A propos des rêves lucides

Bonjour,

Au hasard d’une recherche sur internet, j’ai découvert seulement ce soir votre association et les explications sur le rêve lucide.

C’est une pratique que j’ai exercée déjà très jeune, très intensément et durant des années. Cependant je n’en parlais pas car les rares fois que j’ai essayé d’aborder le sujet, j’ai eu l’impression de passer pour un « dérangé », et j’avais fini par me demander si j’étais seul au monde à faire cette expérience si fabuleuse! Ca me paraissait pourtant évident que, dans les rêves, on fait des raisonnements, donc on peut se poser la question de savoir si on rêve !

Je reconnais parfaitement, dans quelques descriptions de ceux qui ont fait cette expérience comme dans les techniques décrites, la véracité de leurs dires quant ils décrivent ces sentiments si forts tout au long des rêves, ce bouillonnement de joie et de victoire au moment où on réussi et aussi les difficultés quand on arrive pas toujours à traverser une matière ou à s’envoler très haut. J’ai maintenant 45 ans et voici des années que j’ai abandonné cette pratique pour diverses raisons. Cependant il m’arrive encore, bien que très rarement, d’être soudaienment lucide en rêve. Le reste du temps, j’ai tellement pratiqué cette méthode que, lorsque je me souviens d’un rêve, j’ai encore un fond de conscience qui reste, qu’on ne peut rien contre moi quand il arrive quelque chose, ce qui est fort pratique car je ne connais pas le cauchemard !

N’ayant pas suivi de méthode, j’ai inventé la mienne qui se rapproche assez de la vôtre, avec quelques précisions en plus que j’aimerais partager, ou plutôt donner, même si dans la pratique je ne souhaite plus reprendre ces exercices, du moins pas pour le moment.

Voici donc mes petites « découvertes » et leur histoire :

Ayant fait quelques rêves fabuleux étant petit, je trouvais désolant qu’on s’en souvienne si peu, surtout que je traversais une période difficile (décès de mon père, remariage catastrophique de ma mère,changements fréquents d’école etc.)Quelqu’un m’a dit un jour que, si je faisais très attention au réveil, je pouvais m’entraîner à les remémorer. C’est ce que j’ai fait avec assiduité. Après deux ans, je pouvais me souvenir chaque nuit d’au moins un rêve, parfois 3. Seulement, j’ai fait des découvertes capitales pour la suite :

-la 1ère, (que vous ne semblez pas connaître) : il y a un temps entre un changement dans la réalité et son adaptation définitive dans le rêve. Par exemple, si vous faites connaissance d’un ami avec qui vous allez passer ensuite presque toutes vos journées, il faut plusieurs mois pour qu’il fasse partie du « paysage » de vos rêves (sauf en cas d’une grande inquiétude qui peut perturber un rêve dès la nuit suivante). Chez moi, il fallait 6 bons mois pour « assimiler » les grands changements (déménagements, changement d’école, nouveaux amis), avec une régularité frappante.
-la 2e, c’est que le souvenir des sentiments qui traversaient mes rêves me montraient bien que je pouvais réfléchir, et donc me poser la question de savoir si je rêve, en vérifiant par exemple si je pouvais discrètement essayer de m’envoler.
-la 3e, bêtement en lisant une BD humoristique où j’ai appris ce qu’était la méthode « Coué », j’ai compris que je pouvais faire une sorte d’autosuggestion pour y arriver.

J’avais alors résolu comment y arriver et en combien de temps. Il suffisait de trouver une phrase du genre « je dois vérifier si je rêve en essayant de m’envoler », la répéter un moment chaque jour jusqu’à ce que cette « autosuggestion » fasse partie de mes rêves, soit dans un temps évalué à au moins 6 mois. Je m’étais juré de faire ça au moins 10 min par jour et de ne pas abandonner avant un an.
Encore maintenant, je suis particulièrement fier de ce calcul puisque c’est exactement après 7 mois qu’un jour (ou plutôt une nuit), je me suis dit comme d’habitude « ah oui, il faut que je fasse mon autosug… »
Je n’ai pas eu besoin de penser plus loin, je me suis tout de suite rendu compte que c’était un rêve et ça a vraiment été une explosion de joie et de fierté. Puis je suis monté sur une chaise et j’ai montré à tout le monde que je pouvais voler. Ca n’a pas duré longtemps mais je crois que Christophe Colomb lui-même n’a pas dû avoir un sentiment plus fort lorsqu’il a enfin vu la terre.
Evidemment, après j’ai augmenté la cadence de « l’autosuggestion » (excusez-moi le terme, je n’en ai jamais utilisé d’autre). La fois suivante est arrivée après 2 mois, ensuite 1 mois, pour descendre à chaque semaine et enfin chaque jour. Après j’ai arrêté mais les rêves lucides ont fini par remonter à moins d’une fois par semaine. Au début de l’adolescence j’ai repris à fond pour arriver, à l’âge de 15 ans, à un pic de 3 à 5 rêves lucides par nuit.

Jusqu’à la fin de mon adolescence, j’ai cru que c’était un truc réservé aux grandes personnes, jusqu’à ce que je finisse par voir que personne ne semblait être au courant

J’ai découvert pas mal de choses qui pourraient vous intéresser. Par exemple, l’habitude d’essayer de me souvenir des rêves au réveil m’a permis de me rendre compte qu’à tout moment je pouvais ramener un « morceau » de rêve juste avant le réveil, quelle que soit la profondeur du sommeil. S’il est vrai qu’on se souviendra généralement des rêves dans le sommeil léger, ceux qu’on fait en sommeil plus profond semblent plus « réels », à tel point qu’il arrivait parfois que je me pose la question mais que, pris d’un doute, je préférais ne pas y donner suite par peur du ridicule. Pourtant, c’est tellement évident quand on est réveillé qu’on ne rêve plus! En ce qui me concerne, je suis même persuadé qu’on rêve durant tout notre sommeil, n’en déplaise à ceux qui ne peuvent capter, avec leur machine, que les ondes du sommeil léger ! Si la pensée devait vraiment s’arrêter, je ne crois pas qu’on puisse être autre chose que mort.
Autre découverte du sommeil profond (celle-là, je ne l’ai faite qu’une fois) : je suis passé d’un sommeil très profond à un sommeil moyen tout en étant lucide. A ce moment, je me suis rendu compte que le langage n’était pas le même. Dans le sommeil profond, c’était des intonations et dans le moyen, le langage « parlé » était utilisé. Dans le moyen, je me souvenais encore des intonations et de leur traduction en une phrase que j’ai essayé de ramener en forçant mon réveil. Hélàs, ça devenait de plus en plus dur de garder cette phrase à mesure que je me réveillais, et je l’ai tout à fait oubliée une fois complètement réveillé. Je me souviens juste qu’il s’agissait d’intonations ou d’exclamations un peu comme du chinois…

Posté sur la mailing liste « onirama » par Plazmi,  le 17/10/9

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4 réflexions sur « A propos des rêves lucides »

  1. roger Auteur de l’article

    Bonjour Plazmi,

    Merci pour votre témoignage sur vos expériences de lucidité onirique ainsi que le partage de vos petites découvertes 🙂

    > Au hasard d’une recherche sur internet, j’ai découvert seulement ce soir votre association et les explications sur le rêve lucide.

    Et pourtant, par le moteur de recherche Yahoo, en cherchant « rêve lucide », cela mène bien aux explications sur le rêve lucide fournies par notre association, juste après l’article dans l’encyclopédie Wikipédia (voir ci-dessous) !

    > 1. Rêve lucide – Wikipédia
    > Définition|Description|Culture et histoire|Apprentissage
    > Un rêve lucide est un rêve qui se distingue par le fait que le rêveur a conscience d’être en train de rêver. L’utilisation de l’adjectif « lucide » en tant que synonyme de « conscient »…
    > fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%AAve_lucide – 127k – En cache
    >
    > 2. Oniros – Reve et conscience : le reve lucide
    > Acceder au reve lucide … Autrement dit, être lucide en rêve c’est simplement reconnaître en tout état de … applications du rêve lucide sont aussi nombreuses …
    > http://www.oniros.fr/revelucide.html – En cache

    >
    > Seulement, j’ai fait des découvertes capitales pour la suite :
    >
    > -la 1ère, (que vous ne semblez pas connaître) : il y a un temps entre un changement dans la réalité et son adaptation définitive dans le rêve. Par exemple, si vous faites connaissance d’un ami avec qui vous allez passer ensuite presque toutes vos journées, il faut plusieurs mois pour qu’il fasse partie du « paysage » de vos rêves (sauf en cas d’une grande inquiétude qui peut perturber un rêve dès la nuit suivante). Chez moi, il fallait 6 bons mois pour « assimiler » les grands changements (déménagements, changement d’école, nouveaux amis), avec une régularité frappante.
    >

    Effectivement, et vous avez bien raison de le souligner, l’intégration des contenus de veille aux contenus oniriques met un certain temps…

    A ma connaissance, seule l’onirologue américaine Patricia Garfield fait mention de ce délai d’intégration onirique à propos des rêves d’incubation (selon elle, trois nuits pour que l’autosuggestion soit bien assimilée).

    Dans la littérature sur le rêve, aucune recherche ne semble avoir été menée à ce sujet. Mais il se peut que notre association soit mal documentée ?

    Quelqu’un a-t-il une référence bibliographique à ce sujet ?

    > En ce qui me concerne, je suis même persuadé qu’on rêve durant tout notre sommeil, n’en déplaise à ceux qui ne peuvent capter, avec leur machine, que les ondes du sommeil léger ! Si la pensée devait vraiment s’arrêter, je ne crois pas qu’on puisse être autre chose que mort.

    Tout comme Léon d’Hervey (de Saint-Denys), pionnier du rêve lucide, je partage votre point de vue. « Penser à une chose c’est y rêver », comme Léon se complaisait à le répéter, et nos pensées — si tant est qu’elles cessent à notre mort corporelle (« Je pense donc je suis » et « Je ne pense plus donc je ne suis plus »)— ignorent la frontière nocturne. Comme la Terre, elles continuent de tourner sous un autre ciel rempli d’étoiles, dans un autre état de vigilance, que ce soit en sommeil léger, en sommeil profond ou en état de rêve.

    Pour établir un fil de discussion, j’ai mis votre email et mon commentaire sur le blog Oniros.

    Aller à : http://oniros.fr/blog/

    Cordiales salutations oniriques et vigiles

    Le webmestre

    Posté le 17/10/9

  2. roger Auteur de l’article

    Commentaire posté par Marius M. sur « onirama », le 19/10/9

    Bonjour à tous.

    au sujet du décalage qui existe entre les faits nouveaux vécus dans notre vie d’éveil et leur incorporation dans notre vie onirique, Michel Jouvet parle d’un délai moyen de 8 jours dans ‘Le sommeil et le rêve’, chapitre III (Mémoires et « cerveaux dédoublés » au cours du rêve). L’auteur prend notamment l’exemple du voyage dans un pays étranger, dont le décor et les éléments spécifiques ne font pas apparition immédiatement dans les rêves du voyageur…

    Il y a sans doute des réflexions au sujet de ce décalage chez Calvin T Hall ou le Dr Van de Castle.

    Le témoignage de « Plazmi » est en effet très intéressant.
    Particulièrement cette expérience faite en lucidité du passage d’un rêve de « sommeil profond » à un rêve de « sommeil moyen ». Comme si le « milieu » (et donc ses règles) se métamorphosait…

    Quant au fait que nous soyons traversés de pensées tout au long du sommeil, il faut voir les études de David Foulkes : ce chercheur a établi en effet que, quelque soit le phase de sommeil durant laquelle un dormeur va être réveillé, il peut répondre « oui » à la question « étiez-vous en train de penser à quelque chose ? » (plutôt que « étiez-vous en train de rêver ? »). La phase de sommeil dite « paradoxale » étant plus riche en images et en sensations, émotions…

    A bientôt !

    Marius

  3. roger Auteur de l’article

    Posté par Roger R. sur « onirama », le 23/10/9

    CMS, le 23/10/9, 4H+, UT+2

    Bonjour aux abonné(es),

    Merci à Marius pour son commentaire sur le témoignage de Plazmi et les infos fournies.

    Au sujet du « décalage existant entre les faits nouveaux vécus dans notre vie d’éveil et leur incorporation dans notre vie onirique », effectivement, dans son ouvrage Le Sommeil et le rêve (ouvrage qui fait partie du fonds de bibliothèque Oniros), Michel Jouvet (le célèbre hypnologue lyonnais) y présente une « étude des latences entre un événement et son souvenir onirique manifeste » (ce que Plazmi dénomme « temps entre un changement dans la réalité et son adaptation définitive dans le rêve »). *
    « Cette étude effectuée à la suite de vingt voyages (d’une durée de 5 à 20 jours) révèle I’existence d’une latence de 7 à 8 jours dans l’incorporation du décor de voyage dans l’espace onirique. »
    A noter que le matériel de cette étude est constitué par 2525 rêves (souvenirs de rêve) recueillis entre 1970 et 1978.
    Des rêves dont Michel Jouvet, apparemment, ne nous dévoile pas la ou les sources. Qu’en est-il ? S’agit-il des rêves propres à l’auteur ?
    Dans une note, il renvoie le lecteur à un article paru dans La Revue du praticien, en 1979. Article qui ne fait pas partie du fonds Oniros…
    Difficile, par conséquent, de juger de la validité de cette étude quantitative des rêves.

    Tout le problème réside dans la tenue des Journaux de rêve et les Banques de rêves dont parle Jouvet à la fin du chapitre.
    Anonymes et sans leur contexte de veille, les rêves perdent une grande partie de leur valeur.
    En un temps, l’association Oniros s’est lancée avec François Bres dans la publication sur le site d’une BDO (Base de Données Onirique). Mais sans leur contexte vigile et/ou leur interprétation, ces rêves sont pratiquement inutilisables pour la recherche.

    Quoi qu’il en soit, entre les 8 jours, selon Jouvet, pour l’incorporation du décor de voyage dans l’espace onirique et les 6 mois, selon Plazmi, pour «assimiler» les grands changements (déménagements, changement d’école, nouveaux amis), il y a un gros écart temporel !
    Cet écart est-il dû à la nature du contenu incorporé ou bien à une différence interindividuelle ? Difficile à dire faute d’une étude suffisamment approfondie.

    Pour ma part, même si je n’ai pas étudié objectivement la question par rapport à ma vie onirique personnelle, je pencherai plutôt, de mémoire, du côté d’un long délai d’incorporation/intégration des événements marquants de notre vie vigile dans notre vie onirique.

    A suivre…

    Cordiales salutations oniriques et vigiles

    Roger R.

    * Pour pouvoir juger en toute connaissance de cause, j’ai mis sur la BDT du site Oniros ce chapitre 3 de l’ouvrage de Jouvet.

    Aller à : http://www.oniros.fr/BDT.html

    Lazmi a écrit :

    -la 1ère, (que vous ne semblez pas connaître) : il y a un temps entre un changement dans la réalité et son adaptation définitive dans le rêve. Par exemple, si vous faites connaissance d’un ami avec qui vous allez passer ensuite presque toutes vos journées, il faut plusieurs mois pour qu’il fasse partie du « paysage » de vos rêves (sauf en cas d’une grande inquiétude qui peut perturber un rêve dès la nuit suivante). Chez moi, il fallait 6 bons mois pour « assimiler » les grands changements (déménagements, changement d’école, nouveaux amis), avec une régularité frappante.

  4. Kiwi

    Bonjour,
    Je sais que j’arrive bien tard, mais je tenais faire part à quelqu’un de ce que j’ai vécu dans le passé. J’ai également expérimenté les rêves lucides. J’étais petite et en classe de l’espace avec mes camarades, et l’on parlait de nos rêves avec mes copines de chambré. J’ai fini par leur dire que chaque nuit je refaisais le même rêve qui à chaque fois continuais un peu plus loin sans jamais en venir a bout. Le problème était qu’au fur et a mesure ce rêve devenait cauchemar, et que je redoutais la dénouement final lorsque la méchante princesse maléfique et monstrueuse venait me régler mon compte. Une amie m’a alors dit « mais c’est facile! fais comme moi, dis toi que ce n’est qu’un rêve, que c’est ton rêve, et que par conséquent c’est toi et toi seule qui le contrôle. Imagine alors un moyen de chasser ou détruire la cause du cauchemar et ton rêve redeviendra agréable! ». Le soir même, le rêve se remet en route, et je me retrouve dans l’escalier de la tour la méchante aux trousses lorsqu’elle fini par me rattraper. Morte de peur je suis paralysée, et mon ennemie me menace de toutes ses forces. C’est alors que étrangement je me rappelle la visage de mon amie et son sage conseil. Je dis à la méchante « tu ne feras rien, parce qu’en fait, c’est mon rêve, c’est moi qui le contrôle, et tu vas disparaitre à jamais! », sur ce elle se moque de moi mais la tour s’écroule en partie et les amats écrasent la méchante, je me souviens avoir déboulé les escaliers et couru dehors vers les plantes du début de mon rêve et là avoir pensé de toutes mes forces que le prince charmant allé venir me chercher ici. Ce qu’il fit. A ce moment là je me suis réveillée et je n’ai plus jamais fait ce rêve. Ce n’est qu’il y a peu que j’ai appris que c’était un rêve lucide, et que j’avais réussi quelque chose que pas forcément tout le monde peut faire. Je pense que je peux encore être capable de le faire, mais le fait est que je n’ai depuis jamais ressentie le besoin de retenter l’expérience.
    Les rêves sont une chose bien complexe…

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