L’ALTERNATIVE
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Source : http://www.alter-actif.com http://www.alter-actif.com/decroissance_(economie).php - une projection économique théorique qui considère que la croissance économique à travers les indicateurs économiques tels que le PIB, ne peut pas être durable, en raison surtout de la raréfaction des ressources naturelles et des dommages sur l'environnement. Origines Le concept de décroissance trouve son fondement théorique chez différents rédigés et penseurs du XXe siècle. Parmi les pères de la décroissance, on peut trouver le Club de Rome et Nicholas Georgescu-Rœgen sur des aspects théoriques et techniques, mais également Jean Baudrillard, André Gorz et Ivan Illich qui avancent des idées assez proches de celles proposées par des économistes contemporains comme Serge Latouche (http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Latouche). L'intérêt porté par les mouvements décroissants à l'articulation de l'individuel et du collectif, via la démarche de simplicité volontaire surtout, les amènent à trouver dans les rédigés de Gandhi une base théorique à leur réflexion sur la place de chacun dans la société. Origine des mouvements décroissants
Généralement, les mouvements décroissants entendent placer au centre de leurs valeurs celles des courants humanistes, des Lumières [2], et des Droits de l'homme. La critique de la société de consommation véhiculée par ces mouvements, et l'esprit du mouvement antipub fréquemment proches de la décroissance, peuvent trouver des similitudes sur certains points avec les courants de pensée soixante-huitard, mais aussi certaines thèses de l'Mondiale situationniste. Cette influence n'est cependant pas totale, car les décroissants adaptent le plus souvent une vision plus réformiste que révolutionnaire. Rapports du Club de Rome
Un second rapport, intitulé «Sortir de l'ère du gaspillage : demain», fut publié en 1974. Ces rapports, aussi connus sous le nom de rapports Meadows, ne sont pas au sens strict des textes fondateurs de la décroissance, car ils défendent uniquement la «croissance zéro» [3]. Ils sont cependant reconnus comme les premières études «officielles» présentant explicitement la croissance économique comme un facteur essentiel de l'aggravation des dérèglements planétaires (pollution, pénuries de matières premières, destruction des écodispositifs), et sont parmi les premiers rédigés qui remettent en cause la croissance. Thèse de Nicholas Georgescu-Rœgen
Nicholas Georgescu-Rœgen estime que le modèle économique néoclassique est fondé sur le paradigme de la mécanique newtonienne [7] et ne prend pas en compte le principe de la dégradation de l'énergie et de la matière. Il se fonde quant à lui sur le paradigme de la thermodynamique et introduit le principe d'entropie (deuxième principe de la thermodynamique) dans son modèle économique. Il associe aux flux économiques de la matière et de l'énergie qui par le biais des différents processus de production se dégradent de manière irréversible. Par exemple les matières premières utilisées pour la construction des ordinateurs sont fragmentées et disséminées à travers toute la planète et il devient quasiment impossible de reconstituer les minerais d'origine. Quant à l'énergie utilisée pour leur fabrication, elle est dissipée à jamais [8]. Problématiques écologiques et sociales
Épuisement des ressources énergétiques : pétrole (pic pétrolier mondial arrivant entre 2008 et 2040 selon les prévisions des compagnies et des gouvernements [9]), gaz (70 ans), uranium (entre 50 et 220 ans) [10], [11], charbon (200 ans[12]) (au rythme actuel de consommation) ou qui serait déjà passé en 2005 selon Colin Campbell de l'ASPO. Raréfaction de nombreuses ressources minières : indium, nickel, cobalt [13] (ces deux derniers éléments entrent dans la composition de l'acier), cuivre, iridium, etc. Pour certains de ses partisans, la décroissance sera, tôt ou tard, imposée par la raréfaction des ressources naturelles, surtout des ressources en énergie (pétrole, gaz, charbon et uranium). Selon Yves Cochet, «On a pas à choisir si on est pour ou contre la décroissance, elle est inéluctable, elle arrivera qu'on le veuille ou non» [17]. La question est par conséquent selon eux de la choisir désormais afin d'enrayer les risques qui peuvent survenir dans un futur assez proches : pénuries, pics de l'énergie ou tensions géopolitique qui pourraient en découler, ou d'attendre que ces évènements arrivent pour la choisir. C'est dans cette logique qu'ils critiquent vivement la classe politique contemporaine qui considère la croissance comme la solution aux problèmes actuels de société, tandis qu'elle en serait la cause. Présentation Le concept de «décroissance» naît d'une remise en cause du concept de croissance économique et de l'outil privilégié de sa mesure, le PIB. Les promoteurs du concept de décroissance affirment que la croissance telle que mesurée par le PIB n'est «que quantitative» (par opposition à qualitative), dans la mesure où elle ne mesure que l'augmentation de la production et de la vente de biens et services sans tenir compte du bien-être des populations, de la santé des éco-dispositifs et des équilibres climatiques. Ils privilégient des indices de développement alternatifs tels que l'Indice de développement humain, l'empreinte écologique, l'indice de santé sociale. Les partisans de la décroissance affirment que ce type de développement économique s'oppose aux «valeurs humaines»[18] et ne tient pas compte du fait que la Terre est limitée autant dans ses ressources naturelles que dans sa capacité à supporter la destruction de son biotope (résilience). La théorie nommée «bioéconomie» telle qu'exprimée par Nicholas Georgescu-Rœgen dans The Entropy law and the Economic Process (1971) fait partie des fondements de la décroissance, tout comme les critiques de l'industrialisation des années 1950, 60 et 70, comme celle de Günther Anders (L'Obsolescence de l'homme, 1956) et d'Hannah Arendt (Condition de l'homme moderne, 1958), celle du Club de Rome, à travers surtout le rapport Meadows de 1972 qui a pour titre français Halte à la croissance ?, ou encore celle d'Ivan Illich avec La Convivialité (1973). Critique des catégories de l'économie
Les partisans de la décroissance constatent que les modèles économiques actuels ne tiennent compte que des facteurs de production capital et travail, et qu'ils ne prennent pas en compte le facteur terre (ressources naturelles). En effet, de nombreux éléments de la richesse ne sont pas pris en compte dans la mesure du Produit Intérieur Brut : les ressources naturelles, mais également les loisirs non marchands, les activités sociales et politiques qui représentent des déterminants importants de la qualité de vie perçue, et qui risquent d'être négligés par la trop grande attention portée à l'indicateur partiel qu'est le PIB. Réciproquement, certaines activités sont prises en compte dans la mesure du PIB, qui sont néenmoins le plus souvent perçues comme n'allant pas dans le sens de «l'utilité et la jouissance de l'espèce humaine[19]». L'exemple fréquemment repris dans la littérature sur la décroissance est l'exemple économique classique, critiqué par Frédéric Bastiat dans son sophisme de la vitre cassée, mis en lumière par John Maynard Keynes[20] et repris par Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice[21] De ces décalages entre le concept de richesse et sa représentation par le PIB, il peut résulter des critiques sur les moyens de mesure de la richesse plutôt qu'à la notion de croissance elle-même. Elles ne forment cependant pas l'intégralité des approches discutées dans le cadre de la décroissance puisque d'autres sont fondées sur la critique, à la fois plus radicale et plus générale, de l'invention de l'économie[22]. Une partie de la mouvance de la décroissance propose de «sortir de l'économie»[23] et remet en cause les catégories de base de l'économie : les «besoins», les «ressources», la «rareté», la «valeur», la «richesse», la «pauvreté», l'argent, le salaire, la valeur d'échange, les prix, le pouvoir d'achat, le crédit et l'intérêt, les «lois économiques», etc. Décroissance et développement durable
Pour les partisans de la décroissance, une société qui consomme encore plus de ressources ne peut pas être respectueuse de l'environnement et sera rapidement confrontée au manque de certaines ressources vitales. Ils estiment que pour être durable et soutenable sur une planète finie, le développement humain devra au contraire pouvoir se passer d'une croissance matérielle perpétuelle, au profit de réponses justes aux besoins matériels et socio-psychiques (incluant la santé et la sécurité affective, individuelle et collective), et au profit d'une croissance partagée de la qualité et du plaisir de vie, du savoir et des cultures. La critique de la croissance passe cependant obligatoirement par une réflexion sur ce qu'est le "progrès", qui comme le "développement", est une vision unidirectionnelle de l'histoire; aussi grossière que l'a été l'évolutionnisme social, théorie qui a prévalu aux temps de la colonisation. Ce productivisme est, depuis peu, partiellement remis en question par le «développement durable», concept qui est fréquemment vu par les partisans de la décroissance comme un oxymore (une contradiction dans les termes) : ceux-ci soutiennent qu'avec les déséquilibres qu'il entretient, (20 % de la population planétaire représentent déjà 86 % de la consommation privée [25]), le développement ne peut pas être durable. La croissance économique pourrait cependant être conjuguée avec une diminution des ressources naturelles consommées si l'intensité énergétique diminue plus vite que l'économie ne croît. Décroissance et pays peu développés
Un développement durable impliquerait de toujours différencier le développement qualitatif et humain (le développement du bien-être, scolaire, culturel et de règles de fonctionnement communautaires harmonieuses, etc. ) des aspects matériels limités par leur consommation de ressource. La biodiversité doit être préservée. Le développement devient alors obligatoirement un «écodéveloppement» plus respectueux de l'environnement et de l'Homme (d'où les idées émergentes de haute qualité environnementale et d'écocertification plus ou moins bien appliquées selon les cas). Pour atteindre ce but :
A titre d'exemple, l'avènement de l'informatique et des réseaux dans ses débuts a laissé penser à une disparition envisageable du support papier. En réalité, on en a constaté tout d'abord une augmentation de la consommation [26]. Selon le fabricant de fournitures de bureau Esselte, la demande de papier a progressé de 40% dans les entreprises qui ont instauré un dispositif de courrier électronique, parce que les employés ont tendance à imprimer leurs e-mails avant de les lire. La diminution a d'autre part été compensée par l'essor des pays émergents devenus consommateurs. Cependant, la baisse de tirage des journaux papiers a fini par l'emporter, surtout en Amérique du Nord, et est l'une des causes de la crise papetière de 2005. Serge Latouche avance : «les baisses d'impact et de pollution par unité se trouvent toujours anéanties par la multiplication du nombre d'unités vendues et consommées.»[28]. «Effet débond»
Les militants de la décroissance proposent donc des solutions qu'ils considèrent pratiques et rationnelles pour diminuerdans la mesure du possible la dépendance au pétrole des sociétés occidentales. Décroissance soutenable
Décroissance équitable
Acteurs
En France, un Parti pour la décroissance a été créé en 2005 [30]. Même s'il faut nuancer les concepts de décroissance et de décroissance soutenable, c'est bien de décroissance soutenable qu'il s'agit[31]. Le parti politique français Les Verts a, depuis 2004, formalisé une position favorable à la notion de décroissance qui s'est étayée depuis, tout en y apportant la notion de «décroissance sélective et équitable»[32]. Une partie du mouvement libertaire reprend à son compte les idées de la décroissance, surtout Jean-Pierre Tertrais dans sa brochure «Du développement à la décroissance» sous-titrée «De l'obligation de sortir de l'impasse suicidaire du capitalisme». De même Alternative libertaire a adopté une motion sur ce sujet à son congrès de 2006 [4]. L'approche libertaire est énormément plus portée sur la volonté de changer radicalement les structures économiques et sociales de la société que de tabler sur des initiatives individuelles ou étatistes. Pour eux, c'est le mécanisme capitaliste de la plus-value qui est à la base de la surproduction et de la destruction des éco-dispositifs[33]. La solution serait de promouvoir une organisation de la société en fédération de communes libres, la pratique de l'autogestion sur les lieux de travail et dans les quartiers mais aussi la relocalisation de l'économie. En 2007, Alain de Benoist, représentant de la «Nouvelle Droite», a publié le livre Demain la décroissance. Penser l'écologie jusqu'au bout, un essai reprenant l'idée de décroissance. Des tenants français de ce mouvement, venus de la gauche, l'ont fustigé comme une «récupération»[34], d'autres l'ont soutenu[35], ou du moins accepté le débat[36]. Alain de Benoist s'inscrit dans la critique respectant les traditions du progrès et de la modernité ancrée dans un antilibéralisme de droite. Actions
Plusieurs marches se sont tenues depuis 2005 [38], rassemblant jusqu'à 500 personnes. Surtout, le 3 juillet 2005, à peu près 500 personnes [39] ont défilé sur 15 km pour demander la suppression du Grand Prix automobile de France de Formule 1, reconnu comme symbole de la société de croissance et de gaspillage des ressources. José Bové, Albert Jacquard, Serge Latouche et François Schneider ont pris la parole sur la place du village de Magny-Cours. Processus de mise en place La décroissance n'est pas envisagée comme un projet politique dont l'objectif serait de bâtir une «société de décroissance» qui serait un renversement caricatural régi par le dogme d'une croissance négative. Les objecteurs de croissance décrivent leur projet comme une tout autre organisation dans laquelle le loisir est valorisé à la place du travail, où les relations sociales priment sur la production et la consommation de produits jetables inutiles, ou alors nuisibles [40]. En particulier, le processus de réduction de l'empreinte écologique de l'activité humaine et du niveau de vie des populations des pays les plus développés est pour les tenants de la décroissance rendu inévitable par la raréfaction des ressources et l'augmentation de la population mondiale (phénomènes exogènes). Mais cette question de plus en plus prégnante du partage des ressources et des richesses qui en sont tirées, traduite sur le mode volontariste par la démarche de «simplicité volontaire», n'épuise pas les questions politiques posées par la reconsidération collective du mode de développement actuel. Si le modèle théorisé par les partisans de la décroissance, passant en grande partie par une relocalisation complète des activités économiques, ne trouve pas encore énormément d'applications à grande échelle, on voit cependant apparaitre des initiatives locales qui s'inscrivent dans une démarche décroissante. On peut citer en exemple les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne qui sont une alternative concrète à l'industrie agro-alimentaire et qui illustrent ce que Serge Latouche appelle la «sortie de l'économie»[41], c'est-à-dire la transformation du rapport client-fournisseur en un lien relocalisé de coproduction et de cogestion. Ainsi au sein des AMAP la valorisation des produits (fruits et légumes) ne dépend pas de la loi de l'offre et de la demande. La relation entre le producteur et les adhérents est une relation d'entraide et de soutien qui dépasse le cadre économique du simple rapport marchand[42]. Critiques sur le plan économique
L'autorégulation du marché Les principales théories macroéconomiques[44] estiment que dans une économie de marché, «l'allocation des ressources est guidée par les mécanismes de prix»[45], dispositif d'allocation énormément plus efficace que celui par une autorité centralisée, ce qui veut dire que la production s'oriente dans le sens des prédilections révélées par le dispositif des prix. La recherche du profit pousse à financer des activités qui assurent la perpétuation de la croissance. Le capitalisme permet ainsi l'arbitrage vers des ressources plus abondantes ou vers d'autres biens, et signale par les prix du marché une ressource qui se raréfie. Toute manne financière procurée par la hausse des prix peut être affectée au financement de la recherche de nouvelles sources d'énergie et d'efficacité pour perpétuer la production et diminuer ses coûts. Ainsi le prix du pétrole, soumis à une demande soutenue et une offre limitée augmente, ce qui rend profitable l'exploitation de gisements qu'on avait jusque là ignoré car trop coûteux à exploiter (par exemple : gisement particulièrement profond ou localisé dans une zone sans état de droit) ou la recherche relative à de nouvelles sources d'énergie. Selon Robert Solow et Joseph Eugene Stiglitz, répondant directement au défi posé par la théorie de Nicholas Georgescu-Rœgen, le capital et le travail peuvent se substituer aux ressources naturelles que ce soit directement ou indirectement dans la production, assurant la pérennité de la croissance ou tout du moins un développement durable[46]. Anti-malthusianisme économique Certains opposants à la décroissance l'assimilent à une forme de néo-malthusianisme économique[47], ou à une résurgence de formes antérieures du malthusianisme sous-tendant que la croissance est conditionnée par l'exploitation des ressources, les thèses «anti-malthusiennes» prônant au contraire que l'exploitation des ressources dépend du développement économique. Ainsi, l'économiste du développement et géographe Sylvie Brunel considère que le succès de la décroissance et du développement durable participe d'une «résurgence du malthusianisme»[48]. Selon elle , le monde n'est pas près de manquer de ressources, «des réserves de production énormes existent, tout autant en augmentant les rendements [.. ] qu'en étendant les surfaces cultivées [.. ]. La planète est idéalement capable de nourrir une population qui ne doublera plus jamais. Elle est en réalité loin d'avoir atteint sa "capacité de charge"»[49]. Raymond Aron rapporte dans ses Mémoires qu'une partie de la gauche dans les années 1950 accusait les capitalistes de refuser la croissance qui mettrait en danger leur position[50]. [précision nécessaire] Un problème mal posé
Bjorn Lomborg reprend cette analyse en soulignant aussi la difficulté de se mettre d'accord sur l'importance d'une éventuelle réduction. Quelle que soit cette baisse, les ressources finies s'épuiseront dans le schéma intellectuel de la décroissance. Il réaffirme aussi l'importance du progrès et de l'inventivité de l'esprit humain, accusant les partisans de la décroissance d'irresponsabilité en faisant selon lui l'apologie d'une société primitive. Lomborg rédigé ainsi : «Si notre société, qui a épuisé le pétrole et le charbon, a simultanément mis au point un nombre énorme de connaissances, de capital et de moyens techniques afin d'être en mesure d'utiliser d'autres sources d'énergie à moindre frais, c'est un acte plus responsable que de laisser l'énergie fossile sous la terre telle quelle.»[52] Le cas des ressources pétrolières Par le passé, certaines prévisions sur l'épuisement des ressources énergétiques se sont révélées incorrectes. Cécile Philippe de l'Institut économique Molinari rappelle mais aussi, par exemple, dès 1914, le Bureau des mines aux États-Unis estimait que la production future de pétrole était limitée à 5, 7 millions de barils, soit peut-être dix ans de consommation. Elle ajoute aussi, entre autres exemples, que le Rapport Meadows prévoyait en 1972 pour avant la fin du XXe siècle un épuisement de certaines ressources dont la substitution paraissait impossible[53]. À l'inverse des prévisions sur l'épuisement des ressources énergétiques, Daniel Yergin, spécialiste américain de l'énergie, considère que, grâce aux réserves ainsi qu'aux progrès de la technologie, «le monde n'est pas près de manquer de pétrole»[54]. Cependant le géologue Marion King Hubbert, qui a étudié le phénomène du pic pétrolier et a donné son nom au modèle nommé Pic de Hubbert, annonça avec justesse en 1956 que la déplétion pétrolière commencerait en 1970 aux États-Unis[55]. D'autres pays producteurs de pétrole atteignent à leur tour leur pic de production. Le cas des ressources en métaux
Le géo-chimiste Claude Allègre avance que la problématique d'épuisement des ressources en métaux peut être résolue par le recyclage. Actuellement, 50 % du fer utilisé est recyclé, 90 % du platine et 80 % de l'or[56]. Allègre nomme de ses vœux un développement de ces filières pour l'ensemble des ressources terrestres : «À une économie unidirectionnelle à ressources illimitées (on produit – on utilise – on jette) doit se substituer une économie cyclique à ressources finies.»[57]. Cela dit, les matériaux high-tech produits en masse par les sociétés de croissance reposent sur des ressources et des procédés de fabrication qui ne peuvent se contenter des qualités médiocres des productions issues du recyclage. D'autre part, une conception «orientée recyclage» d'un produit peut en limiter les performances : elle peut être incompatible avec un certain niveau de miniaturisation et d'intégration des composants[58]. Critique tiers-mondiste Une des principales critiques opposées à la décroissance par ses détracteurs est que les classes bourgeoises des pays développés, sous couvert de protéger l'environnement, souhaiteraient en fait empêcher les pays dits «sous-développées» d'emprunter le même chemin économique que les pays occidentaux. L'économiste du développement et géographe Sylvie Brunel estime mais aussi les mouvements de développement durable et de décroissance sont nés dans l'affolement des années 1970 face à la montée de la population du Tiers Monde. Elle ajoute : «la peur du nombre suscite des prévisions catastrophiques»[59]. Elle considère qu'en est sortie une politique qui a stigmatisé les pauvres, accusés de «dilapider les ressources de la planète»[60]. Claude Allègre considère aussi que la décroissance conduirait à imposer une réduction de la croissance des pays pauvres[61]. Les analyses de Sylvie Brunel ont fait l'objet de critiques de la part de Bertrand Zuindeau, maître de conférence à l'Université Lille I[62], qui rédigé : «l'ouvrage, loin d'apparaître comme une synthèse neutre des différentes conceptions sur le développement durable, forme une contribution engagée» et plus loin : «Les réserves et les interrogations sont par conséquent nombreuses à l'issue de la lecture de ce livre.»[63][précision nécessaire] Selon les partisans de la décroissance, les critiques se trompent dans la mesure où ils visent les populations riches jugées en état de surconsommation et dont l'opulence est basée sur l'exploitation des ressources des pays pauvres. Cette idée que les «riches détruisent la planète» a fait l'objet d'un ouvrage du journaliste Hervé Kempf[64]. Les décroissants tiennent à rappeler que «20 % de la population mondiale consomme 80 % des richesses de la planète». Un des buts des décroissants est par conséquent de faire «décroître» les pays riches pour que les pays pauvres puissent profiter pleinement de leurs ressources et organiser leurs activités économiques pour régler leurs problèmes d'infrastructures mais en particulier de famine ou d'extrême pauvreté. Cependant, Sylvie Brunel ou d'autres rappellent que c'est le développement des pays du Nord qui permet, entre autres, de tirer celui des pays du Sud. Faire décroitre les pays développés aurait par conséquent fatalement des conséquences négatives pour les pays en développement qui perdraient des marchés pour exporter leurs matières premières, leurs produits manufacturés et leurs services. «Croissance propre» et part de l'immatériel
À la marge, un courant de pensée estime que le XXIe siècle sera celui de la noosphère[65], où la principale ressource sera l'information et la culture. Par exemple les partisans de la société de l'information, considèrent que l'humanité est entrée dans une nouvelle ère technologique, et qu'il est désormais envisageable, grâce à l'informatique ainsi qu'aux télécommunications, de créer de la richesse (i. e. de la croissance) en produisant des services et de l'information. Cette production «immatérielle» est reconnue comme non-polluante. Ce autorise certains penseurs (surtout Joël de Rosnay ou Bernard Benhamou) d'affirmer qu'il est envisageable de générer de la croissance sans produire de déchets. Cela dit, un réseau utilise des supports matériels (satellites, câbles, actifs réseaux et ordinateurs) et le transit des informations immatérielles a un coût énergétique. Pour les tenants de la décroissance, même s'il existe une richesse immatérielle mesurable et représentant une part importante de la croissance économique des pays développés, la composante matérielle des activités immatérielles ne permet pas à leurs yeux d'envisager que ce type de croissance puisse garantir la prospérité des populations. Destruction créatrice
Confiance dans les progrès de la science Évolution de l'intensité énergétique des grandes économies mondiales depuis 1980. Ils s'appuient par exemple sur l'évolution de l'intensité énergétique des grandes économies mondiales qui a fortement baissé depuis 20 ans (cf. graphe), quoique plus lentement que la croissance du PIB. A titre d'exemple, les activités de R&D dans le domaine de l'énergie nucléaire pourraient apporter des solutions de substitution face à la probable pénurie de pétrole. À plus long terme, les partisans de la fusion nucléaire prédisent que les réacteurs de type ITER seront des sources d'énergie presque inépuisables et peu polluantes. L'argument de l'intensité énergétique est affaibli par la stagnation de l'intensité carbonique récemment mise en évidence par les chercheurs du Global Carbon Project[68][précision nécessaire]. L'intensité énergétique est un des facteurs de l'équation de Kaya, qui tend à démontrer, comme l'explique par exemple Jean-Marc Jancovici, que soit la décroissance économique, soit la décroissance de la population sont indispensables pour éviter la catastrophe écologique. D'autre part, la décroissance implique une baisse globale de la consommation énergétique, ce qui ne contredit pas la recherche d'énergie nouvelles, moins polluantes. Critique de Georgescu-Rœgen
L'économiste roumain Georgescu-Rœgen a fondé sa «théorie bioéconomique» sur une interprétation de la seconde loi de la thermodynamique pour s'opposer à une croissance matérielle et énergétique infinie, invitant à une décroissance économique. Certains estiment que cette ressemblance contredit l'analyse scientifique des phénomènes d'émergence et de néguentropie qui affectent les dispositifs dynamiques complexes tels que l'organisation sociale humaine[69]. Critique marxiste Le point de vue marxiste s'oppose au concept de la décroissance, considérant qu'il ne différencie pas entre la croissance d'une production utile pour les êtres humains, et la croissance qui vise simplement à augmenter les bénéfices des entreprises (construire un nouvel hôpital ou un porte-avions militaire provoquent l'ensemble des deux de la croissance). Les marxistes considèrent mais aussi c'est la nature et le contrôle de la production qui est déterminant, et non pas sa quantité dans l'absolu, et pensent par conséquent que c'est le contrôle et la stratégie de la croissance qui permettront un développement social et écologique. Cette critique est particulièrement courante parmi les militants de Lutte ouvrière[70], de la Ligue communiste révolutionnaire[réf. souhaitée] et du PCF[71]. Jean Zin, tout en reconnaissant un «effet pédagogique» à la mise en avant du concept de décroissance et la justesse de sa mise en cause du développement durable, voit dans le courant décroissant «un certain volontarisme parfaitiste» et «une surévaluation du politique tandis que les forces sociales qui seraient nécessaires manquent totalement»[72]. Bibliographie Ouvrages Nicholas Georgescu-Rœgen, La décroissance. Entropie-Écologie-Économie. Années 1970. Médias La revue alternative S!lence a publié dès 1993 un premier dossier intitulé «Le temps de la décroissance», puis s'est spécialisée sur cette question et fait paraître de nouveaux dossiers sur cette thématique à peu près 3 à 4 fois par an depuis février 2002. Elle a aussi publié le livre Objectif décroissance en 2003 aux éditions Parangon, ouvrage qui rassemble un très grand nombre d'articles publiés sur le thème de la décroissance dans la revue S!lence (revuesilence. net), et qui a déjà été vendu à plus de 12.000 exemplaires. D'autres revues sont aussi consacrées à cette thématique : Entropia (revue d'étude théorique et politique de la décroissance) [73], Passerelle Eco[74] ou encore L'Âge de faire. L'association Casseurs de pub édite quant à elle une revue (ex Revue de l'environnement mental) et le journal La Décroissance. Articles «Les objecteurs de croissance», Le Monde 2, no 110, 25-31 mars 2006, p. 18-25 Filmographie
Liens externes
↑ «Le refus de toute mondialisation est incarné par Serge Latouche» rédigé surtout Isabelle Hannequart in Science et conscience de la mondialisation, L'Harmattan, 2006, p. 95.
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Démographie : la vraie vérité qui dérangePar Michel Tarrier 4 janvier 2008 © C. Magdelaine / notre-planete.info Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.Tout pacte écologique devrait sous-tendre l’idée d’un pacte antinataliste.
Homo sapiens est la pire espèce invasive. Tant que la flore et la faune poursuivront leur rythme effréné d’extinction conférée, toute création supplémentaire d'un d'entre nous reste injustifiable. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une Planète viable. Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants. Mais si vous estimez que nous n’avons aucune responsabilité ni vis-à-vis des 11 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite ! Certaines vérités ne dérangent plus parce qu’avec le temps elles sont devenues des tabous de Polichinelle. Parmi celles qui dérangent encore et vraiment, qui mettent mal à l’aise et gênent aux entournures, figure l’ineffable choix antinataliste. Contrairement à toute logique, la décroissance démographique reste un problème épineux, un énorme tabou qui n’ose pas dire son nom, un scandale qui provoque tous les courroux ! C’est à peine si on peut l’ouvrir à propos de la décroissance économique ! Suggérer de modérer la démographie d’un Monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. C’est du domaine de l’indicible, personne ne veut entendre que nous ne devons plus faire autant de petits. Notre Monde est passé de 250 millions à quasiment 6,7 milliards d’habitants depuis l’an 1 de l’ère chrétienne, notre sacro-sainte référence. En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950. Stop, ou encore ? On nous donne la preuve par neuf que la Planète ne pourra pas nourrir 9 milliards de Terriens en 2050 ou 17 milliards en 2100, mais en cyniques populationnistes nous voulons continuer à nous multiplier pour atteindre ces 9 ou 17 milliards de Terriens en 2050 et en 2100 ! Et l’on s’inquiète même des nations qui, en Europe, ne montrent plus la même ardeur à procréer ! Une démographie exponentielle adjointe d’un développement économique infini dans un Monde fini, aux ressources non renouvelables pour l’essentiel, en tout cas ne se régénérant pas au rythme de notre folle croissance, telle est l’effarante formule à laquelle nous sommes ancrés. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un Monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche. Nous n’avons nul besoin d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. Il y aura toujours suffisamment de candidats pour perpétrer un minimum d’humanité. Je lance un appel au bon sens, au nom des goujats que nous sommes et qui avons tout zigouillé. Seront-elles donc un jour bonnes à proclamer ces quatre vérités sur le lapinisme humain ? Probablement, mais trop tard. Pour l’immédiat, nous en sommes au secourisme et voir mourir l’humain est insupportable, inhumain. C’est peut-être pourquoi il faudrait dissuader l’humain de trop faire d’autres humains. Ce qui ne nous est nullement insupportable, par contre, c’est voir souffrir et mourir les autres espèces, et notamment nos « mammifères », sacrifiés pour servir et nourrir la cause humaine. Il n’y a pour ainsi dire pas de fraternité interspécifique positive (commensalisme, mutualisme, symbiose…), mais strictement négatives (prédation, parasitisme, pathogénie, antibiose…). C’est aussi dans cet égoïsme écologique, dans cette couverture outrancièrement tirée à nous, que réside l’une des raisons majeures du grand déclin annoncé. Malheur à ceux qui ne savent pas partager ! Parce qu’on le sait maintenant, il sera inutile de patienter 4 milliards d’années pour que le soleil dysfonctionne. D'ici là, l'homme n’aura pas été remplacé par un surhomme mais par une mouche. Ou bien la vie en tant que telle aura fatalement disparu du fait de nos géniales erreurs. Sauver la Planète se résume à une seule et double option : choisir entre l’homme et Gaïa, en cherchant à désamorcer la bombe démographique. Comme nous n’avons pas d’autre alternative à la Planète bleue, que nous ne pouvons donc ni déménager, ni la recharger, le choix est vite fait. La bombe démographique est pour la biosphère la pire arme de dissuasion massive. Elle stigmatise le chaos manifeste. Nous souffrons d’un manque incurable de discernement écologique et nous voulons satisfaire des exigences anthropocentristes immodérées. Ces erreurs sont pour l’essentiel l’héritage des religions créationnistes ayant placé, selon le dogme, la Nature à la discrétion illimitée de l’homme. Les considérations démographiques ont donc toujours été perçues dans un concept d’intérêts purement économiques et nombrilistes, strictement repliés sur la famille ou le pays, de préférence dans une compétitivité cocardière entre nations. Même le contrôle des naissances n’avait été pensé que dans l’intérêt du genre humain et non de celui légitime de la Planète et des espèces compagnes. Comme si nous étions déconnectés de la Terre, comme si nous vivions sur une île ou un archipel, ou mieux dit dans une arène, sur un ring ou sur un nuage. C’est un truisme que d’énoncer que la Terre n’est pas extensible. Le surpeuplement humain est un vrai calvaire pour la planète. L’avenir ne nous commande plus l’expansion, mais la récession sous forme de décroissance natale (et économique !). Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un soutien financier aux couples qui n’enfanteraient pas, serait le programme d’une politique courageuse et écoconsciente. On préfère l’option populiste des allocations familiales, gratification sociale crée en France après l’hécatombe de 1918, augmenter la mort a toujours historiquement augmenté la natalité… Au troisième millénaire de notre transit terrestre, de telles prestations doivent être aperçues comme obsolètes, caduques, surannées, relevant presque du rétro ou du kitch, mais qui viennent d’être tout récemment et étrangement instauré en Espagne, comme si l’Espagne n’était pas solidaire d’une Europe lucide et d’une Planète malade de l’espèce humaine. Posséder une famille nombreuse est un délit environnemental, une grave atteinte à la Planète et à l’avenir commun. On peut régler le sort de l’homme, non seulement en lui apprenant techniquement à contrôler ses naissances, mais surtout en le persuadant de le faire par éthique écologique et planétaire. Question de conscience. Dénoncer l’hyper capitalisme intégré comme généalogie du saccage et de l'administration de la rareté ne suffit pas, les institutions doivent planifier à l’échelle mondiale la soutenabilité des activités humaines par une sage équation du binôme population et environnement. La société occidentale consomme à l’excès des ressources naturelles dont elle n’est pas détentrice et qu’elle extorque aux nations qu’elle domine tyranniquement. Nous sommes ainsi débiteurs par rapport aux contrées dont les citoyens exploitent beaucoup moins, comme c’est le cas d’un Indien, d’un Vietnamien, d’un Péruvien ou d’un Soudanais. Pour continuer à vivre sur les modes adoptés, un Français nécessite 3 planètes, un Américain quasiment 6, ce qui projette un besoin moyen de 2 planètes pour un Terrien. Belle leçon de solidarité planétaire quand on constate qu’Américain s’octroie un droit de ponction 100 fois supérieur à un Afghan. Difficile ensuite pour un Occidental de s’arroger le droit de donner des leçons de morale dans des pays écologiquement éreintés par notre faute, ou de tenter imposer un apartheid climatique comme ce fut le cas lors de la conférence de Bali. Un nouveau-né monégasque usurpera sa vie entière sa part amazonienne ou groenlandaise sans jamais poser un pied ni en Amazonie, ni au Groenland, on l’a compris. Mais naître en Amazonie ou en Australie présente le méfait potentiel de menacer directement une biodiversité encore vive et remarquable. C’est pourquoi les populations des contrées naturelles présentent le risque rapproché d’une pression plus dommageable encore. On fera d’autant moins un enfant que l’on habite une région sensible, un des derniers bastions du capital vert de l’humanité. Le surpeuplement de l’homme est un antagonisme à la biodiversité. Contrairement à une vue trop hâtive de la situation planétaire, un enfant de plus à Londres, Mexico ou Hong Kong sera un moindre préjudice qu’un début de surpeuplement et d’inquisition humaine d’une Tasmanie ou d’une Papouasie. Restons absents ou absentons-nous de la Patagonie, du bassin du Congo, de la forêt boréale et de bien d’autres paradis encore sauvages et de riche naturalité, heureusement souvent peu hospitaliers pour l’homme. Ménageons les beaux restes du grand catalogue du Vivant, épargnons les ultimes réservoirs de gènes, les chambres fortes de biomasse et de stocks de carbone, mettons les prédateurs envahissants que nous sommes hors d’état de nuire et d’occire les derniers poumons de cette Terre. L’option du tourisme, même respectueux s’il existe, est un filon tout à fait négatif. Les régions encore partiellement épargnées n’ont besoin que d’une chose, de continuer à l’être. Toute présence d’un humain vivant sur le mode occidental incontournable et incontourné de l’American way of life est une calamité pour les équilibres naturels et une menace pour les ressources. Restons chez nous, confions les derniers berceaux de naturalité au savoir faire millénaire des peuples natifs et n’encombrons de nos progénitures et de nos futurs intrépides adultes que nos propres maternités, asiles et services d’urgence ! La population humaine continue de croître mais à un rythme plus tempéré. Cette modération est le fait des pays riches industrialisés où le renouvellement générationnel n'est plus assuré, exception faite des États-Unis où les populations immigrées se chargent d’entretenir une incidence démographique en hausse. L'ONU prévoit une telle baisse démographique appréciable en Allemagne, en Italie, au Japon, en Russie et dans la plupart des états issus de l'éclatement de l'ancienne Union soviétique. Mortalité basse et fécondité extrêmement basse, dans ces conditions, la population de ce groupe de pays, d'actuellement 1,2 milliard de personnes, ne devrait pas augmenter d'ici à 2050. Une démotivation aux valeurs de la fécondité, une famille éclatée de plus en plus réduite au couple quand ce n’est pas à un seul parent, une infertilité masculine croissante et une planification des naissances majoritairement adoptée sont quelques uns des facteurs limitants. Une autre cause de cette stabilisation mondiale est la propagation du sida, pandémie qui réduit le taux de longévité dans des proportions considérables, comme en Afrique australe où l'espérance de vie a chuté de 62 ans dans les années 1995 à seulement 48 ans pour la période 2000-2005. Ironie du sort ou instinct de survie contreproductif, la densité humaine sera beaucoup plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà les pires difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leurs ressortissants. Dans ces contrées, le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant et les familles de cinq à six enfants sont la norme. Au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Burundi et en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, au Timor Oriental, au Liberia, en Ouganda, au Mali, au Niger et au Tchad, tout comme en Afghanistan, les populations vont tripler avant le terme de ce demi siècle. La courbe générale est donc à un ralentissement de la croissance démographique et à une lente stabilisation de la population globale, en comparaison aux vives progressions des cinquante dernières années. En dépit de cette accalmie, 2050 verra tout de même un effectif minimum de 9 milliards de Terriens, notamment fourni par la Chine et l’Inde. À la même période, cette dernière nation surpassera la Chine et sera en tête de liste des pays les plus peuplés. La moitié des humains habiteront alors l’Inde et la Chine. Les écologistes, désespérés par l’épuisement des ressources et le déclin des écosystèmes, font remarquer qu’il nous faudra deux planètes pour survivre. Dans un autre domaine, ces deux planètes existent déjà, tout le monde sait bien qu’il y a une planète des riches et une autre des pauvres. La première, usurpée, n’est pas pour nous déplaire… Un milliard de riches occupe l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, le Japon et un club très privé de privilégiés qui règnent tyranniquement sur les pays du Tiers-monde. Ce milliard de riches cache aussi sa misère (qu’on ne saurait voir) : Quart-monde dormant sur les trottoirs des quartiers boursiers, Enfants de Don Quichotte s’adonnant aux joies du camping urbain, gastronomes des restos du cœur, etc. Le solde de la communauté terrienne, soit un peu plus de 5 milliards et demi de gens dont le pauvre destin est joué d’avance, croupit dans le reste (et les restes) du Monde. Le premier Monde s’approprie (en tout bien tout honneur !) les 7/10 de l'énergie, les 4/5 du bois et autant des produits de la pêche, les 3/4 des métaux, les 5/6 des crédits d'éducation, les 9/10 des budgets de recherche et de développement, possède les 3/4 des automobiles, neuf avions sur 10, etc. Voilà des chiffres bien peu consensuels et équitables qui prouvent l’excessive mainmise du milliard de privilégiés dont la liberté de puiser et d’épuiser ne s’arrête pas où commence celle des autres 5 milliards soumis au diktat. Nous garantissons ainsi aux plus pauvres de continuer à stagner, voire à s’enfoncer, dans leur état de pauvreté. En terme d’empreinte écologique insoutenable, un Nord-américain ou un Français valent combien d’Africains ? L'état américain le moins densément peuplé qu’est le Wyoming (510 000 habitants) émet plus de CO2 que 69 pays en développement réunis et totalisant 357 millions de personnes. Les hectares excessifs que s’octroie chaque habitant chanceux du monde occidental et qu’illustre le calcul éloquent de l’empreinte écologique sont usurpés sans la moindre contrepartie au reste du Monde, à celui auquel nous attribuons des dettes extérieures. Un États-unien ou un Européen ne paie pas le service que leur rendent les forêts brésiliennes ou africaines en recyclant leurs émissions de CO2. C’est ainsi qu’il convient de s’interroger sur un certain nombre d’activités autorisées par le progrès, vocable abusif car à double sens. Progrès pour les uns, déficit pour les autres. Savez-vous, par exemple, que l’on importe quotidiennement, par avions gros porteurs, des chargements de perches du Nil en provenance d’Ouganda et de fleurs coupées cultivées en Chine et en Afrique orientale vers l'aéroport de Vatry, dans la Marne (120 000 tonnes de fret par an) ? De tels comportements ne font jamais la une dans les fourberies des Grenelle de l’écologie, portes de secours du capitalisme masqué. Inutile de rappeler les dégâts collatéraux d’activités comme celle de l’exploitation du poisson cité ou de l’horticulture aux impacts environnementaux et humains néfastes. La contradiction est flagrante et gênante entre le désir de lutter contre l’effet de serre et les nécessités du développement économique dans le concept unilatéral où nos sociétés l’entendent. La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui s’imposent majoritairement, s’accaparant le moindre atout pour dominer l’habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer une stratégie d’avenir tribal, familial, nombriliste et longévive : celle d’assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours. Avant les progrès du XXe siècle en matière d’hygiène et de prophylaxie des maladies infectieuses, la mortalité infantile justifiait une surfécondation, par ailleurs toujours soutenue par les pouvoirs séculiers inspirés des religions dogmatiques. Les Livres assurent que le destin des progénitures sera placé sous les auspices de Dieu. Niaiserie. Jusqu’à preuve du contraire, les progénitures existent mais les preuves d’un dieu protecteur font défaut. Pandémies, famines ou massacres belliqueux étaient là pour écrémer le surplus, en appeler chaque fois à de nouvelles velléités procréatrices et à faire des petits à la louche. Imaginons un autre monde... Le même mais inversé, où nous ne serions plus dominants mais dominés par une autre espèce de grande taille, où nous devrions fuir, nous cacher, ne plus respirer quand l’autre se manifeste, où l’éviction au mieux, l’extinction au pire seraient nos seules issues. Un enfer. Le bonobo, l’orang-outang ou le gorille, l’un d’eux comme espèce invasive et de fourvoiement au sein d’une société humaine d’un effectif modeste, ça vous irait ? Il s’agirait finalement du même monde, toujours avec Homo sapiens surdoué, mais sans pétrole, non plus dopé par les énergies fossiles, la pétrochimie qui fit la révolution verte et la multiplication des pains (ce type d’âge d’or, ou plutôt de toc, les bricoleurs du monothéisme l’avaient prévu…), mais cette fois à hauteur de seulement un ou deux petits milliards. Avec quasiment les mêmes inventions, les mêmes avancées inventives, le même progrès, à quelques techniques près. Mais sur une Planète envahie, pour telle ou telle raison, par le fléau d’une autre grande espèce, disons les bonobos par sympathie et proximité spécifique. Imaginons nos plages et nos cités encombrées de bonobos, imaginons les bonobos envahissant la cité, s’infiltrant, se fourvoyant pacifiquement partout. 7 milliards de bonobos intrus … Ce n’est pas la Planète des singes, c’est notre Planète subissant l’inquisition insupportable du surnombre d’une autre espèce. Imaginons 7 milliards de rhinocéros, des rhinocéros envahissant nos hypermarchés, nos pitoyables animaleries. Notre impact sur les fragiles écosystèmes planétaires est celui d’éléphants dans un magasin de porcelaine. Voilà ce que nous imposons à la biosphère, sans nous en rendre compte un seul instant, convaincu que cela est dans la raison écologique. Eh bien non, ce n’est qu’une erreur, c’est même l’erreur par excellence. « Plutôt crever que partager ! » La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire professée par les grands Livres n’a pas donné les résultats escomptés. Notre espèce génétiquement égoïste ne voit pas très loin. Et selon les exégètes, c’est tout au contraire la qualité de vie pour un petit nombre de privilégiés qui va faire l’objet de toutes les prochaines convoitises, tandis que la croissance démographique et tout le drame économique qu’elle va enclencher se concentrera sur une fraction restreinte de la population mondiale : les pauvres. Il y aura une césure nette et croissante entre un Monde développé sans enfants et un mode sous-développé absolument démuni pour nourrir et même rafraîchir toutes ses bouches. Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Certains individus devront abandonner une partie de leurs libertés, dont celle de procréer à tout va, au bénéfice de la société universelle. L’éternité de la drôle d’espèce humaine passe par sa décroissance démographique. On passe ou on casse... Notes — Moins de naissances, moins d'émissions de CO2 : l'ONU enfin éco-malthusienne ?Par Michel Tarrier 19 novembre 2009 © C. Magdelaine / notre-planete.info
Faire moins d'enfants pour limiter le réchauffement climatique « L'effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l'atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. » Rapport 2009 de l'UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population). Ce n'est pas un hasard si une telle déclaration, aussi surprenante qu'inattendue de la part d'une entité onusienne, tombe pile-poil en pleine actualité du dernier Sommet mondial de l'alimentation (en l'absence consternante des chefs d'Etat des pays riches...), et alors que le continent Africain franchit le seuil d'un milliard d'habitant, un symbole de taille. 3 ou 400 millions d'Africains dans les années 1960, ils seront 2 milliards en 2050. Quelle misère pour l'Afrique ? La Terre n'est ni extensible, ni rechargeable ! La Terre ne peut pas continuer à accueillir 200 000 humains de plus par jour !! Sera-t-on ni jamais assez nombreux, ni jamais assez malheureux ? Le malheur du plus grand nombre fait-il jubiler l'élite ? À qui profite le crime démographique ? Une cure de désintoxication à grande échelle, progressive et durable, va s'imposer. Il faudra radicalement couper les ponts avec l'ancien mode de vie imposé par un capitalisme héritier d'un obscurantisme aux modes miniers et aux conséquences dégénératives pour la terre. Les causes majeures qui nous conduisirent aux crises écologique, énergétique et alimentaire, aux misères présentes et à l'effondrement annoncé sont la surpopulation de notre maison du Quaternaire, notre pétro-addiction insoutenable et la surconsommation de viande par les pays nantis. De ces trois grandes menaces pour l'humanité, la première illustre le tabou des tabous, correspond à se prononcer sur l'indicible, à débattre du sacré, à remuer l'interdit. Comme tout sujet « innommable », la langue de bois a toujours été de mise. Exhorter à une dépopulation pacifique, ce n'est pas seulement affronter les groupes d'intérêts et d'influences qui s'engraissent sur la multitude, y compris dans sa version famélique, mais aussi se heurter au dogme largement consenti de la famille et à des tropismes religieux, y compris dans des pays dits laïques et aux familles éclatées. Et Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand, nos tribuns sponsorisés, le savent bien. Les errances majeures que sont la gestion abusive des ressources et une totale absence de régulation démographique portent en elle un naufrage et sont assimilables à un phénomène paradoxal que l'on peut désigner comme auto génocidaire. Ces deux comportements erronés sont si absurdes qu'on ne les appliquerait même pas à la maison ! Une nouvelle figure s'est instaurée depuis la moitié du siècle passé dans les pays du Sud, sous l'influence néfaste d'une incitation au lapinisme prôné par les colonisateurs chrétiens et musulmans, et leur dogme monothéiste de l'homme divin et de la fatalité, c'est l'inéquation entre la dotation géographique et l'effectif populationnel. Un peu comme un berger qui dépasse la charge pastorale, c'est-à-dire le nombre de têtes que peuvent potentiellement nourrir les ressources fourragères locales, hypothéquant ainsi toute régénération possible, abus contre-productif qui se nomme surpâturage et confine à une néantisation écosystémique. Toutes les sociétés n'ont pas pour économie l'industrie, le commerce ou les hautes technologies qui permettent, comme au Japon, à Hong-Kong ou dans la Silicon Valley de s'étager pour surpeupler une niche géographique étroite, ou encore l'activité de paradis fiscal ou de trafics véreux internationaux comme Monaco (avec une termitière humaine de 15 850 habitants au km2 !), Macao (17 800 h/km2) ou Gibraltar (4 700 h/km2). Pour avoir un ordre de grandeur, l'Australie n'abrite que 2,6 habitants au km2 ! La terre fertile d'une famille de cultivateurs exige davantage d'espace que l'ordinateur d'un trader boursier ! Pour les peuples agricoles, ruraux et oubliés, ce sont les ressources paysannes qui doivent définir la taille d'une population, et non l'inverse. Cessons de nous étonner qu'il y ait grand malheur à féconder un enfant tous les neuf mois et à proliférer sur des terres sèches, ingrates et infertiles, qui plus est préalablement appauvries par des abus d'usages agraires contractées par l'agronomie d'une coopération pas toujours compétente ou bien intentionnée. Il n'est guère possible pour une société rurale de survivre en inéquation avec les lois de la nature et sans éducation d'aucune sorte, qui plus est soumise à la tyrannie de cruels gouvernants aptes au détournement des aides alimentaires. Aspirine sans frontières fait ce qu'elle peut. Derrière la bonne parole nataliste, à masque paternaliste, sont tapies d'immondes arrière-pensées économiques, militaires, nationalistes, racistes, souffrant d'une myopie écologique hypothéquant tout futur universel. Avec ce que l'on sait maintenant, encourager la surpopulation, c'est cautionner un crime volontaire contre l'humanité. Les ressources n'étant pas élastiques, l'appropriation des plus forts ne peut qu'entraîner une famine des plus faibles. Les variantes du style « Travail-famille-patrie » sont les trilogiques recettes des peuples mis en batteries, voués à la fécondation spontanée, corvéables à merci et disponibles sur un geste pour le plus grand profit des marchands d'armes soutenus par les dogmatismes religieux. Déjà, au XIXe siècle, les libertaires néo-malthusiens appelaient à une « grève des ventres » ajoutant leur point de vue à l'analyse du postulat de Malthus : la monstruosité de produire massivement la chair à canon utile aux bourgeoisies industrielles évidemment natalistes à usage de l'infanterie des guerres programmées, la chair à travail à l'usage de l'exploitation patronale, et la chair à plaisir pour alimenter la prostitution. Auquel inventaire justifiant une réponse populaire dénataliste à l'incitation étatique à procréer, on ajoutera dès le siècle suivant le besoin de clientèle au consumérisme. Il y a plus d'un an, j'ai écris un pamphlet infrarouge en éloge à la dénatalité : Faire des enfants tue. Il fit scandale, mais depuis on ose remettre en cause la procréation égoïste et inconsciente, le vocable surpopulation n'est plus un gros mot et les familles nombreuses n'ont plus le vent en poupe. Le temps serait venu d'un Copenhague sur la responsabilité écologique de la démographie, que nous appelons l'empreinte anthropique. Certes Malthus s'est trompé en 1798 en prévoyant que la production agricole serait insuffisante pour nourrir une croissance populationnelle exponentielle. Il ne pouvait présager que la mécanisation et la pétrochimie induits par l'avènement des énergies fossiles, allaient donner naissance à la révolution verte et au productivisme : de quoi donner TEMPORAIREMENT à manger à des milliards de gens..., tout en détruisant les sols, les eaux et donc toute durabilité. Maintenant que la déplétion est toute proche, que va-t-on faire de cette surpopulation sur une Terre exsangue ? Comment allons-nous sortir de ce plan hasardeux, ruineux, digne d'un capitalisme à courte-vue ? Appeler les pays nantis à partager avec les plus pauvres et les plus spoliés, quand nous serons 9 ou 10 milliards, une fois les ressources taries, ne relèvera ni de la morale, ni du vœu pieu, mais d'un cynisme à nul autre pareil. « Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c'est la disparition effrayante des espèces vivantes (...) et que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine vit sous une sorte de régime d'empoisonnement interne - si je puis dire - et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime. » Déclaration de Claude Lévi-Strauss, en 2005, au crépuscule de son existence. Le grand homme ne nourrissait aucun espoir pour un monde trop plein. Le temps de vivre sa vie et Claude Lévi-Strauss vit effectivement presque 5 milliards d'habitants de plus faire irruption sur cette Terre.
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