d'« approfondir les connaissances » sur le glyphosate même, en vue du prochain débat européen. Ces propos ont fait bondir Loïc Prud’homme, qui a rappelé les « Monsanto papers », des documents déclassifiés par la justice américaine et montrant, selon les médias, que le groupe américain a pesé sur la rédaction d’études scientifiques.
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