LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS
NON CELLE DES ÉTATS/NATIONS
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A propos de :
Saint Georges terrassant le dragon (d'où la Géorgie)
Photo prise à Tbilissi, début sept. 2007, par Roger Ripert
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TBILISSI (AFP) - 3/2/6 - Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a ordonné le retrait de la Géorgie de l'instance de coopération militaire entre les ex-républiques soviétiques, dominée par Moscou, dans un décret publié vendredi par Tbilissi, expliquant ce retrait par son souhait d'intégrer l'Otan.
Ce décret du président géorgien ordonne de "revenir sur la décision du 14 février 1992 (...) sur la création du conseil des ministres de la Défense de la CEI" (ex-URSS moins les pays Baltes), instance de coopération militaire entre les anciennes républiques de l'URSS, selon un communiqué de la présidence.
Cette annonce intervient alors que M. Saakachvili a dans la soirée rencontré en Allemagne le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld lors de la 42ème Conférence sur la sécurité de Munich, gotha mondial de la défense.
"Nous sommes tournés vers l'Otan et non vers la CEI", a déclaré à l'AFP le chef de l'administration présidentielle géorgienne, Géorgui Arvéladzé.
Des instructeurs militaires américains participent déjà à la formation des militaires géorgiens, dont un contingent a été envoyé en Irak. Et des manoeuvres américano-géorgiennes ont été organisées l'été dernier en mer Noire.
"La décision du président est liée à la perspective d'adhésion de la Géorgie à l'Otan et à l'inefficacité de la coopération militaire dans le cadre de la CEI", a expliqué Nikoloz Rouroua, chef-adjoint de la commission parlementaire pour la défense et la sécurité.
M. Saakachvili, réformateur pro-occidental arrivé au pouvoir début 2004 à la faveur de la Révolution de la rose, s'était déclaré certain en novembre 2005 que son pays adhérerait à l'Otan d'ici à la fin de son mandat en 2008.
La Russie a immédiatement réagi vendredi et jugé "souveraine" la décision de la Géorgie de quitter le Conseil des ministres de la Défense de la CEI.
"Nous qualifierons cette décision de souveraine. La Géorgie est un Etat souverain qui décide lui-même dans quelle organisation il se trouve", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, cité par l'agence Interfax.
Les ministres géorgiens de la Défense ne participaient déjà plus depuis cinq ans aux réunions de ce conseil et la Géorgie a déjà quitté le Traité de sécurité collective de la CEI depuis six ans, selon l'agence russe Itar-Tass.
La Géorgie a annoncé fin janvier la fermeture de son espace aérien aux avions de l'armée russe, pour cause de dette non-payée selon Tbilissi.
Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer avait promis fin novembre 2005 son "soutien" à la Géorgie pour intégrer l'Alliance atlantique d'ici à 2008, mais sans évoquer de calendrier d'adhésion.
En septembre 2005, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov avait annoncé que Moscou réviserait sa politique vis-à-vis de la Géorgie et de l'Ukraine si ces deux pays, dirigés par des présidents pro-occidentaux, entraient dans l'Otan.
Moscou et Tbilissi avaient réussi à trouver en mai dernier un compromis sur le démantèlement avant fin 2008 des bases russes héritées de l'URSS, pomme de discorde entre Russes et Géorgiens depuis la chute de l'URSS en 1991.
Le divorce militaire annoncé vendredi est symbolique et s'ajoute à une série de tensions entre Tbilissi et Moscou sous la présidence de M. Saakachvili : la dernière est liée à une gigantesque panne de gaz en janvier dans cet Etat du Caucase du Sud après un sabotage sur le gazoduc russe alimentant la Géorgie. M. Saakachvili avait accusé la Russie d'avoir elle-même saboté son gazoduc.
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Par Maïa TOPOURIA
TBILISSI (AFP) -18/7/6 - Le Parlement géorgien a exigé mardi le "retrait immédiat" des soldats russes des régions séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, faisant monter d'un cran la tension avec Moscou qui agite aussi depuis plusieurs jours le chiffon rouge.
Le Parlement "charge le gouvernement de lancer immédiatement la procédure de retrait des forces de paix de la CEI (ex-URSS moins les pays Baltes) et de dénoncer tous les accords portant sur ce sujet", dans une déclaration adoptée par les 144 députés pro-pouvoir présents, en l'absence de la soixantaine de députés de l'opposition, qui boycottent l'Assemblée.
Les forces de paix de la CEI stationnées en Géorgie, ex-république soviétique du Caucase du Sud, sont formées de Russes.
L'Abkhazie (nord-ouest) et l'Ossétie du Sud (nord) ont proclamé leur indépendance au lendemain de la chute de l'URSS, ce qui a conduit à des conflits armés contre Tbilissi soutenus en sous-main par Moscou. Avant ces affrontements et l'exode de milliers de personnes, l'Abkhazie comptait 320.000 habitants et l'Ossétie du Sud 50.000.
"Nous proposons de remplacer la force de paix existante (...) par une force internationale", ajoute le texte, dans lequel les députés jugent que "la force de paix russe a été la principale barrière au règlement" de ces conflits.
Cette déclaration souligne un peu plus la montée des tensions entre Moscou et le régime du président pro-occidental Mikheïl Saakachvili, qui depuis son arrivée au pouvoir début 2004 n'a cessé de dire qu'il ferait rentrer dans le giron géorgien les territoires séparatistes.
"Toutes les décisions dépendront de nos relations avec Moscou. Tous les détails seront réglés lors de ma rencontre avec mon homologue russe" Vladimir Poutine, lors d'une visite à Moscou du 21 au 23 juillet, a déclaré M. Saakachvili devant la presse.
"C'est une décision de principe. Et rien ne pourra empêcher sa mise en application", a certifié le ministre géorgien de la Défense, Irakli Okrouachvili.
Une assurance qui n'a pas plu à Moscou, qui affirme ces derniers jours que Tbilissi s'apprête à lancer une attaque armée contre ses régions séparatistes pro-russes.
Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé une résolution constituant selon lui une "provocation visant à faire monter la tension et à briser le cadre actuel de négociations".
Le "président" de l'Ossétie du sud, Edouard Kokoïty, a également dénoncé "une tentative sans équivoque de faire sortir le conflit du domaine diplomatique", selon Itar-Tass.
Le "ministre" abkhaze des Affaires étrangères, Sergueï Chamba, a rejeté une initiative vouée à "déstabiliser la situation" et dont l'application "mènerait immédiatement à l'escalade et à une nouvelle catastrophe humanitaire".
L'armée russe a elle aussi prévenu mardi qu'elle ne comptait pas retirer ses hommes. "Sitôt les soldats russes partis de ces territoires, le sang y coulera", a déclaré le général Valeri Evnevitch, en charge des forces de paix au sein de l'armée de terre russe, lors d'une conférence de presse à Moscou.
Il a exclu tout départ des près de 1.900 hommes stationnés en Abkhazie sans un accord des chefs d'Etats de la CEI.
Et l'aval de la commission de contrôle mixte (Géorgiens, Russes et Ossètes) est nécessaire avant un éventuel retrait des 550 soldats russes d'Ossétie du Sud, selon lui.
L'escalade pour l'instant verbale a été accompagné d'une intense propagande anti-géorgienne à la télévision russe.
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Par Maïa TOPOURIA
TBILISSI (AFP) - 27/7/6 - La tension monte en Géorgie, où des échanges de tirs se sont poursuivis mercredi jusqu'à la tombée de la nuit à la limite de la république séparatiste d'Abkhazie, la Russie dénonçant de son côté l'apparition d'un nouveau "conflit" près de ses frontières.
Quatre officiers géorgiens au moins ont été blessés dans la nuit de mardi à mercredi lors d'échanges de tirs dans une zone de la Géorgie limitrophe de la république séparatiste d'Abkhazie, a rapporté la télévision Roustavi-2. Dix-huit rebelles et trois civils ont aussi été blessés.
La présidence géorgienne a confirmé de son côté que deux membres des forces de l'ordre avaient été blessés. Ces bilans sont invérifiables de source indépendante, la zone étant bloquée et difficile d'accès.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un responsable parlementaire a indiqué à la télévision Roustavi-2 que l'opération a été interrompue dans les gorges de Kodori "en raison de l'obscurité et d'un épais brouillard".
Selon Givi Targamadze, président de la commission parlementaire de la défense et de la sécurité, "l'avancée relativement lente de l'opération est due au désir des autorités d'éviter de faire des victimes aussi bien parmi les civils que parmi les forces de l'ordre". Jusqu'à présent, il n'y a "pas eu de victimes parmi les civils", a assuré le député à la télévision.
La Géorgie a annoncé mardi avoir engagé une "opération de police" dans les gorges de Kodori pour désarmer des milices menées par Emzar Kvitsiani, un ancien responsable local qui n'obéit plus à Tbilissi.
Selon des médias géorgiens, quelque 800 soldats géorgiens ont été déployés dans la région.
"Les gorges de Kodori doivent être nettoyées des criminels et des traîtres une bonne fois pour toutes", a déclaré mercredi le chef de l'administration présidentielle géorgienne, Gueorgui Arveladzé.
Les milices de Kvitsiani, qui comptent entre 300 et 400 hommes, ont été créées en 1992 lors du conflit qui avait opposé la Géorgie à l'Abkhazie sécessionniste pour protéger les gorges de Kodori des Abkhazes.
Elles étaient formellement subordonnées à Tbilissi, avant d'être accusées par le pouvoir central d'activités criminelles et officiellement dissoutes en 2005.
Des échanges de tirs se sont poursuivis mercredi dans ces gorges, selon des journalistes de Roustavi-2 sur place.
"S'ils violent d'un mètre la frontière abkhaze, nous ouvrirons le feu", a déclaré le "président" abkhaze Sergueï Bagapch, ajoutant que des troupes abkhazes avaient été dépêchées dans la zone de l'opération géorgienne.
Les Abkhazes craignent que des troupes géorgiennes ne soient envoyées dans les gorges de Kodori sous prétexte d'opération anticriminelle et ne pénètrent ensuite plus avant dans la république séparatiste.
La Russie, accusée par les Géorgiens de soutenir en sous-main les territoires séparatistes, a déclaré son "inquiétude". "La situation dans la partie haute des gorges de Kodori s'est détériorée (...). Un nouveau conflit se développe près de nos frontières et cela nous inquiète", a déclaré le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov.
Il a assuré que les forces d'interposition russes qui "se sont retrouvées entre le marteau et l'enclume" rempliraient leur mandat malgré le vote du Parlement géorgien le 18 juillet qui a exigé le "retrait immédiat" des soldats russes des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.
L'Ossétie du Sud a connu des affrontements violents entre séparatistes et forces géorgiennes entre mai et août 2004 qui avaient fait au moins une trentaine de morts.
L'Abkhazie - tout comme l'Ossétie du Sud - fait officiellement partie de la Géorgie mais a proclamé unilatéralement son indépendance en 1992 et n'est depuis plus contrôlée par Tbilissi. Un conflit armé avec les Géorgiens avait alors fait des milliers de morts.
Le président "pro-occidental" [SIC] géorgien Mikheïl Saakachvili [toujours bien cravaté !], élu en 2004, s'est juré de reprendre en main l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, soutenues par Moscou, qui a accordé la nationalité russe à de nombreux résidents des deux territoires.
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TBILISSI (AFP) - Le ministre géorgien de l'Intérieur Irakli Okrouachvili a annoncé dimanche soir à Tbilissi avoir échappé à des tirs sur son hélicoptère au-dessus de la région séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, contraignant l'appareil à faire un atterrissage d'urgence en zone séparatiste.
"Notre hélicoptère a essuyé des tirs. Il a fait un atterrissage d'urgence (en Ossétie du Sud) puis est reparti vers sa base", a-t-il déclaré devant la presse, faisant de sa révélation un coup de théâtre : les rumeurs circulaient en effet sur un possible retour sur le sol géorgien de l'appareil dont on avait annoncé la chute en Ossétie du Sud, mais la présence du ministre à bord n'avait pas été révélée.
De retour dans la capitale géorgienne, M. Okrouachvili a dénoncé "une sortie insolente de la partie d'Ossétie du Sud", qui avait annoncé en fin d'après-midi avoir "abattu" un hélicoptère géorgien ayant "violé plusieurs fois l'espace aérien" de la région séparatiste.
Le Premier ministre géorgien Zourab Nogaideli a estimé qu'il s'agissait "d'une nouvelle provocation parmi tant d'autres des rebelles d'Ossétie du Sud, accompagnée de l'absence de réaction des forces de paix russes".
"Ce n'était pas inattendu, mais la partie d'Ossétie du Sud l'a fait avec insolence et ouvertement", a ajouté le Premier ministre cité par l'agence Itar-Tass.
Dans la zone frontalière entre la Géorgie et sa région séparatiste, les zones contrôlées par les forces séparatistes et géorgiennes sont imbriquées, rendant difficile toute sectorisation claire de l'espace aérien.
Chota Khizanichvili, porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, avait confirmé qu'un hélicoptère Mi-8 de son ministère était "tombé" du côté de l'Ossétie du Sud, sans faire la moindre allusion à la présence du ministre.
Le porte-parole avait précisé que des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ainsi que des forces de maintien de la paix dans la région étaient à la recherche de l'appareil, tombé dans une zone montagneuse d'Ossétie du Sud.
M. Okrouachvili n'a fait mention d'aucun blessé parmi les autres passagers.
Cet incident, touchant un des membres du gouvernement géorgien les plus virulents pour réclamer le retour des régimes séparatistes dans le giron géorgien, ne fait qu'aggraver un peu plus la situation.
La tension ne cesse déjà de monter ces derniers mois entre Tbilissi et ses régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, de facto indépendantes depuis des conflits armés au début des années 1990, soutenues selon la Géorgie par les forces russes.
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili s'est engagé à rétablir le contrôle de Tbilissi sur ces territoires et les incidents sont fréquents.
Deux soldats russes des forces de paix ont ainsi été tués début août par des tirs en Abkhazie, selon les autorités séparatistes. Peu après, trois policiers géorgiens ont été blessés par des hommes masqués venus d'Ossétie du Sud, qui ont tiré sur leur convoi avant de s'enfuir, selon la police géorgienne et la force de maintien de la paix russe.
TSKHINVALI (AFP) - 13/11/6 - Le "président" d'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, a affirmé qu'une majorité d'habitants de cette région séparatiste de Géorgie avaient voté en faveur de l'indépendance lors du référendum organisé dimanche.
"Aujourd'hui, nous avons gagné ensemble", a déclaré le "président" non reconnu d'Ossétie du Sud, république autoproclamée indépendante soutenue par la Russie, qui avait déjà exprimé sa volonté de faire sécession à l'issue d'un bref conflit en 1992.
"Lorsque nous sommes ensemble et unis, personne ne peut nous battre", a ajouté M. Kokoïty devant ses partisans à Tskhinvali, la "capitale", après la fermeture des bureaux de vote.
Environ 55.000 Ossètes du Sud étaient appelés à se prononcer au cours de ce scrutin, non reconnu à l'étranger, qui s'est déroulé dans le calme et devrait montrer une large victoire du "oui". Le référendum a lieu à un moment où les relations russo-géorgiennes sont au plus bas après la brève interpellation fin septembre en Géorgie de quatre officiers russes accusés d'espionnage. Dans la foulée, la Russie a suspendu ses liaisons aériennes, terrestres et maritimes, assénant un dur coup à la fragile économie de la petite nation du Caucase.
La Géorgie accuse Moscou de se servir de l'embargo économique et du référendum pour "punir" Tbilissi qui, depuis l'arrivée au pouvoir fin 2003 de Mikheïl Saakachvili, cherche à se rapprocher de l'Union européenne et des Etats-Unis via l'Alliance atlantique.
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TBILISSI (Reuters) - 4/3/7 - Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé l'envoi de renforts de troupes en Irak, où son pays maintient 850 hommes, "pour aider nos collègues américains et irakiens" [sic] .
Le président de l'ancienne république soviétique du Caucase, qui entretient des relations étroites avec l'Alliance atlantique, a par ailleurs fait part de son intention d'augmenter la contribution géorgienne aux opérations de maintien de la paix sous commandement de l'Otan en Afghanistan.
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La Géorgie accuse l'armée de l'air russe de bombardements...
TBILISSI (AFP) - 7/8/7 - La Géorgie a affirmé mardi que l'aviation russe avait bombardé une zone proche de la région géorgienne séparatiste d'Ossétie du Sud, des accusations immédiatement rejetées par Moscou.
"Lundi à 19 h 30 deux avions russes, apparemment des bombardiers Su-24, ont violé l'espace aérien près de Kazbegui et ont volé jusqu'à Gori", a affirmé le ministère géorgien de l'Intérieur dans un communiqué.
Le Sukhoï-24 est un avion apprécié pour ses capacités de bombardement à basse altitude.
"Les Russes ont tiré des missiles air-sol et ont bombardé les environs du villages de Tsiteloubani", a également accusé le ministère géorgien.
"Selon des premières informations, il n'y a pas de victime", indique le ministère de l'Intérieur qui annonce l'ouverture d'une enquête.
La région, bombardée selon Tbilissi, se trouve à environ 30 km de la "capitale" de l'Ossétie du Sud.
A Moscou, l'armée de l'air russe a démenti toute implication russe.
"Les avions russes n'ont accompli aucune mission de vol ni lundi ni ce matin dans cette région et n'ont pas pu violer l'espace aérien" de la Géorgie, a déclaré le colonel Alexandre Drobychevskï, porte-parole de l'armée de l'air russe.
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Par Misha Dzhindzhikhashvili
TBILISSI - AP - 28/9/7 - Plusieurs milliers de partisans de l'opposition se sont rassemblés vendredi à Tbilissi, capitale de la Géorgie, pour réclamer la démission du président Mikhaïl Saakachvili à la suite de l'arrestation d'un ancien ministre de la Défense qui a notamment accusé le chef de l'Etat de corruption.
L'ex-République soviétique a plongé dans la tourmente cette semaine lorsque l'ancien ministre de la Défense Irakli Okrouachvili a accusé M. Saakachvili, son ancien allié, d'être corrompu, et de l'avoir encouragé à assassiner un homme d'affaires.
Ces allégations sont intervenues sur fond d'accroissement des tensions entre le gouvernement géorgien et les régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Des tirs entre séparatistes et soldats géorgiens ont éclaté jeudi soir dans la principale ville d'Ossétie du Sud tandis que des responsables abkhazes ont ordonné le déploiement de renforts le long de la "frontière" entre l'Abkhazie et la Géorgie.
Ces troubles sont parmi les plus graves à affecter la Géorgie depuis que M. Saakachvili a été propulsé vers le sommet du pouvoir en 2003 lors de la Révolution des roses.
Dans le centre-ville de Tbilissi, quelque 10.000 partisans de l'opposition se sont rassemblés vendredi devant le Parlement, bloquant la circulation dans la principale avenue de la capitale et scandant "Irakli ! Irakli !". Dans un appel lu par un membre de son Mouvement pour une Géorgie unie, Okrouachvili a exhorté ses partisans à "s'unir et à se battre".
Des policiers armés de matraques et de plusieurs canons à eau étaient présents. Des échauffourées ont éclaté entre des agents des forces de l'ordre et des protestataires.
Un dirigeant du Parti du peuple (opposition), Koba Davitachvili, autre ex-allié du chef d'Etat, a lancé à la foule qu'il était "temps" de "renverser cette bande dirigée par Saakachvili". AP
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Petite manifestation devant le parlement géorgien
Photo prise, début sept. 2007, par Roger Ripert
TBILISSI - AP - 29/9/7 - Le président géorgien Mikahël Saakachvili a interrompu son déplacement à New York et est rentré tôt samedi à Tbilissi en raison des tensions suscitées dans son pays par l'arrestation d'un ancien ministre de la Défense qui l'accuse d'implication dans un assassinat.
M. Saakachvili, qui prévoyait initialement de se rendre lundi en Grèce après avoir participé à l'Assemblée générale de l'ONU, a finalement décidé de regagner directement la Géorgie dans la nuit de vendredi à samedi.
Le numéro deux de l'administration géorgienne Eka Djodjoua n'a pas souhaité commenter les raisons du retour précipité du président, qui a eu lieu quelques heures seulement après qu'une manifestation de l'opposition eut rassemblé à Tbilissi des milliers de personnes réclamant sa démission.
Il faut remonter à la Révolution des roses qui l'avait porté au pouvoir en 2003 pour retrouver pareille contestation en Géorgie.
L'ex-république soviétique a plongé dans la crise cette semaine lorsque l'ancien ministre de la Défense Irakli Okrouachvili a accusé nommément M. Saakachvili, son ancien allié, d'être corrompu et de l'avoir encouragé à assassiner un homme d'affaires.
Dès son retour, M. Saakachvili a démenti avec véhémence les accusations de son ancien ministre. "Okrouachvili et tous les autres savent que tout ce qu'il a dit à mon sujet et au sujet de la direction du pays constitue des mensonges impardonnables", a-t-il déclaré dans une intervention télévisée.
Ces allégations sont intervenues sur fond d'accroissement des tensions entre le gouvernement géorgien et les régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Des tirs entre séparatistes et soldats géorgiens ont éclaté jeudi soir dans la principale ville d'Ossétie du Sud tandis que des responsables abkhazes ont ordonné le déploiement de renforts le long de la "frontière" entre l'Abkhazie et la Géorgie. AP
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TBILISSI (AFP) - 7/11/7 - Le président géorgien "pro-occidental" [pro libéral] Mikheïl Saakachvili a décrété mercredi l'état d'urgence pour quinze jours sur tout le territoire après de violents heurts entre police et manifestants à Tbilissi et a annoncé l'expulsion de diplomates russes, accusant Moscou d'alimenter les troubles.
"Il y a eu une tentative de coup d'Etat et nous devons donc réagir", a déclaré le Premier ministre Zourab Nogaïdeli sur la chaîne de télévision privée Roustavi-2. L'état d'urgence "sera levé quand la situation redeviendra normale", a-t-il ajouté.
Le décret pris par le chef de l'Etat "instaure l'état d'urgence pendant quinze jours et impose des restrictions aux rassemblements, réunions et manifestations, ainsi que sur l'information. Seule la télévision d'Etat fonctionnera", a précisé le ministre de l'Economie et du Développement Georgi Arvaladze dans une déclaration à la télévision nationale..
Peu auparavant, la chaîne d'opposition Imedi TV avait cessé d'émettre tandis que des responsables de l'opposition étaient arrêtés, selon des informations de médias géorgiens non confirmées.
Dans la journée, la police géorgienne a violemment dispersé des milliers de manifestants qui réclamaient depuis six jours la démission du président Saakachvili.
Les forces anti-émeutes ont frappé les manifestants à coups de matraque, tiré des balles en caoutchouc et utilisé gaz lacrymogènes et canons à eau, plongeant la capitale de cette ex-république soviétique dans le chaos. Des manifestants ont riposté à coups de pierres, de bouteilles et de bâtons, blessant également des policiers.
Le ministère de la Santé a indiqué que 486 personnes avaient demandé une aide médicale et que 109 avaient été hospitalisées.
En fin de journée, le président Saakachvili a accusé de "hauts responsables des services spéciaux russes" d'être "impliqués" dans les troubles.
"Certains d'entre eux sont en Géorgie, d'autres à Moscou", a-t-il affirmé dans un discours télévisé à la nation. "Certains collaborateurs (de l'ambassade de Russie) se sont livrés à des activités subversives, d'espionnage", a-t-il ajouté.
Au total, trois membres de l'ambassade - deux conseillers et le troisième secrétaire - doivent être expulsés dans les prochains jours, selon un communiqué du ministère géorgien des Affaires étrangères.
Ces expulsions risquent de nouveau d'exacerber les relations russo-géorgiennes, déjà très tendues sur fond de séparatisme dans les régions géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, soutenues par Moscou.
La Russie a immédiatement réagi, qualifiant la décision géorgienne d'expulser des diplomates de "provocation politique irresponsable" et promettant "une réponse appropriée". Elle a aussi appelé les alliés occidentaux de la Géorgie à faire pression sur Tbilissi pour éviter des "pas lourds de conséquences imprévisibles".
La brève interpellation en septembre 2006 en Géorgie de quatre officiers russes accusés d'espionnage avait déjà provoqué une grave crise diplomatique entre Tbilissi et Moscou, qui a suspendu depuis ses liaisons aériennes, terrestres et maritimes avec son voisin du Sud.
"La Maison-Blanche" [l'Empire US-OTAN] s'est dite "préoccupée" mercredi par la situation en Géorgie et a appelé à un "dialogue constructif" entre le gouvernement de Tbilissi et l'opposition.
Le président en exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, s'est déclaré "préoccupé" par les événements.
"J'espère que les autorités et l'opposition géorgiennes feront tout leur possible pour éviter une aggravation de la situation", a-t-il ajouté.
Le gouvernement américain a également appelé mercredi le gouvernement de Géorgie et l'opposition à résoudre leurs différends de manière pacifique et à éviter les gestes susceptibles d'attiser la violence.
Le mouvement de contestation a pris forme après l'arrestation le 27 septembre de l'ex-ministre de la Défense Irakli Okrouachvili, qui accusait le président d'avoir planifié le meurtre de personnalités et a été libéré depuis.
Les manifestants, mobilisés depuis vendredi, étaient entre 7.000 et 15.000 ces derniers jours. Ils avaient été jusqu'à 50.000 le premier jour.
Il s'agit de la plus importante contestation populaire dans le pays depuis la Révolution de la rose de novembre 2003 qui avait porté au pouvoir M. Saakachvili.
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RIA-Novosti - 19/11/7 - La police géorgienne a utilisé un système acoustique spécial destiné à générer un état de panique afin de disperser les manifestations de l'opposition à Tbilissi le 7 novembre dernier, a annoncé dimanche la chaîne russe NTV.
Les images diffusées montrent un groupe de policiers à bord d'une Jeep manipulant un instrument hexagonal fixé sur une base rotative, orienté vers un groupe de manifestants qui prend la fuite.
"Les unités des forces spéciales américaines ont employé un système semblable au cours des opérations militaires en Irak. Le 7 novembre, ce système a été utilisé par les commandos spéciaux de la police géorgienne afin de disperser une manifestation pacifique à Tbilissi", a commenté un expert sous couvert d'anonymat.
Selon la chaîne, ce système, dont le principe est basé sur l'émission d'une impulsion sonore mille fois supérieure au seuil tolérable, est produit par une compagnie américaine.
"Le système provoque une forte douleur auditive, une sensation de peur incontrôlée et de panique. Ce son est tellement fort qu'il est impossible de s'y soustraire, même en se bouchant les oreilles. Selon certains spécialistes, l'utilisation de ce système peut provoquer des troubles psychiques", a indiqué l'expert.
Cet instrument, mis au point après l'adoption des conventions internationales sur les armements, n'est interdit par d'aucune d'entre elles.
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LEMONDE.FR avec AFP - 16.11.07 - L'état d'urgence à peine levé en Géorgie, et à moins de deux mois de la présidentielle anticipée du 5 janvier, le président Mikhaïl Saakachvili a annoncé, vendredi 16 novembre, la démission du premier ministre Zourab Nogaïdeli et le départ de l'ensemble de son gouvernement. Suite à ces départs en série, "j'ai décidé de nommer Lado Gourguénidzé", a déclaré à Tbilissi, le président géorgien. Pour prendre effet, la nomination du nouveau premier ministre doit encore être approuvée par le Parlement.
Mikhaïl Saakachvili a détaillé les mérites de Lado Gourguénidzé, cet élégant banquier de 37 ans, président du groupe privé Banque de Géorgie, comme "l'un des hommes d'affaires les plus modernes" du pays. Dans la foulée, M. Gourguénidzé a expliqué que sa mission consistera à "établir le dialogue avec la société, (...) un consensus avec le peuple, dont nous avons entendu le message". Se vantant d'avoir vécu "pendant quatorze ans à l'étranger, aux Etats-Unis, en Pologne, en Grande-Bretagne et en Russie", il s'est dit soucieux d'attirer les investisseurs dans le pays.
IMAGE TERNIE
L'annonce de la démission du gouvernement, qui faisait l'objet de rumeurs jusqu'à vendredi, a suivi de peu celle de la levée de l'état d'urgence, en vigueur pendant neuf jours. Au terme de cette épreuve de force avec l'opposition géorgienne, l'image de démocrate pro-occidental de M. Saakachvili s'est ternie.
La levée de l'état d'urgence autorisant à nouveau les rassemblements, peu après l'annonce du président, l'opposition s'est réunie devant le Parlement, lieu symbolique des manifestations des dernières semaines. "Concernant la nomination d'un nouveau premier ministre, mon opinion est que, plus vite Saakachvili annoncera sa propre démission, mieux ce sera", a réagi l'opposant Guiorgui Khaïndrava.
Plus tôt dans la journée, le chef de l'Etat géorgien avait promis à l'opposition qu'elle pourrait faire campagne pour l'élection présidentielle du 5 janvier et, par conséquent, avoir accès aux médias. Pour l'heure, M. Saakachvili n'a pas précisé s'il allait autoriser à nouveau les émissions de la chaîne d'opposition Imedi TV, qu'il avait fait fermer le 7 novembre à la suite des manifestations de l'opposition.
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Géorgie : la chaîne Imedi, symbole des dérives de Saakachvili
Tageblatt - 19/11/7 - Un bâtiment loin du centre de Tbilissi, des policiers qui en barrent l'accès, un écran noir sur les télévisions des Géorgiens : le sort de la chaîne Imedi symbolise les errements d'un pouvoir accusé d'autoritarisme après avoir incarné l'élan démocratique.
L'affaire commence au soir du 7 novembre après la répression d'une manifestation d'opposition. "Nous sommes informés que les forces spéciales viennent juste d'entrer dans le bâtiment de Imedi TV", annonce le présentateur en direct avant de disparaître de l'écran. Au siège de la chaîne, des membres des forces spéciales évacuent les journalistes et bouclent les lieux. Le matériel de montage et de diffusion est en partie saccagé ou emporté, selon des témoignages. Dans la foulée, le président Mikheïl Saakachvili décrète l'état d'urgence, levé neuf jours plus tard, vendredi 16 novembre.
Mais depuis, Imedi n'a pas recommencé à émettre. Et loin de baisser, la pression s'accentue sur ce média, propriété de News Corp, qui appartient au magnat américano-australien des médias Rupert Murdoch, et de l'oligarque et opposant géorgien Badri Patarkatsichvili. La semaine dernière, une première décision de justice a confirmé la suspension de la licence tout en entretenant le flou sur un retrait pur et simple.
Selon le tribunal, dont la décision a été fournie à l'AFP par News Corp et par un haut responsable de Imedi, la chaîne est accusée d'avoir relayé les appels à un renversement du pouvoir. Est surtout visé Badri Patarkatsichvili, qui a "exprimé ouvertement un désaccord fort avec le gouvernement légitime de Géorgie".
Selon des sources concordantes, la Commission des communications a suspendu la licence d'Imedi pour trois mois, soit au-delà de la présidentielle anticipée du 5 janvier annoncée par le président géorgien. Depuis dix jours, Américains et Européens tentent bien de pousser le président à autoriser la chaîne à émettre. L'ancien dissident polonais Adam Michnik, rédacteur en chef du journal Gazeta Wyborcza, a été contacté pour une mission de médiation. Mais selon un diplomate européen, "le président se moque de l'avis des Occidentaux". "Il croit réellement à un complot des Russes et ne veut pas plier sur Imedi", affirme ce diplomate sous couvert de l'anonymat.
Dans un discours prononcé samedi, le président géorgien a usé des meilleurs effets pour critiquer Badri Patarkatsichvili, financier de l'opposition, candidat déclaré à la présidentielle et accusé par les autorités de travailler avec les services spéciaux russes. "En Géorgie, le Mal a son propre nom et nous savons tout de lui. Et je veux dire à ce Mal : tu dépenseras des milliards de dollars ? Tu échoueras. Tu essaieras d'acheter le peuple géorgien ? Tu échoueras", a-t-il lancé [sic] .
Au-delà de la fermeture d'une chaîne, relais majeur de l'opposition pour toucher l'ensemble du pays lors de la campagne électorale, l'affaire Imedi a révélé au grand jour les drôles de méthodes du pouvoir géorgien. Les autorités avaient déjà reconnu avoir mis sur écoute les leaders de l'opposition, officiellement pour les confondre avec des "espions" russes de l'ambassade. Mais depuis vendredi, les télévisions diffusent les mises sur écoute des journalistes de Imedi et montrent des armes cachées au siège de la chaîne, "preuves" de la volonté d'un coup d'Etat. "Si quelqu'un veut détruire notre pays ou commettre un crime, les gens ne devraient pas être chagrinés par le fait que l'Etat se protège", s'est justifié le président.
En attendant, News Corp a contesté la décision de suspension prononcée par le tribunal de Tbilissi et envisage d'attaquer l'Etat géorgien devant la Cour des droits de l'Homme à Strasbourg, a déclaré à l'AFP Lewis Robertson, le directeur général d'Imedi.
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Pour se porter candidat à l'élection présidentielle prévue le 5 janvier 2008,
Saakachvili démissionne le jour de la sainte Catherine !
TBILISSI (Reuters) - 25/11/7 - Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a démissionné dimanche pour se porter candidat à l'élection présidentielle prévue le 5 janvier prochain, annonce son porte-parole.
"Je vous informe que le président géorgien a démissionné le 25 novembre 2007", a déclaré Vano Noniachvili, porte-parole principal de la présidence, lors d'un point de presse.
"Je vous rappelle que le fait de démissionner avant la fin du mandat est une formalité et une nécessité en raison d'une élection présidentielle anticipée en Géorgie et que Mikhaïl Saakachvili doit se porter candidat à cette élection", a dit Noniachvili.
Saakachvili, 39 ans, a décidé ce mois-ci la tenue d'un scrutin présidentiel anticipé après avoir fait écraser des manifestations d'opposition par la police anti-émeute et avoir fait fermer la principale chaîne de télévision de l'opposition.
En vertu de la constitution, ses pouvoirs reviennent dans l'intervalle au président du parlement, Nino Bourdjanadze, un de ses alliés politiques.
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Par Olga NEDBAEVA
TBILISSI (AFP) - 4/1/8 - Les Géorgiens élisent samedi leur président dans un scrutin anticipé considéré comme un test pour la démocratie dans cette ex-république soviétique après des troubles en novembre et que l'opposition menace de ne pas reconnaître.
Alors que le président sortant Mikheïl Saakachvili espère gagner l'élection dès le premier tour, l'opposition a estimé vendredi que le scrutin était déjà "falsifié".
Si les violations continuent et "je suis sûr à 100% qu'elles vont continuer, nous ne reconnaîtrons pas" les résultats du vote, a déclaré le principal candidat de l'opposition Levan Gatchetchiladzé en dénonçant l'utilisation des administrations par M. Saakachvili et les entraves mises par le pouvoir à la campagne de l'opposition.
Le président sortant Mikheïl Saakachvili, 40 ans, héros du mouvement pro-démocratique baptisé Révolution de la rose en 2003 a vu son image ternie après la répression de manifestations de l'opposition et l'introduction de l'état d'urgence pendant neuf jours. Cette crise a ajouté à la déception post-révolutionnaire des Géorgiens et suscité l'inquiétude en Europe et aux Etats-Unis, alliés de la Géorgie.
M. Saakachvili, qui a démissionné pour briguer un nouveau mandat, reste favori face à six adversaires. L'issue du vote est toutefois incertaine avec un quart d'électeurs indécis. Dans une interview au Financial Times de vendredi, M. Saakachvili a déclaré qu'il espérait "obtenir 60% dès le premier tour".
Elu en 2004 avec 96% des voix, M. Saakachvili bénéficie de 42% des intentions de vote suivi de Levan Gatchétchiladzé (19%) et de l'homme d'affaires controversé Badri Patarkatsichvili (11%), selon un sondage publié jeudi par l'état-major présidentiel et réalisé par le groupe international Greenberg Quinlan Rosner.
"Il est très difficile de faire des pronostics. Je pense que Saakachvili gagnera, mais cela se jouera au tout dernier moment", relève Guiorgui Margvelachvili, analyste à la Fondation géorgienne pour les études stratégiques et internationales. Si aucun des candidats n'obtient plus de 50% des voix, un second tour sera organisé deux semaines plus tard.
Alors que la publicité électorale de l'opposition, divisée, est quasiment invisible, celle de Saakachvili est omniprésente. Des affiches représentant le président sortant entouré d'enfants ou écoutant de vieilles dames pauvrement vêtues sont accrochées le long des routes et dans les transports en commun.
Selon un rapport pré-électoral de l'OSCE, la campagne électorale a été entachée par des allégations selon lesquelles M. Saakachvili a eu recours à des mesures d'"intimidation" ou "acheté des votes".
Des centaines d'observateurs internationaux surveilleront le déroulement du scrutin dans ce pays du Caucase dont l'importance stratégique, au carrefour de l'Europe et de l'Asie, augmente depuis qu'il a acquis son indépendance en 1991. Une partie du pétrole de la mer Caspienne destiné à l'Occident transite par son territoire via l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, échappant ainsi au contrôle de la Russie et de l'Iran.
M. Saakachvili prône l'adhésion de la Géorgie à l'Otan face à Moscou qui soutient deux républiques séparatistes géorgiennes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud et a imposé en 2006 un blocus économique à Tbilissi. Un référendum sur l'adhésion à l'Otan sera également organisé samedi, "l'écrasante majorité des Géorgiens soutenant cette perspective" [sic].
La campagne a été courte mais agitée. Sur fond d'accusations croisées avec le pouvoir de projets d'assassinats et de coups d'Etat, l'oligarque Badri Patarkatsichvili s'est retiré de la course fin décembre avant de changer d'avis cette semaine. Guerre de mots mise à part, les candidats ont fait des promesses sociales. Malgré une croissance de plus de 10%, un boom des investissements et une rénovation des infrastructures, la pauvreté est loin d'être vaincue.
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Par Nicolas LANDRU à Leipzig
Source : CAUCAZ.COM
Article paru dans l'édition du 20/11/2007
Le 5 janvier 2008 se tiendront en Géorgie les élections présidentielles anticipées que le président Mikhaïl Saakachvili avait annoncées en coup de théâtre le 8 novembre. Cette annonce intervenait au lendemain de la plus importante confrontation politique que le pays ait connu depuis la Révolution des Roses de 2003. L’état d’urgence proclamé à l’issue de la dissolution des manifestations de l’opposition a été levé le 16 novembre : la campagne électorale peut désormais battre son plein. Cependant sans la chaîne de télévision du businessman candidat Badri Patarkatsichvili, Imedi, qui était la principale plateforme médiatique de l’opposition jusqu’à sa fermeture par les forces de l’ordre le 7 novembre. Le 17 novembre, alors que l’autre chaîne d’opposition, Kavkasia TV, était rétablie, la Commission Nationale Géorgienne des Communications retirait à Imedi ses droits de diffusion pour une durée de 3 mois.
La campagne se déroulera également sous les auspices d’un autre coup de théâtre du président : la nomination le 16 novembre d’un nouveau premier ministre et le 19 d’un nouveau gouvernement pour le mois et demi restant avant le scrutin. Selon la constitution, Saakachvili devra quant à lui démissionner 40 jours avant la date des élections. Tandis que rien ne semble arrêter la chaîne de changements initiés par le pouvoir en place, l’opposition divisée doit aussi faire campagne. Elle présentera au moins 7 candidats. Alors que ceux qui désirent se présenter auront jusqu’au 27 novembre pour s’inscrire, 9 candidats se sont déjà annoncés.
Mikhaïl Saakachvili : le président sortant
Le président actuel aura 40 ans le 21 décembre. Il était élu le 25 janvier 2004 à 96% des suffrages au lendemain de la Révolution des Roses dont il était le leader charismatique, devenant alors le plus jeune président d’un pays européen. Il est l’auteur même de ces anticipées et en mène la cadence. Il fait une forte entrée en campagne en changeant de gouvernement peu avant les élections, lequel devrait mettre en œuvre des mesures populaires (augmentation de retraites et salaires de diverses branches). Mikhaïl Saakachvili sort la tête haute d’un automne troublé, puisque son autorité est affirmée par la démonstration de force du 7 novembre, et que l’anticipation des présidentielles pourrait parvenir à démentir les accusations d’anti-démocratisme, tout en poursuivant la stratégie du président et non celle de l’opposition.
Le flamboyant président, maître orateur qui excelle devant les foules, peut se targuer d’avoir sorti la Géorgie de son glacis économique et infrastructurel. Un budget d’Etat quintuplé, une économie multipliée, des routes reconstruites, une corruption diminuée et des forces armées incomparables à celles de l’époque Chévardnadze, son mandat aura été pour le pays celui de la sortie de l’immobilisme. D’autant que tout en se référant sans cesse aux modèles démocratiques et en s’étant géopolitiquement rapproché des institutions occidentales (OTAN, UE), le président aura toujours su flatter la fibre patriotique, notamment en se fabriquant l’image d’un David qui résiste fièrement au Goliath russe. Si pour certains le fougueux président joue avec le feu, il est sûr qu’aux yeux de beaucoup, il défend force et fierté nationales.
Mais le régime aura aussi accumulé des ennemis en raison de la restructuration de différent secteurs. Celle-ci aura été douloureuse pour une partie de la population (une partie du personnel superflu et sous payé en aura pâti, notamment dans le domaine de l’éducation).Le manque de transparence ayant accompagné une politique ultra-libérale de privatisations et d’attraction de capitaux a également attiré les foudres, tout comme l’autoritarisme dont Saakachvili est accusé. Lui est également réprochée la lenteur voire l’absence de progrès dans certains domaines qui touchent au fonctionnement même de la démocratie et qui figuraient pourtant parmi ses objectifs déclarés (indépendance de la justice, respect des droits de l’homme, transparence des rouages du pouvoir).
Les confrontations de novembre auront exacerbé cet aspect ; le président doit maintenant se prouver démocrate et démentir la brutalité de la dissolution des manifestations. Mais pour cela, il a un énorme avantage médiatique alors que la principale télévision d’opposition n’est pas autorisée. Il a aussi et surtout derrière lui un parti puissant, le Mouvement National, qui détient tous les leviers clés du pouvoir, et qui est notamment parfaitement implanté en régions, alors que l’opposition est principalement en mesure de faire entendre sa voix à Tbilissi.
Levan Gatchétchiladze : le compromis du bloc des 9 partis d’opposition
Jusqu’alors peu connu du grand public, Levan Gatchétchiladze, 43 ans et juriste indépendant, est le candidat de l’union de 9 partis d’opposition qui composaient le bloc ayant mené les manifestations de novembre : Le Parti Républicain ; le Parti Conservateur ; l’extrême droite « Liberté » de Konstantine Gamsakhourdia ; le parti de Salomé Zourabichvili, « Une voie pour la Géorgie » ; le parti des réfugiés d’Abkhazie « Par nous-même » ; le Forum National de Kakha Chartava ; le Mouvement pour une Géorgie Unie, parti militariste de l’ex-ministre de la défense Irakli Okrouachvili ; le parti « Troupe Géorgienne », et le Parti du Peuple de Koba Davitachvili.
La personne de Gatchétchiladze est le résultat d’un compromis au sein d’une alliance politiquement hétérogène, en ce qu’il n’appartient à aucun parti. Il est l’un des fondateurs de la société «Vins et liqueurs géorgien», une compagnie viticole concurrente de la «Vallée Télani», proche du régime. Politiquement, il a été l’un des fondateurs du parti des Nouvelles Droites, dont il s’est séparé en 2003 parce que ce dernier ne voulait pas soutenir la Révolution des Roses. Député de Vake, quartier riche de Tbilissi, il était jusqu’à présent une figure de second plan. Il peut cependant jouer sur l’image d’un «géorgien typique» et d’un bon vivant proche de la vigne chère à la culture géorgienne, donc proche des exploitants viticoles mécontents de la politique du gouvernement. Il était apparu au cours de l’année 2007 dans un reportage d’Imedi portant sur les exploitants viticoles qui pâtissaient des mauvaises relations économiques avec la Russie. Lesquelles sont dues à la position de Saakachvili à l’égard de ce pays qui jusqu’aux tensions de 2006 était le premier importateur de vin géorgien.
Si Gatchétchiladze est lui-même un nouveau venu dans la politique de premier ordre, sa personne crée le consensus parmi les partis d’opposition qui le soutiennent. Il hérite donc de toute la légitimité du mouvement qui débouchait sur les manifestations de novembre, se présentant comme la « voix du peuple » face à un gouvernement tyrannique. Il est en cela le porteur du changement institutionnel voulu par l’opposition. Après avoir dit que Salomé Zourabichvili deviendra Premier Ministre au cas où il serait élu, Levan Gatchétchiladze a dernièrement déclaré vouloir démissionner et introduire un régime parlementaire une fois au pouvoir, conformément aux revendications de l’opposition depuis plusieurs mois. Si cet « anti-programme » peut être contre-productif dans la mesure où le candidat appelle à être élu à un poste qu’il abolira aussitôt, il peu entraîner la confiance de tous ceux qui considèrent le régime actuel comme déviant vers l’autoritarisme.
Ses possibilités en termes de communication sont limitées, puisque la télévision Imedi est interdite et il devra faire durer jusqu’en janvier la vague de mécontentement déclenchée début novembre. Le bloc d’opposition va tenter de continuer à faire pression dans la rue malgré les évènements du 7 novembre, notamment en manifestant pour le rétablissement d’Imedi. Le candidat du bloc et Patarkatsichvili risquent de diviser les voix des positions anti-Saakachvili le jour du scrutin. Il avait été initialement dit que Gatchétchiladze pourrait se retirer en faveur du milliardaire ; il n’en a cependant par la suite plus été question. Comparé à l’oligarque Patarkatsichvili ou au candidat des Nouvelles Droites, il pourra jouer la carte de sa proximité du peuple.
Badri Patarkatsichvili l’oligarque : l’ennemi déclaré des autorités
L’un des hommes les plus riches de Géorgie, cet homme d’affaire d’origine juive a 55 ans. Il a fait fortune dans les années 1990 en Russie en tant que partenaire de l’oligarque Boris Berezovsky. Directeur de plusieurs groupes médiatiques en Russie, il s’implantait en Géorgie en 2000 après que le Kremlin ait lancé sa politique anti-oligarques. Il fondait le groupe médiatique Imedi et devenait propriétaire d’un grand ensemble d’infrastructures portuaires sur la mer noire, ainsi que d’autres entreprises du pays. Il est aussi président du club de football Dynamo Tbilissi et présidait le Comité Olympique géorgien jusqu’à ce que les autorités lui en retirent le droit. En effet, en 2007, ses relations avec l’équipe gouvernementale se détérioraient notablement. Il s’est dit tout au long de l’année persécuté par les autorités, qui elles l’accusaient de trahison et de collaboration avec la Russie. Le transfert d’une partie de ses affaires à Londres au printemps avait fait courir le bruit qu’il opérait une retraite stratégique pour mieux revenir en politique.
Alors que la confrontation entre l’opposition et les autorités s’affermissaient à l’automne 2007, il faisait en effet un retour en force en politique, en soutenant financièrement l’opposition et en faisant plus que jamais d’Imedi la télévision anti-gouvernementale. Il retournait à Londres peu avant la dissolution des manifestations, et c’est d’Israël qu’il annonçait sa candidature à la présidence. Mais le bloc d’opposition n’a pas acclamé, ce dernier voulant présenter son propre candidat. Alors que le ton du gouvernement se radoucissait envers d’autres opposants, les autorités restent très hostiles envers l’oligarque. La police faisait intrusion dans la propriété de Patarkatsichvili à Tbilissi, et l’accusait non seulement d’avoir voulu formenter un putsch avec une aide russe, mais aussi d’avoir tenté d’établir un groupe paramilitaire avec des compagnies de sécurité lui appartenant.
Néanmoins, Patarkatsichvili dit vouloir ramener son capital en Géorgie, alors que sa campagne se focalise essentiellement sur de l’ «anti-saakachvilisme». Son slogan est «Une Géorgie sans Saakachvili est une Géorgie sans terreur.» Il n’a pas encore développé de programme plus précis. Le milliardaire entré en politique a contre lui qu’il n’a plus de plateforme médiatique et qu’il est actuellement à l’étranger – il pourrait fort être arrêté s’il rentrait en Géorgie, alors que la rhétorique des autorités l’accuse de trahison. Mais il jouit d’une certaine popularité, qu’il a acquise par de nombreuses actions de charité et de mécénat ouvertes sur son capital au cours des précédentes années, et tentera de canaliser le mécontentement populaire envers Saakachvili, fort du rôle d’opposant qu’il s’est construit via Imedi TV. Le droit de licence de celle-ci ayant été retiré par les autorités, Patarkatsichvili sera privé d’une importante plateforme d’expression. Et son image d’opposant se heurtera aux candidatures des partis d’opposition. Sa fortune légendaire sera-t-elle un plus pour les électeurs géorgiens ?
David Gamkrelidze : les Nouvelles Droites et les Industrialistes
Le premier homme issu de l’opposition à s’être porté candidat après l’annonce des élections anticipées était David Gamkrelidze, député et entrepreneur de 43 ans. Les Nouvelles Droites, de même que les Industrialistes de « L’Industrie Sauvera la Géorgie », qui soutiennent le candidat, n’ont pas participé aux manifestations de novembre, se disant opposées aux méthodes révolutionnaires pour changer de pouvoir, alors qu’eux-mêmes se conforment au jeu démocratique. Depuis leur création en 2001, les Nouvelles Droites s’en tiennent à leur position de chefs de file de la droite libérale et se sont tenues à l’écart des grands mouvements de lutte de pouvoir. Elles n’ont pas participé à la Révolution des Roses, mais elles sont le seul parti non révolutionnaire à avoir dépassé les 7% aux élections de 2004. Militant anti-soviétique puis entrepreneur (il a fondé la première compagnie d’assurances géorgienne, « Aldagi »), Gamkrelidze est depuis le début des années 2000 le leader de la droite libérale géorgienne et peut miser sur un électorat qui semble fidèle, ainsi que sur son image d’honnêteté politique. S’il ne constitue pas le candidat n.1 de l’opposition, son électorat solide et son charisme lui donnent les chances d’arriver en bonne position.
Chalva Natelachvili du Parti Ouvrier : un «putschiste» pardonné
Le leader de l’extrême gauche géorgienne, à 49 ans, est un vétéran de l’opposition en Géorgie. Son Parti Ouvrier, fondé en 1995 et aux accents populistes sans cesse dénoncés, a été le premier parti d’opposition sous Chévardnadze. Sous Saakachvili, il a continué à jouer son rôle de critique systématique du pouvoir, dans un langage dont la démagogie lui est régulièrement reprochée. Le plus virulent parmi les manifestants, il a été avec l’extrême droite de Gamsakhourdia la première cible des foudres du gouvernement au lendemain du 7 novembre 2007. Les autorités publiaient des documents sonores et vidéo où on le voyait apparemment comploter avec des diplomates russes. La police occupait le quartier général du Parti et Natelachvili était porté disparu. Dans un discours où il se montrait pardonnant, Saakachvili disait quelques jours plus tard avoir téléphoné au leader ouvriériste caché dans une cave, lui avoir pardonné et l’avoir autorisé à participer aux élections. Natelachvili a officiellement déclaré le 19 novembre qu’il se portait candidat pour « assurer que le pays s’acquitte enfin des ténèbres, de la violence, de la faim et de la pauvreté ». En se présentant aux présidentielles, il se détache du bloc d’opposition dont il faisait initialement parti et appelle le reste de l’opposition à participer à son gouvernement s’il est élu, bien que lui reprochant de ne pas soutenir sa candidature. Le record électoral du Parti Ouvrier est de 5,8% en mars 2004, mais cette candidature additionnelle peut contribuer à ôter des voix à Levan Gatchétchiladze ou à Patarkatsichvili.
Les candidats des petits partis
Outre les favoris et les candidats de la droite libérale et de l’extrême gauche, il faut encore compter sur la candidature traditionnelle des leaders des petits partis.
Le Parti Vert, ayant jusqu’alors obtenu des scores très modestes, a dit que son candidat Giorgi (Gia) Gatchétchiladze, homonyme mais non parent de Levan, se présentera. Il pourrait toutefois se désister en faveur de Levan Gatchétchiladze pour favoriser l’opposition, le Parti Vert ayant participé aux manifestations de novembre.
L’économiste Gia Maisachvili, ancien allié de Saakachvili qui avait fondé en août 2007 son « Parti de l’Avenir », indépendant et de tendance nationale libérale, avait dès lors annoncé sa candidature et l’a maintenue au lendemain de l’annonce des anticipées. Son discours insiste sur les notions de compétence et de bonne gestion.
Irina Sarichvili dirige le parti IMEDI (Espoir, à ne pas confondre avec le groupe médiatique), affilié à l’ancien chef de la sécurité Igor Giorgadze. Ce dernier a été l'ennemi public n.1 du régime Saakachvili après la Révolution des Roses. Il s'est réfugié en Russie et selon les autorités géorgiennes est un agent de cercles du Kremlin. Les scandales où les autorités dévoilaient les projets de coup d’Etat du prorusse Giorgadze ont défrayé la chronique ces dernières années, mais le parti d’Irina Sarichvili a réussi à se maintenir, tout en étant en systématique opposition au régime actuel. IMEDI a participé aux manifestations de novembre, mais n’a pas fait partie du bloc d’opposition, restant sur sa ligne indépendante, anti-occidentale et prorusse. Dans des discours aux accents fortement post-communistes, Sarichvili appelle régulièrement à la « lutte anti-fasciste ». Mais le nombre de suffrages rassemblés aux élections précédentes a toujours été très limité.
Enfin, le parti «En avant Géorgie» (Tsin Sakartvelo), aussi participant des manifestations d’opposition, rassemble les anciens collaborateurs de l’ex-président Edouard Chévardnadze. Le parti a déclaré qu’il présenterait son propre candidat, Témour Chachiachvili. Les chévardnadzistes ont presque totalement perdu de leur impact sur la scène politique géorgienne depuis la Révolution des Roses. Mais au sein de ce petit parti fortement opposé à Saakachvili, ils rassemblent les voix des anciens adeptes du régime Chévardnadze, obtenant cependant régulièrement des scores minimes.
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Sur la base d'un sondage, Mikhaïl Saakachvili revendique la victoire en Géorgie !
Par Margarita Antidze et James Kilner
TBILISSI (Reuters) - 5/1/7 - Mikhaïl Saakachvili a revendiqué la victoire à l'élection présidentielle géorgienne de samedi sur la base d'un sondage de sortie des urnes le créditant de plus de 50% des voix, l'assurant d'être élu dès le premier tour, mais l'opposition a dénoncé des fraudes et a appelé à manifester.
Le sondage crédite Saakachvili de 53,8% des suffrages contre 28,3% à Levan Gatchetchiladze, chef de file de l'opposition.
"D'après les sondages de sortie des urnes et toutes les données, nous avons gagné", a dit Saakachvili sous les applaudissements de centaines de partisans réunis dans son QG de campagne, dans le centre de Tbilissi. "C'est une nouvelle victoire pour la Géorgie".
Fidèle allié des Etats-Unis, Saakachvili avait convoqué un scrutin anticipé pour tenter de restaurer son autorité et son image de démocrate écornée par la répression de manifestations en novembre.
Porté au pouvoir par la "révolution des roses" de 2003, Saakachvili, 40 ans, a suscité la consternation de ses soutiens occidentaux en faisant intervenir les forces de l'ordre et en fermant la chaîne de télévision d'opposition Imedi en réponse aux plus importantes manifestations qu'ait connu le pays depuis les événements de 2003.
"Saakachvili ment", a déclaré Gatchetchiladze à des journalistes. "Les sondages sortie des urnes ont été falsifiés".
Il a affirmé que l'opposition l'avait emporté et il a demandé à ses partisans de fêter sa victoire lors d'un rassemblement dimanche à 14h00 (10h00 GMT).
En novembre, les rassemblements de l'opposition avaient attiré quelque 100.000 manifestants à leur apogée et ils ont duré cinq jours avant d'être réprimés par la police.
VERDICT, DIMANCHE, DES OBSERVATEURS
Les responsables électoraux ne devraient pas annoncer de premiers résultats préliminaires avant dimanche en début de journée, mais des partisans de Saakachvili n'ont pas attendu pour manifester leur joie dans les rues de la capitale en actionnant les avertisseurs et en agitant le drapeau national.
"Les sondages de sortie des urnes sont pour nous un indicateur nous rendant confiants dans la victoire de Saakachvili. Mais nous ne pouvons déclarer la victoire tant que les résultats officiels ne sont pas annoncés", a tempéré David Bakradze, directeur de campagne de Saakachvili.
Le sondage de sortie des urnes a été réalisé par un groupe d'organisations non gouvernementales pour le compte de plusieurs stations de télévision géorgiennes.
L'élection présidentielle anticipée est le premier grand test électoral dans l'ex-république soviétique depuis la "révolution des roses".
Les principaux observateurs occidentaux rendront dimanche leur verdict sur la manière dont le scrutin s'est déroulé. Leur avis pourrait avoir une influence déterminante sur l'ampleur des manifestations de l'opposition.
Des responsables de la campagne de Gatchetchiladze ont dit avoir vu des personnes voter à plusieurs reprises et avoir enregistré des pressions exercées sur des électeurs et des observateurs de l'opposition.
Le camp de Saakachvili concède qu'il y a eu des cas isolés d'infractions, mais il affirme qu'il n'y a eu aucune fraude généralisée et il accuse l'opposition de chercher à détourner l'attention de sa défaite.
Les réformes inspirées du libéralisme économique engagées depuis la "révolution des roses" ont attiré les investisseurs étrangers et porté une croissance économique annuelle de l'ordre de 9 à 12%. Le président américain George Bush a qualifié le pays de "phare de la démocratie".
Mais toute une partie de la population géorgienne n'a pas bénéficié de cette politique économique qui se traduit également par une inflation très élevée, une augmentation des tarifs des services publics et un fort chômage.
Avec Niko Mtchedlichvili, version française Gwénaelle Barzic, Henri-Pierre André et Nicole Dupont
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Le chef de l'opposition, Levan Gatchetchiladze, appelle à un rassemblement en Géorgie
Niko Mtchedlichvili, version française Nicole Dupont
TBILISSI (Reuters) - 5/1/8 - Le chef de file de l'opposition géorgienne, Levan Gatchetchiladze, a affirmé que les résultats de l'élection présidentielle de samedi étaient falsifiés et il a appelé ses partisans à un grand rassemblement dimanche à 14h00 (10h00 GMT).
"Saakachvili ment", a-t-il dit à des journalistes à propos de sondages sortie des urnes créditant le président géorgien Mikhaïl Saakachvili de plus de la moitié des suffrages, ce qui lui permettrait d'être réélu dès le premier tour. "Les sondages sortie des urnes ont été falsifiés".
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Par Olga NEDBAEVA
TBILISSI (AFP) - 10/1/8 - Le président géorgien réélu Mikheïl Saakachvili, sans contrepoids lors de son premier mandat, fait désormais face à une opposition renforcée par la présidentielle, même si elle doit encore consolider ses acquis.
Le président sortant, réélu avec 52,21% des voix, avait lui-même mis l'accent sur l'importance d'une victoire dès le premier tour, concédant que l'emporter au second tour serait "plus difficile" face à une opposition plus compacte et plus structurée.
Celle-ci, dont le principal candidat Levan Gatchetchiladzé a obtenu 25,26% des suffrages samedi à la présidentielle, refuse pour sa part de reconnaître sa défaite et réclame un deuxième tour.
Quel que soit le dénouement de cette situation, M. Saakachvili, idole des Géorgiens après la Révolution de la rose démocratique en 2003 et grand vainqueur de la présidentielle en janvier 2004 avec 96% des voix, a désormais un adversaire de poids.
"Le futur Parlement sera plus équilibré et les différentes mouvances politiques y seront mieux représentées", estime Guiorgui Margvelachvili, analyste à la Fondation géorgienne des études stratégiques et internationales, à quelques semaines des législatives de printemps. "Cette élection présidentielle est une victoire pour l'opposition. Si elle arrive à se consolider, cela changera le système politique en Géorgie en offrant un contrepoids à un leader charismatique et populiste", estime le politologue russe Fedor Loukianov de la revue La Russie dans la politique globale.
Pour les experts occidentaux, "l'Ouest" [sic] qui soutenait activement M. Saakachvili jusqu'à la répression de manifestations en novembre 2007, devrait favoriser le développement du pluralisme politique en Géorgie, d'autant plus que ses opposants sont aussi pro-occidentaux.
"L'UE doit soutenir le pluralisme en Géorgie. Cette élection doit être un signal pour Saakachvili qui a perdu plus de 40% par rapport à 2004", souligne Sabine Fischer, de l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne, à Paris. "Espérons que l'opposition sera forte dans le prochain Parlement. S'il y a plus d'équilibre au sein du pouvoir, il y en aura plus dans les débats, notamment sur les conflits gelés", ajoute l'experte, en rappelant "l'approche de confrontation" de M. Saakachvili face aux républiques séparatistes d'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Le camp de Saakachvili semble être bien conscient de cette nouvelle place de l'opposition. Le porte-parole de campagne de M. Saakachvili, David Bakradzé, a concédé que celle-ci avait obtenu de "bons résultats" à la présidentielle, tout en la mettant en garde contre tout "radicalisme".
M. Saakachvili a déclaré de son côté être prêt à engager des opposants "compétents" dans son futur gouvernement. Une invitation accueillie avec prudence par la porte-parole de l'opposition Nino Stouroua. "Les leaders de l'opposition doivent mener des consultations avant de réagir", a-t-elle dit.
Pour l'heure, l'opposition semble hésiter sur sa stratégie. Selon une source dans ses rangs, il existe déjà une division entre les radicaux anti-Saakachvili et les modérés susceptibles de s'allier avec lui. Ayant formé à la va-vite une coalition hétéroclite pour participer à la présidentielle anticipée convoquée par M. Saakachvili après les troubles de novembre, elle doit avant tout montrer sa capacité à se consolider.
"Ils sont unis contre l'ennemi Saakachvili" mais l'élection parlementaire pourrait "mettre fin à cette unité", prédit M. Margvelachvili.
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Patarkatsichvili inculpé de complot terroriste en Géorgie
Par Margarita Antidze
TBILISSI (Reuters) - 10/1/8 - L'homme d'affaires et opposant géorgien Badri Patarkatsichvili a été inculpé de tentative de coup d'Etat et de complot terroriste par la justice de son pays.
"Patarkatsichvili devrait se présenter au bureau du procureur général", a déclaré une porte-parole de ce dernier, jointe par téléphone, ajoutant que les avoirs de l'intéressé avaient été gelés.
Patarkatsichvili a quitté la Géorgie après les manifestations contre le président Mikhaïl Saakachvili de novembre dernier.
L'un de ses conseillers s'est refusé à tout commentaire sur l'inculpation, se contentant de dire que Patarkatsichvili se trouvait à Londres.
Les accusations reposent sur un enregistrement audio diffusé par la télévision géorgienne dans lequel un homme dont la voix ressemble à celle de Patarkatsichvili propose 100 millions de dollars à Irakly Kodua, un haut responsable du ministère de l'Intérieur.
En échange, il lui demande d'arrêter le ministre de l'Intérieur, Vano Merabichvili, et de déclarer à la télévision que les autorités lui ont demandé de truquer les résultats de l'élection présidentielle du 5 janvier.
Patarkatsichvili n'a pas dit s'il s'agissait de sa voix dans l'enregistrement. De son côté, Kodua a dit avoir fait part de la conversation aux autorités.
Patarkatsichivli avait précédemment accusé le gouvernement géorgien de monter de fausses accusations pour exercer des pressions politiques sur lui et ses associés.
Homme d'affaires prospère qui a fait fortune à Moscou au moment de l'éclatement de l'Union soviétique, Patarkatsichvili avait au départ soutenu Saakachvili lorsque ce dernier a été porté au pouvoir par la "révolution des roses", en 2003.
Mais il s'est par la suite retourné contre lui et a largement contribué au financement de l'opposition.
Version française Jean-Philippe Lefief et Nicole Dupont
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LEATHERHEAD (AFP) - 13/2/8 - L'oligarque géorgien Badri Patarkatsichvili, farouche opposant au président pro-occidental Mikheïl Saakachvili, est décédé à 52 ans mardi soir dans sa maison au sud de Londres, dans des circonstances jugées "suspectes" par la police britannique.
La police du Surrey a annoncé mercredi n'avoir retrouvé aucune trace de matériel radioactif à son domicile.
La famille de l'homme d'affaires, considéré comme ayant été la plus grande fortune de Géorgie, a estimé qu'il avait été victime d'une crise cardiaque. Mais la police judiciaire du Surrey (sud-est de l'Angleterre) a été chargée d'une enquête.
"Comme pour toute mort soudaine, elle est traitée comme suspecte", a expliqué une porte-parole de la police.
Le corps de la victime, décédé dans sa somptueuse maison de Leatherhead à quelques kilomètres au sud de Londres, a été transporté en fin d'après-midi vers l'hôpital de Guilford (Surrey), où devait avoir lieu l'autopsie.
Les enquêteurs tentent notamment de retracer les déplacements de l'homme d'affaires lors des dernières 48 heures, et de retrouver les dernières personnes avec lesquelles il a été en contact, a expliqué un porte-parole de la police.
Des tests toxicologiques vont être effectués, ce qui pourrait retarder l'annonce des résultats de l'autopsie, selon lui.
L'homme d'affaires est décédé vers 23H00 GMT dans sa propriété, évaluée à quelque 10 millions de livres, abritée derrière de hauts murs en briques.
L'oligarque russe Boris Berezovski, un proche, a dit avoir vu M. Patarkatsichvili la veille de sa mort. Ce dernier s'était plaint de son coeur, mais n'était pas malade, a-t-il affirmé.
Sa mort "est une terrible tragédie. J'ai perdu mon ami le plus proche", a déclaré l'homme d'affaires russe en exil réfugié à Londres, dans un communiqué.
En décembre dernier, l'oligarque avait confié à l'hebdomadaire britannique Sunday Times qu'il disposait de 120 gardes du corps mais ne se sentait nulle part en sécurité. Il avait affirmé avoir en sa possession des enregistrements d'un responsable géorgien de l'Intérieur demandant son élimination.
Il avait dit ses craintes d'être empoisonné comme l'ex-agent russe réfugié à Londres Alexandre Litvinenko, mort en décembre 2006 dans des circonstances toujours non élucidées.
M. Patarkatsichvili s'était résolument opposé au président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili, après l'avoir soutenu dans un premier temps, au moment de son arrivée au pouvoir.
Il était derrière les manifestations de novembre 2007 contre le pouvoir qui avaient conduit à neuf jours d'état d'urgence et à une présidentielle anticipée.
M. Saakachvili a été réélu en janvier avec 53% des voix au terme d'un scrutin contesté par l'opposition. M. Patarkatsichvili avait eu 7% des suffrages.
Ses relations avec le pouvoir étaient des plus tendues. Le Parquet général géorgien l'a accusé d'avoir voulu renverser le gouvernement et a accusé l'un de ses proches collaborateurs d'avoir projeté de renverser le président sortant s'il était réélu.
M. Patarkatsichvili, qui vivait entre Londres et Israël, était également copropriétaire de la principale chaîne de télévision d'opposition géorgienne, Imedi TV.
Cet homme flamboyant, à la chevelure et à la moustache blanches, avait bâti sa fortune à la faveur des privatisations troubles des années 1990.
Il s'était associé à Boris Berezovski, à l'époque éminence grise du président russe Boris Eltsine, pour commercialiser les voitures Lada, alors très demandées.
Au début des années 2000, il avait eu des démêlés avec la justice russe qui l'avait notamment accusé d'avoir fomenté l'évasion de prison d'un associé de M. Berezovski, devenu la bête noire du Kremlin sous la présidence de Vladimir Poutine.
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TBILISSI (AFP) - 13/1/7 - Plus de 50.000 Géorgiens ont manifesté dimanche à l'appel de l'opposition pour contester la victoire de Mikheïl Saakachvili à la présidentielle du 5 janvier, tout juste confirmée.
"En dépit de la violence et de l'injustice, nous avons gagné. La Géorgie a gagné", a lancé le candidat d'opposition Levan Gatchetchiladzé à la foule massée sur l'avenue Roustaveli, la principale artère de Tbilissi, sous un soleil éclatant.
Aucune mobilisation massive de la police n'était visible lors de cette manifestation autorisée, qui a réveillé les craintes de violences après les manifestations réprimées de novembre 2007, suivies de neuf jours d'état d'urgence et de la convocation de cette présidentielle anticipée.
Mais la marche, à laquelle ont participé au moins 50.000 personnes selon l'AFP (100.000 selon l'opposition), s'est terminée dans le calme, place de la Liberté.
Les chefs de file de l'opposition ont appelé la foule à redescendre dans la rue jusqu'à ce que le pouvoir cède et accepte un second tour.
"Nous devons faire front ensemble et alors nous gagnerons. Nous obtiendrons un second tour", a assuré M. Gatchetchiladzé.
Mais avec la publication quelques heures plus tôt des résultats définitifs, l'hypothèse d'un second tour est hautement improbable. D'autant que les autorités ne donnent pas de signe de concession, préparant déjà la cérémonie d'investiture de M. Saakachvili, prévue le 20 ou le 21 janvier.
Ces résultats, publié in extremis au dernier jour prévu par la loi, confirment la victoire de M. Saakachvili avec 53,47% des voix contre 25,69% (bien 25,69%) à M. Gatchetchiladzé.
L'opposition juge la réélection du président sortant frauduleuse malgré l'avis favorable des observateurs occidentaux, notamment de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
"L'OSCE soutient des élections truquées", "Les Etats-Unis, partisans de la dictature", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants ayant répondu à l'appel d'une opposition pourtant "pro-occidentale" [sic].
Lors de la manifestation, Salomé Zourabichvili, ancienne chef de la diplomatie de M. Saakachvili, a quant à elle appelé les dirigeants étrangers à boycotter la cérémonie d'investiture.
"Nous voulons que nul ne vienne en Géorgie pour l'investiture de Mikheïl Saakachvili car ce serait provoquer son peuple", a-t-elle déclaré.
Recevant la presse samedi, Mikheïl Saakachvili a quant à lui insisté sur sa volonté de tourner la page de "mois de troubles politiques".
Il a présenté comme un fait acquis sa cérémonie d'investiture et même dit espérer y voir le président russe Vladimir Poutine.
"Le peuple a parlé et les autorités ont refusé d'écouter. Nous sommes ici pour défendre notre vote", a déclaré quant à elle à l'AFP une manifestante, Isolda Pouriliani.
A l'approche de législatives prévues au printemps, l'ampleur de cette manifestation fait surtout figure de test pour cette opposition qui réunit nombre de déçus de la politique de M. Saakachvili.
L'opposition a réussi en cela son pari dimanche, mobilisant autant que lors de sa manifestation du 2 novembre 2007, plus importante contestation populaire dans cette ex-république soviétique du Caucase depuis la Révolution de la rose de novembre 2003 qui a porté au pouvoir M. Saakachvili.
Ayant formé à la va-vite une coalition hétéroclite pour participer à la présidentielle, ce regroupement de formations plus ou moins radicales doit désormais montrer sa capacité à se consolider.
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Euronews - 5/3/8 - La région séparatiste pro-russe demande à l'ONU et à l'Union européenne de reconnaître sa complète autonomie.
Région indépendante du temps de l'URSS, l'Ossétie du Sud est passée sous le giron géorgien en 1991 lorsque la Géorgie est devenue un état indépendant .
Après l'Ossétie du sud, c'est l'Abkhazie qui pourrait réclamer son indépendance. Ces régions sécessionnistes provoquent des tensions permanentes entre Tbilissi et Moscou. En Novembre 2006 l'Ossétie du sud a tenu un deuxième référendum et le oui à l'autonomie l'avait largement emporté mais seule la Russie l'a validé
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L'Empire US-OTAN recrute de nouveaux membres
Manifestation de l'opposition géorgienne à Tbilissi et Saakachvili à Washington...
TBILISSI, Géorgie - AP - 19/3/8 - Quelque 1.500 personnes ont manifesté mercredi contre le président Mikhaïl Saakachvili devant l'ambassade des Etats-Unis à Tbilissi, alors que le chef d'Etat géorgien se trouvait à Washington pour rencontrer le président George W. Bush.
Les protestataires ont accusé Mikhaïl Saakashvili de s'être rendu coupable de fraude électorale lors de la présidentielle du 5 janvier. Un scrutin à l'issue duquel le président sortant, fort de 53% des suffrages, a obtenu un deuxième mandat, selon les résultats officiels.
"Nous exigeons que les Etats-Unis arrêtent de soutenir Saakachvili, qui est un président illégitime", a lancé le dirigeant de l'opposition, Levan Gachetchiladze. "Les Etats-Unis doivent considérer la Géorgie pas seulement comme un territoire important du point de vue géopolitique", mais comme "un pays qui s'efforce de construire une société démocratique et doit avoir des élections libres".
Le président Saakachvili, en visite à Washington, espère que l'OTAN décidera lors d'un sommet à Bucarest d'autoriser la Géorgie à rejoindre un programme qui pourrait conduire à son adhésion.
Le président américain lui a promis qu'il mettrait tout son poids pour persuader ses alliés de l'OTAN de lancer la procédure. "Je crois que l'OTAN bénéficierait d'une adhésion de la Géorgie, je crois que la Géorgie bénéficierait d'une adhésion à l'OTAN", a déclaré M. Bush après sa rencontre avec son homologue géorgien à la Maison Blanche.
"Je dois vous remercier, M. le président, pour votre soutien inébranlable pour notre liberté, pour notre démocratie, pour notre souveraineté territoriale et pour protéger les frontières de la Géorgie et ses aspirations à faire partie de l'OTAN".
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Le gouvernement géorgien offre à l'Empire US-OTAN d'envoyer des renforts en Afghanistan...
Par Mark John Reuters
BRUXELLES (Reuters) - 31-3-8 - La Géorgie propose d'envoyer plusieurs centaines de soldats soutenir les contingents français et néerlandais engagés en Afghanistan sous étendard de l'Otan, à deux jours du sommet de Bucarest où sera examinée la candidature de Tbilissi à l'Alliance atlantique.
Le ministre géorgien des Affaires étrangères, David Bakradze, a souligné dans une interview que Tbilissi avait déjà soumis cette offre l'an dernier et que le déploiement de ses militaires ne dépendait pas de l'issue du sommet de l'Otan.
Toutefois, cette offre formelle, dirigée vers deux pays que des sources diplomatiques disent peu enclins à accorder dès maintenant le statut de membre de l'Otan à la Géorgie et à l'Ukraine, renforce le propos de Tbilissi, qui se dit en mesure de consolider l'alliance militaire.
"Quoi qu'il se passe à Bucarest, ils partiront se battre" [sic], a assuré Bakradze, contacté au téléphone par Reuters.
La Géorgie, a-t-il précisé, propose l'envoi de 120 soldats en renfort du contingent français à Kaboul et de 200 autres auprès des Néerlandais dans la province d'Uruzgan, dans le sud du pays, particulièrement frappée par les violences liées aux insurgés taliban.
"Au total, il y aura un peu plus de 350 soldats. La réaction a été positive", a assuré Bakradze. Les militaires doivent selon lui arriver en Afghanistan fin août ou début septembre.
PAS DE RESTRICTION DE MISSION
Les soldats géorgiens seront déployés sans restriction aux missions ou affectations qui pourront leur être assignées. De telles limitations ont, de l'avis des chefs militaires de l'Otan, atténué l'efficacité de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), forte de 47.000 hommes.
Bakradze a ajouté que des unités plus petites seraient également envoyées aux côtés des militaires américains. Au sein du ministère géorgien de la Défense, on indique que 500 soldats au total pourraient être envoyés en Afghanistan.
À ce jour, la seule contribution de Tbilissi à la coalition de l'Otan se limite à un médecin, mais plusieurs centaines de militaires participent à "la coalition" [sic] engagée en Irak.
La Géorgie espère obtenir à l'issue du sommet de Bucarest un "Plan d'action pour l'adhésion" (MAP), première étape vers l'adhésion à l'Otan.
Soutenue par les États-Unis et les États membres d'Europe de l'Est, la Géorgie doit faire face à la résistance de sept à huit pays d'Europe occidentale, au premier rang desquels se trouve l'Allemagne.
Les opposants à l'adhésion géorgienne soulignent la persistance dans le pays des mouvements séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, ainsi que la sévère répression, l'an dernier, de manifestations de l'opposition.
De plus, estiment-ils, l'entrée de Tbilissi au sein de l'Otan dégraderait inutilement les liens avec la Russie, déjà mis à mal par le soutien occidental à l'indépendance du Kosovo.
Avec Margarita Antidze, version française Gregory Schwartz
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EuroNews - 22/5/8 - Tout sourire, le président georgien annonçait le chiffre de 63,3% pour le mouvement national uni. La formation du président pourrait obtenir un nombre de sièges proche de la majorité constitutionnelle, soit les deux tiers des 150 sièges du Parlement.
Sans attendre la proclamation des résultats, l'opposition est descendue dans la rue, dès la nuit dernière. Son leader Levan Gachechiladze espérait réunir 100 000 personnes, elles n'ont été que 4000, attirées aussi par des écrans géants qui retransmettaient la finale de la Ligue des Champions.
L'opposition estime que ces législatives, comme les présidentielles de janvier dernier, sont entâchées de fraude.
"Je n'attend rien de personne, parce qu'on a déjà cru en quelqu'un qui n'a pas rempli ses promesses, et ceux de l'opposition sont même pires", dit un passant.
"Je suis satisfait que les partis d'opposition entrent au Parlement et crèent un équilibre, rajoute une jeune femme, en règle générale je suis assez contente parce que les élections ont été calmes et plus objectives que les précédentes."
L'objectif de l'opposition est d'obtenir de nouvelles élections. Les observateurs occidentaux ont relevé eux plusieurs cas avérés d'intimidation, et constaté que les chaines de télévision avaient été en faveur du parti au pouvoir.
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TBILISSI (AFP) - 22/5/8 - Les observateurs de l'OSCE ont sévèrement noté jeudi les législatives de la veille en Géorgie, un scrutin qui était considéré comme un test pour les progrès démocratiques réalisés par cette ex-république soviétique.
"Les acteurs politiques en Géorgie ont fourni des efforts pour mener hier (mercredi) des élections parlementaires conformes aux normes internationales mais un certain nombre de problèmes ont été identifiés, rendant leur mise en oeuvre inégale et incomplète", ont noté les observateurs internationaux.
La tonalité de ce verdict, très attendu, est dans l'ensemble négative.
"Les partis ont pu mener campagne activement mais il y a eu de nombreuses allégations d'intimidations dont certaines ont pu être vérifiées", remarquent notamment les observateurs.
La mission d'observation internationale dénonce aussi des "pressions" sur les observateurs, des "manquements importants" lors du comptage des voix et une distinction "floue" entre les activités du service public et la campagne du parti au pouvoir.
Le parti du président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili, le Mouvement national uni, a remporté très largement le scrutin avec 59,21% des voix, selon des résultats partiels, portant sur 68% des bureaux de vote, diffusés jeudi par la Commission électorale centrale.
Le Conseil de l'opposition unie, coalition de neuf partis, qui arrive loin derrière avec 16,48%, avait qualifié dès mercredi soir le vote de "truqué" et a fait descendre un millier de personnes dans la rue juste après le vote.
Analystes, diplomates et le président géorgien lui-même avaient laissé entendre avant le scrutin que ces élections seraient un test de l'état de la démocratie dans cette ex-république soviétique qui ambitionne d'adhérer à l'Otan et à l'Union européenne.
Le rendez-vous électoral intervenait alors que Tbilissi recherche le soutien de l'0ccident dans une grave crise qui l'oppose à la Russie au sujet de deux régions séparatistes soutenues par Moscou, l'Abkhazie et l'Ossétie du sud.
"La Géorgie est dans une situation internationale très difficile. Sous une telle pression et face à un tel chantage, des élections bien organisées et calmes sont un test pour la démocratie géorgienne", avait déclaré le président juste après avoir voté.
La Géorgie devait aussi se refaire une réputation après la répression violente de manifestations en novembre, accompagnée de la fermeture d'une chaîne de télévision d'opposition et d'un état d'urgence.
La présidentielle de janvier, lors de laquelle M. Saakachvili a été élu pour un second mandat, avait ensuite été ternie par des allégations de fraudes émises par l'opposition.
L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) note cependant depuis janvier des avancées.
"Ces élections n'étaient pas parfaites, mais depuis ma venue en janvier pour l'élection présidentielle, des progrès concrets et importants ont été réalisés", a déclaré Joao Soares, le chef de la mission d'observation, jeudi au cours d'une conférence de presse à Tbilissi.
Le ministre slovène des Affaires étrangères Dimitrij Rupel, dont le pays détient la présidence tournante de l'UE, a lui déclaré à la presse en Slovénie, qu'après avoir parlé avec des "collègues qui ont suivi les élections en Géorgie, la victoire du parti de M. Saakachvili ne semble pas faire de doute".
Outre le parti au pouvoir et la grande coalition d'opposition, deux autres formations, les Chrétiens démocrates (8,29%) et le Parti travailliste (6,83%), ont franchi la barre de 5% exigée pour entrer au Parlement, où 150 sièges étaient à pourvoir.
La mission menée par l'OSCE avec la participation de l'Otan et du Parlement européen comprenait 550 observateurs pour ce pays de 4,7 millions d'habitants.
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Levan Gatchétchiladzé
Photo prise le 23 mai 2008/REUTERS/David Mdzinarishvili
L'OPPOSITION GÉORGIENNE VEUT BOYCOTTER LE NOUVEAU PARLEMENT
TBILISSI - Reuters - 23/5/8 - Le Conseil uni, principale coalition de l'opposition géorgienne, a annoncé vendredi son intention de boycotter le Parlement, en signe de protestation contre des élections législatives qu'elle juge truquées en faveur du camp du pouvoir.
"La coalition de l'opposition refuse de siéger au sein du nouveau parlement (...). Nous faisons appel à vous et vous demandons de vous joindre à notre manifestation le 26 mai, jour de l'indépendance de la Géorgie", a déclaré le chef de l'opposition, Levan Gatchétchiladzé, dans un appel à la population, au cours d'un point de presse.
Le Mouvement national uni au pouvoir a recueilli 59,5% des suffrages contre 17,7% au Conseil uni, selon les résultats officiels du scrutin de mercredi.
"Notre stratégie sera de descendre dans la rue, notre stratégie sera d'aller partout où nous pourrons nous battre", a assuré à Reuters l'ancienne ministre des Affaires étrangères Salomé Zourabichvili, désormais ralliée à l'opposition.
"Nous pourrions créer un parlement alternatif", a-t-elle avancé.
La ministre géorgienne des Affaires étrangères, Eka Tkechelachvili, qui a rencontré vendredi des responsables européens à Bruxelles, a reconnu que les législatives n'avaient pas été parfaites. "Il aurait été impossible de faire les choses de façon vraiment parfaite, eu égard aux normes européennes" [sic] , a-t-elle dit.
Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, s'est dit "encouragé par le déroulement pacifique" du scrutin "mais a également noté que de nombreux problèmes devaient être résolus" [sic] , a fait savoir son service de presse dans un communiqué.
"M. Solana espérait de la majorité parlementaire qu'elle fasse preuve de responsabilité dans l'exercice de son mandat, notamment en invitant l'ensemble des forces politiques à engager le dialogue", poursuit le document.
Margarita Antidzé, version française Eric Faye et Gregory Schwartz
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TBILISSI - AP - 11/7/8 - Regain de tension entre Moscou et Tbilissi. Un haut responsable géorgien a averti la Russie vendredi qu'elle devrait récupérer ses avions en "petits morceaux" s'ils violent à nouveau l'espace aérien géorgien.
Moscou a confirmé que quatre de ses appareils ont volé au-dessus de la province séparatiste géorgienne de l'Ossétie du Sud mercredi soir pendant une quarantaine de minutes, et que leur mission avait été ordonnée pour prévenir une possible "invasion" de la région par l'armée géorgienne.
Tbilissi, qui accuse la Russie de vouloir annexer la province rebelle, estime que ce vol constitue une intrusion illégale dans son espace aérien. Nikoloz Rurura, vice-président de la commission nationale géorgienne de sécurité, a prévenu vendredi que la Géorgie ne tolérerait pas de nouvelles violations de son espace aérien.
"Nous préparons très sérieusement nos forces armées. Elles sont capables de repousser" de telles incursions, a-t-il déclaré à l'Associated Press.
La Russie ne reconnaît pas officiellement le gouvernement séparatiste de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, autre région rebelle géorgienne, mais elle entretient des liens étroits avec les deux provinces et accorde des passeports à leurs habitants.
Des forces de maintien de la paix russes sont stationnées dans les deux régions. La Géorgie accuse les forces russes de soutenir les séparatistes.
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SEBASTOPOL - 5/9/8 - RIA Novosti. Le navire de commandement américain Mount Whitney est en rade dans le port géorgien de Poti, a annoncé vendredi un responsable de l'Etat-major de la Flotte russe de la mer Noire.
"L'USS Mont Whitney de la 6e flotte américaine est en rade à Poti après des manoeuvres près du littoral géorgien", a dit l'interlocuteur de RIA Novosti.
D'après lui, un navire d'un tonnage pareil pourrait transporter non seulement des frets humanitaires mais aussi des armements, y compris des armements lourds.
"Nous pourrons dire prochainement ce que l'USS Mount Whitney a acheminé en Géorgie", a-t-il précisé.
Selon Washington, le bâtiment de guerre transporte 17 tonnes de fret humanitaire, dont couvertures, jus de fruit, lait en poudre et produits d'hygiène.
Vendredi, le ministère russe des Affaires étrangères s'est dit préoccupé par d'éventuelles violations de la Convention de Montreux sur les détroits (1936) qui limite le tonnage maximal des navires de guerre des puissances non riveraines dans la Mer Noire et la durée de leur séjour.
Si c'est le cas, cela devra faire l'objet d'un examen à l'ONU, a estimé le porte-parole de la diplomatie russe Andreï Nesterenko lors d'un point presse vendredi.
A l'heure actuelle, six navires militaires de l'OTAN se trouvent en mer Noire, dont trois américains, un espagnol, un allemand et un polonais.
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POTI, Géorgie - AP - 5/9/8 - Le "Mount Whitney", le vaisseau-amiral de la VIe Flotte américaine en Méditerranée est arrivé vendredi dans le port stratégique géorgien de Poti, a annoncé un responsable géorgien.
Le "Mount Whitney" est le premier bâtiment de la marine américaine à accoster dans ce port depuis la guerre éclair qui a opposé la Géorgie et la Russie le mois dernier. Poti avait été bombardé par les forces russes et plusieurs bâtiments géorgiens avaient été coulés.
Le capitaine du port Vakhtang Tavberidze a précisé que le "Mount Whitney" mouillait juste au large du port avec "une cargaison humanitaire" destinée aux Géorgiens.
Vendredi à Moscou, un responsable du ministère des Affaires étrangères a déclaré que la Russie n'envisageait aucune riposte militaire en dépit de la présence maritime américaine accrue en mer Noire. AP
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MOSCOU, 8 septembre 2008 - RIA Novosti. Le président français Nicolas Sarkozy a transmis au président russe Dmitri Medvedev la lettre de Mikhaïl Saakachvili concernant le non-recours à la force contre l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie".
"J'ai transmis au président Medvedev la lettre du président Saakachvili dans laquelle il s'engage à ne pas recourir à la force contre l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie conformément au plan de paix élaboré le 12 août (plan Medvedev-Sarkozy), a annoncé M. Sarkozy lors d'une conférence de presse à l'issue de négociations avec le président russe.
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Par Ingrid BAZINET
POTI (AFP) - 13/9/8 - Les troupes russes, entrées en force en Géorgie le 8 août, ont engagé sans heurts samedi un début de repli en quittant plusieurs positions clés dans l'ouest du pays, en vertu d'un accord négocié lundi entre Moscou et l'Union européenne.
"Je peux confirmer que les cinq positions russes sur l'axe Poti-Senaki sont levées. Les troupes russes se dirigent vers l'Abkhazie", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, Chota Outiachvili.
Auparavant, une journaliste de l'AFP avait constaté que les campements autour du port stratégique de Poti, à Nabada (deux postes regroupés) et à Patara Poti avaient été totalement levés, ainsi que les deux autres près de Senaki.
Souriants, juchés sur des véhicules blindés de transport de troupes ou dans des camions, les soldats russes ont quitté le premier camp à Nabada, à 07h45 heure locale (03h45 GMT), en direction de la région séparatiste géorgienne d'Abkhazie distante de quelque 80 kilomètres.
Ce campement, qui compte pour deux des cinq postes, rassemblait environ 70 hommes, près de la plage sur la mer Noire, et était destiné à contrôler le trafic maritime vers Poti, principal port commercial de Géorgie.
Un quart d'heure plus tard, les militaires russes quittaient avec la même décontraction le camp de Patara Poti, à l'entrée de la ville, laissant également derrière eux remblais de terre et tranchées.
Peu après, des experts militaires géorgiens nettoyaient le terrain, à la recherche de mines éventuelles, ont rapporté des témoins à l'AFP.
Dans le même temps, les convois s'ébranlaient des deux postes voisins de Senaki, Teklati et Pirveli Maïsi, se dirigeant également vers l'Abkhazie, en évitant le centre-ville de Zougdidi.
A l'entrée de la ville, des hommes en tee-shirt et lunettes noires avaient installé des hauts parleurs hurlant l'hymne national géorgien et une chanson anti-Poutine, le puissant Premier ministre et ex-président russe, sur le passage des convois.
Dès l'annonce du départ à la radio, des habitants se sont mis aux fenêtres ou sur le bord de la route pour voir passer les soldats.
"Je suis contente qu'ils s'en aillent. Et surtout qu'ils ne reviennent pas !", lance Lali Choria, résumant l'avis des autres habitants massés à un arrêt de bus.
En vertu du calendrier négocié le 8 septembre entre le président en exercice de l'UE, le Français Nicolas Sarkozy, et son homologue russe Dmitri Medvedev, Moscou avait promis de démanteler ces cinq postes d'ici lundi.
Toutes les forces russes déployées en Géorgie, hors régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, doivent se retirer d'ici le 10 octobre sur leurs positions antérieures au début des hostilités, selon cet accord. Au total, 1.500 hommes doivent partir, selon Tbilissi.
Pour l'heure, dans les autres postes de contrôle visités par l'AFP, dont Chale et Potsko, proches de l'Abkhazie et du gigantesque barrage d'Enguri produisant la moitié de la consommation annuelle d'électricité de la Géorgie, les soldats ont indiqué n'avoir aucun ordre de départ. Certains ont même affirmé à Chale attendre des renforts.
L'armée russe est entrée en Géorgie en riposte à une offensive géorgienne le 7 août dans la région séparatiste pro-russe d'Ossétie du Sud, dont Tbilissi cherchait à reprendre le contrôle.
Moscou a reconnu depuis l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie et annoncé qu'elle stationnerait 3.800 hommes dans chacune d'elles, instaurant ainsi deux zones tampons entre sa frontière sud et le reste de la Géorgie, une ex-république soviétique qui aspire à entrer dans l'Otan.
L'intervention militaire russe a suscité de vives critiques en "Occident" [sic], sur fond de craintes d'une nouvelle "guerre froide" entre la Russie et les Etats-Unis engagés dans un bras de fer dans le Caucase, région riche en hydrocarbures.
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Par Olga ROTENBERG
MOSCOU (AFP) - 17/9/8 - La Russie a signé mercredi des accords qui lui permettont d'installer des bases militaires en Abkhazie et Ossétie du Sud et d'intégrer leur économie à la sienne, ce que Tbilissi a aussitôt dénoncé comme une "annexion" de ses territoires séparatistes.
Le président russe Dmitri Medvedev a signé ces accords lors d'une cérémonie en grande pompe au Kremlin, trois semaines seulement après avoir reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.
"C'est sans aucun doute un événement historique", a-t-il déclaré au côté des présidents sud-ossète Edouard Kokoïty et abkhaze Sergueï Bagapch.
En vertu de ces accords de coopération et d'assistance mutuelle, la Russie va notamment défendre les frontières des deux régions séparatistes avec le reste de la Géorgie.
Moscou va aussi unifier ses réseaux énergétiques, de télécomunications et de transport avec ceux de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, régions adjacentes à la Russie, sur sa frontière sud.
Le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexander Lomaïa, a aussitôt accusé la Russie d'"annexer de facto" ces territoires. "C'est une grosse violation des principes fondamentaux des lois internationales", a-t-il dit à l'AFP.
Les Etats-Unis, proche alliés de Tbilissi, ont aussi dénoncé la signature de ces accords qui contredisent l'intégrité territoriale de la Géorgie.
"Notre soutien à l'intégrité territoriale de la Géorgie reste le même", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe. "Nous attendons de la Russie qu'elle respecte les engagements qu'elle a acceptés dans l'accord de cessez-le-feu" avec la Géorgie, a-t-il ajouté.
Les Occidentaux critiquent notamment l'intention de Moscou de maintenir 3.800 hommes dans chacune des deux républiques séparatistes, qui constitueront ainsi des zones tampons avec le reste de la Géorgie alors que Tbilissi ambitionne toujours d'entrer dans l'Otan.
"Personne ne doit avoir de doutes sur le fait que nous n'admettrons aucune nouvelle aventure militaire", a répliqué M. Medvedev en allusion à l'offensive géorgienne dans la nuit du 7 au 8 août pour tenter de reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud.
Dans cette optique, "chacune des parties donnera à l'autre le droit de construire, d'utiliser et de perfectionner l'infrastructure militaire et les bases militaires sur son territoire", précisent les deux accords signés.
Pour nombre d'observateurs, la Russie a avant tout cherché, en reconnaissant les deux territoires, à donner une base légale à sa présence militaire sur place.
"La rapidité de la décision a été dictée par des raisons militaires. Les militaires (russes) avaient besoin de bases, d'un port, de tunnels", commente un diplomate européen sous couvert de l'anonymat.
En outre, les citoyens d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, déjà nombreux à posséder des passeports russes, pourront bénéficier de la double nationalité, sud-ossète ou abkhaze et russe.
La diplomatie russe a par ailleurs protesté mercredi contre la visite d'une délégation de l'Otan en Géorgie, estimant qu'elle reflétait "l'époque de la guerre froide" et "ne contribuait pas aux intérêts de la stabilisation de la situation dans la région".
Le secrétaire général de l'Otan a affirmé mardi à Tbilissi que la porte de l'Alliance restait "grande ouverte" pour la Géorgie, n'en déplaise à Moscou, et visité une caserne endommagée et pillée lors du passage de soldats russes à Gori.
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Par Ingrid BAZINET
TBILISSI (AFP) - 15/9/8 - Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a promis lundi "d'amplifier" le partenariat avec la Géorgie, tandis que l'Union européenne annonçait une aide financière pour la reconstruction de ce pays du Caucase après son conflit armé avec Moscou.
Avant d'arriver à Tbilissi, M. de Hoop Scheffer a aussi jugé "inacceptable" le projet de russe de maintenir 7.600 hommes dans les républiques séparatistes de Géorgie, avant d'atténuer ses propos afin de ménager la présidence française de l'UE.
Cette visite "nous permet d'évaluer nos relations, d'avoir des discussions approfondies sur la sécurité de la région et d'étudier notre souhait d'encore amplifier le partenariat Otan-Géorgie", a déclaré M. Scheffer à l'ouverture du premier conseil Otan-Géorgie dans la capitale géorgienne.
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, qui aspire depuis quatre ans à faire entrer son pays dans l'Otan, a appelé à "accélérer son intégration" à l'Alliance, un mois après l'offensive militaire de son puissant voisin russe qui a en partie détruit les infrastructures et l'armée géorgiennes.
Le secrétaire général de l'Otan a accusé la Russie d'avoir alors "fait un usage sans dicernement de la force" en ripostant par une opération de grande envergure à la tentative de Tbilissi de reprendre militairement le contrôle de la région séparatiste pro-russe d'Ossétie du Sud.
Il lui a demandé d'appliquer pleinement l'accord de paix négocié le 12 août par le président en exercice de l'UE, Nicolas Sarkozy, ainsi que les mesures complémentaires convenues le 8 septembre entre le président français et son homologue russe Dmitri Medvedev.
Au terme de ce plan, les forces russes doivent se retirer de Géorgie, hors territoires séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du sud, d'ici au 10 octobre, au fur et à mesure que des observateurs internationaux seront déployés.
M. de Hoop Scheffer a nuancé en revanche ses propos sur le maintien d'une présence militaire russe en Abkhazie et Ossétie. "Il était loin de mon intention de dire que ce que faisait l'UE était inacceptable. L'UE fait un très bon travail", s'est-il justifié lors d'une conférence de presse.
Il s'est gardé par ailleurs de formuler des engagements concrets sur l'adhésion de la Géorgie à l'Otan, l'Alliance atlantique ne voulant pas donner le sentiment de chercher l'affrontement militaire avec la Russie, alors que Moscou accuse Washington de vouloir "réarmer" la Géorgie.
L'Allemagne, la France et la Belgique, qui s'étaient opposés au sommet de l'Otan de Bucarest en avril à ce que la Géorgie accède au "Plan en vue de l'adhésion" (MAP, selon l'acronyme anglais), qui lui aurait donné le statut formel de candidat, n'ont pas changé d'avis après ce conflit.
Le chef d'état-major interarmées américain Michael Mullen a concédé que le chemin serait "très long" pour la Géorgie jusqu'à l'adhésion, rappelant que "l'Otan s'engagerait à une défense collective" si l'ex-république soviétique entrait dans l'Alliance.
La Commission européenne a de son côté annoncé une nouvelle aide pour la Géorgie de 500 millions d'euros sur la période 2008-2010, pour aider à la reconstruction après le conflit avec la Russie.
Normalement, la Géorgie reçoit entre 30 et 40 millions d'euros par an de la part de la Commission européenne au titre de la politique européenne dite de "voisinage".
Indifférent à la réprobation internationale, le président russe Dmitri Medvedev, qui a reconnu le 26 août l'Abkhazie et l'Ossétie, a annoncé pour sa part qu'il signerait "cette semaine" avec elles des accords de coopération militaires permettant à Moscou d'y disposer de bases.
Concrétisant l'établissement de relations diplomatiques, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a achevé lundi en Ossétie du Sud sa visite dans ces régions séparatistes, dénoncée par Tbilissi comme la suite d'une "tentative d'annexion" des territoires géorgiens.
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Par Nick COLEMAN et Ingrid BAZINET
GORI (AFP) - 16/9/8 - Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a laissé mardi la porte de l'Alliance atlantique "grande ouverte" à la Géorgie, où il s'est rendu compte des dommages sur le terrain, un mois après le conflit armé avec Moscou.
"Le processus d'élargissement de l'Otan se poursuivra", a-t-il affirmé lors d'une allocution à l'université de Tbilissi au deuxième et dernier jour d'une visite d'une délégation de l'Alliance dans cette ex-république soviétique.
"La voie de l'Otan reste grande ouverte à la Géorgie. Nous n'accepterons pas que ces liens soient rompus par des pays extérieurs", a poursuivi le secrétaire général dans une mise en garde à la Russie.
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, allié de Washington, a de son côté répété que le chemin vers l'entrée de son pays dans l'Otan était "irréversible" et s'est engagé à faire les réformes demandées par l'Alliance. La Russie qui considère cette région du Caucase comme sa chasse gardée y est farouchement opposée.
Le Premier ministre russe Vladimir "Poutine veut obtenir le plein contrôle des ressources énergétiques de la Caspienne et de l'Asie centrale", a affirmé plus tard devant le Parlement le président géorgien. "L'impérialisme russe sera vaincu en Géorgie", a déclaré M. Saakachvili.
Evoquant la reconnaissance par Moscou de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux territoires séparatistes de Géorgie, M. de Hoop Scheffer a enfoncé le clou : "Je ne peux pas dire que la situation a facilité les choses (mais) nous ne nous laisserons pas impressionner par la façon dont les Russes ont reconnu ces régions".
En outre, "la Russie s'est elle-même isolée de la communauté internationale. La Russie s'est punie elle-même", a ajouté le chef de l'Otan en référence au plongeon du marché boursier russe depuis l'entrée des troupes russes en Géorgie le 8 août en réaction à une tentative de Tbilissi de reprendre par la force l'Ossétie.
De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a estimé mardi que, "pour l'instant", la Russie respectait les engagements sur le retrait de ses troupes de Géorgie pris par son président Dmitri Medvedev dans l'accord signé le 8 septembre à Moscou, a rapporté l'Elysée.
"Le président s'est réjoui que, pour l'instant, les choses se passent de manière conforme aux accords", a indiqué la présidence française dans un communiqué.
M. de Hoop Scheffer a également estimé que dans cette situation "punir la Russie" n'était pas la solution. "La voie, c'est d'aider la Géorgie", a-t-il affirmé.
Admettant qu'il ne pouvait pas "prévoir" ce que les ministres des Affaires étrangères de l'Otan décideraient en décembre sur la candidature de la Géorgie et de l'Ukraine, il a rappelé la "très importante décision prise" au sommet de Bucarest en avril.
L'Alliance avait alors ouvert la porte à une adhésion future des deux ex-républiques soviétiques à l'Otan. Mais l'Allemagne, la France et la Belgique s'étaient opposées à l'accession immédiate de la Géorgie au "Plan en vue de l'adhésion" (MAP, selon l'acronyme anglais), qui lui aurait donné le statut formel de candidat.
Au lendemain du premier conseil Otan-Géorgie à Tbilissi, M. de Hoop Scheffer s'est aussi rendu avec les ambassadeurs des 26 pays de l'Otan dans la ville géorgienne de Gori, occupée par les soldats russes en août, pour une visite hautement symbolique, notamment dans une caserne en partie détruite.
Guidé par le ministre géorgien de la Défense, David Kezerachvili, il s'est refusé à tout commentaire sur le plan militaire.
"Ils (les Russes) ont tout volé dans ce bâtiment, tout le matériel était neuf", lui a expliqué M. Kezerachvili, montrant à M. Scheffer un hangar vide dont les vitres sont brisées.
Non loin de la caserne, M. Scheffer a également visité un camp humanitaire qui abrite quelque 2.300 déplacés, venus principalement d'Ossétie du Sud. Il a salué le travail des organisations humanitaires et la mobilisation des membres du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).
Près des tentes, des réfugiés ont confié à l'AFP leur angoisse encore latente. "Les enfants ici ont encore peur chaque fois qu'ils entendent des avions, ils se cachent sous les lits", a raconté Dato Odiachvili, 52 ans.
"Nous sommes un petit pays, si on ne reçoit pas d'aide militaire, on ne pourra rien faire face aux Russes", renchérit Esma Lazarachvili, mère de deux enfants.
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Géorgie : Les Etats-Unis réfléchissent à de nouvelles mesures de rétorsion contre la Russie...
Par Lachlan CARMICHAEL
WASHINGTON (AFP) - 18/9/8 - Les Etats-Unis réfléchissent à de nouvelles mesures de rétorsion contre la Russie pour son intervention en Géorgie, que pourrait préciser jeudi la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, dans un discours "important" sur les relations américano-russes.
Le numéro trois du département d'Etat, William Burns, a indiqué mercredi devant le Sénat que Washington pourrait prendre d'autres mesures que le gel d'un accord sur le nucléaire civil avec la Russie, annoncé la semaine dernière.
"Nous continuons à examiner d'autres options", a déclaré M. Burns, secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires politiques et ancien ambassadeur des Etats-unis à Moscou. "Il faut que la Russie subisse des conséquences plus graves pour ses actes en Géorgie, afin qu'elle finisse par respecter les engagements qu'elle a pris auprès du président (français Nicolas) Sarkozy", a précisé M. Burns, qui s'exprimait devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.
L'accord de cessez-le-feu conclu à Moscou par M. Sarkozy prévoyait le retrait des forces russes sur leurs positions d'avant le 6 août, ainsi que l'ouverture de discussions sur le statut final des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Mais la Russie a établi le 9 septembre des relations diplomatiques avec les deux régions sécessionnistes, et signé mercredi des accords qui lui permettront d'y installer des bases militaires et d'intégrer leur économie à la sienne, ce que Tbilissi a aussitôt dénoncé comme une "annexion" des deux régions.
La secrétaire d'Etat américaine prononcera jeudi un "discours important" sur les relations russo-américaines, a indiqué mercredi un haut responsable du département d'Etat.
"Ce sera un discours important au sujet des relations entre les Etats-Unis et la Russie, ainsi qu'au sujet de la place de la Russie dans le système international", a indiqué à la presse ce haut responsable ayant requis l'anonymat. "Il sera largement consacré aux choix que la Russie a faits" avant son intervention en Géorgie et sa reconnaissance de l'indépendance des régions géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, qui ont provoqué une crise avec les Occidentaux, a-t-il ajouté.
Le responsable a laissé entendre que Mme Rice évoquerait des mesures de rétorsion contre Moscou. Ce discours comportera "certainement une analyse de la façon dont nous en sommes arrivés là" et évoquera "les choix de la Russie, du système international et de sa réponse à la Russie", a-t-il indiqué.
A un journaliste qui lui demandait si le discours évoquerait d'éventuelles mesures de rétorsion ou s'il se limiterait à la réponse actuelle de la communauté internationale, il a répondu que le discours évoquerait "d'éventuelles mesures à venir".
Dès la mi-août, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avait envisagé des représailles envers Moscou pour sa réponse "disproportionnée" à l'opération militaire géorgienne en Ossétie du Sud.
Depuis, plusieurs responsables américains ont évoqué la possibilité d'une suspension des négociations d'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais aussi son exclusion du G8 ou encore de l'OCDE. La demande d'entrée de la Russie dans l'OMC sera justement évoquée jeudi à Genève, au cours d'une réunion de l'organisation prévue de longue date. Parallèlement, les ministres de la Défense de l'Otan se réuniront jeudi et vendredi à Londres pour examiner les conséquences militaires du nouveau climat de confrontation avec la Russie.
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par Michel Chossudovsky *
Réseau Voltaire - 2/9/8 - Quel était le but recherché par les États-Unis en encourageant la Géorgie à attaquer la population d’Ossétie du Sud ? La réponse à cette question doit inclure deux éléments peu discutés dans la presse occidentale : la question des pipe-line et celle de la présence israélienne dans le Caucase, observe Michel Chossudovsky.
Dans la nuit du 7 août, coïncidant avec la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Beijing, le président de Géorgie, Saakashvili, ordonnait d’attaquer militairement tous azimuts la capitale de l’Ossétie du Sud, Tskhinvali.
Les bombardements aériens et les attaques au sol visaient surtout des cibles civiles, notamment des zones résidentielles, des hôpitaux et l’université. La capitale provinciale de Tskhinvali a été détruite. Selon des sources russes et occidentales, environ 1 500 victimes civiles ont résulté des attaques. «Les bombardements aériens et l’artillerie ont laissé la capitale provinciale sans eau, nourriture, électricité et gaz. Les civils horrifiés se sont glissés hors des sous-sols dans les rues pendant que le combat se calmait, pour rechercher des provisions.» (AP, 9/8/08). Selon les informations reçues, environ 34 000 civils d’Ossétie du Sud se sont enfuis vers la Russie. (Desert Morning News, Salt Lake City, 10/8/08)
L’importance et le timing de cette opération militaire doivent être soigneusement analysés. Ils ont des implications de grande envergure. La Géorgie est un avant-poste des États-Unis et des forces de l’OTAN, aux frontières immédiates de la Fédération Russe et à proximité du théâtre de guerre du Moyen-Orient, en Asie Centrale. L’Ossétie du Sud est aussi au carrefour stratégique de l’itinéraire des pipelines pétrolier et gazier.
La Géorgie n’agit pas militairement sans l’assentiment de Washington. Le chef de l’État géorgien est un mandataire étasunien et la Géorgie est de fait un protectorat des États-Unis.
Qui est à l’origine de cet ordre du jour militaire ? Quels intérêts sert-il ? Quel est l’objectif de cette opération militaire ?
Il est évident que les attaques ont été soigneusement coordonnées par l’armée étas unienne et l’OTAN. Moscou a accusé l’OTAN d’«encourager la Géorgie.» Le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné l’impact déstabilisateur de l’aide militaire « étrangère » à la Géorgie : «Tout confirme nos nombreuses mises en garde adressées à la communauté internationale sur la nécessité de prêter attention à l’achat massif d’armes de la Géorgie durant plusieurs années. Maintenant, nous voyons comment sont utilisées ces armes et les troupes spéciales géorgiennes, formées par des spécialistes étrangers » a-t-il déclaré. (Moscou accuse l’OTAN d’avoir « encouragé la Géorgie» à attaquer l’Ossétie du Sud, «Russia Today» du 9/8/08.)
Dmitri Rogozine, l’émissaire de Moscou à l’OTAN, a envoyé une note officielle aux représentants de tous les pays membres de l’OTAN : « La Russie a déjà entamé des consultations avec les ambassadeurs des pays de l’OTAN et les délibérations avec les représentants militaires de l’OTAN seront tenues demain. Nous les dissuaderons de continuer à apporter de l’aide supplémentaire à Saakachvili. »
«C’est une agression non dissimulée, accompagnée d’une guerre de propagande de masse», a-t-il dit. (« Russia Today » du 9/8/08)
Selon Rogozine, la Géorgie avait initialement prévu de «commencer une action militaire contre l’Abkhazie. Toutefois, la région fortifiée abkhaze s’étant avérée imprenable par les formations armées géorgiennes, une autre tactique a donc été choisie, dirigée contre l’Ossétie du Sud qui est plus accessible territorialement.» L’émissaire n’a aucun doute sur le fait que Mikheil Saakashvili a convenu de ses actions avec les «parrains», «ceux avec qui il négocie l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN.» (RIA Novosti du 8/8/08)
Contrairement à ce qui a été transmis par les rapports médiatiques occidentaux, Moscou s’attendait aux attaques. Il était prévu qu’elles coïncident avec l’ouverture des Jeux olympiques, surtout pour éviter la couverture médiatique en première page de l’opération militaire géorgienne.
Le 7 août, les forces russes étaient en état de préparation avancée. La contre-attaque a été rapidement menée.
Les parachutistes russes ont été envoyés de Russie, d’Ivanovo, de Moscou et des divisions aéroportées de Pskov. Des tanks, des véhicules blindés et plusieurs milliers de fantassins se sont déployés. Les frappes aériennes russes ont surtout ciblé les installations militaires de Géorgie, notamment la base militaire de Gori.
L’attaque militaire géorgienne a été brisée par la grande démonstration de force des militaires russes.
Acte de provocation ?
Les militaires et les planificateurs du renseignement étasunien et de l’OTAN examinent invariablement divers « scénarios » pour proposer une opération militaire, c’est-à-dire, dans ce cas, une attaque géorgienne largement dirigée contre des cibles civiles, en vue d’occasionner des victimes civiles. L’examen de scénarios est une pratique courante. Avec ses capacités militaires limitées, la victoire géorgienne et l’occupation de Tskhinvali étaient une impossibilité dès le départ. Et c’était connu et compris des planificateurs militaires étasuniens et de l’OTAN.
Une catastrophe humanitaire plutôt qu’une victoire militaire faisait partie intégrante du scénario. L’objectif était de détruire la capitale provinciale, tout en infligeant d’importantes pertes en vies humaines.
Si l’objectif était de rétablir le contrôle politique géorgien sur le gouvernement provincial, l’opération aurait été mise en œuvre selon une modalité très différente, avec des forces spéciales occupant les principaux bâtiments publics, les réseaux de communication et les institutions provinciales, plutôt que par un raid de bombardement tous azimuts sur les quartiers résidentiels, les hôpitaux, sans oublier l’université de Tskhinvali.
La réponse russe était tout à fait prévisible.
La Géorgie a été «encouragée» par l’OTAN et les États-Unis. Washington et le siège de l’OTAN à Bruxelles étaient tous deux extrêmement conscients de ce qui se passerait en cas de contre-attaque russe.
La question est : est-ce une provocation délibérée destinée à déclencher la réponse militaire des Russes, pour les aspirer dans une confrontation militaire élargie avec la Géorgie (et les forces alliées), qui pourrait dégénérer en guerre ?
La Géorgie a le troisième plus grand contingent dans les forces de la coalition en Irak, après les États-Unis et le Royaume-Uni, avec environ 2 000 hommes. Selon les informations reçues, les troupes géorgiennes en Irak sont en train d’être rapatriés sur des avions militaires étasuniens, pour combattre les forces russes. (cf. debka.com du 10/8/08)
Cette décision étasunienne, de rapatrier les troupes géorgiennes, suggère que Washington a l’intention d’aggraver le conflit, en se servant des troupes géorgiennes comme de la chair à canon contre un énorme déploiement de forces russe.
Les États-Unis, Israël et l’OTAN sont mêlés à la planification des attaques
À la mi-juillet, les troupes étasuniennes et géorgiennes ont tenu un exercice militaire commun dénommé «réponse immédiate» impliquant respectivement 1 200 Étasuniens et 800 Géorgiens.
Le 12 juillet, une annonce du ministère géorgien de la Défense déclarait que les troupes étasuniennes et géorgiennes « s’entraînent durant trois semaines sur la base militaire de Vaziani » près de la capitale géorgienne, Tbilissi. (AP, 15/7/08) Ces exercices, qui se sont achevés à peine une semaine avant l’attaque du 7 août, étaient la répétition générale évidente d’une opération militaire qui, selon toute probabilité, avaient été planifiée en étroite coopération avec le Pentagone.
La guerre contre l’Ossétie du Sud n’était pas censée être gagnée afin de restaurer la souveraineté géorgienne sur l’Ossétie du Sud. Elle est destinée à déstabiliser la région tout en déclenchant un affrontement des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie.
Le 12 juillet, coïncidant avec le début des jeux de guerre de la Géorgie et des États-Unis, le ministère russe de la Défense a démarré ses propres manœuvres militaires dans la région du Nord Caucase. Le démenti habituel à la fois de Tbilissi et de Moscou fut que : les exercices militaires n’ont «rien à voir» avec la situation en Ossétie du Sud. (Ibid.)
Ne nous faisons pas d’illusions. Il ne s’agit pas d’une guerre civile. Les attaques font partie intégrante d’une guerre plus large au Moyen-Orient et en Asie Centrale, qui incluent les préparatifs de guerre des États-Unis, d’Israël et de l’OTAN vis-à-vis de l’Iran.
Rôle des conseillers militaires israéliens
Bien que l’OTAN et les conseillers militaires étasuniens n’aient pas participé à l’opération militaire elle-même, ils ont participé activement à la planification et la logistique des attaques. Selon des sources israéliennes (Debka.com, 8 août 2008), l’attaque terrestre du 7 août 2008 avec des chars et de l’artillerie, a été «aidée par les conseillers militaires israéliens.» Israël a aussi fourni à la Géorgie des véhicules aériens sans pilote Hermes-450 et Skylark, qui ont été utilisés dans les semaines précédant les attaques du 7 août.
La Géorgie a également acquis, selon un rapport dans le journal Rezonansi (6 août, en géorgien, traduction de la BBC) «quelques armes puissantes grâce à l’amélioration d’avions Su-25 et de systèmes d’artillerie en Israël.» Selon Haaretz (10/8/08), les Israéliens sont actifs dans la fabrication militaire et le conseil en sécurité en Géorgie.
Les forces russes combattent désormais directement contre l’armée géorgienne, entraînée par les États-Unis et l’OTAN, et associée à des conseillers israéliens. Et l’aviation de guerre russe a attaqué dans la banlieue de Tbilissi l’usine d’avions militaires qui fabrique la version améliorée du jet de combat Su-25, avec l’appui technique d’Israël. (CTV.ca, 10/8/08)
Lorsqu’on la regarde dans le contexte plus large de la guerre au Moyen-Orient, la crise en Ossétie du Sud pourrait conduire à l’escalade, notamment à la confrontation directe entre les forces russes et l’OTAN. Si cela devait se produire, nous serions face à la crise la plus grave dans les relations entre les Etats-Unis et la Russie depuis la crise des missiles de Cuba en octobre 1962.
La Géorgie, un poste avancé des États-Unis et de l’OTAN
La Géorgie appartient à une alliance militaire de l’OTAN (GUAM), depuis avril 1999, au tout début de la guerre contre la Yougoslavie. Elle a aussi un accord de coopération militaire bilatérale avec les États-Unis. Ces accords militaires sous-jacents ont servi à protéger les intérêts pétroliers anglo-américains dans le bassin de la mer Caspienne ainsi que les itinéraires des pipelines. Les États-Unis et l’OTAN sont présents militairement en Géorgie, et travaillent en étroite collaboration avec les forces armées géorgiennes. Depuis la signature de l’accord GUAM en 1999, la Géorgie a bénéficié d’une considérable aide militaire étasunienne.
Il y a tout juste quelques mois, en mi-mai, le ministère russe de la Défense a accusé Washington, «affirmant que l’assistance militaire à la Géorgie des Etats-Unis, ainsi que de l’OTAN et des israéliens, déstabilisait la région.» (La Russie affirme que la Géorgie développe son armement, Wired News, 19/5/08).
Selon le ministère russe de la Défense : «La Géorgie a reçu 206 chars, dont 175 unités ont été fournies par les États de l’OTAN, 186 véhicules blindés (126 de l’OTAN), 79 canons (67 de l’OTAN), 25 hélicoptères (12 de l’OTAN), 70 mortiers, dix systèmes de missiles sol-air, 8 avions sans pilote de facture israélienne, et d’autres armes. En outre, les pays de l’OTAN ont fourni quatre avions de combat à la Géorgie. Le ministère russe de la Défense a dit qu’il était prévu de fournir à la Géorgie 145 véhicules blindés, 262 canons et mortiers, 14 avions de combat dont quatre chasseurs Mirazh-2000, 25 hélicoptères de combat, 15 avions étasuniens Black Hawk, 6 systèmes de missiles sol-air et autres armes.» (Agence de presse Interfax, Moscou, 7/8/08.)
L’assistance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël, en vertu des accords de coopération militaire, implique un flux constant de matériel militaire perfectionné ainsi que de la formation et des services de conseil.
Selon des sources militaires étasuniennes (du porte-parole des États-Unis en Europe), les États-Unis ont plus de 100 «instructeurs militaires» en Géorgie. Un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a déclaré «qu’il n’est pas envisagé de redéployer les quelque 130 soldats étasuniens et contractants civils, qui, dit-il, sont stationnés dans les environs de Tbilissi.» (AFP, 9/8/08). En fait, la présence militaire des États-Unis et de l’OTAN en Géorgie est à plus grande échelle que ce qui est reconnu dans les déclarations officielles. L’effectif du personnel de l’OTAN, agissant en Géorgie en qualité de formateur et de conseiller militaire, n’a pas été confirmé.
Bien que n’étant pas officiellement membre de l’OTAN, l’armée de Géorgie est totalement intégrée dans les procédures de l’OTAN. En 2005, le président géorgien annonçait fièrement l’inauguration de la première base militaire, qui «répond parfaitement aux normes de l’OTAN.»
Immédiatement après l’inauguration de la base de Senakskaya à l’ouest de la Géorgie, Tbilissi a annoncé l’ouverture d’une deuxième base militaire à Gori, qui elle aussi « se conformera à la réglementation de l’OTAN aussi bien en termes de besoins militaires que de conditions sociales. » (Ria Novosti, 26 mai 2006).
La base de Gori a servi à former les troupes géorgiennes envoyées pour combattre sous commandement étasunien sur le théâtre de la guerre en Irak.
Il est intéressant de noter que, dans le cadre d’un accord entre Tbilissi et Moscou le 31 mars 2006, les deux bases militaires russes de Géorgie datant de l’ère soviétique, Akhalkalaki et Batoumi, ont été fermées. (Ibid.) Le retrait a commencé à Batoumi en mai de l’année dernière, 2007. Les dernières troupes russes ont quitté l’installation militaire de Batoumi en début juillet 2008, à peine une semaine avant le début des manœuvres de la Géorgie et des Etats-Unis et à peine un mois avant les attaques contre l’Ossétie du Sud.
La connexion israélienne
Israël fait maintenant partie de l’axe militaire anglo-américain, qui sert les intérêts des géants pétroliers occidentaux au Moyen-Orient et en Asie Centrale.
Israël est partenaire dans l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui amène du pétrole et du gaz à l’Est de la Méditerranée. Plus de 20 pour cent du pétrole des Israéliens est importé de l’Azerbaïdjan, une grande partie transitant par le pipeline BTC. Dirigé par la British Petroleum, le pipeline BTC a radicalement changé la géopolitique en Méditerranée orientale et au Caucase :
«Le pipeline BTC a considérablement changé le statut des pays de la région et cimenté une nouvelle alliance pro-occidentale. Ayant influé pour la construction de l’oléoduc vers la Méditerranée, Washington a pratiquement mis en place un nouveau bloc avec l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie et Israël.» (Komerzant, Moscou, 14/7/06)
Bien que les rapports officiels déclarent que l’oléoduc BTC «achemine le pétrole vers le marché occidental», ce qui est rarement reconnu, c’est qu’une partie du pétrole de la mer Caspienne serait directement convoyé vers Israël, en passant par la Géorgie. A cet égard, un projet de pipeline israélo-turc a aussi été envisagé, ce qui permettrait de relier Ceyhan au port israélien d’Ashkelon et de là, à travers le principal pipeline d’Israël, vers la mer Rouge.
L’objectif d’Israël n’est pas seulement de prendre le pétrole de la mer Caspienne pour ses propres besoins de consommation, mais aussi de jouer un rôle clef dans la réexportation de ce pétrole vers les marchés asiatiques depuis le port d’Eilat à travers la mer Rouge. Les implications stratégiques de ce réacheminement du pétrole de la mer Caspienne sont d’une grande portée. (Pour plus de détails, cf. Michel Chossudovsky, La guerre contre le Liban et la bataille pour le pétrole, Global Research, juillet 2006.)
Ce qui est envisagé, c’est de relier le pipeline BTC au pipeline trans-israélien d’Eilat à Ashkelon, aussi connu sous le nom de Tipline d’Israël, depuis Ceyhan au port israélien d’Ashkelon.
« La Turquie et Israël sont en train de négocier la construction d’un projet de plusieurs millions de dollars sur l’énergie et l’eau, qui transportera de l’eau, de l’électricité, du gaz naturel et du pétrole à travers des pipelines vers Israël, avec renvoi du pétrole d’Israël vers l’Extrême-Orient.
La nouvelle proposition turco-israélienne en cours de discussion verrait le transfert d’eau, d’électricité, de gaz naturel et de pétrole vers Israël grâce à quatre pipelines sous-marins.
Le pétrole de Bakou peut être transporté jusqu’à Ashkelon via ce nouveau pipeline et vers l’Inde et l’Extrême-Orient – via la mer Rouge. »
Ceyhan et le port méditerranéen d’Ashkelon sont situés à seulement 400 km de distance. Le pétrole peut être transporté vers la ville en navires-citernes ou via un pipeline sous-marin spécialement construit. Depuis Ashkelon le pétrole peut être convoyé à travers des pipelines qui existent déjà vers le port d’Eilat sur la mer Rouge, et de là il peut être transporté vers l’Inde et d’autres pays asiatiques sur des navires-citernes. »
Israël est susceptible à cet égard de jouer un rôle stratégique majeur dans la « protection » du transport en Méditerranée orientale et des corridors sortant de Ceyhan. Simultanément, Israël participe aussi à la canalisation de l’aide et de la formation militaire vers la Géorgie et l’Azerbaïdjan.
En 1999, un accord bilatéral de coopération militaire de grande portée a été passé entre Tbilissi et à Tel-Aviv, à peine un mois avant que l’OTAN parraine l’accord du GUAM. Il a été signé à Tbilissi par le président Chevardnadze et le Premier ministre israélien de l’époque, Benyamin Netanyu. Ces divers accords de coopération militaire sont en fin de compte destinés à saper la présence de la Russie et son influence dans le Caucase et en Asie Centrale.
Dans une déclaration pour la forme, Tel-Aviv s’est engagé, suite à des discussions bilatérales avec Moscou, le 5 août 2008, à réduire son aide militaire à la Géorgie.
Réponse de la Russie
En réponse aux attaques, les forces conventionnelles russes sont intervenues avec des troupes au sol. Des chars et des véhi cules blindés ont été envoyés. L’armée de l’air russe a aussi été impliquée dans une série de contre-attaques aériennes contre les positions militaires géorgiennes, en particulier contre la base militaire de Gori.
Les médias occidentaux ont décrit les Russes comme seuls responsables de la mort de civils, tout en reconnaissant en même temps (confirmé par la BBC) que la plupart des victimes dans la population civile étaient au début le résultat des attaques aériennes et au sol de la Géorgie.
Sur la base des sources russes et occidentales, le nombre des premiers morts en Ossétie du Sud est au moins de 1400 (BBC), la plupart sont des civils. «Le chiffre des victimes géorgiennes va de 82 morts, dont 37 civils, à environ 130 mort … Une frappe aérienne russe contre Gori, une ville géorgienne près de l’Ossétie du Sud, a laissé 60 morts, dont de nombreux civils, a dit un Géorgien.» (BBC, 9/8/08). Les sources russes évaluent à 2000 le nombre de victimes civiles en Ossétie du Sud.
Rappelant la Guerre froide, un processus d’escalade et de confrontation se déroule entre la Russie et les États-Unis.
Sommes-nous face à un acte de provocation, en vue de déclencher un conflit plus large ? Soutenue par la propagande média tique, l’alliance militaire occidentale a l’intention d’utiliser cet incident pour affronter la Russie, comme en témoignent les récentes déclarations de l’OTAN.
Michel Chossudovsky
Michel Chossudovsky es un economista canadiense, profesor de la Universidad de Ottawa, Canada.
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Saakachvili, phénomène de propagande
Par Andreï Fediachine
RIA Novosti - 11/8/8 - Depuis le 8 août, les chaînes de télévision mondiales, surtout anglo-saxonnes, montrent la principale personnalité du moment : Mikhaïl Saakachvili, qui fait montre de son anglais impeccable, de son style artistique et de son art de manipuler les faits. Dimanche dernier, j'ai écouté ses interviews données à CNN et à la BBC, ainsi que les discussions au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ossétie du Sud. Tout cela est consternant. Plus précisément, nous sommes nous-mêmes consternants [consternés ?].
Dans le contexte des mensonges répandus par Mikhaïl Saakachvili (il faut commencer enfin à appeler les choses par leurs noms), notre impulsivité éternelle ne peut que laisser perplexe, d'autant qu'elle nous avait déjà joué plus d'une fois de mauvais tours dans des circonstances analogues. Mais, comme pour nous faire enrager nous-mêmes, nous continuons avec obstination à emprunter des voies où traînent les mêmes râteaux.
Aux premiers jours de la guerre sud-ossète, nous n'avons pas trouvé le temps de faire ce qui apparaît comme les choses les plus élémentaires du manuel de base en matière de formation de l'opinion, à savoir fournir une simple chronologie du lancement et du développement des opérations militaires. Au lieu de cela, les militaires ont fait depuis la zone du conflit des déclarations incompréhensibles (d'ailleurs, ce n'est pas leur faute, car ce n'est pas leur métier) qui n'ont pas permis de bien se représenter ce qui s'y produisait en réalité. Quant aux auditeurs et spectateurs occidentaux, ils ne s'y sont pas retrouvés.
Le fait que nous perdrions la guerre médiatique autour de l'Ossétie du Sud, face à Mikhaïl Saakachvili et, naturellement, aux Etats-Unis, était clair à priori. Nous n'avions encore jamais gagné aucune guerre médiatique. D'ailleurs, nous ne pouvions par définition gagner une guerre médiatique pour les sympathies de l'Europe sur un fait aussi difficile à comprendre en Occident que l'introduction de troupes d'une puissance nucléaire sur le territoire d'un petit Etat voisin. Il ne faut certainement pas céder à la panique. Quoi qu'on dise, les sympathies de l'Europe vont non pas à Saakachvili, mais aux Géorgiens qui souffrent autant du conflit caucasien que les Ossètes. C'est une habituelle pratique tout à fait humaine que de soutenir le faible contre le fort. Le fait que, dans l'ensemble du monde occidental, seuls les Etats-Unis identifient avec attendrissement Mikhaïl Saakachvili, la Géorgie et la démocratie est toutefois quelque peu rassurant.
La similitude des "registres" de Saakachvili, du Département d'Etat et des grands journaux américains est surprenante par leur intensité émotionnelle, et même par leur hystérie et l'absence presque totale de vérification des faits.
Dans tous les manuels de manipulation de l'opinion publique, la substitution des faits par des émotions, des sermons et une indignation artificielle sont citées comme les méthodes les plus efficaces. Le fait que toutes les thèses brandies par Saakachvili et les ministres de son régime, ainsi que par son représentant à l'ONU aient été préparées à l'avance n'est pas étonnant. C'est la pratique habituelle. Mais elles ont été accordées non seulement au niveau du sens, mais aussi en ce qui concerne leur durée "d'injection" dans les médias. On décèle ici une méthode bien précise et une approche structurelle. Dans la matière qu'on a appelée ces dernières années la "physique sociale" et qui étudie les lois de l'existence et du développement de la société et de l'opinion publique, y compris les méthodes pour influer sur elles, les "gérer", on trouve la notion de "dynamique du seuil". En deux mots : deux postulats opposés ont un droit de cité presque égal, mais en faisant un certain effort (introduction opportune d'une information, désinformation, actions, réactions, etc.), on peut provoquer une asymétrie et "aider" à surmonter le seuil, en pénétrant dans la conscience de récepteurs déjà prêts à accepter n'importe quel point de vue. Cela ne laisse plus de place à un avis contraire. Mikhaïl Saakachvili semble avoir réussi en cela.
Il nous a devancés, c'est pourquoi l'examen de la guerre ossète au Conseil de sécurité laisse une étrange impression d'écart total par rapport à l'essence du sujet, en tout cas, de la part du représentant permanent des Etats-Unis. On a l'impression que l'Ossétie du Sud est pour tous, sauf pour la Russie, une sorte de réserve peuplée de tribus sauvages, antidémocratiques qui ne valent même pas la peine d'être mentionnées. Il ne s'agit que de sauver la "révolution des roses" et la démocratie géorgienne, jeune et fragile.
A entendre Mikhaïl Saakachvili, tout le monde aurait dû se persuader depuis longtemps que ce n'est pas la Géorgie qui a écrasé la petite Ossétie avec ses lance-roquettes multiples Grad, mais que c'est la Russie qui a attaqué la Géorgie par surprise, perfidement, avant le début des Jeux olympiques. Voici les extraits de sa récente interview à CNN.
"Les Russes affirment que plus de 2.000 civils ont été tués en Ossétie du Sud. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?"
Saakachvili (avec sarcasme) : "Tskhinvali est une minuscule bourgade. Bien avant ce qui s'y est produit, les Russes en ont évacué la majeure partie de la population. Il ne pouvait même pas y rester autant d'habitants". "Mais on vous accuse d'avoir pilonné la ville et d'avoir fait des victimes parmi la population". "Nous n'avons pas pilonné la ville. Nous avons été contraints de commencer à tirer en apprenant que les chars russes étaient entrés en Ossétie du Sud, par le nord. Avant cela, j'avais décrété un moratoire sur les tirs. Nous n'avions et nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à qui ce soit. Mais, lorsque les Russes ont fait irruption dans notre petit pays épris de liberté, nous avons été contraints de nous défendre. Nous avons déjà abattu 20 avions russes. A présent, ils ont imposé un blocus maritime à la Géorgie et arrêtent les navires transportant des cargaisons humanitaires. Un navire avec à son bord des céréales destinées à la population sinistrée vient d'être arrêté. Une agression cruelle et barbare a été lancée contre notre petit pays". Celui qui a déclenché cette guerre n'est même pas mentionné. La "dynamique du seuil" a apporté ses fruits.
J'ai toujours estimé que n'importe quel gouvernement de n'importe quel Etat était toujours loin d'être innocent. Chacun a un squelette dans son placard, peut-être même plusieurs. Nous avons battu de tristes records en ce sens. Mais ce que fait aujourd'hui Mikhaïl Saakachvili dépasse toutes les bornes. Il ne s'agit même plus de l'amoralité politique qui distingue obligatoirement, dans telle ou telle mesure, n'importe quel gouvernement du monde. Mais, au milieu de tout cela, des voix raisonnables retentissent tout de même. "Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili ne se préoccupe pas le moins du monde du sort de ces gens (Ossètes), ce qui le préoccupe le plus, c'est qu'ils résident sur le territoire géorgien. Sinon, il n'aurait pas lancé, dans la nuit du 7 au 8 août, des tirs d'artillerie massifs sur la minuscule ville de Tskhinvali, qui n'a jamais compté de cibles militaires, et dont les habitants, comme le disent les Géorgiens eux-mêmes, il ne faut pas l'oublier, sont citoyens de la Géorgie.
Il s'agit d'une violation flagrante du droit humanitaire international.
Mikhaïl Saakachvili est connu pour ses flottements entre humeurs belliqueuses et pacifiques, entre démocratie et autocratie. Il a déjà été maintes fois retenu, et littéralement retiré du bord du précipice. Cette foi, il a franchi la limite". C'est l'avis de Thomas de Waal, de l'Institut de journalisme de guerre et de paix de Londres.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.
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EVIAN - RIA Novosti. 8/10/8 - Le président français Nicolas Sarkozy a reconnu mercredi à Evian (France) que la Géorgie avait agressé l'Ossétie du Sud, tout en qualifiant de "disproportionnée" [sic] la réaction de Moscou. "Je fais confiance au président Medvedev pour parler ouvertement. Je pense que la réaction des forces russes face à l'agression géorgienne était disproportionnée. Oui, en effet, il s'agit d'une offensive militaire lancée par la Géorgie, c'était une erreur", a déclaré M. Sarkozy, dont RIA Novosti retraduit les propos à partir du russe.
AFP - 14/10/8 - Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a traité mardi à Bruxelles les autorités d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud de "nettoyeurs ethniques", laissant planer un doute sur les chances de succès des discussions qui s'ouvrent mercredi à Genève.
"Nous ne pensons pas que ces gens-là soient des hommes politiques, pour nous ce sont des nettoyeurs ethniques et des criminels", a-t-il déclaré à l'occasion d'un point de presse avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
A la veille du début des discussions sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud à Genève, le président géorgien a estimé quasi-impossible pour Moscou et Tbilissi de négocier tant que Moscou maintiendrait des troupes dans les régions séparatistes géorgiennes.
"La Russie doit d'abord sortir de là, elle n'a pas le droit d'être là avec des chars et des troupes", a-t-il jugé. "Nous ne demandons qu'à coopérer avec toute communauté, tout représentant, mais pas dans ce genre de situation".
Il a accusé la Russie de mettre en place "des bases illégales, des points de contrôle illégaux, ils se moquent du droit international et de la justice internationale".
Selon un haut diplomate européen proche des discussions de Genève, des représentants abkhazes et sud-ossètes doivent participer aux discussions au niveau des deux groupes de travail qui doivent être créés, mais pas au niveau des séances plénières.
La Géorgie, la Russie et les Etats-Unis doivent participer à ces discussions, qui seront coprésidées par l'UE, l'ONU et l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE).
La Russie a retiré la semaine dernière ses troupes des zones-"tampons" adjacentes aux deux régions séparatistes, comme elle s'y était engagée le 8 septembre avec le président en exercice de l'UE, le Français Nicolas Sarkozy.
Mais elle a prévenu qu'elle maintiendrait quelque 7.600 hommes en Abkhazie et Ossétie du Sud, dont elle a reconnu l'indépendance après un conflit éclair avec la Géorgie qui avait tenté de reprendre le contrôle des territoires séparatistes début août.
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Par Cyril de Guardia
AGORAVOX - 15/10/8 - Le conflit russo-géorgien, sous les feux de l’actualité depuis l’attaque géorgienne en Ossétie du Sud le jour de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Pékin, présente deux aspects importants. D’une part, le président géorgien et non moins atlantiste, Mikheil Saakachvili, avec la complicité de Washington, participe à la stratégie américaine de marginalisation de la Russie, poursuivie depuis 1991, c’est-à-dire suite à la chute de l’empire soviétique, par l’OTAN. D’autre part, par l’extrême violence de ses représailles, la Russie du président Dmitri Medvedev et du 1er ministre Vladimir Poutine entend clore l’ère du laisser faire et récupérer de sa superbe. Cependant, la nature même de ce conflit résulte de l’histoire de cette région de l’Europe, fortement tourmentée depuis la fin de la guerre froide.
Pour comprendre les enjeux du conflit géorgien, il convient de comprendre les réalités géopolitiques actuelles dans le Caucase. L’éclatement de l’URSS a donné lieu à un travail de reconstruction politique dont le processus est loin d’être achevé. Ce qui est vrai aujourd’hui du Caucase risque de l’être demain de l’Ukraine, peut-être du Belarus, et peut-être même des républiques d’Asie centrale. La crise géorgienne est en fait d’une très grande banalité : c’est celle qui accompagne toute construction inachevée d’un Etat sur un territoire dont le montage de l’Empire socialiste soviétique stalinien ne correspond à aucune réalité sociopolitique réelle et stable.
Il est clair que la nature apparente du conflit actuel repose sur la violation de l’intégrité territoriale des territoires des deux régions sécessionnistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, dont la volonté de recouvrer la pleine et entière souveraineté constitue le fruit de la volonté de Mikheil Saakachvili depuis son arrivée au pouvoir, en janvier 2004.
Cependant, le principe d’intégrité territoriale, cause principale des conflits mondiaux et ce, depuis fort longtemps n’a de fait aucun fondement profond en dehors de sa nature de convention. On sait qu’il n’y a pas de territoire naturel. On sait aussi qu’il est impossible de construire des territoires ethniquement purs. On sait également que la nation ne fait sens que lorsqu’elle reconstruit sur un plan purement politique et citoyen le cadre territorial totalement artificiel et aléatoire dont s’est doté un Etat.
La principale difficulté à laquelle nous sommes aujourd’hui résulte de l’absence de légitimité des territoires dont les frontières ont été découpées de façon aléatoire du fait de leur nature purement conventionnelle. Ce manque de légitimité territoriale demeure sujet à toutes les contestations venant de toutes les minorités nationales émergeantes au cours de l’histoire, puisant un sentiment patriotique national du fait de la reconstruction d’un lointain passé historique. Dès lors, notre jeu international contemporain d’après guerre froide est marqué par une tension incessante, et même grandissante, entre une convention dont le monde a besoin pour survivre et se construire, mais qui apparaît de plus en plus fragile et contestée, et des aspirations identitaires et séparatistes, fondées sur le droit à l’autodétermination des peuples, qui ne peuvent que contrarier ces artifices nés de la nécessité de redécoupage territorial suite à la chute de l’empire soviétique.
Il parait évident que réside ici la principale source des conflits futurs : plus on avancera dans le temps, plus le système international aura besoin de protéger le principe de territorialité. Dorénavant, toute faiblesse des Etats se traduira par une revendication territoriale issue d’une minorité mécontente et frustrée, plus ou moins manipulée de surcroît par un voisin qui aura tôt fait de découvrir le parti qu’il pourra en retirer. Aussi, l’objectif russe est d’éviter que les régions d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie retombent sous le giron géorgien du fait des liens étroits unissant Les Etats-Unis et la Géorgie, le président Saakachvili étant plus que jamais désireux que son pays rejoigne l’OTAN. Les gouvernements occidentaux seraient bien avisés de se rendre compte que le principe de territorialité peut rapidement être mis à mal par les revendications des minorités nationales et de ne pas fétichiser à la hâte un principe qui ne correspond en fait qu’à une convention précaire.
Ce que l’on appelle la stabilité du Caucase passe ainsi par un processus particulièrement complexe et périlleux de redéfinition territoriale des Etats concernés: on est en réalité très près de la question des Balkans. On est en effet tenté de faire le rapprochement entre le conflit en Géorgie et le conflit kosovar et de trouver même des ressemblances frappantes. Dans les deux situations, le clivage Est-Ouest vient vite se substituer à la régulation internationale qui aurait dû découler du principe de responsabilité de protéger. Avec le Kosovo, l’histoire se termine par l’éloge du principe du droit des peuples à disposer d’eux même par les Etats-Unis et leur refus de privilégier le principe d’intégrité territoriale. Avec la Géorgie, la Russie se fait à son tour contre Washington le défenseur de la cause des minorités, et récuse le principe d’intégrité territoriale qu’elle mettait en avant pour s’opposer à l’indépendance du Kosovo. On ne peut pas faire mieux dans la caricature, autant à Washington qu’à Moscou.
Une simple analyse des concepts juridiques nous amène à un constat : l’intégrité territoriale et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sont deux principes fondamentaux de jus cogens (ou normes impératives en droit international) totalement incompatibles auxquels on demande de fonder de manière stable et complémentaire l’ordre international! Faisant partie intégrante de la Charte des Nations Unies, le droit à l’autodétermination des peuples a été reconnu notamment par la Cour Internationale de justice, dans son arrêt récent sur le Timor oriental. Elle a de même à nouveau rappelé qu’il s’agit là d’un des principes essentiels du droit international contemporain» (arrêt du 30 juin 1995, § 29). De son côté, le principe de l’exclusivité des compétences territoriales interdit en principe l’atteinte aux frontières nationales et garantit l’indivisibilité du territoire. Clairement contradictoires, pour éviter le phénomène de pullulement étatique suite à la chute du bloc soviétique, le Secrétaire général des Nations Unies, Koffy Hannan, dans son «Agenda pour la Paix» proposé aux Etats membres le 17 juin 1992, a invoqué la nécessiter de dissocier le droit des peuples et celui de l’autodétermination hors des cas de domination coloniale, malgré la multiplication des des risques d’affrontement qui en résultent.
L’intérêt de tous, non seulement l’Europe et la Russie mais aussi les autres voisins (Turquie, Iran...), est de parvenir à une stabilisation du processus de construction étatique, dont on peut parier qu’il débouchera sur d’autres évolutions de la configuration territoriale des trois Etats concernés (Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie). Cette extrême fragilité n’a de solution que dans une forme minimale de consensus. Personne du côté des Etats n’a donc intérêt à susciter des logiques de déstabilisation violente. De ce point de vue, l’Union européenne, par l’intermédiaire de l’action de Nicolas Sarkozy, président de la République de l’Etat présidant l’Union, a fait ce qu’il fallait faire: parvenir à endiguer la crise en évitant l’embrasement de la région, sachant que le plus dur est de régler ce problème quant au fond. Il serait faux de penser, comme c’est actuellement trop le cas, que la Russie a des ambitions annexionnistes. L’ogre soviétique n’est plus d’actualité.
Victime de la stratégie de marginalisation opérée depuis le début des années 1990 par les pays membres de l’OTAN, elle cherche avant tout à être admise comme interlocuteur privilégié dans tout processus de règlement pacifique des différends, énumérés à l’article 33 de la Charte des Nations Unies. Il serait erroné de croire que reconnaitre la Russie en tant que puissance régionale nuirait aux intérêts des Balkans, du Caucase et de l’Union Européenne, bien au contraire. Le petit, le "faible", la Géorgie, s’était bel et bien lancé dans un processus actif de déstabilisation et de remise en cause d’un statu quo datant de 1992 (accord de Dagomys), confiant dans sa capacité de pression sur son allié protecteur américain. Nous assistons une nouvelle fois à la déstabilisation du fort par le faible et à une sorte de pression du petit sur le grand pour l’engager, même contre son gré, dans un processus de défi à l’ordre établi dont le géant ne voulait probablement pas. En revanche, ce qui demeure clairement discutable est la violence de la réaction belligérante russe, disproportionnée sans doute.
La dernière question que nous sommes en droit de nous poser, afin d’envisager les futures perspectives de la situation géopolitique, est de se demander si le phénomène de pullulement de micro-Etats à travers toute l’Europe représente une véritable menace pour la paix. En vérité, ces "micro-Etats" ne sont pas plus dangereux que de vastes ensembles instables, divisés entre minorités qui risquent de s’affronter à tout moment. L’intégration régionale a même pris son envol dans notre monde contemporain pour corriger cette irréductible tendance à la fragmentation. Il s’agit là d’un effet pervers de la mondialisation: plus les collectivités sociales sont interdépendantes les unes des autres, plus elles cherchent à affirmer leur particularisme et leur identité. Cette logique de fragmentation a donc un bel avenir devant elle, et c’est bien pour cela que les processus de construction régionale, telles l’Union Européenne, sont utiles, et même fonctionnels dans notre monde contemporain. Le plus grand danger pour notre futur tient aujourd’hui au risque croissant de guerre civile à l’intérieur des Etats. Tout se jouera en réalité dans la capacité de l’Europe de savoir réellement intégrer les populations qui en relèvent, et de parvenir peu à peu à une véritable régulation de leurs conflits: la très lente mais réelle extinction du conflit irlandais, la dissipation de la question catalane sont là pour montrer que le jeu de l’intégration régionale est de ce point de vue plus performant que la mécanique rigide qui préside à la construction des Etats-nations. D’où, effectivement, le malheur qui frappe le Caucase, zone extérieure à tout processus réel d’intégration régionale, du moins pour l’instant. Le seul rêve d’avenir que l’on puisse habiliter pour ces populations est une intégration future dans le respect des diversités, mais le processus sera évidemment pour le mieux très long.
Cyril de Guardia de Ponté
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Commentaires sur l'article
Par Finael
Il manque à votre analyse un minimum de profondeur (ou de connaissance) historique :
- L’Ukraine, tout au moins sa partie Est, a toujours fait partie de la Russie et Kiev en fut même la première capitale durant près de 5 siècles. Le régime soviétique n’a fait que déterminer des limites de régions. Quant à la partie Ouest elle a, au gré des guerres, été intégrée au "Royaume de Lithuanie-Pologne", à la Prusse, à la Pologne (durant les périodes de son existence) et surtout à la Russie.
- Le "Bélarus" n’existe pas : ce nom - dissonnant par ailleurs - n’est pas reconnu par les instances internationales. Il s’agit bel et bien de la Biélorussie, ou Russie Blanche, partie intégrante de la Russie depuis des siècles.
- Le Caucase, et entre autres la Géorgie, n’ont pas été "annexés" par l’URSS mais sont des conquêtes bien antérieures de la Russie (Catherine II, ce nom vous dit-il quelque chose ?). D’ailleurs dans la Géorgie actuelle la Crimée est peuplée au 2/3 de russes.
Vous semblez négliger le fait que lors de l’éclatement de l’URSS, les pays "Occidentaux" se sont empressés de reconnaitre des "états" qui n’avaient jamais existé auparavant sans la moindre considération pour ce "droit des peuples", mais bel et bien pour dépecer la Russie.
De la même manière, l’envoi des "Chicago Boys" pour dépouiller le peuple russe à coup de privatisations forcées et forcenées au profit des oligarques (dont d’’ex-membres de la "nomenklatura"), et ce en mépris de toute démocratie.
La marionnette Eltsine, afin de mettre en oeuvre les "réformes" dictées par les chicago boys et contraires à la loi et la constitution n’hésita pas à faire attaquer, le 4 octobre 1993, le parlement par 5000 hommes, des chars, des avions et des troupes spéciales. Résultat : 500 morts dans la journée, des milliers de personnes emprisonnées, torturées. Cela s’appelle un coup d’état !
Mais bien entendu pas un mot dans la presse occidentale ou plus exactement la vision du "triomphe de la démocratie".
Alors prenez la peine de vous informer non pas auprès des médias possédés par les multinationales, mais en recherchant des sources, en les recoupant.
Je sais, c’est long et difficile, mais c’est le prix à payer pour approcher de la réalité !
Par Ronchonaire, le 15 octobre 2008
La Crimée est en Ukraine, pas en Géorgie.
Pour le reste, je vous trouve un peu gonflé. Certes, la plupart des pays devenus indépendants après l’effondrement de l’URSS n’existaient pas avant ; mais qui les a créés sinon les soviétiques eux-mêmes ? En 1990-1991, les occidentaux (et les autres) n’ont fait que reconnaître le découpage orchestré par les soviétiques pendant 80 ans ; qu’auraient-ils pu faire d’autre ? Vous n’imaginez pas sérieusement Bush (père) refuser son indépendance à la Biélorussie sous prétexte qu’elle n’existait pas avant la Révolution et qu’à ce titre elle doit retourner dans le giron de la Russie ?
Le découpage de ces pays va sans doute à l’encontre de nombreuses réalités, à la fois historiques et culturelles ; mais si vous devez blâmer quelqu’un pour cela, blâmez donc les responsables de ce découpage eux-mêmes. Dans le cas présent, les Occidentaux n’y sont pour rien.
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Par Finael, le 15 octobre 2008
55 ans dont 4 ans d’école d’ingénieur, 32 de travailet 5 de chômage.
Informaticien de métier après avoir été analyse documentaire et ayant pratiqué toute une variété de petits boulots.
Vivant dans un camping après une histoire personnelle tumultueuse et un parcours "atypique".
Aimant l’Histoire, la randonnée, la lecture, l’aéronautique, la technique, intéressé par la chose publique et les questions sociales.
Oui, désolé pour le lapsus concernant la Crimée.
Pour le reste l’URSS n’a fait que définir des circonscriptions administratives, comme nos départements ... à l’échelle du pays bien sûr !
Vous pensez sérieusement qu’il serait pensable que le Cher ou la Creuse puissent devenir des pays ?
Les régions existaient pour la plupart depuis l’époque tsariste, les occidentaux ont tout fait pour dépecer la Russie et faire éclater des vélléités séparatistes qui n’existaient quasiment pas (sauf dans la partie ouest de l’ukraine et une partie des régions islamiques et turcophones du sud).
Bien entendu que les gens avaient envie de se débarrasser du système soviétique, mais sans les pressions, les manigances, l’argent des puissances occidentales, on n’aurait jamais eu cette situation.
Il y a moins de différence entre "l’ukrainien" ou le "biélorusse" qu’entre le l’accent du nord et celui du midi de la France.
Relisez quelque atlas historique, ou simplement des livres d’histoire, allez dans les "pays" en question vous aurez sans doute une autre vision du monde !
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Par Wesson, le 16 octobre 2008
Bonsoir l’auteur,
Je rejoins l’avis de Finael, votre article témoigne d’une profonde méconnaissance géographique et historique de ce que fut et ce qu’est la Russie. Les "frontières" qui sont maintenant défendues bec et ongle par l’occident ne sont ni plus ni moins que celles qui avaient été décidés par Staline. C’est quand même un comble de vouloir en rester à cela, tout en parlant de la volonté des peuples et se prétendant du coté de la morale !
Au passage, sur "l’extrême violence des représailles", j’aimerais bien savoir ce que vous en penseriez de la modération si vous étiez à Tskinvhali en train de vous prendre des missiles sur le nez pendant que vous dormez.
Comme Saakachvili, vous avez raté votre cible !
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Par Constant Brand
AP - 22/10/8 - L'Union européenne, les Etats-Unis et les autres donateurs réunis mercredi à Bruxelles au chevet de la Géorgie se sont engagés à consacrer plus de 4,5 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros) pour la reconstruction du pays après sa guerre avec la Russie de cet été.
Benita Ferrero-Waldner, la Commissaire aux relations extérieures de l'UE, a déclaré lors de cette conférence que ce chiffre "dépasse les attentes", avec 3,7 milliards de fonds publics et 850 millions de fonds privés.
"L'intervention russe en Géorgie, en août dernier, avait suscité de nombreuses critiques" [sic]. Elle visait à soutenir les mouvements séparatistes en Ossétie du Sud et en Abkhazie, tout en repoussant une offensive géorgienne en Ossétie du Sud.
L'armée russe avait bombardé des installations militaires, des terrains d'aviation et des navires géorgiens. Les combats ont provoqué des incendies qui ont réduit en cendres des forêts et des vergers. Voies ferrées, ponts, routes et usines ont aussi été endommagés, ainsi que des immeubles dans la ville de Gori.
L'Union européenne avait évalué à 3,2 milliards de dollars (2,43 milliards d'euros) les fonds nécessaires sur 2008-2010 pour aider le pays à se remettre de cette guerre.
"La mise en oeuvre va maintenant être cruciale", a déclaré le vice-président de la Banque mondiale, Shigeo Katsu.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a affirmé que c'était un "impératif moral d'aider un voisin dans le besoin". "Nous devons répondre à ce besoin et aider la Géorgie à se remettre sur les rails", a-t-il déclaré lors de cette conférence à laquelle participaient les représentants de quelque 67 pays et organisations.
La Géorgie, qui aspire à rejoindre l'OTAN et l'Union européenne, est prise en étau entre la Russie et "l'Occident". Moscou veut que ce petit pays du Caucase reste dans sa sphère d'influence, alors que l'Union européenne et les Etats-Unis cherchent à renforcer leurs liens dans la région, notamment pour réduire leur dépendance par rapport au gaz et au pétrole russe.
Selon M. Barroso, cette aide était cruciale pour soutenir la reconstruction de la Géorgie sur le plan économique, et aider les milliers réfugiés à se réinsérer et se reloger après avoir dû fuir les combats avec la Russie pendant la guerre.
Les Etats-Unis se sont engagés à hauteur d'un milliard de dollars (759 millions d'euros), la Commission européenne de 659,2 millions (500 millions d'euros). Le Japon a promis 195 millions de dollars (152 millions d'euros). La Banque européenne d'investissement (BEI) a proposé des prêts à hauteur de 200 millions d'euros (264 millions de dollars).
Le chef de la diplomatie Bernard Kouchner [Monsieur Va-t-en guerre], qui avait ouvert la conférence au nom de la présidence française de l'UE, a rappelé "l'importance de l'engagement de la communauté internationale et notamment de l'Union européenne pour aider la Georgie".
Il a considéré que les accords du 12 août et du 8 septembre avaient été "largement respectés", en soulignant toutefois, selon un communiqué du Quai d'Orsay, "que des 'zones d'ombre' subsistaient, notamment concernant la vallée d'Akhalgori", secteur contesté entre Géorgiens et Ossètes du Sud, que ces derniers revendiquent ainsi que le village de Perevi, où les forces russes bloquent l'accès de l'aide humanitaire. AP
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Reuters - 27/10/8 - Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé le départ du Premier ministre Lado Gourguenidze, dans le cadre d'un remaniement gouvernemental consécutif à la guerre contre la Russie en août dernier.
Il a précisé qu'il demanderait au parlement d'approuver le choix de Grigol Mgaloblichvili, 35 ans, actuel ambassadeur de Géorgie en Turquie, comme nouveau chef du gouvernement.
"Nous avons décidé en commun, Lado Gourguenidze et moi, qu'il abandonnait son poste de Premier ministre et qu'il allait prendre la direction d'une nouvelle commission financière", a dit Saakachvili lors d'une rencontre avec des députés, retransmise à la télévision.
Une source gouvernementale a précisé que Gourgenidze, 37 ans, avait été contraint à la démission, mais n'a pas dit pour quelle raison.
Ancien banquier favorable aux réformes et proche des Occidentaux, il avait été nommé à la tête du gouvernement en novembre 2007, avec pour mission principale d'attirer les investissements étrangers et de soutenir la croissance.
Une croissance mise à mal par la guerre de cinq jours qui a opposé en août dernier les forces russes et géorgiennes se disputant le contrôle de la région sécessionniste géorgienne d'Ossétie du Sud.
Le président Saakachvili, arrivé au pouvoir en 2003, est la cible de vives critiques depuis ce conflit, l'opposition lui reprochant son aventurisme.
Cette opposition entend multiplier les manifestations début novembre, pour le premier anniversaire de la violente répression de son mouvement de protestation contre l'"autocratisme" du chef de l'Etat.
Son chef, Levan Gatchetchiladze, a promis la semaine dernière "une nouvelle vague de manifestations" contre Saakachvili à partir du 7 novembre, un an jour pour jour après la brutale intervention de la police anti-émeute contre les protestataires à Tbilissi.
Il a précisé que les manifestants se rassembleraient sur la grande avenue devant le parlement, sur les lieux mêmes des affrontements qui avaient fait des dizaines de blessés l'an dernier.
Margarita Antidze, version française Guy Kerivel
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By YOCHI J. DREAZEN
The Wall Street Journal - 4/11/8 - Georgia used cluster bombs that malfunctioned and fell into towns and villages, killing several of Georgia's own civilians during its summer war with Russia, according to new research by Human Rights Watch, a New York-based humanitarian organization. Georgia called that conclusion "impossible."
The group found that Russia also made extensive use of cluster bombs during the brief war. U.S. intelligence assessments during the conflict also found that both sides were using cluster bombs, a senior Pentagon official said.
Georgian towns, including several located far from the area where Georgia acknowledges using them against Russian soldiers who stormed the country in fighting over the fate of the breakaway republic South Ossetia.
The cluster bombs, which Georgia says it bought from Israel, appeared to have malfunctioned on an "absolutely massive scale," said Marc Garlasco, a former Pentagon intelligence official who now serves as Human Rights Watch's senior military analyst. He said rockets failed to disperse the cluster bombs over the intended targets, and many of the small bombs failed to explode on impact.
Georgia remains littered with thousands of leftover bombs that can be easily triggered by anyone who accidentally touches them, he said. The bombs killed at least three Georgian civilians, the group concluded, including two who died when they accidentally touched unexploded bombs after the fighting ended.
The Georgian Ministry of Defense said in a written statement that Georgia never used cluster bombs against targets that were "nearby/around civilian populated areas" during the war. That made it "impossible" for Georgian missiles to have landed on the nation's own territory, the ministry said.
Still, the ministry said Georgian officials and engineers from the company that sold the weapons were conducting "intensive investigations" to examine the possibility that the weapons malfunctioned.
Human Rights Watch will present its findings Wednesday to a United Nations conference on cluster bombs in Geneva. The group's contentions may raise new concerns about one of the world's most controversial weapons. In May, more than 100 countries agreed to outlaw cluster bombs, but the biggest producers and users -- Russia, China, the U.S., India and Israel -- have said they won't abide by the treaty. Georgia also declined to sign it.
Cluster bombs, carried aboard rockets fired from ground-based mobile launchers, are designed to blanket areas the size of football fields with hundreds of smaller bombs. Humanitarian groups are trying to ban the weapons because they often kill or wound civilians.
"Not only are these weapons indiscriminate and disproportionate, but they're also so unreliable that using them can potentially endanger your own population," Mr. Garlasco said.
Georgia has long insisted that it only fired cluster bombs at the Russian forces advancing through the Roki Tunnel, a strategically important thoroughfare connecting Russia with South Ossetia.
Georgian officials say they bought the cluster bombs, launchers and rockets from a company in Israel. The officials declined to name the firm, but a senior Pentagon official said that Georgia has a longstanding relationship with Israel Military Industries, Israel's largest defense firm.
Jonathan Peled, a spokesman for the Israeli embassy, declined to comment. A spokesman for Israel Military Industries didn't respond to emails.
The Russian embassy in Washington didn't respond to requests for comment on the Human Rights Watch findings.
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Georgian Clusters Landed in Villages; Russian and Georgian Duds Still a Threat
(Geneva, November 4, 2008) – Georgian cluster munitions fired in the conflict with Russia in August 2008 caused more damage and hit more locations than previously commonly reported, Human Rights Watch said today in a presentation to the Convention on Conventional Weapons in Geneva. Explosive remnants from the weapons, fired by both Russia and Georgia, continue to threaten people and their livelihoods.
At least 17 civilians were killed and dozens wounded by cluster munitions used by both sides. During a 10-day investigative mission in late October, Human Rights Watch documented the use of Russian cluster munitions in six towns and villages and Georgian cluster munitions in nine, though most of the casualties investigated appeared to be caused by the Russian weapons. Cluster munitions failed on both sides, leaving duds that operate like landmines and cause casualties even after the fighting stops.
“The decisions by Russia and Georgia to use cluster munitions so soon after most of the world’s countries agreed to ban them is appalling,” said Steve Goose, Arms director at Human Rights Watch. “Cluster munitions spray lethal bomblets over large areas, and keep killing by leaving behind thousands of duds ready to explode when someone comes near.”
Russia has continued to deny using cluster munitions in Georgia, but Human Rights Watch finds the evidence to be overwhelming. Human Rights Watch believes that Russia’s use of cluster munitions in populated areas was indiscriminate, and therefore in violation of international humanitarian law. Human Rights Watch found Georgian clusters in populated areas, but it is not clear whether Georgia targeted such areas or whether they fell short. Human Rights Watch called on Georgia to investigate the situation.
In May 2008, 107 nations negotiated and formally adopted a new Convention on Cluster Munitions that comprehensively prohibits the use, production, stockpiling and trade of cluster munitions. Neither Russia nor Georgia participated in the negotiation process. The treaty opens for signature in Oslo on December 3, 2008.
“The use of cluster munitions by both sides shows once again why most of the world’s nations are banning them,” said Goose. “Russia and Georgia should recognize the unacceptable consequences to civilians and join the new cluster munitions treaty.”
Human Rights Watch found that many of the cluster munitions landed in populated areas of Georgia. The town of Variani, in the Gori district, was apparently hit the hardest with Russian AO-2.5 RTM submunitions from RBK air-dropped cluster bombs. Human Rights Watch interviewed a number of those wounded during the attacks, including a 13-year-old boy and a 70-year-old man. On the day of the attack, the boy, Beka Giorgishvili, went to a friend’s house to say goodbye before his family fled Variani. He was hit as he was helping pump up his friend’s new bike tire. Beka lost part of his skull, and shrapnel remains inside.
Human Rights Watch also found that many of the submunitions failed to explode on impact as designed, but remained on or slightly buried in the ground – so called “duds” that still pose danger to civilians. People engaged in the clearance effort told Human Rights Watch that there may be thousands of duds. In Ruisi, which was hit very hard by Russian submunitions on August 12, 2008, the clearance organization Norwegian People’s Aid estimated a 35 percent submunition failure rate for an area it was clearing.
The duds have not only killed and maimed civilians, but they have also caused people to lose harvests, and therefore their ability to feed their families. Many duds remain hidden in fields of cabbages, tomatoes and other crops, and farmers fear going into their fields.
Georgian cluster munitions with M85 submunitions killed at least one person and wounded at least two when they landed on the towns of Tirdznisi and Shindisi. Witnesses did not report any Russian troops in the areas at the time. In these and two other towns combined, at least two people have been killed and at least three wounded by Georgian submunition duds since the attacks.
It is not clear whether the M85s landed in villages as the result of an intentional strike in the area or a massive technical failure in Georgia’s use of Israeli-supplied Mk-4 GRAD LAR-160 ground rockets with M85 submunitions. Georgia has stated that these are the only cluster munitions in its arsenal and that it fired these rockets only at Russian forces between Tskhinvali, the capital of South Ossetia, and the Roki Tunnel on the border with Russia. However, Human Rights Watch found many M85s that landed on Georgian towns south of that region.
Indeed, they seem to have landed short of the Mk-4’s minimum range, which means they would not have functioned properly. In villages other than Tirdznisi and Shindisi, Human Rights Watch found only Georgian M85s that had failed to function, that is, did not explode on impact.
The Georgian Ministry of Defense could not explain why its M85s were found in so many locations and why the failure rates were so high. Officials indicated they would ask the Israeli company that sold the weapons to assist in an investigation of the matter.
Human Rights Watch called on Israel not to sell cluster munitions and urged it to sign the Convention on Cluster Munitions.
In addition to calling on Georgia and Russia to sign the Convention on Cluster Munitions, Human Rights Watch urged them to provide precise strike data (including locations, types and numbers) to clearance organizations in order to facilitate their work.
“If Russia and Georgia are not prepared to join the ban treaty in the near future, they should at least take interim steps to protect civilian lives,” said Goose. “Such steps could include enforcing international humanitarian law and prohibiting use of cluster munitions in populated areas, placing a ban or moratorium on production and trade of cluster munitions, and starting to destroy stockpiles.”
Human Rights Watch presented its major findings on November 4 to delegates attending meetings of the Convention on Conventional Weapons in Geneva, where diplomats are discussing the cluster munition issue. Several countries that have not participated in the Oslo Process to ban cluster munitions – most notably the United States, Russia, China, India, Pakistan, and Israel – are half-heartedly pursuing a weak agreement through the convention that would legitimize continued use of the weapon.
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AP - 22/12/8 - L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) va prochainement retirer sa mission de Géorgie, faute de consensus sur la prorogation de son mandat après le 31 décembre, a annoncé lundi la présidence finlandaise de l'OSCE.
Des responsables ont déclaré que la Russie contraignait l'organisation à mettre fin aux activités de la mission en insistant pour que les deux régions séparatistes de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie soient reconnues comme indépendantes.
La Finlande, qui préside l'OSCE, avait convoqué une réunion lundi matin pour obtenir un accord sur une prorogation de trois mois du mandat de la mission, qui expire au 31 décembre. Objectif: disposer de davantage de temps pour de nouvelles négociations sur l'avenir de la mission.
"Malheureusement, il n'y a pas eu de consensus sur cette décision", a déclaré Antti Turunen, ambassadeur de la Finlande à l'OSCE, à l'issue de la réunion à huis clos. "Cela signifie que nous devons entamer le retrait de la mission et cesser ses actiivités".
La présidence finlandaise de l'Organisation, qui compte 56 pays membres et fonctionne par consensus, a ainsi précisé que le retrait de la mission commencerait début 2009.
La mission de l'OSCE a été mise en place en 1992 et comprend actuellement quelque 200 personnes. Elle tente entre autres de promouvoir une résolution pacifique des différends entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud. "Les tensions ont débouché sur une guerre en août entre Tbilissi et Moscou" [sic].
D'après un communiqué de l'OSCE, la Russie n'a pu accepter un lien entre les activités de l'organisation en Ossétie du Sud et celles dans le reste de la Géorgie.
Moscou a insisté pour "une reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie dans la future structure de la mission", a déclaré Ian Cliff, ambassadeur de la Grande-Bretagne.
La Russie a reconnu les deux régions comme indépendantes après le conflit contre la Géorgie en août. Elle est le seul Etat de l'OSCE à avoir pris cette décision.
L'émissaire russe Anvar Azimov a déclaré lundi que l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie était une "réalité". Mais l'ambassadeur des Etats-Unis Julie Finley a expliqué que les événements de lundi étaient "très graves" tant pour la région que pour l'OSCE. "Dans cette affaire, il n'y a qu'une seule partie qui est responsable de ce qui s'est produit", la Fédération de Russie, et ce qui va se produire, c'est l'arrêt de la mission, a souligné Julie Finley. AP
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La Géorgie et les USA signeront un accord stratégique en janvier, selon Tbilissi
AFP - 5/12/8 - La Géorgie et les Etats-Unis signeront un accord de partenariat stratégique le 4 janvier à Washington, a annoncé jeudi à l'AFP une porte-parole du ministère géorgien des Affaires étrangères.
"Le ministre géorgien des Affaires étrangères, Grigol Vachadze, et la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, vont signer un accord de partenariat stratégique le 4 janvier à Washington", a déclaré la porte-parole, Khatouna Iossava.
Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, avait annoncé lundi que les deux pays négociaient un accord, une information confirmée le lendemain à Washington par le département d'Etat américain dans un communiqué.
L'administration Bush, qui passe la main dans moins d'un mois à celle du président élu Barack Obama, souhaite ainsi "aider la Géorgie à progresser dans ses réformes sécuritaires, démocratiques et économiques pour renforcer la Géorgie, donner une impulsion à notre partenariat et approfondir l'intégration euro-atlantique de la Géorgie" [sic], ajoute le communiqué.
Le compromis, semblable à l'accord stratégique signé par les Etats-Unis et l'Ukraine la semaine dernière, risque d'attiser les tensions avec la Russie. La Géorgie, alliée des Etats-Unis, avait déclenché une offensive en Ossétie du Sud à laquelle Moscou avait répliqué par l'envoi massif de troupes russes en Géorgie, avant de reconnaître fin août l'indépendance de l'Ossétie du Sud et celle de l'autre région géorgienne sécessionniste, l'Abkhazie.
Washington et Kiev ont signé un accord stratégique mettant en exergue la "coopération améliorée" entre les deux pays et envisagent l'ouverture d'un poste de diplomate américain en Crimée, région ukrainienne qui abrite la flotte russe de la mer Noire.
L'Otan avait annoncé au début du mois qu'elle approfondira sa coopération avec l'Ukraine et la Géorgie, renforçant à cette fin deux organismes de concertation existants, pour encadrer leur marche vers l'adhésion à l'Alliance atlantique.
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Reuters - 18/2/9 - Le ministre géorgien de la Défense, Grigol Vachadze, a annoncé mercredi que son pays enverrait une compagnie rejoindre la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (Isaf).
Une compagnie compte habituellement autour de 200 hommes.
La Géorgie espère adhérer à l'Otan en dépit de la vive opposition de son voisin russe.
"La Géorgie a décidé d'envoyer une compagnie en Afghanistan. Ce sera notre contribution aux tâches que l'alliance tente de résoudre. A savoir, comme vous le savez, d'abord et avant tout, "la lutte contre le terrorisme" [sic], la lutte contre le trafic de drogue, etc...", a dit Vachadze à la chaîne de télévision russe Rustavi-2 TV.
Tbilissi avait déployé 2.000 hommes en Irak, mais ils ont été tous rapatriés en août lors de la brève guerre qui a opposé la Russie à la Géorgie à propos de l'Ossétie du Sud.
Conor Sweeney, version française Nicole Dupont
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Par Stéphane
Armenews - 27/1/9 - Après la destruction de symboles religieux, la falsification de l’histoire et l’appropriation des églises arméniennes, la Géorgie, soit-disant soucieuse de son paraître démocratique et de son respect des droits de l’homme, durcit le ton envers sa minorité arménienne, maniant de main de maître la carotte et bâton à grand renfort de discours d’apaisement et de futurs réformes.
Mais, suite à plusieurs assassinats et l’arrestation arbitraire de Vahagn Chakhalian, leader du mouvement «Alliance Démocratique Djavakhk Uni» et d’une partie de sa famille (21 juillet 2008), la pression des autorités géorgiennes sur des membres de la communauté arménienne ne fait que s’intensifier dans le silence assourdissant de la communauté internationale.
Ainsi, la semaine dernière nous apprenions qu’au cours d’une opération coordonnée par le Ministère de l’Intérieur, Sergey Hagopjanyan, Président pour la Géorgie de l’Asssociation «Aznavour pour l’Arménie» a été incarcéré à Tbilissi dans le cadre d’une vague d’arrestations pour «militantisme arménien» alors qu’il assistait à des obsèques.
Le même jour, vingt minutes plus tôt, c’est Grégoire Minassian (Grigor Minasyan) qui était arrêté sans raison apparente sur la route reliant Akhalkalak à Akhaltskha. Par ailleurs les forces de police ont perquisitionné au Centre de jeunesse de Akhalkalak. Les téléphones cellulaires des instructeurs ont été confisqué ainsi que les disques durs des ordinateurs et des livres de la bibliothèque du Centre.
Comme dans l’affaire Chakhalian, le Comité de Défense des droits de l’Homme a été saisi par l’avocat du Conseil des organisations qui a appelé la communauté à garder son calme devant ce qu’on peut qualifier d’acharnement de la Géorgie envers les arméniens. Il est évident que des actions de ce type attisent les haines et la violence, pour et jusqu’à forcer les Arméniens à l’exil comme ce fut le cas pour les Grecs au début des années 2000.
En 2005 un groupuscule extrémiste avait d’ailleurs apposé sur les murs de certains immeubles d’Akhalkalak des affiches ordonnant aux Arméniens de quitter le Djavakhk, sous peine d’être massacrés, « comme vos ancêtres », disait le texte.
Malgré un travail incessant et devant l’urgence, Union YERKIR *, ONG prenant fait et cause dans la défense des droits des arméniens de Géorgie et du Djavakhk, injustement incriminés par le pouvoir central, appelle la presse et les Arméniens de la diaspora à se mobiliser et dénoncer l’intolérable climat de terreur et pression raciste dont sont victimes les Arméniens sur leur sol historique. Il y va de la survie de l’identité arménienne.
Jean Eckian
http://www.yerkir.eu/
* 1. Soutenir les réformes législatives ou administratives qui prévoiraient l’utilisation de la langue arménienne au niveau local et régional pour les arméniens de Géorgie.
2. Trouver des solutions aux problèmes socio-économiques, linguistique, éducatif, culturel et religieux des arméniens de Géorgie (non-enregistrement de l’Eglise Apostolique Arménienne en Géorgie, insuffisance de la représentation des arméniens dans l’administration et les organes locaux, régionaux et nationaux, impossibilité d’avoir un cursus universitaire sur les bases de la langue maternelle...)
Les activités de l’Union YERKIR, pour résoudre les problèmes des arméniens du Djavakhk en Géorgie, sont basées principalement sur les obligations contractées par le gouvernement géorgien à l’égard de la protection des minorités du pays. Il convient de mentionner que tous ces problèmes ont été dénoncés par différents rapports et recommandations d’Organisations Internationales des Droits de l’Homme et par les observations du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU.
L’Union YERKIR travaille à la protection des arméniens de Géorgie et de la région du Djavakhk selon les règles et les normes de protection des Droits de l’Homme édictées par les structures internationales (ONU, Conseil de l’Europe, Union Européenne...)
Le Djavakhk, peuplé à 95% d’Arméniens, partage une frontière commune avec les provinces arméniennes de Kars et Ardahan sur environ 80 à 90 kilomètres sur son flanc sud-ouest. Et sur environ 45 à 50 kilomètres avec la République d’Arménie sur son flanc sudest. Par ailleurs, les Monts Meskhètes et les Monts de Trialeti situés sur le flanc Nord-Est sépare les départements d’Akhalkalak et de Ninotsminda des autres régions administratives au Nord, Shida Kartli, et à l’Est, Kverno Kartli.
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Reuters - 13/3/9 - Quelque 7.000 Géorgiens se sont rassemblés vendredi à Tbilissi pour réclamer la démission du président Mikhaïl Saakachvili.
L'opposition a prévu le 9 avril une journée de protestation contre Saakachvili, accusé d'être responsable de la guerre désastreuse contre la Russie, en août dernier, et de n'avoir pas su éviter une aggravation de la crise économique.
Un chanteur connu, Georgy Gatchetchiladze, a interprété des chants de protestation sur une scène où était dressé un décor représentant une cellule de prison.
Il a expliqué qu'il n'avait plus interprété ces chants depuis les manifestations contre l'ancien président Edouard Chevardnadze, écarté du pouvoir par la "Révolution de la Rose".
Frère d'un dirigeant de l'opposition qui s'était présenté contre Saakachvili à l'élection de 2008, Gatchetchiladze a affirmé qu'il ne quitterait pas sa cellule tant que Saakachvili serait au pouvoir.
Nino Mtchedlichvili, version française Nicole Dupont
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Mondialisation.ca - 26 mars 2009 - C'est le président de la république d'Ossétie du sud non reconnue par les instances internationales qui l'assure, accusant Israël d'avoir violé les engagements précédemment lancés.
Selon Edouard Kokoity s'exprimant pour un journal local, "les efforts militaires géorgiens ne connaissent pas de répit et l'approvisionnement en armements se poursuit à des rythmes rapides" estimant que la Géorgie a restitué son arsenal maritime en s'acquiérant huit nouveaux navires de mer.
Kokoity révèle que les Israéliens s'apprêtent à livrer à l'armée géorgienne des systèmes de défense aériens, des radars mobiles de moyenne portée, ainsi que le système master 400. Et ce malgré des allégations israéliennes antécédentes assurant que les ventes d'armements à la Géorgie étaient finis. Sachant que des rapports avaient fait état que Tbilissi dépendait d'Israël et de l'Ukraine par lesquels l'armement provenant des pays occidentaux lui est acheminé.
Durant la dernière guerre contre la Russie, en août dernier, elle a été accusée d'avoir utilisé des bombes à fragmentation produites par l'entité sioniste, et dont la défection a causé la mort de citoyens géorgiens.
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Par Margarita Antidze et Matt Robinson
Reuters- 10/4/9 - Les opposants au président géorgien Mikheïl Saakachvili appellent la population à un vaste mouvement de désobéissance civile après que le chef de l'Etat a exclu de démissionner.
Environ 60.000 personnes s'étaient rassemblées jeudi dans les rues de la capitale, Tbilissi, et vendredi 20.000 manifestants ont bloqué les rues menant aux bureaux de la présidence et aux locaux de la radio-télévision d'Etat.
"Nous ne voulons pas occuper ces bâtiments", a déclaré devant les manifestants, Levan Gachechiladze, ancien candidat à l'élection présidentielle et un des chefs de file de l'opposition.
Cette campagne de désobéissance se poursuivra dans tout le pays jusqu'au départ de Saakachvili, ont promis les opposants qui reprochent au président de museler les réformes démocratiques et d'avoir lancé le pays dans une confrontation armée avec la Russie l'été dernier à propos de l'Ossétie du Sud.
Gachechiladze a précisé que les manifestants bloqueraient vendredi soir les rues conduisant à la présidence, puis de manière quotidienne de 15 à 21h.
Dans les milieux diplomatiques occidentaux, on doute, toutefois, que l'opposition parvienne à conserver une unité et à rassembler suffisamment de personnes chaque jour pour maintenir la pression sur le président Saakachvili.
Porté au pouvoir lors de la "révolution de la rose" de 2003, Mikheïl Saakachvili, dont le mandat court normalement jusqu'en 2013, a écarté l'idée de renoncer à ses fonctions.
"Il va de soi que la réponse à cette question est 'non'", a dit le chef de l'Etat en réponse à la question d'un journaliste.
POPULATION DÉMORALISÉE
"Cela a toujours été 'non' parce que c'est ce que stipule la Constitution", a-t-il expliqué quelques heures avant que les manifestants convergent sur l'avenue Rousteveli, la principale artère de la capitale, en face du Parlement.
Plusieurs dizaines de manifestants ont passé la nuit de jeudi à vendredi sur place, bloquant l'avenue Roustaveli.
"Nous n'avons pas de solution de rechange au dialogue et à la responsabilité partagée", a ajouté Saakachvili devant la presse avant de réclamer "l'unité de la classe politique".
"Ces cinq dernières années, j'ai dû faire face à ce genre d'ultimatums tous les deux mois environ", a relativisé le président géorgien, qui s'exprimait en anglais. "Toutes les enquêtes d'opinion indépendantes montrent clairement que la population a soif de dialogue et de stabilité à long terme".
Ce n'était manifestement pas l'avis des protestataires.
"Saakachvili et son gouvernement ont plongé le pays dans une situation très grave. La population tout entière est démoralisée, la nation dans son ensemble est inquiète", a dénoncé Temour Nijaradze, 68 ans, rencontré vendredi matin près d'un barrage établi par les manifestants.
En novembre 2007, un précédent mouvement de contestation avait été réprimé par les forces de l'ordre à coups de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc [et la force acoustique].
Mikheïl Saakachvili, qui est âgé de 41 ans, a été fragilisé par la brève guerre de l'été dernier contre la Russie.
Mais les observateurs doutent de la cohésion de l'opposition et de sa capacité à mobiliser sur le long terme.
Une partie de la population géorgienne est par ailleurs toujours fidèle au président et, en pleine crise économique, réceptive aux appels à la stabilité lancés par son gouvernement.
"Chers amis, il est facile de se brouiller ou de lancer des ultimatums", a poursuivi Saakachvili. "Il est difficile de travailler ensemble, de coopérer, d'écouter et de partager des opinions, et d'accepter différentes opinions."
Version française Henri-Pierre André et Jean-Loup Fiévet
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Par Gari
ARMENEWS - 10-4-9 - Alors que l’opposition géorgienne se mobilisait à la veille des grandes manifestations prévues à Tbilissi contre le président Mikhaïl Saakachvili, les Arméniens du Djavakhk, eux aussi, élevaient la voix pour réaffirmer leur aspiration à l’autonomie.
Lors d’une réunion extraordinaire du Conseil des organisations arméniennes du Djavakhk le mardi 7 avril à Akhalkalak, un projet de résolution relatif à la constitution d’un Etat du Djavakhk au sein d’une fédération géorgienne a été élaboré, qui devrait être présenté lors d’une conférence prévue le 16 avril. Les représentants de toutes les organisations arméniennes de Samtskhe-Javakhk et de la région voisine de Kverno-Kartli ont été conviés à cette conférence, ainsi que les autorités fédérales et régionales géorgiennes, le corps diplomatique, des députés, des représentants d’organisations géorgiennes et étrangères de défense des droits de l’homme et des minorités et des représentants du cabinet présidentiel géorgien.
Les organisateurs de la conférence soulignent qu’elle a vocation à renforcer la position des membres arméniens du Parlement géorgien représentant la région du Djavakhk, dont ils n’ont pu exprimer avec efficacité les exigences dans le cadre de la législature.
Le projet de résolution appelle à la création d’un Etat fédéral géorgien, en vertu de l’article 3 de la Constitution géorgienne, Etat dans le cadre duquel les provinces de Samtskhe-Javakhk et de Kverno-Kartli se verraient accorder un statut juridique d’entité étatique, et obtiendraient ainsi le droit à l’autonomie politique, l’éducation arménienne ainsi qu’à une représentation légitime dans les structures fédérales.
La réunion s’est conclue sur la décision de mobiliser la communauté arménienne derrière le projet de résolution avant la tenue de la conférence du 16 avril. Ce projet de résolution des Arméniens du Djavakhk intervient dans un contexte politique tendu, alors que les partis d’opposition géorgiens appelaient à manifester le 9 avril dans les rues de Tbilissi pour demander la démission du président Saakachvili.
Des membres du gouvernement auraient rallié le mouvement de protestation qui est bien sûr encouragé par la Russie, qui n’a jamais caché son hostilité à l’encontre du président géorgien. La guerre avec la Russie de début août 2008, provoquée par la tentative malheureuse de reconquête de l’Ossétie du Sud par l’armée géorgienne, est l’un des principaux griefs retenus par les 17 partis d’opposition géorgiens, qui estiment que M. Saakachvili a commis trop d’erreurs pour occuper la présidence jusqu’au terme légal de son mandat, prévu en 2013.
Les manifestations de l’opposition sont censées coïncider avec le 20e anniversaire de la répression des manifestations indépendantistes dans la capitale géorgienne par les troupes anti-émeutes soviétiques. Des dizaines de personnes devaient défiler dans les rues de Tbilissi à cette occasion.
En écho, des manifestations devaient aussi avoir lieu en Adjarie, seule région de Géorgie que M. Saakachvili a pu faire rentrer dans le rang en en chassant le potentat local, Aslan Abachidze. Mais il semble que la population de cette région stratégique, où est situé le port de Batoum et qui commande le transit du commerce avec la Turquie, a la nostalgie de son autonomie et reproche au président Saakachvili de l’en avoir privée.
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AP - 6/5/9 - L'OTAN a entamé mercredi des manoeuvres militaires en Géorgie, qui ont suscité les vives critiques de la Russie voisine.
Ces manoeuvres qui doivent se poursuivre jusqu'au 1er juin, devaient initialement rassembler 1.300 hommes de 19 pays. Mais plusieurs nations ont annoncé leur décision de ne pas y prendre part, notamment l'Arménie, l'Estonie, la Lettonie, le Kazakhstan, la Moldavie et la Serbie.
La Russie, qui avait lancé une offensive contre la Géorgie l'été dernier, a largement critiqué l'organisation d'exercices de l'Alliance atlantique, estimant que cela encourageait le président géorgien Mikhaïl Saakashvili à reconstruire l'armée géorgienne.
C'est dans ce contexte tendu que la Russie a expulsé mercredi deux diplomates canadiens travaillant pour l'OTAN à Moscou. Cette décision fait suite à l'expulsion de deux diplomates russes auprès du siège de l'Alliance à Bruxelles, après une affaire d'espionnage en février. "Nous avons naturellement été contraints de réagir", a commenté le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. La Russie, a-t-il noté, a simplement "appliqué les règles du jeu".
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"Ça cache vilain" [Saakachvili] est un bourrin sponsorisé par le Pentagone !
par Le Chat
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Par Morice
AGORAVOX - 14/5/9 - Il se passe en ce moment un phénomène intéressant : nous pouvons assister à l’effondrement d’un régime et à ses soubresauts. Chaque jour apporte son lot de nouvelles annonçant la fin prochaine de l’homme au pouvoir, qui se débat dans ses contradictions, son manque de carrure évident, son caractère particulier, disons, son autoritarisme et ses sautes d’humeur, ses hésitations (va-t-il ou non entendre et recevoir l’opposition ?) ses diverses compromissions sans oublier les grandes zones d’ombre de son pouvoir personnel.
Non, je ne vous parle pas d’un pays africain, ou de Robert Mugabe, contre lequel on vient de déposer un rapport de cinquante pages qui dynamite la thèse officielle de l’accident inopiné, dans le cas de la mort de l’épouse de son premier ministre. Un texte ravageur qui n’a pas eu droit au moindre entrefilet ici, la presse ne s’occupant que de l’instant et étant incapable désormais du moindre retour historique sur des événements. Non, je vous parle d’un pays de l’Europe Centrale, non intégré à la Communauté européenne, dirigé par un individu dont le comportement inquiète de plus en plus ses propres citoyens.
Un pays-clé, que cette Georgie, le dernier tampon de la lutte d’arrière guerre froide entre les USA et l’ex-Urss. Un pays ayant à sa tête Mikhaïl Saakachvili, idole en son temps de l’opposition à l’ancien responsable de l’ex-urss Edouard Shevernadze, élu difficilement en janvier 2004 dans les conditions que l’on sait (et réélu dans les mêmes conditions en 2008).
Un homme dont la population qui l’a porté au pouvoir à deux reprises réclame aujourd’hui la démission pure et simple en campant devant son palais. Comme George W.Bush, le fier destrier libéral pourfendeur du monde communiste est devenu un fort mauvais cheval politique en quelques années seulement.
Retour sur ses errances et ses manquements. Histoire de la faillite annoncée de la maison Saakachvili.
La Georgie, un pays clé, également, on vous l’a dit, en cas d’attaque israélienne sur l’Iran, les georgiens, forts dépendants des conseillers militaires de Tsahal ayant accordé aux israéliens le droit de se servir de leurs aéroports en cas de diversion lors de cette attaque, ou tout simplement sur le chemin du retour, les avions israéliens ne possédant pas "l’allonge" pour faire l’aller-retour direct. Leur entraînement récent au large du rocher de Gibraltar montre avec éclat qu’ils n’ont pas abandonné l’idée. Un pays clé, donc, très lié aux USA depuis l’avènement de Saakachvili, celui qui avait réussi à renverser Shevernadze à coups de dollars émanant de la fortune de George Soros. Un Georges Soros très lié effectivement au mouvement Otpor anti-schevernadze, et qui arrosait aussi la télévision d’opposition, la même tv que Saakachvili musellera plus tard comme l’affirmera l’affairiste et opposant Bokeria : "George Soros is set against the President of Georgia," affirmait alors "Bokeria, "whose Liberty Institute received money from both Open Society and the U.S. government-backed Eurasia Institute, says three other organizations played key roles in Mr. Shevardnadze’s downfall : Mr. Saakashvili’s National Movement party, the Rustavi-2 television station and Kmara ! (Georgian for Enough !), a youth group that declared war on Mr. Shevardnadze last April and began a poster and graffiti campaign attacking government corruption".
Un pays dirigé par un président qui en est réduit aujourd’hui à inventer bobard sur bobard pour tenter de faire croire à sa population qu’il est encore capable de diriger, alors que visiblement, il a perdu tout crédit. Un pays en proie à des soubresauts violents marqué par des manifestations régulières que le pouvoir, affaibli, réprime parfois violemment.... Un président, qui, bien que sollicité par la rue, évite ou repousse désormais le dialogue, ou ne l’accepte que contraint et forcé : Saakachvili s’enferme dans ses contradictions et a perdu tout contact avec son peuple. Un homme qui a également perdu avec le départ de W.Bush son plus fervent supporter, et qui n’entre aucunement dans les préoccupations actuelles d’Obama, qui a bien d’autres chats à fouetter à vouloir en priorité normaliser ses relations avec l’Iran. "le principal sponsor étranger de Saakachvili, l’administration de George Bush, n’est plus à la Maison Blanche. C’est un coup mortel pour le dirigeant géorgien" a déclaré sans ambages l’ ancien premier ministre slovaque Jan Carnogursky, un vieil habitué de la politique internationale. Un Obama qui vient également de lever discrètement un tabou extraordinaire en parlant d’Israël, soutien militaire georgien, comme étant une puissance nucléaire, ce que tout le monde savait depuis plus de 30 ans mais que l’on n’avait jamais osé dire.
Bref, pour résumer trivialement, un pays qui part à vau-l ’eau, la faute à un président au comportement inquiétant, dont le symptôme évident avait été un manger de cravate télévisuel plus que compromettant, précédé par la mise KO de son propre premier ministre Grigol Mgaloblishvili, en décembre 2008. Du rarement vu en politique, il faut bien avouer. L’homme, un neo-con dans toute sa splendeur, élu comme son idole après un joli tripatouillage de résultats (grâce aux ordinateurs et aux logiciels importés du fameux Mike Connell) possède néanmoins encore quelques supporters, et parmi ceux-ci... des français. Nous vous avons retrouvé qui ils sont, et ce qu’ils racontent, ce qui vaut également le détour, car derrière ces soutiens se profile l’ombre d’un autre président, français celui-là, auteur d’un énorme couac diplomatique au sujet de son intervention georgienne, ce qui n’a pas du tout l’heur d’avoir plu à Barack Obama. L’atlantisme avéré et communicatif de Nicolas Sarkozy pourra difficilement tempérer auprès du dirigeant américain ses vantardises georgiennes.
Tout d’abord, revenons-y quelques instants, justement, sur les frasques élyséennes. Elles ont été brillamment décrites ici par un journaliste du Nouvel Obs. "C’était à la mi-novembre, une semaine après l’élection de Barack Obama. Nicolas Sarkozy tient absolument à être le premier à rencontrer le nouveau « taulier de la planète », comme il dit. Alors il utilise tous les moyens pour l’appâter. Voici l’affaire. Le 13 novembre à l’Elysée, Nicolas Sarkozy reçoit le Prix du courage politique pour son action dans la guerre russo-géorgienne. Il est ravi, il se lâche. Dans son discours, il accuse George Bush, son ami devenu si encombrant, de ne pas l’avoir soutenu dans ce conflit. » Je me souviens, raconte-t-il, de l’appel du président américain me disant, la veille de notre départ pour Moscou : « N’y va pas, [les Russes] veulent aller à Tbilissi, ils sont à 40 kilomètres. N’y va pas. » » A la Maison-Blanche, où Bush est toujours là, c’est la stupeur et la colère. Car tout cela est faux".
En effet, c’est archi-faux, c’est une vantardise pure et simple : les américains, vexés, vont aussitôt convoquer l’ambassadeur français Pierre Vimont et lui faire entendre le contenu des conversations téléphoniques incriminées, procédure exceptionnelle en diplomatie. "Loin de dissuader Nicolas Sarkozy dans son entreprise russo-géorgienne, le président des Etats-Unis l’a au contraire vivement... encouragé. « Vas-y, a-t-il dit en réalité, tu as raison, je te soutiens. » Le mensonge du chef de l’Etat français est patent et gravissime et entache les relations entre Paris et Washington - présentes et à venir. « Nous commencions à peine à prendre les rênes et voilà ce que nous avons trouvé en haut du dossier Sarkozy : l’affaire du coup de fil à Bush, dit un proche de l’équipe d’Obama. Cela ne nous a pas vraiment mis en confiance. » rapporte le journaliste. Gravissime, donc, ou comment flinguer définitivement une relation diplomatique : on s’explique mieux le sourire narquois d’Obama quand on évoque le nom du président français. Bush, au moment de la crise ossétienne, était déjà convaincu que Saakachvili était le mauvais cheval à ne pas suivre, ce qui expliquait ses réticences personnelles et son vif encouragement à refiler la patate chaude diplomatique au premier pékin venu. Ou à un autre matamore que Saakachivili. Mais pire encore, deux mois après à Berlin, Nicolas Sarkozy récidivait avec cette fois le vice-président Joe Biden : "Sarkozy ne peut s’empêcher de vouloir faire étalage de ses contacts avec la nouvelle administration. Alors il déclare tout de go qu’il a déjà lu le discours que Joe Biden s’apprête à prononcer quelques minutes plus tard. Le vice-président des Etats-Unis est estomaqué, il n’en revient pas d’un tel manque de savoir-vivre diplomatique. «Vous étiez censé dire des choses plus agréables à mon endroit», lancera-t-il publiquement à Nicolas Sarkozy pendant son speech. Tout le monde rira jaune". Bref, en raison de la Georgie, les relations franco-américaines ne sont plus ce qu’elles étaient ou avaient pu être, entre deux présidents neo-conservateurs, finalement. Sarkozy admirait Bush, lui même admiré par Saakachvili. Logique que le président français et le georgien se trouvent des points communs. Et dieu sait s’il y en a, à tant admirer l’amérique des cow-boys !
Pour en revenir à Sakaachvili, sa paranoïa notoire et sa couardise (souvenons-nous de son attitude le jour d’un bombardement à Tbilissi !) légendaires l’ont poussé à inventer régulièrement des complots imaginaires contre sa personne ou contre son pays. Des complots et des comploteurs, comme il vient paraît-il d’en découvrir à nouveau un, à un moment fort opportun. Au moment où l’opposition réclame son départ, le président parano comme par hasard se trouve un complot. Même le Pentagone est circonspect, à son annonce. Evidemment, dans le lot, il y a la bonne veille technique de l’emprisonnement sans preuves d’un gêneur en politique, sous le vocable "espion". Vakhtang Maïssaïa est de ceux-là : expert militaire réputé et politologue, l’homme n’avait jamais fait parler de lui ni même pris position une seule fois contre la politique du président Georgien. L’homme est en effet un fonctionnaire bon teint, en retraite depuis début 2008. C’est l’ancien directeur adjoint de la section chargée de l’Otan au ministère géorgien des Affaires étrangères et un ex-diplomate auprès de la mission géorgienne à l’Otan à Bruxelles, autrement dit bel et bien un expert en la matière. Evidemment, c’est l’homme parfait pour un pouvoir aux abois discrédité depuis le fiasco de son attaque contre les troupes russes (car il est bien évident et prouvé aujourd’hui que ce sont bien les troupes georgiennes qui ont attaqué en premier et non l’inverse). Saakachvili n’y est donc pas allé de main morte pour dresser du prétendu espion un portrait compromettant à la télévision (sans mâcher sa cravate ce jour-là) : "Il avait été recruté il y a plusieurs années par les services secrets russes. Ses activités ont fait beaucoup de tort à la Géorgie. Lors de la guerre en août dernier, il transmettait toutes les deux heures des informations aux Russes sur la position et les déplacements de l’armée géorgienne" a-t-il martelé.
Tout cela sans preuve aucune à montrer, bien entendu. Pas un papier, pas un enregistrement, pas une seule vidéo. Même pas une seule copie d’’écran, car "d’après l’enquête officielle, le politologue rédigeait des informations contenant en partie des secrets d’Etat et les chiffrait avant de les transmettre par courriel. Ces informations concernaient la situation politique, militaire et économique en Géorgie, les remaniements ministériels et les achats d’armes et de matériels de guerre" nous disent les documents georgiens. Saakachvili aurait engagé un Mike Connell georgien pour ce faire ce genre de choses que cela n’étonnerait personne. Un Mike Connell mort depuis, mais qui était venu sur place pour trafiquer les résultats des urnes,via les avions de l’USAID, le vieux paravent humanitaire des opérations spéciales US. Une chose que je vous avais déjà évoquée à l’époque, dès janvier 2008 : "On en veut comme exemple que le représentant de USAID à la surveillance de l’élection était Douglas Menarchik... présenté comme "former Military Adviser to Vice President Bush" ; à savoir ancien conseiller militaire de W. Bush. 26 ans de carrière dans l’US Air Force, dont 211 missions de combat comme pilote d’un AC-119 Gunship, l’un des pires vaisseaux volants meutriers jamais imaginés. Pour contrôler des élections, ça mène à tout la mitrailleuse à barillet."
Ne serait-ce que la façon dont est attaqué aujourd’hui Maïssaïa est symptomatique : c’est bien l’échec de l’offensive Georgienne qu’on tente d’excuser, ce faisant. Ce n’est pas l’incompétence des chefs, qui est en cause c’est la trahison : voilà qui rappelle des souvenirs aux français... Les vichystes n’ont rien dit d’autre en 1940. C’était "l’anti-France" qui était responsable de la défaite, pas les chefs militaires.... dont Pétain. Voilà qui était bien pratique. Plus tard, il sera temps de parler du Lieutenant-Colonel Dimitri Amilakvari, ce St-Cyrien georgien qui se fera tuer à El-Alamein. En Georgie d’aujourd’hui, Maïssaïa, c’est le bouc-émissaire parfait du fiasco du mois d’août dernier. Pour enfoncer le clou, l’un de ses premiers ministres déchus déclare à Paris en septembre 2008 que Saakachivili fomentait son attaque depuis 2005, ce qu’on croit facilement à lire ses dépenses en armement avant même cette date. Elles étaient tout simplement faramineuses, comme nous l’avions expliqué ici dans le détail. Deux ans avant l’attaque, avec pareil matériel offensif acheté, on ne peut qu’imaginer qu’il sera utilisé un jour ou l’autre. On ne collectionne pas ce genre d’objets, on les utilise. L’histoire de la guerre en Ossétie est donc bien une grande et belle manipulation de l’opinion.
Un espion, et une escouade de militaires comploteurs. Car toujours selon le pouvoir en place, des militaires se seraient révoltés contre lui, en fomentant un coup d’état incluant le renversement du chef d’état. Une fausse mutinerie, en réalité, car, là encore, l’examen des photos montrées comme preuve est consternant. Entre un Saakachvili qui déboule le regard fuyant entouré d’une meute de mercenaires à la Blackwater pour le protéger, ou qui témoigne la moue rageuse et la mèche en bataille sous la dérive d’un avion de ligne, et la poignée de soldats obséquieux rassemblés fissa pour faire un cliché, difficile de croire à une véritable révolte d’ampleur. La pose est bien trop grotesque. Passe encore les soldats sermonnés comme des gamins, mais la photo de la "recherche" des mutins au sein même des bâtiments est d’un tel ridicule....Comme le sont les "preuves" vidéos montrées par le pouvoir, tout aussi peu crédibles. Les mutins supposés provenaient de la base de Moukhrovani, à 30 km à peine de la capitale. Parmi eux, Guia Gvaladze, un ancien commandant de forces spéciales en 1990 désormais en retraite, et Koba Kobaladze, l’ex-commandant de la Garde nationale et des commandos Delta georgiens, ainsi que Mamouka Gorguiachvili, le commandant du bataillon de voitures blindées accusé de monter contre la capitale. Comme "preuve" du complot, les services de Saakatchvili montraient une vidéo d’un repas fort arrosé où se débalonnait Otanadze, proposant au colonel Gorguiachvili de marcher avec son bataillon sur Tbilissi pour y rejoindre les opposants amassés depuis des semaines. Le genre de propos de fin de banquet, d’hommes qui n’ont pas digéré la défaite d’août 2008 imposée par les ordres présidentiels et non par une véritable stratégie militaire. En fait, cette mutinerie étouffée soi-disant dans l’œuf a été très vite présentée comme un véritable catalogue à la Prévert de tous ceux qui un jour ou l’autre ont eu maille à partir avec l’autoritarisme de Saakachvili. La liste est bien trop belle, puisqu’on y retrouve pêle-mêle ... David Tevzadze, l’ancien ministre de la défense du pays, ainsi que son prédécesseur Giya Karkarashvili, adhérent comme par hasard du principal mouvement d’opposition -"Irakli Alasania"-, groupe faisant partie d’Alliance for Georgia). Mais aussi Jemal Gakhokidze, ancien responsable de la sécurité du pays, auxquels s’ajoute Aslan Abashidze, le vieux rival déchu de l’Ajarie, Levan Mamaladze, un ancien gouverneur, et aussi un businesseman comme Levan Pirveli, le tycoon du lot.
En fait de pseudo-mutinerie (les voitures blindées filmées participaient à des manœuvres prévues de longue date) on a eu droit à une purge véritable des militaires opposés aux directives insensées du président georgien. Dans cet étalage hétéroclite jeté en pâture on pense obligatoirement au retour des procès de Moscou, et de la liquidation accélérée de toute opposition au maître suprême. Résolument pro-occidental et pro-américain, Saakachvili, aux abois, sombre dans la classique chasse aux sorcières propre aux dictatures les plus rétrogrades. Selon un jugement expéditif propre à ce genre d’événements Koba Kobaladze a écopé dès le 8 mai de deux mois de préventive. Mais ce ne sont pas les militaires qui auront fait le plus de mal au régime, comme nous le verrons demain si vous le voulez bien. Saakachvili a l’art de se mettre les gens à dos, et l’un de ces pourfendeurs n’y va pas aller par quatre chemins pour résumer l’individu et son action... et cet homme n’est pas un militaire.
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AGORAVOX - 15-5-9 - Hier, nous avons émis de lourds soupçons sur la mutinerie qui se serait produite en Georgie, de la part de quelques officiers de l’armée de terre, accusés selon le pouvoir de vouloir renverser l’état et son président. Un soupçon qui grandit à voir la liste des personnes incriminées, où figurent d’anciens ennemis politiques jurés de Saakachvili, ou des retraités, tous faisant partie ou étant soupçonnés d’appartenir à un parti d’opposition quelconque. Davantage qu’une révolte réelle, on constate que le panel des arrestations ressemble davantage à une excuse pour la défaite d’août dernier et à un règlement de comptes interne plutôt qu’autre chose.
Parmi les inculpés, ou devant l’être, figure un personnage bien particulier : il n’a rien d’un militaire, c’est un riche industriel, de ceux qui avaient tout misé sur l’avènement d’une économie de marché moderne dans le pays, et qui ont vite déchanté à voir les méthodes gouvernementales. Si le businessman Levan Pirveli, ancien membre du parlement georgien, qui vit en Autriche désormais depuis 2003, et éditorialiste du magazine Georgian Times (qui est publié en anglais) figure dans la rafle, ce n’est pas pour rien. De tous les opposants, c’est celui qui a ce jour a tenu le propos le plus clair et le plus argumenté contre «l’exalté du Caucase» qu’est le président georgien.
De tous, c’est l’industriel et non les militaires qui est clairement le plus dangereux pour Saakachvili : il a le verbe haut et connaît bien son adversaire. Voici ce qu’il déclarait de façon très lucide le 4 novembre 2008 : "Sur le plan historique, il n’y avait aucune raison de faire la guerre à la Russie, car jamais dans le passé, la Géorgie ne s’est trouvée en état de belligérance avec son grand voisin. Nous devons chercher les raisons du conflit actuel dans le seul présent. Avant toute chose, les origines de cette guerre résident dans des intérêts stratégiques et économiques que l’on veut faire valoir dans le dos des Géorgiens. Ces intérêts étrangers se concentrent dans les oléoducs et gazoducs, qui se trouvent désormais sous contrôle américain, ce qui suscite la mauvaise humeur des Russes. L’expansion américaine dans le Caucase plonge, de fait, la Russie dans une situation dangereuse, ce que je peux parfaitement comprendre. Il ne faut pas oublier que la Russie accumule les problèmes avec certains peuples vivant sur le flanc nord du Caucase". Au moins, on sait pourquoi il a été promptement enfermé dans cette rafle subite, notre Levan. Voici également ce qu’il pense de son président et de l’avenir de son pays, ainsi que de l’enjeu principal sur place : "Il n’est qu’une marionnette des Américains et, nous, les Géorgiens, sommes les victimes de ce jeu, nous sommes les victimes de notre propre gouvernement et de l’expansionnisme américain. Et, bien entendu, nous sommes aussi les victimes des Russes qui, malheureusement, ont dû combattre l’expansionnisme américain sur notre territoire. Pour ce qui concerne les oléoducs et gazoducs, l’enjeu réside dans les ressources de la région caspienne, qui sont importantes, non seulement pour la Russie, mais aussi pour l’Europe, pour les Etats-Unis et pour la Chine. Il faut tout de même savoir qu’aucune décision n’a encore été prise quant à la destination de ces ressources : seront-elles acheminées vers l’Ouest, donc vers l’Europe, ou vers l’Est, donc vers la Chine. Rien n’a été décidé encore quant à savoir qui contrôlera ces ressources. Aucun de ces quatre concurrents ne peut gagner la mise seul, mais il est plus que probable que deux d’entre eux l’emporteront, s’ils joignent leurs forces."
Pirveli est bien un fin connaisseur des tourments georgien. Il s’était retrouvé mêlé en son temps en qualité d’investisseur potentiel dans le rachat de sociétés nouvellement privatisées lors de l’arrivée au pouvoir de la fameuse révolution des roses. Il se souvient surtout des méthodes expéditives du gouvernement de Saakachvili : le plus bel exemple était celui de la vente de la Georgian Ocean Shipping Company, qui venait juste d’être privatisée, selon une méthode digne des attributions de contrats irakiens ("no bids") aux firmes telles que Haliburton. La société avait été en effet vendue sans aucun appel d’offres, et avec un tripatouillage de dernière minute assez effarant. La firme avait été acheté finalement par Armstrong Holdings Corporation (AHC), qui n’avait visiblement pas les moyens financiers de le faire : "according to this preliminary contract, Armstrong Holdings is ready to pay 89 million USD in cash to the state over the course of 2005, as well as the company’s debt of 72 million USD. Armstrong Holding will make an initial payment of 50 million USD and the balance of 39 million will paid in three installments : two payments of 15 million USD each over the first two terms, and the remaining nine million in December". Au final ; les prix étaient donc montés à 161 millions de dollars pourtant, AHC l’emportant au dernier moment sur une firme anglo-australienne ASP Ship Management Company. Personne n’avait compris le tour de passe-passe qui s’était produit. Le 31 janvier 2005, Zurab Zhvania, le premier ministre georgien déclarant en effet fort candidement à la presse qu’il s’était tout simplement "trompé" en annonçant prématurément l’obtention du contrat par ASP : “It was my mistake, when I announced the British-Australian consortium as the winner [of the privatization of the Shipping Company]. These companies have not set up a consortium". Gonflé, comme méthode ; digne des déclarations soviétiques d’antan. Surtout qu’au départ AHC n’avait même pas postulé : "Initially the Georgian government reported that seven companies were bidding for the Shipping Company. However, Armstrong Holding was not among them". Mais ce n’est pas tout. Le 3 février suivant, on retrouvait le premier ministre raide mort. Monoxyde de carbone, selon la thèse officielle.
En mars 2006, dans le Washington Post, Shevernadze se disait convaincu de la thèse de son assassinat : avant de se retourner contre lui (en ayant créé son parti), Zurab Zhvania avait été un de ses plus fidèles alliés. C’était l’homme de la transition, et surtout celui qui avait porté Saakachvili au plus haut de l’état : Zhvania était l’architecte de la révolution des roses dont Saakachvili n’avait été que le maçon ou le petit contremaître. Tout le monde le voyait déjà en futur président. En 2007, c’est l’ancien ministre de la défense en exil, Irakli Okruashvili, qui présentait une autre version des faits : "former minister of defense of Georgia, claimed that Zhvania’s corpse had been taken to the apartment where he was found dead (officially he died of accidental poisoning with carbon monoxide)". Pour beaucoup, après sa mort, personne n’arriverait plus à retenir les ambitions de son jeune co-équipier : "Without Zhvania there will be nobody to neutralise the more radical figures in Saakashvili’s entourage," disait alors Paata Zakareishvili du centre de développement de Tbilissi. Sans savoir qu’il prophétisait. Réfugié en France (on l’a un peu oublié celle-là), Okruashvili n’a de cesse depuis de charger son ancien président, l’accusant d’avoir fait éliminer ses adversaires. Le premier avril 2008, dans une interview au Spiegel, il donnait un tableau apocalyptique du régime georgien, en accusant de faire pression sur les industriels : "Saakashvili will use all legal and illegal means possible to remain in power. People are being threatened to prevent them from collaborating with the opposition. At the same time, he is terrorizing the business world, which prevents the opposition from gaining any funding". L’homme, qui a bien profité au début de ce système, accuse désormais Saakatchvili de dérive grave, et surtout de ne supporter aucune opposition : "I worked with Mikhail Saakashvili for more than six years. I was his right-hand man. He never accused me of anything during that time. But the minute I switched to the opposition, I was suddenly called a criminal. It was a political maneuver."
AHC est une entreprise américaine, qui datait de 2004 seulement, un fonds d’investissements plus que flou, dirigée par Jeremy A. Liddell, qui présente une analyse du monde assez particulière. Selon lui, en effet, c’est bien la seule demande chinoise en énergie qui tire le marché vers le haut. Pour la contrebalancer, explique-t-il dans un rudiment de site internet, et faire consommer du pétrole, il faut donc une coopération entre l’Europe et pourquoi pas la Russie, une Europe renforcée de pays nouveaux comme... la Turquie. A une seule condition, que les Etats-Unis gardent une monnaie forte qui serve de transaction : d’où les investissements dans le secteur pétrolier, au plus proche de la demande nouvelle, la Georgie semblant toute indiquée. Zurab Zhvania, réputé probe, avait-il mis le nez là où il ne fallait pas ? Etait-il un mort à 161 millions de dollars ?
Zhvania a été vite oublié, et Saakachvili a ensuite "consommé" pas moins de cinq autres premiers ministres supplémentaires. Son autoritarisme vit mal le partage de pouvoir. Ses premiers ministres doivent être avant tout... transparents ou inodores, voilà qui nous ramène à une situation connue ici en France. Concernant enfin le président proprement dit, et sa personnalité assez particulière, notre industriel plutôt tendance libérale n’y va non plus pas avec le dos de la cuillère et tord le coup à tous les BHL et Gluscksman du monde : "Je suis très étonné de constater qu’en Europe, le Président Saakachvili soit décrit comme un démocrate. Quand il est arrivé au pouvoir en novembre 2003, ce changement de régime ne s’est pas passé selon les règles de la démocratie : ce fut un coup d’Etat appuyé par les Etats-Unis. De plus, il n’y a jamais eu de véritables élections libres. Il y a un an, Saakachvili a fait matraquer les manifestants, qui protestaient contre son néo-libéralisme, et les a fait poursuivre par sa police non seulement dans les rues, mais jusqu’en leurs foyers et même jusque dans les églises. Et quand il s’est représenté aux élections, afin d’être réélu, il a commencé par faire fermer les principales chaînes de télévision de l’opposition et a déployé son armée dans les rues. Les hommes politiques de l’opposition ont été diffamés et traités d’agents russes : des procès leur ont même été intenté. Après toutes ces mesures d’intimidation, Saakachvili a gagné les “élections”, alors que si celles-ci avaient été régulières, il n’aurait probablement pas obtenu plus de 25%. Je m’étonne dès lors de l’attitude des Européens car Dieter Boden, qui avait observé les élections géorgiennes pour le compte de l’OSCE et rédigé un rapport négatif sur celles-ci, a déclaré dans un interview accordé à la presse allemande, que ce furent pour lui les pires élections qu’il avait jamais observé dans sa vie". Nous aussi, nous nous étonnons des déclarations d’un BHL, par exemple, encensant un tel pouvoir.
Il est vrai que lire du Dieter Boden est un grand moment, qui nous venge de tous les racontars entendus de la bouche de nos grands philosophes admirateurs de ce qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un pouvoir fort autoritaire, pour ne pas dire plus. Un article paru le 15 janvier 2008 représentait un véritable réquisitoire contre des élections trafiquées de bout en bout : en fait, même les observateurs ukrainiens avaient donné gagnant l’opposant Levan Gachicheladze. La différence entre les sondages de sortie d’urne et les résultats était bien trop grandes, de l’ordre de 7 points au moins, voilà qui nous ramenait directement aux élections américaines de 2004, ou Kerry, crédité de 7 points d’avance avait fini par perdre après un intense traficotage de chiffres mené de nuit par les ordinateurs du défunt Mike Connell. "The next surprise was handed to the beacon’s patrons by the delegation of observers from the sympathetic Ukraine. The results of their exit poll were in favor of not Saakashvili but Levan Gachicheladze, endorsed by an alliance of oppositionist parties. The spectacular inconsistency with the official results questioned not only the reputation of the incumbent President but the myth of unity of post-Soviet "colored democracies". "The whole scenario of the campaign, destined to add color to the tarnished Georgian roses, was falling apart". L’implication de Connell en Georgie ne fait aucun doute aujurd’hui : " Between October 2002 and the first half of this year, the General Services Administration reported more than $800,000 paid to GovTech by federal agencies. The company has designed Web sites for the White House, Department of Energy, and the 2004 meeting of the Group of 8 in the former Soviet republic of Georgia, among others." Nous avions donc bien analysé l’élection de 2008, sœur de celle de 2004, comme ayant bien été manipulée par des ordinateurs venus de l’Ouest. La une modifiée du Figaro était un très bon indicateur...
Boden avait vu juste, alors que l’envoyée de l’Europe, Anne-Marie Isler-Beguin, n’y avait vu que du feu : "one more step forward on the pathway of a young and fragile Georgian democracy". C’est pourtant bien Isler-Beguin qui avait contredit les assertions de BHL sur sa prétendue visite à Gori (nous y reviendrons). Pourtant, le malaise est bien palpable, jusque dans les ministères, y compris en France. "L’opposition n’a pas accès aux enregistrements faits dans des bureaux de vote - Kakha Koukava, de l’opposition unie : la Commission Electorale Centrale refuse de rendre publics les enregistrements vidéo faits dans des bureaux de vote, lors de l’élection présidentielle" notait pourtant le ministère français des affaires étrangères. Comme aux USA, les tripatouillages n’ont pas eu lieu dans les urnes, mais lors du transfert des résultats des urnes vers les logiciels comptables. Nous l’avions dit et écrit, pourtant : c’est bien la méthode Connell qui a été appliquée. Des logiciels amenés par USAID, dont on connait le rôle dans le monde désormais.
En dehors des fausses mutineries, tout est bon pour alimenter la paranoïa saakachvielienne : en novembre 2008, c’étaient de simples pétards, tirés par une foule en liesse pour fêter les cinq ans de l’indépendance qui étaient devenus dans la bouche du président des "tirs nourris" : "La présidence géorgienne a accusé les forces russes d’avoir perpétré des tirs pendant le passage du cortège des présidents géorgien Mikheïl Saakachvili et polonais Lech Kaczynski, près de la région séparatiste de l’Ossétie du Sud. Mais le contingent de paix russe en Ossétie du Sud a immédiatement démenti être à l’origine de ces tirs". En janvier 2008, Saakachvili s’en était pris à un autre oligarque qu’Elvan Pirveli : Badri Patarkatsichvili, l’homme qui avait recueilli près de 7% des voix lors de l’élection présidentielle du 5 janvier, accusé de tentative de coup d’Etat ... un bon moyen pour geler ses avoirs bancaires. Saakachvili à l’accusation de complot facile. Surtout à propos de ceux qui se dressent sur son chemin. A l’époque, les "preuves" étaient un enregistrement d’une voix ressemblant parait-il à notre tycoon georgien, qui proposait alors 100 millions de dollars à Irakly Kodua, un haut responsable du ministère de l’Intérieur, pour que ce dernier arrête son supérieur Vano Merabichvili. Une accusation particulièrement tordue, on le constate. Mais l’oligarque avait aussi été au départ un des grands soutiens de Saakachvili avant lui aussi de tomber dans l’opposition. Chez le président georgien, les cas se suivent et se ressemblent.
Evidemment aussi, le "complot" du jour déjoué était en liaison avec Moscou, selon les autorités georgiennes. On s’y attendait. Heureusement, de l’autre côté, on a Dmitri Rogozine, l’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan un homme non dénué d’humour, qui a ironisé sur la "folie des autorités locales". "Nous avons peu à peu commencé à nous habituer aux folles accusations de la direction politique et militaire de la Géorgie, selon lesquelles tout est de la faute de Moscou, même la grêle et les orages", (cité par Interfax). Avec humour et réalisme : "on peut constater que ce qui se passe maintenant, c’est la désintégration totale de l’armée géorgienne et de l’Etat géorgien, et toute la faute repose une fois de plus sur la politique folle de Saakachvili". Un clou enfoncé par le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Grigori Karassine, qui affirme que la mutinerie provient «d’une imagination malade et du comportement irresponsable de la direction géorgienne». Une "folie" qu’il faut bien alimenter en fabricant parfois des documents de propagande éhontée.
Car lors de cette guerre éclair d’août 2008, décidée sur un coup de tête totalement irraisonné, qui a surtout surpris les américains, nous avons eu droit à un lot de désinformation comme il y a longtemps que nous n’avions eu sur la scène internationale. Les plus beaux exemples ayant été remarqués et analysés par des journalistes plus sérieux que d’autres, qui se sont penchés en détail sur le système de propagande Saakachvilien. Car l’homme est allé loin, dans le genre, en fabriquant de toutes pièces des victimes, en montrant des morts... bien vivants, et ne lésinant pas sur le ketchup pendant que ses propres troupes balançaient des bombes à fragmentation sur sa propre population. Mugabe, dans ses expéditions punitives à la machette, n’avait même pas osé le faire. Plusieurs sites ont fait état de photos qui semblaient bel et bien des mises en scène, malgré les dénégations de l’agence Reuters qui en était à l’origine. Des corps placés à certains endroits, puis déplacés, et surtout deux clichés, l’un montrant des vieillards attendant visiblement qu’on leur dicte la bonne position à prendre, le corps du "mort" étant déplacé au final, l’autre encore plus incroyable d’une prétendue morte tenant son ambulancier fermement par le bras.... Un incroyable cliché, et une mise en scène évidente de la part, en prime, de fort peu de figurants, dont tous les observateurs ont remarqué le côté théâtral et photogénique. Si d’autres clichés étaient plus véridiques, là on achoppait alors sur le nombre de décès, annoncé par le pouvoir à 2000 puis réduit à...100. Une guerre, dans toute son indicible horreur. Des clichés venant de russie cette fois (attention aux images) . Un site intelligent résumait la façon de présenter les choses les photos et les vidéos montrées, toutes de propagande : c’est tout simplement "la guerre rêvée"...une guerre âprement résumée cyniquement en un dramatique et succint : "There are three basic facts to keep in mind about the smokin’ little war in Ossetia : 1. The Georgians started it. 2. They lost.3. What a beautiful little war".
Saakachvili avait certes perdu la guerre; mais il avait gagné la bataille des médias haut la main avec ses photos de propagande : "Dès lors la bataille pour le contrôle des médias fait rage. A ce jeu, il faut bien l’admettre, le jeune président géorgien s’est montré largement supérieur aux Ossètes ou aux dirigeants russes. Qui a vu des images de la capitale ossète ravagée par les bombardements et les combats ? Qui a entendu parler d’Edouard Kokoïty, le président ossète ? L’a-t-on vu défendre la cause de sa communauté ? (...) D’entrée, en revanche, le président géorgien Saakashvili s’est imposé sur les écrans, multipliant les apparitions, les déclarations tonitruantes, les conférences de presse et les interviews aux médias étrangers. Jouant des réflexes habituels de l’opinion occidentale, parfaitement instruit des usages et des techniques médiatiques, s’exprimant directement en anglais ou en français, le président géorgien est parvenu à envahir l’espace médiatique en prenant la posture du dernier défenseur de la démocratie et de la liberté". On ne peut mieux dire, tant notre homme s’étant ingénié à envahir les écrans durant tout le conflit. En gilet pare-balles ou en costume... et parfois derrière un bureau, à ronger sa cravate... mais cela, il est vrai n’aurait pas dû être diffusé au départ. Les images choc d’un Mikhail Saakachvili dévorant sa cravate d’angoisse comme le ferait un enfant de son doudou a fait le tour du monde depuis et a révélé bien plus que des discours son immense faiblesse et son manque complet de confiance en lui-même. Sans oublier ses choix politiques, dont nous parlerons demain.
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AGORAVOX - 16-5-9 - Nous avons vu hier que le président georgien avait été pour le moins aventureux dans le conflit d’aût 2008. En fait, le président géorgien avait joué et avait cette fois perdu perdu. Car il y avait eu en 2004 un précédent auquel nous n’avons pas suffisamment prêté attention. Joué avec l’Ossétie, comme il l’avait fait au départ en effet pour l’Adjarie, où il avait gagné sans effusion de sang, et où les russes n’avaient pas bronché, mais les alliés américains pas vraiment non plus, à sa grande déception.
Revenons tout d’abord sur les origines de l’Adjarie : «Avant même l’effondrement de l’URSS, la Géorgie avait réaffirmé sa volonté d’indépendance, mais, quand celle-ci a été proclamée en avril 1991, le président élu, Zviad Gamsakhourdia a développé un discours raciste et xénophobe, très hostile aux minorités. Il en a résulté une très violente guerre civile entre Géorgiens et l’insurrection des minorités ossètes et abkhazes, avec le soutien immédiat et décisif des forces russes. Quand les combats ont cessé et que l’ancien leader communiste géorgien Edouard Chevardnadze est venu au pouvoir, une région automne, l’Adjarie (où vit une forte minorité musulmane de langue géorgienne) avait pris ses distances sans effusion de sang, et les deux autres, Abkhazie et Ossétie du Sud, avaient fait sécession. »
On le voit tout de suite, Adjarie, Ossétie et Abkhazie ont des points communs. Or en Adjarie, en 2004, Saakashvili avait eu... de la chance, en réglant le conflit sans effusion de sang et sans accorder l’autonomie, tout au contraire, en ré-annexant le territoire dans le giron georgien : "Saakashvili just didn’t think it through. One reason he overplayed his hand is that he got lucky the last time he had to deal with a breakaway region : Ajara, a tiny little strip of Black Sea coast in southern Georgia. This is a place smaller than some incorporated Central Valley towns, but it declared itself an “autonomous” republic, preserving its sacred basket-weaving traditions or whatever. You just have to accept that people in the Caucasus are insane that way ; they’d die to keep from saying hello to the people over the next hill, and they’re never going to change". La vision de l’auteur des 400 000 caucasiens d’Adjarie pouvant se battre à mort pour continuer à pouvoir dire "salut" au gars de la colline d’en face n’est pas fausse. La république autonome d’Adjarie était devenue en fait une seconde Transnitrie, le pays de tous les trafics d’armes : "The autonomous republic of Ajara (aka Ajaria, Adjara and Adzharia) has become an area of rampant criminality entirely controlled by its wealthy leader, Aslan Abashidze". Saakachvili avait bien tenté de s’attaquer à l’Adjarie, mais il y avait vite dû négocier un temps avec le leader du pays : "as part of a nationwide crackdown on corruption, Georgia’s President Mikhail Saakashvili accused Adzharian tax and customs authorities of withholding tax payments. He also wants to disarm paramilitary forces in Adzharia. In March 2004, Adzharian border guards prevented the Georgian leader from entering the region. In a bid to assert his authority the Georgian president imposed an economic blockade on the separatist province. It was lifted within days following what were called successful talks between Mr. Saakashvili and Mr. Abashidze". Le lendemain de la visite de Colin Powell le 23 janvier 2004, on s’attend à ce que la Georgie envahisse l’Adjarie pour faire taire sa volonté séparatrice.
Peu de temps après, les tensions revenaient conduisant à une situation au bord de la guerre, dans le même schéma que pour l’Ossétie en 2008 : "the Ajarian leader, Mr. Abashidze, has rejected an ultimatum from Tbilisi to dismantle militias loyal to him and accept central government authority, and on 02 May 2004 his forces blew up two bridges and partly dismantled a railway linking the region with the rest of Georgia. The bridge blasts coincided with the final day of large-scale maneuvers by the Georgian military, which were being conducted near the administrative border with Adjaria". Saakachvili, fou de rage, avait réagi en mai 2004 en donnant 10 jours à la République d’Adjarie pour démanteler son armée de mercenaires, nombreuse de 5000 hommes : " Saakashvili gave the republic 10 days to cease its violations of Georgian law and to disarm its paramilitaries". Au final, avec l’assistance et l’insistance américaine... Saakachvili avait réussi à obtenir le départ express d’ Abashidze et de sa famille le 6 mai 2004, le dirigeant se réfugiant vite fait en russie, fortune faite depuis longtemps. Il avait surtout négocié auparavant l’accès à Batumi, port vital pour lui ou son armée et sa marine ! Du même coup, la base russe implantée depuis des lustres partait elle aussi : pour beaucoup, Saakachvili avait ce jour là gagné, avant tout, contre les russes. Des soldats russes qui partent, ce n’est pas commun, ou alors c’est de sinistre mémoire ; pour les russes, comme en... Afghanistan. De quoi se gonfler le torse pour la prochaine occasion. L’origine de son attaque de l’Ossétie du Sud est donc bien à chercher dans ce succès de 2004 en Adjarie. Les georgiens n’avaient oublié qu’une seule chose : si le conflit n’avait pas dégénéré, c’était dû en grande partie à...Moscou, qui n’était pas intervenu : "le dénouement pacifique de cette crise, qui a permis d’éviter un nouveau conflit séparatiste sanglant en Géorgie, n’a sans doute été rendu possible que grâce à la médiation russe. Les autorités de Tbilissi semblent d’ailleurs l’avoir bien admis. Le chef de la diplomatie géorgienne, Salomé Zourabichvili, s’est dès jeudi matin empressée de salué « le rôle immense » joué par Moscou. « Le rôle de la Russie dans le règlement a été immense et cela aura nécessairement une répercussion favorable dans nos relations », notait RFI.
Quelques mois plus tard, W.Bush, le 10 mai 2005, rendait visite à son ami Mikhail Saakashvili pour célébrer sa réélection. Un excité balançait alors en pleine foule une grenade offensive de l’armée (russe)....une classique RGD-5, qui atterrissait à 18,5 mètres à peine du pupitre protégé par simple une vitre blindée sans exploser. Ç’eût pu être bien plus grave. Le 11 janvier 2006, l’auteur, de l’attentat, Vladimir Arutyunian se voyait condamner à vie pour son acte délibéré. Les enquêteurs avaient découvert entre temps que le cache-nez écossais dans lequel avait été caché la grenade avait empêché la goupille de se libérer. Arutyunian avait été repéré portant sa grenade enveloppée sur des clichés pris par un professeur américain venu de Boise, dans l’Idaho. A quoi tient la vie d’un chef d’état (ou de deux !), parfois...
Ce sentiment de rejet de "l’occupant" georgien qu’avaient les Adjariens, c’est la même qui sévit en Afghanistan, justement, semble-t-il chez ceux improprement regroupés sous le nom de Talibans. Normal : "ils sont eux aussi musulmans", continue notre auteur en verve à décrire ce pays étonnant : "But they’re Muslims, which means they have to have their own Lego parliament and Tonka-Toy army and all the rest of that Victorian crap, and their leader, a wack job named Abashidze (Goddamn Georgian names !) volunteered them to fight to the death for their worthless independence. Except he was such a nut, and so corrupt, and the Ajarans were so similar to the Georgians, and their little “country” was so tiny and ridiculous, that for once sanity prevailed and the Ajarans refused to fight, let themselves get reabsorbed by that Colussus to the North, mighty Georgia." Un "parlement en Lego" et des armes "Tonka" résume fort bien là aussi la situation : pas de démocratie véritable avec tous ces chefs de guerre mafieux, malgré les apparences d’une assemblée, loin s’en faut, et de vieilles Kalachnikovs en cadeau... et les voilà heureux. A trafiquer opium et armes comme ils le souhaitent avant tout. Le mot démocratie chez eux ne peut exister ou représenter quelque chose, c’’est évident.
Et notre fin analyste de continuer à comparer la Georgie à ... l’Irak : "Most likely the Georgians just thought the Russians wouldn’t react. They were doing something they learned from Bush and Cheney : sticking to best-case scenarios, positive thinking. The Georgian plan was classic shock’n’awe with no hard, grown-up thinking about the long term. Their shiny new army would go in, zap the South Ossetians while they were on a peace hangover (the worst kind), and then…uh, they’d be welcomed as liberators ? Sure, just like we were in Iraq." Saakatchvili dans sa folie meurtrière attaquant en Blietkrieg rebaptisée "shock and wave" se voyait déjà accueilli effectivement en libérateur de l’Ossétie... Mais pour cela, il fallait l’aide de Washington, car en Irak, justement, plus de 2000 soldats georgiens avaient été envoyés, en signe d’allégeance à Georges. W. Bush. Soit le 1/10 éme de l’armée de terre georgienne, ce qui est énorme. Si bien que les georgiens, assez dégarnis, ont demandé aux américains, en plein conflit, de rapatrier au plus vite ces soldats qui manquaient au front. Ce qui a été fait à l’aide d’un pont aérien organisé par les américains, seuls à disposer des gros porteurs C-17 nécessaires. "The Georgians are so panicked they just announced they’re sending half their Iraqi force home, and could the USAF please give’em a lift ?" nous dit notre spécialiste. "Georgia’s 2,000 strong contingent in Iraq began to return home on August 10, 2008 to redeploy in the conflict with Russia in its breakaway province of South Ossetia. Georgia has been one of our strongest, most loyal allies in the war in Iraq", dit un site plutôt patriotique. Ce qui fut effectivement fait : à la dernière minute, de lourds C-17 atterrirent en Georgie le 10 août à 15H27. A 15H52, les russes bombardaient les bases militaires géorgiennes, après que les C-17 aient à peine terminé leurs rotations. Il s’en était fallu de peu. Le coup de folie de Saakachvili a failli coûter fort cher aux USA : un seul avion cargo atteint, et c’était l’occasion rêvée pour les russes de dénoncer l’implication américaine. Saakachvili avait non seulement perdu la guerre, il avait perdu tout crédit auprès d’une partie des militaires US, qui n’apprécient pas que l’on puisse mettre en danger leurs troupes sur un coup de tête. Et tout autant de dégarnir de 2000 hommes leur implantation en Irak.
La défaite d’août 2008 avait signé la perte de Saakachvili, en réalité : auprès des américains, qu’il n’avaient pas prévenus (sinon ces soldats "irakiens" auraient été rapatriés bien avant !) mais surtout auprès de sa population, profondément dépitée par ses errances et ses frasques. Il pensaient avoir un héros, vainqueur de Shevernadze, un bâtisseur d’une nation nouvelle, que ce "Micha", un vrai leader charismatique, ils se sont retrouvés avec un véritable caractériel. Le 10 août 2008, Saakachvili était rentré, pour les USA, dans la catégorie irresponsable. Et c’était bien avant l’élection de Barack Obama. Que les américains titillent Poutine, le vrai dirigeant de la Russie, c’est de notoriété publique : le chat et la souris de la guerre froide continuent leur jeu de dominos par pays inerposés. Qu’ils risquent une confrontation nucléaire mondiale à cause des actions d’un dirigeant tiers irresponsable, c’est autre chose. Saakachivili a confonfu politique internationale et poker, et il a tout perdu ce jour là, ce que résume notre bloggueur très en verve décidément : "What’s happening to Georgia here is like the teeny-tiny version of Germany in the twentieth century : overplay your hand and you lose everything". A trop jouer, on perd tout, c’est bien connu. Saakachivili est bel et bien définitivement le "pompier pyromane du Caucase". Saakatchvili a plongé dans la nasse Osséte, qui s’est refermé sur lui : "le président Géorgien Mikheïl Saakachvili est tombé dans «un piège», «et l’armée russe en a profité pour donner aux Géorgiens la "leçon" que Vladimir Poutine leur promettait depuis longtemps», explique Bernard Dreano, co-président du centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale( Cédétim). Le looser n’a pas pour autant perdu tous ses détracteurs, et demain nous verrons combien de français en font partie. Et qui sont-ils.
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Saakachvili a bénéficié d’un soutien américain personnifié par Georges W. Bush. Tout le monde a encore en tête cette photo de lendemain d’élection, les deux présidents levant la main ensemble. Seulement voilà : en 2008, l’élection américaine présente ses multiples candidats habituels, d’où émerge au final un duo assez improbable au départ. Un candidat démocrate noir, une première en Amérique et un candidat républicain qui n’est pas classique non plus, ayant toujours joué l’homme à part du parti jusqu’ici ("maverick’), et ayant même été évincé en 2000 du parcours par des méthodes ignominieuses signée du principal conseiller de W. Bush, Karl Rove. La tendance naturelle de Saakachvili va obligatoirement le porter à soutenir en 2008 John McCain, dont la campagne tortueuse va révéler d’étranges compromissions caucasiennes.
L’exalté du Caucase, toujours désireux d’en faire plus qu’il n’en faut, se compromettra bien trop avec le candidat républicain, au point de se retrouver fort marri une fois Obama élu. Saakachvili, encore une fois a trop joué et misé, bien trop ostensiblement, et l’administration américaine nouvelle ne peut que lui en tenir grief aujourd’hui : l’héritage W.Bush est lourd à porter, comme vient de le signaler avec un humour ravageur le nouvel élu. Pour Saakachvili, son alignement sans faille s’apparente aujourd’hui à un véritable boulet. Et son nouveau parcours politique à un chemin de croix.
Lâché par une administration nouvelle, aux idées assez différentes sur le rôle des Etats-Unis dans le monde, Saakachvili s’accroche péniblement à la suivante en en faisant un peu trop comme à son habitude de tempérament sanguin et en déclarant que Bush n’avait finalement tenu que la moitié de ses engagements :"The previous U.S. administration has never made even one half of those statements, which were made this time by President Obama," dit il à Kutaisi. Ce n’est pas le genre de phrase qui est propre à ranimer les relations entre les deux pays. Saakachvili est lâché par sa population, mais bel et bien aussi par les américains qui ne lui pardonneront jamais son coup de folie d’août 2008. L’élection d’Obama, en ce sens, c’est bien la pire chose qui pouvait lui arriver. C’est en même temps un aveu : oui, Saakachvili avait bien espéré être soutenu militairement et rapidement par son allié américain, qui s’y était refusé : il n’avait eu droit qu’à des avions de transport pour rapatrier ses soldats, pas à des chasseurs-bombardiers. Lors des élections, le caucasien avait un peu trop montré une feinte indifférence quant au candidat américain. Feinte, car personne n’avait oublié son annonce tonitruante d’une célèbre séance de jet-ski de 2006 avec.... McCain ! Les caricaturistes non plus . L’annonce sentait bien trop l’esbroufe : McCain, âgé de 73 ans, handicapé de l’épaule et de l’avant bras, avait même parfois du mal à se souvenir du nom même du leader georgien...
Le coup de fil d’Obama du 18 novembre 2008 à l’exalté du Caucase avait tout de diplomatique et n’apportait donc rien de neuf à un président dont les frasques successives commençaient à embarrasser sérieusement l’administration américaine : Saakachvili est devenu un second Karzaï et un deuxième boulet en héritage pour Obama. L’administration obamienne avait déjà déclaré le 13 août 2008, en plein conflit ossétien, par la bouche de sa représentante Susan Rice, que les déclarations intempestives et guerrières de McCain sur ce conflit avaient rendu la situation pire qu’elle n’était. En plein conflit, le staff d’Obama avait purement et simplement condamné la décision de Saakachvili d’attaquer, soutenue par un McCain éternel nostalgique de sa présence sur un siège de Skyraider prêt à aller bombarder...Cuba, en bon matamore post-reaganien qu’il était resté.
En fait, les relations fortes entre Saakachvili et McCain n’étaient pas fausses, et avaient une origine extrêmement simple : ils partageaient tous deux le même conseiller, Randy Sheunemann, un lobbyste très influent, membre du PNAC, ancien assistant de Donald Rumsfeld et président de l’incroyable " Committee for the Liberation of Iraq". Le dirigeant de la firme Orion Strategies LLC, qui a été très active elle aussi dans la Caspian Alliance. Orion avait encore obtenu de Saakachvili un contrat de 200 000 dollars le 17 avril 2008 après avoir obtenu plus de 700 000 dollars depuis 2004. Auprès de lui, chez Orion, un autre lobbyste, Stephen Payne, directement lié lui à Dick Cheney et Condoleezza Rice. On retrouve les mêmes et le même lobby du pétrole.
Payne est en effet un ancien lobbyste pour BP Amoco, qui s’était découvert d’autres liens pétrolesques au bord de la mer Caspienne au sein de la Kazakhstan’s State-Owned Oil & Gas Company, (KMG), basée en Azerbaïjan. La Caspian Alliance n’étant en fait qu’une partie d’un iceberg beaucoup plus gros : "the Times described the Caspian Alliance as a "subsidiary" of Worldwide Strategic Energy, of which Payne is also president".¨Parmi ses attributions, outre d’être conseiller du Homeland Security, Payne renseignait aussi ... le président du Pakistan (voilà qui met mal à l’aise l’idée comme quoi les Predators US n’avaient jamais décollé officiellement du territoire pakistanais) : "Payne personally advised General Pervez Musharaff and helped secure billions of dollars in aid to Pakistan. I was able to confirm through public records that Payne was a registered lobbyist for the Islamic Republic of Pakistan and a member of a lobbying group called Team Eagle (formerly known as Team Barakat)" Payne est aussi membre du Envion Worlwide, dont le conseiller principal n’est autre que Frank Carlucci, le dirigeant de Karlyle. L’ancien secrétaire à la défense de Reagan ! Payne ne sévit pas qu’au Pakistan : il a aussi posé ses valises en Lituanie : c’est grâce à lui que le pays a intégré l’Otan dès le 29 mars 2004, à une vitesse express , ce qui lui a valu une belle médaille : "in 2004, President Freiberga awarded Payne Latvia’s highest state honor, the Order of the Three Stars, for his work in helping Latvia become a NATO member". Normal de le retrouver en Georgie, qui souhaiterait tant faire la même chose. D’ailleurs, on ne se cache pas pour évoquer en Georgie le rôle de la Lituanie comme supporter de l’entrée. Ce n’est pas Giorgi Baramidze, ministre georgien en 2006, qui me contredira. C’était le "State Minister for Euro-Atlantic Integration". Les dominos, façon USA : je vous intègre, mais n’oubliez pas d’aider les autres postulants à le faire.
Sheunemann est aussi lui un homme très proche d’Ahmad Chalabi, dont la réputation n’est plus à faire. Un article vengeur avait ratiboisé Sheunemann et ses liens avec l’exilé irakien, qui s’était vu éjecté du circuit diplomatique en raison d’un double jeu très compromettant pour tout le monde : "Remember, US intelligence later found evidence that Chalabi, in addition to foisting a bunch of bogus intelligence and lying informers on the US and pocketing a lot of US taxpayer dollars, had provided highly classified US intelligence to Iran". Révélé au milieu de la campagne, le cas Chalabi avait été mortel pour McCain, devenu indirectement traître à la nation avec un soutien aussi direct à l’adversaire qu’il n’avait de cesse de dénoncer en meeting. Chalabi, qui a été vice-premier ministre d’un des premiers gouvernements irakiens, était aussi à l’origine des fausses fuites sur les armes de destruction massives, et connaissait personnellement Paul Wolfowitz et Richard Perle. Bref, on nage en plein nid de neo-cons chez les partisans de McCain, l’ancien candidat malheureux à la maison blanche victime en campagne de ses nombreux lobbyistes. Très nombreux lobbyistes.
Le New York Times avait en effet marqué au fer rouge le manque flagrant d’éthique dans le choix des supporters financiers de la campagne du candidat républicain. Un des autres principaux conseillers de McCain, Rick Davis, avait des liens avec l’homme le plus riche d’Ukraine, Rinat Akhmetov,"le vrai patron de l’ukraine". Un fort beau cas d’espèce." Quand il se rend à l’étranger, c’est à bord de son Airbus A319. L’homme est mieux équipé que le président du pays, qui doit se contenter d’un Iliouchine 62 de conception soviétique pour ses voyages officiels" nous apprend l’Express. L’homme habite Donetsk, surnommée la "Naples de l’Ukraine". Et comme à Naples, les hommes les plus "influents" du coin ont parfois des "problèmes". "Sa Mercedes 600 blindée noire a déjà été la cible de deux attentats : d’abord au lance-roquettes, ensuite au fusil d’assaut. Une troisième tentative aurait eu lieu en 2005. Le conditionnel s’impose, car, même pour un pareil incident, l’incertitude est de mise. Une constante dans le parcours de Rinat Akhmetov. Et l’industrie ça mène à tout, c’est bien connu : Akhmetov n’est autre que le président du club de football du Shakhtar Donetsk ! Akhmetov, supporter lui, d’un ancien supporter de Reagan ? On croît rêver ! Davis avait eu également des contacts avec Oleg Deripaska, un industriel russe, propriétaire des camions GAZ (ceux de l’armée soviétique et actuelle !) lié à la mafia du pays. Davis avait ses entrées en Albanie, Croatie et Macédoine, où il avait fait campagne pour son unique champion : McCain, candidat de tout le caucase mafieux, ou des fournisseurs de l’armée russe, pour que le business continue, celui des armes notamment, voilà qui était plutôt embarrassant. Depuis, la crise économique est passée par là, et des gens comme Deripaska sont criblés de dettes (pour 45 milliards de roubles soit 1,36 milliard de dollars). Des dettes, certes, mais il lui reste toujours ses deux yachts, le "Air " et le "Tatoosh". Le genre de choses que ne déteste pas McCain qui avait fêté ses 70 printemps en 2006 à bord du Celine Ashley appartenant à Raffaello Follieri homme d’affaires italien condamné en 2008 à 4 ans de prison pour fraude. L’homme d’affaires coureur d’actrices s’était fait passer pour un représentant du Vatican pour obtenir des marchés immobiliers !
On le voit, les intérêts américains sur le Caucase en général sont exactement les mêmes que ceux sur l’Irak ; encore une fois, ça se résume à une histoire de pétrole, tout simplement. Un pétrole qui doit couler vers les USA via ses alliés et non vers ceux de la Russie. L’enjeu qui suit étant les zones de passage des pipelines dans la région. Qui les contrôle contrôle les approvisionnements. Comme l’avait rappelé finement ici Philou17 dans son analyse des combats d’août dernier. Tout provenait de l’inversion qui s’était faite historiquement chez Chevardnadzé, au début se rapprochant des USA, puis choisissant à nouveau l’ex-empire soviétique.... "Quand Edouard Chevardnadzé, un proche de Gorbatchev, ancien dignitaire de l’URSS, accède à la présidence de la Géorgie devenue indépendante, les États-Unis de Bill Clinton le voient plutôt d’un bon œil. Ils accordent une aide massive à la Géorgie pour développer leur projet de construction d’un oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui doit relier l’Azerbaïdjan à la Turquie. Cet État devient alors le second bénéficiaire de l’aide américaine après Israël. L’intérêt principal du BTC est d’éviter soigneusement la Russie en passant par la Tchétchénie et de contourner l’Iran et l’Arménie." Jusque là tout allait bien... mais tout va se dégrader : "Il envisage de signer un accord sur des approvisionnements de gaz. Steven Mann, l’envoyé spécial américain pour les affaires de la Caspienne, s’envole pour Tbilissi et avertit Chevardnadzé de ne pas aller plus avant (le même Mann sera présent à l’inauguration du BTC en 2005). Le gouvernement américain est furieux. L’ambassadeur américain, Richard Miles, un drôle de bonhomme, se plaint que "Washington doit être informé de tels accords à l’avance". "Ancien chouchou de l’administration américaine, y compris sous Bush, Chevardnadzé est lâché. Fortement contesté par des manifestations qui expriment la lassitude de la population notamment envers la corruption endémique, Chevardnadzé démissionne en novembre 2003." Le début des problèmes de Chevardnadzé est celui de l’avénement de son inverse Saakachvili. Finalement, la guerre froide existe toujours.
Pour parachever le tout, voire accélérer les choses, Saakachvili a décidé le 7 mai dernier de couper définitivement le dernier cordon qui le retenait aux anciens satellites russes en déclarant se retirer définitivement de la Communauté des États Indépendants (CEI), l’héritage de Boris Eltsine. Bien entendu, c’est pour mieux encore tendre les bras à l’Europe : “Après que la Géorgie s’est réellement retirée de la CEI, et définitivement, j’en suis sûr, nous ne pouvons pas rester dans le vide. Notre partenaire naturel c’est l’Union Européenne” affirme aussitôt le président georgien, très sûr de lui. Pour tenter de convaincre encore davantage de son désir de plaire, Saakachvili, décidément incorrigible, en refait déjà trop, en déclarant que les nouvelles routes y mènent déjà, aux autres pays de l’Europe : “Nous construisons déjà des routes et mettons en oeuvre d’autres projets grâce au financement de l’UE et des États-Unis qui nous ont versé plusieurs milliards de dollars”, a déclaré le président géorgien. Bruxelles accorderait déjà de l’argent à un pays qui ne fait pas partie de ses membres ? En aucun cas ce n’était le but de l’aide de 3,4 milliards d’euros accordés à la reconstruction après le conflit, et non pas à de nouveaux projets !
La thèse qui a circulé un temps sur Internet durant la campagne électorale mérite donc qu’on s’y arrête : selon cette thèse, McCain, appuyé par un quarteron de neo-cons, aurait demandé au dirigeant fantasque de la Georgie de provoquer davantage encore la tension avec la Russie afin de justifier auprès de l’opinion américaine d’un danger potentiel de type guerre froide, et ce faisant de présenter le seul candidat capable d’y répondre. Obama étant alors raillé en lecteur de Peter Pan face au méchant Capitaine Crochet post-soviéique. Un républicain de type post-reaganien, s’entend. Sans aller jusque-là, nous dirons qu’un certain laisser faire, laisser aller accordé à Saakachvili par l’administration américaine n’a pas dû être anodine. La présence dans le staff sakaachvilien de conseillers datant des plus belles heures de l’ère reaganienne, ainsi que l’héritage de l’ère pétrolière clintonienne, pourrait prouver que cette thèse présente une part de crédibilité. Ce qui n’a pas fonctionné, en revanche, c’est la décision d’attaquer prise par Saakachvili, qui visiblement a pris de court les américains eux-mêmes, et qui lui a fait perdre tout crédit. On veut bien pousser des dominos, mais de là à enclencher le feu nucléaire, il y a un pas que pas une des deux nations majeures ne veut lancer. Saakachvili est définitivement jugé irresponsable aux USA. Et l’homme ayant bien trop fricoté avec les sbires de McCain a fort peu de chances d’être pris en intérêt par son adversaire. Barack Obama en ce sens, ne penchera que mollement vers l’individu, dont il souhaite le remplacement. On imagine mal en effet, un jour prochain, Obama faire du jet-ski en compagnie de Saakachvili...
Pour accréditer la thèse de la connaissance ou non que pouvaient avoir à l’avance les USA de l’attaque, il faut noter le très important voyage effectué par Condoleeza Rice à Tbilissi les 8 et 9 juillet 2008, où elle aurait pu prendre connaissance de l’attaque prévue du 8 août car ce jour là elle avait aussi rencontré Dimitri Sanakojew, chef du "gouvernement ossète en exil" la marionnette adoubée par Saakachvili, qui aurait dû logiquement prendre la direction de l’Ossétie du Sud. Rien en effet ne l’obligeait ce jour-là à rencontrer Sanaojew. C’est assez sinistre comme procédé, mais de la part des lobbies de l’armement et du pétrole, je ne serais pas surpris qu’il y ait une part de vrai dans tout cela. La veille encore, rappelons-le, le 7 Août, avaient eu lieu des manœuvres militaires communes USA- Georgie, à Vaziani, sur l’ancienne base russe, auxquelles avaient participé des soldats de la base US de Vicenza en Italie et de la base de Kaiserslauten (RFA des troupes du 3° bataillon du 25° régiment de Marines de l’Ohio et du 1° bataillon du 121° régiment d’infanterie de la Garde Nationale de l’Etat US de ... Géorgie (aux USA !). Mais là l’argument tient beaucoup plus difficilement : les USA auraient-ils pris le risque de faire prisonniers certains de leurs 170 conseillers militaires sur place, ou leurs Humvees avec leur nouvel équipement radio, dont on vous rappelé les péripéties ? Je ne le pense pas : c’est plutôt la preuve que la décision du président georgien a bien été faite sur un coup de tête. L’exalté du Caucase aurait mieux fait de se retenir.
Mais notre homme s’obstine et s’accroche, encore aujoud’hui, alors que l’Ouest n’en a plus vraiment nécessité, comme s’obstinent ces supporters, dont nous étudierons demain la facette française, si vous le voulez bien.
Morice (de Tourcoing)
L'auteur des articles
N’aime pas les menteurs.
Toujours résistant depuis la même date fatidique du 6 mai.
Et toujours aussi athée.
Source : AGORAVOX
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Lors de cette guerre éclair en Géorgie, nous avons eu notre lot habituel d’information et de désinformation. Le soir venu de l’invasion, sur France 2, Olivier Galzi pouvait nous tracer un tableau cataclysmique des opérations, avec forces images sur les veuves éplorées et les villages saccagés par les Russes, bien entendu. Le couteau entre les dents n’est jamais très loin dans l’imaginaire des gens, et Galzi comme sa confrère de TF1 Florence Schaal jouait alors sur du velours. Pour cette dernière, il est vrai, Beslan, située en Ossétie du Nord, rappelons-le, a été un fameux choc (comme pour tout le monde). On nous avait tellement chanté les vertus des guerres propres, ou plus vu depuis des années un seul reportage sur la vie quotidienne à Bagdad vidée de ses habitants (sur 70 000 expulsés en 2006 seuls moins de 20 000 sont rentrés !) qu’on en avait oublié que les principales victimes d’un conflit ont bien été encore une fois des civils. Comme dans tout conflit récent, où ceux qui savent se protéger sont les militaires seulement.
Le présentateur de France 2 nous parlait alors du "pari perdu de Mikhaïl Saakachvili", comme si l’attaque géorgienne du 7 août avait pu se résumer à un coup de pouce, ou comme si la vie de milliers de gens se jouait à la roulette géorgienne. Pauvre vision des choses, et faible travail d’analyse : l’ampleur de l’offensive géorgienne et celle de la riposte soviétique prouvaient déjà par l’exemple que ce conflit avait nécessité d’intenses préparations des deux côtés. Mais c’est le quotidien télévisuel français de ne pas trop approfondir. Ce qui compte, c’est la formule. Or ce conflit n’est pas un simple coup de poker, ou plutôt l’est devenu de manière totalement irraisonnée. Pour étudier dans le détail ce que tout le monde n’a pas eu le loisir ou le temps de voir, je vous propose ces cinq épisodes.
L’analyse des faits nous démontre que l’attaque de la Géorgie et la réponse cinglante de la Russie ont été programmées de longue date, la Géorgie aidée par deux Etats essentiellement, et qu’au final le président Mikhaïl Saakachvili, par une décision hâtive, a beaucoup perdu dans l’histoire, car, nous allons le voir pendant quatre épisodes encore, la Russie n’espérait pas autant y gagner, à ce conflit éclair et cette décision subite.
Jamais encore les Russes ne croyaient revenir chez eux avec des choses aussi inattendues et aussi importantes : en deux semaines, la Russie a raflé ce que ses propres services secrets n’espéraient même pas découvrir !
Les drones américains viennent bêtement de perdre de leur superbe, en Irak comme en Afghanistan. Et ce n’est pas pour avoir été abattus !
C’est une véritable catastrophe stratégique, que les Américains n’ont aucun intérêt à ébruiter : leur silence sur la question est plutôt signe de profil bas, tant leur colossale erreur est manifeste.
Mais avant de vous l’expliquer, revenons au premier épisode, celui des lance-roquettes d’un autre âge dont l’image terrifiante a marqué les esprits dans ce conflit express. Les orgues de Staline étaient de retour ce 7 août 2008, alors qu’on les croyait définitivement enterrés depuis 1945 (ou depuis Dien Bien Phu !). Les engins et leurs servants.
Rien à la télévision sur les hommes de l’ombre, que l’on découvre deux semaines après dans Le Canard enchaîné, qui décrit que, paraît-il, des "conseillers" américains auraient participé à la tentative géorgienne, notamment en étalonnant les tirs de roquette de 122 mm de type Grad, qui ont été largement employés durant l’assaut géorgien sur Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie.
Un exemple donné par les services des renseignement français des armées, dirigé par l’incroyable général Puga, celui pour qui dix soldats tués est une grande victoire. Un grand classique de l’armement russe, descendant direct des fameuses Katiouchas... Enfin pas tout à fait. Nous allons voir plus loin que ce n’étaient pas des lanceurs russes ni des conseillers "américains".
Les Russes eux-mêmes y répondront le 11 août par leurs tirs d’Ouragans à roquettes de 220 mm, dévastatrices.
Ce matériel destructeur lance des fusées à sous-munitions de mines anti-tanks 9M59 ou des fusées à fragmentation 9M27F pour la destruction de bâtiments. Visuellement, leurs effets vont marquer les médias. Ce type d’engins, des deux côtés, étant en effet non guidé, est particulièrement imprécis et a des effets destructeurs terribles sur les populations et leur habitat, ce qui explique le nombre important de victimes civiles. Des gens le savent bien ailleurs dans le monde, que ces engins de mort tombent au hasard et en sont d’autant plus meurtrières : ce sont les colons israéliens, régulièrement visés par des tirs similaires venant du Hezbollah, qui attend toujours de nouveaux missiles, comme l’annonce la presse israélienne que nous allons amplement utiliser dans cet article. Ne serait-ce que pour prouver que, dans le pays lui-même, cette participation a été reconnue et n’est plus discutable. Visés régulièrement par ces engins, ils en sont devenus les grands spécialistes, contraints et forcés.
Que ce soient les Grad ou de l’autre côté les Ouragans, un pays plus qu’un autre en connaît particulièrement les effets, les dangers et leur manipulation : Israël, régulièrement bombardée par des roquettes Grads d’origine égyptienne ou syriennes pour la plupart. Les armes meurtrières du Hezbollah, qui tombent indifféremment dans les rues, les maisons ou les écoles. Des engins bien répertoriés et biens combattus :"the head of IDF Military Intelligence, Maj.-Gen. Amos Yadlin, told the Knesset Foreign Affairs and Defense Committee on August 24 that with the exception of the long-range Iranian Zelzal missiles, most rockets fired by Hizballah at Israel were taken from the Syrian arsenal rather than from Iran. However, debris from an Iranian-made 240 mm Fajr 3 with a range of 45 km has also been identified. IDF Chief of Staff Dan Halutz told the Knesset Foreign Affairs and Defense Committee on August 16 that Israel was “successful in destroying 90 percent of [Hizballah’s] long-range rockets," précise Harretz. Or, ce qu’il y a de plus étonnant en Géorgie, c’est qu’en fait de conseillers américains, pourtant capables eux aussi de s’occuper de roquettes (Himars), pas mal étaient... Israéliens. Les conseillers en tir étaient à la fois les vendeurs du matériel et en même temps ceux qui sont l’objet d’attaques sur leur territoire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette BlitzKrieg des temps modernes. A force d’en recevoir sur leur tête, les Israéliens seraient devenus les spécialistes des roquettes dévastatrices ? Oui et non : en fait la Katioucha (Catherinette en russe) inventée par Korolev, le père du Spoutnik, est aujourd’hui l’une de leurs grandes spécialités, et ce, depuis longtemps, comme le montre de superbes clichés retrouvés, empruntés à un soldat de Tsahal pendant la guerre du Yom Kippour. Le musée israélien de Beyt ha-Totchan regorge de modèles de lanceurs différents utilisés depuis 1973.
L’implication israélienne dans ce conflit est bien plus prononcée que ce qu’Olivier Galzi a bien pu nous conter dans un style néanmoins moins "people" et léger que Pujadas affectionne tant.
Aidés dans leur tâche par un très jeune ministre de la Défense géorgien, David Kezerashvili, qui parle couramment l’hébreu, les Israéliens ont en effet beaucoup vendu aux Géorgiens ces dernières années. 500 millions de dollars d’équipement militaire ont en effet été achetés à l’Etat israélien, affirme en effet sans hésiter le quotidien israélien Haaretz. La somme est énorme. Via un interlocuteur privilégié, le brigadier général Gal Hirsch, un ancien commandant de la seconde guerre du Liban obligé de démissionner avec fracas après la parution du rapport Winograd sur les graves manquements de l’assaut contre le Liban. Hirsch étant un des grands responsables du fiasco en ayant ordonné les bombardements massifs à l’aide de bombes à sous-munition ou au phosphore. Démissionnaire, il s’était vite reconverti dans le conseil, comme l’ont fait d’autres officiers israéliens dans d’autres pays. Sa société s’appelant Defensive Shield (du nom même de l’offensive au Liban !). Le Middle East Times cite également le maire de Tel-Aviv, Ronnie Milo et son frère Shlomo, ancien directeur d’Israel Military Industries comme autres interlocuteurs privilégiés des Géorgiens, mais aussi une vieille connaissance d’Agoravox, Israel Ziv, rentré fort précipitamment de Colombie dès la libération de Betancourt, début juillet, dans des circonstances encore non élucidées.
Selon pas mal de sources, notre homme aurait bien été fortement impliqué dans la formation des troupes géorgiennes, et a très certainement été rappelé à la hâte avant l’assaut du 7 août. Une fois son travail effectué en Colombie, avec les "forces spéciales américaines" sur place comme nous vous l’avons conté cet été. Car Ziv et les Américains des services spéciaux travaillent depuis toujours la main dans la main. Logique de les retrouver ensemble en Géorgie.
Des réservistes israéliens ont en effet lâché depuis le morceau à la presse israélienne. Et cela, les Russes le savaient car ils ont "scientifiquement" bombardé lors de leur offensive les casernes d’entraînement situées à plusieurs dizaines de kilomètres parfois des zones de combat : "IDF reservists who helped to train Georgian troops said Sunday that they had been unable to contact soldiers who they trained up until a few months ago, but declared that the recent hostilities came as no surprise. Speaking to reporters, the reservists said the bases used to train the troops had been bombed by Russia even though they weren’t located in the area where the battles are taking place". Chez LiveTV, on précise même qui étaient ces "entraîneurs de troupes" : "One reservists identified as "L" told Haaretz that he was hired by Global CST (Comprehensive Security Transformation or “CST International.”), owned by Maj. Gen. Israel Ziv (et Yossi Kuperwasser, je précise), and Defense Shield, owned by Hirsch, about a year ago, right after he left the army". On n’avait pas trop bien compris pourquoi Ziv, qui supervisait on le sait l’opération Jaque, était rentré aussi rapidement en Israël (le jour même de la libération de Betancourt !) dès l’opération terminée : Global CST, son entreprise personnelle, avait déjà d’autres chats géorgiens à fouetter. L’info, donnée par LiveTV, ne souffre donc pas de contradiction. Et LiveTV d’ajouter : "CST is apparently an informal troika of Kuperwasser, Ziv, and Brigadier General Amos Ben-Avraham, a veteran of the army’s elite Sayeret Matkal unit (le contre-terrorisme israélien, celui d’Entebbe, avec Ehud Barak, Benjamin Netanyahu, ou même Daniel Lewin, fondateur d’Akamaï, mort le 11 septembre 2001). CST provides “unique, comprehensive and tailored responses to evolving terror threats,” according to its webpage". Une "expérience unique", celle décrite par le prédécesseur de Ziv en Colombie : Yarel Klein, bien connu également de nos lecteurs d’Agoravox. L’homme ronge toujours son frein... à Moscou, où il est toujours détenu. Les Russes en savent beaucoup plus qu’on ne le pense sur l’implication des mercenaires israéliens qu’ils ne veulent bien le laisser filtrer. Sur place, ne restent que des cadavres de mercenaires d’origine diverse. Selon Moscou, "There were many mercenaries from Ukraine and the Baltic states. We have found dead bodies of African Americans too”, dit le président ossète, Eduard Kokoity. A ce jour, aucune image ne le démontre : nous sommes à nouveau en pleine propagande de la Pravda de la grande époque, côté russe et ses alliés séparatistes. A cette date, aucun mercenaire américain n’a été trouvé. C’eût été de la folie ou de l’inconscience. Il valait mieux pousser en avant des sociétés privées, et tant mieux si elles étaient israéliennes plutôt qu’américaines doit se dire le Pentagone.
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L’implication d’Israël via ses anciens officiers de Tsahal reconvertis en consultants de guerre est donc un fait indéniable dans ce conflit. Milo et son frère sont les représentants officiels de la société Elbit, dont nous avons souligné le rôle fondamental en Colombie : "With the mediation of Ronnie Milo and his brother Shlomo (a former director-general of Israel Military Industries), who represented Elbit Systems, Su-25 ground-attack fighters were upgraded and 18 Skylark mini-drones and five Hermes 450 unmanned aerial vehicles were sold". Or les Su-25 "Scorpion" ont bien été vus comme étant les vecteurs aériens des bombardements géorgiens. Des engins modernisés en 2001, au tableau de bord en LCDs signé Elbit, achetés à l’époque par Edouard Shevernadze, comme on peut le voir ici sur cette vidéo. On verra l’engin prototype aux couleurs de la Géorgie au Bourget en 2001 et en 2003. Un Su-25 qui n’a pas que le tableau de bord "made in Israël". Sous les ailes, on trouve aussi sous ce véritable camion à bombes des engins classiques connus. Des bombes à guidage laser... d’origine israélienne. Les fameuses Elbit Griffin ou Guillotine. Elbit fabrique aussi le système Lizard, à savoir pod de guidage et bombe laser compris. Aux Etats-Unis, Elbit travaille en étroite collaboration avec Alliant Techsystems (ancien Honeywell) sur une roquette guidée de 70 mm. Certains Su-25 géorgiens, trois pense-t-on, ont été abattus durant le conflit, la chute de l’un abattu par des tirs de DCA (à voir son cockpit) ayant été filmée. Et dans la désinformation qui suit les premiers jours de combat, on trouve des images annonçant les "bombardements des Su-25 russes", alors qu’il s’agit bien de l’offensive géorgienne sur Tskhinvali... du tout premier jour des opérations.
Nous verrons dans le prochain épisode combien les radars et les drones ont joué un rôle important dans la montée vers un conflit devenu inéluctable, au point que l’on peut aujourd’hui penser que la Russie a réussi à tendre un joli piège aux Géorgiens et surtout à leurs alliés israéliens et américains en laissant pourrir une situation qui était encore contrôlable en juin dernier. Les Russes avaient un but précis dans cette affaire, et ce n’est pas un but territorial. Nous l’évoquerons dans les troisièmes et quatrièmes volets de cette histoire à rebondissements. Les Israéliens étant eux encore en train de négocier la vente de nouveaux lance-missiles au tout début du conflit : "However, Israel Military Industries’ main and most sensitive deal was the sale of Lynx mobile rocket systems . The rockets can strike within a range of dozens of miles". De même qu’Uribe se fournit en Israël, Mikhael Saakachvili, ce "John Kennedy du Caucase", ambitieux et fantasque (et plutôt couard), plus jeune président jamais élu à 36 ans, fait de même, avec l’absolution des Etats-Unis, ravis d’avoir un tel sous-marin sur place... Comme ce sont des firmes privées, en prime, ça laisse moins de traces. La privatisation des guerres chère à Donald Rumsfeld a des retombées inattendues dans le Caucase. La CIA en profite largement en s’appuyant sur elles. Avec toujours les mêmes procédés.
En plein conflit et en pleins combats, alors que l’espace aérien géorgien est fermé, on découvre qu’une seule compagnie aérienne civile hérite du droit de voler, malgré les dangers évidents à le faire : c’est étrangement... El AL.
"Indeed, Israel’s national airline El Al was practically the only airline to fly into Georgia’s capital Tbilisi after other flights were suspended or grounded. Several hundred Jews were subsequently evacuated to Israel as new immigrants", assure encore Haaretz. De nouveaux immigrants, ou le moyen de rapatrier des troupes discrètement... Israël ne recule devant rien pour mélanger civil et militaire...
L’honneur est sauf, les mercenaires comme ceux de DynCorp en Colombie rentrent au bercail tranquillement. De l’immigration considérée comme moyen de faire de l’extraction de personnes impliquées dans des actes condamnables, on n’y avait pas encore songé (Uribe ayant fait l’inverse en expédiant aux Etats-Unis ces paramilitaires). Israël l’a fait.
Selon le journal Maariv (qui défend "une ligne éditoriale indépendante de la droite nationaliste et s’identifie à une vision libérale", selon Courrier International) "la vente d’arme par Israël à la Géorgie remonte à sept ans, amorcée par l’immigration de citoyens géorgiens en Israël et favorisée par Davit Kezerashvili, l’actuel ministre de la Défense du gouvernement géorgien, juif lui-même, et qui fit une partie de ses études en Israël."
En fait, pour les lance-roquettes, les Israéliens ont donc fait dans le service après-vente en aidant les Géorgiens à les pointer correctement : "les relations d’Israël avec la Géorgie débutèrent dans les années 1990, avec des ventes d’armes légères puis des systèmes d’armes peu complexes. Par la suite, Israël assura la vente de drones, de systèmes anti-avions, des plates-formes lance-roquettes et des systèmes de communications."
Les Israéliens ont depuis longtemps une excellente expérience des lance-roquettes appelés aussi Katyusha. Leurs engins, rustiques, ont été au départ des copies des BM-24 russes capturés lors de la guerre des six jours de 1967. Puis Tsahal a développé une gamme incroyable de lanceurs, adaptés à tout ce qui leur tombait sous la main comme support : camions roumains, chars AMX français de rebut, etc. Leur système actuel GradLar ou BM-21 Grad est bien celui acheté et utilisé par les Géorgiens lors de l’offensive. L’armée israélienne possède toujours aujourd’hui 58 BM-21 de 122 et 36 BM-24 de 240. Un article du fameux spécialiste Jane’s nous prouve la présence de ce matériel en Géorgie, avec la description le 3 mars 2008 d’une parade militaire tenue à Tbilisi le 20 janvier pour l’anniversaire de l’indépendance, où des rampes GradLar montées sur des Mercedes Actros 3341 ont été clairement observées.
Après de longues recherches, nous avons retrouvé les deux clichés qui le prouvent. Vous remarquerez sur les camions les fanions… géorgiens. Ce sont bien des roquettes d’origine israéliennes qui ont été lancées sur l’Ossétie. Eh bien, ce sont les mêmes camions intacts qui ont été capturés par les Soviétiques à Kodori, en territoire Abkhaze le 17 août dernier. Camions israéliens, avions modifiés par les Israéliens, personnels formés par les Israéliens, roquettes et bombes israéliennes. Difficile de nier l’implication directe du pays à l’étoile à 6 branches dans ce conflit.
Le président géorgien a été bien imprudent en se laissant embarquer dans ce conflit par ses amis israéliens et américains. On va voir à quel point dans les deux épisodes suivants. Il n’y a pas que la Géorgie qui vient de perdre dans cette bataille impossible à gagner pour elle : les Israéliens ont joué perdant et les Américains également, en offrant à la Russie de Poutine, cet ancien du KGB à qui on ne la fait pas, une occasion inespérée de grever le fonctionnement même des armées américaines dans les semaines ou les mois à venir. Les Américains et le président géorgien n’avaient pas pensé à une réaction aussi rapide et aussi organisée des Russes. Et les Russes n’avaient pas imaginé autant en profiter et faire autant de découvertes aussi étonnantes. C’est que nous aborderons dans les quatre épisodes suivants, où nous parlerons essentiellement radars, drones et télécommunications.
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Se préparer à la guerre, ça s’organise à l’avance. Trois années minimum. La liste des achats de matériel de la Géorgie depuis 2004, juste après l’avènement au pouvoir de Mikhail Saakashvili, après une réélection... disons contrastée, est nettement plus longue que la liste de courses de la ménagère moyenne. Elle démontre clairement une volonté avant tout offensive et non défensive, c’est très clair, ainsi que celle de vouloir en découdre sur terre et non dans les airs. En 2003, la Géorgie a acheté tout d’abord six lanceurs de roquettes de 122 mm à 8 roues RM-70 MLRS, aux Tchèques de chez Konstrukta, des engins dévastateurs abondamment filmés durant l’assaut d’août 2008, qui s’ajoutent aux lance-roquettes israéliens déjà décrits dans l’épisode précédent. Les engins venaient juste d’être modifiés pour lancer aussi des roquettes de 227, devenant ainsi compatibles avec les autres lanceurs des troupes de l’Otan. L’un des soucis majeurs du gouvernement géorgien, en effet, dès 2003, est d’acheter du matériel "compatible Otan", même si l’entrée dans l’organisme lui est refusée le 2 avril par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, mettant en fureur son président, à se demander si l’offensive ratée décidée sur un coup de sang n’avait pas servi avant tout à accélérer le processus. L’orchestration actuelle de manifestation de rues anti-russes en est l’expression évidente : Saakashvili, sait aussi mettre en scène sa propre défaite.
En 2004, les achats se poursuivent et augmentent dans de très fortes proportions : 12 canons Howitzers autonomes de 152 à l’Ukraine, un Mil Mi-35 ouzbèke, 20 transports de troupes BTR 40 BMP-2 APCs, 14 mortiers bulgares de 120-mm, et en 2005 six hélicoptères d’attaque Mi-24B/P et 2 Mi-8MT ukrainiens, 31 chars T-72 venant d’Ukraine et de Tchéquie, 25 mortiers tchèques et bosniaques de 120 mm, 20 BTR-80, des transports blindés et armés à l’Ukraine encore. En 2006, les achats continuent à un rythme effréné : 30 canons à remorquer 122-mm D-30 et 12 énormes autonomes de 152-mm “Dana” de Tchéquie (devenus depuis MORDAN ), que l’on verra parader dans la capitale en 2008. Tout cela a bien entendu un prix : le budget géorgien pour la défense a explosé dans des proportions inimaginables, et a même multiplié par trente en six ans ( ???), passant de 20 petits millions de dollars en 2001 à 734 millions en 2007 pour atteindre 900 millions en 2008. 4 millions d’habitants, des retraites qui ne dépassent pas 10 euros, 13 % de chômeurs... et malgré tout l’achat d’un pareil arsenal ? Mais où le gouvernement géorgien va-t-il donc chercher l’argent ? Et comment se fait-il que l’homme qui est responsable de tous ces achats, le ministre de la Défense géorgien, Davit Kezerashvili, soit âgé de 29 ans seulement ? Face à l’adversaire russe expérimenté, était-ce le plus indiqué ? N’aurait-il pas un peu trop facilement laissé ouverte sa porte ? "His door was always open to the Israelis who came and offered his country arms systems made in Israel. Compared to countries in Eastern Europe, the deals in this country were conducted fast, mainly due to the defense minister’s personal involvement," dit Ynet News. C’est au niveau de la Roumanie comme budget, à peu près, peut-on dire, certes, mais qui a cinq fois plus d’habitants ! Trente fois moins encore que la France, mais aussi le 17e budget au monde hors ex-URSS (40 milliards) et hors Israël. Et ça représente le 1/6e du PIB du pays, largement au-dessus d’Israël, réputé comme un des plus dépensiers en armement (49 milliards de shekels de dépenses militaires en 2008, soit 13,5 milliards pour 140 milliards de PIB, soit le dixième environ).
Le PIB du pays a beau être passé de 3,2 milliards en 2001 à 6,4 milliards de dollars en 2005 (il en faisait 10,5 en 1985), cela n’explique pas totalement où le gouvernement de Géorgie est allé chercher tout l’argent nécessaire à l’achat de ces coûteux équipements ! On cite 143 % d’augmentation du budget militaire en 2005 ! Dont 15,6 millions d’euros rien que pour la base de Sénaki ! Avec déjà pour Sénaki et Gori de sérieuses inquiétudes sur le choix de leur localisation "Aux yeux de nombreux observateurs internationaux, la localisation même de ces deux bases n’est pas anodine. Elle soulève, du moins, des questions et fait planer le doute. Car la base de Senaki est située à 40 kilomètres seulement de la frontière du confetti séparatiste abkhaze ; celle de Gori ne sera, elle, séparée de Tskhinvali, la capitale de la République sécessionniste d’Ossétie du Sud, que par une trentaine de kilomètres". Dès 2005, on savait déjà quels seraient les objectifs du conflit futur : "ces bases sont autant de signaux négatifs pour les deux Républiques non reconnues d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud qui accordent déjà peu de crédit aux intentions déclarées du gouvernement géorgien." Un document nous donne un embryon d’explication sur la provenance des matériels : la Géorgie s’est fait largement aider par les pays de l’Otan, tous fournisseurs de ces armes, et par une sérieuse aide financière américaine. "Pour aider au processus de transformation de l’armée géorgienne, les États-Unis financent, avec 64 millions de dollars, un programme d’entraînement et d’équipement (Georgian Train and Equip Program, GTEP). À ce jour, deux bataillons ont terminé avec succès un parcours d’entraînement. Les soldats ainsi qualifiés auront un contrat de trois ans et demi et recevront entre 180 et 360 dollars par mois, ce qui correspond aux salaires les plus élevés au sein de l’armée géorgienne" lit-on déjà en 2003". Les 3/4 de ses chars proviennent de l’Otan. "Georgia has received 206 tanks, of which 175 units were supplied by NATO states, 186 armored vehicles (126 from NATO), 79 guns (67 from NATO), 25 helicopters (12 from NATO), 70 mortars, ten surface-to-air missile systems, eight Israeli-made unmanned aircraft, and other weapons. In addition, NATO countries have supplied four combat aircraft to Georgia". L’autre point à noter étant la balance en faveur des équipements d’attaque par rapport à ceux de défense, assurée par seulement 5 canons quadritubes SU-23-4, 12 affuts de DCA ZU-23-2, 4 obusiers de 100 et 4 de 57 comme canons anti-aériens. C’est fort peu. Le but visé n’est manifestement pas de se défendre de l’encombrant voisin russe... ce qu’on ferait au départ, logiquement. "It was clear that too many unmistakable Israeli systems in the possesion of the Georgian army would be like a red cloth in the face of a raging bull as far as Russia is concerned", dit encore YnetNews.
En complément, des batteries de S-200 SA-5 Gammon ont été achetées à la hâte et en secret en 2007 à l’Ukraine, bel et bien la plus grande pourvoyeuse en armes du pays et bien aussi la plus fidèle alliée des Américains. Des engins SA-11 Buk-M1 (basse altitude) et Tor-1M moyenne et basse ont été aussi achetés tout aussi tardivement sinon en dernière minute. Comme si l’on prévoyait des représailles aériennes après une première offensive. Très sophistiqués, ces matériels de dernière minute seraient à l’origine de la chute d’un énorme TU-22RM russe de reconnaissance en Géorgie. En plus de ça, une aide américaine directe s’est ajoutée. Les États-Unis ont fourni également 10 hélicoptères UH-1H "Mohawk", 2 bateaux patrouilleurs de type "Point" (ceux des gardes-côtes américains !), et leurs pièces détachées et 230 véhicules divers, dont 15 "Humvees", notamment de communication, et 101 stations de radios... des sujets aujourd’hui fort intéressants pour les Russes, nous verrons plus loin pourquoi exactement. À noter l’omniprésence dans les achats de l’Ukraine, dont le président, marié à une Américaine, Cateryna Clare Tchumatchenko, et possédant - paraît-il - lui aussi la nationalité américaine, a joué un rôle important dans les fournitures des dernières semaines. Beaucoup soupçonnent la seconde épouse de Viktor Iouchtchenko, ancien président de la Banque nationale, d’être un agent de la CIA. L’appui de l’homme d’affaires George Soros n’étant pas négligeable dans l’affaire, toujours ravi de déstabiliser un peu plus la Russie. Comme par hasard, le 23 août, Iouchtchenko, dans son discours pour l’anniversaire des 17 ans de son pays, se servait des récents événements pour appuyer davantage son adhésion à l’Otan, demande bien enregistrée par Dick Cheney. Les ventes d’armes de son pays à son voisin n’étaient pas totalement désintéressées : et pour ça, montrer un Moscou belliqueux est une idée qui semble plutôt bien marcher. À ce jour, c’est lui le grand bénéficiaire du conflit : les Américains ont promis par la voix de Condolezza Rice d’éponger 25 millions de dollars de matériel militaire perdu et ses affaires risquent fort de devenir florissantes dans les mois à venir. Pour le New York Times, l’armée géorgienne reconstruite pourrait même être plus... importante. Et les dépenses futures également : pour mettre en place une aviation de défense correcte dans le pays, les besoins sont estimés à 9 milliards de dollars. Une fois et demie le PIB du pays... selon le journal, il faudra aussi songer à réformer... l’organisation de cette armée et se choisir d’autres chefs militaires, dont certains semblent avoir surtout présenté des prédispositions pour la fuite. "One senior Western military official said that one of the country’s senior generals had fled the battle in an ambulance, leaving soldiers and his duties behind." Davit Kezerashvili ne devra pas se contenter de coûteux jouets cette fois... et ne surtout pas prendre exemple sur son président, qui lui aussi est atteint parfois de peur panique dès qu’il voit un avion dans le ciel.
Dans le cadre de l’opération "Providing military assistance to military needs foreign States" les États-Unis ont accordé 30,6 million dollars de prêts bancaires, et 10 millions de plus pour préparer l’intégration directe à l’Otan en harmonisant notamment les munitions comme on l’a vu. Les Français, toujours à l’affût, ont bien tenté d’avoir une toute petite part du gâteau géorgien en proposant 4 Mirages Dassault dotés de missiles air-sol, et le projet de vendre deux corvettes "Combattante-2" lance-Exocets comme celles vendues à la Gréce, mais les événements récents viennent de tout geler semble-t-il. À signaler que lorsque les Américains envoient un bateau d’aide humanitaire en Géorgie, après les combats, l’U.S. Coast Guard Cutter Dallas (WHEC 716), ils l’intègrent à la Combined Task Force 367 et le font suivre par un destroyer lanceur de missiles, l’ USS McFaul (DDG 74). Ou mieux encore : on apprend le 5 septembre qu’une nouvelle livraison humanitaire sera faite non pas par un bête cargo, mais par l’USS Mount Whitney. Un bateau à l’allure anodine, mais bardé d’antennes et de capteurs : ce n’est autre que le meilleur navire d’écoute que possède les États-Unis ! "Chargé d’intercepter les communications, de collecter le renseignement, de coordonner les actions avec les autres unités américaines et enfin de lancer les opérations dans la région" nous apprend un site informatif. Les livraisons humanitaires d’USAID tournent à la provocation pure et simple. Ce qui n’a pas échappé aux Russes, restés vigilants, qui invoquent à juste titre la convention de Montreux de 1936 sur les détroits en rappelant à l’ordre la Turquie. Le Mount Whitney, qui a eu comme commandant l’amiral Mike Mullen, est en effet un engin de collecte d’information et de commandement "the most sophisticated command, control, communications, computer and intelligence ship ever commissioned". Il est équipé de l’Area Air Defense Control System (AADC), qui a été qualifié par ce même Mullen d’être "the air defense capability of the future". Inventé par l’Applied Physics Laboratory of Johns Hopkins University et installé par Science Applications International Corp. Inc. (SAIC), c’est un outil de représentation du champ de bataille en 3D, capable d’afficher plusieurs armées différentes à la fois. "The AADC module is an advanced planning and execution tool for a commander to perform duties as the area air defense commander during a joint or combined operation. A significant improvement in automation allows reduction in the size of the staff that would be required to perform this role. The 3-D representation of the battle space, coupled with the easily understood track symbols greatly increases situational awareness and understanding. Air defense plans can be tested by computer generated threats within minutes, adjusted and then tested again". Ce qui vient d’entrer à Poti permet aux États-Unis de préparer la carte d’identité des avions russes tentant de franchir l’espace aérien géorgien. Le système est lié aux lance-missiles AEGIS, dont une douzaine ont reçu l’autre partie du AADC. C’est bien un vaisseau de guerre, d’écoutes et d’espionnage et de lui avoir fait amener l’aide humanitaire est un leurre digne des pires moments de la guerre froide. Son arrivée rapide démontre que les Américains tentent de pallier au plus pressé en essayant au plus vite de savoir l’état des lieux des radars géorgiens, comme nous le verrons dans l’épisode précédent. Pour tenter de colmater les brèches, ils réalisent en quelques jours l’interconnexion des radars géorgiens subsistant avec ceux de l’Otan, intégrant déjà dans les faits quelque chose qui avait été refusé à Saakashvili il y a quelques mois. Bernés par Poutine, les Américains, dans le Caucase, font du sur-place.
Le contenu du garde-côte prête malheureusement à sourire : "Dallas is carrying more than 76,000 pounds of supplies, including soap, shampoo, toothbrushes, baby wipes, toilet paper and other necessities." On bombarde, et après on livre du shampooing pour s’excuser ?
Sans oublier que celui qui débarque cette aide n’est autre que Douglas Menarchik, "Acting Assistant Administrator for Europe and Eurasia d’USAID", au passé de "pacifiste" bien connu.
Ancien pilote de la pire machine à tuer américaine du temps du Vietnam (le C-119 Gunship), il utilise le paravent de l’aide humanitaire pour mieux cacher ses amis de la CIA. Bossant aujourd’hui dans l’humanitaire après avoir écrit Powerlift-Getting to Desert Storm, le livre de référence du déploiement militaire américain durant la première guerre du Golfe !
Un homme résolument partisan de ce fameux "nouvel ordre mondial" tant décrié : "The author uses the six-month buildup to Desert Storm as proof that the United States needs to increase the priority of logistics in strategy and improve its strategic transport capabilities, especially "surge" strategic lift. Current transport capabilities will not be positioned or structured to respond effectively to the contingencies associated with America’s growing responsibilities given the realities of the New World Order."
L’homme tout désigné pour rapatrier fissa les soldats géorgiens déployés en Irak... pour venir combattre les Russes, Humvees comprises... C’est ce qu’annonce d’ailleurs la TV du Pentagone, avec une Claire Chazal brune en uniforme...
Des soldats qui fuiront l’arrivée des Russes à grandes enjambées : "No one disputes that the army succumbed to chaos and fear, which reached such proportions that the army fled all the way to the capital, abandoning the city of Gori without preparing a serious defense, and before the Russians had reached it in strength. It littered its retreat with discarded ammunition." Laissant derrière eux un matériel conséquent et surtout fort compromettant.
Déjà, l’arsenal accumulé était impressionnant. N’importe quel observateur aurait pu se douter d’une préparation à l’offensive terrestre avec un matériel pareil. Certains l’ont fait en temps et heure en annonçant à l’avance ce conflit. Mais avant de pouvoir l’utiliser pleinement, il fallait effectuer auparavant des reconnaissances aériennes, pour obtenir la plus complète cartographie possible... les Géorgiens ne disposant pas d’avions espions, il est logique de voir entrer en scène... les drones.
Et là, nous retombons sur les Israéliens, passés maîtres en la matière. Et une fois encore, dans des proportions assez étonnantes. Dans une interview donnée au Times en avril dernier, le président Saakashvili évoquait le chiffre de... quarante appareils Hermes 450 achetés par son gouvernement. Équipés d’un radar signé Elbit, à l’origine un AN/ZPQ-1 TESAR (Tactical Endurance Synthetic Aperture Radar) de chez Northrop Grumman. Sachant qu’un Hunter2 israélien vaut déjà 22 millions d’euros, un Heron 50, un Heron TP 100 millions, calculez le prix d’un seul Hermes d’Elbit Silver Arrow acheté aux Israéliens, qui les appellent "Ziq"... les Anglais l’ayant appelé Watchkeeper. Des Anglais qui en sont à 700 millions de livres pour 54 machines soit 13 millions de livres pièce (16 millions d’euros). La Géorgie aurait donc investi pour 640 millions d’euros dans les drones, soit les 2/3 de son budget total des armées ? Pourquoi un tel investissement, si son président ne ment pas ? Et pourquoi les 40 drones n’apparaissent-ils pas dans ce fameux budget des armées ? Qui paie vraiment ? Pourquoi autant d’appareils que la Grande-Bretagne ou presque pour un pays de 4 millions d’habitants ?. Nous n’aurons pas à ce jour la réponse à toutes ces questions : on trouve bien des textes sur 5 puis 8 commandes d’Hermes, mais aucun pour 40 qui semble dépasser les capacités de production même du constructeur. Tout ce que l’on sait, c’est le nombre de drones abattus : 7 rien qu’en trois mois selon les Abkhazes, 3 selon les Géorgiens : "The Abkhaz side has claimed that it shot down a total of seven Georgian drones over Abkhazia in a period between March 18 and May 12. The Georgian side has confirmed that three of its drones were shot down. Tbilisi also says that its drones were targeted by Russian military aircraft or air-defence system “BUK”- SA-11 Gadfly . Sur le cas de celui de Sukhumi, le 12 mai, aucun doute : c’est bien un Hermes qui a été abattu en pleine ville. Et bien la preuve déjà que les Géorgiens s’attendaient à des combats de rue au milieu des civils.
C’est que l’enjeu de l’Hermes est double, voire triple : les drones américains dont vous a parlé Charles Bwele ne sont compatibles qu’avec des matériels américains, mais pas l’Hermes, résolument tourné vers... l’Otan !
L’engin a en effet été essayé au US Naval Air Station de Fallon, et au Joint UAV Test and Evaluation Centre dans le Nevada, pour ces qualités de vol, pour être ensuite être essayé à l’US Network Centric Warfare (US NCW) et conjointement ensuite chez les Anglais, au UK Network Enabled Capability (UK NEC), pour vérifier sa pleine compatibilité avec les stations de pilotage à distance... de l’Otan.
L’engin est, pour cela, au final, connecté à un satellite américain. L’engin de l’Hermes est donc capital pour les Américains et les Israéliens. Capital... et néanmoins un échec en Géorgie : les Ossètes en ont abattu, les Abkhazes également, mais le meilleur exemple reste celui d’un de ces Hermes géorgiens filmant sa propre mort au-dessus de la mer Noire, abattu par un missile lancé d’un Mig-29 russe... la vidéo l’atteste : l’engin s’est fait tirer comme un canard en plein vol. L’image ahurissante avait été montrée par l’armée géorgienne comme preuve de l’ingérence russe sur le territoire géorgien, alors que visiblement l’attaque avait eu lieu au-dessus de l’eau... où patrouille depuis toujours la flotte russe.
Les Abkhazes s’étaient mollement défendus à l’occasion, en affirmant que c’était un L-39 (d’entraînement ?) mono dérive qui avait abattu le drone. Or, visiblement, l’avion attaquant était bien muni de 2 dérives et ressemblait comme deux gouttes d’eau à un Mig-29... quant à savoir s’il s’agissait de sa version navale, impossible à dire. Le drone lui étant trahi par son train d’atterissage : c’était bien un Hermes à 16 millions d’euros pièce, filmant lui-même sa propre fin.
L’engin a un autre intérêt encore : ce sont les mêmes qu’utilisent les Israéliens pour suveiller les départs de missiles de la bande de Gaza, et qui sont désormais capables de lancer des missiles, de type Rafael Spike-ER (extended-range) comme le Predator américain lance lui ses Hellfires. L’engin a été choisi par les Espagnols sur leur Tigres. Ce sont les mêmes toujours qu’avaient utilisé les Israéliens avant de bombarder le Liban en 2006, offensive décidée par un des conseillers israéliens reconverti en formateur de soldats géorgiens. Les Américains ont déjà testé un dérivé de l’Heron doté de 4 HellFires, le Hunter2. La Géorgie a donc servi de test en nature pour un prochain conflit européen, et l’essai de drones effectuant le même travail que les Predators américains au Pakistan. Les indépendantistes européens de tout poil sont prévenus. S’ils ne veulent pas finir comme les chefs d’Al-Qaïda, tués un par un par missile lancé de drone, ils n’ont plus qu’à se méfier. L’Otan se chargera d’eux... sous la houlette des États-Unis, responsables finaux des communications via le satellite et via les systèmes d’armes, y compris les avions.
La mainmise américaine en matériel devient à ce stade démentielle : la France, fort hésitante en ce qui concerne son choix de drones, subit en ce moment même le forcing incroyable d’un lobbying présent jusqu’au fond du Sénat. Un lobbying qui n’hésite pas à présenter le choix anglais de l’Hermes 450 Watchkeeper comme "pragmatique"... un rapport édifiant montre cette implication des vendeurs de matériels, contenant des phrases comme "Les apports cumulés du Watchkeeper et d’une plus grande implication de la France dans le programme AGS de l’Otan conféreraient à notre pays une capacité de renseignements conciliant celle du drone tactique et du drone HALE, donc nettement plus développée que celle offerte par EuroMALE."
En résumé, réintégrer l’Otan, c’est s’équiper pareil... l’indépendance des forces armées françaises n’existera plus nulle part. Le jour où les Américains décideront de changer de fréquence ou de satellite, les Français hériteront de drones... inopérants.
Un de Gaulle aurait compris qu’il ne fallait pas s’engouffrer dans cette voie qui nous fait perdre totalement notre indépendance militaire. Son successeur actuel reste sourd à ces appels, ou plutôt a déjà choisi de faire plaisir aux lobbys davantage que d’avoir la garantie de la défense de l’indépendance de l’État. En ce sens, c’est de l’irresponsabilité.
Une fois les drones lancés, ils peuvent cartographier et préparer l’attaque. En juillet, le président Abkhaze annonce à Sukhumi sa capitale être tombé sur un plan d’invasion géorgien. "The plan (developed by Georgia’s Defense Ministry) has been obtained by the Abkhaz military intelligence services and clearly demonstrates that Georgia intended to occupy... the entire territory of Abkhazia". Le plan est clair et assez sophistiqué : "Bagapsh claimed Georgia, whose leader, President Mikheil Saakashvili, hopes to join the U.S.-led NATO alliance, considered organizing two simultaneous military attacks against Abkhazia out of the Kodori Gorge and the Zugdidi region, and also to attempt amphibious landings at the same time at the Abkhazian-controlled ports of Ochamchira, Sukhumi and Gagra. He claimed Georgia had concentrated 2,000 troops in the Kodori Gorge and boosted its overall forces facing Abkhazian territory to 12,000 men since April, RIA Novosti said. "These actions are aimed to destabilize the situation in the zone of the Georgian-Abkhazian conflict and to prepare the international community for possible aggression against Abkhazia."
En avril, tout était déjà en place, donc. Avec un seul défaut au plan : tout était axé sur les actions au sol. Un mois après on était fixé : l’aviation géorgienne inexistante n’a rien pu faire face au rouleau compresseur aérien russe, laissant aujourd’hui les soldats blessés fort amers. "We couldn’t handle it. The troops were very well prepared, but the air forces of Russia destroyed everything," dit un soldat, "Russian air superiority was crucial. The Georgians were unable to cope with their air defense system," analyse un spécialiste. "Aviation played the main role. The soldiers told me that everything went wrong as soon as the planes moved in."The operation was well organised but the conception of our army, the type of weapons bought by our army and the type of priorties we had was not that well thought out" dit encore un autre. Les simples soldats capturés sont plus fins stratèges que le dirigeant du pays. Le "Kennedy du Caucase" n’avait donc pas compris que l’aviation était la reine des guerres modernes ? Il s’était pris pour Napoléon et ses batailles au canon et à la baïonnette ? Cela reste incompréhensible. À moins d’avoir été jeté dans la gueule du loup par ses propres alliés, désireux de savoir comment la Russie allait réagir en cas d’attaque conventionnelle. Ou de se débarrasser d’un autre problème en souhaitant... embarrasser Israël, qui comptait bien recevoir en échange de son investissement sur le terrain un précieuse compensation. Du type l’attaque de l’Iran grâce à l’emploi de terrains d’atterrissages géorgiens... Saakashvili, dans ce cas a bien été berné sur toute la ligne en envoyant ses soldats au casse-pipe. Il s’attendait ferme à être secouru par W. Bush qui n’a pas bronché au dernier moment. Le matamore a perdu, parce qu’on voulait aussi qu’il perde. À trop écouter les sirènes des services secrets américains...
Le gouvernement géorgien et son "pompier pyromane" plutôt naïf s’est laissé embarquer dans un conflit perdu d’avance, cela tous les observateurs le pronostiquaient. Mais il a fait pire encore, en se laissant berner par la stratégie russe, très élaborée, qui ne visait pas qu’à répondre à son attaque, mais à s’emparer au plus vite d’éléments essentiels de sa défense. Nous verrons dans les deux épisodes suivant à quel point on peut parler de désastre, y compris pour des Américains imprévoyants.
L’Ours russe s’est réveillé après un long sommeil forcé. Et un ours qui sort d’hibernation est rarement tendre avec ce qu’il trouve sur son chemin.
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AIR-DEFENCE MISSILE LAUNCHER 9K33 "OSA"( 9A33 -CARRIER, 9M33 - MISSILES) (SA-8 GECKO)
Photo by Alex Kuznecov, Central Artillery Museum, St.Petersburg, Russia
En entrant comme ils l’ont fait dans le pays, comme on vous l’a dit, ç’est à dire à toute vitesse, les Russes vont faire des découvertes. Et pas des moindres, car il semble bien qu’ils avaient déjà une idée derrière la tête en fonçant sur certains objectifs précis.
L’une des plus intéressantes, sans nul doute, est la capture de six 9A33 OSA "Gecko".
Un engin assez incroyable : imaginez une station radar amphibie à partir d’un châssis de Zil-157, le camion le plus répandu en ex URSS, et lui-même souvent vecteur de batterie Grad, cette fois muni d’une batterie de missiles anti-aériens et d’un radar de tir.
Drôle d’engin... qui n’avait pas été répertorié dans l’inventaire de Jane’s du matériel de l’armée géorgienne.
En 1999, l’engin avait été crédité de meilleur chasseur d’avions volant bas, à 25 m, mais capable aussi d’en repérer jusqu’à 5 000 m d’alititude. Les engins proviendraient... d’Ukraine, selon Jane’s, et auraient été achetés à la hâte assez récemment, dans la crainte de représailles aériennes russes à une offensive georgienne.
Leur découverte est une (demi) surprise et provoque le 13 août la fureur (légitime) de Moscou : "Il y a pratiquement une semaine, un grand convoi d’aide humanitaire russe est parti pour l’Ukraine. Lorsque nous apprenons que l’Ukraine octroie de l’aide militaire pour l’extermination des citoyens russes, on a du mal à comprendre", a indiqué le ministre russe lors d’un duplex Moscou-Vladikavkaz".
L’Ukraine orange, grande alliée des américains, à joué un terrible double jeu que Moscou se complaît à rappeler. Tout en étant elle-même cliente de l’Ukraine, notamment pour ses missiles (L’Ukraine fabriquait des missiles balistiques pour l’URSS). Des S-200 ou S-300 notamment, redoutablement efficaces, même quand ils se trompent de cible... la Russie en sait quelque chose. Vous allez me dire mais ça ne sert à rien aux russes, de récupérer un matériel qui provient au départ de leur usines (au temps où l’Ukraine était russe) ? Et bien si, car ce n’est pas exactement ça. Les modèles récupérés sont des S8, modèles modifiés récemment en Ukraine, autre nouvel ami des américains, qui présentent deux innovations importantes. Celle d’avoir des missiles plus petits et plus efficaces enfermés désormais dans un caisson, et surtout d’être munis d’un détecteur et d’une antenne IFF travaillant entre 1030 et 1090 mhz. Un détecteur IFF est un détecteur d’Identification, Friend or Foe (IFF), à savoir un système crypté pour savoir si l’avion qui approche est ami ou ennemi. Vous suivez toujours ? Dans ce cas vous avez déjà compris : les OSA Georgiens sortaient tout juste de grandes manœuvres le 17 juillet dernier, au nom assez prémonitoire (à rebours) "Immediate Response 2008" avec... les Etats-Unis, la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Arménie... et la présence d’avions américains dans le ciel géorgien.
Un exercice tenu à la base Vaziani, ancienne base russe, près de Tbilissi, ayant coûté la bagatelle de 8 millions de dollars. Une base où avait été pris en photo le 23 avril 2005 le précédent ministre de la défense, Irakly Okruashvili, suspecté depuis d’avoir ourdi un complot contre Saakashvili en l’accusant d’avoir fait éliminer physiquement des opposants. Le système IFF des OSA devait encore contenir les directives pour reconnaître les avions US et ne pas leur tirer dessus. Imaginez maintenant que cela tombe aux mains des russes. C’est inespéré, et c’est très certainement ce qui s’est produit. Même si on a effacé à la hâte des données des mémoires des ordinateurs de tir, on peut faire confiance aux Russes pour décrypter ce qu’il voudront retrouver. La perte de six OSA est une catastrophe pour... les américains : désormais, on connaît leurs gammes de fréquences d’approches "amies". Leurs avions sont désormais détectables et "brouillables" surtout . C’est catastrophique pour eux. Pendant que se tient l’exercice, et depuis trois ans au moins, sur une autre base, on démantèle de vieux stocks russes. C’est à Ponichala, qui a bénéficié comme Vaziani d’une aide de 478 000 euros financés par l’Otan pour démantibuler les vieux missiles, dans lesquels ont trouve de tout. Vraiment de tout. Du sol-air... à l’air-sol... consciencieusement enfermés dans des cylindres d’acier, sous gaz neutre souvent, et démontés pièces par pièces avec moult précautions ou parfois moins. Une véritable aubaine aussi pour les amateurs de pièces détachées. Et à Ponichala, en 2005, on découvrait encore autre chose... sur la fameuse route de la soie, on trouve aussi de la poudre blanche et non seulement de la noire.
Une mésaventure, cette découverte de fréquences, qui rappelle d’autres événements historiques du même acabit. En 1973, lors de la guerre du Kippour, celle-ci avait fort mal démarré pour les avions israëliens qui perdirent 105 avions sur 488 à cause des missiles SAM 6 nouvellement installés. Et de leur nouvelle fréquence de guidage de départ, qui avait été relevée par rapport aux autres missiles précédents. Les américains et les israëliens n’en connaissaient que 4 sur 6 de fréquences, les égyptiens n’ayant utilisé la plupart du temps que les 2 nouvelles, une en "G" à basse altitude et une en "H" à haute altitude. Les radars de Panthom israëliens ne pouvaient plus les détecter, ou du moins arriver à les brouiller, leurs fréquences étant trop hautes. La maîtrise des fréquences de l’adversaire est primordiale, et le gouvernement inepte de Georgie vient d’en faire cadeau à l’URSS. En 1973, Les israëliens on dû bricoler des lances-leurres type papier chocolat comme au bon vieux temps de la seconde guerre mondiale pour s’en sortir, puis des leurres plus sophistiqués pour feinter les auto-directeurs à infra-rouge, le SAM6 sachant en phase finale d’attaque se verrouiller seul sur les émissions de chaleur de l’adversaire.
Mais l’OSA avait aussi défrayé la chronique d’une toute autre manière... le 10 août dernier en Israël encore... avec l’assassinat du chef des armées syriennes, l’omniprésent Brigadier-General Mohammed Suleiman, accusé d’avoir donné au Hezbollah justement, une batterie de SA-8. L’homme, en réponse, avait été tué de quatre balles dans la tête à partir d’une vedette rapide évoluant près de la côte : la signature évidente des services secrets israëliens. L’OSA représente bien un terrible danger pour Israël et ses F-16. Détenteurs d’une batterie de missiles... et des codes d’identification amis-ennemis américains, désormais, à défaut d’être israëliens, à moins que les israëliens d’Elbit se soit mis en tête aussi d’intervenir sur la batterie.. géorgienne !
On le voit, la perte des six OSA aux codes américains est une DOUBLE catastrophe, une pour les Etats-Unis et aussi une pour israël. Saakashvili n’a absolument pas pesé la portée de son acte insensé. Il peut bien en dévorer sa cravate. Et Poutine s’en offrir une nouvelle : l’expédition ratée de Tchétchénie est oubliée.
Vous vous souvenez du super article de Charles Bwele ici à propos du raid des israëliens sur une infrastructure syrienne décrite comme étant un réacteur nucléaire ? Les avions de Tsahal avaient réussi à leurrer les nouveaux lance-misslles Thor récemment installés, les mêmes que ceux achetés par l’Iran. Le Thor n’est qu’une amélioration du principe de l’OSA. Les iraniens peuvent aujourd’hui ne plus craindre l’arrivée des F-16 israëliens : leurs Thor reconfigurés, qui savent tout désormais des chasseurs ennemis, ne se feront plus berner ni brouiller, et en revanche pointeront facilement sur les F-16 aux étoiles à six branches. La capture des OSA rend une attaque iranienne beaucoup plus complexe pour israël comme pour les USA. La capture de tels appareils est donc bien une véritable aubaine pour les russes. Et un revers monumental pour Saakashvili. Un bloggeur peut bien écrire : "En fait, le cessez-le-feu n’est réellement intervenu qu’une fois que les Russes ont atteint leurs objectifs politiques et militaires, laissant au bouillant Mikheïl une Géorgie plus affaiblie que jamais, renforçant leurs pions abkhazes et ossètes, galvanisant l’opinion publique russe autour de la défense des « frères ossètes massacrés » et exaltant un nationalisme victorieux qui efface le syndrome tchétchène". La bourde présidentielle ne fait déjà plus recette. Le grand perdant, c’est bien lui. Et la grande gagnante peut être bien déjà sa grande rivale Nino Bourdjanadzé.
Mais une guerre, ça se prépare autrement qu’avec du matériel militaire. Il faut aussi marquer les esprits. Rien de tel qu’une belle histoire d’agression de l’adversaire pour embarquer l’opinion encore réticente ("Ils nous ont attaqué, ripostons !"). Les Géorgiens s’y sont appliqués pendant ces derniers mois avec force exemples. Tout commence avec des débris de missiles. En 2007, il y a un an jour pour jour avant l’offensive à Tsitelubani, en Georgie, dans le district de Gori, près de la frontière Ossète, tombe un énorme missile. Pour les géorgiens, c’est sûr, le missile est un Raduga russe Kh-58 ARM. Au vu de la forme des dérives restantes, ça semble exact. C’est un des rares a avoir pareille configuration avec ailes fixées au milieu du corps. L’engin long de 4,80m, est un gros missile anti-radar de 640kg. Emoi de la communauté internationale : le missile serait russe. Des marquages l’attesteraient. Des marques bien visibles qui révèlent aussi une date : 1992. Automatiquement, la Georgie insiste sur le missile est l’avion largeur : ce serait un Fencer Su-24, susceptible de pouvoir larguer pareil engin. On est un peu surpris, même si dans les faits le SU-24 a déjà été présenté comme étant capable de le faire. Ainsi d’ailleurs que le Mig 25BM chez les russes. Mais on comprend vite pourquoi cette insistance et cette proposition : dans l’arsenal géorgien, point de Fencer. C’est donc bien un missile russe, obligatoirement, qui a été largué d’avion, qui a donc dû violer l’espace aérien géorgien ! Seulement voilà. Un simple Frogfoot Su-25, que possède bien la Georgie peut aussi en larguer (sans savoir ensuite le guider, à moins de s’équiper d’un pod de de suivi ce qui est aussi possible). Ou mieux encore : le 17 juillet, un article de l’AFI Research Complimentary Intelligence Briefing annonce la présence sur le sol Georgien de plusieurs SU-24, restés plutôt discrets à dessein. "Unconfirmed presence of 5 Su-17, 4 Su-24, 12 MiG-25, 18 MiG-21 and numerous Su-25 airframes at the TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing (Tbilaviamsheni” former Soviet GAZ-31 factory), though at least one MiG-21UM was in flying condition. However this facility which produces the upgraded Su-25 Ground Attack fighter with technical support from Israel was heavily bombed on several occasions during the conflict and significant damage resulted)". Des SU-24 Fencer et des MiG25BM : les deux vecteurs possibles de lancement du Raduga !
Et ce n’est pas tout. Sur le site de la firme TAM, on note un texte du 28 Novembre 2007, où l’on annonce que "TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing and Israel Aerospace Industries Ltd (IAI) are in process of negotiation to establish a strategic alliance, in order to actively involve two companies in a wide variety of projects around the world in military aviation projects as well as civil aviation projects". Tous les Su-25 qui sortent de la TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing sont en effet aux nouvelles normes Su25K "Scorpion", équipés par Elbit. Et là où ça devient intéressant, c’est quand on apprend que cette version intéresse depuis longtemps... l’Iran : "last year (en 2006) two of these Su-25Ks entered service with the Islamic Revolutionary Guards Corps Air Force (IRGCAF), after having been refurbished with help from Georgian technicians." La Géorgie aurait bien vendu deux Su-25 aux iraniens, équipés de matériel israëlien !!! Voilà qui remet pas mal d’idées reçues en place ! Et comme on ne vous prive de rien, on vous les a retrouvés, ces fameux SU-25 des Pasdaran en plein détroit d’Ormuz en train de provoquer la presse occidentale et américaine ! D’après certains clichés, bien plus que deux auraient été vendus.... Sachant que le Su-25 est considéré comme le Thunderbolt russe, possède un redoutable bitube à l’avant et représente un vrai camion à bombes, la menace est sérieuse. La Géorgie a besoin de liquidités pour acheter des armes, et la TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing de Pantiko Tordia, ce grand ami de Shevardnadze, a marché à fond ses dernières années pour lui obtenir avec ses hangars ne produisant que du Su-25... Israël, si prompt à dénoncer l’armement Iranien comme un danger pour son pays... est bien fournisseur d’armes des iraniens, via la société géorgienne TAM et Elbit, son fournisseur ! Il y a des jours, sans doute où l’intérêt financier prime sur l’intérêt d’état. On voit mal l’état d’Israël reprocher au maire de Tel-Aviv Roni Milo une collusion effective avec l’ennemi juré du moment. Et pourtant... c’est bien le cas. On peut aussi ajouter, comme l’affirme le Jerusalem Post, que la Croatie aurait vendu ses stocks russes de....missiles S-300, disposés depuis autour des sites nucléaires..."By September 2006, no fewer than 26 anti-aircraft missile batteries had been placed around the centrifuge installation at Natanz....". Des missiles qui ne se feront plus leurrer grâce aux codes saisis et à leur reprogrammation, comme ceux de l’article de Charles Bwele déjà cité... l’attaque de l’Iran est désormais fort difficile, voire impossible à réaliser. Ou en tous cas, avec d’énormes risques.
Et au sol, notre fameux engin réduit en miettes à l’impact mais sans avoir totalement explosé (son cône de plastique est intact !) est manipulé très rapidement, à en croire qu’il n’avait pas de tête explosive réelle : elle est pourtant effectivement présente et manipulée devant les caméras... alors que lors d’un démantèlement, on l’a vu, on prend bien davantage de précautions. Mais il y a mieux encore, car les deux stations radar 36D6-M, ou système de détection passive ukrainien « Kolchuga » toutes neuves, dont la première soi-disant visée par le raid russe n’auraient gardé aucune trace de l’action sur leurs écrans. Ces radars sont pourtant remarquables : passifs, il sont indétectables par les avions... et les missiles, et en revanche voient tout dans un rayon de 800 km. Le radar anti Awacs en lui-même est toute une histoire. Ce qu’il y a d’amusant, c’est que ce même radar aurait été vendu en 2000 à l’Irak de Saddam par l’Ukraine selon les américains, qui avaient alors émis une vive protestation de leur part au président Ukrainien ... sans jamais en trouver un seul sur place une fois le pays envahi. Encore une WMD de plus ? Les USA avaient alors baissé l’aide américaine attribuée directement au gouvernement ukrainien de 30 millions de dollars. Histoire de gagner quelques dollars, sans doute... l’histoire avait recommencé pareil en 2006, avec cette fois l’Iran comme point de mire.... et avec un démenti ukrainien similaire... décidément le Kolchuga focalise toutes les revendications américaines chez les autres pays... alors qu’ils l’ont visiblement laissé s’installer... en Géorgie.
On ne comprend donc pas comment un missile chargé de s’accrocher à une fréquence radar pour le faire exploser peut viser un radar indétectable qui n’émet pas. Et en même temps le rater sans que ce dernier ne soit capable, bien que le plus performant au monde, de donner le type d’appareil l’ayant largué ! L’engin, par les traces laissées au sol, semble bien avoir été tiré, sa charge propulsive ayant été mise en route. Ne reste que deux solutions possibles : un tir/largage par erreur d’un avion (mais pas nécessairement russe non plus, vu que le radar n’a pas de traces) soit... une mise en scène complète. Ce dont on se doute. Un général et un spécialiste russes, appelés par une commission indépendante, ne se font pas prier pour rappeler que de pareils missiles traînent partout en Géorgie : "When the missile could have appeared. During Soviet times several air force units were based on Georgian soil. Two of them directly had this type of weapon in service. At these airfields there were depots with air armament, storing more than a hundred of this kind of missiles. In addition, a central depot sat on Georgian soil. There were cargoes an ammunition stored in it, including it’s hard to say - more than a thousand such missiles All of this was there until December 1992. Thus, the missile could have been from Soviet stockpiles, or have got into Georgia some other way." Revoilà le contenu de nos fameux containers et les effrayants dépôts du temps de la guerre froide ! sans oublier... Ponichala et son dépôt de "déstockage de l’Otan " auquel on songe tout de suite, à avoir vu la science du démontage des géorgiens ! Ou également notre si étonnant vendeur d’armes Leonid (Efimovich) Minin, qui puisait allègrement dans le stock de Ponichala ! Un autre, plus observateur, fait remarquer qu’il manque les 2/3 du missile alors que sa tête n’a pas explosé "To which the Georgian side began saying that the separation could have occurred from the blast. But upon closer study of the seam it is clearly and distinctly visible that the section was cut off using mechanisms for cutting metals and did not separate due to the blast. That is this section had earlier, very long ago been separated from an X-58 missile. The more detailed study of this cut showed the presence of much corrosion and rust, which on the high-alloy steels of which these missile parts are made do not arise at once. Too little time had passed." Et termine en enfonçant le clou : "One of the photographs of the Georgian side shows a fragment of a device the inscription on which is executed in a foreign language. According to the Georgian side’s statement, the missile was made in 1991-1992. But, under the legislation of the USSR and the Russian Federation, mounting foreign, imported units on Defense Ministry air attack weapons is prohibited". Selon les russes, il y a manifestement mise en scène : lancer en 2008 un engin datant de 16 ans d’âge, sachant qu’il fonctionne à carburant solide, qui peut se détériorer avec le temps, même bien conditionné, est prendre un risque insensé. Surtout que dans l’inventaire de l’arsenal russe, les missiles anti-radars récents ne manquent pas. Le Kh-31P (vendu à la Chine) est un exemple. Le missile développé en Ukraine par Motor Sich un autre. Mais il y a mieux encore.
La réponse de la Georgie est plus surprenante en effet. La Géorgie conclut ainsi à la suite de l’incident : "while a Russian air attack is no doubt more likely than an assault by land, Georgia must be prepared for more, greater and different forms of intimidation. These include, but are not limited to, special forces actions in the conflict zones, environmental attacks, quest or economic control of strategic assets, or cyber warfare". Le pays passe d’une menace aérienne à une menace terrestre en un coup de baguette magique assez extraordinaire, le missile devient un appareil détruisant l’environnement, et devient surtout une excuse pour renforcer sur place son potentiel d’armée terrestre. Ce qui serait presque l’aveu d’une belle mise en scène. Un an pile avant, on prépare déjà l’opinion à une invasion russe. Avec force rubans de plastique déployés devant les caméras georgiennes façon enquête des séries policières américaines et des "spécialistes" de l’environnement habillées de blanc... qui manipulent à mains nues le débris accusés de contenir des produits toxiques. A Ponichala, on y était allé avec davantage de précautions, à croire que le missile en provenait directement... une fois vidé. Ponichala n’est qu’à quelques kilomètres de Tbilissi, et on vient juste de refaire les routes... Pour se retrouver en la présence d’un missile retrouvé par miracle non loin de là, dans un endroit qui semble avoir passablement été excavé. Préparer une riposte, donc. Quitte à la provoquer. "La guerre de Saakashvili, d’une façon effective et ouverte à partir du 7 août et, bien entendu, au-delà du 12 août, a été une guerre de propagande à destination des médias", note le vigilant Dedefensa.org. Nous dirons qu’elle a commencé bien avant. Depuis 2004, même. Quatre années à préparer la guerre, en armement et en paroles.
Et avant de la provoquer, de continuer à prêter à Israël ce qu’il souhaite. A savoir des aérodromes de repli ou de rechange en cas d’agression vers l’Iran. Un site réputé, Space War, nous en fait part, à notre grand étonnement. En annonçant tout de go entre deux phrases les accords secrets passés entre les deux pays : "In a secret agreement between Israel and Georgia, two military airfields in southern Georgia had been earmarked for the use of Israeli fighter-bombers in the event of pre-emptive attacks against Iranian nuclear installations. This would sharply reduce the distance Israeli fighter-bombers would have to fly to hit targets in Iran. And to reach Georgian airstrips, the Israeli air force would fly over Turkey". L’annonce sonne comme un coup de tonnerre. Ce qui était prévu, c’était donc ça ! Et non pas l’attaque sur un coup de tête des provinces alliées aux russes ! Les israëliens peuvent aujourd’hui maudire Saakashvili : il vient de leur rendre la tâche deux fois plus dure. Avec son impétuosité, l’Iran vient de se trouver un allié inattendu. Nous verrons dans l’épisode prochain que les radars ne sont pas les seuls engins compromettants saisis dans ce fiasco d’attaque géorgienne. Les russes ont fait main basse sur d’autres choses encore, toutes aussi vitales pour les américains.
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En réalité, pour tout vous dire, pour réaliser ces épisodes sur la crise géorgienne, pour moi, tout a commencé par une photo assez étonnante. Celle d’une Humvee couleur sable, en camouflage de désert (dans cette région ?), tirée par un char russe au sortir d’un quai du port de Poti. Quelques jours (le 13 août exactement) après l’invasion russe et la prise du port (où les Russes ont fait sauter la flotte géorgienne qui se résumait à deux vedettes rapides surtout).
Cela m’a automatiquement intrigué, tout comme les cartes d’identification trouvées sur certains soldats géorgiens, car il n’y a aucune raison sérieuse à ramener à Moscou comme prise de guerre un engin aussi connu et depuis longtemps décortiqué par l’armée russe.
Sauf… sauf si les Humvees saisies présentent quelque chose de particulier. Or, c’est très certainement le cas, car sinon il n’y a aucun intérêt à s’encombrer de pareilles carrosses. Mais l’intérêt qu’elles présentent, ces quatre Humvees dont au moins une des Marines, est en fait multiple.
Mais avant de vous l’expliquer, il faut revenir aux multiples déboires d’une armée américaine confrontée depuis des années à un problème de taille : celui d’harmoniser entre ses différentes armées ses moyens de communications, l’Army, les Marines ou l’AirForce ayant pris un malin plaisir à développer chacun un système propre de radio, bien entendu non inter-opérable entre chacune des armées concernées.
Si on y ajoute le désir actuel d’avoir recours au satellite et à l’imagerie fixe ou télévisée en provenance directe des drones, ou d’internet, on conçoit qu’il s’agit-là d’un beau casse-tête à résoudre pour les responsables américains. Le casse-tête dure depuis plus de dix ans maintenant. Sans être résolu définitivement.
Un article passionnant du magazine DSI de septembre 2007 signé Jean-Louis Promé nous donne la clé du problème. Il y décrit en détail le "Future Combat System", un concept assez nébuleux et futuriste, comme son nom l’indique, proposé et soutenu à sa création par Donald Rumsfeld, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été l’homme clairvoyant qu’il s’est vanté d’être pendant des années. Un projet soutenu également par Eric Shinseki, l’ex-général d’état-major mis au rencart précipitamment pour avoir affirmé dès le début de l’opération irakienne qu’il fallait des "milliers d’hommes" pour contrôler le pays. 500 000 disait-il : le chiffre qui revient depuis le début, en Irak comme en Afghanistan. L’homme avait raison, mais a eu le tort de le dire trop tôt. Shinseki qui n’a pas été écouté en son temps passe désormais pour un prophète au sein d’une partie de l’armée américaine, dont une grande partie demeure opposée aux décisions politiques. L’armée américaine traîne les pieds, et c’est heureux avec les faucons qui lui donnent des ordres. S’ajoute au problème de l’intercommunication des armes entre elles celui des troupes de l’Otan amenées à échanger des données avec les soldats américains. Bref, le casse-tête intégral, tous les échanges devant bien entendu être cryptés. Au-dessus de cette couche radio, l’armée américaine, fort ambitieuse sous Rumsfeld, avait exigé en plus le GIG (Global Information Grid) ou échanges de données via internet ou par "chat", ajoutant encore une couche de complexité supplémentaire."Possibly the single most transforming thing in our force, will not be a weapons system, but a set of interconnections", peut-on lire à l’époque, en 2004. Un internet propre aux militaires, voilà qui les tente depuis toujours, certes, mais il y a du travail à faire avant : les différentes armées ne communiquent pas bien entre elles. Les militaires, prosaïquement, se sont donc mis en tête de mettre en place en tout premier le Joint Tactical Radio System ou JTRS, un programme de renouvellement progressif des différentes radios pour les rendre compatibles entre elles, programme lancé maintenant depuis plus de dix ans... et qui n’a toujours pas abouti à ce jour. Au point qu’en Irak des soldats, lassés de ne pas pouvoir donner des directives à d’autres unités, se sont mis à faire du chat sur les réseaux civils locaux (que nous décrivons un peu plus loin dans ce texte), sans même se soucier d’un quelconque cryptage, échangeant des plans de bataille sous AOL via leur téléphone portable satellitaire !
Raisonnablement, pour mettre à jour tous les postes de radio les stratèges, et surtout les financiers du Pentagone, avaient fini par se résoudre à recourir à des matériels du commerce, "on the shelf" ("pris sur l’étagère") et non plus à des engins spécifiques trop chers, et décidé de le faire par étapes, appelées Cluster 1, 2, etc. jusqu’à 5 pour l’intégration totale de toutes les armes et de tous les services à l’horizon... 2015. Malheureusement, force est de constater qu’aujourd’hui on en est à peine au Cluster 1. Le blocage du développement portant sur l’écueil de la sécurisation et du cryptage. Sur puce (figée donc !) ou sur logiciel (téléchargeable), bien plus évolutif, le débat a fait rage... pendant plusieurs années, le second l’emportant désormais et, en attendant, ces armées ont englouti 4 milliards de dollars dans l’achat de matériels d’appoint... non conformes encore aux désirs du Cluster 1 empêtré lui dans son absence de norme de cryptage... l’armée continuant pour sa part ses recherches de laboratoire, en brûlant des étapes pour sortir dès juillet 2004 une définition correcte du Cluster 5... mais sans matériel véritable répondant à ses normes de cryptage du Cluster 1. Bref, un véritable foutoir, une gabegie administrative digne de l’ère soviétique. En résumé, les chercheurs ont fini par rattraper leur retard, mais, entre-temps, sur le terrain, dans les sacs à dos et les jeeps, il a bien fallu meubler. Les engins prototypes du Cluster 5 ont commencé à être livrés en mars 2007 seulement et sont toujours en cours d’évaluation à ce jour. Le Cluster 5 permet l’envoi d’images en temps réel, et est pleinement compatible avec les outils de l’Otan. Le JTRS à ce stade est l’œuvre de BAE SYSTEMS (à Wayne, dans le New Jersey), de Rockwell Collins (Cedar Rapids dans l’Iowa) et de Thales Communications (à Clarksburg dans le Maryland.).
Les radios nouvelles s’intitulent JTRS HMS pour HandHeld, ManPack and Small Format Fit, l’accent ayant été mis sur une réduction drastique de la taille des matériaux. Moins de 6 kg, nécessitant 20 watts, travaillant dans la zone des 2 à 2,5 mhz... et possédant comme tout bon matériel américain une prise d’allume-cigare de voiture pour fonctionner. Or, vous pouvez le croire ou pas, mais les Humvees en sont dotées, certaines en ont même deux (une deuxième rajoutée). Pour le simple soldat, Thales propose un appareil de 907 g seulement, pour un canal, ou 1 360 g pour deux, consommant 5 watts. Embarqués dans des coûts de développement faramineux, les États-Unis ont décidé de restreindre leur production d’appareils personnels, en donnant la priorité aux... Humvees. En attendant toujours, l’armée se contentera d’une norme intermédiaire, dite WIN-T, accédant elle déjà au GIG : "This network will provide on-the- move, high speed, high capacity backbone communications network, linking the warfighters on the battlefield with the Global Information Grid (GIG). The Warfighter Information Network - Tactical (WIN-T) network introduces a mobile, ad-hoc, self-configuring, self healing network, using satellite communications (Satcom) for beyond-line-of-sight on-the-move (OTM) communications, robust network management and high bandwidth radio systems to keep mobile forces connected, communicating and synchronized", dit l’annonce. L’engin avait été montré pour la première fois à l’exposition spécialisée AUSA, l’hiver dernier seulement. C’est très certainement cet appareil équipant les Humvees sur lequel seraient tombés les Russes. Et ce qu’ils se sont empressés de faire savoir à la presse dès les engins emmenés.... "A Russian newspaper said the vehicles contained sophisticated satellite communications gear and they had been flown to Moscow to be examined", dit la presse, plutôt intriguée. La pêche dans le port de Poti s’est donc avérée fort fructueuse pour des Russes qui n’en demandaient pas tant. Ces derniers n’étant pas les derniers pour hacker les systèmes informatiques mondiaux, on peut leur faire confiance pour décrypter rapidement les codes et les cryptages du JTRS donnant accès indirectement à la conduite des drones qui envoient leurs données via le satellite. Les Russes, qui ont pris du retard sur les drones, sont ravis de l’aubaine. Leur Yakolev Pchela, déjà opérationnel, est rarement utilisé, en raison de son rayon d’action ridicule. Le Tu-243, un missile, ne permet pas de rester sur zone. Le Tipchak est un peu léger. Leurs Zond-1, 2 et 3, copiés largement sur le Global Hawk, s’avèrent déjà bien meilleurs que leurs prédécesseurs dont le Sukhoï BAS-62. Un UCAV pompé sur le design du Boeing X-45 a aussi été présenté en maquette sur différents salons, notamment au Bourget. Une copie de Predator est elle aussi sur les rails, c’est le Dan’ et le Dan’M. Pour aller plus vite, les Russes ont acquis des licences, notamment Yakolev en 2002 avec celle de l’Aerostar. "One of the stages in this program was the purchase of Aerostar UAV technology and components from the Israeli Aeronautics Defense Systems Company in 2003. In the near future, Irkut plans to begin flight-testing its UAV, which is based on Israeli experience and technology. Deliveries may begin in 2005. The Russian Ministry of Disaster Relief is expected to become one of the clients. It would use unmanned vehicles to locate and fight forest fires along with Be-200 amphibious aircraft". Or, si vous remarquez, l’Aerostar est un modèle... israélien. C’est aussi le choix des Marines américains, qui l’emploient en Irak via une compagnie... privée, les Marines, curieusement, par leurs statuts, n’ayant pas le droit de faire voler des drones... la prise d’une Humvee "verte" des Marines équipée d’une liaison vers un Aerostar peut donc s’avérer diablement intéressante dans le domaine. La police américaine ayant elle aussi testé l’appareil. Les Russes ont mis en marche la photocopieuse, et quand ils le font, ça donne un Blackjack Tu-160, par exemple, qui relègue le B-1 au rang de petit frère. Au total, 17 modèles, pas moins, sont en cours de réalisation ou de tests. L’arrivée des données américaines va faciliter la réalisation de leur électronique, et leur éviter surtout leur détournement par gamme d’ondes.
Les radios à bord des Humvees étant pour l’instant toujours des prototypes, donc, car aucun poste de la norme Cluster 5 n’ayant atteint le stade de la production. Et un coût phénoménal au final. Il va sans dire que l’organisation de manœuvres conjointes avec d’autres pays a été l’occasion unique de vérifier la compatibilité de ces différents types de radio en cours de développement... installées à bord de véhicules d’armes différentes. Vous comprenez maintenant pourquoi les Russes se sont précipités pour récupérer un modèle de type irakien, provenant de l’Army, et un modèle à camouflage gris-vert en provenance des Marines. Ce ne sont pas les Humvees qui les intéressaient. Mais bien leur équipement radio et leur liens avec les drones américains. L’analyse de leurs prototypes est là encore une manne inattendue pour Moscou... encore un matériel contenant des secrets importants de saisi (les normes de cryptage du Cluster 5, certes téléchargeables et non figées sur puce) ! Les véhicules couleur sable, amenés lors du pont aérien militaire mis en place pour ramener en express 2 000 soldats géorgiens attendaient sur le quai du port de Poti d’être ramenés aux États-Unis directement et non en Irak. Les Américains ne sont pas prêts de les revoir, ces fameuses Humvees : ou, alors, les Russes les rendront comme les Américains avaient rendu en 1976 le premier Mig25 piloté par Belenko échappé au Japon. Intact, mais dont chacun des plus petits boulons avait été dévissé et revissé, et chaque pièce étudiée à part.
Ce sont les radios ou les communications satellitaires en Ku-Band pour les envois d’images sur les terminaux entrevus dans un bon nombre de Humvees qui intéressaient les Russes. Ce procédé n’est lui pas nouveau : la bande Ku (11,7 à 12.7 GHz pour les fréquences descendantes et 14 à 14.5 GHz pour les montantes) fut utilisée pour la première fois par la télévision NBC, en 1983. Adaptée à l’armée, ça devient le ViaSat IP Satcom Flyaway Terminal, apparu en 2004, qui a été utilisé pour la première fois intensivement lors de l’ouragan Katrina, pour coordonner les secours auprès de services totalement différents. C’est Qualcomm qui avait proposé à la hâte cette solution, à partir de produits existants sur le marché, antenne satellite, routeur Cisco, etc. L’appareil avait sélectionné selon les recommandations du MITRE, incontournable lobby dans l’armée américaine. Pour Qualcomm, le chemin des commandes était simple à trouver en la personne de Tom Loeffler, qui représente la firme depuis 1999, un Texan d’origine et vieil ami (colistier) de McCain. L’actuel candidat était plutôt bien placé : "McCain is a senior member of the Senate Commerce Committee, which oversees the telecom industry and the Federal Communications Commission(FCC)". L’engin ne marche pas partout dans le monde, en Afrique équatoriale, en particulier que n’arrosent pas les satellites commerciaux IMMARSAT (celui utilisé par Reyes en Colombie !), faute de clients. Les premiers engins à être équipés du système furent des Bradley appelés C2V. L’appareil avait alors pour 1 million de dollars d’électronique à bord selon le Lt. Gen. Steven Boutelle, chargé de la com de l’Army. L’appareil fut ensuite installé dans les Strykers... puis dans les Humvees, qui peuvent accueillir jusqu’à trois écrans de contrôle. Un contrat de 3,6 millions de dollars a permis aux ingénieurs du Army Communications and Electronics Command d’en transformer quelques-unes en quatre mois en station de réception ou d’émission.
Dans un même ordre d’idées, l’ouverture des services de téléphonie satellitaire Thuraya, à Abou Dabi, aux Émirats arabes unis, démontre encore davantage les liens tissés entre les offres civiles et militaires et l’imbrication des services entre différents pays. Le maître d’œuvre des trois satellites arabes est Boeing. Au sol, le capteur modem IP satellitaire, compatible avec les VPN les plus courants, est utilisable par les militaires sans aucune modification, seul un codage des données est effectué. C’est un système similaire via Immarsat qu’utilisent les Farc en Colombie, comme nous avons déjà pu vous le décrire pour la capture et la mort de Reyes. Rappelons aussi qu’aujourd’hui, grâce au satellite, on peut détecter par triangulation un porteur de téléphone à 10 mètres près (aux États-Unis, 50 m ailleurs) : la connaissance des réseaux satellitaires est donc bien aussi un avantage militaire certain. Chaque possesseur peut devenir une cible pour une bombe guidée."Any satellite telephone is an emitter," said Loren Thompson, a defense analyst with the Lexington Institute in Arlington, Virginia. "By detecting the emissions, it should be possible for U.S. intelligence to localize desirable targets." Et pour détecter les cibles, on a recours aussi à des Humvees : "Wayne Madsen, a former National Security Agency analyst now with the Electronic Privacy Information Center, said U.S. spy agencies listen to phone signals using satellites, aircraft, ground stations and even specially equipped Humvees". Celles confisquées possédaient-elles cet équipement ? On ne le sait.
Le procédé d’internet via le satellite est simple à utiliser comme le montre la vidéo publicitaire. Sur le site de la firme, figure une impressionnante liste de bases militaires américaine déjà desservies. Les appareils portatifs présentés sont désormais de la taille d’un portable classique. Les satellites NSS-6 de SES (Hollande), travaillant en Ku-band, et Intelsat 901 (lancé en 2000) sont également utilisés depuis 2000, le satellite NSS-7 lancé lui aussi par Ariane en avril 2002 reprenant lui aussi la Ku-Band déjà décrite. La firme TS2, qui utilise les réseaux Thuraya et Iridium, sauvé de la faillite grâce au Pentagone, a déjà anticipé sur son site le déplacement des troupes américaines de l’Irak vers l’Afghanistan via sa technologie TS2 aux normes JCC-I/A, via Eutelsat, et son satellite Eurobird 9, un organisme français... qu’utilise aussi Orange. Retenue par les Marines le 7 septembre dernier seulement, la firme d’origine polonaise est déjà prête à offrir ses services dans le pays "We were among the first telecommunications operators in the satellite technology in the territory of Iraq and Afghanistan and as such we have enjoyed a successful cooperation with the US Army for several years now. The Afghan project could be another big government order in the company’s history" dit le PDG de "TS2 Technologie Satelitarne", Marcin Frackiewicz. "Our military network in Iraq has already over 10 thousand regular users for everyday broadband connections" - ajoute Frackiewicz." Le même Frackiewicz qui aura raflé donc une bonne partie des contrats téléphoniques en Irak et Afghanistan, sans qu’on sache exactement pourquoi lui et sa société polonaise et non une autre société. On sait la Pologne impliquée dans la fourniture de véhicules et d’armes à l’Irak dans des conditions plus que douteuses, le choix d’un opérateur aussi obscur semble tout autant empreint de suspicions. Le Pentagone paye la bagatelle de 36 millions de dollars par an à Iridium Satellite LLC, et ses 66 satellites, pour équiper 20 000 utilisateurs gouvernementaux américains en téléphone satellite.
Bien entendu, la Géorgie est desservie elle aussi par TS2, via Telecom Georgia. Et Thuraya présent via le Abu Dhabi Group, appelé en Géorgie "Warid Telecom Georgia Ltd", grâce à des employés pakistanais installeurs de Wimax dont on s’est aperçu de l’existence seulement à la fin du conflit, quand ils ont souhaité rentrer chez eux... Warid dessert aussi le Pakistan en téléphonie mobile. Le comble de l’histoire, c’est que les trois satellites Thuraya on été lancés à partir d’une plate-forme marine du Pacifique, grâce à une fusée... ukrainienne, la Zenit-3SL, remplaçante de la fusée Proton soviétique. À l’origine un des quatre boosters à carburant liquide de l’énorme fusée soviétique Energia. L’engin avait défrayé la chronique lors de sa mémorable explosion du 30 janvier 2007.
Et il a encore bien d’autres raisons de vouloir faire de ces véhicules archi-connus des prises de guerre. La plus étonnante nous ramène encore une fois indirectement à Israël. Même si on ne voulait pas le faire exprès, on retombe sur un fournisseur très particulier. Les Humvees sont aussi désormais protégées des bombes déclenchées à distance ou IED par un système radio de brouillage appelé de "Warlock Green electronic countermeasure system". Basé sur un précédent système appelé Shortstop Electronic Protection System de chez EDO CCS qui date de 1998, et utilisé au départ en Bosnie. Les Français ayant fait un appel d’offres à quatre sociétés pour équiper leurs VAB (Elisra firme israélienne associée à Thales et sous-division d’... Elbit, ESDT, Arinc et Cofre Export). Produit toujours par EDO, dans ces deux usines de New York et Simi, le Warlock se branche lui aussi sur l’allume-cigare de la Humvee ("designed to connect off the cigarette lighter and/or 12V DC power supply."). Edo est une firme très controversée aux États-Unis. En 2006, l’un des dirigeants d’EDO n’était autre que Dennis C. Blair. En l’occurrence, un amiral américain en exercice membre du bureau de la direction de la CIA pour les questions militaires. Très lié à un ThinkThank, l’ Institute for Defense Analyses (IDA) qui avait à cette époque remis au Pentagone des rapports dithyrambiques sur le F-22 Raptor... auquel participait EDO. Et auquel ne croyait pas Rumsfeld lui-même : Blair était bien un des membres d’un lobby militaire surpuissant tentant d’entrer dans ce qui était un conflit d’intérêt évident. Blair, coincé, avait fini par quitter EDO... et rester au sein d’IDA, montrant clairement son attirance pour l’argent et non pour le Pentagone. Même chose pour le F-35, où là c’est le directeur du projet, le lieutenant-général Leslie Kenne, qui après avoir obtenu des contrats juteux pour la firme EDO l’a rejoint à la suite de sa démission de l’Air Force en 2003. Mais le mieux de l’ingérence d’EDO dans la vie militaire américaine, c’est le rôle qu’a joué Paul Kern, son directeur, lors de l’affaire d’Abu Ghraib et les liens entre EDO et les mercenaires de Titan Corporation responsables des tortures. Enfin EDO est très lié à Israël, pour avoir construit un rack universel pour les bombes des F-16 israéliens, qui ont été largement utilisés lors des bombardements du Liban de 2006. Des associations anglaises avaient montré ces liens longtemps cachés et dénigrés par la firme. Car EDO ne s’arrête pas là : c’est aussi celui qui propose d’équiper les drones de son rack lance-missile. Si on veut faire d’un drone Hermes 450 un tueur, il faudra passer par EDO. "EDO MBM are developing bomb release units that can be used with unmanned arial combat vehicles (UCAV) or armed drones. These drones have been used by the Israeli military as extrajudicial assassination weapons in Lebanon and the occupied territories" . Ça lui est facile à adapter : c’est déjà EDO qui fabrique les lanceurs Hellfires montés sur les Apache israéliens : "EDO MBM provide equipment that launches Hellfire missiles that could be used by Israeli military helicopters". Pendant ce temps, les Israéliens aussi sont en train de mettre à jour leurs propres communications, défectueuses pendant la crise du Liban. C’est bien entendu Elbit qui s’y colle, avec un système radio évolué et un GPS, mais aussi un tablet PC sous Linux ou Windows CE.
Radios, transmissions prototypes et radars, codes de cryptage, modes de liaisons vers les drones saisis, déclenchement ou neutralisation des IED : la moisson russe a été bonne sinon exceptionnelle sur les terres géorgiennes. Tout le monde s’était demandé pourquoi Poutine (le vrai dirigeant du pays) avait laissé tirer sur ses troupes au mandat de casques bleus (eh oui, ils étaient déployés sur place au nom de plusieurs pays et non au nom de la seule Russie pour garantir la paix, encore une chose qui semble avoir été oubliée !), au tout début de l’offensive. Tactiquement, c’était imparable. En attirant les maigres troupes géorgiennes à certains endroits, et en acceptant des pertes humaines en sacrifice, les chars russes pouvaient foncer à d’autres chercher ce qu’ils souhaitaient ramener en priorité. Attirer Saakashvili vers le tunnel de Roki, telle était la manœuvre, afin d’aller puiser ailleurs le matériel pour les conflits futurs. Le "Kennedy du Caucase" a appris à ses dépens ce qu’il lui arriverait, à vouloir s’en prendre à un vieux renard du KGB. De Kennedy, le voilà devenu Nixon d’après le Watergate. A en manger sa cravate comme Nixon avait sombré dans l’alcool. Pour l’achever, son ancien ministre de la Défense, Irakli Okrouachvili, aujourd’hui réfugié en France, lâche le morceau le 14 septembre dernier, en avouant que les préparatifs à la guerre remontaient bien à 2005 déjà, avec l’espoir en cas de conflit d’une aide américaine qui n’est jamais venue. Saakashvili l’avait rêvé, mais c’est Poutine qui l’a fait.
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Reuters - 26/5/9 - Des dizaines de milliers de partisans de l'opposition se sont rassemblés mardi dans un stade de football de Tbilissi à l'occasion de la fête de l'indépendance de la Géorgie, exigeant la démission du président Mikheil Saakachvili.
Les manifestants ont défié les autorités, qui avaient annulé le traditionnel défilé militaire par crainte de troubles. Ils ont pratiquement rempli le stade, d'une capacité de 60.000 places, avant d'aller ensuite marcher à travers la capitale.
Les opposants bloquent les rues du centre de Tbilissi depuis un mois et demi. Ce rassemblement est le plus important qu'ils organisent depuis le début de ce mouvement de protestation.
L'opposition accuse Saakachvili de monopoliser le pouvoir depuis la "Révolution des roses" de 2003, qui avait chassé l'ancien président Edouard Chevardnadze.
Les autorités ont annulé le défilé militaire qui est de mise le jour de la fête de l'indépendance, en disant vouloir de cette façon éviter toute confrontation avec les manifestants sur l'itinéraire du défilé, qui passe habituellement sur l'avenue Roustavéli, là-même où certains opposants ont dressé des tentes qui rappellent des cellules de prison.
L'ÉGLISE APPELLE AU DIALOGUE
Au lieu de se diriger vers le Parlement comme ils l'avaient initialement prévu, les manifestants ont rallié la cathédrale de la Sainte-Trinité. Le patriarche Ilia II, chef de l'Eglise orthodoxe de Géorgie, y a appelé au dialogue.
"C'est devenu la règle en Géorgie. Les deux premiers présidents ont été chassés, et qu'avons-nous obtenu? Ne serait-il pas préférable de nous écouter les uns les autres?", a-t-il plaidé dans la cathédrale bondée.
Le premier président de la Géorgie post-soviétique, Zviad Gamsakhourdia, a été chassé du pouvoir durant la guerre civile de 1991.
Mais l'appel au dialogue du chef religieux n'a semble-t-il eu guère d'effet sur les manifestants. "Nous ne reculerons pas d'un pouce. Tout ce que nous demandons, c'est la démission du président", a déclaré devant la foule Nino Bourjanadze, ancienne alliée de Saakachvili ralliée à l'opposition.
Le président géorgien a catégoriquement écarté l'idée de quitter ses fonctions. Il a commémoré la fête nationale au cimetière militaire de Tbilissi.
"D'une main nous luttons pour libérer notre terre de ses envahisseurs et de l'autre nous construisons notre pays", a-t-il dit dans son discours.
Depuis la guerre ayant opposé la Géorgie à la Russie en août 2008 dans les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, les appels à la démission de Saakachvili se sont fait plus pressants.
Le 5 mai, une mutinerie dans une base de blindés près de Tbilissi a jeté le doute sur la loyauté des forces armées.
Margarita Antidzé et Matt Robinson, version française Eric Faye et Gregory Schwartz
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TBILISSI, 26/5/9 - RIA Novosti. Près de 50.000 partisans de l'opposition, exigeant depuis plus d'un mois la démission du président géorgien Mikhaïl Saakachvili, se sont rassemblés mardi au stade Dynamo de Tbilissi pour participer à une "parade citoyenne", a annoncé à RIA Novosti le service de presse du Parti conservateur.
Le 26 mai est la fête de l'Indépendance géorgienne. Cette année, le défilé militaire traditionnel organisé à Tbilissi sera remplacé par la "parade citoyenne". Ses participants se rassembleront d'abord au stade Dynamo pour écouter les interventions des leaders et marcheront ensuite dans les rues centrales de la capitale avant de déboucher devant le parlement géorgien.
Selon le service de presse du Parti conservateur, un des organisateurs du défilé, près de 50.000 personnes sont d'ores et déjà concentrées dans le stade. Le nombre de participants croît de minute en minute. La majorité des opposants sont venus, à la demande de leurs leadeurs, habillés en blanc.
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AP - 26/5/9 - Environ 60.000 manifestants se sont rassemblés dans le stade national de Tbilissi mardi pour réclamer la démission du président Mikhaïl Saakachvili. La foule s'est ensuite rendue à la cathédrale pour écouter l'influent patriarche de l'Eglise orthodoxe géorgienne Ilia II, sur les suites à donner au mouvement, qui en est à sa septième semaine.
L'opposition avait choisi un jour férié pour remobiliser ses troupes, alors que des manifestations se déroulent quasi quotidiennement à Tbilissi depuis le 9 avril. "Aujourd'hui, le peuple géorgien a montré au monde et à lui-même qu'il était prêt à lutter jusqu'au bout. Vous avez effrayé ceux que vous vouliez effrayer", a lancé à la foule l'ancienne présidente du Parlement Nino Bourdjanadzé, cheffe de file des contestataires.
L'opposition reproche au président Saakachvili d'avoir entraîné la Géorgie dans une guerre désastreuse contre la Russie à l'été dernier, et de diriger le pays de façon de plus ne plus autoritaire. Le chef de l'Etat jouit toutefois d'un fort soutien dans la population et est déterminé à rester au pouvoir jusqu'à la fin de son second mandat en 2013. L'opposition a rejeté son offre de négociations. AP
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AP - 28/5/9 - Des manifestants réclamant la démission du président géorgien Mikhaïl Saakachvili ont frappé plusieurs policiers et ont agressé l'un d'entre eux à l'arme blanche jeudi à Tbilissi, selon les autorités.
Ces incidents suscitent la crainte que les manifestations essentiellement pacifiques ne glissent vers la violence et ne déstabilisent un peu plus l'ancienne république soviétique. Le policier qui a été poignardé à l'aide d'un couteau a été hospitalisé dans un état stable. Une enquête a été ouverte, a déclaré une porte-parole du ministère de l'Intérieur Chota Outiachvili.
Peu après ces violences, une vingtaine d'hommes armés de matraques se sont introduits au milieu d'une foule de partisans de l'opposition qui manifestaient devant le bâtiment du Parlement, blessant plusieurs protestataires. La dirigeante de l'opposition Nino Bourdzhanadze a déclaré que les assaillants étaient des agents des forces de police en civil.
Depuis le 9 avril, des partisans de l'opposition organisent chaque jour des rassemblements à Tbilissi, la capitale géorgienne, pour réclamer le départ de Mikhaïl Saakachvili. Ils tiennent le chef d'Etat pour responsable de la défaite de la Géorgie l'an dernier lors du bref conflit contre la Russie et l'accusent de diriger le pays de façon de plus en plus autoritaire.
Des centaines de manifestants ont défilé dans le centre de Tbilissi et se sont rassemblés devant l'Hôtel de Ville jeudi avant de converger vers le Parlement.
Le président Saakachvili a rejeté les appels à la tenue d'élections anticipées, déclarant "qu'il irait au terme de son mandat en 2013" [sic]. AP
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AP - 16/6/9 - La Russie a exercé lundi son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies et mis fin à une mission de 130 observateurs du cessez-le-feu et une dizaine de policiers en Géorgie et dans la région séparatiste d'Abkhazie, qui existait depuis près de 16 ans.
La Russie reproche notamment à la mission son nom, qui souligne l'ancienne souveraineté géorgienne sur l'Abkhazie. "Nos partenaires préfèrent le poison à la médecine" a critiqué l'ambassadeur russe Vitaly Churkin.
Le veto russe coupe court au projet de poursuivre la mission onusienne encore six mois, malgré le vote favorable de 10 pays sur 15 au Conseil. Le mandat de l'ONU a pris fin lundi à minuit.
L'ambassadeur russe à l'ONU a souligné que la mission se basait sur "de vieilles réalités". "C'est compréhensible" a commenté le ministère des affaires étrangères russe. "Il y a de nouvelles conditions politiques et légales, la plupart des noms et termes utilisés auparavant dans les vieux documents sont inapplicables". La Russie a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, après sa guerre contre la Géorgie l'an dernier, tandis que la Géorgie les considère toujours comme des éléments de son territoire.
Le vote a coïncidé avec un affrontement dans la capitale géorgienne Tbilissi entre la police et des opposants réclamant le départ du président Mikhail Saakachvili. AP
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“Dîtes-moi comment cela a pu se produire, s’emporte une femme, c’est écoeurant !” “C’est un acte criminel de faire des plaisanteries à ce niveau, estime un Géorgien. Les responsables devraient en répondre devant la justice”. La chaîne de télévision géorgienne a dit vouloir ainsi souligner la menace mais elle a dû présenter des excuses aux téléspectateurs. La guerre éclair d’août 2008 contre la Russie a laissé des traumatismes en Géorgie. Une femme est d’ailleurs morte d’une crise cardiaque en regardant samedi le faux journal télévisé.
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MOSCOU, 14/3/10 - RIA Novosti - Le président abkhaz Sergueï Bagapch a qualifié d'"énorme sottise" le faux reportage de la chaîne progouvernementale géorgienne Imedi annonçant de la Géorgie par les troupes russes en Géorgie et la mort du président Mikhaïl Saakachvili, a annoncé samedi soir un correspondant de RIA Novosti.
"Il s'agit d'une énorme sottise qu n'est même pas digne de notre attention. Chez nous, la situation est stable", a déclaré samedi soir par téléphone à RIA Novosti M.Bagapch en ajoutant qu'"il n'y a qu'un seul agresseur au Caucase, c'est la Géorgie, présidée par Saakachvili". Selon M.Bagapch, les autorités géorgiennes actuelles et le président Saakachvili personnellement font tout pour essayer de désunir la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.
Samedi soir, la chaîne géorgienne Imedi a commencé ses informations du soir par un faux reportage qui annonçait l'invasion de troupes russe en Géorgie et la mort du président Mikhaïl Saakachvili ce qui a semé la panique parmi la population géorgienne. Toutefois, la chaîne avait commencé le reportage en disant qu'il s'agissait d'un scénario possible des événements "au cas où la société géorgienne ne serait pas cimentée et unie face au projet russe".
La porte-parole du président géorgien Manana Mandjgaladze s'est empressée de démentir les informations, en déclarant, pour calmer les esprits, qu'il n'y avait pas de danger d'invasion russe dans le pays.
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Euronews - 14/3/10 - La chaîne géorgienne Imedi a eu beau présenter des excuses, la pillule ne passe pas. Des opposants ne digèrent pas le faux reportage diffusé ce samedi par cette télévision privée et qui affirmait qu’une invasion russe était en cours. Il s’agissait en réalité d’un canular, mais de très mauvais goût pour l’opposition qui a directement mis en cause le gouvernement.
“L’objectif du gouvernement était de dénigrer, d’insulter et de diviser le peuple pour savoir qui sont les patriotes”, a martelé Nino Burjanadze, la responsable de l’opposition. “Je suis certaine que les gens ne leur pardonneront pas et qu’ils comprendront que le président Saakashvili est derrière cette histoire”.
La porte-parole du Président géorgien était quant à elle dans ses petits souliers.
“Aux yeux du Président Saakachvili a-t-elle dit, tout le monde à droit à la liberté de parole mais dans ce cas précis, une annonce avertissant que le programme était une imitation aurait dû être faite afin d‘éviter la panique”.
L’annonce en question aurait été faite avant la diffusion mais de façon très brève, trop brève peut-être. Beaucoup de géorgiens ont cru que le cauchemar de 2008 et la guerre éclair contre la Russie recommençait. Seule réalité dans cette histoire, une femme est belle et bien morte en regardant le faux journal télévisé. Elle aurait été victime d’une crise cardiaque.
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Prison de Tbilissi
ltrinfo - 21/9/12 - Le ministre géorgien de l'Intérieur Batcho Akhalaïa a démissionné jeudi suite au scandale provoqué par les informations sur les tortures infligées aux détenus dans une prison de Tbilissi, rapporte l'agence News Georgia.
"En tant que citoyen, je suis indigné par les crimes commis dans la prison N°8 de Gldani (Tbilissi). Ces dernières années, je n'ai pas dirigé le système de l'exécution des peines. Mais certains responsables, qui auraient dû empêcher ces actes honteux, ont commencé leur carrière au sein du système de l'exécution des peines alors que j'étais son dirigeant. Je me sens moralement et politiquement responsable, parce que nous n'avons pas réussi à éradiquer ces pratiques horribles. J'ai donc présenté une demande de démission", a indiqué le ministre cité par l'agence.
Le scandale a éclaté mardi dernier après que le ministère géorgien de l'Intérieur a annoncé avoir découvert qu'un groupe de gardiens de la prison N° 8 de Tbilissi avait "infligé des traitements inhumains à des prisonniers et filmé cette scène en vidéo".
Des manifestations de protestation contre ces violences se sont déroulées mercredi et jeudi dans plusieurs villes du pays. Les manifestants ont réclamé de défendre les droits des détenus, de punir les coupables et de limoger la ministre de l'Exécution des peines Khatouna Kalmakhelidze. Mme Kalmakhelidze a présenté mercredi sa démission.
Le Parquet général de Géorgie a déjà annoncé avoir interpellé 10 responsables du ministère de l'Exécution des peines, ainsi que le directeur de la prison concernée.
La vidéo montrant les tortures infligées aux prisonniers a été mise en ligne et diffusée par deux chaînes de télévision géorgiennes. Ces dernières ont affirmé qu'elles avaient reçu ces prises de vues de la part d'un gardien qui s'était réfugié en Belgique.
Ria Novosti
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AFP - TBILISSI — 20/9/12 - Le ministre géorgien de l'Intérieur, Bacho Akhalaïa, a annoncé sa démission jeudi soir, au lendemain de la révélation d'un scandale de tortures de détenus dans ce pays du Caucase.
"Je ressens une responsabilité morale et politique dans le fait que nous avons échoué à éradiquer la pratique horrible (de la torture). C'est pourquoi j'ai présenté ma démission au président", a déclaré M. Akhalaïa dans un communiqué sur le site du ministère.
Plus tôt dans la journée, le président Mikheïl Saakachvili avait nommé le défenseur des droits de l'homme et ombudsman Giorgui Tougouchi au poste de ministre de l'Administration pénitentiaire, en remplacement de Khatouna Kalmakhelidze, qui a présenté sa démission mercredi à la suite du scandale.
Le président Saakachvili avait ensuite ordonné le déploiement de policiers dans les prisons du pays pour y remplacer les gardiens, après la diffusion de vidéos sur des scènes de torture de détenus dans une prison de Tbilissi.
Les images diffusées par la chaîne de télévision d'opposition géorgienne TV9 montrent notamment un détenu d'une prison de Tbilissi, à moitié nu, en train de pleurer et de demander grâce avant d'être apparemment violé avec un bâton.
Le gouvernement géorgien a fait savoir que 15 officiers des services pénitentiaires soupçonnés d'avoir torturé des détenus dans cet établissement pénitentiaire avaient déjà été arrêtés, soulignant qu'il s'agissait d'un crime "prémédité".
Ce scandale intervient à moins de deux semaines des élections législatives le 1er octobre dans cette ancienne république soviétique.
Le parti au pouvoir du président Saakachvili est actuellement confronté à la campagne électorale la plus délicate depuis son arrivée au pouvoir à la faveur de la "Révolution des roses" en 2003, et à une opposition forte, menée par le milliardaire Bidzina Ivanichvili
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Prison de Tbilissi
ltrinfo - 21/9/12 - Le ministre géorgien de l'Intérieur Batcho Akhalaïa a démissionné jeudi suite au scandale provoqué par les informations sur les tortures infligées aux détenus dans une prison de Tbilissi, rapporte l'agence News Georgia.
"En tant que citoyen, je suis indigné par les crimes commis dans la prison N°8 de Gldani (Tbilissi). Ces dernières années, je n'ai pas dirigé le système de l'exécution des peines. Mais certains responsables, qui auraient dû empêcher ces actes honteux, ont commencé leur carrière au sein du système de l'exécution des peines alors que j'étais son dirigeant. Je me sens moralement et politiquement responsable, parce que nous n'avons pas réussi à éradiquer ces pratiques horribles. J'ai donc présenté une demande de démission", a indiqué le ministre cité par l'agence.
Le scandale a éclaté mardi dernier après que le ministère géorgien de l'Intérieur a annoncé avoir découvert qu'un groupe de gardiens de la prison N° 8 de Tbilissi avait "infligé des traitements inhumains à des prisonniers et filmé cette scène en vidéo".
Des manifestations de protestation contre ces violences se sont déroulées mercredi et jeudi dans plusieurs villes du pays. Les manifestants ont réclamé de défendre les droits des détenus, de punir les coupables et de limoger la ministre de l'Exécution des peines Khatouna Kalmakhelidze. Mme Kalmakhelidze a présenté mercredi sa démission.
Le Parquet général de Géorgie a déjà annoncé avoir interpellé 10 responsables du ministère de l'Exécution des peines, ainsi que le directeur de la prison concernée.
La vidéo montrant les tortures infligées aux prisonniers a été mise en ligne et diffusée par deux chaînes de télévision géorgiennes. Ces dernières ont affirmé qu'elles avaient reçu ces prises de vues de la part d'un gardien qui s'était réfugié en Belgique.
Ria Novosti
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Bidzina Ivanichvili
Tbilissi - 3/10/12 - Le leader de la coalition d’opposition vainqueur des législatives en Géorgie, le milliardaire Bidzina Ivanichvili, a appelé mardi le président Mikheïl Saakachvili à démissionner.
“La seule bonne décision pour Saakachvili serait maintenant de démissionner“, a déclaré M. Ivanichvili, probable futur Premier ministre, lors d’une conférence de presse à Tbilissi.
Il a également averti que les fonctionnaires qui avaient commis des délits sous le gouvernement sortant seraient poursuivis en justice.
“Il n’y aura pas de persécution d’anciens serviteurs de l’Etat, à l’exception de ceux qui ont commis des délits. Ceux-ci devront répondre de leurs actes devant la justice“, a ajouté M. Ivanichvili.
En abordant ses priorités en matière de politique étrangère, M. Ivanichvili a indiqué que la Géorgie entendait améliorer ses relations - aujourd’hui exécrables - avec la Russie voisine et rejoindre l’Otan [sic], une ambition vue d’un mauvais oeil par Moscou [à juste titre].
“Nous devons normaliser nos relations avec la Russie. Notre stratégie pour devenir membre de l’Otan reste inchangée“, a déclaré M. Ivanichvili.
Les relations diplomatiques entre la Géorgie et la Russie sont interrompues depuis la brève guerre de l’été 2008 pour le contrôle de l’Ossétie du Sud, région géorgienne séparatiste où Moscou maintient depuis des troupes.
L’amélioration des liens entre les deux pays est impossible avec M. Saakachvili, bête noire de Moscou que Vladimir Poutine, connu pour ses formules à l’emporte-pièce, a menacé un jour de “pendre par les couilles“.
M. Ivanichvili entend également maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis, allié de Tbilissi.
“Si vous me demandez, +l’Amérique ou la Russie+, je réponds que nous avons besoin de bonnes relations avec tout le monde“, a-t-il dit.
mercredi 3 octobre 2012,
Stéphane ©armenews.com
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Photo : RIA Novosti
La Voix de la Russie - 24/10/13 - La présidentielle en Géorgie aura lieu le 27 octobre prochain. 23 candidats se disputeront le poste de chef de l'Etat. Pour le remporter, il faut totaliser au moins 50 % des suffrages plus une voix.
«Il est écrit ouvertement dans mon programme que pour nous, l'amélioration des relations avec la Russie est une priorité», a déclaré Nino Bourdjanadzé, candidate à la présidence en Géorgie et chef de file du parti Mouvement démocratique – Géorgie unie, dans un entretien accordé en exclusivité à La Voix de la Russie.
Quelle appréciation portez-vous sur le déplacement du centre de gravité de la vie politique en Géorgie au gouvernement et au parlement ?
Peu ont lu la Constitution de Géorgie et savent que le président possède assez de compétences pour influer sérieusement sur la vie politique. Le président est chef suprême de l'armée, il a des fonctions importantes quant à la formation d'un gouvernement, son consentement est indispensable pour désigner le Premier ministre et le gouvernement. Il a des pouvoirs très notables au sein du système judiciaire et dans d'autres domaines. C'est la figure clé dans les relations étrangères de la Géorgie.
Seul le président est élu par l'ensemble de la population. Sa légitimité est la plus élevée, tandis celle du parlement est assez basse. En Géorgie, le poids d'un homme politique revêt une grande importance. En vertu de la Constitution, Saakachvili a aujourd'hui les mêmes fonctions qu'il y a deux ans, mais il a perdu la légitimité et le soutien du peuple. Il y a deux ans, avec les mêmes fonctions, il était l'homme le plus influent en Géorgie. Le soutien du peuple, l'expérience et le poids d'un homme politique revêtent une très grande importance.
Comment appréciez-vous vos chances de succès et vous positionnerez-vous pour le second tour en cas de deuxième place ?
Tout dépend de la question de savoir si l'élection sera juste et transparente. Si la situation est équitable et égale en droits, j'aurais gagné au premier tour. Mais dans les conditions où la ressource administrative est utilisée partout et compte tenu des réalités qui sont les nôtres, on peut dire à 100 % qu'il y aura un second tour et que c'est moi et Margvélachvili qui nous le disputerons.
Je n'en ai pas peur. Je n'ai pas peur des débats. Soit dit en passant, j'ai lu sur votre site que j'avais renoncé à la participation aux débats. De fait, vous avez raison, mais il aurait fallu expliquer ma raison : j'exige des débats avec le candidat principal qui est M. Margvélachvili. Tandis que la première chaîne a divisé artificiellement les candidats sans prendre en considération leurs cotes de popularité. Je devais participer à la deuxième journée et avec des candidats dont personne ne connaît même pas le nom en Géorgie. C'était une parodie de débats et j'ai refusé. Je suis prête à tout débat avec M. Margvélachvili, mais ce dernier a peur, parce que m'affronter n'est pas une mince affaire.
Vous avez déclaré qu'une fois au pouvoir, vous mettrez Mikhaïl Saakachvili en prison.
Je brigue la présidence et non pas le poste de procureur général. Je créerai toutes les conditions pour qu'une enquête objective de tous les crimes perpétrés par le régime du Mouvement national soit menée en Géorgie. Je créerai une justice libre en Géorgie. Je suis sûre que l'enquête objective sur tous les crimes qui ont eu lieu, le mois d'août 2008 compris, ainsi que la justice objective, conduiront Saakachvili au banc des accusés.
Au début de la «révolution des roses», beaucoup pensaient que vous faisiez une seule équipe avec Saakachvili. Quelles erreurs ont été commises sous sa présidence ?
Chaque homme pourvu du pouvoir commet des erreurs, personne ne l'évite. Mais je parle des crimes. Ce sont des choses différentes. Nous ne parlons par des erreurs, mais des crimes de 2008, des assassinats retentissants sur lesquels il n'y a toujours pas eu d'enquête, des dizaines de milliers de personnes condamnées illégalement, des dizaines de milliers de personnes auxquelles des biens ont été confisqués illégalement, des tortures et des viols dans les prisons. Ce ne sont pas des erreurs, ce sont des crimes qui doivent être punis.
Si nous n'en finissons pas avec le syndrome de l'impunité en Géorgie, nous ne saurons pas rompre le cercle dans lequel nous sommes enfermés ces 20 dernières années. Un pouvoir nouveau arrive, fait des promesses, puis on assiste à un nouveau partage des biens et au blanchiment d'argent. Les gens voient que sous le pouvoir précédent, un homme a volé 10 millions, que sous le pouvoir nouveau il a restitué un million au maximum et qu'il continue de vivre comme un coq en pâte avec 9 millions. Cela n'en finira jamais si la Géorgie ne s'engage pas dans la voie des Etats civilisés où tous sont égaux devant la loi : le président, le premier ministre, le président du parlement, le chef de la police et l'homme de la rue. Je veux y parvenir. Cela nous permettra de développer le pays, la politique intérieure et étrangère, l'économie, l'Etat. Les gens le comprennent parfaitement. Ils disent : «Rétablissez la justice, nous allons patienter». Je vais oeuvrer pour mettre en pratique cette formule simple : la justice et la prospérité pour mon pays.
Mikhaïl Saakachvili a complètement éradiqué la corruption. Est-ce vrai ?
Je pense que Saakachvili restera dans l'histoire du XXe siècle comme un des falsificateurs les plus géniaux. Il vous suffit de consulter les conclusions sur la Géorgie du département d'Etat américain qui n'est pas très critique à son égard pour constater que les rapports pour 2010 et 2011 font état d'une préoccupation par un niveau élevé de corruption de l'élite géorgienne. Aux niveaux inférieur et moyen, la corruption en Géorgie a été éradiquée, mais pas la corruption de l'élite.
Rédaction en ligne
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La Voix de la Russie - 25/10/13 - La présidentielle en Géorgie sera disputée par 23 candidats le 27 octobre. Nino Bourdjanadzé, candidate à la présidence géorgienne et chef du parti Mouvement démocratique – Géorgie unie, a accordé un entretien exclusif à La Voix de la Russie.
Quelle sera la politique étrangère de la Géorgie si vous remportez la présidentielle ? Etes-vous disposée à améliorer les relations avec la Russie ?
Bien sûr que oui. L'activité dans l'arène politique extérieure revêt pour moi une grande importance. Cela pour renforcer la sécurité et l'indépendance de la Géorgie, pour régler des problèmes. Ainsi, des problèmes en suspens dans les relations avec la Russie font peser une menace réelle sur la stabilité et un développement normal de l'Etat. Il est écrit noir sur blanc dans mon programme que le règlement des rapports avec la Russie est une des priorités. Il va de soi nous ne devons pas le faire au détriment des relations amicales avec les autres pays.
Nous aurons des relations normales avec l'Occident, mais nous tenterons de faire en sorte que les relations russo-géorgiennes sortent de l'impasse. Nous nous attacherons à approfondir notre coopération sur la base de l'avantage mutuel. Je ne me fais pas d'illusion, je sais que nous ne pourrons pas le faire vite.
J'ai rencontré le président Poutine, nous avons discuté de la quasi-totalité des problèmes russo-géorgiens. Je ne dirais pas que nos opinions convergent totalement, mais j'ai constaté l'envie de comprendre notre position et de trouver une sortie de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Aussi puis-je dire avec certitude que je pourrai mener des négociations compliquées, mais normales avec la Russie qui finiront par aboutir à des résultats positifs.
Un règlement négocié du conflit avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud est-il possible ?
L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud sont les questions les plus douloureuses. Lorsque notre patriarche s'est rendu en Russie, il a dit à M. Poutine que l'Abkhazie et l'Ossétie étaient des plaies ouvertes sur le corps de la Géorgie. Je pense que nous avons la possibilité et la chance de régler les relations, parce que nous avons une longue histoire de rapports positifs. Nous devons mener un dialogue direct avec les Abkhazes et les Ossètes et je le ferai obligatoirement. Il faut rétablir la confiance entre nos peuples, les ponts qui ont toujours existé entre nous. Si la Russie est du moins neutre, nous saurons régler ces problèmes.
Ce serait une grande percée si la Russie jouait en effet un rôle de pacificatrice dans le règlement de ces conflits. Cependant ce sont les Géorgiens, les Abkhazes et les Ossètes qui ont le dernier mot, parce que c'est à nous de nous entendre. Je pense que les Akhazes et les Ossètes partiront des intérêts de leur peuple et que les Géorgiens doivent leur montrer que notre union et le règlement du conflit sont dans ces intérêts. Pour ce qui est de la Russie, nous devons lui montrer qu'il est dans son intérêt d'avoir les relations de bon voisinage avec une Géorgie unie et non pas divisée ou hostile.
Peut-on rétablir les rapports diplomatiques entre la Russie et la Géorgie sans régler cette question ?
Avec ou sans rapports diplomatiques, nous devons mener un dialogue et un processus de négociations à part entière avec la Russie au niveau le plus élevé. J'en suis absolument convaincue.
Vous êtes considérées comme une femme politique pro-russe. Est-ce que cela va vous empêcher pendant les élections ?
Qu'entendez-vous par femme politique pro-russe ? La femme qui veut avoir les relations normales avec la Russie ? Pour moi, le plus important c'est l'intérêt de la Géorgie. Il est dans l'intérêt de mon pays d'avoir des relations normales avec la Russie, exemptes des difficultés qui existent. Tous ceux qui me soutiennent me considèrent comme une femme politique pro-géorgienne et non pas pro-russe, pour laquelle les intérêts de son Etat priment sur le reste. On m'a qualifiée de traîtresse pour être venue à Moscou, pour avoir serré la main à Poutine et m'être entretenue avec lui. Mais je m'occupe de la politique, je suis patriote et pour moi il est plus important de savoir ce qu'on dira de moi dans une vingtaine d'années.
Est-il difficile d'être femme dans la politique géorgienne ?
Je ne sais pas s'il est difficile d'être femme dans la politique des autres pays. La politique est une chose difficile, parce que les principes qui sont les miens compliquent la vie, en général, et d'autant plus dans la politique. Je pense que l'homme doit répondre de ses paroles et des ses actes. Il faut être honnête, ce qui est difficile dans la politique. C'est difficile dans la vie, mais surtout dans la politique. Je ne suis pas enchantée par les méthodes utilisées par les hommes politiques géorgiens.
Nino Bourdjanadzé de quoi s'occupe-t-elle outre la politique ?
Pour le moment, de rien : il ne me reste plus de temps. D'habitude j'aime lire et je lis toujours au moins quelques pages avant de m'endormir. Mais pas au cours du dernier mois et demi. J'aime le théâtre et les théâtres de Moscou me manquent. J'aime la musique classique. En hiver, j'aime faire du ski. J'aime les fleurs, les chiens, parfois faire la cuisine. Mais vous comprenez que pour cela il me reste très peu de temps.
Rédaction en ligne
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Photо : EPA
Par La Voix de la Russie — Oct. 2013 - Guiorgui Margvelachvili, candidat de la coalition au pouvoir Rêve géorgien et allié du Premier ministre et milliardaire géorgien Bidzina Ivanichvili, remporte l'élection, obtenant 66,7% des votes, selon les sondages à la sortie des urnes.
Ce philosophe, peu connu du grand public, remporte ainsi le scrutin dès le premier tour, battant David Bakradzé, l’allié de parti Mouvement national-démocrate de Mikhaïl Saakachvili, qui a obtenu 20,2% des voix.
Ce dernier a reconnu sa défaite. « Je félicite Guiorgui Margvelashvili pour sa victoire et la confiance que le peuple géorgien lui a exprimée », a déclaré David Bakradzé au cours d'un point de presse.
La représentante du Mouvement démocratique Géorgie unie, Nino Bourjanadzé a remporté 7,5% des votes.
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Voila.fr - 28/10/13 - Guiorgui, le candidat du Premier ministre géorgien Bidzina Ivanichvili et ennemi juré du président sortant Mikheïl Saakachvili, a remporté une écrasante victoire à la présidentielle dimanche en Géorgie, un scrutin salué par l'OSCE et Washington.
M. Margvelachvili, 44 ans, un philosophe peu connu du grand public, a obtenu près de 62% des voix, selon des résultats portant sur 99,68% des bureaux de vote.
Son adversaire, David Bakradzé, candidat du président sortant, arrive loin derrière avec un peu moins de 22% des voix.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a salué le bon déroulement du scrutin, qu'elle a qualifié de "positif et transparent". L'organisation a ajouté que la démocratie géorgienne continue de "mûrir" depuis les législatives d'octobre 2012.
Washington a également estimé que "l'élection reflétait clairement la volonté du peuple" d'une Géorgie "épousant les institutions euro-atlantiques", dans une déclaration du Département d'Etat lundi.
Ces élections avaient vu la première passation de pouvoir pacifique dans ce pays du Caucase, lorsque le mouvement Rêve géorgien du Premier ministre et milliardaire Bidzina Ivanichvili avait battu le camp de M. Saakachvili.
Améliorer les liens avec Moscou
Le président élu a insisté sur sa volonté d'améliorer les relations "extrêmement difficiles" avec Moscou. "Mais nous sommes résolus à ce qu'il n'y ait pas d'agressions, pas d'actions destructrices de notre part", a-t-il poursuivi.
Les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis la guerre de cinq jours en août 2008 pour le contrôle du territoire séparatiste pro-russe d'Ossétie du Sud. La Russie avait reconnu dans la foulée cette république séparatiste, ainsi qu'une autre (l'Abkhazie), où sont basés depuis des milliers de militaires russes.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a, de son côté, indiqué souhaiter que les nouvelles autorités géorgiennes suivent "une politique amicale et de bon voisinage".
Le nouveau pouvoir a cependant assuré reprendre à son compte l'orientation pro-occidentale de la Géorgie, prônée par le président sortant. M. Margvelachvili a souligné que l'intégration européenne et euro-atlantique restait la priorité.
Le scrutin marque la fin du règne tumultueux de M. Saakachvili, arrivé au pouvoir il y a dix ans à l'issue de la Révolution de la Rose (qui a abouti à la démission du président Edouard Chevardnadze le 23 novembre 2003), et du pouvoir présidentiel fort dans cette ex-république soviétique de 4,5 millions d'habitants.
Bidzina Ivanichvili avait déclaré dimanche n'avoir aucun doute quant à la victoire de son candidat. "Ensemble, nous allons bâtir la Géorgie dont nous rêvons", avait-il lancé. Il s'est engagé à quitter la scène politique après l'élection et à désigner son successeur à la tête du gouvernement.
"C'est maintenant la chose la plus importante, car le président n'est plus le personnage principal", a estimé Koba Tourmanidzé, du centre de recherche sur le Caucase, faisant allusion à la réforme constitutionnelle ayant réduit les prérogatives du chef de l'Etat.
Le président sortant Saakachvili, qui avait qualifié son successeur Margvelachvili de "marionnette du milliardaire" Ivanichvili a appelé ses partisans à "respecter l'opinion de la majorité".
Il a toutefois souligné que le résultat de l'élection, dont le taux de participation a été relativement faible (46,6%), constituait une "déviation sérieuse" par rapport à la modernisation de la Géorgie.
Depuis les législatives de 2012, plusieurs alliés de M. Saakachvili ont été arrêtés, suscitant l'inquiétude des capitales occidentales qui soupçonnent des poursuites aux mobiles politiques.
Lundi, un tribunal de Tbilissi a d'ailleurs condamné Batcho Akhalaïa, un ancien ministre de la Défense, à trois ans et neuf mois de prison dans une affaire d'abus de pouvoir, la première condamnation d'un ex-haut responsable proche de M.Saakachvili.
M. Ivanichvili, qui a qualifié le président sortant d'"homme politiquement mort", a averti que ce dernier pourrait d'ailleurs lui aussi être l'objet de poursuites.
Une source proche du président a déclaré à l'AFP que de hauts responsables américains avaient encouragé M. Saakachvili à s'installer, au moins provisoirement, aux Etats-Unis.
Critiqué pour son style autoritaire et surtout pour la guerre désastreuse avec la Russie en 2008, M. Saakachvili a cependant réussi en dix ans à endiguer la corruption, à mettre en place des infrastructures et à relancer l'économie de son pays, qui avait connu après la chute de l'URSS en 1991 une guerre civile et la misère.
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Mikheil Saakachvili renonce à la nationalité géorgienne
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© Photo: AP/Shakh Aivazov
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Saakachvili condamné à trois ans de prison en Géorgie
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© DAVID MDZINARISHVILI Source: Reuters La nouvelle présidente géorgienne Salomé Zourabichvili.
L'ancien ambassadeur de France à Tbilissi élue présidente de la Géorgie29 nov. 2018 RTFrance Avec AFP Salomé Zourabichvili, soutenue par le parti au pouvoir Rêve géorgien, a été élue présidente avec plus de 59% des voix. Mikheïl Saakachvili, fondateur du Mouvement national uni dont le candidat a été battu, a dénoncé une «fraude électorale massive». L'ancienne diplomate franco-géorgienne Salomé Zourabichvili a recueilli 59,52% des voix contre 40,48% pour le candidat de l'opposition, Grigol Vachadzé, et a donc été élue première femme présidente de la Géorgie, selon les résultats portant sur la totalité des bureaux de vote annoncés par la Commission électorale centrale le 29 novembre. Même si le poste de président est devenu essentiellement symbolique après certains changements constitutionnels, le vote était un test pour le parti au pouvoir. L'élection préfigure en effet la confrontation à venir lors des législatives de 2020 entre le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili et qui a pris les rênes du pays en 2012, et le Mouvement national uni, fondé par l'ancien président aujourd'hui en exil Mikheïl Saakachvili. Ce dernier, dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision Roustavi-2 TV, a immédiatement contesté le résultat, dénonçant «une fraude électorale massive». Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé quelques jours avant le vote avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d'identité pour truquer le second tour en faveur de Salomé Zourabichvili. Celle-ci a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort. Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) doit donner une conférence de presse dans la journée du 29 novembre. Les rapports des observateurs électoraux étrangers seront suivis de près par l'opposition. L'opposition refuse de reconnaître les résultatsPeu de temps après la proclamation officielle des résultats de l'élection présidentielle, Grigol Vachadzé a refusé de reconnaître ceux-ci et a lancé un appel à manifester. |
La Géorgie : pauvreté endémique et instabilité politique,
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La Géorgie et ses Juifs
La Reine Tamar (XIII e siècle)
Carnet de voyage II : automne 2018 Par Ada Shlaen* https://mabatim.info La Géorgie, pays grand comme l’Irlande, peut surprendre et enchanter par la diversité de climats et de paysages. À l’ouest, les côtes subtropicales sont bordées par la Mer Noire, une bonne partie du territoire se trouve dans les montagnes du Caucase, souvent enneigées, appelées « le toit de l’Europe » et qui sont à cheval sur l’Europe et l’Asie. Si le sommet le plus haut, l’Elbrous (5642 m) se trouve de l’autre côté de la frontière, en Russie, nous trouvons en Géorgie les volcans éteints qui dépassent 5000 mètres : Chkhara (5068 m), Djanga (5051 m) et Kazbek (5047 m). Plusieurs plateaux comme l’Imérétie et la Karthlie sont fertiles, on y trouve des vignobles ; or le vin est pour des Géorgiens aussi important que pour des Français. Pendant le voyage, nous ne pouvons qu’admirer des sites grandioses et des paysages incroyablement variés. Sur une surface relativement restreinte nous trouvons de très nombreux vestiges du passé, car cette terre reste un témoin d’une brillante culture autochtone et des différentes civilisations qui ont traversé le pays. Au IIIe siècle avant J.-C. sur les terres méridionales et orientales de l‘actuelle République de Géorgie, il y avait déjà un royaume indépendant de Karthlie-Ibérie, d’ailleurs les Géorgiens se désignent comme les Kartveli, du nom Karhtlie. Il s’agit de la partie centrale du pays autour de l’ancienne capitale Mtskheta, éloignée d’une vingtaine de kilomètres de Tbilissi. Le pays s’est christianisé au début du IVe siècle et actuellement près de 85% de la population sont orthodoxes. Depuis le schisme de 1054, l’Église de Géorgie est restée fidèle à sa foi chrétienne ; de plus elle est autocéphale, donc indépendante du Patriarcat de Constantinople[1]. Cette indépendance est même soulignée par l’usage d’un alphabet très particulier et de plus, très joli à voir. Sur cette terre nous sommes près du monde antique, là se trouve la Colchide des mythes grecs où les Argonautes sont venus chercher la Toison d’or, le Titan Prométhée qui a volé le feu sacré de l’Olympe pour le donner aux hommes, était enchainé dans les montagnes du Caucase … Grâce aux fouilles archéologiques nous savons que sur la côte de la Mer Noire il y avait des colonies grecques. Plus tard le pays sera vassalisé par des Romains. Ensuite, durant des siècles, les Géorgiens affrontèrent des musulmans, en occurrence des Perses, des Mongols et des Ottomans, avant de se réfugier à partir de la fin du XVIIIe siècle sous la protection russe, préférant traiter avec le grand pays orthodoxe. Tous ces conquérants étaient intéressés par la position stratégique du pays, un point important sur la fameuse « route de la soie ». Malgré ces attaques incessantes la Géorgie n’a jamais perdu son identité nationale, et on peut même affirmer qu’elle se renforçait dans les moments les plus difficiles. Mais l’unité du pays n’existait que pendant des périodes courtes ; durant des siècles les Géorgiens vivaient dans plusieurs principautés qui ont été réunies au XIe siècle par le roi Bagrat III[2]. Le royaume de Géorgie a atteint son apogée au XIII e siècle sous les règnes de Georges II et de sa fille Tamar, reine d’une grande intelligence et de beauté (1184-1213). Mais les invasions constantes ont anéanti cet état unifié, puis, pendant des siècles, les Géorgiens vécurent dans l’espoir d’une réunification nationale. Les juifs Hébreu, kivrouli ou judéo-géorgien… Les Juifs géorgiens sont des sépharades qui ont adopté la langue du pays, en gardant évidement l’usage de l’hébreu pour la lecture et l’étude de la Thora. Néanmoins les marchands avaient leur propre dialecte, le kivrouli ou judéo-géorgien. Son lexique est basé sur le géorgien, mâtiné d’araméen et d’hébreu. En septembre 1998 on a célébré avec une certaine solennité 2600 ans de la présence de la communauté juive dans le pays. Tout au long de ces siècles, les Géorgiens et les Juifs cohabitaient paisiblement ; même si les Juifs ne se mêlaient pas à la population autochtone, vivant d’une manière compacte autour des synagogues, bâties dans le style du pays et qui avaient une architecture bien particulière avec des éléments orientaux. Les Juifs géorgiens travaillaient souvent la terre, certains étaient même des serfs comme leurs voisins géorgiens. Une toute petite minorité s’occupait de l’artisanat (tisserands, teinturiers, cordonniers, chapeliers). À partir de 1860, après l’abolition du servage, les Juifs se déplacèrent vers les villes. Les centres les plus importants étaient Tbilissi, Tskhinvali, Koutaïssi, Koulachi, Akhaltsikhé et Oni. À la fin du XIXe siècle près de 20000 Juifs vivaient en Géorgie. Fait intéressant : tout au long de ces siècles un petit nombre de Juifs géorgiens arrivaient à s’installer en Palestine, surtout à Jérusalem. Influence de la Russie La puissance militaire russe parviendra en quelques dizaines d’années à unifier le pays alors que les rois de Géorgie avaient été incapables de le faire durant des siècles. Le pays devient alors partie intégrante de l’Empire russe sous le nom du vice-royaume du Caucase, mais la dynastie régnante, les Bagratides, sera écartée du pouvoir. Dans le même temps, la noblesse géorgienne est intégrée à l’aristocratie russe, en gardant toutefois ses titres. La capitale change de nom en devenant Tiflis, et on assiste alors à une russification forcée ; le géorgien est banni des administrations publiques et l’Église nationale perdra son indépendance face à la domination du clergé russe. Avec l’arrivée des Russes, la communauté juive change aussi, car des Juifs ashkénazes, assez nombreux, s’installent dans le pays. Au début, cette arrivée était vécue avec une certaine animosité, les deux communautés ne se mélangeant pas, chacune fréquentant sa synagogue. Les mariages étaient rarissimes. Le temps aidant, les relations se resserrent et les Juifs géorgiens prirent même l’habitude d’envoyer les jeunes dans les yeshivot de Lituanie ou de Pologne. Parallèlement on assistait au XIXe siècle à une forte urbanisation de Juifs ; dans les villes, leurs habitations restaient groupées, on le constate encore de nos jours grâce à la toponymie des rues : rue Juive, place de Jérusalem … Malheureusement cette présence russe a apporté l’antisémitisme, absent jusqu’alors du pays : durant la deuxième moitié du XIXe siècle on formula six accusations des crimes rituels, émis contre les Juifs. En 1895 il y eut même un pogrome à Kutaïssi. À la fin du XIXe siècle surtout parmi les Juifs ashkénazes, apparurent des mouvements sionistes. En 1903 le rabbin David Baazov (1883-1947) participa au 6e congrès sioniste à Bâle et il continuera son activité jusqu’à la fin de sa vie, même dans la période soviétique. Tout au long du XIXe siècle, les Géorgiens, indépendamment de leur nationalité, acceptaient la présence russe, car elle s’accompagnait d’un réel progrès culturel et économique. La région connaît alors un remarquable essor industriel et commercial. Grâce au vice-roi Mikhaïl Vorontsov[3], Tbilissi/Tiflis se transforme en brillante métropole de 150000 habitants où plusieurs nationalités se côtoient, (Géorgiens, Arméniens, Juifs, Azéris, Kurdes, Russes, Ossètes, Abkhazes …). Les grands écrivains russes, Pouchkine, Lermontov, Tolstoï, viennent à Tiflis et tombent sous l’enchantement de la ville, de la nature, et des peuples du Caucase. Grâce à leurs œuvres, la Géorgie occupera une place très particulière dans la culture russe. Or, cette unification nationale a entrainé une refondation de la nation géorgienne où le désir d’indépendance va croître à partir de la fin du XIXe siècle, quand le pouvoir impérial de plus en plus rigide tentera d’imposer la russification de la sphère publique. Alors, en Géorgie, comme d’ailleurs en Russie même, le bouillonnement social et national commence, les mouvements révolutionnaires apparaissent, et à partir de 1902 dans le grand port Batoumi, un certain Joseph Djougachvili[4] se met à organiser des grèves et des manifestations. Pourtant les bolchéviques[5], malgré quelques personnalités marquantes, comme Beria, Ordjonikidze[6] et surtout Staline, n’étaient pas très bien implantés dans le Caucase en général et en Géorgie en particulier. En revanche les mencheviques tenaient le haut du pavé. Le parti social-démocrate devient alors très actif à la Douma de Tiflis et même le haut clergé géorgien refuse de participer au synode russe. En février 1917 lorsque la révolution éclate à Petrograd, un soviet fut aussi créé à Tiflis, dirigé par le leader des mencheviks géorgiens, Noé Jordania. Comme pour équilibrer les évènements, dans la capitale impériale, un Géorgien, Nicolas Tchkéidzé, un opposant farouche au tsar Nicolas II, sera de février à octobre 1917 le Président du Comité exécutif du Soviet de Petrograd. Le 26 mai 1918, la Douma de Géorgie déclare l’indépendance de la République démocratique de Géorgie, qui allait durer trois ans. Le gouvernement eut le temps d’entamer un programme de réformes et fut reconnu officiellement par plusieurs pays occidentaux et même par la Russie soviétique. Ceci n’empêcha pas une attaque de l’Armée rouge en février 1921, et le 25 février les soldats entrent dans Tbilissi. Le gouvernement s’exile en France, établissant pour plusieurs décennies son siège à Leuville-sur-Orge[7]. À l’époque, près de 2000 Juifs quittèrent aussi la Géorgie pour la Palestine. Période communiste Avec un certain décalage dans le temps, la communauté juive de Géorgie vivra alors les mêmes évènements que les autres citoyens juifs de l’Union Soviétique. Au début de la soviétisation, il y avait un certain respect des traditions locales y compris de la vie religieuse. Dans les écoles, les cours d’hébreu étaient maintenus, c’était même une exception sur le territoire du pays, mais comme le yiddish n’était pas utilisé par les Juifs géorgiens, on ne pouvait pas l’imposer ! Il y avait même un lycée pour les jeunes ashkénazes où le yiddish était enseigné comme une matière facultative ! Alors, la thématique juive devient même populaire dans la littérature des auteurs d’origine juive, on le voit dans des œuvres d’Hertzel Baazov, (1904-1938) fils du rabbin David Baazov. Les changements sociaux ne tardent pas à venir : la population juive, assez nombreuse dans des activités agricoles, est touchée par la collectivisation comme tous les paysans de l’URSS. Ils ont pu pendant assez longtemps garder leur vie traditionnelle, respecter le repos du shabbat, les fêtes juives, la kashrout. En 1933 il y avait 15 kolkhozes juifs où près de 2500 personnes travaillaient. Quelques volontaires sont allés au Birobidjan et en Crimée, mais ils étaient peu nombreux. À la fin des années 1930, sous le slogan de l’internalisation, ces kolkhozes ont accueilli des Géorgiens et ont perdu leur caractère juif. En 1930 avec l’arrivée de Lavrenti Beria, la vie religieuse se voit attaquée. Certaines synagogues sont fermées, les journaux de la communauté cessent de paraître, les cours d’hébreu sont interdits. Lorsqu’en 1934 le musée ethnographique des Juifs de Géorgie est créé, il était officiellement défini comme « un moyen de lutte avec les survivances du passé ». Mais les savants ont su détourner ce slogan, et, dans le musée, on a pu réunir une collection remarquable d’objets de culte, des vêtements et des costumes anciens, et des tableaux du peintre Shalom Kobochvili qui a peint la vie quotidienne des Juifs géorgiens. Comme partout en Union Soviétique, les années 1937-38 seront marquées par des arrestations, des exils forcés, des emprisonnements dans les camps. Plusieurs responsables communautaires sont arrêtés, exécutés, parfois sans jugement. L’écrivain Hertzel Baazov, arrêté début 1938, est tué en prison. Son père, David Baazov, arrêté au même moment, devait aussi être exécuté, mais la peine capitale est commuée en 10 ans d’exil en Sibérie. La guerre Mais une fois la guerre terminée, la communauté juive de Géorgie souffrira pendant « la campagne contre les cosmopolites » des années 1948-1953[8]. Parmi les intellectuels, les arrestations reprennent, le musée est fermé, et son directeur envoyé en camp de concentration, certaines synagogues sont closes à nouveau. Après la mort de Staline (le 5 mars 1953) et la publication du rapport Khroutchev (en 1956 au XXe Congrès du PCUS), le Parti communiste géorgien gagne progressivement en autonomie. L’arrivée en 1972 à la tête du parti d’Edouard Chevarnadzé (dans la période 1968-1972 il était le Ministre de l’Intérieur de Géorgie) coïncide avec le réveil de la conscience nationale ; ainsi en 1978 lorsque le pouvoir central souhaite retirer au géorgien le statut de la langue nationale, à Tbilissi les manifestations très nombreuses sont organisées, avec le soutien de Chevarnadzé en personne : Moscou fait alors marche arrière ! Durant les années 1980 des artistes géorgiens commencent à s’exprimer très librement au cinéma, au théâtre, en littérature[9]. Les dissidents géorgiens réclament de plus en plus fort l’indépendance nationale ; en 1985 un mouvement dirigé par Zviad Gamsakourdia est créé à Tbilissi, la jeunesse exige la sauvegarde de la langue nationale et développe la vision d’une Géorgie libre et démocratique. Il faut préciser que la dissidence était aussi très forte parmi les Juifs de Géorgie, dont certaines actions sont remarquables. Ce mouvement est né après la guerre de Six Jours quand en Géorgie les Juifs ont commencé à signer des pétitions, en exigeant le droit d’émigrer en Israël. Le 6 août 1969 dix-huit familles juives ont envoyé une lettre commune à l’ONU avec la demande d’intervenir auprès du gouvernement soviétique pour faciliter leur alyah en Israël. Brusquement les Juifs soviétiques sont apparus dans les titres de journaux de l’Occident. Les mots comme refuznik, samizdat sont entrés dans le vocabulaire international. Deux ans plus tard, en 1971 un autre groupe de Juifs géorgiens qui voulaient émigrer en Israël, se sont installés pour trois jours dans une salle du Télégraphe central de Moscou, rue Gorki (aujourd’hui Tverskaïa) pour proclamer une grève de la faim. Un témoin de cette action, le refuznik moscovite, Vladimir Slepak[10], raconta ensuite que l’académicien Andreï Sakharov, les donna comme un exemple à suivre. Ils ont gagné la partie, car ils ne furent pas emprisonnés, mais sur la demande d’Edouard Chevarnadzé, le Ministre de l’Intérieur de Géorgie, ils furent renvoyés à Tbilissi où ils purent obtenir les autorisations de sortie. Entre 1971 et 1981 plus de 30000 Juifs géorgiens ont pu faire leur alyah. On peut noter qu’en 1972, à Jérusalem, on a inauguré la place de Shalom Eloshvili, l’un de 18 signataires de cette lettre. Il faut remarquer que même pendant la période soviétique, les Juifs géorgiens restaient fidèles aux traditions religieuses (circoncision, mariage et enterrement avec le rabbin) ; la plupart fréquentaient les synagogues pour le shabbat et les fêtes, ils continuaient aussi à suivre les règles de la kashrout. Les garçons étaient préparés pour la Bar-mitsva dans les khéder, interdits en principe, mais tolérés par les autorités. De plus les Juifs géorgiens ont su profiter des possibilités économiques qui existaient alors en Géorgie. On disait même qu’ils donnaient des sommes importantes à des synagogues des autres régions de l’URSS, y compris à la Grande synagogue de Moscou. Les années Gorbatchev et l’indépendance Mais pour la Géorgie, le passage à l’indépendance sera tout particulièrement difficile et sanglant, car le 9 avril 1989 une manifestation pacifique à Tbilissi est brutalement réprimée par l’armée soviétique causant la mort de 43 participants. Cet événement ne fera qu’accélérer les choses et le 9 avril 1991 (c’est-à dire neuf mois avant la dislocation officielle de l’URSS, intervenue le 26 décembre 1991), la Géorgie déclare son indépendance, et le 26 mai Zviad Gamsakourdia est élu Président. Cette élection n’a pas apporté la paix dans le pays, au contraire elle a débouché sur une guerre civile et une tension de plus en plus croissante avec la Russie. Ce conflit entre les partisans et les adversaires du président nouvellement élu, sera bref (6-7mois), mais douloureux. Il divisera profondément la société entre « zviadistes » et « antizviadistes », et cette cassure est toujours sensible dans le pays. Pour sortir du chaos, les chefs de différentes fractions se sont tournés vers l’ancien Premier secrétaire du PC géorgien, Edouard Chevarnadzé, figure populaire et consensuelle. Pourtant dans certaines régions la guerre continuera encore pendant deux ans et l’Adjarie déclarera son autonomie. De plus, en été 1992, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, soutenues par la Russie, feront même sécession, choisissant l’indépendance. La paix ne sera rétablie qu’à partir 1995, en tout cas dans les régions centrales du pays. En novembre 1995 Edouard Chevarnadzé est élu Président avec 70% des voix. En 2000 à la fin de son premier mandat le pays semblait aller vers la normalisation. Mais au cours de ces années, la corruption est devenue de plus en plus prégnante, l’entourage proche du Président détenant 70% du capital économique du pays, alors que l’économie stagnait. De plus, en pleine guerre de Tchétchénie, les relations avec la Russie se détériorent, car Poutine accuse la Géorgie d’abriter des combattants tchétchènes. En représailles, Moscou coupe l’approvisionnement en hydrocarbures et le pays connaît des coupures de gaz et d’électricité tous les jours. À partir de 2001 l’opposition s’organise autour du jeune ministre de la Justice, Mikhaïl Saakachvili, formé dans les universités européennes et américaines, qui fonde un parti politique de centre-droit le Mouvement National Uni. Le 2 novembre 2003 se tiennent les élections parlementaires, et les fraudes électorales commises par le parti du président, l’Union des Citoyens, sont évidentes et dénoncées par des observateurs indépendants. L’opposition proteste et appelle à des manifestations pacifiques. Ses leaders, Mikhaïl Saakachvili, Zourab Jvania et Nino Bourdjanazé, distribuent des tracts et des roses. (Cette fleur est devenue le symbole du mouvement). Le 21 novembre les manifestants entrent dans le Parlement par la force. Edouard Chevarnadzé décide de jeter l’éponge et le 23, il annonce sa démission. Présidence Saakachvili De nombreux Géorgiens semblent de plus en plus déçus, l’opposition véhémente réclame les élections parlementaires anticipées et exige la démission du président. En face, Saakachvili durcit sans cesse son autorité et annonce la tenue d’élections présidentielles anticipées pour le 5 janvier 2008. Après une campagne électorale très courte, il l’emporte de justesse. Au printemps-été 2008 en Abkhazie et Ossétie du Sud la situation s’aggrave de jour en jour. La Russie rassemble des forces importantes de l’autre côté de la frontière en Ossétie du Nord, prête à aider les Ossètes du Sud. Les échanges de tir se multiplient et dans la nuit du 7 au 8 août, à la surprise générale, la Géorgie lance une attaque massive sur la capitale sud-ossète Tskhinvali. Les Russes intervienent le 9 août et le 11 la débâcle géorgienne est totale, les troupes russes continuant leur avancée sur le territoire géorgien, en s’approchant dangereusement de Tbilissi. Cette guerre éclair est stoppée surtout grâce à l’intervention de Nicolas Sarkozy, alors président de l’EU. Le 12 août un plan de paix est signé entre le président russe Dimitri Medvedev et Mikhaïl Saakachvili. La guerre a été arrêtée, mais la Géorgie, bien qu’elle ait le soutien de l’opinion publique internationale, a perdu des territoires et surtout doit se résigner à la perte de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, sur le moyen terme en tout cas. Saakachvilli, devenu de plus en plus impopulaire, doit pactiser avec une opposition opiniâtre, qui a constitué le parti le « Rêve géorgien », financé par l’oligarque Bidzina Ivanichvili, l’homme le plus riche et le plus influent du pays. Aux élections législatives de 2013 ce parti obtient la majorité au Parlement ce qui provoque une cohabitation « à la française ». Ivanichvili devient Premier ministre ; assez discret d’ailleurs et annonce qu’il ne restera en politique que le temps d’une passation. Ayant fait fortune en Russie, il s’efforce de normaliser les relations avec le puissant voisin dont Saakachvili s’était fait l’ennemi. Le 27 octobre 2013 le « Rêve géorgien » emporte l’élection présidentielle et Guiorgui Margvélachvili remplace le bouillant Saakachvili. Il faut reconnaître que les institutions marchent bien en Géorgie, le changement des équipes se déroule sans embûches. Comme il l’avait annoncé, Ivanichvili a démissionné ; depuis, la Géorgie a eu deux Premiers ministres, tout d’abord Irakli Garibachvili, et depuis 2015 Guiorgui Kvirikachvili. Tous les deux s’attachent au redressement économique et à la transition vers une économie de marché, tout en ménageant le puissant voisin russe. Le 28 octobre aura lieu la septième élection présidentielle depuis l’indépendance de 1991. Le président sortant ne se représente pas, mais les candidats ne manquent pas : ils sont 25 ! Parmi eux il y a deux femmes : Tamar Tskhoragauli et Salomé Zourabichvili[11], femme politique franco-géorgienne, ancienne ministre des Affaires étrangères sous la présidence de Saakachvili. La Géorgie aime bien se présenter comme un pays occidental, mais il faut reconnaître que les méandres de leur vie politique s’apparentent plutôt à la tradition orientale. Les juifs aujourd’hui Cette dualité s’explique par les deux composantes de la communauté. Les Juifs séfarades se réunissent dans la Grande synagogue, l’autre étant destinée aux ashkénazes, et souvent appelée « la synagogue russe ». J’étais à Tbilissi le jour de Rosh-Hashana ; la Grande synagogue était pleine, et dans la « synagogue russe » il y avait nettement moins de monde. Néanmoins dans la capitale il y a une école maternelle et un collège où l’enseignement est assuré en géorgien et en hébreu. À côté de la Grande synagogue, il y a aussi le musée juif qui porte le nom de David Baazov[12] qui témoigne de la riche civilisation des Juifs géorgiens. Les échanges culturels sont très vivants entre la Géorgie et Israël ; on organise des festivals, des concerts, des touristes israéliens viennent volontiers, surtout depuis que la situation politique semble stabilisée. Pour toutes ces raisons le voyage en Géorgie ne peut qu’intéresser les amateurs d’histoire du peuple juif ! AS * Ada Shlaen est professeur agrégée de russe, et a enseigné aux lycées La Bruyère et Sainte-Geneviève de Versailles [1] Le Patriarcat de Constantinople est la première juridiction de l’Église orthodoxe liée au statut de capitale de l’Empire romain d’Orient dont jouissait autrefois Constantinople, l’actuelle Istanbul.
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Mise à jour du 21/11/2019