LES GILETS JAUNES

 

Actualités

 

Acte XII : les violences policières dans le viseur

Les gilets jaunes se mobilisent ce samedi pour leurs «gueules cassées». La veille, le Conseil d’Etat a rejeté la demande de suspension des lanceurs de balles de défense.

Liberation - 1/2/19 - Un « acte XII» sous le signe des «gueules cassées» et de la dénonciation des violences policières. Avec la triplette Eric Drouet-Priscillia Ludosky-Maxime Nicolle, dont les liens s’étaient distendus ces dernières semaines, de nouveau réunie ce samedi à Paris. «Il faut qu’on avance et qu’on continue sur notre première pensée : le mouvement. Il faut qu’on arrête de se séparer parce qu’on n’a pas les mêmes idées», a lancé le premier sur YouTube.

Samedi dernier, le ministère de l’Intérieur avait dénombré 69 000 gilets jaunes mobilisés, 15 000 de moins que la semaine précédente. Pour poursuivre la mobilisation, la CGT appelle à une «grève générale» mardi - un appel notamment relayé par Eric Drouet, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot (NPA) et le PCF.

Le Conseil d’Etat valide l’usage des LBD

Plus de 9 200 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ont été recensés par le ministère de l’Intérieur depuis le début du mouvement, en novembre. Saisi en urgence par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la CGT, alors que les blessés par LBD se sont multipliés, le Conseil d’Etat a refusé vendredi de suspendre leur usage pour le maintien de l’ordre, estimant que le risque de violences rendait «nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes».

«Arme mutilante», doute sur les «conditions légales d’utilisation»,«formation insuffisante» : les arguments des anti-LBD ont été balayés par la plus haute juridiction administrative. «Il est regrettable que le Conseil d’Etat constate la gravité des blessures et n’en tire aucune conclusion immédiate», a réagi Me Patrice Spinosi, pour la LDH.

«Le Conseil admet qu’il n’est pas établi, aujourd’hui, que les victimes "se trouvaient dans une situation justifiant cet usage"», veut pour sa part retenir Me Hervé Gerbi, l’avocat de plusieurs victimes. Soulignant que la responsabilité personnelle des agents et de leurs supérieurs est plus que jamais engagée. «Cette décision me surprend. Je suis quand même le vingtième œil qui tombe dans ce mouvement. C’est aberrant, incompréhensible», a pour sa part lancé Jérôme Rodrigues, figure des gilets jaunes blessée samedi dernier à Paris (lire aussi page 36).

L’exécutif défend les forces de l’ordre

Interrogé par Libé à la veille de la décision du Conseil d’Etat, Macron avait jugé «difficile de trancher à chaud», sans prétendre «purger» un débat qui doit, selon lui, se tenir. Cesser d’utiliser le LBD ? Ce serait«une drôle de responsabilité» au moment où des gens «viennent pour tuer» dans ces manifestations du samedi, que le chef de l’Etat considère comme étant d’abord le fait de plusieurs dizaines de milliers de militants de l’extrême gauche violente et de l’ultradroite brutale.

Vendredi, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a réaffirmé combien les forces de l’ordre faisaient un usage proportionné des LBD : «Ce sont des personnels formés, habilités. Ils le font quand il y a des agressions, quand il y a des attaques.» Saluant une «sage décision», Frédéric Lagache, du syndicat de policiers Alliance (situé à droite), a affirmé, à l’instar du ministre Castaner, que sans cette arme non létale, le risque serait, «compte tenu de la violence de certains casseurs, de voir des fonctionnaires de police contraints d’utiliser leur arme de service en légitime défense».

Sur les 116 enquêtes ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après des plaintes de manifestants, plus du tiers viseraient à déterminer si le LBD est en cause. Selon le comptage du journaliste David Dufresne, 14 personnes ont été éborgnées par cette arme jugée «dangereuse» par le Défenseur des droits et que de nombreux pays européens n’utilisent pas pour le maintien de l’ordre, et avec laquelle le tireur n’est censé viser que le torse ou les membres.

La blessure de Jérôme Rodrigues, atteint à l’œil samedi dernier place de la Bastille par l’éclat d’une grenade de désencerclement ou par un tir de LBD (il appartiendra à l’IGPN et à la justice de le déterminer), a placé le débat sur l’usage de la force par la police au même niveau que celui sur la loi anticasseurs examinée cette semaine à l’Assemblée. Plusieurs initiatives prises par des médecins pour dénoncer les dégâts physiques causés par les tirs de LBD ont aussi vu le jour. «Extrêmement déçus» par la décision du Conseil d’Etat, les requérants ont aussitôt annoncé le dépôt d’un nouveau recours - au fond et non plus en urgence. Il sera examiné dans plusieurs mois.

Hommages aux «gueules cassées»

Sur son groupe Facebook «La France en colère !!!», Eric Drouet a lancé un appel à la mobilisation samedi dernier, alors que Jérôme Rodrigues, un proche, était encore hospitalisé. Intitulé «Acte 12 L’ImPaCt !», il réunissait vendredi plus de 10 000 personnes intéressées et 2 500 participants potentiels autour de trois mots d’ordre : «Justice pour les blessés, hommage aux victimes, interdiction des grenades et du Flash-Ball (sic).» Devenu un symbole, Rodrigues parle désormais de «blessures de guerre» : «Il y a eu 14-18 et aujourd’hui on va faire quoi ? Les nouvelles gueules cassées de 2018 et 2019 ?»

Des défilés dédiés aux 1 900 blessés officiellement recensés depuis le début du mouvement et contre les violences policières sont annoncés ce week-end dans plusieurs autres villes comme Nancy, Marseille ou Nantes. A Valence, la préfecture dit attendre entre 6 000 et 10 000 manifestants, dont «10 % de casseurs». 

Jonathan Bouchet-Petersen

 

 

 

1 février 2019 | Décision contentieuse

Usage des lanceurs de balles de défense

http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Usage-des-lanceurs-de-balles-de-defense

 

Le Conseil d’État rejette des demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage de lanceurs de balle de défense (LBD) lors des manifestations de « gilets jaunes» [sic]

L’Essentiel

Le juge des référés du Conseil d’État a été saisi de demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage du lanceur de balles de défense (LBD) lors de manifestations de « gilets jaunes ». Par les décisions de ce jour, le juge des référés du Conseil d’État rejette ces demandes.

Les faits et les procédures

Des organisations syndicales ainsi que des personnes ayant participé à des manifestations de « gilets jaunes » ont demandé au Conseil d’État, par la voie d’un référé-liberté, d’ordonner aux autorités compétentes d’interdire ou de suspendre l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) lors de ces manifestations.

Le juge des référés du Conseil d’État a statué sur ces demandes en formation collégiale de trois juges, au terme d’une audience publique de plusieurs heures au cours de laquelle les parties ont pu faire valoir leurs différents arguments.

Les décisions de ce jour

Le juge des référés du Conseil d’État a rappelé que les conditions d’utilisation de ces armes sont strictement encadrées par le code de la sécurité intérieure, afin de garantir que leur emploi est, d’une part, nécessaire au maintien de l’ordre public compte tenu des circonstances et, d’autre part, proportionné au trouble à faire cesser. Ces conditions ont été réitérées à l’occasion de chaque manifestation et s’accompagnent désormais de l’obligation pour les forces de l’ordre de filmer, dans la mesure du possible, l’usage fait du LBD.

Le juge des référés du Conseil d’État a constaté que l’usage du LBD avait dans la période récente provoqué des blessures, parfois très graves, "sans qu’il soit possible d’affirmer que toutes les victimes se trouvaient dans les situations visées par le code de la sécurité intérieure, seules à mêmes de justifier une telle utilisation" [sic].

Toutefois, il a jugé que, en dépit de ces circonstances et contrairement à ce que les demandeurs affirmaient, l’organisation des opérations de maintien de l’ordre mises en place lors des récentes manifestations ne révélait pas une intention des autorités de ne pas respecter les conditions d’usage, strictes, mises à l’utilisation de ces armes.

Il a également relevé que les très nombreuses manifestations qui se sont répétées semaine après semaine depuis le mois de novembre 2018 sur l’ensemble du territoire national, sans que leurs parcours soient toujours clairement déclarés ou respectés, ont été très fréquemment l’occasion d’actes de violence et de destruction. L’impossibilité d’exclure la reproduction de tels incidents au cours des prochaines manifestations rend nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes, qui demeurent particulièrement appropriées pour faire face à ce type de situations, sous réserve du strict respect des conditions d’usage s’imposant à leur utilisation, qu'il appartient tant aux autorités nationales qu'aux responsables d'unités de rappeler.

Pour ces raisons, le juge des référés du Conseil d’État a estimé que l’usage du LBD de 40 mm ne peut être regardé, en l’état, comme de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants.

La procédure de référé-liberté :

La procédure du référé liberté, prévue par l’article L. 521-2 du code de justice administrative, permet au juge d’ordonner, dans un délai de quarante-huit heures, toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une administration aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Pour obtenir satisfaction, le requérant doit justifier d’une situation d’urgence qui nécessite que le juge intervienne dans les quarante-huit heures.


 

 

Jérôme Rodrigues a perdu son oeil lors d'une manifestation à Paris. — Zakaria ABDELKAFI / AFP

Autorisation du LBD : La décision du Conseil d’Etat est « incompréhensible » et « irresponsable », estime Jérôme Rodrigues

REACTION  Mercredi, la CGT et la Ligue des droits de l’homme (LDH) avaient déposé un recours pour suspendre l’utilisation de cette arme,
mais le Conseil d’Etat leur a opposé vendredi une fin de non-recevoir

20 Minutes avec AFP, 1/2/19 

 

Pour Jérôme Rodrigues, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », blessé à l’œil samedi dernier, la décision du Conseil d’Etat de maintenir l’usage du lanceur de balle de défense (LBD), dans les manifestations, est « incompréhensible » et « irresponsable ».

« Cette décision me surprend. Je suis quand même le vingtième œil qui tombe dans ce mouvement. C’est aberrant, incompréhensible », a-t-il commenté. « Je suis triste, en colère et dans l’incompréhension. Des gens sont mutilés, on devient des gueules cassées alors qu’on demande un bout de pain. On vient juste revendiquer, dans la patrie des droits de l’Homme, et on reçoit des « bastos » ? Il y aura d’autres blessés, d’autres vies brisées, c’est irresponsable », a-t-il estimé.

« Je ne reconnais pas ma France, la France de mes cours d’histoire et d’instruction civique »

Mercredi, en pleine polémique sur les « violences policières », la CGT et la Ligue des droits de l’homme (LDH) avaient déposé un recours pour suspendre l’utilisation des lanceurs de balle de défense, accusés d’avoir gravement blessé des manifestants, mais le Conseil d’Etat leur a opposé vendredi une fin de non-recevoir.

« Ça m’inquiète que les êtres humains qui prennent cette décision ne comprennent pas le danger de ces armes et la détresse des blessés. Moi j’ai 40 ans, je m’en remettrai, mais quand on a 20 ans et qu’on perd un œil, la vie est foutue. Je ne reconnais pas ma France, la France de mes cours d’histoire et d’instruction civique », a-t-il poursuivi.

« Je ne retrouverai jamais une vue optimale »

Il a également déploré le fait que la France soit un des rares pays européens à utiliser ces armes. « Dans les autres pays, ils maintiennent l’ordre avec des canons à eau, des bâtons et des boucliers », a-t-il rappelé. Touché à l’œil droit lors de l’acte 11 des « gilets jaunes », Jérôme Rodrigues affirme avoir été notamment atteint par un tir de LBD.


 

 

Liberté, Egalité, LBD

par Elric Menescire


Agoravox - Vendredi 1er février 2019

Après plus de 2000 blessés, dont une bonne grosse centaine de blessés graves…

Après 17 éborgnés, 4 mutilés, 11 morts…

Après plusieurs centaines de procès, ayant donné lieu à des peines de prison démesurées et expéditives, sur la foi de seuls témoignages des policiers, sur des personnes au casier judiciaire vierge, qui clament leur innocence…et après les « instructions de sévérité toutes particulières » de la Garde des Sceaux au Parquet, « dans toute affaire impliquant des gilets jaunes » …

Après le discours autistique du président le 10 décembre, discours empreint de fausse contrition, mais de vraie perversité… ayant promis peu…mais ayant donné encore moins …

Après un « grand débat » aux frais du contribuable, en forme de campagne électorale déguisée, « où rien ne sera tabou » mais où les questions étaient déjà prêtes, les lignes rouges franchies et les invités choisis…

Les gilets jaunes continuent de demander justice, et continuent de défiler, samedi après samedi, au risque de perdre un œil, ou de finir emprisonnés.

Les gilets jaunes continuent de bloquer les ronds-points, de réinventer le monde, de croire au changement, au risque de finir en garde à vue, ou de rencontrer malencontreusement une matraque.

Désormais, le gouvernement semble avoir choisi sa ligne : celle de l'affrontement sur tous les terrains. La dernière avanie en date, c’est un « projet de loi » bien avancé, qui permettra aux préfets d’interdire à toute personne, sur des critères purement arbitraires, hors de tout contrôle indépendant, d’aller en manifestation ; loi qui, jusque dans la majorité emplie de godillots ras la gueule, fait grincer des dents.

En face, la riposte s'organise. Une convergence semble se former, à l’appel de leaders gilets jaunes intègres, tels François Boulo, et de la CGT, malgré un moustachu complètement aux fraises, au niveau national : un appel à la grève nationale et interprofessionnelle est lancé pour le 5 février prochain. Il faut dire que c’est bien la seule chose que redoute le Roy terré en son château, pont levis abaissé et toutes douves remplies, pensez donc : une jacquerie généralisée, gilets jaunes et gilets rouges ensemble, pourtant, il n’avait pas ménagé ses efforts pour l’éviter ces derniers mois ! Apparemment pas assez…

Car il semble bien que les gueux ont ouvert les yeux : les responsables qu’on leur pointe du doigt depuis des lustres (au choix les immigrés, les roms, ou ceux qui ont encore moins de dents qu’eux) ne leur conviennent plus, désormais ils ont compris que 26 parasites pompent, telles des tiques, autant de richesses que la moitié de l’humanité qui ne mange pas à sa faim…et qu’il était peut-être temps de réclamer le partage de ce gâteau-là, avant que la terre, malmenée par un capitalisme devenu complètement fou, ne sonne la fin de la récréation pour tous ?

Les élus de ce gouvernement devenu illégitime, ânonnent, tel un mantra, une devise républicaine qu’ils n’appliquent plus que pour eux-mêmes et leurs courtisans :

 

-Liberté : sans doute parlent-ils de celle de Benalla ? à moins que ça ne soit celle d’éborgner légalement, sans être inquiété ? Je cherche encore...la liberté n'est-elle pas tout simplement un leurre, leur leurre ? Celui qu'ils braillent partout, mais n'appliquent nulle part ? celui qui permet d'essayer de continuer à faire croire à une population enchaînée par la dette, que tout va bien dans le meilleur des mondes, alors que la planète est en train de sombrer, à cause d'une seule liberté, celle de s'enrichir aux dépens des autres ? Votre liberté n'existe pas.

-Egalité : devant qui, devant quoi ? Devant les juges ? Devant la Loi ? Apparemment certains sont plus égaux que d’autres dans ce pays…Allez parler d’égalité à un Bernard Arnault, où au sdf du coin, et revenez me dire ce qu’ils en pensent !

Claude Guéant par exemple, ou Patrick Balkany, ou Jérome Cahuzac…feront-ils jamais un seul jour de prison effectif, malgré leur condamnation ? Vous connaissez déjà la réponse. Maintnenant, posez la question aux centaines d’autres gilets jaunes embastillés immédiatement, à l’issue d’un procès à charge et expéditif, comme par exemple ce dangereux terroriste gilet jaune marseillais, qui a pris 4 mois ferme en comparution immédiate samedi dernier, avec mandat de dépôt à la sortie, pour avoir jeté un…pot de rillettes, sur un CRS armé comme un porte-avion. Les trois mangamierda (comme disait ma grand-mère) cités ci dessus, ont chacun détourné des centaines de milliers d'euro d'argent public. Ils sont coupables d'infiniment plus de violence sociale, de détresses et de malheurs, qu'un vulgaire pot de rillettes qui a rebondi sur un bouclier en kevlar. Egalité, vraiment ?

-Fraternité ? Le dernier terme de la devise républicaine, tellement galvaudé, tellement piétiné, qu'il n’existe tout simplement plus dans les faits. Fraternité envers qui, envers quoi ? Quand la haine de classe de la bourgeoisie aux manettes, qui se sent menacée, se révèle dans toute sa magnifique indécence –comme ce Luc Ferry appelant les policiers aux meurtre : « qu'ils se servent de leurs armes une bonne fois, écoutez, ça suffit ! »...peut-on encore parler de fraternité ? Et d'ailleurs, a-t-il eu à en répondre devant un juge, de cette preuve de fraternité, ce magnifique Luc Ferry ? 

Fraternité ? plutôt celle du président des ultra riches, qui la renouvelle jour après jour, semaine après semaine, envers les plus démunis, les « illettrés, les fainéants, les cyniques, les kwassa-kwassa qui pêchent du comorien comme on pêche du poisson, les foules haineuses, les pauvres qui déconnent, les chômeurs qui ne traversent pas la rue, les gaulois réfractaires, ceux qui ne sont rien  » et j’en passe ?

 

Il faut dire les choses comme elles sont : « le poisson pourrit par la tête  » affirmait un certain Erasme, il y a plus de 5 siècles de cela. Et cette juste maxime ne semble pas avoir pris une ride : c’est bien parce que la tête commence à sentir sévère, que le poisson se décompose. De fait, la « Fraternité » est en train de partir aux oubliettes avec le reste. Le pays est en train de pourrir sur pieds, et les responsables sont aussi les coupables.

C'est pourquoi je préfère remplacer ce terme, « Fraternité », par quelque chose de bien plus actuel. Quelque chose qui reflète bien la situation, le rapport actuel des possédants envers les gueux qu’ils méprisent. A cet effet, « LBD » me semble bien plus approprié. Tout d’abord ça rime bien avec Fraternité. Conserver la rime, c’est quand même important. Mais pas suffisant. C’est aussi et surtout quelque chose qui a de l’avenir dans ce pays, le LBD 40.

C’est quelque chose qui tire la croissance, pensez : le gouvernement vient d’en commander 1280 de plus, de ces LBD, pour en équiper le dernier rempart qui existe entre lui et son peuple, les fameuses « force de l’ordre ». Pensez, deux millions d’euros (montant supposé de la commande) directement réinjectés dans la croissance, pour un pays qui n’a plus un rond pour ses hôpitaux, ses Services Publics, ses écoles, ses retraités, ses smicards... c’est quand même une sacrée bonne nouvelle, non ?

Tout ce qu’il nous reste à souhaiter, c’est que ce gouvernement pour qui le peuple a voté par défaut, mais qui semble constamment l’oublier, ne se fasse désormais plus aucune illusion sur ce qui l’attend. Emmanuel Micron Ier, vous êtes fini. Castaner, vous êtes fini. La République En Miettes, parti de godillots et de vendus recyclés de la politique UMPS, vous êtes finis. Il ne nous reste plus qu’à passer du constat, aux actes.

Et pour ça, RDV le 5 février : c'est un premier pas indispensable.

 Que vous soyez gilets jaunes, gilets rouges, gilets verts, sans gilets ou sans dents, vous avez, nous avons tous une chose en commun : avec ces énergumènes, nous sommes tous sans avenir. Il ne nous reste plus qu’une seule chose, la plus précieuse d’entre toutes : l’espoir d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette chienlit. C'est pourquoi le doute n'est plus permis. Le Printemps sera français ou ne sera plus. Ultime bonne nouvelle : cette année, le Printemps commence très tôt, dès le 5 février. 

Alors, pensez printemps !

 

Le 5 février 2019, tous et toutes, dans la rue.

 

"La liberté ne peut pas être une institution. La liberté n'existe que dans le mouvement de conquête de la liberté."

A. Robbe-Grillet

 

_

 

 

 

 

 

A voir sur Youtube :

Michel Midi : la violence des riches

31/1/19

Dans ce nouveau numéro de Michel Midi, Michel Collon analyse en quoi consiste la violence des riches.
L’attention médiatique se focalise sur les débordements des gilets jaunes lors des manifestations.
Mais il n’y a pas que les pavés dans les vitrines dans la vie…

 

 

 

Portait de l'avocat David Koubbi.

 

«La terreur du gouvernement face à son peuple» :
l'avocat David Koubbi étrille la loi anticasseurs 

 

RTFrance - 7-2-19 - L'Assemblée nationale a presque voté comme un seul homme en faveur de la loi anticasseurs proposée au printemps 2018 et poussée par l'exécutif à l'hiver. Pour l'avocat David Koubbi, cette «loi d'opportunité» nuit aux libertés fondamentales.

Après l'approbation par la chambre basse du parlement de la proposition de loi dite «anticasseurs» le 5 février, une polémique s'est fait jour laissant penser qu'une bise frondeuse soufflait dans les rangs de la majorité. Scandale : 50 marcheurs se sont abstenus de valider le texte et un élu Modem est même allé jusqu'à voter contre.

Avocat spécialisé en droit de la presse, risques médias et en droit pénal des affaires au cabinet 28 octobre, David Koubbi est auteur de l'ouvrage Une contestation française publié aux éditions Don Quichotte.

Contacté par RT France, l'avocat David Koubbi, s'insurge : «On nous parle de 50 abstentionnistes, on nous vend une fronde... Mais qu'est-ce que cela signifie, enfin ? Où en est notre fonctionnement démocratique ? Il ne se trouve pas un seul LREM pour voter contre ?» Irait-il jusqu'à penser que l'Assemblée nationale s'est transformée en simple chambre d'enregistrement ? «Pas vous ?», décoche-t-il du tac au tac. Avant de souligner : «Je parle actuellement avec des députés, y compris LREM, qui ont l'impression de ne servir à rien. [...] On est dans une démocratie de très basse intensité en ce moment.»

L'avocat dénonce un texte «liberticide» et déplore «un recul des libertés fondamentales». Il rappelle aussi qu'il s'agit de la «quatrième loi sécuritaire» depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Et d'énumérer la transposition dans le droit commun des mesures de l'état d'urgence, la loi sur le secret des affaires, celle sur la manipulation de l'information précédant ce nouveau texte dit «anticasseurs». La loi de trop ? Du moins, «un point de bascule», selon lui.

On est dans une démocratie de très basse intensité en ce moment

Deux constats s'imposent selon David Koubbi : d'une part l'arsenal juridique disponible est déjà suffisant en la matière et il rappelle que le Conseil de l'ordre du barreau de Paris a publié un communiqué le 5 février qui ne disait pas autre chose. Effectivement l'institution qui réunit les avocats de la capitale a ainsi tancé la majorité : «Alarmé par le vote de ce jour à l’Assemblée nationale, le Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris rappelle avec force que la loi pénale visant à réprimer et empêcher les actes violents durant les manifestations existe et paraît suffisante.»

Une «loi d'opportunité» qui menace «les libertés fondamentales»

D'autre part, l’immixtion de l'administratif dans le domaine judiciaire inquiète l'avocat. Là encore, même son de cloche au Barreau de Paris qui «regrette que [...] le gouvernement veuille porter atteinte de manière générale à la liberté fondamentale de manifester et de se rassembler en donnant pouvoir à ses représentants, les préfets, de prononcer des interdictions préventives individuelles.»

En clair, le glissement des pouvoirs qui étaient traditionnellement conférés à un juge et qui seraient transférés à un préfet a déclenché un signal d'alarme dans la profession. Selon David Koubbi, alors que l'interdiction de manifester était «soumise à un juge en théorie indépendant, là, on ne prend même plus cette précaution au sein du gouvernement. Pour nombre de mes confrères et moi-même, cela est inacceptable puisque nous sommes avocats. Auparavant, le juge pouvait dire "je refuse à telle personne de participer à telle manifestation" et la décision était motivée. Dorénavant, on aura un préfet dépendant directement de l'exécutif et qui décidera d'une interdiction préventive de manifester.»

On peut interdire les Gilets jaunes et interdire les manifestations, on peut même interdire de penser si c'est le pays que nous voulons, mais alors il faut assumer

David Koubbi questionne également la façon dont l'ordre a été maintenu depuis le début de la crise des Gilets jaunes : «Je ne questionne pas les forces de l'ordre, mais les ordres qui leurs sont donnés. Selon le compte de David Dufresne [écrivain documentariste relatant les incidents liés au maintien de l'ordre], on en est à quatre mains arrachées et 17 éborgnés, mais on dit aux manifestants de ne pas venir casqués, ni avec des lunettes et des masques de protection. Du coup, on peut interdire aux Gilets jaunes de venir à la manifestation, leur retirer leur équipement et les inscrire au fichier des personnes recherchées», détaille l'avocat, qui suggère, donc, ironique : «Dans ce cas, j'ai deux propositions simples : interdire les Gilets jaunes et interdire les manifestations, mais alors il faut assumer ! [...] On peut même interdire de penser, si c'est le pays que nous voulons !»

Pour ces raisons, David Koubbi dénonce «une loi d'opportunité politique» et même «une mesure de campagne en vue des européennes» de la part d'Emmanuel Macron. Il ajoute : «Ce n'est pas grave, mais encore une fois, il faut l'assumer.»

«La terreur de ce gouvernement face à son peuple»

Interrogé sur la signification de cette loi d'un point de vue politique, l'avocat du cabinet 28 octobre ne tourne pas autour du pot : «Cela montre la terreur de ce gouvernement face à son peuple.» Quant à l'avenir du mouvement des Gilets jaunes qui devra désormais composer avec ce nouvel arsenal, David Koubbi montre sa solidarité : «Nous serons nombreux à les aider à s'adapter aux contraintes qu'ils subissent. C'est un mouvement qui est à l'image de la France, si on ne l'aime pas, on n'aime pas la France. Mon entier soutien va vers ceux qui contestent. [...] Au fond, les Gilets jaunes veulent la même chose qu'Emmanuel Macron, c'est-à-dire bien manger, être bien payé pour leur travail, être traité dignement... Et lui, il répond "qu'ils mangent de la brioche". Mais il a oublié (ils l'oublient tous) le gène contestataire français.»

Et de rendre hommage à la pugnacité des Gilets jaunes : «Ces concitoyens sont très méritants. Il s'agit d'un mouvement d'hiver, qui se déroule sur les ronds-points... Ce n'est pas comme un mouvement né pendant l'été sur les places de la capitale.»

Antoine Boitel

Lire aussi : Interdiction de manifester : UNSA Police tire à boulets rouges sur la décision de la majorité

 

Près de 150 Gilets jaunes mis sur écoute par la police ?

 

RTFrance -8-2-19- Selon Le Point, des dizaines de Gilets jaunes seraient étroitement surveillés par les autorités. Des personnes qui verraient ainsi leurs appels téléphoniques et leur navigation sur internet scrutés par les services de renseignement.

Le Point révélait le 7 février qu'une centaine de Gilets jaunes en province et une cinquantaine en région parisienne auraient été placés sur écoute téléphonique et/ou sous «espionnage» internet.

Le Point confirme également que «le Service central du renseignement territorial (SCRT) et la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) multiplient les demandes d’autorisation auprès de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR)».

Dans son édition du 23 janvier, le Canard enchaîné avait déjà révélé une note secrète transmise par le ministère de l'Intérieur à l'attention des policiers du SCRT les invitant à repérer les «leaders des Gilets jaunes», ceux qui exercent «une réelle influence sur le mouvement» autour des ronds-points et ailleurs. Selon l'hebdomadaire, cette initiative servirait divers objectifs : mieux surveiller les Gilets jaunes et identifier ceux qui pourraient basculer dans la violence, mais aussi interpeller les têtes fortes du mouvement pour essayer de leur faire retourner leur gilet.

Tous les renseignements récupérés (photo, état civil complet et pseudonymes, adresse, téléphone, véhicule, etc.) atterrissent Place Beauvau, ce qui explique que ce fichier n’a pas fait l’objet de déclaration auprès de Commission nationale de l'information et des libertés (CNIL).

Lire aussi : «Complément dingue», «franc-maçon», «mauvais» : des cadres FO fichés dans un document interne

 

Un service de renseignement aurait été chargé de ficher des meneurs des Gilets jaunes

 

RTFrance - 23-1-19 - Etat civil, antécédents judiciaires, implication associative : le ministère de l'Intérieur veut tout savoir sur les meneurs des Gilets jaunes et a mandaté le Service central du renseignement territorial pour y parvenir, selon le Canard enchaîné.

Dans son édition du 23 janvier, le Canard enchaîné révèle la teneur d'une note secrète transmise par le ministère de l'Intérieur à l'attention des policiers du Service central du renseignement territorial (SCRT) au début du mois. Dans ce document, que s'est procuré l'hebdomadaire, le SCRT se voit invité à repérer les «leaders des Gilets jaunes», ceux qui exercent «une réelle influence sur le mouvement» autour des ronds-points et ailleurs, et qui ont «un potentiel pour être les interlocuteurs des pouvoirs publics».

Après les avoir identifié, selon Canard enchaîné, les policiers doivent se conformer à un fichage en règle de ces meneurs. Photo, état civil complet et pseudonymes, adresse, téléphone, véhicule et son immatriculation, ne sont qu'une petite partie des informations que doit se procurer le service de renseignement. S'y ajoutent les «antécédents et procédures judiciaires» de la personne en question, «son implication associative», «son influence et son activité sur les réseaux sociaux», «son implication médiatique», «ses liens avec des éléments ou mouvements radicaux» et enfin les sources de «financement» du mouvement. Une collecte massive d'information qui interpelle jusqu'à un gradé du renseignement, cité par le Canard : «A la rubrique implication associative on indique quoi ? "Franc-maçon ?" "Va à la messe ?"»

Selon l'hebdomadaire, cette initiative sert divers objectifs : mieux surveiller les Gilets jaunes et identifier ceux qui pourraient basculer dans la violence, mais aussi interpeller les têtes fortes du mouvement pour essayer de leur faire retourner leur gilet. Le Canard note ainsi qu'au chapitre «observation», le ministère veut savoir si «l'intéressé a fait l'objet d'un contact avec le services des administrations» et si «un contact est envisageable».

Tous les renseignements récupérés atterrissent en effet Place Beauvau, selon l'hebdomadaire, qui explique que ce fichier n’a pas fait l’objet de déclaration auprès de Commission nationale de l'information et des libertés (CNIL). Interrogé à ce propos, le ministère de l’Intérieur s'est contenté d'assurer que «les services [faisaient] leur travail avec les moyens juridiques autorisés par la loi». 


 

 

 

 

Réunion Parlement Européen : Droit de manifester pacifiquement
et l'usage disproportionné de la force

Laurent THINES

France

12 FÉVR. 2019 — Change.org

————————— Communiqué de Presse —————————

                  Strasbourg, Parlement Européen, 12 février 2019

Réunion au Parlement Européen sur le Droit de manifester pacifiquement et l'usage disproportionné de la force en France et en Europe.

Collectif : Soignants français pour un moratoire sur l’usage des armes sub-létales.

          Face à l’horreur des mutilations de manifestants observées en France depuis plusieurs années et dont le nombre s’est considérablement accentué depuis 13 semaines à l’occasion du mouvement des Gilets Jaunes, une pétition a été lancée le 19 janvier 2019 intitulée : « Les Soignants français pour un moratoire contre les armes sub-létales » dans les opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations. Cette pétition, au travers de laquelle nous révélons la dangerosité extrême de ces armes dans la répression de ce mouvement populaire, a recueilli en 3 semaines plus de 155.000 signatures (site Change.org).

           Le conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, saisie par le Défenseur des Droits (Mr Toubon), les syndicats (CGT), les associations de défense des citoyens (Ligue des Droits de l’Homme) a pourtant confirmé l’autorisation de l’usage de ces armes le vendredi 1er février 2019. Au-delà, de notre condamnation de l’atteinte majeure que représentent ces armes envers la liberté et le droit de manifester en France, Nous Soignants, nous élevons contre la gravité des blessures infligées par leur usage. Nous maintenons notre demande de moratoire auprès du ministère de l’Intérieur, du conseil d’Etat et avons saisi à notre tour le Défenseur des Droits afin qu’il poursuive la démarche qu’il avait enclenchée. C’est dans cette même perspective, que nous nous associons aujourd’hui à cette coalition regroupant Ligue des Droits de l’Homme, journalistes, partis progressistes, soignants pour porter au niveau du Parlement Européen notre requête d’un moratoire sur l’usage des armes sub-létales en France.

          Car au-delà des dénominations (armes « intermédiaires », « sub-létales », « non-létales ») et des sigles (LBD 40 : lanceur de balle de défense 40mm, DBD : dispositif balistique de dispersion ou grenade de désencerclement, GLI-F4 : grenade assourdissante) se cachent en fait de bien tristes réalités.

Celle tout d’abord des caractéristiques de ces véritables armes de guerre. Un LBD40 délivre une balle en caoutchouc dur de 40mm à une vitesse de 90 m/s (>300 km/h) avec une force d’impact de 200 joules à quelques mètres (un gros parpaing lâché d’une hauteur d’1 mètre), 122 joules à 10m et 84 joules à 40m (10 boules de pétanque lâchées d’une hauteur d’1 m) et une force de pénétration accrue par le diamètre réduit du projectile. La précision du tir est théoriquement améliorée par l’usage d’un D.O.E (Dispositif d’Objectif Electronique à visée laser) avec un degré d’erreur de 14cm à 25m et 23cm à 40m, ce qui permet normalement de cibler spécifiquement le thorax et les membres afin d’éviter les zones vitales, comme cela est recommandé expressément par le fabricant (Brügger & Thomet ©) et la direction de la police nationale.
Les grenades (Alsetex ©) quant à elles contiennent une charge de 25 g de Tolite (TNT) dont l’explosion projette des fragments métalliques ou 18 palets de 10g de caoutchouc dur (80 joules unitaire = 10 boules de pétanque par palet) sur 30m de circonférence avec un effet de blast blessant (arrêt cardiaque, dilacération de membre, visage, œil) et assourdissant (165 décibels = réacteur d’avion au décollage).

De la dangerosité de ces armes de guerre résulte logiquement la gravité des blessures infligées aux manifestants avec ce risque connu de plus d’1 chance sur 5 de décès ou de handicap grave (Haar RJ, Iacopino V, Ranadive N, et al. Death, injury and disability from kinetic impact projectiles in crowd-control settings: a systematic review. BMJ Open 2017) qui se confirme au gré des manifestations (supérieur à celui du « jeu » de la roulette russe). Lorsque une zone vitale est touchée (triangle génital, cœur, gorge, visage ou crâne) surviennent des risques majeurs de décès ou d’atteinte à l’intégrité physique: castration, arrêt cardiaque, plaie de carotide, défiguration à vie, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales et séquelles neurologiques, autant de mutilations qui produisent de nouveaux cortèges de « Gueules cassées »…

           Des dizaines de milliers de soignants, neurochirurgiens, ophtalmologues (Société Française d’Ophtalmologie), urgentistes, chirurgiens, médecins, infirmiers, aides-soignants…soutenus pas des dizaines de milliers de citoyens portent aujourd’hui ce message d’alarme sur l’extrême dangerosité de ces armes dites « sub-létales » et la volonté d’obtenir un moratoire immédiat sur leur usage. Cette situation n’est plus acceptable, en 2019, en France, pays des Droits de l’Homme et du citoyen et au sein de la communauté Européenne, notre pays étant l’un des rares à banaliser l’usage de ces armes meurtrières.
——————————————————————— 
Title: 'The Right to Peaceful Protest and the Proportionate Use of Force'
Time: Tuesday 12th February at 16h00-16h30
Location: Room LOW N-1 / 201, European Parliament in Strasbourg
Interpretation: EN, FR, DE, ES, IT and PL.
Streaming link: http://web.guengl.streamovations.be/

Participants:

Marie-Christine Vergiat MEP

Barbara Spinelli MEP

Ariè Alimi, lawyer of victims and member of the board of Ligue des droits de l'Homme in France (avocat)

Florent Marcie, documentary maker (journaliste indépendant)

Prof Laurent Thines, neurosurgeon and the original petitioner for 'French caregivers for a moratorium on the use of sub-lethal weapons’ which has thus far received more than 150 000 signatures.

David Dufresne, journalist who has compiled the number of injuries by sub-lethal weapons. (Mediapart)

The vote will take place on Thursday in Strasbourg.


 

© AFP 2018 Zakaria ABDELKAFI

Le Parlement européen condamne l’usage des LBD par les forces de l’ordre

Sputnik - 14-2-19 - Suite à un débat animé au sein du Parlement européen, les eurodéputées ont adopté jeudi une résolution qui condamne l’usage «disproportionné» des lanceurs de balles de défense (LBD) par les forces de l’ordre de certains pays membres de l’Union.

Sans désigner directement la France où plusieurs personnes ont été victimes des LBD lors de manifestations des Gilets jaunes, les députés européens ont largement condamné l’utilisation de cette arme par les forces de l’ordre des pays membres de l’Union européenne.

Votée par 438 voix pour, 78 contre et 87 abstentions, la résolution du Parlement européen «condamne le recours à certains types d’armes à létalité réduite par les forces de police contre des manifestants pacifiques, comme les projectiles à impact cinétique et les grenades lacrymogènes instantanées».

La résolution condamne également le recours par les forces de l’ordre «aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau, aux pistolets à impulsions électriques et aux autres dispositifs» compte tenu que leur usage peut être «à l’origine de blessures graves dont les répercussions se feront sentir toute la vie durant».

Rappelons que le débat sur le sujet a été lancé par une coalition regroupant l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), les Verts et la Gauche unitaire européenne (GUE) et se déroulaient en particulier autour de la situation en France avec les manifestations des Gilets jaunes.

Lundi, l’eurodéputée Génération.s Isabelle Thomas a tenu à souligner à Strasbourg que depuis trois mois en France «un mouvement social populaire fait l’objet d’une répression systématique et disproportionnée».

 

 

 

Des experts de l'ONU épinglent la France pour son comportement envers les manifestants Gilets jaunes

 

RTFrance - 14-2-19 - L'ONU entre dans le débat concernant les Gilets jaunes et s'inquiète de dérives de l'Etat. Plusieurs experts demandent à la France de «repenser [ses] politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés».

La France est devenue la cible de plusieurs experts indépendants de l'ONU qui ont livré le 14 février un communiqué sur le site du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. 

Selon ce groupe d'experts des droits de l'homme des Nations unies, composé de trois personnes, «le droit de manifester en France a été restreint de manière disproportionnée lors des manifestations récentes des Gilets jaunes et les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés».

Les experts soulignent que le fait de garantir l'ordre public pendant les mobilisations «implique la nécessité de respecter et de protéger les manifestants qui se rendent pacifiquement à une manifestation pour s’exprimer».

Dénonçant le nombre d'interpellations, de gardes à vue, des fouilles et de blessés, les experts s'inquiètent «de constater qu'après des semaines de manifestations, les restrictions et tactiques de gestion des rassemblements et du recours à la force ne se sont pas améliorées». Ils critiquent en outre l'«usage disproportionné» dans les manifestations d’armes dites «"non-létales" telles que les grenades et les lanceurs de balles de défense».

La loi anticasseurs préoccupe les experts de l'ONU

Egalement dans le viseur des experts, la dernière loi dite «anticasseurs», votée par l'Assemblée nationale le 5 février. Pour eux, certaines dispositions ne seraient pas conformes avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. «Des dispositions [qui] pourraient être appliquées de manière arbitraire et conduire à des dérives extrêmement graves», argumentent-ils.

Les experts ont conclu en encourageant «les autorités françaises à ouvrir des voies de dialogue afin d’atténuer le niveau de tension et de reconnaître le rôle important et légitime que les mouvements sociaux jouent dans la gouvernance».

Lire aussi : Gilets jaunes : mobilisation à Argenteuil en soutien au manifestant à la main arrachée (IMAGES)

 

 

 

Face à une «énorme censure» sur Facebook, des Gilets jaunes optent pour son analogue russe

Sputnik - 12-2-19 - Fuyant la «censure» de Facebook, les Gilets jaunes «déménagent» peu à peu sur le réseau social russe VKontakte. Sputnik s’est entretenu avec l’animateur de l’un de leurs groupes pour élucider ce phénomène.

Depuis peu sur VKontakte (VK), des groupes de Gilets jaunes comptent chacun sur le réseau social russe plus d'un millier d'adhérents. Le plus nombreux d'entre eux, qui s'appelle Info blocage Gilets jaunes, a déjà franchi le seuil des 2.500 membres. Tout comme sur Facebook, ces pages contiennent des informations sur les blocages, ainsi que des vidéos et des images réalisées lors des manifestations dans les villes françaises. La majorité des publications sont en français.

Ayant découvert ce phénomène, Sputnik a sollicité l'animateur de l'un de ces groupes afin de lui demander pourquoi de plus en plus de Gilets jaunes se mobilisent sur VK. Préférant garder son anonymat, il explique que c'est à cause d'une «énorme censure» sur Facebook que de nombreux manifestants préfèrent son alternative russe.

«Facebook a servi de vecteur au début du mouvement et beaucoup de Gilets jaunes y sont encore. Mais une énorme censure existe dès que l'on va de groupe en groupe pour se rassembler», précise-t-il.

Il raconte avoir personnellement fait face à une «grosse censure». Privé à plusieurs reprises de l'accès aux groupes Facebook pour des périodes de plusieurs jours, il a finalement été complètement banni sous prétexte que le «robot détecte anomalies».

«J'ai encore ouvert un autre compte, toujours sur Facebook […] et j'ai recréé un groupe, j'avais plus de 1.500 contacts et de nouveau des censures à répétition, des images supprimées sans aucune raison, jamais d'insulte et finalement compte accès bloqué sauf si je peux reconnaitre [un certain nombre, ndlr] d'amis alors qu'il ne s'agit que de contacts», s'indigne-t-il.

Il a alors décidé de créer un groupe sur VK, plateforme qu'il qualifie d'«espace de liberté», afin de «s'organiser».

«Je travaille à essayer de participer à l'organisation au niveau national en proposant un organigramme du mouvement avec sections de base jusqu'à la direction nationale», ajoute-t-il.

Interrogé sur les allégations du gouvernement français qui accuse les médias russes, dont Sputnik, d'ingérence dans les affaires intérieures françaises, ce Gilet jaune indique que ces déclarations sont «sans fondement».

«Le gouvernement est tellement aux abois qu'il accuserait mon chien d'encourager les Gilets jaunes. Oui, ils peuvent raconter sans fondement que la Russie est derrière, mais on sait bien que non, bien sûr», affirme-t-il.

Il a aussi rappelé qu'en mai dernier Emmanuel Macron avait rencontré Mark Zuckerberg. Selon l'interlocuteur de Sputnik, il est «vraisemblable» qu'un certain «accord a été conclu entre eux».

Il est à rappeler que quelques mois après cette rencontre, le Président français a annoncé un partenariat à venir entre le gouvernement et Facebook. Le réseau social a consenti d'ouvrir ses portes à «quatre à cinq experts» nommés par le gouvernement français afin de leur montrer comment se faisait le travail de modération.

Contacté par BFM TV, Facebook a assuré n'avoir «reçu aucune demande de la part du gouvernement français pour supprimer des contenus liés aux manifestations» des Gilets jaunes.

Néanmoins, de nombreux Gilets jaunes accusent la plateforme fondée par Mark Zuckerberg d'agir en leur défaveur. Par exemple, à la suite des modifications mises en place par Facebook à la mi-janvier, le «compteur officiel de Gilets jaunes» a perdu près d'un million de membres, passant de 2,8 millions à 1,8 million en quelques jours.

Facebook exclut désormais des groupes toute personne ayant été ajoutée par un de leurs contacts, mais n'y ayant jamais participé. Un autre changement concerne la possibilité d'ajouter des membres dans un groupe Facebook. Auparavant, il était possible d'ajouter à un groupe des utilisateurs de Facebook sans leur autorisation. Désormais, ils figurent dans la partie «Invités» jusqu'à ce qu'ils acceptent l'invitation qui n'est valable que pendant vingt-huit jours.

 

 

Gilets jaunes : le Conseil de l'Europe appelle à "suspendre l'usage du LBD"
afin de "mieux respecter les droits humains"

 

"Le nombre et la gravité des blessures" infligées aux manifestants "mettent en question la compatibilité des méthodes employées dans les opérations de maintien de l'ordre avec le respect des droits" humains, estime l'organisation.

franceinfo avec AFPFrance Télévisions


publié le 26/02/2019

Le Conseil de l'Europe prend la parole dans le débat sur l'utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD). Trois mois après le début du mouvement des "gilets jaunes", l'institution chargée de défendre les droits humains et l'Etat de droit appelle, mardi 26 février, à "suspendre l'usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre" en France, dans "l'attente d'[une] révision" de "la doctrine d'emploi des armes de force intermédiaire".

Dunja Mijatovic, la commissaire aux droits humains du Conseil de l'Europe, "condamne fermement les violences commises à l'encontre des membres des forces de l'ordre" et "déplore le nombre important de blessés dans leurs rangs". Mais elle rappelle que leur "tâche première (...) consiste à protéger les citoyens et leurs droits humains""Le nombre et la gravité des blessures"infligées aux manifestants "mettent en question la compatibilité des méthodes employées dans les opérations de maintien de l'ordre avec le respect de ces droits", estime-t-elle.

Dans une réponse officielle, mardi, le gouvernement français a rappelé la position du Conseil d'Etat, qui "a estimé que les armes de type LBD étaient pleinement adaptées aux situations dans lesquelles elles ont été employées" [sic]. 

La "loi anti-casseurs" également critiquée

La commissaire invite également les autorités françaises à ne pas apporter de "restrictions excessives à la liberté de réunion pacifique", à travers la proposition de loi controversée "anti-casseurs", adoptée début février par l'Assemblée nationale. Le texte doit retourner au Sénat le 12 mars pour une deuxième lecture.

Dunja Mijatovic épingle "le pouvoir donné aux préfets (...) d'interdire à une personne constituant 'une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public' de participer à une manifestation". Il s'agirait, selon elle, d'"une grave ingérence dans l'exercice du droit à la liberté de réunion". La commissaire suggère également de ne pas "ériger en délit" la dissimulation volontaire d'une partie de son visage au sein d'une manifestation ou à ses abords. Dans sa réponse, le gouvernement français a indiqué avoir voulu préciser la nature de ce délit, qui porte désormais sur des manifestations où "des troubles à l'ordre public sont commis ou risquent d'être commis". 

Au 4 février, 2 060 manifestants ont été blessés, dont 69 considérés en urgence absolue, ainsi que 1 325 membres des forces de l'ordre, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.

 


 

La Brute, par Michel Onfray

RTFrance - 8 févr. 2019

Réagissant aux violences policières dans le contexte de la crise des Gilets jaunes, le philosophe Michel Onfray dénonce la volonté claire du gouvernement, non de maintenir l'ordre, mais de réprimer pour maintenir le cap des réformes libérales.

«Je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’Histoire.»
Macron, le 13 février 2018, devant la presse présidentielle

   Certes, l’Etat définit bien ce Moloch qui dispose du monopole de la violence légale : mais pour quoi faire? Sauf irénisme radical, la nature humaine étant ce qu’elle est, il n’est en effet pas question d’imaginer un monde dans lequel on n’aurait plus besoin d’armée ou de police, de tribunaux ou de prisons, de loi et de droit. Si l’on estime qu’un violeur n’est pas un violé, un agresseur un agressé, un voleur un volé, un pilleur un pillé, un frappeur un frappé, il faut bien qu’une série de mécaniques sociales permette d’appréhender le violeur, l’agresseur, le volé, le frappeur afin de le déférer aux tribunaux qui jugent des faits en regard de la loi et du droit, et envoient la personne jugée coupable purger sa peine au nom de la réparation du violé, de l’agressé, du volé, du pillé, du frappé, mais aussi dans la perspective de protéger d’autres citoyens de la dangerosité de ces délinquants. Qu’il existe des circonstances aggravantes ou atténuantes, que chacun, quel que soit ce qu’on lui reproche, ait droit à la défense, puis à la réparation une fois la peine accomplie, tout cela est acquis.

Les Gilets jaunes n’ont pas refusé l’impôt, comme la propagande médiatique le rabâche depuis des semaines

   La violence légale suppose qu’elle puisse être utilisée afin de maintenir la légalité – ce devrait être une lapalissade... Or, quand, mi-septembre 2018, les Gilets jaunes font savoir, au début de leur colère, que leur pouvoir d’achat ne leur permettra pas de payer des taxes supplémentaires que le pouvoir inflige en augmentant le prix des carburants à la pompe, ils ne mettent pas en péril la démocratie et la République puisqu’ils en appellent aux articles 13 et 14 de la Déclaration des droits de l’homme et, ne l’oublions pas, du citoyen. Par leur mouvement, ils revendiquent l’un de ces droits que ce texte majeur leur accorde. Je l’ai déjà signalé, mais rappelons en effet que l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme dit ceci: «Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses de l’administration, une contribution commune est indispensable; elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.» Et l’article suivant, ceci: «Les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.»

Les Gilets jaunes n’ont pas refusé l’impôt, comme la propagande médiatique le rabâche depuis des semaines afin de les assimiler aux populismes fascisants, mais ils font juste savoir qu’ils n’ont plus financièrement les moyens de les payer! D’un point de vue gouvernemental, une réponse appropriée aurait permis d’étouffer la colère dans l’œuf. Au lieu de cela, la riposte a été tout de suite belliqueuse : c’est l’origine de la violence.

Des violences symboliques démultipliées par le pouvoir médiatique maastrichtien

Ce bellicisme a pris la forme que l’on sait : des éléments de langage du pouvoir macronien ont été fournis puis abondamment relayés par les «élites» : le mouvement des Gilets jaunes était une jacquerie d’extrême-droite, une revendication populiste qui sentait sa chemise brune, un mouvement qui puait le «facho». BHL le fit savoir illico en même temps que… Mélenchon et Clémentine Autain, Coquerel et la CGT qui rejoignaient ainsi dans leur concert populicide tous les éditorialistes de la presse maastrichtienne.

Macron n’est pas bien malin, car Pompidou mit fin à Mai 68 avec un cynisme qui aurait pu l’inspirer : deux inconnus à l’époque, il s’agit d’Henri Krasucki de la CGT, donc du PCF, et Jacques Chirac, alors secrétaire d’Etat à l’emploi auprès du ministre des Affaires sociales, se rencontrent dans le cabinet d’un avocat communiste. Chirac dira qu’il s’agissait d’une chambre de bonne et prétendra qu’il s’y était rendu armé… Il y aura plusieurs réunions avant qu’officiellement le sécrétaire général de la CGT, Georges Séguy, et les autres syndicats ne rencontrent Chirac et… Balladur, alors conseiller de Chirac, pour préparer ce qui deviendra les Accords de Grenelle. La négociation a grandement payé : hausse des salaires spectaculaires, augmentation du SMIC sans précédant, réduction de la durée hebdomadaire du temps de travail, élargissement du droit syndical, coup de pouce aux allocations familiales, augmentation de la prestation offerte aux personnes âgées, paiement des journées de grève, baisse du ticket modérateur de la sécu. La CGT revient auprès de sa base avec ces propositions : les ouvriers refusent ; les accords signés unilatéralement par le pouvoir sont tout de même appliqués – déjà la collusion des pouvoirs gouvernementaux et syndicaux, les fameux corps intermédiaires. Le travail reprend quelques jours plus tard. Le pouvoir joue sur l’inflation: deux ou trois ans après, les avantages consentis disparaissent avec l’augmentation du coût de la vie. Exit Mai 68! Leçon de cynisme politique, mais également leçon sur le cynisme de ce qu’il est donc convenu d’appeler les corps intermédiaires : le pouvoir néo-gaulliste et le pouvoir néo-communiste se séparaient moins sur leurs options politiques qu’ils ne se rassemblaient sur ce fromage qu’est toujours la représentation qui permet de laisser croire au peuple qu’on travaille pour lui alors qu’on œuvre bien souvent à ses dépens pour sa seule boutique.


Revenons aux Gilets jaunes: Macron fait annoncer par son Premier ministre un moratoire sur le prix de l’essence début décembre. Mais un moratoire est la formule qui permet de reculer pour mieux sauter – en l’occurrence : sauter par-dessus les élections européennes pour lesquelles, chacun l’a désormais bien compris, le président de la République est en campagne. C’est la raison pour laquelle il instrumentalise la crise des Gilets jaunes pour son propre compte et celui du camp maastrichtien. Il n’y a pas d’autres raisons à son grand débat national puisqu’il a bien pris soin d’en donner la règle du jeu dès le départ : on parle – enfin: il parle –, mais pas question de changer de cap. Pourquoi donc parler? A quoi bon? Pour quoi faire?

Après l’annonce d’un moratoire pour signifier qu’on accorde un délai avant d’actionner tout de même la guillotine, première violence symbolique, il y a eu l’assimilation par le président de la République des Gilets jaunes à «une foule haineuse» constituée d’antisémites, d’homophobes, de racistes lors des vœux de 2019, ce fut la deuxième violence symbolique. Elle a été suivie par une troisième avec cette annonce de LA solution avec un grand débat national doublé du refus d’un changement de cap. D’autres violences sont depuis régulièrement infligées. Ainsi avec cette série de gifles distribuées au grès de ses apparitions publiques : une quatrième à la galette des rois quand le prince fait savoir que tous les Français n’ont pas le goût de l’effort en laissant entendre que c’est le cas des Gilets jaunes (11 janvier 2019) ; une cinquième lors d’un meeting présenté comme un débat, quand il affirme, que, parmi certains qui touchent les minimas sociaux, «il y en a qui déconnent» (15 janvier 2019) en n’ignorant pas que cette catégorie sociologique est surreprésentée chez les Gilets jaunes ; une sixième en faisant savoir de façon quelque peu méprisante, toujours lors d’un de ces meetings de campagne maastrichtien, que «la vraie réforme, elle va avec la contrainte, les enfants! C’est pas open bar. Le bar, c’est le nôtre» (24 janvier 2019 à Bourg-de-Péage) – la vraie réforme, c’est donc la sienne, pas celle des Gilets jaunes ; les «enfants» qu’on toise de façon méprisante, ce sont ces mêmes Gilets jaunes ; et la mention du bar, c’est encore aux GJ que l’image s’adresse, on ne peut mieux dire que, pour le chef de l’Etat, les Gilets jaunes sont de faux réformateurs qui pensent comme des enfants assimilés à des piliers de bistrot…  

BHL prête sa chemise à ces discours. Les éditorialistes pensent comme cette chemise

Ces violences symboliques sont copieusement démultipliées par le pouvoir médiatique maastrichtien. On l’a vu. Il s’agit d’assimiler les Gilets jaunes à des gens violents et tout ce qui peut illustrer cette thèse se trouve savamment mis en images et en mots par les médias qui se contentent de relayer les éléments de langage venus de la cellule communication de l’Elysée, de celle de Matignon ou bien encore de celle du ministère de l’Intérieur. Macron est un enfant-roi colérique et intolérant à la frustration, Edouard Philippe un animal à sang froid bien cravaté, propre sur lui et poli, Castaner un gouailleur ayant gardé quelques habitudes de son ancienne fréquentation du milieu marseillais, mais c’est le même discours : les Gilets jaunes sont violents, ils attaquent la République, y compris avec un transpalette moins gros qu’une voiture sans permis, ils mettent en péril la démocratie, ils annoncent une révolution néo-fasciste… BHL prête sa chemise à ces discours. Les éditorialistes pensent comme cette chemise. D’autres «intellectuels» offrent une partie de leur anatomie à cette même chemise.

Emmanuel Macron a sciemment choisi de réprimer et non pas de maintenir l’ordre

Cette violence symbolique, dont le bras armé est constitué par les médias du système, se double d’une violence policière. On sait que les mots tuent, mais pour ce faire, il leur faut des acteurs violents : le pouvoir en dispose avec un certain nombre de gens de justice et de gens de la police qui, sachant qu’ils bénéficient d’une couverture venue du ministère de l'Intérieur, donc de Matignon, donc de l’Elysée, donc d’Emmanuel Macron, s’en donnent à cœur joie.

Je me suis retrouvé sur un plateau de télévision avec Jean-Marc Michaud, qui a perdu un œil à cause d’un tir de flash-ball. Il a dit toute sa colère contre le tireur – et je le comprends. C’est le premier mouvement, quand on a été violenté, de vouloir riposter de la même manière. On reçoit un coup, on n’a pas envie d’autre chose que de le rendre au centuple. Le cerveau reptilien fait la loi tant que le cortex n’effectue pas son travail.

Certes, il y a une responsabilité du tireur : mais si ce tireur sait qu’il aura des comptes à rendre à la justice si sa hiérarchie lui reproche de s’être mal comporté en ne respectant pas les procédures – dont celle, majeure, de ne jamais viser la tête…–, alors il se comportera probablement autrement. Mais, quand on sait pouvoir bénéficier de l’impunité du pouvoir, alors on tire ou on tabasse sans état d’âme et, pour l’avoir constaté par moi-même à Caen, avec certains spectateurs de ces opérations, une jubilation non feinte à cogner, taper, tabasser, projeter violemment au sol, menotter, mais aussi, dans certains cas sur lesquels je me penche ces temps-ci : dénuder et palper… J’ai déjà dit ailleurs que je supposais que certains policiers noyautaient les casseurs pour nourrir la thèse du pouvoir selon laquelle tous les Gilets jaunes sont violents. Après que j’ai donné cette information, d’aucun parmi les Gilets jaunes m’ont fait savoir par courrier qu’ils en détenaient les preuves. Je reviendrai sur ce sujet le moment venu.  

Maintenir l’ordre n’est pas réprimer. Ce sont deux choix politiques extrêmement différents 

Mais sans se focaliser sur ce cas particulier, il suffit de lire, sous la plume du maire divers droite, donc pas un gauchiste, Xavier Lemoine, une intéressante information. Il affirme dans Le Figaro qu’en tant que maire de Montfermeil, il a constaté que «la police a moins réprimé les émeutes en banlieues en 2005 que les Gilets Jaunes» (29 janvier 2019). Tout est dit. 

Le maire constate qu’en 2005 il n’y a eu aucun mort et peu de blessés parmi les émeutiers bien que ces derniers aient choisi la violence comme unique moyen d’expression. Il en donne la raison : la police avait alors choisi une opération de maintien de l’ordre et non, comme Macron, une logique de répression. Or, maintenir l’ordre n’est pas réprimer. Ce sont deux choix politiques extrêmement différents idéologiquement, politiquement, stratégiquement, tactiquement – et aussi moralement. Emmanuel Macron a sciemment choisi de réprimer et non pas de maintenir l’ordre. Le chef de l’Etat n’a donc pas voulu contenir les violences revendicatives mais déchaîner les violences d’Etat. C’est à dessein.

Xavier Lemoine constate que le choix du maintien de l’ordre vise, comme les mots l’indiquent, à chercher avant tout à maintenir l’ordre, donc à éviter le désordre. J’y reviens : on ne me fera pas croire que laisser dépaver l’avenue des Champs-Elysées sous les objectifs des caméras de BFMTV pendant presque une heure ne témoigne pas du fait que le forces de l’ordre n’avaient pas eu pour consigne d’empêcher le désordre, c’était facile à faire sans violence, mais, au contraire, de le favoriser en laissant ces pavés devenir des projectiles en attente de leurs cibles humaines ou matérielles…

Parlant de sa ville, Xavier Lemoine dit : «En 2005, la totalité [sic] des revendications se sont exprimées par la violence. Or, à l’époque, les forces de l’ordre ont adopté le mode d’intervention le plus approprié qui soit pour faire retomber cette violence. D’un point de vue technique, leur attaque a été souple et remarquable. Alors qu’ils étaient pris pour cibles par les émeutiers, policiers et gendarmes ont montré une grande retenue dans l’usage de la force. Aujourd’hui, au contraire, nul ne peut prétendre que toutes les revendications des "Gilets jaunes" s’expriment par la violence. En outre, en 2005, il n’y avait aucune femme parmi les émeutiers, alors que les femmes sont présentes massivement dans les rangs des "Gilets jaunes". Ne pas le prendre en compte, c’est se priver d’un élément d’analyse fondamental. Contrairement à ce que la puissance des images peut laisser penser, la majorité des "Gilets jaunes" ne participe pas aux violences condamnables commises lors de ce mouvement. Pourtant, depuis le samedi 8 décembre, les forces de l’ordre privilégient la répression, et non le maintien de l’ordre.» Au journaliste qui lui demande de préciser ce qui distingue maintien de l’ordre et répression, Xavier Lemoine répond: «Le maintien de l’ordre consiste d’une part à permettre à une manifestation de s’écouler de la manière la plus pacifique qui soit, et d’autre part contenir la violence en vue de la faire diminuer. Cet objectif n’interdit pas aux policiers d’intervenir contre des personnes déterminées à des actes de violence» – je songe à ceux qui dépavent l’avenue des Champs Elysées… Il poursuit : «Mais il est toujours laissé aux manifestants pacifiques des portes de sortie. Les intéressés peuvent ainsi quitter les lieux quand ça dégénère. La répression, elle, consiste à en découdre contre des groupes sans faire nécessairement la distinction entre les individus violents et les manifestants paisibles, qui peuvent se trouver loin d’eux. Or, dans la crise actuelle, les forces de l’ordre recourent trop souvent aux "nasses", qui l’empêchent les personnes encerclées de quitter les lieux. Il est facile alors de faire des amalgames entre des manifestants très différents. Parmi les éborgnés, combien avaient cassé des vitrines, retourné des voitures, pillé des magasins? De même, le souci de différencier les casseurs "confirmés" et les primo-délinquants devrait être beaucoup plus net.» Pour Xavier Lemoine, les forces de l’ordre obéissent à un pouvoir qui a choisi la répression et la brutalité. Elles obéissent. Le responsable, donc le coupable, est celui qui donne l’ordre. Et, comme on ne peut imaginer que Castaner ou Philippe prennent la décision seuls, c’est au chef de l’Etat qu’il faut imputer le choix de la répression, donc chaque blessure infligée. Quand ce même chef de l’Etat affirme éhontément en Egypte que les forces de l’ordre n’ont causé aucun mort alors qu’on leur doit celle de madame Redoine à Marseille, il ment. Et il est personnellement responsable de cette mort. La brute, c’est lui.

Lisons encore Xavier Lemoine : «Je n’incrimine en rien les forces de l’ordre, qui obéissent, comme il est naturel, aux instructions du ministre de l’Intérieur. Mais je blâme ces instructions, qui me paraissent traduire une volonté de monter aux extrêmes, d’accroître la violence pour justifier une répression. Je n’ai aucune complaisance pour les violences préméditées des casseurs ou des groupuscules extrémistes. Mais la responsabilité du politique est aussi de savoir désamorcer un cri de détresse, au lieu de l’alimenter en diabolisant les "Gilets jaunes". Jamais les gouvernants, en 2005, n’ont tenu des propos aussi méprisants envers les émeutiers d’alors. Actuellement, une partie importante des violences émane de manifestants sans casiers judiciaires, désespérés et chauffés à blanc. Ils se sentent provoqués par la rigidité de la riposte de la police. La dynamique de foule aidant, ils se "radicalisent". Leur réflexe vital s’exprime de façon brutale. En 2005 aucune manifestation n’avait été déclarée en préfecture et toutes dégénéraient en émeutes. Pourtant, à l’époque, en Seine-Saint-Denis, il n’y a eu aucune charge de CRS, ni de policiers à cheval. Aujourd’hui, si. Voilà quatorze ans, les forces de l’ordre n’ont pas recouru au tir tendu, à l’horizontal, à face d’homme et à courte distance. Aujourd’hui, si. Pourquoi ces deux poids, deux mesures de l’Etat entre les émeutes urbaines de 2005 et les scènes d’émeutes des "Gilets jaunes"? Je ne juge pas que les forces de l’ordre ont été laxistes en 2005 ; j’affirme qu’elles sont trop "dures" aujourd’hui.»

La violence généalogique, celle qui s’avère fondatrice des premières revendications des Gilets jaunes, c’est d’abord et avant tout celle qu’impose le système politique libéral

Que le président Macron ait choisi la ligne dure de la répression contre la ligne républicaine du maintien de l’ordre est donc avéré. Il a donc à son service la presse maastrichtienne, autrement dit les médias dominants, dont ceux du service public audiovisuel, il a mis à son service la police, l’armée, donc les forces de l’ordre, il a également essayé d’y adjoindre la machine judiciaire. Ce dont témoigne un article du Canard enchaîné (30 janvier 2019) intitulé «Les incroyables consignes du parquet sur les Gilets jaunes», qui rapporte dans le détail comment le ministère dit de la Justice a communiqué par courriel avec les magistrats du parquet de Paris sur la façon de traiter les Gilets jaunes : après une arrestation, même si elle a été effectuée par erreur, il faut tout de même maintenir l’inscription au fichier du traitement des antécédents judiciaires (TAJ), y compris «lorsque les faits ne sont pas constitués». Le courrier précise également qu’il faut ficher, même si «les faits sont ténus» et même dans le cas avéré «d’une irrégularité de procédure»! Dans ces cas-là, arrestation par erreur, infraction non motivée, irrégularité de procédure, il est conseillé de maintenir les gardes à vue et de ne les lever qu’après les manifestations du samedi afin d’éviter que les citoyens fautivement interpellés puissent exercer leur droit de grève, faut-il le rappeler, un droit garanti par la Constitution ? Alinéa 7 du préambule...

Ajoutons à cela que le projet de loi dit «anti casseurs» proposé par Macron se propose purement et simplement d’instaurer une présomption de culpabilité à l’endroit de quiconque serait suspecté d’être sympathisant de la cause des Gilets jaunes. Suspecté par qui? Par la même justice à laquelle le pouvoir demande, premièrement, de conserver en garde à vue une personne même arrêtée par erreur, deuxièmement, de ne la relâcher qu’après la fin des manifestations, troisièmement, d’agir de même y compris dans le cas d’une erreur de procédure, quatrièmement, de ne pas se soucier du fait que les faits soient avérés, la ténuité suffisant pourvu que la justice macronienne soutenue par la police macronienne elle-même au ordre de l’idéologie macronienne, qui est purement et simplement celle de l’Etat maastrichtien, aient décidé qu’il en soit ainsi. Mélenchon a pu parler à ce propos du retour de la lettre de cachet, il n’a pas tort sur ce sujet.

La violence généalogique, celle qui s’avère fondatrice des premières revendications des Gilets jaunes, c’est d’abord et avant tout celle qu’impose le système politique libéral installé de façon impérieuse par l’Etat maastrichtien depuis 1992. Quand Macron dit que les racines du mal sont anciennes, il ne le sait que trop, car il est l’un des hommes dont la courte vie a été entièrement consacrée à l’instauration de ce programme libéral qui s’avère fort avec les faibles, on le voit dans les rues depuis douze semaines, et faible avec les forts, on le constate avec la législation qui leur est favorable -de la suppression de l’ISF au refus de s’attaquer aux paradis fiscaux en passant par la tolérance du fait que les GAFA échappent à l’impôt.

La violence de cet Etat maastrichtien sur les plus faibles, les plus désarmés, les moins diplômés, les plus éloignés de Paris ou des mégapoles françaises ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les plus précaires en tout, sur les gens modestes qui portent tout seul le poids d’une mondialisation heureuse pour d’autres qui les conchient à longueur d’apparitions médiatiques ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les oubliés des nouvelles compassions du politiquement correct ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les femmes seules, les mères célibataires, les veuves aux pensions de retraite amputées, les femmes contraintes de louer leur utérus pour qu’on y dépose un sperme mercenaire, les victimes des violences conjugales surgies de la misère, les jeunes garçons ou les jeunes filles qui se prostituent pour payer leurs études ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les ruraux privés jour après jour du service public que leurs impôts indirects financent pourtant ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les paysans qui se pendent tous les jours parce que la profession de foi écologiste des maastrichtiens urbains ne s’encombre pas d’écologie quand il s’agit de l’assiette des Français qu’ils remplissent de viandes avariées, de produits toxiques, de chimie cancérigène, d’aliments en provenance du bout de la planète sans souci de la trace carbone et qui peuvent même être bios ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les générations d’enfants crétinisés par une école qui a cessé d’être républicaine et qui laisse aux seuls filles et fils de la possibilité de s’en sortir non pas grâce à leur talents, mais avec l’aide du piston de leurs familles bien nées ; la violence de cet Etat maastrichtien qui a prolétarisé des jeunes n’ayant plus pour seul espoir que la sécurité de l’emploi du policier, du gendarme, du militaire ou du gardien de prison et dont le métier consiste à gérer par la violence légale les déchets du système libéral ; la violence de cet Etat maastrichtien sur les petits patrons, les commerçants, les artisans qui ignorent les vacances, les loisirs, les week-end, les sorties – ces violences là, oui, sont les violences premières. Ce sont celles qui n’ont pas généré de violence, mais juste une première manifestation contre l’augmentation du plein d’essence. 

La réponse du pouvoir, donc de Macron, à cet aveu de pauvreté des pauvres a été tout de suite la criminalisation idéologique. Les médias aux ordres ont crié au loup fasciste. Depuis plusieurs mois, c’est leur pain quotidien: selon les riches qui les gouvernent, les pauvres seraient donc antisémites, racistes, homophobes, violents, complotistes – «salauds», dit-même BHL chez Ruquier. C’est la vielle variation sur le thème: classes laborieuses, classes dangereuses. C’est l’antienne de tous les pouvoirs bourgeois quand ils ont peur. Le pouvoir de l’Etat maastrichtien manœuvre assez bien pour que, jusqu’à ce jour, sa responsabilité ne soit jamais mise en cause! C’est pourtant lui le problème! C’est tellement lui le problème que Macron veut en faire la solution en expliquant que le problème de l’Europe libérale ; c’est qu’il n’y en a pas assez alors que les Gilets jaunes lui disent justement qu’il y en a trop – non pas d’Europe, mais de libéralisme.

Dès lors, le chef de l’Etat mobilise les médias qui désinforment, la police qui traque le manifestant, la justice qui les coffre sévèrement, la prison qui les parque quand l’hôpital ne les soigne pas après tabassages. A partir de quel moment comprendra-t-on que nous disposons là des pièces d’un puzzle despotique?

Lire aussi : Grandeur du petit peuple, par Michel Onfray

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

 


 

Aller à la page 4 des gilets jaunes

Retour à la page d'accueil des gilets jaunes

RETOUR A LA FRANCE